Le sang précieux de Jésus Christ

Texte Condensé

Auteur du texte original : Arend Remmers.

Original complet publié en 2009 par EBLC, La Foge C, 1816 Chailly-Montreux, Suisse.

Condensé par Bibliquest : La lecture du texte de l’original est recommandée pour bien saisir la totalité du sujet, y compris les détails et les nuances.


Table des matières abrégée :

1 - Remarques préliminaires

2 - La propitiation pour les péchés par le sang

3 - La rançon

4 - La valeur du sang de Christ

5 - Les effets du sang de Christ

6 - Le sang de l’alliance

7 - Le sang et l’eau

8 - Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang : Jean 6:53-58


Table des matières détaillée :

1 - Remarques préliminaires

1.1 - Raison d’être de l’ouvrage

1.2 - Le sang et l’âme

1.3 - Interdiction de consommer le sang

2 - La propitiation pour les péchés par le sang

2.1 - Les sacrifices de l’AT, le sacrifice de Christ, et la propitiation

2.2 - Vie pour vie

3 - La rançon

3.1 - Propitiation et substitution

3.2 - La propitiation

3.3 - Pas de réconciliation universelle

3.4 - Une parfaite assurance du salut

3.5 - La substitution

4 - La valeur du sang de Christ

4.1 - Achetés pour Dieu

5 - Les effets du sang de Christ

5.1 - Aspersion du sang et purification

5.2 - Lavage

5.3 - La paix par la justification

5.4 - L’accès à Dieu

6 - Le sang de l’alliance

6.1 - Ancienne et nouvelle alliance

6.2 - Quand le sang de Christ a-t-il été versé ?

7 - Le sang et l’eau

8 - Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang : Jean 6:53-58

8.1 - Jean 6

8.2 - Manger et boire une fois

8.3 - Manger et boire continuellement

8.4 - Ce n’est pas la Cène


1 - Remarques préliminaires

1.1 - Raison d’être de l’ouvrage

Dans le monde chrétien lui-même on attaque l’intervention du sang et des sacrifices comme étant des pratiques barbares. Certaines versions modernes de la Bible remplacent même les mentions du « sang » par la « mort ». C’est un pas vers l’apostasie finale, car seul « sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7).

La vérité impliquée dans le « sang » a son expression la plus élevée à la croix de Golgotha, car là, le Seigneur Jésus a « fait la paix par le sang de sa croix » (Col. 1:20).


1.2 - Le sang et l’âme

La première ordonnance en rapport avec le sang se trouve après le déluge (Genèse 9:4-6) : interdiction de manger le sang… et « qui aura versé le sang, par l’homme son sang sera versé ; car à l’image de Dieu, il a fait l’homme ». Ensuite Lévitique 17:11-12 confirme l’interdiction de manger le sang en indiquant que « l’âme de la chair est dans le sang… le sang fait propitiation pour l’âme ». Deutéronome 12:23 dit : « le sang est la vie » (ce dernier mot ayant le sens de vie ou âme dans l’original hébreu).

Le sang est donc l’âme de tout être vivant, mais ce n’est pas à prendre au sens littéral, car le sang est matériel et l’âme est immatérielle. On n’a donc pas à suivre ceux qui interdisent les transfusions sanguines au motif qu’on mélangerait les âmes de plusieurs personnes. Mais le sang est une expression concrète et visible de l’âme invisible, car quand on est vidé de son sang, la vie et l’âme quittent le corps. Ces considérations se rapportent non aux connaissances humaines sur le sang, mais aux pensées divines à son sujet — sujet à traiter avec révérence et adoration (voir 1 Cor. 2:13 ; 2 Cor. 10:5).


1.3 - Interdiction de consommer le sang

Dieu, le Créateur, a donné la droit de manger la chair, et donc de tuer des animaux. Cela rappelle à l’homme que sa vie est maintenue au prix de la mort de bêtes innocentes. Le respect pour le Créateur s’exprime dans la non consommation du sang (parce qu’il est le symbole de l’âme dont l’origine est en Dieu ; Gen. 1:20 être = âme ; 2:7) et dans l’interdiction de tuer l’homme (sauf qu’une autorité est donnée de punir de mort celui qui tuerait un autre homme, Genèse 9:6 ; dans le cas de Caïn qui a versé le sang d’Abel, Dieu s’est réservé son châtiment).

L’interdiction de consommer le sang a subsisté après Noé (Lévitique 17:10 ; Actes 15:20, 29 ; 21:25) ; elle n’est pas spécifique ni au judaïsme ni au christianisme, mais il s’agit de respecter la souveraineté du Créateur.


2 - La propitiation pour les péchés par le sang

2.1 - Les sacrifices de l’AT, le sacrifice de Christ, et la propitiation

Il n’est parlé de sang et de sacrifices qu’après la chute. Le sang versé lors d’un sacrifice témoigne que le péché est présent dans le monde. Il parle de la mort salaire du péché (Rom. 6:23), mais rappelle aussi le Créateur qui est le Conservateur de toute vie (1 Tim. 4:10). La seconde conséquence de ce que le sang est le symbole de l’âme, est que le sang est le moyen ordonné de Dieu pour la propitiation et le pardon des péchés. La portée de cette vérité s’étend jusque dans l’éternité.

Le vêtement de peaux de bêtes donné par Dieu à Adam et Ève à la place de l’inutile ceinture de feuilles pour cacher leur nudité suppose la mort et le sang versé : première allusion à l’œuvre rédemptrice du Seigneur Jésus.

Le moyen de salut donné au peuple d’Israël pour échapper à la mort des premiers-nés dans la dixième plaie d’Égypte était le sang de l’agneau de la Pâque qui devait être mis sur les poteaux et les linteaux des portes. L’ange destructeur passait par-dessus les maisons marquées par le sang, car Dieu avait dit : « Je verrai le sang et je passerai par-dessus vous » (Exode 12:13). L’agneau pascal était une image du Seigneur Jésus (1 Corinthiens 5:7) et la valeur du sang provient de l’appréciation de Dieu et non des hommes.

Il y avait aspersion de sang sur les sacrificateurs lors de leur consécration (Exode 29:21), et sur le propitiatoire du lieu très-saint au jour des propitiations (Lévitique 16:14-15). Pour toute transgression de la loi, le sang d’une victime devait couler, et en signe de propitiation il fallait qu’il y ait aspersion du sang sur l’autel ou que le sang soit mis sur les cornes de l’autel ou versé à son pied (Lév. 4 et 5 et 7). « Sans effusion de sang il n’y a pas de rémission » de péchés (Hébreux 9:22).

Mais ce sang versé n’ôtait pas les péchés, il n’était qu’un acte remémoratif de ces péchés et de la condition pécheresse de l’homme (Héb. 10). La loi de Sinaï ne permettait pas d’être justifié devant Dieu, elle donnait seulement la connaissance du péché (Rom. 3:20 ; Gal. 2:16 ; Héb. 7:19). David, homme de foi, avait déjà discerné du temps de l’Ancien Testament que pour être pardonné, il fallait repentance et confession (Psaume 51:16, 17 ; 32), le fondement du pardon n’étant pourtant que l’œuvre rédemptrice de Christ.

Les sacrifices étaient nécessaires à titre de rappel de la condition pécheresse de l’homme, et comme préfiguration du sacrifice de Christ encore à venir à la croix de Golgotha. Dans Sa justice, Dieu agissait avec support pour les péchés antérieurs à la croix ; dans le temps présent Il justifie ceux qui croient au Seigneur Jésus et en Son œuvre à la croix (Rom. 3:25, 26 ; 1 Jean 1:9).


2.2 - Vie pour vie

En Eden, Adam n’avait qu’un commandement qui lui rappelait qu’il y avait au-dessus de lui un plus grand que lui (Gen. 2:16-17). L’homme avait liberté de décision illimitée, mais s’il désobéissait, il perdrait la vie : le salaire du péché c’est la mort (Rom. 6:23). Le premier couple a désobéi, et donc le péché est entré dans le monde et avec lui la mort : mort naturelle (séparation de l’âme et du corps) + mort spirituelle (séparation de l’homme incrédule d’avec Dieu) + mort éternelle (future ; = la seconde mort = la séparation terrible pour l’éternité des pécheurs d’avec Dieu dans l’étang de feu ; Rom. 5:12 ; Éph. 2:1 ; Apoc. 20:12-15). Tous leurs descendants sont à leur image et à leur ressemblance (Gen. 5:3 ; Ps. 51:5), et par nature placés sous la condamnation à mort par Dieu.

Personne ne peut se libérer de cette condition caractérisée par le péché et la mort. Mais il y a une issue évoquée dans la loi de Sinaï : « s’il arrive malheur, tu donneras vie pour vie » (Exode 21:23). Au sens premier, cela voulait dire que le meurtrier devait expier par sa propre vie. Pour l’homme, cela veut dire que s’il mérite la mort, il n’y a qu’une issue : qu’un autre donne sa vie pour lui. Mais aucun homme ne peut le faire, chacun a besoin de propitiation pour lui-même (Psaume 49:7 ; Matthieu 16:26).

C’est pourquoi, par amour envers un monde perdu, Dieu a envoyé Son Fils, le Seigneur Jésus, qui a pris sur Lui, à la croix, la mort comme salaire du péché, donnant à Dieu Sa propre vie en rançon, accomplissant parfaitement le principe « vie pour vie ». Le Seigneur Jésus innocent a donné Sa vie précieuse et sainte pour des pécheurs coupables, et en cela a payé la seule rançon acceptable pour Dieu. Voir Ésaïe 53:12.


3 - La rançon

La rançon pour l’âme, dans la Bible, a un sens différent de celui du rachat de prisonnier ou d’esclave. Le Seigneur a payé une rançon en donnant Son sang et Sa vie : celle-ci nous a délivrés du jugement de Dieu et de la condamnation éternelle. L’Ancien Testament en donne une image avec le rachat des premiers-nés en Israël et l’argent de la rançon de l’âme de chaque Israélite (Exode 13:13 ; 21:30 ; 30:12). Pour l’éternité, personne ne peut racheter son âme ni celle d’autrui (Ps. 49:7,8).

Seul Christ était en mesure de racheter (1 Tim. 2:5,6 ; Marc 10:45), et pour cela Il s’est donné Lui-même en rançon pour tous ; cette rançon était suffisante pour le salut de tous les hommes, mais n’en profitent que ceux qui reçoivent par la foi la rédemption accomplie. Lui seul était Dieu et homme et pouvait ainsi satisfaire les deux côtés.


3.1 - Propitiation et substitution

Envers Dieu, le paiement de cette rançon fait propitiation ; envers les hommes Christ a en même temps porté en substitution les péchés de ceux qui croient en Lui. Le type de tout cela se trouve en Lévitique 16, avec le grand jour des propitiations. Le bouc pour l’Éternel dont le sang était porté dans le lieu très saint, avec aspersion sur le propitiatoire et sept fois devant le propitiatoire, représente la propitiation. Le bouc azazel envoyé vivant dans une terre inhabitée après que les péchés du peuple aient été confessés sur lui, représente la substitution.

L’enseignement trouvé ailleurs dans l’Écriture confirme ces doctrines de la propitiation (ou expiation) et de la substitution. Elles sont totalement opposées aux fausses doctrines de salut universel ou de possibilité de perdre le salut.

Le sens du mot « propitiation » en hébreu est « couvrir », et en grec « rendre propice ». La pensée de réconciliation est incluse dans les deux cas. Par contre le mot substitution ne se trouve pas dans l’Écriture.


3.2 - La propitiation

L’homme pécheur est incapable de satisfaire aux saintes exigences de Dieu (Ps. 49:7, 8). Mais Dieu a aplani le chemin de la rédemption des pécheurs. Il l’a fait en donnant Son propre Fils en propitiation (1 Jean 2:2 ; 4:10). Par le don de Lui-même à la croix, le Seigneur Jésus a payé un prix par lequel les saintes et justes exigences de Dieu quant au péché ont été parfaitement satisfaites, en vertu duquel Il peut offrir la rédemption à tous les hommes.

Dans le type de la propitiation donné par Lévitique 16, le sang du sacrifice pour le péché sur et devant le trône de Dieu assurait la propitiation et en était l’attestation (Lév. 16:15-17 ; voir Exode 25:17-22 ; 1 Samuel 4:4 ; Romains 3:25). La réalisation de ce type est décrite en Hébreux 9:11-12.

Rien ne peut ni ne doit être ajouté à l’œuvre de la propitiation qui est de valeur éternelle. Lors des trois heures de ténèbres à la croix, Christ « a souffert une fois pour les péchés », et a été « fait péché » pour nous, la sainteté et la justice de Dieu étant satisfaites (2 Cor. 5:21 ; 1 Pierre 3:18). La propitiation parfaite est représentée par l’unique aspersion du sang du premier bouc sur le propitiatoire au grand jour des propitiations.

Simultanément Dieu a été parfaitement glorifié par l’œuvre de Christ. On a vu la plus haute expression de Son amour et Sa grâce lorsqu’Il a livré Son Fils bien-aimé pour Ses ennemis (Rom. 5:8 ; 1 Jean 4:8-10). Le Seigneur Jésus a glorifié Son Dieu et Père en allant à la croix dans une obéissance parfaite et en se livrant à Lui « en parfum de bonne odeur » (Éph. 5:2 ; Phil. 2:8). Tous les caractères de Dieu et du Seigneur Jésus ont pleinement été révélés à la croix (Jean 13:31, 32 ; 17:4). Et lorsque Dieu est révélé, Il est glorifié, car en Lui tout est gloire. Ce côté de l’œuvre de Christ est surtout présenté par l’holocauste.


3.3 - Pas de réconciliation universelle

Certes 2 Cor. 5:19 parle de réconciliation du monde, mais si tous les hommes étaient effectivement réconciliés, l’apôtre ne continuerait pas en disant « nous supplions pour Christ : soyez réconciliés avec Dieu » !

Le passage de 1 Jean 2:2 souvent utilisé pour appuyer le salut universel n’appuie pas cette fausse doctrine. Christ est la propitiation pour nos péchés (2:2a). La suite (« et non seulement pour les nôtres, mais pour le monde entier ») ne dit rien de plus que le fait que l’œuvre de Christ est suffisante pour tous les hommes. Toutefois, sans repentance et foi, il n’y a pas de rédemption (Marc 16:16 ; Héb. 11:6).

Il en est de même pour le verset de Jean 1:29 (« l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde »), et Col. 1:19 qui ne parle que de réconcilier « toutes choses » et non pas « tous les hommes ».


3.4 - Une parfaite assurance du salut

Certains se servent de 2 Pierre 2:1 qui parle des faux docteurs qui « renient le Maître qui les a achetés » pour soutenir que ceux-ci pourraient perdre le salut.

Le Maître est quelqu’un qui a une autorité absolue ; il ne s’agit pas d’une relation personnelle. Le Seigneur Jésus s’est acquis un droit sur toute la création, mais cela ne veut pas dire que les hommes qui en font partie sont sauvés. Voir la parabole de Matt. 13:44 sur le trésor caché dans le champ. Afin d’acquérir le « trésor » (= ceux qui sont vraiment sauvés), l’homme achète « le champ » (= image du monde entier).

De même les deux passages de Hébreux 6:4-8 et 10:26-31 ne concernent pas de vrais enfants de Dieu, mais des Juifs qui s’étaient joints à eux en se bornant à professer avoir adopté la foi. Dans la suite de ces deux passages, l’auteur de l’épître s’adresse aux vrais croyants avec des paroles bien différentes, pleines d’encouragement.


3.5 - La substitution

Sur le fondement de l’œuvre de Christ, la rédemption peut être offerte à tous les hommes, mais ne sont sauvés que ceux qui ont cru (Marc 16:15 ; voir 2 Cor. 5:20). C’est conforme à l’image du bouc azazel de Lév. 16 (voir aussi Ps. 103:12 ; Jér. 31:34 ; Michée 7:19).

L’application à nous-mêmes est la suivante : celui qui se reconnaît pécheur devant Dieu, et confesse ses péchés dans une vraie repentance, et qui croit au Seigneur Jésus, peut avoir l’assurance que, sur la croix, Christ a pris sa place, et qu’Il est mort pour lui comme substitut. La propitiation accomplie devant Dieu a des conséquences en substitution pour le croyant (Romains 3:24-25).

C’est pourquoi il n’y a pas contradiction entre 1 Tim. 2:6 (« rançon pour tous » = tous peuvent en profiter) et Matt. 20:28 (« rançon pour plusieurs » = Christ s’est substitué à la place de ceux qui Le reçoivent par la foi). Ces deux passages sont deux aspects de la rédemption.


4 - La valeur du sang de Christ

Quelle valeur a le sang de Christ aux yeux de Dieu pour qu’Il l’ait agréé comme rançon ! Combien tous ceux qui en bénéficient devraient estimer très haut ce prix précieux et rendre grâces ! (1 Pierre 1:18-19). Ce sang était celui de l’Agneau de Dieu, qui était le Fils éternel de Dieu, venu comme homme dans ce monde pour révéler pleinement Dieu et Le glorifier parfaitement par le don de Lui-même sur la croix. Il était seul à être un Agneau « sans défaut et sans tache ». Quel motif d’adoration : nous avons été rendus agréables dans le Bien-aimé en qui nous avons la rédemption par Son sang (Éph. 1:6,7 ; 1 Cor. 1:30 ; Col. 1:14).

À la Cène, la coupe de bénédiction que nous bénissons (= pour laquelle nous rendons grâces) est l’expression de « la communion du sang de Christ » (1 Cor. 10:16). La coupe est ici mentionnée en premier, avant le pain, comme le sang était versé en premier dans les sacrifices de l’Ancien Testament, mais contrairement à l’institution de la Cène (la coupe de Luc 22:17 ne fait pas partie de la Cène, mais accompagnait la Pâque juive). La coupe de bénédiction que nous recevons de Sa main (Lui a eu la coupe des souffrances) rappelle que toutes nos bénédictions reposent sur Son sang précieux. Ce sang, le prix le plus élevé qui puisse être payé, nous a acquis la purification de la conscience + rédemption + justification et paix + accès au sanctuaire de Dieu (1 Pierre 5:19 ; Héb. 10:19 ; Rom. 5:9 ; Éph. 1:7 ; Col. 1:20). Tout croyant est introduit pour toujours dans la « communion du sang de Christ » = il a part à ce sang versé et à toutes les bénédictions qui en découlent. C’est ce que nous exprimons avec joie et reconnaissance en buvant la coupe.

Lorsque nous sommes réunis pour annoncer la mort du Seigneur, et nous souvenir de Son sang versé, nous sommes naturellement conduits à adorer. Il peut y avoir adoration en dehors de la Cène (Jean 4:23), mais quelle occasion appropriée pour exprimer les sentiments de ceux qui sont sauvés par le sang !


4.1 - Achetés pour Dieu

Il y a trois mots différents : délivrer (grec : lutromai) – acheter (grec : agorazô) – racheter (grec : exagorazô), et dans les trois cas il y a un prix payé.

Tite 2:14 : « …rachetés de toute iniquité » (ce devrait être plutôt délivrés vu le grec lutromai). Le sang comme symbole du don de la vie de Jésus est tout autant une rançon qu’un prix d’achat.

Apoc. 5:9 : « tu as acheté pour Dieu par ton sang… ». La grandeur du prix payé par le Seigneur est au premier plan, mais ici le résultat essentiel est l’établissement d’une nouvelle relation de propriété. Dieu est le nouveau propriétaire et maître légitime. Le même mot « acheté » (grec : agorazô) est utilisé en 1 Cor. 6:20 et 7:23. Le prix n’est pas précisé, mais ne peut être que le sang de Christ.

Dans le rachat (grec : exagorazô), il s’agit d’une délivrance d’un état antérieur : Gal. 3:13 les Juifs sont rachetés de la malédiction de la loi ; Tite 2:14 ceux des nations sont rachetés de toute iniquité. En outre nous sommes délivrés du pouvoir des ténèbres (Col. 1:13) et de la servitude de la crainte de la mort (Héb. 2:15).

Voir aussi Actes 20:28, l’assemblée acquise au prix du sang de Son propre Fils. Quel amour et quelle appréciation pour l’assemblée et pour Dieu ! Ce passage est le seul où Dieu est « l’acheteur ». Puissions-nous estimer et aimer davantage cette Assemblée si précieuse au cœur de Dieu – aimer plus ardemment le Père qui a livré Son propre Fils pour elle, et le Fils (a) qui a tout donné pour cette perle de grand prix et (b) qui s’est donné Lui-même dans toute la grandeur et la gloire de Sa personne, et (c) qui a donné Son sang et Sa vie pour elle


5 - Les effets du sang de Christ

Outre la rançon et le prix payé pour notre délivrance, le sang a une efficacité bien plus étendue. Si nous comprenons mieux tous ces aspects, nous éprouverons une joie plus profonde et davantage de reconnaissance.


5.1 - Aspersion du sang et purification

L’aspersion exprime en premier lieu que le sang de Christ a parfaitement répondu aux saintes exigences de Dieu.

On a deux sortes d’aspersion : a) celle du sang du premier bouc sur le propitiatoire au grand jour des propitiations, et b) l’aspersion du sang sur des personnes (consécration des sacrificateurs en Exode 29:21 et purification des lépreux en Lév. 14:7), celles-ci se trouvant ainsi sous la protection de ce par quoi les exigences divines ont été pleinement satisfaites.

Comme pour la rançon, on retrouve dans ces deux cas la propitiation et la substitution.

Le sang du premier bouc typifie l’efficacité devant Dieu du sang répandu de Christ, lors de l’œuvre de propitiation à la croix. C’est le sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel (Héb. 12:24) : le sang d’Abel versé par Caïn criait vengeance (Gen. 4:8-11) tandis que le sang de Christ parle d’une parfaite propitiation, et ne parle donc que de grâce et de pardon.

L’aspersion du sang sur un individu symbolise le résultat de la foi en l’efficace de ce sang comme le décrit Héb. 9:13-14. Le but final de Dieu pour l’homme est l’aspersion du sang de Jésus Christ (1 Pierre 1:2). Cette aspersion est le dernier maillon d’une chaîne qui commence par notre élection selon la préconnaissance de Dieu le Père. La première activité de l’Esprit Saint dans notre âme est la « sainteté de l’Esprit » par laquelle l’âme est mise à part pour Dieu ; seulement alors elle est rendue apte à la foi (1 Cor. 1:30 ; 2 Thes. 2:13), premier fruit de la nouvelle vie d’« obéissance de Jésus Christ ». L’aspersion du sang de Jésus Christ forme le dernier maillon. Celui qui est sous l’aspersion du sang n’est plus sous le jugement de Dieu ; il est purifié de la souillure du péché (Rom. 3:25 ; Héb. 10:22).

Dieu voit pour ainsi dire sur nous l’aspersion du sang par lequel Il a été si grandement glorifié et ne découvre plus aucune injustice en nous. Le sang l’a couverte. L’aspersion du sang n’opère pas un renouvellement comme le fait la nouvelle naissance, mais elle met fin à notre conduite antérieure comme pécheur et nous introduit dans une position de pureté en contraste avec notre manière précédente de vivre et avec le monde. Celui qui a perdu cela de vue dans sa vie de foi pratique marche au déshonneur du Seigneur et à son propre détriment (2 Pierre 1:9.

La purification par le sang est un fait unique qui n’est pas renouvelé (Héb. 1:3), et qui a une valeur éternelle. Les sacrificateurs de l’Ancien Testament ne recevaient l’aspersion du sang qu’une fois, lors de leur consécration. Il n’y a pas de ré-aspersion du sang de Christ sur le croyant dans l’Écriture. 1 Jean 1:7 (le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché) ne parle que du principe et non pas de la vie de foi pratique.


5.2 - Lavage

Dans l’Ancien Testament le lavage est toujours à l’eau, jamais avec le sang. Il y avait beaucoup de lavages à l’eau (lavage des vêtements en cas d’impureté, lavage des sacrificateurs en entier avant leur consécration, et de leurs pieds et mains à chaque entrée dans le sanctuaire ; Exode 29:4 et 30:19 et Lév. 11:25,40). Cette distinction de deux sortes de lavage pour les sacrificateurs se retrouve en Jean 13 pour les disciples : il y a (a) le lavage de tout le corps, un bain, Jean 13:10, qui évoque la purification du cœur et de l’âme, et n’a lieu qu’une fois ; ce n’est pas la nouvelle naissance elle-même, mais la purification de la souillure morale, 1 Cor. 6:11 et Tite 3:5 ; toutes les souillures de la vie antérieure sans Dieu sont enlevées ; le baptême inclut aussi ce symbole (Actes 22:16 ; 1 Pierre 3:21). Mais le lavage des pieds et des mains (b) est à renouveler continuellement, pour la souillure contractée par le croyant dans la vie journalière dans ce monde méchant et pécheur. Ces lavages ont lieu par l’eau, c’est-à-dire par la Parole de Dieu selon Éph. 5:26.

La signification de ces lavages a été manifestée après la rédemption par Christ, mais certains croyants de l’Ancien Testament avaient déjà compris plus que ce qui était alors révélé (David, Ps. 51:2,7 ; comparer Lév. 14:4-6 et Nombres 19:6,9 ; Ps. 51:18,19 et Héb. 9:9,10).

Notre purification initiale au début de la vie de foi a lieu par le sang (de Christ) et par l’eau (la Parole de Dieu). Le sang donne lieu à aspersion pour une purification judiciaire de notre culpabilité. Le lavage d’eau produit notre purification morale de la souillure du péché.

L’aspersion du sang et le lavage d’eau vont ensemble pour donner la liberté d’accès aux lieux saints, en pleine assurance de foi (Héb. 10:22, où il s’agit de la foi en l’œuvre de Christ, et non pas de l’expérience journalière du croyant). À la consécration des sacrificateurs (Lév.8) le lavage d’eau précédait l’aspersion du sang ; en Héb.10 l’aspersion du cœur vient en premier, car le règlement de notre relation avec Dieu par la foi en l’œuvre de Christ précède notre purification morale ; en 1 Cor. 6:11 on a l’ordre véritable : purification morale (lavés), puis œuvre du Saint Esprit envers nous (sanctifiés), puis justification devant Dieu.


Seul Apoc. 1:5 mentionne que nous sommes lavés par le sang. Apoc. 7:14 parle de croyants ayant lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau. Les vêtements sont d’habitude une figure de la marche pratique, mais ici ils symbolisent la position de ces saints comme rachetés. Le fait qu’ils ont lavé eux-mêmes leurs vêtements exprime la nécessité de leur foi. L’appel de Jérémie (4:14) à laver son cœur était un appel à la repentance et à la confession.


Le sang a aussi pour effet la sanctification (Héb. 13:12), qui va plus loin que le lavage et la purification. Ces deux derniers délivrent du mal, tandis que la sanctification conduit à Dieu.


5.3 - La paix par la justification

Le Seigneur Jésus a fait la paix par le sang de la croix (Col.1:20). Les hommes sont à la fois pécheurs par nature, et coupables par leur comportement envers le Dieu saint, et ennemis par leur haine contre toute évocation d’un Dieu auquel ils ont des comptes à rendre (Rom. 5:10). Or Dieu n’était pas notre ennemi : Il nous a aimés et a envoyé Son Fils comme propitiation pour nos péchés (Rom. 5:8 ; 1 Jean 4:10). Lui a posé le fondement pour une paix parfaite. Le résultat de l’œuvre de Christ est non pas une paix de Dieu avec les hommes, mais « la paix avec Dieu » pour les hommes (l’Évangile l’annonce, Éph 2:17). L’homme reçoit la paix avec Dieu par la foi en l’œuvre de Christ de la rédemption accomplie.

Celui qui croit est justifié par Dieu = déclaré juste = libéré de toute culpabilité. Le fondement de notre justification est le sang de Christ ; elle est acquise par la foi, mais a sa source dans la grâce de Dieu (Rom. 3:24 ; 5:19 ; Tite 3:7). Celui qui est justifié par Dieu sait qu’il possède la paix avec Dieu (Rom. 3:24-26 ; 5:1). Cette paix n’est pas fondée sur un sentiment ou une impression, mais sur le sang de la croix de Christ, c’est-à-dire sur le don de sa vie sous le jugement de Dieu. La paix n’a pas seulement mis fin à notre inimitié contre Dieu, mais nous avons été introduits dans une conformité intérieure et profonde avec Lui. Nous avons donc accès à la faveur (ou : grâce) dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu (Rom. 5:1-2).


5.4 - L’accès à Dieu

Par le sang de Christ nous avons aussi reçu accès à Dieu et avons la liberté de nous approcher de Lui (Éph.2:13 ; Héb. 10:19-22). Ces privilèges sont en contraste avec l’Ancien Testament où seul le souverain sacrificateur entrait une seule fois par an dans le lieu très saint. Maintenant le sang de Christ a pleinement satisfait les saintes exigences de Dieu. Autrefois le voile fermait l’accès du lieu de la présence de Dieu ; la preuve que le sang a satisfait aux exigences de Dieu est que ce voile a été déchiré au moment de la mort du Seigneur Jésus sur la croix (Matt. 27:51). Symboliquement cela exprimait que l’accès à Dieu était désormais ouvert pour toujours (Héb. 9:8 ; 10:20).

Non seulement l’accès est ouvert, mais nous sommes rendus capables d’y entrer (Héb. 10:10 « nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ… ». Nous pouvons donc « entrer » en pleine liberté, soit comme sacrificateurs pour adorer, soit pour prier comme ayant besoin de miséricorde afin de trouver grâce pour avoir du secours au moment opportun (Héb. 4:16).

Un pécheur non réconcilié avec Dieu ne peut avoir « hardiesse et accès en confiance » (Éph. 3:12) devant Dieu comme Père, car Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13). En vertu de la propitiation, Dieu n’a plus rien contre nous : Il est « pour nous » (Rom. 8:31). Nous n’avons plus d’inimitié contre Lui ; le Seigneur Jésus nous a donné la paix, et même plus : « Il est notre paix » (Éph. 2:14), et nous avons accès auprès du Père par un seul Esprit (Éph 2:18).

Ce libre accès auprès de Dieu comme notre Père pour l’adoration, les actions de grâces, la prière et l’intercession, est un des privilèges spécifiques de notre foi chrétienne.


6 - Le sang de l’alliance

En instituant la Cène, le Seigneur Jésus a parlé du « sang de la nouvelle alliance » (Matt. 26:28 ; Marc 14:24 ; Luc 22:20 ; 1 Cor. 11:25).


6.1 - Ancienne et nouvelle alliance

La nouvelle alliance remplacera celle de Sinaï, qui a été rompue par la désobéissance du peuple (Exode 19:5 ; 34:27, 28). La nouvelle alliance est annoncée par Jérémie (31:31-34), d’où il ressort que :


Ésaïe parle du Messie comme personnifiant la nouvelle alliance (És. 42:6 ; 49:8) ; selon l’épître aux Hébreux le Seigneur est le garant et le médiateur de la nouvelle alliance, une « meilleure alliance » (Héb. 7:22 ; 8:6 ; 9:15 ; 12:24), une alliance éternelle (És 55:3 ; 61:8 ; Jér. 32:40 ; 50:5 ; Éz 16:60 ; 37:26 ; Héb. 13:20). Héb.8:8-12 montre que la nouvelle alliance est conclu « pour » Israël et non pas « avec » Israël ; ainsi les bénédictions ne reposent plus, comme l’ancienne, sur l’obéissance du peuple envers Dieu (impossible), mais elles seront fondées seulement sur l’œuvre de Christ accomplie dans une parfaite obéissance. À la croix Christ a satisfait à toutes les exigences de Dieu à l’égard des hommes. Son œuvre expiatoire a permis que Dieu pardonne à Son peuple terrestre tous ses péchés, et lui donne une nouvelle vie et le Saint Esprit selon la prophétie d’Ézéchiel (36:24-29).

Lors de l’institution de la Cène, le Seigneur allait livrer son corps et son sang. Sur la croix, Il allait poser le fondement de l’accomplissement de toutes les prophéties de l’Ancien Testament, notamment celles sur la nouvelle alliance. C’est pourquoi le Seigneur dit « ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés » (formulation spécifique à Matthieu qui présente le Seigneur Jésus comme le Messie et le roi d’Israël, celui qui accomplit toutes les promesses et toutes les prophéties). L’ancienne alliance fut consacrée avec du sang d’animaux, la nouvelle alliance avec le sang de Christ (Exode 24:8 ; Héb. 9:18-20 ; 10:29 ; 13:20). Le pardon des péchés, selon la prophétie de Jérémie, caractérise tous les participants de la nouvelle alliance.

Les bénédictions qui procèdent du sang de Christ, ne sont pas la part exclusive du peuple d’Israël sous la nouvelle alliance future ; les croyants du temps actuel y ont aussi part, et même dans une mesure infiniment plus grande — selon l’esprit, selon les principes spirituels impliqués ; c’est pourquoi l’apôtre Paul se désigne, lui et ses compagnons, comme « ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit, car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » (2 Cor. 3:6).

La « lettre tue », car Israël ayant failli, les commandements de l’ancienne alliance devenaient la mort (Rom. 7:10), au lieu de signifier vie et justice (Lév. 18:5 ; Deut. 6:25). L’interprétation consistant à dire que tenir ferme la Parole de Dieu littéralement tue la vie spirituelle est une grave erreur, ou pire. On ne peut jamais garder la Parole de Dieu trop scrupuleusement. L’esprit mentionné en 2 Cor. 3:6, n’est pas seulement le principe spirituel divin de l’évangile, mais c’est la personne du Saint Esprit.


6.2 - Quand le sang de Christ a-t-il été versé ?

Le sang du Seigneur versé est mentionné en Matt. 26:28, Marc 14:24, Luc 22:20. Voir aussi Héb. 9:22. Ce sang précieux de Christ a été versé par un acte personnel et volontaire de Sa part (Jean 10:17-18), non pas à cause des coups de fouet, de la couronne d’épines, ou des clous de la croix. Ces tourments terribles étaient provoqués par les hommes méchants et pécheurs, et ils témoignaient de péché et non de pardon. L’Écriture ne parle pas du sang ayant coulé de ces blessures.

L’épée de Dieu devait se réveiller contre Christ (És. 53:10 ; Zach. 13:7). En toute révérence, on peut dire que le sang du Seigneur Jésus qui parle symboliquement de l’âme et de la vie, a été versé au moment de sa mort sur la croix, invisible à nos yeux d’hommes. Ésaïe a déjà vu ce point central quand il Le décrit comme ayant « livré son âme à la mort » et « son âme en sacrifice pour le péché » (És. 53:10, 12). Symboliquement Son sang a paru sur le propitiatoire devant la face du Dieu saint au moment même où Il a remis Son esprit, après avoir déclaré « c’est accompli » (Luc 23:46 ; Jean 19:30).

Héb. 9:11 ne dit pas que Christ est entré dans les lieux saints avec son propre sang ; il est dit « étant venu avec son propre sang, Il est entré une fois pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (1 Jean 5:6). L’œuvre de la rédemption avec toutes ses conséquences éternelles a été accomplie au moment où le Seigneur est mort sur la croix — ce qui a été scellé par la résurrection le troisième jour (Rom. 4:25 ; 1 Cor. 15:3, 17) — tandis qu’Il n’a été élevé au ciel à la droite de Dieu que 40 jours plus tard (Marc 16:19 ; Héb. 9:24).


7 - Le sang et l’eau

Le sang et l’eau ont coulé du côté de notre Seigneur quand le soldat a percé son corps mort avec sa lance (Jean 19:33-35). Nous laissons de côté toute explication humaine ou « réaliste ». C’est un des rares passages où il est parlé du sang physique de notre Seigneur : la plupart sont symboliques. Le Fils de Dieu a été réellement homme et est réellement mort (Héb. 2:14, 15). Le sang et l’eau sortis du corps mort du Seigneur ont témoigné en premier lieu de Sa mort.

Mais il y a plus. Le Seigneur qui est la vie éternelle en personne, a pris volontairement sur Lui, comme homme, le salaire du péché afin de donner la vie à des êtres perdus (Jean 1:4 ; 11:25 ; 14:6 ; Rom. 6:23). Pour cela, l’expiation du péché et la purification des pécheurs étaient nécessaires ; le sang et l’eau jaillissant du côté de Jésus témoignent symboliquement que Sa mort en est le fondement éternellement valable — « afin que vous croyiez ». Par le sang propitiation est faite devant Dieu pour le péché, et par l’eau de la Parole de Dieu, nous sommes par la foi pour toujours purifiés.

Jean reprend ce sujet dans son épître (1 Jean 5:6-8). Dans l’évangile on voit le témoignage rendu à l’œuvre de la rédemption accomplie et aux conséquences bénies qui en découlent, tandis que dans l’épître on trouve le langage symbolique profond exprimant par quel chemin Jésus Christ est « venu » jusqu’à nous, croyants : par l’eau et par le sang. Il s’agit là non pas de son incarnation ni de Son ministère incomparable, mais de Sa sollicitude envers des perdus en vertu de l’œuvre de la rédemption. Sur la croix Il dut rencontrer le Dieu saint comme juge, pour pouvoir se révéler à nous comme Sauveur (Tite 2:13, 14). Il est venu à nous « par l’eau et par le sang ».

L’eau est une figure de la puissance purifiante de la Parole de Dieu. Dieu parle à nos consciences par Sa Parole et nous fait connaître notre culpabilité, mais la Parole révèle aussi le chemin de la purification par la foi en un Seigneur mort. L’eau en liaison avec le Saint Esprit opère la nouvelle naissance : L’eau nous purifie moralement, tandis que l’Esprit nous communique la vie nouvelle divine (Jean 3:38 ; cf 13:10 ; 15:3 ; Tite 3:5). Cela était impossible sans l’œuvre de l’expiation accomplie.

C’est pourquoi Christ dut aussi venir à nous « par le sang » qui parle de propitiation. Appliqué à nous, le sang opère une parfaite purification selon le jugement de Dieu sur le mal. L’eau et le sang sont inséparables. C’est pourquoi Jean ajoute « non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang ». — « Par » l’eau, « par » le sang : « par » (préposition grecque « dia ») décrit le moyen par lequel Christ est venu. « Dans la puissance de » (préposition grecque « en ») souligne la puissance inhérente à l’eau et au sang.

En tant que témoin de cela, l’Esprit Saint est appelé « Esprit de vérité ». Il n’est pas seulement venu comme conducteur et consolateur, mais pour rendre témoignage de toute la vérité de Dieu (Jean 15:26 ; Rom. 8:16 ; Héb. 10:15).

Au témoignage parfait du Saint Esprit, Dieu en ajoute deux autres : l’eau et le sang (mentionnés précédemment comme instruments de salut). Ce sont des témoins au sens figuré. Tous les trois rendent un témoignage unanime, qui est le suivant : « que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:11, 12). Merveilleux résultat de l’œuvre expiatoire de Christ ! Par sa mort de laquelle le sang et l’eau rendent témoignage, Il a frayé le chemin à Lui-même, et par-là à la vie éternelle, pour des hommes sous le juste jugement de Dieu.

Dans la consécration des sacrificateurs (Exode 29 ; Lév. 8), il y avait d’abord un lavage à l’eau, puis le sang était mis sur eux (oreille, pouce, orteil) et sur l’autel ; puis il y avait aspersion sur eux du sang qui était sur l’autel et de l’huile. Tous ces types concordent exactement avec la vérité quant au lavage, à la propitiation et au sceau du Saint Esprit par lesquels nous sommes constitués une sainte sacrificature (1 Pierre 2:5).


8 - Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang : Jean 6:53-58

8.1 - Jean 6

La multiplication des pains pour les 5000 est le seul événement de la vie du Seigneur (hormis l’entrée du Seigneur à Jérusalem et Ses souffrances) qu’on trouve dans les 4 évangiles ; mais Jean relate en outre l’entretien suivant avec les Juifs. Ceux-ci Le suivaient parce qu’ils avaient mangé les pains (Jean 6:26). Le Seigneur les exhorte alors à travailler pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ; or Lui seul, le Fils de l’homme, pouvait donner cette nourriture. Puis ces Juifs incrédules qui venaient de voir le miracle de la multiplication des pains, exigent un autre signe, citant la manne (« pain du ciel ») dans le désert. Le Seigneur leur rappelle que ceux qui avaient mangé la manne étaient morts ; Lui, au contraire, était le véritable pain venant du ciel que Son Père leur donnait (Jean 6:35, 48, 50).

C’est évidemment une manière symbolique de parler : en contraste avec la manne, le Seigneur est « le pain vivant descendu du ciel » (Jean 6:51) ; dans la suite de ce parler symbolique, le fait de manger, et ensuite de boire, est aussi une expression imagée de la foi en Lui. Dans la vie naturelle, ce que nous mangeons et buvons devient partie de nous-mêmes. Cette figure s’applique facilement à la foi et la vie spirituelle.


8.2 - Manger et boire une fois

Pour manger le pain de vie, il ne suffit pas de croire au Fils de Dieu vivant comme homme sur la terre ; il faut aussi la foi en sa mort expiatoire. C’est pourquoi Il ajoute (Jean 6:51) : « or le pain que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle, moi, je donnerai pour la vie du monde ».

Malgré le scandale déjà produit par ces paroles, le Seigneur poursuit en expliquant : « si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes » (6:53). Comme « pain qui vient du ciel », Il était devenu homme sur la terre (incarnation). Mais Sa chair en tant qu’homme vivant ne pouvait donner la vie éternelle à personne — elle devait passer par la mort. Et pour confirmer que seule la foi en Lui comme Celui qui est mort pour des pécheurs conduit à la vie éternelle, le Seigneur ajoute à « sa chair », « son sang ». Les deux ensemble parlent de Celui qui est mort pour des êtres perdus : Il a souffert dans la chair pour nous, Il a fait une fois pour toutes l’offrande de son corps (Héb. 10:10 ; 1 Pierre 4:1), Son sang précieux a été versé pour le pardon des péchés (Matt. 26:28), par Sa mort Il a annulé la mort et fait luire la vie et l’incorruptibilité (2 Tim. 1:10 ; Jean 3:14-16).

Manger Sa chair et boire Son sang signifie d’abord croire en Son œuvre et en sa mort sur la croix, s’approprier par la foi qu’Il est mort pour nous et pour nos péchés. Ceci, nous le faisons une fois. Les verbes manger aux v. 50, 51, 53 et boire au v. 53 sont à la forme verbale aoriste qui indique une action ponctuelle, unique. Par la foi en Celui qui est mort, nous avons reçu la vie éternelle ; et celle-ci, qui a son siège éternel dans la personne de Christ, le Fils de Dieu, est devenue notre vie, et nous l’avons en nous-mêmes. Il est solennel que celui qui ne croit pas, n’a pas la vie (v. 53 ; 1 Jean 5:11, 12, 20).


8.3 - Manger et boire continuellement

Celui qui a mangé la chair et bu le sang du Fils de l’homme de la manière qui vient d’être indiquée, et a ainsi reçu la vie éternelle, a besoin de nourriture pour la nouvelle vie. Cette nourriture fait l’objet de tout le chapitre : c’est Christ, le Fils de Dieu devenu homme, qui s’est infiniment abaissé et est mort pour nous. Lui est la vraie manne, « le véritable pain qui vient du ciel » (6:32).

Cette alimentation spirituelle constante et régulière, et ses effets, sont le sujet des v. 54 à 58. La forme verbale (participe présent) indique un fait continu ou général. Les Israélites recueillaient la manne chaque jour, et nous aussi avons chaque jour à nous occuper de Christ mort pour nous, pour croître et prospérer spirituellement. Paul avait Christ pour contenu, modèle, but et force de sa vie. Il n’y a pas d’objet plus élevé et plus glorieux pour le cœur du croyant. Lui, le Fils de l’amour du Père, l’objet de Son plaisir, en qui habite toute la plénitude de la Déité corporellement, qui nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous ; qui est assis à la droite de Dieu dans la gloire, après être mort et ressuscité, et Il va revenir recueillir tous Ses rachetés — Lui est la vraie nourriture de nos âmes, « le véritable pain qui vient du ciel ». En nous nous nourrissant spirituellement de manière constante, nous demeurerons pratiquement en Lui, et Lui en nous — dans la dépendance et la confiance qu’Il a manifestées envers Son Père durant Sa vie sur la terre (6:56-57).

« Apprenez de moi car je suis débonnaire et humble de cœur » est une invitation à nous nourrir de Lui spirituellement (Matt. 11:29). Pareillement Phil. 2:5-8 et 1 Pierre 2:21-23.


8.4 - Ce n’est pas la Cène

Dans de nombreux milieux chrétiens, on applique ces versets de Jean 6 à la Cène, et ensuite on fait de la Cène un sacrement, un « mystère religieux », des moyens de grâce pour le salut. Si cela était vrai, cela voudrait dire que la participation à la Cène est la condition pour recevoir la vie éternelle, et que celui qui n’y participe pas n’aurait pas la vie en lui-même. Or l’idée qu’en participant à la Cène, on prend symboliquement la chair et le sang de Christ comme une véritable nourriture spirituelle n’est pas en accord avec le sens de la Cène. Voyons les divers passages parlant de la Cène :


La Parole de Dieu ne contient absolument aucun argument étayant l’idée que participer à la Cène ferait participer au salut.

La participation à la Cène est un acte pour honorer et glorifier notre Seigneur et Sauveur, non pas pour recevoir une nourriture. À la Cène, on vient apporter, non pas recevoir (*). Le pain et la coupe dirigent les pensées sur le Seigneur dans Sa mort. Dans le souvenir recueilli de Sa personne, de Son amour et du don de Lui-même dans la mort, nous avons le privilège, en tant que sacrificateurs occupés de l’offrande faite une fois pour toutes du corps de Jésus Christ et de Son précieux sang, d’entrer en pleine liberté dans les lieux saints, et de nous tenir dans l’adoration dans Sa présence et celle de Dieu.


(*) Dans la participation à la Cène, il est peut-être possible de discerner quand même une figure du fait que les participants ont une fois spirituellement mangé et bu « la chair et le sang » du Seigneur Jésus selon Jean 6. — Par ailleurs nous retirons toujours de la bénédiction en étant occupés de Lui.


Apporter au Seigneur et au Père notre adoration en esprit et en vérité, est un privilège grand et élevé, faisant contraste avec toutes les autres activités spirituelles. Nous l’exercerons en perfection dans la gloire du ciel.

Apoc. 5 décrit la louange et l’adoration au ciel, avec le cantique nouveau mentionnant que l’Agneau (Christ) a « acheté par son sang » de toute tribu et langue et peuple et nation. La louange des 24 anciens surpasse celle des anges et de la création entière : elle exprime des sentiments que seule la jouissance de la réconciliation peut produire.