Sur le caractère du christianisme — Philippiens 3:3

Signification de la circoncision - Culte par l’Esprit Aucune confiance en la chair

ME 2010 p. 108


Arend Remmers


Tables des matières :

1. Car nous sommes la circoncision

2. Nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu

3. et qui nous glorifions dans le Christ Jésus

4. et qui n'avons pas confiance ds la chair


« Car nous sommes la circoncision, nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, et qui nous glorifions dans le Christ Jésus, et qui n’avons pas confiance en la chair » (Phil. 3:3).

Le « nous » que nous avons ici désigne tous ceux qui croient au Seigneur Jésus. Ce verset présente en peu de mots le caractère de la foi chrétienne. Il est constitué d’une seule phrase, contenant quatre affirmations fondamentales. La déclaration principale vient en premier lieu, et elle est suivie de trois déclarations explicatives.


1 - Car nous sommes la circoncision

La première déclaration qui nous est donnée ici pourrait paraître quelque peu surprenante. L’apôtre Paul n’insiste-t-il pas constamment sur le fait que les chrétiens ne sont pas sous la loi du Sinaï, dans laquelle la circoncision joue un rôle de premier plan ? (cf. Rom. 10:4; Gal. 5:2, 3). Bien sûr !

La circoncision était le signe de l’alliance que Dieu avait conclue avec Abraham et ses descendants (Gen. 17:10, 11). Plus tard, les nations païennes ont été appe­lées « l’incirconcision », et les Juifs « la circoncision » (cf. Gal. 2:7; Éph. 2:11). L’incirconcision est une figure de la nature humaine, de la chair avec sa méchanceté et son impureté, tandis que la circoncision est une figure du jugement exécuté sur la chair pécheresse.

La signification spirituelle de la circoncision était certainement connue des Philippiens. Arrêtons-nous un moment sur l’explication que nous en trouvons en Colossiens 2:11. Nous y lisons : « en qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ ». Contrairement à la circoncision de l’Ancien Testament, la circoncision de ceux qui croient au Seigneur Jésus n’est pas « faite de main ». Il s’agit d’une opération d’ordre spirituel. Dans le type de l’Ancien Testament, un petit morceau de chair était coupé ; dans l’antitype du Nouveau Testament, tout le « corps de la chair » est dépouillé — dans un sens figuré. Il ne s’agit là ni de notre corps, ni de notre nature pécheresse que nous possédons encore. Le « corps de la chair » évoque l’ensemble du système du péché dans la chair. Il est question ici du jugement de Dieu sur le vieil homme et de notre mise de côté du vieil homme avec ses actions. Il n’est pas enseigné ici que, comme croyants, nous ayons mis de côté ou dépouillé la chair, notre vieille nature. La parole de Dieu ne dit pas « dépouillement de la chair » mais « dépouillement du corps de la chair ». Si nous avions dépouillé la chair, nous ne pécherions plus jamais — ou nous ne vivrions plus sur la terre.

La « circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair » décrit donc de manière figurée le jugement sur le vieil homme et notre mort avec Christ. C’est là un fait accompli qui est expliqué ensuite par l’expression « la circoncision du Christ ». Ces mots désignent sa mort à la croix. Là Christ a « souffert pour nous dans la chair » (1 Pierre 4:1). Sur lui, Dieu « a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3). De plein gré et par amour pour nous, il est mort ayant subi le jugement de Dieu sur la chair, bien qu’en lui, c’est-à-dire en sa chair, il n’y eût point de péché. Telle est la « circoncision du Christ ». Celui qui croit en lui maintenant a part à cette circoncision qui a pour résultat en nous le « dépouillement du corps de la chair ». C’est la fin du vieil homme, notre mort avec Christ, ainsi qu’il est dit ensuite : « étant ensevelis avec lui dans le baptême » (Col. 2:12).

Le résultat de cette « circoncision qui n’a pas été faite de main », Paul le décrit en Philippiens 3:3 par la courte déclaration : « Car nous sommes la circoncision ». À cette époque, de faux docteurs cherchaient à persuader les croyants qu’il fallait garder la loi du Sinaï — et particulièrement se faire circoncire — pour pouvoir jouir des bénédictions de Dieu (cf. Act. 15:1; Gal. 5:11; 6:12-15). Avec une juste sévérité, Paul qualifie ces hommes charnels de « chiens », de « mauvais ouvriers » et de « concision ». Par cette dernière expression, il les dénonce comme étant ceux qui propagent une caricature de la vraie signification de la circoncision. Par contre, celui qui, par la foi, a part à la « circoncision du Christ », et est ainsi circoncis spirituellement, appartient à la vraie « circoncision » — non pas à Israël, mais à ceux qui croient au Seigneur Jésus. Toute sa joie, toute sa gloire, repose sur le Christ Jésus, son glorieux Rédempteur et Seigneur, en qui il a trouvé toutes les richesses et tous les trésors de la connaissance. Il ne sert plus les misérables éléments du monde, auxquels appartient aussi la loi, mais il offre un vrai culte au seul vrai Dieu, par son Esprit. Le véritable caractère de la foi chrétienne ne pourrait guère être décrit de façon plus concise.

Les merveilleux résultats de la « circoncision du Christ » sont en principe vrais pour tous les rachetés. Toutefois, nous n’en jouissons pleinement que si nous la réalisons pratiquement et condamnons tout ce qui vient de la chair. Pour cela il ne suffit pas de savoir que notre vieil homme a été crucifié avec Christ. Nous devons nous-mêmes aussi faire le pas suivant, celui que nous voyons chez les croyants à Éphèse et à Colosses. Ils avaient dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme (Éph. 4:22-24; Col. 3:9, 10). Ils ne s’identi­fiaient plus avec le vieil homme, mais avec le nouveau, qui correspond à la nature du Seigneur Jésus.

Dans sa lettre aux Philippiens, Paul nous présente cela par son propre exemple. Après avoir dit : « nous sommes la circoncision », il montre que la chair ne doit pas avoir le moindre champ d’activité. Il ne pense pas aux péchés grossiers mais à la chair raffi­née — soit religieuse, comme chez les judaïsants, soit aspirant à une position, à une instruction ou à quelque chose de semblable. Toutes ces choses hau­tement honorables, même pour un Juif, il les avait possédées avant sa conversion ; mais à cause du Christ, il les avait estimées comme une perte. Tout ce qui l’empêchait de croître dans la connaissance du Christ et de son excellence, il l’avait laissé derrière lui. Tout ce en quoi la chair se confie, il le considérait comme « une perte », et même comme « des ordures », en comparaison de l’excellence de la connaissance d’un Christ mort et ressuscité. Notre chair ne peut et ne veut rien avoir affaire avec la vie céleste dans laquelle Christ nous a introduits. Elle s’accroche aux choses de ce monde et ne peut pas s’élever au-dessus d’elles. Pour couper le lien avec elle, il n’y a que la mort, dont la circoncision est une figure (cf. Phil. 3:3-16; Col. 2:7-11).


2 - nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu

Viennent maintenant les développements ou les explications de la première déclaration. L’apôtre nous présente d’abord le caractère de notre culte. Pour le peuple terrestre de Dieu autrefois, le service dans la tente d’assignation et dans le temple était réglé par la loi jusque dans les détails. Mais, dans le Nouveau Testament, ces « ordonnances pour le culte » sont appelées des « ordonnances charnelles » (Héb. 9:1, 10). La loi a été abrogée « à cause de sa faiblesse et de son inutilité », car elle « n’a rien amené à la perfection » (Héb. 7:18, 19). Christ est la fin de la loi, car dans sa mort il a « effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix » (Col. 2:14).

Pour le culte chrétien, les prescriptions et les formes de l’époque précédente sont donc entièrement révolues. Il est vrai que nous n’éviterons jamais certaines formes, par exemple lors de la prière en commun ou du chant des cantiques. Cependant ce ne sont pas les formes extérieures qui déterminent le culte, mais le Saint Esprit qui nous dirige en tout. Il s’ensuit que le culte décrit dans ce verset ne peut être rendu que par ceux qui sont véritablement sauvés et qui, par conséquent, ont reçu le Saint Esprit (cf. Éph. 1:13).

Le Saint Esprit est l’une des trois personnes de la déité. Son habitation dans les croyants est un privilège immense ! Il nous a été envoyé par le Seigneur glorifié, et il connaît tout ce qui est dans le ciel. Il connaît la gloire de notre Seigneur assis à la droite de Dieu, il nous présente cette gloire, et de cette manière il le glo­rifie (Jean 16:12-15). Cette personne divine qui habite en nous connaît et sonde toutes les choses profondes de Dieu, et nous les communique (1 Cor. 2:10). Adorer le Père en esprit et en vérité ne peut avoir lieu que sous la direction du Saint Esprit. Toutes les adjonctions ou prétendues améliorations de l’homme proviennent de la chair et ne peuvent que troubler et détruire. Seul l’Esprit peut nous enseigner comment adorer Dieu comme Père. « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité », c’est-à-dire en accord avec sa nature et sa pleine révélation dans le Fils (Jean 4:23, 24).

L’Ancien Testament contient bien des types de l’adoration dont nous pouvons apprendre quelque chose. En Hébreux 13:15, nous sommes exhortés à offrir par le Seigneur Jésus « sans cesse à Dieu un sacri­fice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom ». En 1 Pierre 2:5, nous sommes considérés comme une sainte sacrificature « pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ ». Ces deux passages se réfèrent clairement à la sacrificature israélite. Dans l’Ancien Testament, les sacrifices étaient d’une part un rappel constant du péché, et d’autre part la préfiguration du seul sacrifice de Jésus Christ. Si donc nous voulons rendre culte à Dieu en esprit et en vérité, l’objet de notre adoration ne peut être que le Seigneur Jésus et l’œuvre qu’il a accomplie. Dans la gloire, il sera devant nous tel l’Agneau comme immolé qui est au milieu du trône (Apoc. 5:6).

Le culte est la partie la plus élevée du service chrétien. Le vrai culte, la vraie adoration, ne seront parfaits que dans la gloire future, quand il n’y aura plus aucune influence charnelle en nous et autour de nous. En paix et sans entraves, nous contemplerons alors notre Seigneur dans sa gloire parfaite, dans son amour, dans sa grâce et dans sa justice. Ainsi nous l’adorerons éternellement. Tous les autres services auront cessé, mais l’adoration, le vrai culte, subsisteront.


3 - et qui nous glorifions dans le Christ Jésus

« Se glorifier » signifie « être fier » ou « se vanter » — ce qui, le plus souvent, n’est pas une bonne chose pour un chrétien. Le Nouveau Testament mentionne beaucoup de choses dont nous ne pouvons ou ne devons pas nous glorifier. Dans le monde, les hommes cherchent tous les motifs de se glorifier : dans leurs performances, dans leurs capacités, dans leurs caractéristiques. Mais combien éphémères et vaines, ou même malsaines, sont ces gloires ! Tout est fondé sur l’homme, sur sa chair, et par là sur le péché qui l’habite. Cette mauvaise gloire peut même se développer chez les chrétiens. Jacques avertit : « Maintenant vous vous glorifiez dans vos vanteries. Toute jactance (ou gloriole) pareille est mauvaise » (4:16).

Dans le domaine religieux, l’homme recherche souvent la gloire. Les Juifs se glorifiaient en la loi (Rom. 2:23; 4:2) et les docteurs judaïsants voulaient se glorifier dans la chair des hommes qu’ils avaient amenés à se faire circoncire (Gal. 6:13).

Bien sûr, il s’agit de savoir de quoi on se glorifie — de quoi on est fier ou on se vante. Celui qui, dans la lumière de Dieu, a reconnu qu’il est un pécheur et a cru au Seigneur Jésus, a accepté le jugement de Dieu sur le vieil homme. Il appartient désormais à la « circonci­sion » spirituelle, ainsi que nous l’avons vu. Il sait qu’il ne peut trouver en lui aucun motif de se glorifier. Par contre, il trouve maintenant tous les motifs de se réjouir, de rendre grâces et de se glorifier dans le Christ Jésus, qui est à la droite de Dieu. Avec foi, c’est là-haut qu’il regarde, parce que tout ce qu’il possède de pré­cieux est fondé sur l’Homme glorifié dans le ciel.

Christ a été fait pour nous « sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (1 Cor. 1:30). Il nous rend aptes à une vie de sainteté pratique et il nous accordera, au terme de notre chemin de foi, la pleine délivrance (Rom. 8:23; Éph. 4:30). Il a ainsi été pourvu à tout pour nous, pour le temps présent et pour l’éternité, avec une grâce et un amour parfaits. Celui qui saisit cela par la foi peut joindre sa voix à celle de l’apô­tre Paul à la fin de 1 Corinthiens 1, et dire : « Que… celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ! »

Dans la seconde épître, Paul répète la même parole, mais dans un autre but (10:17). Il met les croyants en garde contre de faux apôtres qui avaient une bonne opinion d’eux-mêmes et se glorifiaient eux-mêmes. Bien différents étaient Paul et ses collaborateurs. Ils ne voulaient pas se recommander eux-mêmes comme ceux-là, mais laissaient la recommandation à leur Seigneur. Lui seul était le motif et l’objet de leur gloire.


4 - et qui n’avons pas confiance en la chair

Après des paroles si sérieuses et si claires à l’égard de la chair, la vieille nature dans le croyant, on pourrait penser que la quatrième et dernière partie de ce verset n’est plus du tout nécessaire. La « circoncision » ne parle-t-elle pas déjà du jugement impitoyable de Dieu sur la chair, jugement que le Seigneur Jésus a pris sur lui à la croix ? Le culte dans la puissance du Saint Esprit ne nous montre-t-il pas la nouvelle orientation de notre vie et la nouvelle direction sous laquelle nous sommes ? La glorification dans le Christ Jésus n’est-elle pas en contraste absolu avec toute confiance et toute glorification en la chair ? Et pourtant il est ajouté : « et qui n’avons pas confiance en la chair ».

Nous ne devons pas seulement savoir que la chair est incorrigible, nous devons aussi être conscients de son activité continue. Durant notre vie ici-bas, nous ne pouvons pas nous séparer définitivement d’elle. Elle nous accompagne jusqu’au moment où le Seigneur nous enlèvera de la terre. Aussi longtemps que nous y sommes, il nous faut chaque jour réaliser à nouveau ce que déclare l’apôtre : « En moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Rom. 7:18). Lorsque nous reconnaissons cela, il doit nous être clair que nous ne pouvons mettre aucune confiance en la chair. Nous devons au contraire avoir la plus grande défiance envers elle. Elle ne se soumettra jamais à la pensée de Dieu, car elle en est incapable (Rom. 8:7). Et c’est sous ses côtés apparemment bons que la chair est particulièrement à craindre, comme nous pouvons le voir dans l’énumération des mérites dont Paul — autrefois le pharisien Saul — se glorifiait avant sa conversion (Phil. 3:4-6).

Satan a largement réussi à faire disparaître des esprits la corruption totale de la chair. C’est pourquoi beaucoup de chrétiens ne sont plus conscients du danger que représente la chair pour leur vie spirituelle. Ainsi ils deviennent insouciants, indifférents, et perdent leur force spirituelle. Les Philippiens ne cou­raient certes pas ce danger ; et pourtant l’apôtre place devant leurs yeux et leurs cœurs, dans le verset de grande portée sur lequel nous nous sommes arrêtés, le vrai caractère de la foi chrétienne. Que cela serve aussi à notre instruction spirituelle !