Remmers Arend [Ajouts bibliquest entre crochets]
Ermunterung und Ermahnung, 2012-10, p. 312
[Le mot « tente d’assignation » de la version Darby de la Bible en français est traduit en allemand (Elberfeld-CSV) par « tente de réunion » ou « tente de rencontre ». Le mot « assignation » ajoute l’idée de convocation à l’idée de réunion ou rassemblement. Pour cet article, nous avons conservé le terme tente d’assignation]
Table des matières abrégée :
1 - [Spécificités de l’offrande de l’encens]
2 - Les ingrédients de l’encens composé
4 - La signification de l’encens composé [Ps. 141:2]
Table des matières détaillée :
1 - [Spécificités de l’offrande de l’encens]
1.2 - [Encens composé, unique en son genre]
2 - Les ingrédients de l’encens composé
2.1 - [Stacte — Les paroles du Seigneur ?]
3.2 - [Encens pulvérisé juste avant l’aspersion du sang au grand jour des Propitiations]
3.3 - [Encens réservé strictement à Dieu]
4 - La signification de l’encens composé [Ps. 141:2]
4.1 - [David parlant comme prophète]
4.2 - [L’encens et les prières selon Apoc. 5:8 et 8:3]
4.3 - [L’encens, image des qualités du Seigneur Jésus donnant puissance aux prières des Siens]
L’autel d’or était destiné uniquement à l’offrande de l’encens composé, précieux et d’agréable odeur. Il n’était pas permis d’y offrir des holocaustes, des offrandes de gâteau ni des libations. Cela était réservé à l’autel d’airain dans le parvis. En particulier, il n’était pas permis d’offrir aucun « encens étranger » sur l’autel d’or (Ex. 30:9). Un encens étranger était un encens non conforme aux prescriptions données par Dieu. Cela signifie pour nous que les pensées humaines ou la propre volonté n’ont aucune place dans le service pour Dieu. Et pourquoi cela est-il rejeté ? Parce que tout ce qui provient de notre vieille nature, de la chair, ne mène pas à Dieu, mais détourne de Lui. Il y a suffisamment d’exemples de cela dans l’histoire de la chrétienté.
Dans notre texte biblique, l’encens composé déterminé par Dieu est décrit en détail. Il était composé de quatre « drogues odoriférantes » : « le stacte, la coquille odorante, le galbanum et l’encens pur ». Les trois premiers sont appelés deux fois « drogues odoriférantes » et n’apparaissent qu’ici dans l’Écriture. Ce fait ne facilite pas la découverte de leur signification. Mais en même temps, cela montre qu’il s’agit de quelque chose d’unique en son genre, et qui n’était destiné qu’à Dieu. Ceci est encore souligné par la prescription de Dieu : « Et quant à l’encens que tu feras, vous n’en ferez point pour vous selon les mêmes proportions : il sera, pour toi, saint, consacré à l’Éternel. Quiconque en fera de semblable pour le flairer, sera retranché de ses peuples » (Ex. 30:37-38).
Comme les composants de l’huile sainte de l’onction décrits aux v. 23-25, les drogues odoriférantes de l’encens composé étaient également un « ouvrage de parfumeur ». Les deux passages présentent les qualités uniques et les traits uniques de la nature de notre Seigneur, mais vues de différents côtés. L’épouse du Cantique des Cantiques dit de lui : « Tes parfums sont d’agréable odeur ; ton nom est un parfum répandu » (Cant.d.cant. 1:3). L’interdiction de Dieu se comprend donc facilement. La contemplation des beautés et des gloires du Fils de Dieu comme homme n’est pas pour des profanes. Aucun incroyant ne peut les comprendre ni même les apprécier. Dieu le Père seul les voit en perfection et les considère avec plaisir. Mais nous aussi, qui croyons en Lui, nous pouvons comprendre que nous sommes rendus agréables devant Dieu dans le Bien-Aimé et que nous nous approchons de Lui en pleine liberté sur la base de cette merveilleuse position.
Différentes explications ont été données pour les différents constituants de l’encens composé. La raison en est que les significations des anciennes désignations hébraïques ne peuvent plus être établies nettement. La signification spirituelle générale est quand même claire : tout parle de la gloire de la personne de Christ. C’est la pensée fondamentale pour tous les éléments de la tente d’assignation, et donc y compris l’encens composé.
Quelques pensées sur les composants particuliers :
Le mot hébreu pour stacte (nataph) signifie en fait « gouttes ». On le trouve une autre fois seulement, dans un contexte tout à fait différent, en Job 36:27, où il est traduit par « gouttes (d’eau) ». Dans le cas de l’encens composé, il faut probablement penser à une résine qui coule par gouttes. La plupart des exégètes citent donc comme origine du stacte l’arbre originel Styrax ; dans les temps anciens on en tirait par incision de l’écorce une résine dénommée storax ou benjoin, servant à faire des baumes (résine balsamique). Le peu que l’Écriture permet autrement de saisir en plus à ce sujet, conduit à l’interprétation que le stacte parle des paroles qui découlaient de la bouche du Seigneur Jésus, et qui contenaient rafraîchissement, parfum et vérité de la part de Dieu. Les paroles du Seigneur étaient des « paroles de grâce » (Luc 4:22), qui doivent aussi caractériser les croyants (Col. 4:6). Ses paroles étaient aussi la vérité, car, comme Il le dit, « Il était absolument ce qu’aussi Il disait ». Ses paroles Le présentaient comme ce qu’Il était : la vérité (Jean 8:26).
Dans la coquille odorante (en hébreu : schechelet), on voit généralement, depuis des temps très anciens, une sorte d’escargot de mer. Lorsque la coquille ou son enveloppe est broyée et qu’on la brûle, on dit qu’elle dégage une odeur intense et agréable — peut-être une image du parfum du parfait dévouement de Christ dans Sa mort sur la croix.
La résine de type gomme, le galbanum (en hébreu : chelbena), provient probablement d’une plante du genre Ferula (fenouil géant) issue d’Extrême-Orient ou d’Afrique. Elle dégagerait une odeur âcre et servirait en outre d’exhausteur pour renforcer d’autres parfums. Du point de vue linguistique, le mot peut dériver d’une racine hébraïque chlb qu’on retrouve pour les mots « lait » et « graisse ». Le galbanum pourrait-il alors parler de l’énergie cachée de la volonté de notre Seigneur en tant qu’homme ? Sa « nourriture » était de faire la volonté de Dieu, coûte que coûte. Avec une parfaite détermination, Il a dressé Sa face pour aller à Jérusalem, car c’est là que devaient s’accomplir les jours de Son assomption (Luc 9:51). Sur ce chemin, Il a « dressé sa face comme un caillou » (És. 50:7) et ne s’en est laissé détourner par personne.
Enfin, il fallait ajouter de l’encens pur. Le mot hébreu (levona) signifie à l’origine « blanc ». Cette couleur est un symbole de pureté. L’encens était l’une des choses sacrées qui devaient être gardées dans le temple par les Lévites (1 Chron. 9:29 ; Néh. 13:5,9). Il s’agit de la résine blanchâtre d’une plante appelée boswellia poussant en Arabie et en Afrique de l’Est ; cette résine s’écoule d’elle-même, mais elle est souvent obtenue par incision de l’écorce d’un arbuste. L’encens, qui est mentionné ici pour la première fois, est la seule des quatre drogues odoriférantes qu’on retrouve souvent. Il fallait mettre de l’« encens pur » sur l’offrande de gâteau et sur les pains de proposition (Lév. 2:1 ; 6:8 ; 24:7). Cependant il était interdit de mettre de l’encens avec un sacrifice pour le péché fait de fleur de farine, ou avec l’offrande de gâteau de jalousie (Lév. 5:11 ; Nombres 5:15). Par les prophètes Ésaïe et Jérémie, Dieu s’est plaint de l’offrande d’encens qui Le déshonorait, car les cœurs du peuple d’Israël étaient fort éloignés de Lui (Ésaïe 43:23 ; 66:3 ; Jér. 6:20). Mais dans le royaume millénaire, les prophètes prédisent que l’offrande de l’encens sera agréable à Dieu, tant de la part du peuple de Dieu que des autres peuples (Ésaïe 60, 6 ; Jér. 17, 26). Le parfum de l’encens est aussi mentionné plusieurs fois dans le Cantique des Cantiques (3:6 ; 4:6, 14). Dans le Nouveau Testament, l’encens (en grec : libanos) apparait deux fois : une fois en rapport avec le Seigneur Jésus, à qui les mages d’Orient ont offert de l’or, de l’encens et de la myrrhe en tant que roi d’Israël nouveau-né (Matt. 2:11) ; et une fois en rapport avec la grande prostituée Babylone (Apoc. 18:13). La bonne odeur de l’encens exprime la glorification de Dieu par la pureté et la perfection du Seigneur Jésus dans Sa vie sur la terre, qui sont présentées à Dieu comme un encens composé dans l’adoration en esprit et en vérité.
Contrairement à l’huile d’onction, aucune quantité n’est spécifiée pour l’encens, sinon que tout devait être présent à poids égal, que rien ne devait prévaloir ou être en retrait. Cela est divin, et il en était ainsi chez le Seigneur Jésus en tant qu’homme. Habituellement, chez nous les êtres humains, certains traits se mettent en évidence alors que d’autres font défaut. Avec l’encens composé, cela n’était pas permis. Il était « très saint », et c’est pourquoi une partie en était déposée devant l’arche de l’alliance dans la tente d’assignation où l’Éternel rencontrait Moïse (Ex. 30:36).
Pour fabriquer l’encens composé, les drogues odoriférantes devaient être réduites en poudre. Cela libérait leurs parfums, qui devenaient d’autant plus intenses que tout était plus finement pilé. Le « pilage » ou broyage ne nous rappelle-t-il pas les souffrances du Seigneur Jésus sous le jugement de Dieu pour nos péchés (És. 53:10) ? Le découpage de l’holocauste en plusieurs morceaux servait également à faire ressortir de manière d’autant plus glorieuse la perfection de ce sacrifice qui, dans son entier, était un « sacrifice par feu d’odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 1:1-9).
Le broyage des drogues odoriférantes est encore mentionné au grand jour des Propitiations, qui est le grand type du sacrifice de Jésus Christ fait une fois pour toutes. L’encens composé que le grand sacrificateur offrait ce jour-là est expressément qualifié d’« encens de drogues odoriférantes pulvérisée ». Aaron en remplissait ses deux mains et l’emportait avec des charbons ardents depuis l’autel jusque dans le lieu Très-saint. C’est là que l’encens composé répandait son parfum qui montait vers Dieu. Puis Aaron faisait aspersion du sang du sacrifice pour le péché sur et devant le propitiatoire (couvercle) de l’arche de l’alliance ; ce sang parlait de l’œuvre expiatoire accomplie de Christ (Lév. 16:11-14). La combinaison de ces deux actes nous montre que notre Seigneur n’a jamais été plus glorieux et plus précieux aux yeux de Dieu que pendant les trois heures où Il a manifesté Son obéissance volontaire et Son dévouement sous le jugement de Dieu. Il avait dit : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie » (Jean 10:17). Le feu du jugement L’a pénétré à la gloire du Père, et c’est justement là que les « drogues odoriférantes » de Son être intérieur et de Son dévouement ont libéré leur parfum, qui est monté vers Dieu.
Personne d’autre que Dieu n’était témoin de ce parfum, car déjà dans le type il est dit : « Et personne ne sera dans la tente d’assignation quand il y entrera pour faire propitiation dans le lieu saint, jusqu’à ce qu’il en sorte » (Lév. 16:17). Cela nous aide aussi à mieux comprendre une autre prescription : « Et quant à l’encens que tu feras, vous n’en ferez point pour vous selon les mêmes proportions : il sera, pour toi, saint, consacré à l’Éternel. Quiconque en fera de semblable pour le flairer, sera retranché de ses peuples » (Ex. 30:37, 38). Cet encens d’agréable odeur était destiné à Dieu seul. Lui seul peut pleinement apprécier les gloires de Son Fils qui, en tant qu’homme parfait, a accompli l’œuvre expiatoire pour Sa glorification et pour notre rédemption et notre bénédiction. « Personne ne connait qui est le Fils, si ce n’est le Père » (Luc 10:22).
[En allemand le même mot est utilisé pour traduire « encens composé » dans l’Ancien Testament et parfums dans le Nouveau Testament]
David, l’homme selon le cœur de Dieu avait déjà reconnu la signification symbolique de l’encens de drogues odoriférantes. Il écrivait au Psaume 141:2 : « Que ma prière vienne devant toi comme l’encens ». Quelle intelligence spirituelle des prescriptions de Dieu ce croyant avait-il au temps de l’Ancien Testament ! Cela allait bien au-delà de la vérité révélée à l’époque. Inversement, combien souvent, dans notre vie de foi, nous restons loin en retrait de la « vérité présente » (2 Pierre 1:12 — c’est-à-dire la pensée de Dieu révélée dans le temps présent) ! Cependant, David comprenait déjà quelque chose de ce que la puissance de ses prières ne reposait pas sur sa personne ou ses actes, mais sur un parfum que seul Dieu sait apprécier — et pourtant il ne pouvait pas encore connaître le Seigneur Jésus. C’est comme s’il avait parlé en prophète, ici comme en bien d’autres passages de l’Écriture (cf. Actes 2:30).
Dans l’Apocalypse, nous trouvons deux communications relativement connues, mais remarquables pour aider à expliquer la signification de l’encens composé. Au ch. 5, après l’enlèvement des croyants, nous voyons le Seigneur Jésus se tenant comme l’Agneau immolé au milieu du trône de Dieu, entouré des quatre êtres vivants (ou, JND : animaux) et des vingt-quatre anciens. Quand Il prend de Sa main le livre des conseils et des droits de Dieu sur la terre, « les quatre êtres vivants (ou : animaux) et les vingt-quatre anciens tombèrent sur leurs faces devant l’Agneau, ayant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints » (Apoc. 5:8). Puis ils chantent un cantique nouveau : « Tu es digne… ».
Dans le second passage, il est question d’un « autre ange » qui est sans aucun doute le Seigneur Jésus (Apoc. 8:3 ; cf. 7:2 ; 10:1 ; 14:17 ; 18:1). Il se tient avec un encensoir d’or auprès de l’autel [*] dans le ciel. Alors « beaucoup de parfums lui furent donnés, pour donner efficace aux prières de tous les saints, sur [ou : à] l’autel d’or qui est devant le trône ». Et ensuite : « Et la fumée des parfums (ou : encens composé) monta avec les prières des saints, de la main de l’ange devant Dieu » (8:3, 4). Ainsi, ici aussi comme au ch. 5, nous voyons d’un côté les croyants qui prient. Mais maintenant, de l’autre côté dans le ciel, ce ne sont pas les vingt-quatre anciens qui intercèdent pour eux de manière sacerdotale, mais le Seigneur Jésus Lui-même. Lui est le grand Sacrificateur à qui « beaucoup de parfums furent donnés, pour donner efficace aux prières de tous les saints, sur [ou : à] l’autel d’or qui est devant le trône ».
[*] note bibliquest : l’auteur de l’article précise ici « autel des holocaustes », mais le texte biblique ne précise pas de quel autel il s’agit, ni dans la Bible allemande ni dans la Bible Darby française.
Conformément à la description de l’encens des drogues odoriférantes en Ex 30 et à la figure du grand Jour des Propitiations en Lév. 16, il est clair ici que l’encens lui-même ne symbolise pas les prières des hommes, mais les qualités uniques et les traits essentiels uniques de la nature de notre Seigneur qui donnent puissance aux prières des Siens devant le trône de Dieu. La fumée de cet encens d’agréable odeur s’unit aux prières des croyants et elles s’élèvent ensemble devant Dieu. C’est ainsi qu’il faut aussi comprendre le Psaume 141:2, où David demande : « Que ma prière vienne devant toi comme l’encens ».