La bonne main de Dieu était sur nous

Livre d’ESDRAS

Remmers Arend

Traduit de l’allemand, Édition 2017


Table des matières abrégée :

1 - Introduction

2 - Ch. 1 : Réveil par le décret du roi Cyrus

3 - Ch. 2 : Dénombrement de ceux qui sont revenus

4 - Ch. 3 : Reconstruction de l’Autel et du Temple

5 - Ch. 4 : Opposition des ennemis et interruption de la construction du temple

6 - Ch. 5 : Ministère prophétique et nouvelle opposition

7 - Ch. 6 : Achèvement de la construction du temple

8 - Ch. 7 : Esdras veut aller à Jérusalem

9 - Ch. 8 : Le deuxième Retour avec Esdras

10 - Ch. 9 : Humiliation au sujet du manque de séparation


Table des matières détaillée :

1 - Introduction

1.1 - Auteurs et dates de rédaction

1.2 - Le sujet du livre d’Esdras

1.2.1 - Côté historique

1.2.2 - Types ou figures

1.2.2.1 - Pays de Canaan – Lieux célestes

1.2.2.2 - Jérusalem (ville, cité, nouvelle) – Assemblée

1.2.2.3 - Temple – Assemblée

1.2.2.4 - Autel – Table du Seigneur

1.2.2.5 - Réveil et retour de captivité – Réformation et réveils chrétiens

1.2.2.6 - Retour à la Parole de Dieu sous Esdras – à titre personnel

1.3 - Détails particuliers

1.3.1 - Caractéristiques du réveil

1.3.2 - Aperçu chronologique

2 - Ch. 1 : Réveil par le décret du roi Cyrus

2.1 - La mission de Cyrus — 1:1-4

2.1.1 - Ch. 1:1

2.1.2 - Ch. 1:2

2.1.3 - Ch. 1:3

2.1.4 - Ch. 1:4

2.2 - Décision et soutien — 1:5-11

2.2.1 - Ch. 1:5 et 6

2.2.2 - Ch. 1:7

2.2.3 - Ch. 1:8-11

3 - Ch. 2 : Dénombrement de ceux qui sont revenus

3.1 - Ch. 2:1-2

3.2 - Ch. 2:3-19 — Les noms des familles (15509 personnes)

3.3 - Ch. 2:20-35 — Les habitants de certains lieux (8635 personnes)

3.4 - Ch. 2:36-39 — Les noms des sacrificateurs (4289 personnes)

3.5 - Ch. 2:40-42 — Les noms des Lévites (341 personnes)

3.6 - Ch. 2:43-54 — Les noms des Nethiniens

3.7 - Ch. 2:55-58 — Les fils des serviteurs de Salomon

3.8 - Ch. 2:59-63 — Des Juifs sans registre généalogique

3.8.1 - Ch. 2:59-60

3.8.2 - Ch. 2:61-62

3.8.3 - Ch. 2:63

3.9 - En résumé — 2:64-67

3.9.1 - Ch. 2:64-67

3.9.2 - Les données chiffrées en Esdras 2 et Néhémie 7

3.10 - Ch. 2:68,69 — Arrivée de dons supplémentaires volontaires

3.11 - Ch. 2:70 — Tout Israël dans leurs villes

4 - Ch. 3 : Reconstruction de l’Autel et du Temple

4.1 - Ch. 3:1-6 — Construction de l’autel, et sacrifice

4.1.1 - Ch. 3:1

4.1.2 - Ch. 3:2

4.1.3 - Ch. 3:3

4.1.4 - Ch. 3:4

4.1.5 - Ch. 3:5

4.1.6 - Ch. 3:6

4.2 - Ch. 3:7-9 — Commencement de la construction du temple

4.2.1 - Ch. 3:7

4.2.2 - Ch. 3:8

4.2.3 - Ch. 3:9

4.3 - Ch. 3:10-13 — La pose des fondements du temple

4.3.1 - Ch. 3:10

4.3.2 - Ch. 3:11

4.3.3 - Ch. 3:12

4.3.4 - Ch. 3:13

5 - Ch. 4 : Opposition des ennemis et interruption de la construction du temple

5.1 - Ch. 4:1 — Les ennemis camouflés

5.1.1 - Ch. 4:1

5.1.2 - Les Samaritains

5.2 - Ch. 4:2-5 — Différentes tactiques

5.2.1 - Ch. 4:2

5.2.2 - Ch. 4:3

5.2.3 - Ch. 4:4

5.2.4 - Ch. 4:5

5.3 - Les rois Assuérus et Artaxerxès en Esdras 4:6, 7: de qui s’agit-il ?

5.4 - Ch. 4:6, 7 — Accusations

5.4.1 - Ch. 4:6

5.4.2 - Ch. 4:7

5.5 - Ch. 4:8-16 — L’accusation auprès du roi Artaxerxès

5.5.1 - Ch. 4:8

5.5.2 - Ch. 4:9-11

5.5.3 - Ch. 4:12

5.5.4 - Ch. 4:13

5.5.5 - Ch. 4:14-16

5.6 - Ch. 4:17-22 — La réponse du roi Artaxerxès

5.7 - Ch. 4:23, 24 — L’interruption de la construction du temple

5.8 - Quelle a été la durée de l’interruption de la construction du temple ?

6 - Ch. 5 : Ministère prophétique et nouvelle opposition

6.1 - Ch. 5:1-2 — Le ministère prophétique d’Aggée et de Zacharie

6.1.1 - Ch. 5:1

6.1.2 - Ch. 5:2

6.2 - Ch. 5:3-5 — Nouvelle résistance

6.2.1 - Ch. 5:3

6.2.2 - Ch. 5:4

6.2.3 - Ch. 5:5

6.3 - Ch. 5:6-17 — La plainte écrite

6.3.1 - Ch. 5:6-7

6.3.2 - Ch. 5:8

6.3.3 - Ch. 5:9-10

6.3.4 - Ch. 5:11

6.3.5 - Ch. 5:12

6.3.6 - Ch. 5:13-15

6.3.7 - Ch. 5:16

6.3.8 - Ch. 5:17

7 - Ch. 6 : Achèvement de la construction du temple

7.1 - Ch. 6:1-2 — La réaction du roi Darius

7.2 - Ch. 6:3-5 — Le mémoire du roi Cyrus

7.3 - Ch. 6:6-12 — L’ordre de Darius

7.3.1 - Ch. 6:6-7

7.3.2 - Ch. 6:8-10

7.3.3 - Ch. 6:11-12

7.4 - Ch. 6:13-15 — La construction du temple achevée

7.4.1 - Ch. 6:13

7.4.2 - Ch. 6:14-15

7.5 - Ch. 6:16-22 — Dédicace du temple et fête de Pâque

7.5.1 - Ch. 6:16-18

7.5.2 - Ch. 6:19

7.5.3 - Ch. 6:20

7.5.4 - Ch. 6:21

7.5.5 - Ch. 6:22

8 - Ch. 7 : Esdras veut aller à Jérusalem

8.1 - Ch. 7:1-5 — Le Scribe Esdras

8.2 - Ch. 7: 6-10 — Le retour avec Esdras

8.2.1 - Ch. 7:6

8.2.2 - Ch. 7:7

8.2.3 - Ch. 7:8-9

8.2.4 - Ch. 7:10

8.2.5 - Ch. 7:10 — Similitude avec Timothée

8.2.6 - Ch. 7:11

8.2.7 - Ch. 7:12-13

8.2.8 - Ch. 7:14-17

8.2.9 - Ch. 7:18-20

8.2.10 - Ch. 7:21-22

8.2.11 - Ch. 7:23-24

8.2.12 - Ch. 7:25-26

8.2.13 - Ch. 7:27-28

9 - Ch. 8 : Le deuxième Retour avec Esdras

9.1 - Ch. 8:1-14 — Dénombrement de ceux qui sont rentrés

9.2 - Ch. 8:15-20 — Besoin de serviteurs pour la maison de Dieu

9.3 - Ch. 8:21-23 — Humiliation et prière au bord du fleuve Ahava

9.3.1 - [Le Jeûne]

9.4 - Ch. 8:24-30 — Les trésors du temple

9.5 - La « responsabilité financière » chrétienne : l’exemple de 2 Cor. 8

9.6 - Ch. 8:28-30

9.7 - Ch. 8:31-36 — L’arrivée à Jérusalem

10 - Ch. 9 : Humiliation au sujet du manque de séparation

10.1 - Ch. 9:1-4 — Mariages avec des femmes païennes

10.1.1 - [Ch. 9:1a]

10.1.2 - Le joug mal assorti

10.1.3 - Force spirituelle

10.1.4 - [Ch. 9:1b]

10.1.5 - [Ch. 9:2a]

10.1.6 - [Ch. 9:2b]

10.1.7 - [Ch. 9:2c]

10.1.8 - [Ch. 9:3]

10.1.9 - [Ch. 9:4a]

10.1.10 - [Ch. 9:4b]

10.2 - Ch. 9:5-7

10.3 - Ch. 9:8-9 — La prière d’Esdras : la reconnaissance de la bonté de Dieu

10.4 - Ch. 9:10-15 — Prière d’Esdras : une confession


1 - Introduction

1.1 - Auteurs et dates de rédaction

Dans la Bible Hébraïque et dans la Septante, les livres d’Esdras et de Néhémie sont réunis en un. Dans la Vulgate, ils ont cependant été séparés.

Dans les éditions de la Septante et de la Vulgate se trouvent en partie aujourd’hui deux autres livres qui ne sont pas inspirés et ne font pas partie du Canon des Saintes Écritures, et qui pourtant portent le nom d’Esdras :


La rédaction de ce livre a été attribuée depuis toujours au scribe Esdras (dont le nom signifie « aide »). Il n’est pas venu avec le premier groupe de Juifs revenus à Jérusalem sous Zorobabel et Joshua en l’an 536 avant J.C., mais il a fait partie d’un second groupe, plus petit, revenu vers l’année 458 avant J.C. (Esdras 7). À partir d’Esdras 7 l’auteur écrit la plupart du temps en se désignant par le pronom personnel « je » (Esdras 7:1, 28). Le livre d’Esdras date du 5ième siècle avant J.C.

Du chapitre 4 v. 8 au ch. 6 v. 18 et ch. 7 v.12 à 26, le texte n’est pas rédigé en langue hébreu, mais en araméen. L’araméen est comme l’hébreu une langue sémitique ; il était utilisé dans le royaume de Perse pour les relations administratives et internationales. Les sections mentionnées rédigées dans cette langue contiennent des documents officiels composés à destination de la cour royale de Perse, ou de sa part. Les prophètes Aggée et Zacharie mentionnés en Esdras 5:1 et 6:14 étaient des contemporains de Zorobabel et de Jéshua. Dans leurs écrits, ils confirment et complètent à deux points de vue les faits relatés dans le livre d’Esdras. Aggée blâme les Juifs parce qu’ils ne servaient pas le Seigneur (l’Éternel, Jéhovah) de tout cœur. Zacharie prophétise au-delà au sujet de la venue du Messie.


1.2 - Le sujet du livre d’Esdras

1.2.1 - Côté historique

La théocratie chez le peuple de Dieu s’est terminée par la chute du royaume Israélite du Nord (le royaume des dix tribus) dans les années 722/721 avant J.C. et avec la transportation de ses habitants en captivité assyrienne, et par la fin du royaume du Sud (Juda) dans les années 605-586 avant J.C. avec la captivité à Babylone. Le trône de l’Éternel ne fut plus dès lors à Jérusalem (voir 1 Chr. 29:23). La gloire de l’Éternel avait quitté le temple avant sa destruction (comp. 2 Chr. 7:2 avec És. 9:3 ; 10:18 ; 11:23). Dieu remit la puissance gouvernementale dans les mains de rois païens (Jér. 27:6 ; Dan. 2:37, 38 ; Esdras 1:2). « Les temps des nations » (Luc 21:24) débutèrent. Dès lors Dieu n’habita plus à Jérusalem et n’y régna plus, mais dans Sa providence Il laissa le pouvoir aux quatre grands empires des nations, Babylone, la Perse, la Grèce et Rome, au sujet desquels le prophète Daniel a spécialement prophétisé. C’est par le moyen de ces puissances du monde que Dieu exerce dorénavant et indirectement Son gouvernement.

Après 70 ans d’exil, Dieu opéra un renouveau de vie chez une petite partie de Son peuple, le résidu (*), et Il s’est servi pour cela du roi Cyrus (És. 44:28), le chef de l’empire Perse. Les Juifs purent rentrer dans leur patrie pour rebâtir le temple à Jérusalem et reprendre le culte de Dieu. Les instructions reçues, qu’Esdras mentionne, se trouvent sous forme générale sur ce qu’on appelle « le cylindre de Cyrus », un cylindre d’argile découvert à Babylone au 19ième siècle, gravé en écriture perse cunéiforme, et sur lequel est relatée, entre autres, la victoire des Perses sur Babylone. Sur ce cylindre célèbre de Cyrus, on trouve les paroles suivantes en écriture cunéiforme : « J’ai ramené dans leurs lieux les dieux qui vivaient dans ces villes…, j’ai rassemblé tous leurs habitants, et je les ai fait rentrer dans leurs lieux d’habitation… ».


(*) Les caractéristiques du résidu étaient : l’amour pour Dieu et pour Sa Parole, l’obéissance à Ses commandements, la séparation de tout ce qui n’était pas en accord avec Sa volonté, et une identification venant du cœur avec la mission que Dieu avait donné au peuple dans son entier, mais qui ne fut remplie que par une petite partie, justement le résidu. Bien qu’ils fussent entièrement séparés, Dieu les considère comme « tout Israël », c’est-à-dire comme leurs représentants ou leurs remplaçants. Ceux-là étaient le résidu « extérieur » dont nous ne pouvons pas dire que tous ceux qui lui appartenaient étaient vraiment croyants. Le prophète Malachie parle d’un résidu « intérieur » qui craignait l’Éternel (Malachie 3:16).


Le roi de Perse Cyrus était déjà mentionné nommément par Ésaïe (És. 44:28), et Jérémie avait prédit les 70 ans de captivité (Jér. 25:11,12 ; 29:10). Daniel vivait encore du temps du gouvernement de Cyrus (Dan. 1:21 ; 9:2), et il lisait à Babylone les paroles de Jérémie sur la fin des 70 ans ; il vit le temps de la délivrance arrivé, et il fit monter sa prière à Dieu à cet égard. L’historien Juif Flavius Josèphe (37/38-100 après J.C.) écrit dans son livre « Antiquités judaïques » (ch. XI.1.2) que Cyrus avait lu la prophétie d’Ésaïe le concernant, et avait admiré la prévoyance de Dieu. C’est à la suite de cela qu’il encouragea avec zèle le retour des Juifs en Palestine.

La Bible parle de trois groupes qui sont revenus. Chacun de ces groupes a apporté quelque chose de nouveau pour le résidu du peuple de Dieu. Le premier retour de 42360 Juifs eut lieu vers 536 avant J.C. (Esdras 2:64). Leurs conducteurs étaient Zorobabel, un descendant du roi David, et Joshua (= Jéshua) un descendant du souverain sacrificateur Aaron (Esdras 1 à 6). Ces deux hommes représentaient le caractère royal et sacerdotal dans le résidu. Ce groupe de retour commença par construire l’autel de l’holocauste dans le parvis du temple, et ensuite ils rebâtirent le temple lui-même.

Un deuxième groupe, nettement plus petit, fut conduit en 458 avant J.C. par Esdras, scribe et sacrificateur (Esdras 7). On dénombra 1495 hommes, à quoi il faut ajouter les femmes ainsi que 38 Lévites et 220 Néthiniens (Esdras 8:1-20), soit en tout environ 4000 personnes. Esdras s’était spécialement consacré à l’étude et à l’observation de la Loi de l’Éternel, la Parole de Dieu, et il voulait la faire comprendre de nouveau au peuple (Esdras 7:10).

Un troisième groupe, tout petit, revint en 445 avant J.C. avec Néhémie. Ces évènements sont décrits dans le livre du même nom. Néhémie a vu comme sa mission de reconstruire les murailles et les portes de la ville détruite de Jérusalem.

Les livres d’Esdras et Néhémie décrivent donc les réveils opérés par Dieu sur une petite partie des Juifs qui rentrèrent dans le pays de la promesse et qui se rassemblèrent de nouveau à Jérusalem au lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter Son nom (Deut. 12:5 ; 1 Rois 11:36). Pour cela ils durent se détacher de Babylone, le domaine de la puissance religieuse et mondaine (Babylone signifie « Confusion »). Il ne suffisait cependant pas de se trouver au bon endroit, il fallait aussi être dans le bon état d’esprit de crainte de Dieu. C’est ce qui manquait à beaucoup d’entre eux. Or il y eut aussi des oppositions de l’extérieur à surmonter.


1.2.2 - Types ou figures

1.2.2.1 - Pays de Canaan – Lieux célestes

L’histoire du réveil et du retour de ces Juifs de la captivité de Babylone dans le pays de Juda contient des enseignements spirituels importants pour le chrétien. Le pays de Canaan avec ses bénédictions terrestres (voir Deut. 8), est une image des lieux célestes et des bénédictions spirituelles qui s’y rattachent, selon ce que nous décrit l’épître aux Éphésiens (voir Éph. 1:3 ; 2:6 ; 6:12).


1.2.2.2 - Jérusalem (ville, cité, nouvelle) – Assemblée

Ce qui correspond à la ville de Jérusalem dans le Nouveau Testament est la « nouvelle Jérusalem » (Apoc. 3:12 ; 21:2, 9-21). La nouvelle Jérusalem est une image de l’Assemblée. Elle ne sera certes manifestée que dans l’avenir, mais elle est identifiée avec l’Épouse de Christ. Elle sera en même temps le tabernacle (ou : la tente), c’est-à-dire l’habitation de Dieu avec les hommes (Apoc. 21:3). Nous pouvons aussi certainement voir dans la Jérusalem terrestre une figure de l’Assemblée et de sa place sur la terre dans le temps présent. Dans l’épître aux Éphésiens 2:19, les rachetés sont appelés « concitoyens des saints » ce qui se rapporte à la vie dans une ville. Dans l’image de la ville de Jérusalem, nous voyons la communion des enfants de Dieu entre eux dans la vie journalière. Cela sera vu en perfection quand ils paraîtront comme la nouvelle Jérusalem, comme une épouse ornée pour son mari et sortant du ciel, au début du règne de mille ans (Apoc. 21:9 et suivants), puis ensuite dans l’état éternel de gloire et de perfection (Apoc. 21:2 et suivants). (*)


(*) La « nouvelle Jérusalem » n’est pas identique avec la « Jérusalem d’en haut » (Gal. 4:26), ni avec la « cité qui a les fondements » (Héb. 11:10). Les patriarches Abraham, Isaac et Jacob attendaient déjà cette cité, et les croyants du temps présent, eux aussi, la connaissent comme la « Jérusalem céleste » et la « cité à venir » (Héb. 12:22 ; 13:14). Elle est l’incarnation des bénédictions, de la joie et de l’espérance qui sont la part commune de tous les croyants de tous les temps. Comparez avec les 24 anciens d’Apoc. 4 autour du trône et finalement en Apoc. 19:4, mais qu’on ne voit plus après les noces de l’Agneau.


1.2.2.3 - Temple – Assemblée

Le temple est également une figure de l’Assemblée. Le Nouveau Testament nous en donne plusieurs preuves. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?… le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes » (1 Cor. 3:16,17). — « Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : ‘J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple’ » (2 Cor. 6:16). — « … en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur » (Éph. 2:21). Ces passages montrent le caractère de sainteté qui est mentionné chaque fois qu’il est question de l’Assemblée comme temple actuel de Dieu. Le temple à Jérusalem était l’habitation de Dieu sur la terre. Le trône de Dieu était dans le lieu très saint, et là Il demeurait au milieu de Son peuple terrestre. Ce fait est un modèle de la présence du Seigneur au milieu des deux ou trois rassemblés en Son nom par fidélité à Sa Parole (Matt. 18:20 ; comparer Ps. 42:2 ; 63:2 ; 84:1-4).


1.2.2.4 - Autel – Table du Seigneur

Enfin l’autel des holocaustes qui fut rebâti en premier selon le récit d’Esdras 3, est une image de la Table du Seigneur. Déjà dans l’Ancien Testament cet autel est nommé la « Table du Seigneur » (Malachie 1:7, 12). En 1 Corinthiens 10:18 et 21 où l’expression « Table du Seigneur » est utilisée, le Saint Esprit fait référence au sacrifice de prospérités dans lequel s’exprimait la communion des Israélites avec Dieu (Lév. 3 et 7:11-34). L’autel est en même temps le lieu de l’adoration, car c’est sur lui qu’étaient offerts les holocaustes qui sont « d’odeur agréable » à Dieu.


1.2.2.5 - Réveil et retour de captivité – Réformation et réveils chrétiens

Si nous appliquons les événements décrits dans le livre d’Esdras (et aussi de Néhémie) à nos temps et circonstances de la période chrétienne, nous pouvons constater que le Saint Esprit a opéré plusieurs réveils au cours du temps, et qu’ils ont conduit beaucoup de croyants à faire demi-tour et à revenir à la Parole de Dieu. C’est ainsi, par exemple, qu’au temps de Martin Luther au début du 16ième siècle, la justification du pécheur par la foi seulement a été remise en lumière lors de la Réformation, et le peuple allemand a reçu la Parole de Dieu dans sa propre langue. Cependant les activités spirituelles se sont bientôt volatilisées et ont fait place à une nouvelle grande église. Un nouveau réveil a eu lieu au commencement du 19ième siècle quand la théologie protestante, critique de la Bible, a commencé sa triste marche conquérante. Beaucoup de croyants qui ne voulaient pas suivre leurs thèses incrédules se sont de nouveau tournés vers la vivante Parole de Dieu, et l’ont étudiée avec sérieux et avec zèle. Cela a eu pour effet que l’attente de la venue prochaine du Seigneur est devenue de nouveau une attente vivante. Le mélange de croyants et d’incroyants dans les grandes églises fut reconnu comme non biblique, et la nécessité de la repentance et de la conversion au Seigneur Jésus fut de nouveau mise en évidence.

Dans certaines parties de ce mouvement de réveil est né le désir d’un retour complet à l’enseignement de la Parole de Dieu au sujet de Son assemblée. Tous les enfants de Dieu rachetés en font partie. Cependant si elle veut agir à Son honneur, dans la sainteté et dans la grâce, elle doit se séparer de tous les faux enseignements, et aussi de tout ce qui est sectaire, c’est-à-dire de toutes les dispositions et traditions des hommes. De là est né à l’époque un témoignage vivant de l’assemblée de Dieu dans lequel furent mises en pratique son unité comme corps de Christ, mais aussi la dépendance complète de Christ, sa tête glorifiée dans le ciel, et la direction du Saint Esprit dans les réunions. C’était un retour effectif à la place biblique des réunions de croyants que la Parole du Seigneur Jésus caractérise ainsi : « car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matt. 18:20).

Dans les livres d’Esdras, de Néhémie et des prophètes Aggée, Zacharie, Malachie, on voit un recul de l’énergie pour Dieu après un certain temps. C’est aussi ce qui est arrivé avec le réveil du 19ième siècle. Il ne reste plus beaucoup de ce qui faisait honneur à Dieu. Cela est un sujet de honte pour nous.


1.2.2.6 - Retour à la Parole de Dieu sous Esdras – à titre personnel

Mais il y a encore une autre possibilité d’application pratique de ces livres de l’Ancien Testament, — une application personnelle. Tout croyant qui a le désir de se tenir dans le temps présent dans le « lieu » spirituel où le Seigneur est au milieu, peut aussi maintenant entamer son « retour vers Jérusalem », et faire les heureuses expériences qui nous sont décrites dans ces livres.

Comme nous le verrons lors de ces méditations, il ne s’agit pas seulement, dans les types ou figures, de la doctrine chrétienne, mais en premier lieu de sa réalisation pratique, tant en bien qu’en mal. Nous pouvons en tirer aujourd’hui des enseignements de valeur et importants.


1.3 - Détails particuliers

1.3.1 - Caractéristiques du réveil

Le réveil du résidu Juif dans le livre d’Esdras comporte 7 caractéristiques :



1.3.2 - Aperçu chronologique


Événements du royaume de Perse

Événements pour le peuple Juif

559-529 (Cyrus II ; Esdras 1:1)


539 Conquête de Babylone par les Perses et les Mèdes


538/537 L’édit pour la construction du temple (Esdras 1:2)



536 commencement de la construction du temple (Esdras 3:8)

529-523 Assuérus (Cambyses II ; Esdras 4:6)


523-522 Artaxerxès (Smerdis/Bardiya ; Esdras 4:7)



523/522 Interruption de la construction du temple

522-485 Darius I, le Grand (Esdras 4:5)

520 Aggée/Zacharie(Aggée 1:1 ; Zach. 1:1) reprise de la construction du temple


516 Achèvement de la construction du temple (Esdras 6:15)

485-464 Assuérus (Xerxès I ; Esther 1:1)

La reine Esther

464-424 Artaxerxès I dit Longue-Main (Esdras 7:1)

458 retour d’Esdras (Esdras 7:1, 8)


445 retour de Néhémie (Néh.2:1)


Aux environs de 435 vraisemblablement, ministère de Malachie

424-423 Xerxès II


423-404 Darius II (Néhémie 12:22)


404-358 Artaxerxès II



2 - Ch. 1 : Réveil par le décret du roi Cyrus

2.1 - La mission de Cyrus — 1:1-4

Le commencement du livre d’Esdras présente un fait unique dans la Bible : il concorde presque mot à mot avec les derniers versets du deuxième livre des Chroniques (36:22, 23). Esdras se raccorde donc directement à 2 Chroniques tant historiquement que quant au contenu. Pourtant entre les deux livres, il y a 70 ans de captivité à Babylone (Jérémie 25). Celle-ci commença par la première déportation d’une partie des Juifs sous le règne de Jéhoïakim en 605 avant J.C. (*) et se termina par l’édit du roi de Perse Cyrus en 537/536 avant J.C. Sur le temps d’exil, la Parole de Dieu reste silencieuse. On ne trouve que des remarques isolées sur ce qui se passait pour les Juifs à Babylone et en Chaldée. Les paroles du début du Psaume 137 sont saisissantes : « Auprès des fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion ». Cependant ce temps était maintenant arrivé à sa fin, au moins pour ceux qui donnèrent suite à l’appel de Dieu par le moyen du roi Cyrus. Cyrus donna aux Juifs la permission de rentrer en Palestine pour reconstruire le temple détruit à Jérusalem. Voilà le contenu du premier chapitre.


(*) Dans un court espace de temps, il y a eu en tout trois déportations de Juifs à Babylone : celle déjà mentionnée en l’an 605 avant J.C., une deuxième en 597 avant J.C. (2 Rois 24:10-16), et la troisième en 586 avant J.C. en liaison avec la destruction du temple (2 Rois 25:1-21). — Les données de temps « dans la quatrième année de Jéhoïakim » (Jér. 25:1) et « dans la troisième année de Jéhoïakim » (Dan. 1:1) se rapportent à la première attaque en l’an 605. Jérémie utilise la manière de compter habituelle, tandis que Daniel utilise la manière babylonienne selon laquelle on ne comptait pas l’année d’accession au trône.


2.1.1 - Ch. 1:1

« Et la première année de Cyrus, roi de Perse, afin que fût accomplie la parole de l’Éternel dite par la bouche de Jérémie, l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse ; et il fit une proclamation dans tout son royaume et la publia aussi par écrit ».


Le livre d’Esdras commence avec la conjonction « et » (*). Par cela l’Esprit Saint, par lequel toute Écriture est inspirée (2 Tim. 3:16) veut nous montrer que les voies de Dieu avec les Siens sur la terre ne sont pas arrivées à leur fin. Si grande que soit la ruine de Son peuple terrestre, au point de devoir être chassé par Dieu Lui-même du pays d’Israël promis et donné, — malgré tout cela, ce n’était pas la fin, mais il y avait espérance ! Dieu avait déterminé le temps de captivité, et Il réveilla l’esprit de Cyrus, le puissant roi de Perse. Les années de discipline étaient passées, Dieu se tournait maintenant de nouveau vers Son peuple.


(*) Certains pensent que les nombreuses occurrences du mot « et » dans le texte biblique proviendraient d’un temps où il n’y avait pas encore de signe de ponctuation pour découper les phrases ; les « et » ne seraient donc rien d’autre que des signes de ponctuation. Mais nous possédons la Parole de Dieu « non point en paroles [mots] enseignées de sagesse humaine, mais en paroles [mots] enseignées de l’Esprit » (1 Cor. 2:13). Cela s’applique aussi au mot « et » au début de ce livre (ainsi que dans beaucoup d’autres livres comme Exode, Lévitique, Nombres, Josué à 2 Rois, tandis que ce « et » manque dans Deutéronome et 1 Chroniques).


Le premier verset de ce livre contient encore un autre enseignement. La donnée temporelle « la première année de Cyrus, roi de Perse » est comptée d’après les années de gouvernement au pouvoir dans ce monde. Sous la conduite du roi Cyrus, les Mèdes et les Perses avaient vaincu l’empire Babylonien des Chaldéens en 539 avant J.C. et avaient pris Babylone. Cyrus fut ainsi le premier roi du deuxième des quatre empires prophétiques. Il régna de 559 à 529 avant J.C., mais il était déjà au pouvoir depuis 20 ans quand ceci eut lieu. La « première année de Cyrus » n’était donc pas du tout sa première année de gouvernement, mais la première année de sa royauté comme roi sur Babylone et donc de la fondation du deuxième empire (voir Dan. 7:2-27).

Dieu maintenant ne gouvernait plus en direct sur Son peuple, mais par l’intermédiaire d’une royauté établie par Lui. Il avait délaissé Son habitation dans le temple avant la captivité babylonienne, et Il n’y reviendra qu’au commencement du règne de 1000 ans (Éz. 9:3 ; 10:18 ; 11:23 ; 43:1-5). Les « temps des nations » étaient instaurés (Luc 21:24). Le deuxième empire des prophéties de Daniel était déjà au pouvoir. Daniel l’avait annoncé au dernier roi Belshatsar (plus exactement il n’était que vice-roi) en interprétant l’écriture énigmatique Mené, Mené, Thekel, Upharsin inscrite sur la paroi du palais royal : « Pérès : Ton royaume est divisé et donné aux Mèdes et aux Perses » (Dan. 5:28 ; Peres, singulier pour Upharsin, et allusion aux Perses). Le roi perse Cyrus n’est pas vu ici comme en Ésaïe, comme une ombre faible du Messie, mais comme le représentant du deuxième empire des nations, dont les temps avaient été instaurés avec la destruction du temple de l’Éternel.

La première action de Cyrus qui nous est rapportée ici a lieu avec comme arrière-plan « afin que soit accomplie la Parole de l’Éternel dite par la bouche de Jérémie ». Si Dieu ne dirige plus directement le sort de Son peuple, Il le fait maintenant indirectement au moyen des puissances terrestres. La parole que Jérémie avait prononcée sur la durée de la captivité énonçait ceci : « Et tout ce pays sera un désert, une désolation ; et ces nations serviront le roi de Babylone soixante-dix ans. Et il arrivera, quand les soixante-dix ans seront accomplis, que je visiterai sur le roi de Babylone et sur cette nation-là leur iniquité, dit l’Éternel, et sur le pays des Chaldéens, et je le réduirai en désolations perpétuelles » (Jérémie 25:11, 12). Le pays d’Israël rendu impur par l’idolâtrie d’Israël et de Juda devait « jouir de ses sabbats ». C’est une allusion au ‘laisser en friche’ des champs tous les sept ans, lequel n’avait pas été observé par les Juifs (2 Chr. 36:21 ; comp. Lév. 25 et 26:33-35). La prophétie sur les soixante-dix ans de captivité était maintenant accomplie. À peu près à la même époque, le prophète Daniel à Babylone lisait les paroles de Jérémie et s’humiliait à cause d’elles devant Dieu (Dan. 9).

Les Juifs étaient dépendants des puissants de ce monde. Ils avaient été menés en captivité par Babylone. Ils obtenaient maintenant des Perses la permission de rentrer. Dieu se tient derrière et au-dessus de tout. Il a aussi permis que le gouvernement de l’Allemagne en l’an 1937 interdise les réunions des croyants qui se réunissaient au nom du Seigneur. Cet événement était sans doute un acte de discipline de Dieu. Mais après huit ans (1945) la liberté fut de nouveau accordée. Les deux décisions furent prises par les gouvernements de l’époque sous la main de Dieu. Nous reconnaissons par-là que Dieu agit encore aujourd’hui de manière semblable. Mais comme à la fin de ces 70 ans, seule une petite partie des Juifs fit usage de la liberté accordée pour servir Dieu, et se laissa réveiller par Lui, — pareillement après la seconde guerre mondiale, ce ne sont pas tous les croyants, et de loin, qui sont sortis des organisations qui leur avaient été imposées, et qui sont revenus à la place correspondant aux pensées de Dieu. C’est un parallèle solennel entre ces événements.

Le temps de la discipline de Juda était terminé. Au moment prédit, « l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse ». Déjà plus de 150 ans auparavant Dieu avait fait prédire par le prophète Ésaïe que Cyrus exécuterait Son bon plaisir « disant à Jérusalem : Tu seras bâtie ! et au temple : Tes fondements seront posés ! » (És. 44:28). Maintenant Dieu opérait dans ce monarque pour faire selon ce qui était selon Sa pensée. Nous ne savons pas si Cyrus croyait réellement en Dieu. Il est vrai qu’il manifesta une reconnaissance certaine de la grandeur de l’Éternel, mais dans le livre d’Ésaïe, Dieu doit déclarer deux fois : « tu ne me connaissais pas » (És. 45:4, 5). Cependant Dieu peut quand même « réveiller » un tel homme pour exécuter Sa volonté et Sa mission, et même Le reconnaître Lui. Il suffit de penser au prophète Balaam et au grand sacrificateur Caïphe pour trouver un parallèle dans l’Écriture (Nomb. 22-24 ; Jean 11:49-52). Que de choses merveilleuses ces deux hommes durent exprimer au sujet du peuple d’Israël et de Christ !


2.1.2 - Ch. 1:2

« Ainsi dit Cyrus, roi de Perse : l’Éternel, le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre, et il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Juda ».


Dieu est ici « le Dieu des cieux » (voir Dan. 2:18, 19, 37, 44). Dans Sa relation avec le peuple d’Israël, Il est nommé le Seigneur de toute la terre, parce que le caractère d’Israël et les promesses sont de nature essentiellement terrestre (Jos. 3:11 ; Michée 4:13 ; Zach. 4:14). Le titre de « Dieu des cieux » attire l’attention sur le fait que, durant « les temps des nations », Il s’est, dans une certaine mesure, retiré au ciel, et Il a remis le pouvoir aux gouvernements humains. Cela ressort de la parole de Daniel à Nebucadnetsar, le chef du premier empire : « Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ; et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains et t’a fait dominer sur eux tous. Toi, tu es cette tête d’or » (Dan. 2:37,38). — Mais le titre de « Dieu des cieux » révèle en outre un trait de caractère de Dieu essentiel, indépendant du temps (Jonas 1:9 ; 2 Chr. 20:6 ; Eccl. 5:1 ; Dan. 2:28). Il est le Dieu des cieux parce qu’Il habite en dehors de la création visible, dans le ciel, et avec cela Il est le seul vrai Dieu qui a créé le ciel et la terre, et qui les maintient.

Dieu a confié autorité et pouvoir à ce roi païen. C’est la raison pour laquelle Cyrus prend des décisions au sujet du peuple de Dieu. Comme déjà mentionné, le bien-être extérieur des chrétiens dépend souvent, aujourd’hui aussi, des gouvernements du moment. Soyons reconnaissants de la liberté de nous rassembler et d’évangéliser. Cela ne va pas de soi.

Cependant Dieu n’avait pas seulement donné du pouvoir au roi de Perse. Le roi se voyait confier par Dieu la « charge de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Juda ». Sur ce lieu, Dieu avait déjà donné des indications au temps de Moïse avec les paroles suivantes : « il y aura un lieu que l’Éternel, votre Dieu, choisira pour y faire habiter son nom ; là vous apporterez tout ce que je vous commande, vos holocaustes, et vos sacrifices, vos dimes, et l’offrande élevée de vos mains, et tout le choix de vos vœux que vous aurez voués à l’Éternel » (Deut. 12:11). Dieu n’avait certes pas parlé nommément de Jérusalem. Les Israélites avaient la tâche de chercher ce lieu. Il est vrai que cela dura des siècles jusqu’à ce qu’ils le trouvent. L’intérêt n’était manifestement pas très grand. C’est au milieu de beaucoup de peines que David trouva ce lieu à Jérusalem sur l’aire d’Ornan (1 Chr. 21:18 à 22:1), et plus tard Salomon y construisit le temple (2 Chr. 1-7).

« Jérusalem, qui est en Juda », était aussi l’endroit que Dieu s’était choisi pour Lui et pour Son habitation au milieu de Son peuple. Jérusalem signifie « fondation de paix », et Juda « objet de louanges ». Ce sont des noms merveilleux pour l’environnement où Dieu habite et où Il veut être honoré ! Une paix solide et une louange perpétuelle doivent aussi caractériser tous ceux au milieu desquels Dieu a aujourd’hui Son habitation spirituelle, et où le Seigneur Jésus est au milieu des Siens.

Le temple détruit par les Chaldéens devait maintenant être reconstruit. Les hommes peuvent parler du premier et du second temple, mais la Parole de Dieu ne le fait pas. Il n’y a qu’un temple, que même le Seigneur Jésus appelle encore « la maison de mon Père », bien que les hommes en aient fait « une maison de trafic » (Jean 2:16). Le prophète Aggée qui soutenait le peuple lors de la construction du temple disait : « la dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première, dit l’Éternel des armées » (Aggée 2:9).

Le temple de Dieu à Jérusalem est une figure de la maison de Dieu dans le Nouveau Testament, c’est-à-dire Son Assemblée, qui est aussi nommée « temple » (1 Cor. 3:16 ; Éph. 2:21). Vu du côté de Dieu, tout est parfait et inébranlable. Quand le Seigneur Jésus parle de bâtir son Assemblée sur le roc, Il ajoute « et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:18). Elle est un édifice « bien ajusté ensemble » et n’est composée que de « pierres vivantes » (Éph. 2:21 ; 1 Pierre 2:5). Il n’y a là aucune destruction. Mais du point de vue de la responsabilité de l’homme, l’Assemblée comme temple peut être corrompue, comme nous le savons d’après 1 Corinthiens 3:17. C’est ce point de vue de la responsabilité dont il s’agit ici. Le temple avait été détruit par les ennemis du peuple de Dieu. Mais on ne peut pas mettre quelque chose d’entièrement nouveau à la place de l’ancien. Cyrus peut parler de « … lui bâtir une maison à Jérusalem », et il peut le faire écrire, cependant les Juifs auxquels il s’adressait voyaient à juste titre que leur mission était « de bâtir la maison de l’Éternel qui est à Jérusalem » (1:5).

Aujourd’hui aussi Dieu ne veut pas construire ou faire construire n’importe quoi de nouveau. Sa volonté est que tous ses rachetés reviennent à Ses pensées initiales qu’Il a inscrites dans Sa Parole. Par Sa grâce tous les rachetés ont le droit d’y avoir part. Pour se réunir aujourd’hui au nom du Seigneur Jésus, nous devons aussi quitter « Babylone » et venir à « Jérusalem ». Les pensées de Dieu sur le rassemblement des Siens ne se trouvent pas dans un système religieux humain. On ne peut pas les pratiquer dans une position sectaire ou indépendante. Ses pensées sont liées à « Jérusalem » et au « Temple de Dieu » et elles ne peuvent être comprises et pratiquées que par ceux qui sont libérés de la « captivité babylonienne » de la chrétienté.

La ville de Jérusalem est également une figure de l’Assemblée. Mais à la différence du temple qui présente les pensées d’habitation de Dieu, de culte et de sainteté de Dieu, nous voyons dans la ville de Jérusalem la communion des croyants dans leur vie pratique. En Éphésiens 2:19 nous sommes considérés comme des « concitoyens des saints », et en Apocalypse 21:2 « la sainte cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel » est en même temps « l’épouse ornée pour son mari » ; le mari est Christ, et l’épouse est l’Assemblée.

La ville sainte de Jérusalem avec le temple est située dans le pays de Canaan, figure des lieux célestes (Éph. 1:3). Les bénédictions et les promesses pour tous les enfants de Dieu portent le caractère céleste (dont on trouve déjà une évocation en Deut. 11:11, 21 et 28:12). Tous ceux qui ont reçu la vie éternelle et le Saint Esprit par la foi en Christ appartiennent au seul corps de Christ, et ils ont tous, par un seul Esprit, accès au Père dans les cieux (voir Éph. 1 et 2). Ce ne sont pas des bénédictions terrestres mais des bénédictions célestes et spirituelles.

À l’inverse Babylone est un tableau du système qui est issu de la foi chrétienne : une religion dans laquelle sont mélangés croyants et incroyants, une religion qui est à la fois sectaire et indépendante de Dieu. Mais selon la Parole de Dieu les gens du monde et les enfants de Dieu ne peuvent pas aller ensemble. Un vrai chrétien qui connait la liberté de l’Esprit liée à sa qualité de fils et qui prend part à un culte où le Saint Esprit n’a aucune place, se retrouve comme en prison. À « Babylone » il n’y a pas de véritable culte divin. Celui-ci ne se trouve que dans la maison de Dieu, et celle-ci se trouve à « Jérusalem », dans le pays de « Canaan ».

Une autre pensée importante parait figurer dans ce verset. Du point de vue humain, la sagesse aurait voulu que les Juifs, après leur retour, commencent par se soucier de leurs propres logis, pour construire ensuite tranquillement la maison de Dieu. Mais non, Dieu et sa maison doivent avoir la première place ! La construction de la ville de Jérusalem, également complètement détruite, et de ses murailles, ne peut avoir lieu qu’ensuite, selon le récit du livre de Néhémie, et non pas l’inverse ! Plus tard les Juifs n’ont plus tenu compte de cette succession (Aggée 1). D’un autre côté il est très remarquable qu’en tout premier, avant même le temple, ce fut l’autel sur son emplacement qu’ils restaurèrent. Nous nous occuperons encore plus loin de l’enseignement qui se rattache à ce point.


2.1.3 - Ch. 1:3

« Qui d’entre vous, quel qu’il soit, est de son peuple, — que son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem, qui est en Juda, et qu’il bâtisse la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël (lui est Dieu), à Jérusalem ».


Voilà maintenant l’appel de Cyrus aux Juifs ; il les désigne comme ceux « de son peuple », c’est-à-dire ceux du peuple de Dieu. Malgré les dizaines d’années de captivité, la conscience de leur appartenance au peuple de Dieu n’avait été perdue ni par eux, ni par leurs oppresseurs. Bien des choses leur manquaient, mais ce fait subsistait !

En outre l’appel est adressé ici non seulement à tous les Juifs, mais à tous les Israélites sans exception, et non pas à quelques-uns seulement. On retrouve la même chose, quelques dizaines d’années plus tard, dans la lettre d’accompagnement du roi Artaxerxès donnée au scribe et grand sacrificateur Esdras : « De par moi ordre est donné que tous ceux du peuple d’Israël et de ses sacrificateurs et des lévites, qui, dans mon royaume, sont disposés à aller à Jérusalem avec toi y aillent » (7:13). Ce que firent les Juifs qui rentraient n’était pas la marotte d’un groupe Juif fort ou super-religieux. Ils remplissaient une mission qui concernait les douze tribus du peuple alors qu’il était morcelé déjà depuis des siècles ! L’appel à sortir adressé à tous les chrétiens dans la grande chrétienté, a aujourd’hui exactement la même valeur. Or au temps de Zorobabel il s’agissait de trouver des gens « bien disposés » et dont Dieu avait « réveillé » le cœur. La même chose est valable aujourd’hui pour notre temps !

Déjà Jérémie dans sa prophétie sur Babylone et la ruine du peuple de Dieu, avait fait un appel prophétique dans ce sens. Au ch. 51:50 il est dit : « Réchappés de l’épée, marchez, ne vous arrêtez pas ! De loin souvenez-vous de l’Éternel, et que Jérusalem vous vienne au cœur ! ». Cela se vérifia lors du retour de Zorobabel, et aussi plus tard avec Esdras et Néhémie. Quiconque cherchait vraiment l’Éternel, devait partir vers Jérusalem.

Au temps de la réformation en 1520, Martin Luther rédigea une brochure intitulée « Sur la captivité babylonienne de l’église » dans laquelle il critiquait fortement l’église de l’époque. Son appel à se séparer de ses erreurs valait pour tous les chrétiens qui se trouvaient dans cette église (au moins en Europe de l’Ouest) et pas seulement pour quelques-uns. Beaucoup donnèrent suite à cet appel du réformateur. Mais malheureusement, déjà à l’époque, les consciences de tous ne furent pas atteintes.

Il y a environ 200 ans, il y a eu dans une grande partie de l’Europe un nouveau mouvement de réveil, qui amena beaucoup de vrais chrétiens à quitter la confusion babylonienne des églises (avant tout au vu de la critique qui surgissait sur l’inspiration de la Bible) et ils se rassemblèrent absolument et seulement sur le fondement de la Sainte Écriture et dans la reconnaissance de tous les croyants comme membres du seul corps de Christ. À l’époque le cri de minuit retentit, adressé à tous les chrétiens « voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ! » (Matt. 25:6). Mais, pas tous, et de loin, y donnèrent suite. Au temps de la fin, après l’enlèvement de l’épouse de Christ, les croyants qui vivront à cette époque entendront encore un fois une voix du ciel : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés, et que vous ne receviez pas de ses plaies » (Apoc. 18:4). Et de quoi devront se séparer ceux à qui cette parole sera adressée ? De Babylone, la grande prostituée ! N’est-il pas remarquable que la dernière grande puissance religieuse dans ce monde porte le même nom qu’au temps d’Israël dans l’Ancien Testament ? Babylone est l’image de la puissance religieuse sans crainte de Dieu et sans vie de Dieu.

De tout cela on tire la conclusion que les croyants qui veulent être fidèles à leur Seigneur, ont de tout temps le devoir de se séparer de toutes les organisations religieuses humaines : elles limitent, voire mettent de côté, la liberté de direction du Saint Esprit, et par suite l’autorité de Christ au milieu des Siens rassemblés. Quand Christ n’est plus le centre, comment peut-on être rassemblés en Son nom ? Comme autrefois Jérusalem était le lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter Son nom, ainsi aujourd’hui le lieu spirituel de rassemblement est là où deux ou trois rachetés sont rassemblés au nom du Seigneur Jésus. Au milieu d’eux le Seigneur Jésus veut être présent selon Sa promesse (Matt. 18:20). Voilà l’un des enseignements que le retour des Juifs de Babylone à Jérusalem contient pour nous.

Cyrus souhaite à tous le secours de Dieu durant leur remontée à Jérusalem. Cette parole mérite une attention particulière. Aller à Jérusalem dans la Bible est toujours qualifié de « remonter » ! (*). Même la géographie du pays de la promesse contient des enseignements spirituels. Inversement, partir de Jérusalem, c’est toujours descendre (voir Luc 10:30). Il est plus difficile de monter que de descendre. Pour monter, il faut de l’énergie au sens physique comme au sens spirituel. Descendre va presque de soi. En contraste avec le déclin moral qui se répand, les enfants de Dieu ont besoin d’énergie et de dévouement « pour remonter » !


(*) On trouve en tout 12 fois ce verbe « monter » ou « remonter » (hébreu « alah ») dans le livre d’Esdras : 1:3, 5, 11 ; 2:1, 59 ; 4:2, 12 ; 7:6, 7, 9, 28 ; 8:1.


Dans les paroles « et qu’il bâtisse la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël (lui est Dieu) », faut-il voir un progrès chez Cyrus dans la connaissance de Dieu et de Sa volonté ? Nous ne savons pas, mais nous voyons que le choix des mots correspond mieux ici à la pensée et à la nature de Dieu qu’au v. 2 (*). En tout cas Dieu n’est pas appelé le Dieu des Juifs, mais le Dieu d’Israël. Il n’est pas seulement le seul vrai Dieu (Jean 17:3), mais tout Israël est son peuple ! L’importance de ce fait justement dans un temps de déclin est montrée par la fréquence du mot « Israël » dans le livre d’Esdras. On le trouve 40 fois — Puissions-nous être toujours conscients que tous les rachetés dans la chrétienté si divisée aujourd’hui, forment le vrai peuple de Dieu.


(*) Le complément (fin du v.3) « à Jérusalem » qu’on trouve ici et au v. 4 et au v. 5 est introduit en hébreu par la particule relative ascher. Il s’ensuit que, dans les trois cas, quelques traductions rapportent les mots « à Jérusalem » à Dieu « qui est ou habite à Jérusalem ». Au v. 3, cela peut se soutenir, mais on ne le peut guère au v. 4 et au v. 5.


2.1.4 - Ch. 1:4

« Et celui qui est de reste, dans tous les lieux où chacun séjourne, que les hommes du lieu lui viennent en aide, avec de l’argent, et avec de l’or, et avec des biens, et avec du bétail, outre les offrandes volontaires pour la maison de Dieu qui est à Jérusalem ».


Tous les transportés qui restaient encore et avaient le désir de partir à Jérusalem avec les autres, devaient être soutenus par les habitants du lieu où ils habitaient. Il est vraisemblable que ces « hommes du lieu » étaient plutôt des Juifs que de ceux d’autres peuples.

L’argent est une image du prix que le Seigneur Jésus a payé pour la rédemption (Actes 20:28 ; comp. Exode 30:11-16 ; 38:25-28). L’or est un symbole de la majesté de Dieu (Apoc. 21:11, 18). Le bétail allait être nécessaire aussi bien pour la nourriture de ceux qui rentraient que pour les sacrifices. Tous ces dons correspondent à ce qu’aussi aujourd’hui le résidu chrétien peut encore recevoir spirituellement de la part des autres croyants. Pensons simplement à tous les bons cantiques tirés d’anciens livres de cantiques et qui sont chantés avec profit spirituel.

Dans son décret, Cyrus invite quand même enfin à « des offrandes volontaires pour la maison de Dieu qui est à Jérusalem ». Ce qui est visé par-là n’est pas dit. Mais en comparant avec Exode 36:3 et d’autres passages, on voit qu’il s’agit de dons apportés dans la conscience qu’ils devaient être utilisés pour le service divin dans la maison de Dieu.


2.2 - Décision et soutien — 1:5-11

2.2.1 - Ch. 1:5 et 6

« Alors se levèrent les chefs des pères de Juda et de Benjamin, et les sacrificateurs et les lévites, tous ceux dont Dieu avait réveillé l’esprit, afin de monter pour bâtir la maison de l’Éternel qui est à Jérusalem. Et tous ceux qui les entouraient les aidèrent avec des objets d’argent, avec de l’or, avec des biens, et avec du bétail, et avec des choses précieuses, outre tout ce qu’on offrit volontairement ».


Les « chefs des pères de Juda et de Benjamin » étaient les représentants des Juifs à Babylone. Ils étaient issus des deux tribus qui avaient formé le royaume du Sud après le schisme de Roboam, et ils avaient été transportés à Babylone par Nebucadnetsar. Parmi eux il y avait « des sacrificateurs et des lévites », lesquels appartenaient à la tribu de Lévi que Dieu avait appelée au service de Sa maison. Les sacrificateurs étaient tous issus de quelques familles de la tribu de Lévi. Ils étaient descendants d’Aaron, frère de Moïse, qui avait la charge du service pour le sanctuaire et dans le sanctuaire (voir Nomb. 3 et 4 ; 1 Chr. 23 et 24). Les sacrificateurs étaient les seuls qui avaient accès au sanctuaire pour y faire le service de Dieu (Ex. 28:1-4). Les lévites avaient été donnés aux sacrificateurs pour les assister dans leur service en rapport avec l’habitation de Dieu et le peuple (Nomb. 3:5-9). À la différence des autres tribus, les membres de la tribu de Lévi n’avaient pas d’héritage dans le pays de Canaan (Nomb. 18:20-24 ; Deut. 10:9). Leur héritage était l’Éternel Lui-même.

Ici nous trouvons une deuxième fois le mot « réveillé ». Dieu avait réveillé aussi bien l’esprit de Cyrus (1:1) que celui de ceux qui étaient prêts à construire la maison de l’Éternel (1:5). Les conducteurs et les serviteurs de Dieu donnèrent le bon exemple. Le ch. 2 rapporte combien, parmi le peuple, les suivirent, et par-là suivirent l’appel de Dieu. Malheureusement il n’y en eut pas beaucoup.

Du temps du christianisme également, un appel du Saint Esprit a été plusieurs fois lancé pour amener les croyants à sortir des embrouilles des fausses doctrines. Il en est ainsi encore aujourd’hui : en principe tout chrétien est appelé à « sortir hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:13). Comme nous l’avons vu, au temps de la fin les croyants sont invités encore une fois à sortir de Babylone. De tout temps Dieu appelle les Siens à quitter cet environnement pour vivre auprès de Lui et pour Lui.

Au v. 6 nous voyons comment a été exécutée la partie de la mission du roi Cyrus (1:4) qui ne concernait pas les Juifs qui revenaient, mais leurs voisins qui restaient. Il fut donné plus que ce qui était demandé, car ici les « choses précieuses » ne sont que mentionnées. La première fois où l’on trouve cette expression (en hébreu migdana), c’est lors de l’engagement de Rebecca comme épouse pour Isaac (Gen. 24:53 ; 2 Chr. 21:3 ; 32:23). Cela montre la valeur pour Dieu et pour Sa maison de ces objets qui ne sont pas désignés avec précision. Ici aussi il est de nouveau parlé de « tout ce qu’on offrit volontairement » (1:4 ; 2:68). Dieu ne force personne — ni ceux qui sont étrangers au Sauveur Jésus Christ pour qu’ils viennent à Lui, — ni les Siens pour faire quelque chose pour Lui ! Il cherche le cœur de l’homme, le dévouement et l’amour comme réaction à Son propre « don inexprimable » qu’Il nous a fait en Christ, Qui est la preuve la plus excellente de Son amour pour nous, les perdus.


2.2.2 - Ch. 1:7

« Et le roi Cyrus fit sortir les ustensiles de la maison de l’Éternel, que Nebucadnetsar avait fait sortir de Jérusalem et qu’il avait mis dans la maison de son dieu »


Finalement on fit sortir sur ordre du roi Cyrus « les ustensiles (ou : vases, en hébreu keli) de la maison de l’Éternel ». Nebucadnetsar, roi de Babylone, les avait pillés lors de la première prise de Jérusalem en 605 avant J.C., et les avait mis « dans la maison de son dieu » à Babylone (2 Chr. 36:7 ; Dan. 1:2). Lors du deuxième siège de Jérusalem en 597 avant J.C. les objets pillés furent, par contre, détruits (2 Rois 24:13), et également une partie des objets pillés en 586 avant J.C. lors de la destruction de Jérusalem (2 Rois 25:13 et suiv.). Lors de son dernier festin, Belshatsar avait fait sortir de la maison du trésor à Babylone les vases du temple pour y boire de manière blasphématoire, lui et ses invités (Dan. 5:1-4). Ainsi ces vases qui devaient servir à l’honneur de Dieu, étaient devenus des objets de raillerie et d’idolâtrie !

Beaucoup de choses saintes ont été pareillement traînées dans la boue au cours de la chrétienté. Mais Dieu est jaloux de Son honneur et de Sa maison. Beaucoup de choses précieuses qui ont été dérobées ont été remises en lumière pour retrouver leur place dans le temple de Dieu.

L’absence d’article devant « ustensiles » indique qu’il ne s’agit pas de tous les ustensiles saints du temple. Les objets du sanctuaire, l’arche de l’alliance, l’autel d’or, la table des pains de proposition et le chandelier, qui parlent tous de la personne et de l’œuvre de Christ, ne sont pas mentionnés. Ces objets avaient vraisemblablement été détruits et ne sont plus mentionnés dans la suite. Manifestement ils furent en partie refabriqués plus tard (Luc 1:11). Il n’est plus jamais parlé de l’arche de l’alliance après l’exil (Jér. 3:16). Ainsi la gloire de l’Éternel qui siège entre les chérubins (sur le propitiatoire) n’est jamais revenue dans le temple rebâti. — Les ustensiles nommés au v. 7 étaient plutôt ceux destinés au service journalier qui avait lieu dans la maison de Dieu.


Nous trouvons en tout trois sources de dons :


2.2.3 - Ch. 1:8-11

« Et Cyrus, roi de Perse, les fit sortir par Mithredath, le trésorier, qui les compta à Sheshbatsar, prince de Juda. Et en voici le nombre : trente bassins (*) d’or, mille bassins (*) d’argent, vingt-neuf couteaux, trente coupes (2*) d’or, quatre cent dix coupes (2*) d’argent de second ordre, [et] mille autres ustensiles ; tous les ustensiles d’or et d’argent étaient [au nombre de] cinq mille quatre cents. Sheshbatsar apporta le tout lorsqu’on fit monter de Babylone à Jérusalem ceux de la transportation ».


(*) En hébreu agartal, un mot qui n’apparait qu’ici. Il s’agit peut-être de grandes cuvettes plates pour l’aspersion du sang ou pour la fine fleur de farine de l’offrande de gâteau (d’après la traduction anglaise de J. N. Darby).

(2*) En hébreu kefor : il s’agit peut-être d’une cuvette avec couvercle, qu’on ne retrouve qu’en 1 Chr. 28:17 et Esdras 8:27 (d’après la traduction anglaise de J. N. Darby).


On a ensuite l’énumération des objets du temple que Cyrus fit sortir sous la surveillance de Mithredath (en perse : « donné par Mithra, le dieu soleil »), le trésorier. « Sheshbatsar, prince de Juda » (voir 1:11 ; 5:14, 16) est appelé ailleurs Zorobabel, le fils de Shealthiel. Zorobabel est un nom hébreu, Sheshbatsar un nom chaldéen (*). Zorobabel signifie « un rejeton de Babylone », le nom de Sheshbatsar n’a pas de signification certaine. L’attribution d’un deuxième nom à Babylone se retrouve pour Daniel/Belteshatsar et ses amis (Dan. 1:7). L’expression « prince de Juda » signifie que Sheshbatsar était de la descendance royale de David (1 Chr. 3:15-19). C’est pourquoi aussi Zorobabel est mentionné dans la généalogie du Seigneur Jésus en Matt. 1:12.


(*) Beaucoup de commentateurs aujourd’hui voient dans Sheshbatsar et Zorobabel deux personnes différentes. Il s’agit cependant de deux noms de la même personne. Ce qui est dit de tous les deux s’accorde sur le fait qu’ils étaient de descendance royale, qu’ils ont fait partie du premier retour, et qu’ils étaient gouverneurs de Juda au temps du roi Darius, et qu’ils ont posé le fondement du temple (1 Chr. 3:15-19 ; Esdras 1:8, 11 ; 3:8-10 ; 5:14-16 ; Aggée 1:1 ; Zach. 4:9 ; Matt. 1:12).


Bien que le royaume de Juda ne fut pas rétabli, le roi de Perse établit Zorobabel / Sheshbatsar comme gouverneur sur le pays de Juda. Par cela le Saint Esprit donne une indication (même si elle est faible) du caractère royal du résidu de Son peuple. Le caractère sacerdotal est représenté par Joshua (2:2). Dès le commencement, Dieu a voulu voir ces deux traits de caractère dans Son peuple terrestre : « vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Exode 19:6). — Également sous cet angle, Israël est une figure de l’Assemblée de Dieu. Car tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, connaissent Son amour, et savent qu’ils sont lavés de leurs péchés dans Son sang, et que Lui a fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour Son Dieu et Père (Apoc. 1:5-6, 1 Pierre 2:5, 9).

Le fait que les nombres de 30 bassins d’or, 1000 bassins d’argent, 29 couteaux, 30 coupes d’or, 410 coupes d’argent et 1000 autres ustensiles, ne concordent pas avec la somme de 5400 ustensiles d’or et d’argent, n’est pas une faute de calcul, mais plutôt une indication qu’un compte exact d’un à un n’a pas été fait. Il y a aussi la possibilité que la somme totale inclue les dons des Juifs restés à Babylone. Ces derniers se montèrent ainsi à 2901 objets précieux selon ce qu’il faut comprendre du v. 6 : « Et tous ceux qui les entouraient les aidèrent avec des objets d’argent, avec de l’or, avec des biens, et avec du bétail, et avec des choses précieuses, outre tout ce qu’on offrit volontairement »

« Sheshbatsar apporta le tout lorsqu’on fit monter de Babylone à Jérusalem ceux de la transportation ». Comme « prince de Juda », Sheshbatsar portait dès le début une grande responsabilité. Il apporta ces choses précieuses, et les fit monter avec ceux de la transportation qui revinrent à Jérusalem. La conduite spirituelle est juste et importante. Le chemin des Juifs revenant au lieu que Dieu avait choisi pour Lui et pour eux, était un chemin qui montait. Le chemin selon la volonté de Dieu et à Son honneur, est aussi aujourd’hui un chemin qui monte, un chemin de bénédiction pour nous.


3 - Ch. 2 : Dénombrement de ceux qui sont revenus

Ce chapitre contient le dénombrement de tous ceux qui sont revenus de Babylone à Jérusalem. C’est un tout autre dénombrement que celui de 2 Samuel 24 et 1 Chroniques 21. C’était alors l’orgueil humain qui avait conduit David à vouloir connaître la grandeur de son peuple. Ici il s’agit d’établir ceux qui voulaient être fidèles à Dieu, comme le dénombrement dans la liste de salutations de Romains 16. Dieu prend aujourd’hui connaissance de tous les Siens qui désirent faire Son bon plaisir.

Les Juifs de l’époque qui se lancèrent dans selon ce chemin long et pénible (environ 1500 km), savaient que leur pays était ruiné, que la ville de Jérusalem était détruite et que le temple avait été rasé. Mais c’est là-bas et non pas en Chaldée, qu’était le pays de la promesse et le lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter Son nom. C’est là-bas et nulle part ailleurs qu’était leur place, le seul lieu pour tout le peuple de Dieu. Cette pensée les poussa à se mettre en chemin. C’est dans cette mesure que cette liste est un grand encouragement pour tout enfant de Dieu, grand ou petit, fort ou faible, alors qu’à première vue elle parait n’être qu’une liste sèche et desséchante. Encore aujourd’hui le Seigneur prend spécialement connaissance de ceux qui veulent se tenir au lieu où Il a promis Sa présence au milieu des deux ou trois rassemblés en Son nom. — Le grand nombre resté à Babylone nous reste inconnu.

Dans Néhémie 7 après l’achèvement de la construction de la muraille de Jérusalem, il est redonné une liste presque identique au « registre généalogique de ceux qui étaient monté au commencement ». La différence entre les deux s’explique essentiellement par le fait qu’en Esdras 2 il est manifestement donné la liste avant le voyage de retour, tandis qu’en Néhémie 7 est établie la liste après l’arrivée à Jérusalem.

Ceux qui remontèrent de captivité sont répartis en sept groupes. Outre les onze conducteurs, il y avait « les hommes du peuple d’Israël » (2:3-35), les sacrificateurs (2:36-39), les lévites (2:40), les chantres (2:41), les fils des portiers (2:42), les Nethiniens (2:43-54), les fils des serviteurs de Salomon (2:55-58).


3.1 - Ch. 2:1-2

« Et voici ceux de la province qui remontèrent de la captivité de ceux qui avaient été transportés, lesquels Nebucadnetsar, roi de Babylone, avait transportés à Babylone, et qui retournèrent à Jérusalem et en Juda, chacun à sa ville, lesquels vinrent avec Zorobabel, Jéshua, Néhémie, Seraïa, Reélaïa, Mardochée, Bilshan, Mispar, Bigvaï, Rehum, [et] Baana.

Nombre des hommes du peuple d’Israël : »


Les Juifs se trouvaient à Babylone en captivité. Ils n’étaient pas libres. La pensée de rentrer à Jérusalem, d’y « remonter », donnait des ailes à leur cœur (1:3, 5, 11). Là-bas chaque famille avait sa propre place dans l’héritage que Dieu lui avait donné. Mais ce ne sont pas tous ceux de la transportation, et de loin, qui rentrèrent à Jérusalem et en Juda. C’est ce que montre le contenu de ce chapitre.

Ici maintenant onze conducteurs du résidu des Juifs sont nommés ; la plupart nous sont inconnus. Zorobabel a déjà été mentionné comme « prince de Juda » au ch. 1:8. Il était le chef. En second lieu il y avait Jéshua, fils de Jotsadak le grand sacrificateur (3:2). Dans les livres d’Aggée et de Zacharie il est nommé Joshua (Aggée 1:1 ; Zach. 3:1). Zorobabel et Jéshua étaient les deux responsables principaux, les représentants du caractère royal et sacerdotal du peuple de Dieu, comme déjà mentionné. Les autres hommes nommés ici ne nous sont pas connus. Néhémie nommé en troisième n’est pas le rédacteur du livre du même nom. Nous nous trouvons ici en l’an 536 avant J.C. ; Néhémie, fils de Hacalia, ne vint à Jérusalem qu’en 445 avant J.C., c’est-à-dire environ 90 ans plus tard. Également Mardochée n’est pas l’oncle d’Esther, car celui-ci vécut au temps du roi Perse Assuérus qui régna plus tard (485-464 avant J.C.).

Les conducteurs portaient une grande responsabilité (Juges 5:2 ; Héb. 13:7, 17). Ils étaient, par conséquent, l’objet spécial des attaques du diable comme le montre l’exemple du grand sacrificateur Jéshua/Joshua. En Zacharie 3 nous lisons comment Satan s’opposa à lui, en face de l’Ange de l’Éternel, parce qu’il portait des vêtements sales ; mais il fut revêtu de vêtements propres, et reçut l’assurance que Dieu le confesserait comme étant Sien s’il marchait dans Ses voies.

Le dénombrement qui suit maintenant se répartit en 7 sections. Chacune comporte la description d’un groupe de Juifs spécifique.

Le dénombrement commence par les paroles « Nombre des hommes du peuple d’Israël ». Bien qu’il ne revînt qu’un résidu relativement petit par rapport aux centaines de milliers de ceux des deux tribus, il n’est pourtant pas dit « Nombre des hommes qui revinrent », mais « Nombre des hommes du peuple d’Israël ». Bien qu’il ne s’agît que de descendants des deux tribus Juda et Benjamin, le regard de l’écrivain inspiré ne se limite pas à cette partie du peuple d’Israël scindée déjà depuis longtemps. Le regard est dirigé sur tout le peuple de Dieu, bien qu’il ne se soit encore jamais trouvé au complet dans le pays de Canaan. Lors de l’entrée dans le pays de Canaan, deux tribus et demie étaient restées de l’autre côté du Jourdain (à l’Est). Malgré tout, Josué dressa douze pierres sur la rive Ouest du fleuve, dans le pays de Canaan, parce qu’il avait devant les yeux le peuple dans son entier.

Il doit en être de même aujourd’hui. Quand les rachetés du Seigneur Jésus rompent le pain à Sa table, ils peuvent voir dans le seul pain l’unité du corps de Christ auquel tous les sauvés appartiennent, indépendamment de là où ils se trouvent. Nous ne devons pas avoir devant les yeux seulement ceux avec lesquels nous nous rassemblons, mais tous les membres du corps de Christ. « Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor. 10:16, 17). Tenir ferme à ce point est l’une des caractéristiques des croyants qui se rassemblent au nom du Seigneur. Il n’y a pas plusieurs « corps » sur la terre, mais le seul corps, le corps de Christ.


3.2 - Ch. 2:3-19 — Les noms des familles (15509 personnes)

Les pères ou ancêtres des 17 familles ou parentés qui sont dénombrées ici, sont pour la plupart inconnus. Dix de ces noms de familles apparaissent au dernier chapitre lors de l’énumération des Israélites qui avaient conclu des mariages mixtes avec des femmes d’autres peuples et qui s’en sont purifiés (10:25-43).


3.3 - Ch. 2:20-35 — Les habitants de certains lieux (8635 personnes)

Ici il s’agit de 22 lieux situés dans les environs plus ou moins proches de Jérusalem. Le nombre total des membres des familles et des habitants des villes et des villages qui étaient remontés (2:3-35) se monte à 24144 personnes. Là-dedans ne sont comptés que les hommes, comme cela ressort de la désignation « fils » et « hommes ».


3.4 - Ch. 2:36-39 — Les noms des sacrificateurs (4289 personnes)

Avec 4289 personnes, la sacrificature était bien représentée. Le service sacerdotal était extrêmement important pour Israël, mais c’est aussi une caractéristique spéciale de ceux qui dans le temps actuel croient au Seigneur Jésus (voir Héb. 13:15 ; 1 Pierre 2:5 ; Apoc. 1:5, 6). Dans le Nouveau Testament tous les enfants de Dieu sont considérés comme sacrificateurs. Sur la base de l’œuvre de propitiation de Christ accomplie, ils peuvent entrer en pleine liberté dans le sanctuaire (le lieu de la présence de Dieu) à travers le voile déchiré. Leur tâche prééminente est l’adoration. Le grand nombre de sacrificateurs doit avoir été un encouragement pour le résidu de retour.


3.5 - Ch. 2:40-42 — Les noms des Lévites (341 personnes)

En contraste avec les sacrificateurs, les Lévites (auxquels appartenaient les chantres et les portiers) n’étaient que très faiblement représentés : seulement 341 personnes en tout. Leurs tâches dans le temple avaient considérablement changé par rapport au service dans la tente d’assignation (comp. Nomb. 3 à 4 et 1 Chr. 25 à 26). Les différentes activités de chantres qui louaient Dieu et de portiers qui devaient veiller sur la maison de Dieu, n’existèrent que depuis le temps où David changea les tâches des lévites.

Le lévite Asaph, un des pères de tous les chantres était un descendant de Guershom, fils de Lévi (1 Chr. 6:24-28). Dans la traversée du désert, les Guershonites avaient la tâche de porter les couvertures et les rideaux de la tente d’assignation (Nomb. 3:21-26). Mais dans les dispositions prises pour la construction du temple par David, leurs tâches furent changées (1 Chr. 23:26). Déjà auparavant, en accord avec les lévites, David avait introduit dans le culte de Dieu le service du chant avec accompagnement (1 Chr. 6:16 et suiv ; 15:16, 17). Mais Asaph était aussi un compositeur inspiré de psaumes ; il a laissé en tout douze psaumes dans la Parole de Dieu (Ps. 50 et 73 à 83).

Les portiers étaient aussi des lévites auxquels David avait attribué de nouvelles tâches pour le service dans le temple (1 Chr. 23:5). Shallum nommé ici en premier était leur préposé (1 Chr. 9:17 et suiv.). Ils devaient veiller sur la sainteté de la maison de Dieu. Parmi eux les fils de Coré prirent une place importante. Eux aussi furent des compositeurs inspirés de psaumes (Ps. 42 ; 44 à 49 ; 84, 85, 87, 88).

Les Lévites correspondent, dans le temps actuel, aux serviteurs avec leurs différents dons ; le Seigneur glorifié les a donnés à Son Assemblée (Rom. 12:4-8 ; 1 Cor. 12 ; Éph. 4:11-16). Même si aujourd’hui, en principe, tous les rachetés sont appelés au service du Seigneur Jésus et des Siens, tous n’ont cependant pas les mêmes tâches, tout comme les lévites d’autrefois. Ces tâches qui nous ont été confiées doivent être exercées fidèlement à l’intérieur de l’assemblée, à la gloire du Seigneur et pour la bénédiction de nos frères et sœurs. À cela se rajoute aujourd’hui le service de l’évangile, qu’Israël ne connaissait pas. Ensuite le but essentiel du service dans l’assemblée de Dieu est de « présenter tout homme parfait en Christ » selon ce que Paul dit de sa tâche en Colossiens 1:28. Cela est déjà exprimé dans les paroles de Dieu lors de l’appel initial des lévites : « tu donneras les Lévites à Aaron et à ses fils ; ils lui sont absolument donnés d’entre les fils d’Israël » (Nomb. 3:9). En Aaron le souverain sacrificateur, nous voyons une image de notre Seigneur, — et dans ses fils les sacrificateurs, une image des croyants qui adorent. Il s’ensuit que le fond important d’un vrai service chrétien est la glorification de notre Seigneur et l’exigence d’adoration par Ses rachetés.

Malheureusement les Lévites n’étaient pas, et de loin, aussi nombreux que les sacrificateurs. Ce fait ne contient-il pas un avertissement pour nous aujourd’hui à ne pas nous dérober au service pour notre cher Seigneur et pour les Siens, mais de courber nos cous avec joie et persévérance sous le service du Seigneur (Néh. 3:5) ?


3.6 - Ch. 2:43-54 — Les noms des Nethiniens

Le nom Nethinien signifie « Donné ». Ces hommes étaient donnés à Dieu pour le service. À l’origine ils n’appartenaient pas à Israël, mais furent épargnés du jugement de Dieu sur les ennemis d’Israël. Plusieurs voient en eux les Gabaonites (Josué 9:21, 27), d’autres y voient « les étrangers qui étaient dans le pays d’Israël », que David affecta à la taille des pierres pour la construction du temple (1 Chr. 22:2). En Esdras 8:20 il est mentionné que David et les princes avaient donné les Nethiniens au service des lévites. Les Nethiniens sont donc à considérer comme des aides des lévites, comme des serviteurs de serviteurs. Les lévites étaient affectés par Dieu à leur service (Nomb. 18:6), mais ils n’est rien dit de semblable au sujet des Nethiniens. De la même manière pour les tâches les plus simples, et peut-être celles qui sont très peu estimées dans l’assemblée, le Seigneur a besoin de tels Nethiniens dans le temps présent. Chacun devrait être prêt à faire ces tâches. Pensons déjà aux services souvent méconnus, comme l’hospitalité à l’égard des visiteurs, les soins du local de réunion, et tout ce qui va avec.


3.7 - Ch. 2:55-58 — Les fils des serviteurs de Salomon

Le fait que « les fils des serviteurs de Salomon » soient décomptés au v. 58 avec les Nethiniens montre qu’eux aussi étaient serviteurs pour des activités simples. Il est remarquable qu’on trouve parmi eux des noms féminins comme Sophéreth, Pokéreth-Hatsebaïm. Le premier signifie « scribe » au féminin et le second « chasseuse de gazelle ». Parmi les fils des serviteurs de Salomon, il pouvait y avoir des descendants des Cananéens que Salomon avait assujettis aux levées pour servir (1 Rois 9:20, 21).

Bien que ni les Nethiniens, ni les fils des serviteurs de Salomon n’appartenaient au peuple de Dieu, ils étaient quand même allés en captivité avec eux, et quelques-uns d’entre eux rentraient maintenant avec le résidu. Comme Ruth la Moabite, ils se sentaient appartenir au peuple de Dieu (Ruth 1:16, 17). Ayant appris une fois la grâce de Dieu, elle ne voulut plus la laisser. Et Dieu confirme Sa grâce en la reconnaissant intégralement, au point même de l’incorporer dans l’arbre généalogique de David et de Christ (Ruth 4:21, 22 ; Matt. 1:5) !

Le nombre total des Nethiniens et des fils des serviteurs de Salomon se monte à 392.


3.8 - Ch. 2:59-63 — Des Juifs sans registre généalogique

Maintenant suivent les noms de quelques familles du peuple et de sacrificateurs dont la généalogie n’était pas du tout clarifiée.


3.8.1 - Ch. 2:59-60

« Et voici ceux qui montèrent de Thel-Mélakh, de Thel-Harsha, de Kerub-Addan, d’Immer ; mais ils ne purent pas montrer leurs maisons de pères et leur descendance, s’ils étaient d’Israël : les fils de Delaïa, les fils de Tobija, les fils de Nekoda, six cent cinquante-deux ».


Dans ce groupe sont d’abord nommés les descendants des hommes Delaïa, Tobija et Nekoda qui provenaient de différents lieux ou régions babyloniens, aujourd’hui inconnus. Ceux-là « ne purent pas montrer leurs maisons de pères et leur descendance » et ne savaient donc pas s’ils étaient d’Israël. Il s’agissait en tout de 652 personnes.


3.8.2 - Ch. 2:61-62

« Et des fils des sacrificateurs, les fils de Hobaïa, les fils d’Hakkots, les fils de Barzillaï, qui prit une femme d’entre les filles de Barzillaï, le Galaadite, et fut appelé de leur nom. Ceux-ci cherchèrent leur inscription généalogique, mais elle ne se trouva pas ; et ils furent exclus, comme profanes, de la sacrificature ».


Parmi ceux qui ne purent pas prouver leur origine, il y avait même des fils de sacrificateurs. Nous ne connaissons cependant pas leur nombre. Dans un cas la raison de l’incertitude est donnée : il y avait eu une confusion. Barzillaï était un homme fidèle et riche de Roguelim en Galaad à l’Est du Jourdain, qui avait accueilli David dans sa fuite devant Absalom [2 Sam. 17:27]. Ses filles avaient épousé un sacrificateur qui avait pris le nom de leur père.

Après le retour à Jérusalem et à la maison de Dieu, les incertitudes et confusions existantes n’étaient plus supportées. Combien de désordres spirituels règnent aujourd’hui dans la chrétienté ! Combien sont nombreux les baptisés et ceux qui prennent part à la Cène sans être nés de nouveau et sans connaître consciemment le pardon des péchés ! Beaucoup d’enfants de Dieu se trouvent dans de tels milieux chrétiens où confusion et désordre se sont introduits.

Le « registre généalogique » était le témoignage sans ambiguïté que l’on appartenait au peuple de Dieu. C’est une image de la pleine certitude de la foi au Seigneur Jésus et à Son œuvre. Savoir qu’on est né de nouveau, né de Dieu, est d’une importance critique (2:62 ; Jean 1:12 ; 3:3, 5) ! C’est encore plus le cas pour le service de sacrificateur. Ceux qui prétendaient appartenir à la famille sacerdotale sans pouvoir présenter l’état de leur registre généalogique, devaient être « exclus comme profanes de la sacrificature ». Pour pouvoir exercer le service en pratique, ils devaient naturellement être purs (Lév. 21:1 à 22:9), mais ce n’est pas le point traité ici. Ici il ne s’agit que d’établir l’appartenance à la famille sacerdotale.

En faisant l’application pour nous aujourd’hui, il n’y a pas de différence entre ceux qui sont « d’Israël » et ceux qui sont « sacrificateurs » (2:59-61). Tous ceux qui croient au Seigneur Jésus sont sauvés et faits sacrificateurs : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1:5, 6). Les hautes exigences à l’égard des sacrificateurs valent aujourd’hui pour tous les croyants. Celui qui n’a pas la certitude du salut ne peut avoir aucune liberté pour entrer dans le sanctuaire (Héb. 10:19) ! Car cette entrée repose sur la connaissance de l’œuvre de Christ. Ceux qui croient en Lui, Il les a rendus capables d’entrer dans le sanctuaire grâce à l’offrande de Son corps accomplie une fois pour toutes, et Il leur a aussi frayé par Son sang le chemin jusque dans le lieu très-saint (Héb. 10:10-22). C’est le seul fondement pour le service sacerdotal par lequel « nous offrons, par Lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15). Celui qui ne remplit pas ces conditions, ne peut pas, aujourd’hui, servir devant Dieu comme sacrificateur. Cela concerne spécialement la participation à la fraction du pain. Il ne peut y avoir à cet égard aucune incertitude ni aucun manque de clarté.


3.8.3 - Ch. 2:63

« Et le Thirshatha leur dit qu’ils ne devaient point manger des choses très-saintes, jusqu’à ce que fût suscité un sacrificateur avec les urim et les thummin ».


L’interdiction est prononcée non pas par le grand sacrificateur Jéshua, mais par Zorobabel / Sheshbatsar qui est désigné ici par le titre perse de gouverneur « Thirshatha » (Néh. 8:9). Il avait la plus haute autorité administrative. Ceux qui ne pouvaient pas prouver leur descendance sacerdotale, ne devaient pas manger des choses très-saintes. La question était de savoir qui pouvait recevoir la part des sacrifices qui revenait aux sacrificateurs (Lév. 6:7-23).

Du point de vue de leur nombre et des moyens à leur disposition, les Juifs donnaient une image de faiblesse. Cependant ils ne se laissèrent pas décourager par cela. Ils n’avaient pas non plus le sentiment que dans ces circonstances, il n’était pas nécessaire de suivre avec exactitude les prescriptions de l’Éternel. Au contraire nous ne voyons chez eux aucune négligence, mais beaucoup de soins. Cela nous donne un enseignement important. Nous sommes entourés de beaucoup de croyants qui ont reçu un enseignement déficient ou faux. C’est justement pour cela qu’il est important de tenir ferme aux enseignements de la Parole de Dieu, et de ne pas permettre des restrictions à leur validité. Dans un temps de faiblesse, il s’avère qu’il y a une vraie force spirituelle dans le suivi précis de la Parole de Dieu. Cela peut paraître trop strict pour bien des chrétiens aujourd’hui. Mais il ne faut pas prendre l’obéissance à la Sainte Parole de Dieu pour de la dureté humaine.

Pour les Juifs du temps de Zorobabel il y avait espoir si « un sacrificateur était suscité avec les urim et les thummin ». Ces oracles secrets (« lumière et perfection ») servaient à juger et à discerner (Ex. 28:30 ; Nomb. 27:21 ; Deut. 33:8 ; 1 Sam. 28:6). Il n’y en avait plus eu depuis la captivité à Babylone. Mais si un sacrificateur qui en disposait était suscité, il pourrait donner un jugement définitif. Pour nous, ce sera le cas avec certitude seulement à la venue de Christ, qui, comme roi et sacrificateur, mettra fin à toute faiblesse et toute confusion et comblera toutes les déficiences.

Ainsi aujourd’hui certains peuvent trouver dur de ne pas laisser accéder, sans autre, à la fraction du pain tous ceux qui se disent enfants de Dieu. Mais si le cœur de quelqu’un est réellement droit devant Dieu — et rien ne Lui est caché — aujourd’hui aussi Lui manifestera tôt ou tard Son jugement. Autrefois Il le faisait par le moyen de sacrificateurs suscités le cas échéant avec les urim et les thummin. À l’époque, comme aujourd’hui, les mêmes conditions sont en vigueur, c’est-à-dire pouvoir présenter son propre registre généalogique et correspondre aux prescriptions de la Parole de Dieu sur la pureté personnelle.


3.9 - En résumé — 2:64-67

3.9.1 - Ch. 2:64-67

« Toute la congrégation réunie était de 42360 personnes, sans compter leurs serviteurs et leurs servantes ; ceux-ci étaient au nombre de 7337 ; et parmi eux, il y avait 200 chanteurs et chanteuses. Ils avaient 736 chevaux, 245 mulets, 435 chameaux, et 6720 ânes ».


Pour terminer, le nombre global mentionné est celui de ceux qui se levèrent pour retourner en Juda et à Jérusalem. Le mot utilisé ici pour « assemblée » (en hébreu qahal ; JND traduit en français « congrégation »), n’est pas simplement l’expression pour un nombre déterminé de gens, mais c’est le nom pour la totalité du peuple de Dieu. La première fois qu’on le trouve avec cette signification de « toute l’assemblée de la congrégation d’Israël » [JND en français : toute la congrégation de l’assemblée d’Israël], c’est lors de la Pâque en Égypte, la fête de la rédemption (Ex. 12:6 ; JND : « … toute la congrégation de l’assemblée d’Israël l’égorgera… » ). Une autre occurrence très significative de ce mot est au grand jour des propitiations où le grand sacrificateur faisait « propitiation pour lui et pour sa maison et pour toute l’assemblée [JND : la congrégation] d’Israël » (Lév. 16:17). Dieu et les Juifs voyaient ce petit nombre de personnes comme « l’assemblée d’Israël » [ou : la congrégation]. Elle ne l’était pas littéralement : ceux qui étaient restés à Babylone n’en faisaient-ils pas partie ? Mais ce petit groupe de Juifs fidèles, obéissants et dévoués représentait le peuple tout entier. Chacun était appelé par Dieu par le moyen du roi Cyrus, cependant la plupart restèrent en arrière. Ils ne sont pas nommés une seule fois ici, bien que, dans l’absolu, ils fussent la majorité. Les 42360 qui sont revenus formaient « l’assemblée d’Israël » [ou : la congrégation], ce qui sera encore confirmé d’une manière frappante, et qui touche le cœur, dans le dernier verset de ce chapitre (« tout Israël »).

Il ne faut pas confondre les « chanteurs » du v. 65 avec ceux du v. 41 qui appartenaient aux lévites. Leur origine est obscure. Ils n’appartenaient certainement pas au peuple Juif, pas plus que les « serviteurs et servantes » nommés dans le même verset ; sinon ils auraient fait partie de « toute l’assemblée [JND : congrégation] » du v. 64. Peut-être représentaient-ils un résidu du monde, duquel les Juifs ne pouvaient pas se séparer ? Nous ne savons pas.

De tous les groupes énumérés ici, nous pouvons apprendre quelque chose. Les différents domaines de service ou de travail de la maison de Dieu doivent donner à tout croyant aujourd’hui une indication sur le genre de service auquel il ou elle est appelé(e). Chacun n’est pas capable et n’est pas appelé de la même manière pour tout service. Nous devons être toujours conscient de ce fait, et ne pas aspirer à exercer dans l’assemblée une activité à laquelle nous ne sommes pas appelés. Paul nous présente cela en 1 Corinthiens 12:14-31, quand il compare les différentes parties de notre corps avec les membres du corps de Christ et leurs fonctions. Les frères et sœurs moins capables ne doivent pas se sentir mis de côté, et les frères et sœurs plus capables ne doivent pas mépriser les moins doués. Dieu a attribué à chacun sa place dans l’assemblée. Cependant nous pouvons aspirer à des dons de grâce plus grands, — sur le chemin de l’amour, comme le présente le ch. 13 de 1 Corinthiens !

La leçon la plus importante de cette section est celle-ci : Dieu prend une connaissance précise de chaque fidèle. Cela doit toucher nos cœurs de voir avec quels soins tous ceux qui sont revenus sont inscrits. Et aussi les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient, c’est-à-dire leurs possessions, comme leur bétail, ne restent pas ignorées. Dieu n’enlève rien de ce qui nous concerne. Il a même compté les cheveux de notre tête (Matt. 10:30).


3.9.2 - Les données chiffrées en Esdras 2 et Néhémie 7

Le nombre total de ceux qui sont revenus est le même en Esdras et Néhémie, soit 42360 personnes (Esdras 2:64 ; Néh. 7:66). Pourtant les sommes des groupes individuels de ceux qui sont revenus ne concordent ni entre eux ni avec le nombre total : en Esdras on trouve 29818 personnes et en Néhémie 31089.

Les données de chiffres contradictoires sont souvent qualifiées à la légère comme des fautes de copistes de listes identiques en gros et au total en Esdras et Néhémie. Cependant ceci est à écarter déjà simplement à cause de la précision avec laquelle ces deux hommes ont rempli leur mission. Et avant tout ces séries de nombres font aussi partie de la Parole inspirée de Dieu. Une raison plus valable pour les différences pourrait provenir de ce qu’Esdras a fait avant le départ une liste de ceux qui s’étaient fait inscrire comme volontaires pour faire le voyage, tandis que Néhémie aurait inscrit ceux qui sont réellement arrivés en Juda. Des raisons pour les nombres plus faibles en Néhémie (pour les fils d’Arakh, de Zatthu ; les hommes de Béthel et Aï ; les fils de Magbisch, de Lod, Hadid et Ono ; les portiers, les fils de Delaïa, Tobija et Nekoda) sont peut-être des cas de gens morts ou tombés malades en voyage, ou des gens qui ont renoncé à faire le voyage. Inversement les chiffres plus élevés chez d’autres familles peuvent être dus à des gens qui se sont décidés de partir à la dernière minute ou qui ont rejoints les autres en cours de route, ou qui sont nés durant ce voyage qui durait au moins quatre mois (1500 km). Il faut aussi compter la possibilité que la question importante du registre généalogique (Esdras 2:59, 62) n’était pas claire pour quelques-uns. Enfin il est possible qu’il y ait encore d’autres causes pour les différences de nombres qui ne nous soient plus connues aujourd’hui.


3.10 - Ch. 2:68,69 — Arrivée de dons supplémentaires volontaires

« Et des chefs des pères, quand ils arrivèrent à la maison de l’Éternel qui est à Jérusalem, donnèrent volontairement pour la maison de Dieu, pour la relever sur son emplacement ; ils donnèrent au trésor de l’œuvre, selon leur pouvoir, soixante et un mille dariques d’or, et cinq mille mines d’argent, et cent tuniques de sacrificateurs ».


Au v. 1 nous avons vu que les Juifs « retournèrent à Jérusalem et en Juda, chacun à sa ville ». Une fois arrivés, ils ne cherchèrent pas premièrement leur ancien lieu d’habitation, mais « la maison de l’Éternel à Jérusalem ». Quelle passion et quel désir pour Dieu et pour Son habitation doivent avoir rempli leurs cœurs et les avoir poussés à se rendre d’abord dans ce lieu ! C’était le même désir qui animait les fils de Coré quand ils ont composé le Psaume 42 : « Comme le cerf brame après les courants d’eau, ainsi mon âme crie après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant Dieu ? ». On retrouve de pareils sentiments exprimés au début des Psaumes 63 et 84.

Il ne restait plus rien de « la maison de l’Éternel à Jérusalem ! » Nous parlons facilement aujourd’hui du premier temple, du second temple, mais dans la Parole de Dieu il n’est question que de « la Maison » ou « le Temple ». Et il n’y avait et il n’y a que ce lieu sur la terre où Salomon bâtit le temple qui sera de nouveau érigé au même endroit durant le règne de mille ans. De la même manière il n’y a dans le temps actuel qu’une seule Assemblée, qu’un seul corps de Christ et qu’un seul lieu de rassemblement au nom du Seigneur. Il ne venait à l’idée d’aucun Juif d’ériger le temple ou l’autel sur un autre emplacement, pouvant paraître plus approprié. Quelle différence avec ce que l’on voit aujourd’hui dans la chrétienté avec ses nombreux groupes différents !

L’enseignement du point de vue des types ne se rapporte pas, bien entendu, au conseil de Dieu, mais à la responsabilité de l’homme et à son comportement. L’Assemblée selon les conseils de Dieu ne peut pas être détruite, car « les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:18). Mais sous la responsabilité de l’homme, cet édifice spirituel également nommé le « temple de Dieu », peut être complètement corrompu, comme c’était le cas ici (1 Cor. 3:17). Et c’est pourtant le même temple, seulement considéré sous des points de vue différents.

Le dévouement à Dieu et à Sa maison sur la terre, le désir de la reconstruire et d’y servir le Seigneur comme Il le voulait, poussa « des chefs des pères » à donner volontairement « pour la maison de Dieu ». Ils donnèrent de grandes sommes, à savoir 61000 dariques en or, 5000 mines d’argent et cent tuniques pour les sacrificateurs. Cela faisait environ 14500 kg d’or et 2800 kg d’argent, un montant énorme !

C’est la troisième communication sur la franche volonté qui animait ce réveil, et le caractérisait d’une certaine manière. Au ch. 1 v.4 et 6 nous avons vu les dons des habitants des lieux d’où le résidu partait. Au ch. 1 v.7, Cyrus fit apporter les objets du temple qui avaient été pillés. Ici ce sont les conducteurs du résidu qui ont manifestement été profondément touchés, mais seulement au vu de l’état désolant dans lequel se trouvaient la ville de Dieu et sa maison ; et ils ont été si touchés qu’ils ont fait don volontairement de grandes sommes pour la construction de la maison de Dieu et pour que le service puisse s’y exercer de manière digne. Même si une partie des sacrificateurs dut être exclue du service à cause des carences et des faiblesses (2:61-63), cela n’amena pas les conducteurs à avoir peu d’estime pour ce service ou à le rendre méprisable. Non, ils donnèrent des vêtements nécessaires au service sacerdotal, lesquels étaient « pour gloire et pour ornement » (Ex. 28:2, 40). — Si le service de tous les croyants aujourd’hui est également faible et imparfait, nous ne devons cependant jamais le mépriser, mais tout faire ce qui est en notre pouvoir pour qu’il soit exercé d’une manière qui soit à l’honneur de Dieu.


3.11 - Ch. 2:70 — Tout Israël dans leurs villes

« Et les sacrificateurs et les lévites, et ceux du peuple, et les chantres, et les portiers, et les Nethiniens, habitèrent dans leurs villes : tout Israël se trouva dans ses villes ».


La phrase de conclusion englobe tout ce qui a été décrit d’une manière incomparable. Le Saint Esprit a inspiré à l’écrivain les mots pour résumer ce réveil. Le gouverneur qui avait fait monter les Juifs à Jérusalem n’est pas nommé en premier, mais les « sacrificateurs » qui pourtant ne composaient qu’une petite partie de ceux qui étaient revenus. Cependant ce sont eux et les « lévites » mentionnés à la suite qui donnaient leur caractère à l’ensemble. Ces derniers sont bien les lévites proprement dit, ceux qui aidaient au service de Dieu.

Les Juifs « du peuple » — du peuple de Dieu — n’étaient venus que dans un seul but, celui de reconstruire le temple sur son ancien emplacement et d’y servir Dieu. Comme nous le savons, le service ne pouvait être exercé que par les sacrificateurs et ceux qui les aidaient, les lévites. « Les chantres, les portiers et les Nethiniens » ne sont mentionnés qu’après « ceux du peuple ». Eux aussi avaient leur place et leur tâche.

Entre le début du v. 68 et le v. 70, il doit s’être passé quelque temps. Après que ceux de retour aient en tout premier cherché « la maison de l’Éternel », nous voyons qu’entre-temps ils ont cherché leur ville d’origine, et s’y sont installés. Ils « habitèrent dans leurs villes ». Ce n’est que plusieurs années plus tard que le prophète appelé de la part de Dieu, Aggée, a dû se plaindre : « Est-ce le temps d’habiter dans vos maisons lambrissées, tandis que cette maison est dévastée ? » (Aggée 1:4). Maintenant il en était manifestement autrement. La maison de Dieu était leur préoccupation première avant leurs maisons personnelles. — Qu’en est-il parmi nous ? Qu’est-ce qu’un prophète comme Aggée pourrait ou devrait dire de notre engagement ? Quel modèle nous donne au contraire notre Sauveur et Seigneur qui pouvait dire de Lui-même : « Le zèle de ta maison m’a dévoré » (Ps. 69:9 ; Jean 2:17) !

Les dernières paroles du verset contiennent une déclaration remarquable : « Tout Israël se trouva dans ses villes ». Bien qu’il n’y eût qu’un petit nombre de Juifs des deux tribus qui se trouvaient maintenant dans le pays, ceux-ci sont qualifiés par Dieu de « tout Israël » ! Et qu’en était-il de la grande masse du peuple restée à Babylone ? Pour eux s’applique Osée 1:9 : « Lo-Ammi » – « pas mon peuple ». Ils étaient originaires du peuple de Dieu (et ils le sont encore aujourd’hui), mais ils ne l’étaient pas selon la foi. Ce n’est que quand Israël reconnaitra, dans la repentance et avec foi, le Seigneur Jésus comme son Messie au début du règne de mille ans et qu’il L’appellera « mon Dieu », que le « Lo-Ammi » (pas mon peuple) deviendra « Ammi » (mon peuple) (Osée 2:20-25 ; comp. Zach. 13:9). Aux Juifs de la dispersion, devenus croyants au Seigneur Jésus, Pierre pouvait déjà écrire : « … vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu » (1 Pierre 2:10). Pour le résidu revenu de Babylone, le jugement divin « Lo-Ammi » n’était pas effectif, bien que ce soit de ce résidu que s’est développé au temps du Seigneur Jésus le Judaïsme qui a refusé d’une manière générale le Seigneur Jésus comme Sauveur et le refuse jusqu’à aujourd’hui.

Si nous nous réunissons aujourd’hui comme assemblée, nous savons que nous ne sommes qu’une petite partie de l’Assemblée de Dieu sur la terre. Mais exactement de la même manière dont Dieu reconnaissait comme « tout Israël » le résidu qui avait devant ses yeux le peuple tout entier, nous avons aussi le droit aujourd’hui de parler de « l’Assemblée », même si nous savons qu’elle n’est qu’une partie du tout que Dieu a toujours devant les yeux. Le petit résidu de 42360 personnes est désigné par le Saint Esprit comme « tout Israël ». Eux seuls se trouvaient au bon endroit, à la bonne place, c’est-à-dire là où l’Éternel les avait conduits autrefois à la sortie d’Égypte, dans le pays de Canaan, et où Il voulait faire habiter Son nom et où Il voulait être adoré dans le temple à Jérusalem. Ils étaient tout à fait conscients de ce qu’ils étaient les représentants de tout le peuple, comme leurs sacrifices du ch. 6 v.17 (sacrifice pour le péché) et du ch. 8 v.35 (holocauste) étaient pour « tout Israël » !


4 - Ch. 3 : Reconstruction de l’Autel et du Temple

Par leur retour de Babylone, les Juifs revenus étaient séparés du monde, y compris du monde religieux, mais leur unité ne s’exprimait qu’à Jérusalem. Il ne pouvait pas en être autrement. Ce n’est qu’au lieu où Dieu désire voir les Siens rassemblés, que leur unité est visible. C’était le cas à l’époque, et il n’en est pas autrement aujourd’hui. L’unité de l’assemblée, le corps de Christ, est certes un fait immuable, mais le côté pratique, l’unité de l’Esprit, doit être gardé dans [par] le lien de la paix (Éph. 4:3). Pour cela un effort spirituel est nécessaire.

C’est ce que nous voyons chez le résidu Juif qui se rassembla « comme un seul homme » devant Dieu et les hommes à Jérusalem. Dans le Nouveau Testament aussi, nous sommes souvent exhortés à être d’un même sentiment (Rom. 12:16 ; 15:5, 6 ; 1 Cor. 1:10 ; 2 Cor. 13:11 ; Phil. 2:2 ; 4:2 ; 1 Thess. 5:13).


4.1 - Ch. 3:1-6 — Construction de l’autel, et sacrifice

4.1.1 - Ch. 3:1

« Et quand arriva le septième mois, les fils d’Israël étant dans leurs villes, le peuple s’assembla comme un seul homme à Jérusalem ».


Le « septième mois » (Ethanim ou Tishri) était à l’origine (comme encore aujourd’hui pour les Juifs) le premier mois de l’année (*). Au cours de ce mois avaient lieu les trois dernières fêtes de l’Éternel : la fête des trompettes, le grand jour des propitiations et la fête des tabernacles. Du point de vue des types, ces fêtes dirigent les regards vers la restauration spirituelle future du peuple d’Israël. Le premier jour, il y avait la fête des trompettes (Lév. 23:24), qui est la figure prophétique du signal d’un recommencement de vie d’Israël et de son retour dans sa terre comme croyants. Cette fête n’est cependant pas mentionnée ici, pas plus que le grand jour des propitiations, qui est une figure de la réconciliation complète du peuple avec son Dieu (Lév. 23:26-32). La seule fête mentionnée ici est la fête des tabernacles. C’est un type du règne millénaire et de l’achèvement de toutes les voies de Dieu avec Son peuple terrestre Israël (3:4).


(*) Cependant il est précisé que la fête de Pâques était un nouveau « commencement des mois, … le premier des mois de l’année » (Ex. 12:2). C’était le mois d’Abib ou Nisan (Mars / Avril).


Cette fête durait du quinzième au vingt-et-unième jour du septième mois. C’est au cours de ce mois qu’eut lieu la dédicace du temple de Salomon, justement en relation avec la fête des tabernacles (2 Chr. 5:3 ; 7:8-10). Cependant la fête des tabernacles est ici au commencement de la construction du temple, tandis qu’au temps de Salomon elle fut à la fin. Selon les pensées de Dieu, il n’y a qu’un temple, comme nous l’avons vu en Esdras 2:68. C’est ce qui est mis en avant par la mention du septième mois.

Il est d’abord mentionné encore une fois que « les fils d’Israël étant dans leurs villes » (voir 2:70). Pourtant il ne s’agissait que d’un petit résidu ! Mais ils se trouvaient de nouveau dans le pays de la promesse, c’est-à-dire là où Dieu voulait bénir Son peuple s’il Lui obéissait. C’est pourquoi ce résidu, malgré sa petitesse, est appelé ici « les fils d’Israël », comme la vraie représentation de tout le peuple de Dieu.

« Et quand arriva le septième mois, … le peuple s’assembla comme un seul homme à Jérusalem ». C’était un nouveau commencement solennel, mais en même temps joyeux et spirituel. Le v. 6 nous apprend que ceci eut lieu dès le premier jour du septième mois. L’unanimité du peuple s’exprima dans cette circonstance. Au v. 9 ce sont les conducteurs qui se tinrent prêts « comme un seul homme » pour surveiller le début de la construction du temple, et au ch. 6 v.20 on retrouve la même chose pour les sacrificateurs et les lévites lors de la dédicace du temple. Ici ceux qui se rassemblent sont tout le peuple, c’est-à-dire l’ensemble du résidu, et ils se rassemblent à Jérusalem. L’expression « à Jérusalem » montrent le but auquel ils aspiraient unanimement.

« Jérusalem » était le lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter Son nom (Deut. 12:5 ; 1 Rois 11:36 ; Ps. 78:68 ; 87:2). C’était la seule raison du retour du résidu, qui est ici considéré par Dieu comme le représentant de tout le peuple. Aujourd’hui aussi, il y a un seul lieu où les chrétiens croyants peuvent se rassembler selon l’Écriture : « là où deux ou trois sont assemblés en Mon Nom, je suis là au milieu d’eux » (Matt. 18:20). Cela implique la reconnaissance sans restriction, en doctrine et dans la marche, de Sa personne et de Sa Parole comme autorité absolue, mais cela implique aussi (comme ici chez les Juifs) la séparation complète du monde, et en même temps la reconnaissance et la représentation visible du fait que tous les croyants appartiennent au seul corps de Christ (bien que cette vérité ne fût pas encore connue dans l’Ancien Testament). Une des activités les plus importantes dans ce cadre est l’adoration en esprit et en vérité que le Père cherche de notre part (Jean 4:23, 24). Cela trouve son expression en figure dans l’autel de l’holocauste.

Extérieurement il n’y avait rien d’attirant au lieu où le peuple se rassemblait « comme un seul homme ». La ville était détruite, et le temple rasé. Plus de 50 ans s’étaient passés depuis que le dernier sacrifice avait été offert à Dieu. Cependant le résidu chercha le lieu que l’Éternel avait choisi, où l’autel et le temple avaient été érigés selon Sa volonté et où ils pouvaient être de nouveau érigés. — Ainsi le lieu de rassemblement des chrétiens au nom du Seigneur Jésus n’a rien d’attirant pour l’intelligence et les sentiments de l’homme. Il lui apparait ennuyeux de voir les croyants se rassembler dans le calme et la simplicité. Or ce que l’homme naturel et la chair (y compris celle des croyants) ne peuvent pas voir, c’est la présence promise du Seigneur Jésus ! Il est le seul point d’attrait pour tous les croyants et les âmes fidèles.


4.1.2 - Ch. 3:2

« Et Jéshua, fils de Jotsadak, et ses frères les sacrificateurs, et Zorobabel fils de Shealthiel, et ses frères, se levèrent et bâtirent l’autel du Dieu d’Israël, pour y offrir des holocaustes, selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse, homme de Dieu ».


« Jéshua, le fils de Jotsadak », était le grand sacrificateur de la maison d’Aaron et « Zorobabel, fils de Shealthiel » (*), le prince de la maison de David. Les deux ensemble trouvent leur correspondance parfaite dans le Seigneur Jésus, sacrificateur et roi (Héb. 7:1-3). Les deux conducteurs du peuple se placent maintenant à la tête de leurs « frères » respectifs, c’est-à-dire de leur famille. Chaque serviteur a comme premier champ d’activité sa propre famille, aussi bien du point de vue naturel que du point de vue spirituel.


(*) Le fait que Zorobabel soit nommé ici fils de Shealthiel, alors qu’il est nommé fils de Pedaïa en 1 Chr. 3:19, peut s’expliquer par un mariage de lévirat de Pedaïa avec la veuve de Shealthiel, ou de la veuve de Pedaïa avec Shealthiel.


Leur premier souhait était de bâtir « l’autel du Dieu d’Israël pour y offrir des holocaustes ». La relation du peuple avec Dieu est premièrement mise en avant. Cela est déjà esquissé avec Abraham partant dans le pays de Canaan suite à la promesse de Dieu. Abraham n’a possédé un autel ni à Ur ni à Charan ; mais dès qu’il fut arrivé dans le pays de la promesse, nous lisons qu’il bâtit un autel à Dieu, l’Éternel. Sur son chemin vers l’Égypte, il n’y a de nouveau plus d’autel, mais dès son retour il revient à l’autel qu’il avait bâti auparavant, et y invoque le nom de l’Éternel (Gen. 12:7 ; 13:4). La vraie adoration est en liaison avec les lieux célestes (Éph. 1:3, 20 ; 2:6 ; 3:10). Le type de cela dans l’Ancien Testament est le pays de Canaan.

Tous les autres autels étaient consacrés à des idoles, ou bien ils étaient issus du désir de servir Dieu d’une manière humaine, à son idée propre. Ce fut le cas, par exemple, quand les deux tribus et demie bâtirent de l’autre côté du Jourdain « un autel de grande apparence » (Josué 22:10) afin d’empêcher que se crée une éventuelle distanciation ou aliénation entre eux et la partie du peuple d’Israël qui se trouvait dans le pays de Canaan. Cet autel, manifestement très impressionnant, était un autel humain qui n’aurait pas été nécessaire si les Israélites avaient pris leur place dans le pays de Canaan. C’est pourquoi l’expression « autel du Dieu d’Israël » est si importante. Ce n’était ni un autel humain, ni l’autel des Juifs, ni celui du résidu revenu et de leur Dieu, mais c’était l’autel de Dieu à qui tout Israël croyait. — De même que ces quelques Juifs ne représentaient que bien peu de chose, de même aujourd’hui les croyants qui se réunissent au nom du Seigneur Jésus ne peuvent pas se croire au-dessus des autres. Ils ne font que ce que le Seigneur a chargé tous les Siens de faire.

L’autel était le lieu de rencontre du peuple avec Dieu, bien sûr sur la base du sacrifice de propitiation. C’est pour cela qu’est mentionné le fait qu’il était là pour des holocaustes. Aucun des autres sacrifices (sacrifice de prospérité, sacrifice pour le péché et pour le délit, offrande de gâteau) n’est mentionné ici, ni dans les versets suivants. L’holocauste était le signe de la parfaite acceptation du pécheur devant Dieu, sur la base de l’œuvre parfaite de Christ à la croix se donnant Lui-même (Éph. 1:6, 7 ; 5:2). En même temps, quand l’holocauste était offert volontairement, il était la plus belle figure de l’adoration en esprit et en vérité (Jean 4). Les Juifs ne pouvaient pas (encore) le comprendre, mais ils savaient quand même que l’holocauste était l’offrande la plus élevée, et qu’il était offert tout entier à l’Éternel en odeur agréable, ni celui qui offrait ni le sacrificateur n’en recueillant aucune part.

Dans l’Ancien Testament, ce n’est pas par hasard que l’autel est appelé « table du Seigneur » (Mal. 1:7, 12, voir 1 Cor. 10:21). La table est une image de la communion. La table du Seigneur était à l’époque, comme elle l’est aujourd’hui, le lieu de la communion avec Dieu ; mais c’est aussi le lieu de l’adoration comme le montre le sacrifice offert dessus.

Aujourd’hui bien des chrétiens sont enthousiasmés par « Praise and Worship », ces mots signifiant « louange » et « adoration ». Mais ce qui s’exprime pratiquement avec le jeu des instruments de musique, est davantage orienté vers l’excitation de sentiments humains que vers la glorification de Dieu. Le Père cherche pourtant « l’adoration en esprit et en vérité » (Jean 4:23, 24). La vraie adoration est plus que des remerciements et de la louange, bien que nous y soyons aussi appelés (Col. 1:10 ; Héb. 13:15). Dieu, notre Père, cherche aujourd’hui de l’adoration qui corresponde à Sa nature (« Dieu est esprit ») et à Sa révélation (« en vérité ») dans le temps présent. Le retour à des formes de l’Ancien Testament est déplacé, et encore plus l’utilisation de musique mondaine, voire influencée par des démons avec des rythmes galvanisants.

Après la mention de l’emplacement et du caractère de l’autel, il est donné maintenant la base sur laquelle il est de nouveau érigé : « … selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse, homme de Dieu ». Au commencement de l’histoire du peuple d’Israël, Moïse a été le premier à recevoir les pensées de Dieu au sujet de Son habitation, et il les a retransmises au peuple. Il est le premier que l’Écriture qualifie d’« homme de Dieu », un titre qui implique d’un côté le dévouement à Dieu, et d’un autre côté la reconnaissance par Dieu de cet homme (Deut. 33:1 ; Ps. 90:1). Moïse était un modèle pour le résidu, et la Parole de Dieu était le fondement de son activité.

Le suivi strict de la Parole de Dieu par amour et par dévouement pour Lui est aussi la norme unique pour nous. Il ne fut rien bâti de nouveau, rien ne fut modernisé, mais on s’en tint aux prescriptions de Dieu. La plupart de ceux du résidu n’avaient jamais vu l’autel d’autrefois. Ils n’avaient jamais vu comment on offrait un holocauste. Mais ils possédaient la loi de Moïse, homme de Dieu, et cela leur suffisait. S’ils s’en tenaient à la Parole de Dieu, ils pouvaient aussi, dans ce temps de faiblesse extérieure, servir Dieu d’une manière qui Lui soit agréable.

Il en a été ainsi pour le réveil d’il y a environ 200 ans : les frères ont commencé par la fraction du pain et l’adoration, avant de mettre ensuite en pratique les pensées de Dieu au sujet de Sa maison, l’Assemblée. L’adoration est la tâche prééminente du chrétien. C’est la seule activité dont nous savons qu’elle se poursuivra dans l’éternité — mais alors ce sera sans faiblesse ni imperfection (Jude 25 ; Apoc. 5:14).


4.1.3 - Ch. 3:3

« Et ils établirent l’autel sur son emplacement ; car la terreur des peuples de ces contrées était sur eux (*) ; et ils offrirent dessus des holocaustes à l’Éternel, les holocaustes du matin et du soir ».


(*) note Bibliquest : le texte allemand précise nettement qu’il s’agit de la peur inspirée par les peuples du pays aux Juifs du résidu.


La première action commune mentionnée maintenant est le fait de dresser l’autel des holocaustes « sur son emplacement ». Les Juifs devaient vraisemblablement chercher cet emplacement sous les décombres. Il ne leur serait pas venu à l’idée de chercher une autre place que celle ordonnée autrefois par Dieu au roi David : « Et David dit : C’est ici la maison de l’Éternel Dieu, et c’est ici l’autel pour l’holocauste d’Israël » (1 Chr. 22:1). C’est justement cet emplacement que les Juifs cherchèrent et trouvèrent malgré toutes les décombres.

Combien est importante, aujourd’hui encore, cette pensée que l’autel de l’adoration se dresse au bon emplacement, et non pas là où des considérations humaines le voudraient bien. L’autel de l’holocauste est une image de la table du Seigneur (Mal. 1:7). Il est impossible qu’elle soit dressée « à Babylone », où il n’existe aucune liberté spirituelle ; mais même dans le pays de « Canaan », elle ne doit pas être n’importe où, mais seulement là où le Seigneur Jésus Lui-même a promis Sa présence au milieu des deux ou trois (Matt. 18:20). Là où sont reconnus Son autorité absolue et le vrai caractère de Son assemblée, du seul corps, et où il y a la conscience de notre parfaite acceptation devant Dieu, c’est là qu’est aussi « l’emplacement de l’autel », là où la vraie adoration en esprit et en vérité peut être offerte. Si Christ est tout et en tout pour nous, nous n’aurons aucun problème à reconnaître cette place précieuse dans l’humilité et l’obéissance, et à nous y engager.

De telles pensées vont-elles trop loin pour l’un ou l’autre de nos lecteurs ? Nous devrions, avec tout le sérieux possible, nous poser la question de ce que nous cherchons réellement comme service de Dieu, comme culte. Est-ce le culte de la Bible ou un service imaginé par nous et avec nos propres forces ? La Parole de Dieu ne nous montre pas le bon chemin seulement, elle condamne tout service divin issu de la propre volonté (Col. 2:23, la « dévotion volontaire »).

Il y a au moins deux exemples dans l’Ancien Testament qui montrent par des images ce qu’il ne faut pas faire, ce qui ne doit pas se passer. L’un c’est l’« autel de grande apparence », de l’autre côté du Jourdain, que nous avons déjà vu. L’autre exemple est celui du roi Achaz : il avait vu à Damas un autel d’idoles qui lui avait tellement plu, qu’il avait fait installer le même à Jérusalem. Quant à l’autel de Dieu, il est dit : « Et quant à l’autel d’airain qui était devant l’Éternel, il le fit avancer de devant la maison, d’entre son autel et la maison de l’Éternel, et le mit à côté de son autel, vers le nord » (2 Rois 16:14). Dans ce cas, l’autel de Dieu fut déplacé de son emplacement pour le mettre ailleurs. Une leçon solennelle pour nous aujourd’hui, quand on met de côté, à la légère, les principes de la Parole de Dieu et que, pour calmer sa conscience, on dit comme Achaz : « L’autel d’airain sera pour moi, afin d’y consulter » (ou « pour réfléchir à ce que je dois en faire ») (2 Rois 16:15). Par ruse et par habileté, d’un côté on fait sa propre volonté, et d’un autre côté, on calme les âmes mal à l’aise en disant que ça aurait pu tourner plus mal …

Les hommes du résidu obéissaient à la Parole de Dieu sans ajouter de « si » ni de « mais ». Pourtant ils étaient des hommes faibles qui avaient peur des peuples des pays. Eux-mêmes n’étaient qu’un tout petit groupe, et la terreur que les peuples de ces contrées leur inspirait était bien compréhensible ; ces peuples étaient soit des gens du pays de Canaan soit des gens qui y avaient été transplantés à partir d’autres pays. Nous allons voir bientôt que ce sentiment était bien fondé (ch. 4).

Cependant nous voyons ici leur confiance en Dieu. Le verset ne peut être correctement compris que de la manière suivante : les Juifs ont dressé l’autel sur son emplacement malgré leur peur des ennemis, et ont commencé tout de suite à y offrir dessus des holocaustes à l’Éternel. Ils ne profitèrent d’aucune mesure de protection humaine, mais ils se réfugièrent simplement en Dieu en dressant Son autel sur le bon emplacement et en Lui apportant leur adoration. Au lieu de se faire du souci, ils préférèrent reconnaitre Dieu et Le louer. C’était leur meilleure protection ! Nous apprenons la même chose des fils de Coré quand ils chantent dans le Psaume 46 : « Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses, toujours facile à trouver. C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand la terre serait transportée de sa place, et que les montagnes seraient remuées et jetées au cœur des mers ; quand les eaux mugiraient, et qu’elles écumeraient, et que les montagnes seraient ébranlées à cause de son emportement. Sélah. Il y a un fleuve dont les ruisseaux réjouissent la ville de Dieu, le saint lieu des demeures du Très-haut. Dieu est au milieu d’elle ; elle ne sera pas ébranlée Dieu la secourra au lever du matin » (Ps. 46:1-5).

Dans la deuxième moitié du verset, il est précisé de quel holocauste il s’agissait : « les holocaustes du matin et du soir », décrits en détail en Exode 29. Peu après la dédicace des sacrificateurs à leur service, Dieu avait commandé que, chaque matin et chaque soir, un agneau âgé d’un an soit offert en holocauste « en odeur agréable à l’Éternel ». Ce sacrifice continuel formait le fondement pour que la tente d’assignation et la sacrificature soient sanctifiées par la présence de Dieu. À la fin de cette ordonnance, il est dit : « Et j’habiterai au milieu des fils d’Israël, et je leur serai Dieu ; et ils sauront que moi, l’Éternel, je suis leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux. Je suis l’Éternel, leur Dieu » (Exode 29:45, 46).

Les deux agneaux de l’holocauste journalier représentent en type la valeur infinie et éternelle de la propitiation par l’œuvre que Christ a accomplie, et la satisfaction de Dieu à l’égard de Son peuple basée sur cette œuvre. Quand Il considère Ses rachetés, Il les voit toujours dans la nuée de la merveilleuse bonne odeur qu’exhale pour Lui l’œuvre de rédemption de Son Fils bien-aimé, l’Agneau immolé — œuvre accomplie une fois pour toute, mais dont l’efficacité demeure éternellement. Il nous voit comme « rendus agréables dans le Bien-aimé » [Éph. 1:6], Son Fils, dont Il a toujours l’œuvre précieuse devant les yeux. Voilà l’enseignement de l’holocauste du matin et du soir. Si la troupe du résidu se voyait confrontée avec d’éventuels opposants, ils pouvaient avoir confiance et se laisser encourager par le fait que Dieu était au milieu d’eux (Josué 3:10 ; Ps. 46:5).


4.1.4 - Ch. 3:4

« Et ils firent la fête des tabernacles selon ce qui est écrit, et les holocaustes, jour par jour, selon leur nombre, selon l’ordonnance, le service de chaque jour en son jour ».


Ni la fête des trompettes, qui avait lieu le premier jour du septième mois, ni le jour des propitiations au dixième jour, ne sont mentionnés ici. Du fait que pour la fête des tabernacles qui commençait au quinzième jour du mois et durait sept jours, tout se passa « selon ce qui est écrit », il est certain que les deux autres fêtes eurent également lieu. Cependant ici le Saint Esprit les omet pour mettre l’accent sur la fête des tabernacles. Durant cette fête, outre l’holocauste continuel, il devait être offert en holocauste chaque jour plusieurs taureaux (en nombre décroissant), des béliers et des agneaux, mais aussi un bouc en sacrifice pour le péché (Nomb. 29:12-38). Ici seuls sont mentionnés les holocaustes offerts « jour par jour, selon leur nombre, selon l’ordonnance, le service de chaque jour en son jour ». Malgré sa faiblesse, le résidu s’en tenait à la Parole de Dieu. C’est justement ce qui était sa force !

Du point de vue des types, la fête des tabernacles est à la fin de toutes les voies de Dieu avec Israël. C’est une figure de la joie du règne millénaire, quand Christ régnera comme roi sur Son peuple et sur tout l’univers. Le rassemblement final et la réconciliation d’Israël sont encore à venir, cependant le résidu en avait déjà alors la jouissance comme d’un petit avant-goût. Le fait qu’ici soient mentionnés seulement les nombreux holocaustes, nous indique la profonde confiance que les Juifs mettaient en leur Dieu. Par ces sacrifices ils pouvaient se considérer comme « agréés devant l’Éternel » (Lév. 1:3, 4). Quand ils posaient leurs mains sur la tête de la victime du sacrifice, ils s’identifiaient avec celle-ci dans son caractère agréable devant Dieu, cela leur donnait une paix qu’aucun ennemi ne pouvait leur dérober. — Dans cette même conscience, tous les rachetés peuvent aujourd’hui s’approcher de Dieu parce qu’ils savent qu’ils sont « rendus agréables dans le Bien-aimé ; en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce : laquelle il a fait abonder envers nous … » (Éph. 1:6, 7). À Lui soient adoration et louange éternellement !


4.1.5 - Ch. 3:5

« et après cela l’holocauste continuel, et celui des nouvelles lunes et de tous les jours solennels de l’Éternel qui étaient sanctifiés, et les holocaustes de tous ceux qui offraient une offrande volontaire à l’Éternel »


« L’holocauste continuel » était l’holocauste du matin et du soir déjà mentionné au v. 3 (Exode 29:42). La mention répétée n’est pas une pure répétition, mais elle montre clairement que l’offrande ne découlait pas seulement d’une exaltation de courte durée, mais qu’elle était une effusion qui se poursuivait dans la durée. — Le Seigneur voudrait aussi opérer chez nous de façon que nous ne connaissions pas seulement des temps courts d’enthousiasme. Il voudrait nous trouver constamment occupés de Son œuvre précieuse à la croix. Il ne veut pas non plus que nous soyons des « chrétiens du dimanche », qui ne nous occupions de Lui que de temps à autre. Il cherche chez nous l’adoration personnelle journalière. C’est ce qui ferait aussi que, dans la journée dominicale, notre adoration collective du Père en esprit et en vérité soit plus fraiche et plus vivante !

L’holocauste « de la nouvelle lune » était offert à chaque début de mois (Nomb. 28:9-15). Les mois de l’année israélite commençaient à la nouvelle lune, c’est-à-dire quand la lune n’est plus visible ; ensuite elle recommence à croître jusqu’à la pleine lune. Ce sacrifice offert au commencement du mois parle du désir de croissance spirituelle et d’intelligence croissante des pensées de Dieu. La croissance spirituelle est un processus normal que nous ne pouvons pas raccourcir artificiellement. La pure accumulation de connaissances sur la Parole de Dieu, n’équivaut pas à de la croissance spirituelle. Aussi importante que soit la connaissance de la Parole de Dieu, — et elle fait de plus en plus défaut aujourd’hui — elle est facilement l’occasion de s’enfler s’il n’y a pas la mise en pratique à chaque pas de ce que l’on a retenu et compris (1 Cor. 8:1-3). C’est pourquoi nous avons aussi besoin de patience vis-à-vis des croyants qui ne sont pas aussi avancés spirituellement.

L’holocauste « de tous les jours solennels de l’Éternel » correspond aux trois fêtes du septième mois déjà mentionnées, et il parle en type du retour spirituel et de la restauration du peuple d’Israël, mais après cela il y a aussi la Pâque, la fête des pains sans levain, la gerbe des prémices et la fête des semaines. Ces quatre fêtes qui viennent d’être nommées, qui sont proprement au début, rappellent à Israël la sortie d’Égypte et l’entrée dans le pays de Canaan. En type elles décrivent l’œuvre de rédemption de Christ et la naissance de l’assemblée de Dieu (Pentecôte, Actes 2). Le terme « fête » (héb. mo’ed) signifie proprement « un jour déterminé pour s’approcher de Dieu ». Ces occasions de fêtes sont en outre « sanctifiées », c’est-à-dire qu’elles sont des temps dans lesquels on a conscience, de manière particulière, de la sainte présence de Dieu. — Les grands faits que Dieu a accomplis par son Fils sont de manière constante et vivante dans le cœur des Siens. Il veut qu’ils s’en rappellent toujours de façon nouvelle.

Finalement il est mentionné « et les holocaustes de tous ceux qui offraient une offrande volontaire à l’Éternel ». Tous les holocaustes énumérés précédemment devaient être offerts régulièrement aux moments prescrits par Dieu. Ils parlent en soi de l’œuvre de rédemption de Christ et du souvenir que l’on en a. Mais les holocaustes « de tous ceux qui offraient une offrande volontaire à l’Éternel » émanaient d’initiatives personnelles, du désir d’apporter à Dieu un holocauste (Lév. 1). En type nous voyons dans ces sacrifices le résultat d’une occupation personnelle de la Personne et de l’œuvre du Seigneur à la croix. C’est pourquoi nous trouvons aussi dans ces sacrifices des étapes qui reflètent différents degrés de la croissance des croyants. Cependant que ce fût un taureau, un animal du menu bétail ou une colombe, dans tous les cas on faisait fumer entièrement l’animal offert en holocauste, et il était « un sacrifice par feu de bonne odeur à l’Éternel ». — Pareillement aujourd’hui, ce qui joue le rôle essentiel dans l’adoration n’est pas les différents stades de connaissance spirituelle, mais le désir de présenter au Père le Seigneur Jésus et Son œuvre, dans la conscience d’être parfaitement agréé en Lui. Voilà l’unique fondement de l’odeur agréable pour tous les sacrifices.


4.1.6 - Ch. 3:6

« Depuis le premier jour du septième mois ils commencèrent à offrir des holocaustes à l’Éternel ; mais les fondements du temple de l’Éternel n’étaient pas encore posés ».


Quand le septième mois s’approcha, les Juifs se rassemblèrent comme un seul homme à Jérusalem, pour rebâtir l’autel sur son ancien emplacement. Les holocaustes décrits au v. 3 à 5 furent donc offerts dès le premier jour de ce mois, comme ce verset le montre. Il n’est rien dit de tous les autres sacrifices qui étaient prescrits. L’holocauste est tout seul au centre. Il nous montre Christ dans Son parfait dévouement à la croix pour le bon plaisir de Dieu le Père (Éph. 5:2 ; 1 Pierre 2:5b). Quelle image merveilleuse donnent ces quelques Juifs rentrés au lieu que Dieu avait choisi pour Lui ! Leur seul désir était de Lui donner l’honneur et l’adoration dont Il est digne, et dont Il avait été si longtemps privé. À Babylone il n’y avait pas cet autel.

« Mais les fondements du temple de l’Éternel n’étaient pas encore posés ». Quand la place pour bâtir le temple fut montrée par Dieu à David, il dit : ‘C’est ici la maison de l’Éternel Dieu, et c’est ici l’autel pour l’holocauste d’Israël’ » (1 Chr. 22:1). Il plaçait la maison de Dieu avant l’autel, tandis que le résidu revenu mit la place de communion avec Dieu avant la place d’habitation. Cependant ce lieu d’habitation ne se fit pas attendre longtemps. Dès la deuxième partie de ce ch. 3 commence la construction du temple, et on en a la description jusqu’à la dédicace au ch. 6.

Nous nous rappelons que, du point de vue des types, nous avons ici devant nous la mise en pratique de la vie de foi. Le temple selon les conseils de Dieu, ne peut pas être détruit. Ce ne sont pas non plus les hommes qui s’occupent de le bâtir, mais c’est Lui-même et Christ, le Fils de Dieu (Matt. 16:18 ; Éph. 2:20, 21 ; 1 Pierre 2:5). Mais la construction de ce temple est aussi à considérer du point de vue de la responsabilité humaine. Sous cet aspect il peut être construit avec de bons ou de mauvais matériaux. Le temple peut même être corrompu (1 Cor. 3:12-17). Il y a donc une construction faite dans la conscience de la responsabilité : « que chacun considère comment il édifie dessus » (1 Cor. 3:10). C’est ce point de vue que nous avons ici devant nous.


4.2 - Ch. 3:7-9 — Commencement de la construction du temple

4.2.1 - Ch. 3:7

« Et ils donnèrent de l’argent aux tailleurs de pierres et aux charpentiers, et des vivres et des boissons et de l’huile aux Sidoniens et aux Tyriens, pour amener du Liban des bois de cèdre à la mer de Japho (ou Joppé), suivant l’autorisation qu’ils avaient de Cyrus, roi de Perse ».


Le commencement de la construction du temple a eu lieu après que l’autel ait été dressé sur son emplacement : ce fut la deuxième activité importante du résidu des Juifs revenus. Certes, il manquait l’arche de l’alliance, et avec elle la présence de Dieu en gloire, symbolisée par la nuée (Exode 40 ; 1 Rois 8:10, 11), mais la maison était et restait la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël.

Au v. 7 commencent les préparatifs pour la reconstruction du temple, la maison de Dieu. Il fut bâti sans doute comme l’autel sur son emplacement, le lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter Son nom (Deut. 12 ; 1 Chr. 21:26 ; 22:1). Il fallait d’abord se procurer les matériaux. Les pierres pouvaient être trouvées dans le voisinage immédiat comme des fouilles l’ont montré. Mais pour le bois de cèdre, il fallut faire venir des ouvriers de Sidon et de Tyr, comme ceux qui avaient déjà aidé Salomon. Le bois fut abattu dans la montagne du Liban, et transporté par bateaux sur la Méditerranée vers Japho (qui est aujourd’hui Jaffa). On fournit suffisamment de vivres à ces hommes. Ici, il ne s’agissait pas d’aides ni de contributions volontaires de la part de leurs concitoyens, mais il s’agissait de recourir aux hommes venant d’autres peuples. — De même que ces hommes furent rémunérés et alimentés selon l’ordonnance, aujourd’hui aussi il va de soi que tout service de gens du monde doit être payé de bon cœur et promptement — ne serait-ce qu’en raison du témoignage pour notre Seigneur.

Comme au début du livre d’Esdras, nous voyons la dépendance de ceux du petit résidu vis-à-vis de la puissance terrestre mondaine de Cyrus, malgré leur désir de répondre à la volonté de Dieu


4.2.2 - Ch. 3:8

« Et la seconde année de leur arrivée à la maison de Dieu à Jérusalem, au second mois, Zorobabel, fils de Shealthiel, et Jéshua, fils de Jotsadak, et le reste de leurs frères, les sacrificateurs et les lévites, et tous ceux qui étaient venus de la captivité à Jérusalem, commencèrent ; et ils établirent les lévites, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, pour surveiller l’œuvre de la maison de l’Éternel ».


Les préparatifs nécessitèrent plusieurs mois. Ce n’est qu’au « deuxième mois » de l’année suivante, c’est-à-dire plus de six mois après qu’ils soient « venus à la maison de Dieu à Jérusalem » et qu’ils aient dressé l’autel, qu’ils purent alors organiser sur place les travaux nécessaires à la construction du temple.

Qu’y avait-il à voir de cette « maison de Dieu à Jérusalem » ? Rien du tout. Tout n’était que décombres et cendres. Malgré cela il n’est pas question des ruines de la maison, mais la Parole parle ici quand même de la « maison de Dieu ». Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, cette expression met en relief l’importance de ce lieu, indépendamment de son état du moment. Comme à l’époque aucun autre lieu géographique ne fut envisagé pour « la maison de Dieu », pareillement aujourd’hui il n’y a pas d’autre possibilité de se rassembler selon l’Écriture, sinon au nom de notre Seigneur Jésus, c’est-à-dire en plein accord avec Sa volonté et Sa personne. Voilà aujourd’hui notre lieu de rassemblement.

Ici aussi, ce sont « Zorobabel, fils de Shealthiel, et Jéshua fils de Jotsadak » qui prennent la direction des affaires. Ils s’avèrent être de véritables conducteurs, des « modèles du troupeau » (1 Pierre 5:2, 3). Ils ne se placent pas au-dessus du peuple, mais ils considèrent les sacrificateurs et les lévites comme « le reste de leurs frères ». C’est un beau trait de caractère et d’humilité chez ces deux hommes si haut placés.

Mais le reste du peuple ne se tint pas en arrière. « Tous ceux qui étaient venus de la captivité à Jérusalem » répondirent à l’appel et se joignirent aux conducteurs et serviteurs de Dieu. Avec une grande unanimité, ils « établirent les lévites, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, pour surveiller l’œuvre de la maison de l’Éternel ». C’était une construction sainte où il y avait beaucoup de choses auxquelles il fallait faire attention. C’était « la maison de l’Éternel » et c’est pour cela qu’aucun laïc ne surveillait, mais seulement « des sacrificateurs et des lévites ». L’intelligence sacerdotale était alors nécessaire, et elle l’est encore aujourd’hui pour la construction de la maison de Dieu.

Selon le ch. 2 il y avait 4289 sacrificateurs. Certains d’entre eux, il est vrai, étaient exclus du service, parce qu’ils ne purent pas trouver l’état de leur registre généalogique. Par contre il n’y avait que 74 lévites présents. Dans le nombre total de 341 personnes, il y a les 128 chanteurs et 139 portiers. Lors de la sortie d’Égypte, la proportion entre sacrificateurs et lévites était complètement différente. Quelle était la cause de ce petit nombre de lévites revenus de Babylone ? Leur service était-il moins estimé que celui des sacrificateurs ? C’est bien à cause de ce petit nombre qu’« ils établirent les lévites, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, pour surveiller l’œuvre de la maison de l’Éternel ».

À l’origine (Nomb. 4:3, 22, 30) les lévites étaient enrôlés pour le service à partir de l’âge de 30 ans. Leur travail se poursuivait jusqu’à l’âge de 50 ans. Selon Nomb. 8:24, ils entraient cependant déjà à 25 ans dans le service. À cet âge ils commençaient une sorte d’instruction, de sorte qu’à 30 ans ils avaient acquis la maturité spirituelle requise pour le service, outre leurs capacités personnelles. Le temps de probation spirituelle est aussi important aujourd’hui pour tout service dans l’œuvre du Seigneur. Les diacres (« serviteurs ») dans le Nouveau Testament correspondent aux lévites. L’apôtre Paul écrit à Timothée à leur sujet : « que ceux-ci aussi soient premièrement mis à l’épreuve ; ensuite qu’ils servent, étant trouvés irréprochables » (1 Tim. 3:10 ; comparer Phil. 2:22).

Quand dans ses dernières paroles, David abaissa à 20 ans l’âge d’entrée dans le service pour les lévites pour le service du temple, il donna une explication compréhensible : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, a donné du repos à son peuple, et il demeurera à Jérusalem pour toujours ; et les lévites aussi n’auront plus à porter le tabernacle, ni tous les ustensiles pour son service » (1 Chr. 23:25, 26). Dans le pays de Canaan, où Dieu voulait accorder du repos à Son peuple, le service était moins dur qu’auparavant dans le désert. C’est pourquoi les lévites pouvaient commencer plus jeunes. Malgré la situation difficile du peuple au temps de Zorobabel, le nombre restreint de lévites était une raison essentielle pour maintenir à 20 ans l’âge minimum d’entrée dans le service, bien que la tâche de « surveiller l’œuvre de la maison de l’Éternel » comportât une haute responsabilité.


4.2.3 - Ch. 3:9

« Alors Jéshua et ses fils et ses frères, Kadmiel et ses fils, les fils de Juda, se tinrent là comme un seul homme pour surveiller ceux qui faisaient l’ouvrage dans la maison de Dieu, et aussi les fils de Hénadad, leurs fils et leurs frères, les lévites ».


Les lévites passent maintenant au premier plan. Jéshua et Kadmiel, déjà nommés en 2:40, sont en tête « pour surveiller ceux qui faisaient l’ouvrage dans la maison de Dieu ». Les « fils de Hénadad » se joignent à eux ; ils réapparaitront plus tard pour la construction de la muraille (Néh. 3:18, 24). Nous retrouvons ici pour la deuxième fois l’unité d’esprit qui est une condition si importante pour le succès de toute œuvre pour le Seigneur (3:1). Ici tous étaient animés du désir de relever l’habitation de Dieu au milieu de Son peuple afin qu’Il puisse de nouveau être honoré et adoré selon Sa volonté (même si, du point de vue historique, la gloire de Dieu n’est jamais revenue dans le lieu très saint ; cela n’aura lieu que dans le règne millénaire ; voir Éz. 9:3 ; 10:3, 19 ; 11:23 ; 43:1-4). L’unité de cœur et d’esprit provenait de ce que tous n’avaient qu’un seul et même but devant les yeux, et qu’ils se mettaient à l’œuvre avec le même zèle.

En même temps les paroles « pour surveiller ceux qui faisaient l’ouvrage dans la maison de Dieu » rappellent le fait déjà effleuré qui nous est présenté en 1 Corinthiens 3:9-17 :


« Car nous sommes collaborateurs de Dieu ; vous êtes le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu. Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, comme un sage architecte, j’ai posé le fondement, et un autre édifie dessus ; mais que chacun considère comment il édifie dessus. Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ. Or si quelqu’un édifie sur ce fondement de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera connaître, parce qu’il est révélé en feu ; et quel est l’ouvrage de chacun, le feu l’éprouvera. Si l’ouvrage de quelqu’un qu’il aura édifié dessus demeure, il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé, il en éprouvera une perte, mais lui-même, il sera sauvé, toutefois comme à travers le feu. Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes » (1 Corinthiens 3:9-17).


Ici nous voyons l’Assemblée de Dieu et sa construction sur la terre, confiées à des ouvriers humains et à leur responsabilité. Le fondement est établi par le Seigneur Jésus Lui-même comme Il l’a annoncé en Matt. 16:18 : « sur ce roc je bâtirai mon assemblée ». Dans la ville de Corinthe, l’apôtre Paul a posé le fondement pour l’assemblée locale comme un sage architecte au moyen de l’annonce de l’évangile. Ce fondement est, en soi et pour soi, inébranlable. Mais après son départ de Corinthe, d’autres ont continué à bâtir. Les uns ont bâti avec des matériaux nobles comme l’or, l’argent et les pierres précieuses, qui nous parlent en figure de la nature de Dieu, et qui tiennent le coup à la lumière du tribunal de Christ. D’autres ont voulu bâtir avec des méthodes et des matériaux passagers et terrestres qui n’offrent aucune résistance au feu de la sainteté divine. Dans le premier cas, une récompense est attribuée, mais pas dans le second, même si les personnes agissantes sont sauvées comme à travers le feu. Or celui qui corrompt le saint temple de Dieu, l’assemblée, il n’y a pas de grâce pour lui, — il est perdu éternellement.

Veiller à tout cela dans l’obéissance et l’amour pour Christ, était une grande préoccupation de l’apôtre Paul. C’est de cette manière qu’il surveillait ceux qui construisaient avec lui. Aujourd’hui aussi cette surveillance est indispensable (Actes 20:28 ; 1 Pierre 5:2).


4.3 - Ch. 3:10-13 — La pose des fondements du temple

4.3.1 - Ch. 3:10

« Et lorsque ceux qui bâtissaient posèrent les fondements du temple de l’Éternel, on fit assister les sacrificateurs revêtus de leurs robes, avec des trompettes, et les lévites, fils d’Asaph, avec des cymbales, pour louer l’Éternel, selon les directions de David, roi d’Israël ».


La place du temple avait été déserte durant des dizaines d’années. La reconstruction est une figure du retour au lieu de rassemblement qui a été opéré par l’Esprit de Dieu il y a près de 200 ans. Mais nous pouvons aussi appliquer l’image à la naissance d’un témoignage de l’assemblée dans une nouvelle localité. Considéré personnellement, tout croyant qui a trouvé le lieu de rassemblement selon la pensée de Dieu, peut s’appliquer ces circonstances à lui-même.

Dans la conscience de la haute importance du moment, les sacrificateurs assistèrent devant Dieu « revêtus de leurs robes ». On ne peut pas aborder ici la signification de tous les détails de l’habillement des sacrificateurs. Il suffit de dire que ces habits sont une figure de ce que le croyant peut s’approcher de Dieu dans la pleine certitude de la foi, dans la conscience de sa position parfaite devant Dieu et de sa pleine liberté devant Dieu, et il peut même entrer jusque dans le sanctuaire (Héb. 10:19 et suiv.). L’œuvre précieuse de Christ est le fondement pour que nous puissions entrer dans la sainte présence de Dieu.

Les sacrificateurs ne se tenaient pas seulement dans leurs vêtements « pour gloire et pour ornement » (Exode 28:2, 40), mais aussi avec des trompettes. Sans doute c’était les trompettes d’argent que Moïse avait fabriquées sur ordre de Dieu (Nomb. 10:1-10). Il revenait aux sacrificateurs de sonner de ces trompettes dans différentes occasions et de différentes manières ; ces trompettes sont une figure du témoignage de la Parole de Dieu adressé aux rachetés. Une occasion particulière de sonner les trompettes se trouvait ce jour-là : « Et dans vos jours de joie, et dans vos jours solennels, et au commencement de vos mois, vous sonnerez des trompettes sur vos holocaustes, et sur vos sacrifices de prospérités, et elles seront un mémorial pour vous devant Dieu. Moi, je suis l’Éternel, votre Dieu » (Nomb. 10:10).

Ainsi les sacrificateurs se tenaient devant Dieu avec les trompettes, et les lévites avec les cymbales, — Lui dont l’habitation devait être de nouveau dressée sur son ancien emplacement. Tandis que pour les sacrifices ils se référaient à la loi de Moïse, homme de Dieu, maintenant ils se référaient aux directives de David, homme selon le cœur de Dieu, qui avait été le premier à introduire le chant de louanges dans la maison de Dieu. Il était bien « l’oint du Dieu de Jacob, et le doux psalmiste d’Israël » (2 Sam. 23:1 ; comparer 1 Chr. 16, spécialement 16:7). David était aussi celui qui avait introduit pour le temple encore à venir un service régulier de musique et de chants sous la direction d’Asaph (1 Chr. 25). C’est à ces directives de David qu’on se rapportait maintenant pour que l’adoration soit apportée à Dieu d’une manière digne pour ce temps-là. Cela appartenait aux « lévites, fils d’Asaph, avec des cymbales, pour louer l’Éternel ».

Si aujourd’hui on n’immole pas des sacrifices d’animaux au sens littéral, on ne peut pas non plus transposer la musique instrumentale dans notre adoration en esprit et en vérité. La loi de Sinaï contenait « des ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement [c’est-à-dire jusqu’à la venue de Christ] » (Héb. 9:10). Le sanctuaire de Dieu sur la terre est qualifié de sanctuaire « terrestre » (Héb. 9:1). C’est dans ce contexte qu’il faut aussi juger la musique du temple qu’on affuble souvent du qualificatif d’exemple.

La vraie adoration chrétienne « en esprit et en vérité » ne se fait ni avec des sacrifices d’animaux, ni avec des instruments de musique, pas même à titre d’accompagnement. Une trompette ou un orgue ne peuvent pas produire de l’adoration spirituelle. Les instruments peuvent continuer à jouer même si personne ne chante avec. Ils ne sont ni en esprit, ni en vérité.

Quand nous, les rachetés, apportons à notre Dieu et Père l’adoration en esprit et en vérité par Christ, alors c’est « un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15), et ce sont « des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5). Cela ne peut avoir lieu que dans une atmosphère tranquille et spirituelle sous la direction du Saint Esprit. Si nous chantons des cantiques comme expression commune de l’adoration, alors nous le faisons par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels du Nouveau Testament, « chantant et psalmodiant de notre cœur au Seigneur » (Éph. 5:19 ; Col. 3:16). Ce sont les cœurs qui sont, pour ainsi dire, les instruments ; ce ne sont pas les belles voix ! Les croyants comme David le comprenaient aussi, selon ce que montre le Psaume 138:1 : « Je te célébrerai de tout mon cœur ; je chanterai tes louanges devant les dieux ».


4.3.2 - Ch. 3:11

« Et ils s’entre-répondaient en louant et en célébrant l’Éternel : Car il est bon, car sa bonté envers Israël demeure à toujours. Et tout le peuple poussa de grands cris, en louant l’Éternel, parce qu’on posait les fondements de la maison de l’Éternel ».


Pendant les 40 ans de la traversée du désert par le peuple d’Israël, on ne trouve que deux cantiques de louanges : le cantique des rachetés après la sortie d’Égypte et la traversée de la mer Rouge, et le cantique de la délivrance à la fin du voyage, après la leçon du serpent d’airain (Exode 15 ; Nomb. 21). Entre temps il y a eu beaucoup de murmures contre Dieu et contre Ses serviteurs. C’est pour la même raison, parce que nous aussi sommes parfois enclins plutôt à murmurer qu’à louer, que dans le Nouveau Testament nous sommes invités à adorer : « Offrons donc, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15). Le danger est toujours présent de s’occuper davantage de nous-mêmes que de Christ et de notre Dieu et Père, à qui revient toute adoration !

Après de longues dizaines d’années d’interruption, un chant joyeux de louange et d’actions de grâce fut de nouveau entonné à Jérusalem. Dans son premier cantique d’action de grâces, quand il ramenait l’arche de l’alliance à Jérusalem, David avait déjà fait chanter par Asaph les paroles « Car il est bon, car sa bonté envers Israël demeure à toujours » (1 Chr. 16:34). Depuis elles restent comme un refrain sur l’histoire du peuple d’Israël. La louange fut de nouveau entonnée par Salomon lors de la dédicace du temple (cela est mentionné en tout trois fois : 2 Chr. 5:13 ; 7:3, 6) et plus tard encore une fois sous Josaphat (2 Chr. 20:21). En outre c’est aussi un sujet dans différents Psaumes. Même chaque verset du Psaume 136 se termine par le refrain : « Car sa bonté demeure à toujours ! ». C’est Dieu Libérateur et Sauveur d’Israël dans le passé. En Jérémie 33:11, le dernier passage avec ces paroles de louange, Dieu est loué pour Son salut dans l’avenir : « Célébrez l’Éternel des armées, car l’Éternel est bon, car sa bonté demeure à toujours !… Car je délivrerai le pays de sa captivité, et je le rétablirai comme il était au commencement, dit l’Éternel ».

Dans le livre d’Esdras, les paroles se distinguent de tous les autres cas sur un point. Ici seulement il est ajouté : « envers Israël » [‘car sa bonté envers Israël demeure à toujours’]. Or c’est justement le moment où le peuple de Dieu est en grande partie en captivité ou est dispersé, et que seul un petit résidu se trouve dans le pays ! Mais ce petit nombre de Juifs fidèles a tout le peuple d’Israël dans son cœur, et c’est pourquoi, dans son obéissance et sa confiance, ce petit résidu est le vrai représentant de l’ensemble du peuple aux yeux de Dieu (2:70).

Comme Jérémie, nous aussi pouvons dire au vu de la bonté de notre Dieu et Père : « Ce sont les bontés de l’Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas » (Lam. 3:22). Ce n’est vraiment pas à cause de notre mérite qu’il y a encore aujourd’hui un petit témoignage à la vérité d’une assemblée de Dieu sur la terre. Mais grâces soient rendues pour cela seulement et uniquement à notre Dieu et Père en Christ !


4.3.3 - Ch. 3:12

« Et beaucoup d’entre les sacrificateurs, et d’entre les lévites, et d’entre les chefs des pères, les vieillards qui avaient vu la première maison, pleuraient à haute voix lorsque les fondements de cette maison furent posés devant leurs yeux, et beaucoup poussaient des cris de joie, en élevant leur voix ».


Le temple à Jérusalem a été détruit vers 586 av. J.C., c’est-à-dire environ 50 ans avant la nouvelle pose des fondements. Les Juifs les plus âgés d’entre ceux qui étaient revenus pouvaient donc tout à fait avoir vu « la première maison », le temple de Salomon dans tout son éclat. Ils pleuraient à haute voix quand ils comparaient la gloire passée avec le petit nombre de ceux qui étaient revenus, leurs circonstances misérables et les conditions modestes pourla pose du fondement de cette maison. Les autres au contraire poussaient des cris de joie de pouvoir vivre ce nouveau commencement. Les deux attitudes sont compréhensibles et plaisaient à l’Éternel, parce que les deux témoignaient de ce que les cœurs étaient occupés de Son honneur.

Quelque chose de semblable a lieu avec le résidu croyant dans la chrétienté d’aujourd’hui. Si nous pensons au commencement de l’assemblée de Dieu (Actes 2 et 4), nous comprenons les pleurs des vieux Juifs. Celui qui, au cours de sa vie de foi, n’a encore jamais pleuré sur le triste état de l’assemblée de Dieu aujourd’hui, est insensible et n’a aucune appréciation des pensées de Dieu inscrites dans Sa Parole. Mais quiconque est encore jeune dans la foi et n’a pas connu l’état glorieux du commencement de l’assemblée, il peut se réjouir de ce qu’il voit de bien aujourd’hui. Nous ne voulons pas nier, mais être reconnaissants de ce que le Seigneur, dans le temps présent, accorde encore des occasions de se réjouir et de rendre grâces. Dans cette mesure la tristesse et la joie peuvent coexister au même moment et chez les mêmes personnes.

C’était un « jour de petites choses », comme le prophète Zacharie a écrit quelques années plus tard : « Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison, et ses mains l’achèveront ; et tu sauras que l’Éternel des armées m’a envoyé vers vous. Car qui a méprisé le jour des petites choses ? » (Zach. 4:8-10). Même si la force est restreinte et si l’hostilité du dehors est grande, ce commencement doit être mené à bonne fin.

Les hommes ne voyaient que ce faible renouveau, mais Dieu donna à Ses prophètes un aperçu de l’avenir lointain — jusqu’à l’apparition du Messie qui, à la « consommation du siècle », viendra encore une fois vers Son peuple alors converti, comme un nouveau résidu (Matt. 13:49 ; 24:3 ; Rom. 9:27).


4.3.4 - Ch. 3:13

« Et le peuple ne pouvait distinguer entre le bruit des cris de joie et la voix du peuple qui pleurait ; car le peuple poussait de grands cris, et le bruit s’entendait au loin ».


Si les hommes sur la terre « ne pouvaient pas distinguer entre le bruit des cris de joie et la voix du peuple qui pleurait », il y en avait pourtant Un qui était en état de faire cette distinction. Dieu qui est seul à connaître le cœur des fils des hommes, voit tout ce qui se passe dedans, et Il l’apprécie en perfection. Aujourd’hui aussi Il voit l’affliction de ceux qui voudraient répondre pour Lui et pour Son assemblée. Il voit la joie dans les cœurs de ceux qui s’occupent des Siens quand ils voient ce qui L’honore Lui, par exemple à l’occasion d’un demi-tour chez des croyants individuels ayant pris jusque-là un mauvais chemin. Mais Il voit aussi l’indifférence et le laisser-aller dans beaucoup de cœurs aujourd’hui qui sont devenus tièdes, ni chauds, ni froids.

Le bruit qui s’entendait au loin, provenait des cris de joie du peuple comme les versets 11b à 13 le montrent, si on les regarde de près. La masse du peuple poussait des cris de joie très fort, tandis qu’un petit nombre de sacrificateurs, de lévites et d’anciens pleuraient à haute voix en comparant la gloire d’autrefois du temple de Salomon avec l’état présent de faiblesse du résidu. Mais les pleurs des quelques-uns n’atteignaient pas la force des cris de joie qui parvenaient dans le lointain. — Cela nous parle aussi aujourd’hui. Notre témoignage clair et net devant le monde peut être caractérisé par la joie au sujet de notre Sauveur et Seigneur. Mais dans la tranquillité, nous devons aussi pleurer sur tout ce qui n’est pas à l’honneur du Seigneur dans Sa maison.


5 - Ch. 4 : Opposition des ennemis et interruption de la construction du temple

5.1 - Ch. 4:1 — Les ennemis camouflés

À la différence des chapitres précédents, le ch. 4 ne comprend pas beaucoup de choses positives ou réjouissantes. On a ici la description de l’opposition acharnée des habitants de la région de Samarie. Ils habitaient à l’intérieur des frontières du pays promis, et s’étaient adaptés extérieurement aux usages du peuple de Dieu, mais ils étaient restés idolâtres (voir ci-après l’explication sur « les Samaritains »). C’est bien pour cela qu’ils cherchèrent par tous les moyens à contrecarrer le plan de reconstruction du temple à Jérusalem. Ils y réussirent temporairement. Cependant l’œuvre de Dieu reprit ensuite son cours. L’ennemi peut chercher à la perturber, mais il ne peut pas l’anéantir. Grâces en soit rendue à Dieu !


5.1.1 - Ch. 4:1

« Et les ennemis de Juda et de Benjamin entendirent que les fils de la transportation bâtissaient le temple de l’Éternel, le Dieu d’Israël »


« Juda et Benjamin » étaient les deux tribus restées fidèles à Dieu lors du schisme du royaume sous Jéroboam et Roboam. En 606-586 av. J. C. ils furent emmenés en captivité à Babylone alors que les dix tribus infidèles avaient déjà été transportées en captivité en Assyrie en 721 av. J.C. Cependant tandis que ces dernières ont disparu jusqu’à aujourd’hui, les deux tribus purent rentrer en Canaan en 538 av. J.C. comme nous l’avons lu en Esdras 1:5. Ce ne fut qu’un petit résidu de 42360 personnes qui se mirent en route pour aller dans le pays promis, le pays de leurs pères (2:64). Ils étaient « les fils de la transportation », une expression qui traduit tout leur opprobre et leur humiliation. En même temps il est très encourageant de voir que cette désignation qui n’apparait que dans ce livre (7 fois), est toujours mentionnée en liaison avec une activité à l’honneur de Dieu (6:16, 19, 20 ; 8:35 ; 10:7, 16).

Cela doit toucher nos cœurs que ces « fils de la transportation bâtissaient le temple de l’Éternel, le Dieu d’Israël ». Ils ne se voyaient pas seulement eux-mêmes, comme un petit résidu fidèle du peuple terrestre de Dieu, mais ils avaient devant leurs yeux et dans leur cœur tout le peuple d’Israël, et Dieu comme le Dieu de tout le peuple. C’est pourquoi le temple qu’ils érigeaient pour l’Éternel, le Dieu d’Israël, ne pouvait pas être valable seulement pour eux. Le temple était la maison de Dieu pour la totalité du peuple. Car Jérusalem était le lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter son nom (1 Rois 11:36). — Aujourd’hui aussi il n’y a qu’une seule maison de Dieu, et qu’un seul corps de Christ, l’Assemblée, à laquelle appartient tout enfant de Dieu racheté ; aujourd’hui également la place à la table du Seigneur est dans son principe ouverte à tout membre du corps de Christ. De même qu’à l’époque le service dans le temple était effectué en accord avec la loi, ainsi aussi aujourd’hui quiconque a le désir d’accomplir la volonté du Seigneur et de prendre part à la fraction du pain, doit le faire en accord avec les saintes exigences du Seigneur que nous trouvons dans sa Parole. Une exigence importante est de reconnaître l’unité du corps de Christ, et en même temps la séparation d’avec le monde et d’avec tout service de Dieu (culte) issu de la propre volonté.

Le petit résidu revenu avait à peine posé la pierre de fondement pour reconstruire le temple à Jérusalem, que déjà l’opposition des « ennemis » se manifesta. Il est remarquable à cette occasion qu’ils ne sont pas nommés « ennemis d’Israël », mais « ennemis de Juda et de Benjamin ». Ces deux tribus étaient maintenant les seuls représentants du peuple de Dieu.


5.1.2 - Les Samaritains

Au v. 4, ces « ennemis » sont appelés « le peuple du pays ». Ils étaient les descendants des peuples qui furent installés en Samarie en provenance de divers pays après la transportation des dix tribus vers l’Assyrie en 721 av. J.C. (4:10) ; ils étaient eux aussi des déportés de leurs patries respectives. Leur origine est décrite en 2 Rois 17:24-41 où on a la mention de gens provenant de Babylone, de Cuth, de Avva, de Hamath et de Sepharvaïm ; ici d’autres peuples et d’autres villes sont encore mentionnés (4:9). Il ressort des v. 2 et 10, que les déportations n’eurent pas lieu seulement au temps de Shalmanéser V (5) (727-722 av. J.C.), Sargon II (722-705 av. J.C.) et Sankhérib (704-681 av. J.C.), mais aussi sous les rois Assyriens plus tardifs Ésar-Haddon (680-669 av. J.C.) et Osnappar (669-631 av. J.C.). Du fait que ces déportés étaient idolâtres en raison de leur origine, ils continuèrent leur culte d’idoles dans le pays de Canaan, et furent disciplinés par Dieu. Là-dessus un sacrificateur israélite fut envoyé d’Assyrie en Canaan pour rapprocher ces gens du vrai Dieu. C’est par-là qu’ils furent amenés à la loi (les cinq livres de Moïse). Ils s’érigèrent un sanctuaire à eux sur le mont Garizim (Jean 4:20). Du fait que ces populations furent transportées dans la partie Nord du pays (Samarie), on les nomma plus tard « Samaritains », comme nous le savons par le Nouveau Testament. Certains de leurs descendants existent encore aujourd’hui à Naplouse (Sichem). Ils ne reconnaissent que les cinq livres de Moïse (dans une tradition qui leur est propre) comme Sainte Écriture normative, et ils sont considérés comme étrangers par les Juifs jusqu’à aujourd’hui.

Ces gens sont caractérisés de la manière suivante en 2 Rois 17:41 : « Et ces nations-là craignaient l’Éternel, et servaient leurs images (taillées) ; leurs fils aussi, et les fils de leurs fils, font jusqu’à ce jour comme leurs pères ont fait ». Ils sont une figure des personnes qui se trouvent à l’intérieur de la chrétienté, c’est-à-dire sur le lieu de la bénédiction, sans cependant appartenir réellement au peuple de Dieu, au corps de Christ. De telles personnes ont une forme de la piété, mais en ont renié la vraie puissance (2 Tim. 3:5).

Le Saint Esprit est l’Esprit de vérité, et même Il est la vérité elle-même (Jean 15:26 ; 1 Jean 5:6). C’est pour cela qu’Il nomme les choses et les personnes par leur nom : « les ennemis de Juda et Benjamin ». L’Esprit montre ici immédiatement le caractère de ces gens, car ils peuvent se déguiser et ne pas apparaître comme tels au premier coup d’œil des croyants. Il est aussi remarquable qu’ils ne sont pas nommés « ennemis d’Israël ». Leur inimitié ne se dirige pas contre la masse du peuple de Dieu devenu infidèle, et dont la plus grande partie n’est même pas dans le pays d’Israël, mais seulement contre les quelques fidèles des deux tribus de Juda et Benjamin qui s’apprêtaient à rétablir la maison de l’Éternel sur son emplacement. — Il en est de même aujourd’hui. Le monde ne hait pas les nombreux chrétiens de nom dans la chrétienté, mais le but de leurs attaques sont les croyants fidèles qui, par amour pour le Seigneur, voient dans la Parole de Dieu l’autorité suprême. Pareillement les attaques de Satan ne se dirigent guère vers les croyants à l’esprit mondain, mais contre ceux qui, au milieu des ténèbres de ce monde, rendent un témoignage clair et joyeux à leur Sauveur. Cependant à l’époque comme aujourd’hui, le Seigneur ne délaisse pas les Siens !


5.2 - Ch. 4:2-5 — Différentes tactiques

5.2.1 - Ch. 4:2

« Et ils s’approchèrent de Zorobabel et des chefs des pères, et leur dirent : Nous voulons bâtir [JND en français : nous bâtirons] avec vous, car nous recherchons votre Dieu, comme vous, et nous lui offrons des sacrifices depuis les jours d’Ésar-Haddon, roi d’Assyrie, qui nous a fait monter ici ».


Après le retour du résidu, ces Samaritains craignaient de perdre les privilèges qu’ils avaient acquis entre temps, si le peuple de Dieu s’installait de nouveau dans le pays. Les ennemis commencèrent par approcher Zorobabel (le gouverneur des Juifs mis en place par les Perses), et les « chefs des pères », c’est-à-dire les anciens. Zorobabel était issu de la maison royale de David (1 Chr. 3:15-19). Jéshua, le grand sacrificateur, n’est pas mentionné ici [il l’est au v. 3], et cela est très caractéristique. Du fait que le retour et la mission de bâtir le temple avaient été autorisés par le roi Cyrus, les opposants ne pouvaient pas manifester ouvertement leur inimitié. Aussi dans un premier temps, ils cherchèrent à agir avec ruse et flatterie. Ils offrirent aux Juifs de coopérer. La raison qu’ils donnèrent fut qu’ils recherchaient le même Dieu et Lui offraient des sacrifices. Ceci ne correspondait cependant pas aux faits, car nous avons vu « que ces nations-là craignaient l’Éternel, et servaient [en même temps] leurs images (taillées) » (2 Rois 17:41). À leur ruse ils ajoutaient le manque de droiture, le mensonge.

Observons en outre que les Samaritains ne demandèrent pas s’ils pouvaient aider ou soutenir. Ils dirent plutôt : « Nous voulons bâtir avec vous ». Ils se présentaient comme s’ils avaient les mêmes principes et les mêmes droits que les Juifs. Ils y ajoutent une effronterie éhontée.

À première vue ces prétentions pouvaient paraître positives. Mais des ennemis du peuple de Dieu peuvent-ils aider à faire quelque chose à l’honneur de Dieu ? Extérieurement ils pouvaient avoir bien des points communs avec les Juifs, mais en réalité ils étaient restés des idolâtres qui ne servaient Dieu que formellement. Ils espéraient pouvoir exercer une influence négative sur les Juifs et sur leur travail, par le moyen d’un travail en commun. Le mélange du bien et du mal, de la vérité et de l’erreur, de l’obéissance et de la propre volonté, est depuis toujours une technique du diable. Nous avons encore aujourd’hui à veiller à nous en garder. La lumière et les ténèbres n’ont pas de communion entre elles (2 Cor. 6:14). C’est valable même quand le mal prend un caractère religieux, comme ici.

Les Samaritains appellent le vrai Dieu « votre Dieu », ce qu’on peut considérer comme une indication qu’eux-mêmes n’avaient aucune relation de foi avec Lui. Extérieurement ils parlaient de « chercher » Dieu, non pas de Le « servir », même s’ils mentionnent qu’ils offraient des sacrifices (apparemment selon la loi). Jusqu’à aujourd’hui les Samaritains s’en tiennent au Pentateuque, les cinq livres de Moïse.

Il semblerait comme si non seulement l’envoi du sacrificateur israélite avait réussi, mais aussi la transportation de ces gens au temps d’Ésar-Haddon (680-669 av. J.C.). Ésar-Haddon était le fils et le successeur de Sankhérib (794-681 av. J.C. ; 2 Rois 19:37), qui avait déporté les dix tribus en Assyrie. Les Assyriens appliquaient donc de génération en génération une politique régulière de permutation des populations (4:10). Par cela les nations assujetties étaient entièrement déracinées et rendues dociles.


5.2.2 - Ch. 4:3

« Et Zorobabel, et Jéshua, et le reste des chefs des pères d’Israël, leur dirent : Vous n’avez pas affaire avec nous pour bâtir une maison à notre Dieu, mais nous seuls, nous bâtirons à l’Éternel, le Dieu d’Israël, comme nous l’a commandé le roi Cyrus, roi de Perse ».


Zorobabel, le gouverneur des Juifs, agit de manière très sage. Bien qu’il fût le seul à avoir été contacté, il ne réagit pas seul et de sa propre autorité, mais il se joignit le concours du grand sacrificateur Jéshua. En cela il prenait à cœur l’enseignement de la Parole de Dieu : « Car les lèvres du sacrificateur gardent la connaissance, et c’est de sa bouche qu’on recherche la loi, car il est le messager de l’Éternel des armées » (Mal. 2:7 ; comparer Deut. 17:9, 10). Tous les deux « Zorobabel et Jéshua », aussi bien que « le reste des chefs des pères » purent détecter immédiatement la ruse des ennemis. Ils étaient les représentants responsables du peuple de Dieu sur la terre, ils connaissaient l’Éternel comme leur Dieu et ils avaient seuls la mission de reconstruire Son temple détruit par les ennemis. Certes, ils devaient admettre qu’ils ne pouvaient suivre cette mission divine qu’avec l’autorisation et l’aide du « roi Cyrus, roi de Perse ». En tant qu’assujettis, ils étaient sous la domination des Perses, le deuxième des quatre empires prophétiques.

Encore aujourd’hui, des gens peuvent s’avancer revêtus d’un manteau chrétien, sans croire réellement au Sauveur Jésus Christ ; il est impossible de collaborer pour faire l’œuvre du Seigneur. Certes, cela arrive souvent, mais le résultat ne peut être ni une vraie évangélisation, ni une vraie promotion de la vie de foi. C’est pourquoi aujourd’hui est encore valable le même principe qu’ont suivi les conducteurs du résidu revenu. Il ne peut pas y avoir de travail en commun dans le domaine spirituel entre des vrais croyants et des collaborateurs incroyants si l’on veut préserver de tout dommage l’œuvre du Seigneur.


5.2.3 - Ch. 4:4

« Alors le peuple du pays rendit lâches les mains du peuple de Juda ; et ils leur firent peur de bâtir ».


Immédiatement après ce refus clair et net des conducteurs Juifs, se révéla le vrai caractère de ceux qui voulaient offrir leur collaboration, si amicale au premier abord. La seconde phase de leur tactique n’est pas encore une opposition ouverte. Ils cherchent d’abord à empêcher le travail de construction du temple par des activités décourageantes (très vraisemblablement par des conversations à but négatif) et ils cherchent « à rendre lâches les mains du peuple de Juda ». Du fait que les conducteurs du résidu tenaient fermes et répondaient clairement, il fallut que l’attaque par la ruse se focalise sur l’ensemble du petit peuple de retour.

Combien de dommages sont encore aujourd’hui causés à l’œuvre du Seigneur par ce qu’on présente un travail comme inutile ou nuisible ! Combien il est fréquent d’entendre des avis selon lesquels telle ou telle œuvre serait plutôt source de division que d’union, bien qu’elle ait été faite à l’honneur du Seigneur. N’oublions pas que toute activité faite dans l’obéissance à Sa Parole et pour Son honneur, est une pierre d’achoppement pour ceux qui n’ont que des intérêts terrestres ou mondains, même s’ils se nomment chrétiens. Dans tout service fidèle pour le Seigneur, il se révèle la différence entre le pur et l’impur, entre ce qui est saint et ce qui est profane (Lév. 10:10 ; Éz. 44:23). C’est justement ce qui parle aux consciences endurcies de telles personnes, et justement ce qui ne leur est pas agréable. Et cela fomente beaucoup de critiques destructrices contre les chrétiens qui cherchent l’honneur du Seigneur. Et bien des chrétiens faibles en foi se laissent influencer négativement par de telles critiques rusées.

Les Samaritains firent cependant un pas de plus. Ils cherchèrent dans une troisième phase à « faire peur de bâtir ». Ils ne se contentèrent pas de décourager la petite troupe de constructeurs du temple, mais ils voulurent les détourner de cette activité. Il ne nous est pas dit par quel moyen ils firent peur. Il semble que l’ennemi cherchait avant tout à provoquer une succession de faiblesses et de découragements.

Quelqu’un qui n’a pas de courage prend plus facilement peur au sujet d’une tâche, que quelqu’un qui a une foi ferme en Dieu, et qui met sa confiance en Lui et non pas en soi ou dans les autres. Celui qui est spirituellement faible se fait plus facilement influencer par les circonstances que celui qui est fort. Mais les Juifs ne se laissèrent pas faire peur et continuèrent à bâtir.


5.2.4 - Ch. 4:5

« Et ils soudoyèrent contre eux des conseillers pour faire échouer leur plan, durant tous les jours de Cyrus, roi de Perse, et jusqu’au règne de Darius, roi de Perse ».


Tout échoua, aussi bien les prétentions de l’ennemi à avoir droit à collaborer à la construction du temple, que ses efforts de rendre lâches les mains des bâtisseurs, puis de faire peur de bâtir. Le résidu de Juda avait pu résister à ces efforts avec l’aide de Dieu. Maintenant arrive une quatrième tentative de s’opposer à la poursuite du travail. De faux « conseillers » doivent « faire échouer le plan » de reconstruire le temple de Dieu. Vraisemblablement il s’agit là de tentatives de paralyser le travail par voie juridique. Ces efforts autant rusés qu’agressifs durèrent tout le temps de Cyrus (559-529 av. J.C.) jusqu’à la deuxième année du roi Darius (522-485 av. J.C.), c’est-à-dire environ 15 ans (4:24) (*). Ce fut un temps long durant lequel la construction de la maison de Dieu fut empêchée.


(*) La construction du temple commença la deuxième année après le retour du résidu à Jérusalem, c’est-à-dire en 536 av. J.C.


Aussi différents qu’aient pu être les groupes particuliers de « peuples du pays », ils étaient unis sur un point : la reconstruction du temple à Jérusalem par le résidu du peuple de Dieu devait être empêchée par tous les moyens.

Partout où le Saint Esprit est actif pour bâtir la maison de Dieu, l’Assemblée, par le moyen de serviteurs du Seigneur, il y a aussi des opposants qui cherchent à contrecarrer. De même l’apôtre Paul écrivait une fois : « une porte grande et efficace m’est ouverte, et il y a beaucoup d’adversaires » (1 Cor. 16:9). Dans le livre des Actes, nous lisons d’une servante païenne qui annonçait aux gens que « Paul et Silas étaient serviteurs du Dieu Très-haut qui vous annoncent la voie du salut » — mais elle faisait cela sous l’influence d’un démon (Actes 16:17). Quelques chapitres plus loin, ce sont sept fils, manifestement incroyants, d’un grand sacrificateur Juif nommé Scéva, qui chassaient les mauvais esprits en invoquant le nom de Jésus (Actes 19:13 et suiv.). Telle fut l’opposition au début de l’assemblée, et telle elle est encore aujourd’hui, où de nouveau un « résidu » de l’assemblée de Dieu cherche à réaliser Ses pensées en accord avec Sa Parole.

Il y a aujourd’hui des publications dans lesquelles sont spécifiquement attaquées des parties de vérité remises en lumière au 19ième siècle. La certitude du salut, la venue du Seigneur pour enlever les croyants avant la grande tribulation et l’unité visible de l’assemblée, sont constamment posées comme de faux enseignements. Le Seigneur seul sait combien de mains ont été rendues lâches par ce moyen et ont pris peur de construire la maison de Dieu selon l’Écriture,.


5.3 - Les rois Assuérus et Artaxerxès en Esdras 4:6, 7: de qui s’agit-il ?

Selon un point de vue largement répandu, les versets suivants 6 à 23 (4:6 à 4:23) sont une insertion rajoutée ultérieurement au temps de Néhémie. Du fait que, dans la lettre des ennemis aux v. 12 à 13, il est question de construire la ville de Jérusalem et ses murailles, on a prétendu que les rois Assuérus (v. 6 ; Ahasveros) et Artaxerxès (v. 7 ; Artasasta) ne pouvaient être que les rois du même nom ayant vécu au 5ième siècle. Un Assuérus apparait bien au livre d’Esther, mais pas dans le livre de Néhémie. Il s’agit du roi de Perse connu dans l’histoire comme Xerxès I (485-464 av. J.C.). Le roi Artaxerxès qui a régné après lui (Artaxerxès I ; 464-424 av. J.C.), est mentionné aussi bien dans le livre d’Esdras (7:1 etc.) que dans celui de Néhémie (2:1 etc.). Mais ces rois ne sont pas ceux dont parle la section qui est devant nous.

Cette explication est l’occasion d’attirer l’attention sur le fait qu’entre le roi de Perse Cyrus (559-529 av. J.C. ; 1:1) et Darius I (522-485 av. J.C. ; 4:24), deux autres rois ont régné. C’est d’eux qu’il est question ici. Le premier est nommé Assuérus au v. 6 (ou Ahasveros, qui est la forme hébreu du nom perse Xerxès) ; c’est le fils de Cyrus connu en général sous le nom de Cambyse II (529-523 av. J.C.). Artaxerxès mentionné au v. 7 (en hébreu Artasasta ; nom perse Artaxerxès ; 522 av. J.C.) est Smerdis, un autre fils de Cyrus qui n’a été au pouvoir que peu de temps, et qui a été chassé par Darius I (522-485 av. J.C.). Beaucoup d’historiens cependant admettent que Smerdis aurait déjà été tué auparavant par Cambyse, et qu’un sorcier perse du nom de Gaumata / Bardiya voulut prendre le pouvoir sous le nom de Smerdis. La raison de ces divergences de points de vue provient de l’absence de clarté des récits historiques.

Cependant nous ne devons pas méconnaître que Daniel a aussi prophétisé de « trois rois » qui devaient régner sur la Perse après Cyrus : « Et maintenant, je te déclarerai la vérité : Voici, il s’élèvera encore trois rois en Perse ; et le quatrième deviendra riche de grandes richesses plus que tous, et quand il sera devenu fort par ses richesses, il excitera tout contre le royaume de Javan » (Daniel 11:2). Ce passage se rapporte aux rois nommés en Esdras 4 sous les noms de Assuérus, Artaxerxès, et Darius I. Le quatrième est Assuérus ou Xerxès I, qui mena la guerre contre la Grèce, mais qui fut battu jusqu’à être anéanti à la bataille de Salamis en 480 av. J.C.

Il n’y a aucune raison d’ignorer les deux rois qui ont gouverné dans un espace de temps d’environ 7 ans entre Cyrus et Darius, et de transférer les noms d’Assuérus et Artaxerxès (v. 6 et 7) sur leurs homonymes du temps plus tardif de Néhémie et de la construction de la muraille.

Si Dieu dans Sa Parole a changé les noms de Cambyse en Assuérus [Ahasveros] et de Smerdis en Artaxerxès [Artasasta], ce n’est pas quelque chose d’inhabituel ni même d’impossible. N’y a-t-il pas beaucoup de personnes dans l’Écriture Sainte qui portent deux noms ? Il suffit de penser à Jacob / Israël, Jéthro / Rehuel, Gédéon / Jérubbaal et Simon / Pierre. À côté de ces noms qui sont utilisés tantôt l’un tantôt l’autre, il y a des changements de noms comme Abram / Abraham ou Saul / Paul, qui ont caractérisé une partie précise de la vie de celui qui portait ce nom. Quoi qu’il en soit, Cambyse et Smerdis peuvent tout à fait avoir porté les noms d’Assuérus et Artaxerxès.

Il faut ajouter qu’Assuérus (Ahasveros) signifie « empereur » ou « grand prince », et Artaxerxès (Artasasta) signifie « grand roi » ou « fils de grand roi ». Il est possible qu’il ne s’agisse même pas de noms purement personnels, mais de titres qui au surplus ne seraient utilisés que dans la Parole de Dieu (c’est le cas du Assuérus de Dan. 9:1 qui jusqu’ici reste non identifié). Des exemples de tels noms-titres sont Agag (« élevé, puissant, prince ») comme titre des rois d’Amalek ; Abimélec (« mon père est roi ») comme titre des rois Philistins. Ainsi le roi de Gath est nommé Akish en 1 Samuel 21:11, et Abimélec au Psaume 34. Dans le Nouveau Testament Auguste en Luc 2:1 est à la fois un nom et le titre des premiers empereurs romains (de 31 av. J.C. à 14 après J. C.) ; celui qui est appelé Auguste en Actes 25:21, 25 est l’empereur Néron (54-68 après J. C.). Le titre d’Auguste (« supérieur ») a été rajouté au nom des empereurs ultérieurs.

Malgré tous les faits qui viennent d’être mentionnés, l’idée s’est répandue que les v. 6-23 seraient une insertion dans laquelle sont rapportés des évènements beaucoup plus tardifs. Le texte biblique est ainsi mis en doute autoritairement et sans explication plausible, sur la base de suppositions arbitraires. Dans la méditation de cette section, nous verrons cependant de nouveaux détails qui montrent que, y compris quant au contenu, tout se rapporte au temps de la construction du temple et non pas de la reconstruction de la ville de Jérusalem.


5.4 - Ch. 4:6, 7 — Accusations

5.4.1 - Ch. 4:6

« Et sous le règne d’Assuérus, au commencement de son règne, ils écrivirent une accusation contre les habitants de Juda et de Jérusalem ».


Maintenant les ennemis procèdent à la cinquième phase contre l’œuvre de Dieu. Pendant le règne du roi Cyrus, ils ne pouvaient pas compter sur le soutien du gouvernement. Le roi lui-même avait donné l’ordre de construire le temple. Mais dès que son fils Assuérus (Cambyse II) fut devenu roi, les opposants lui adressèrent une lettre d’accusation contre les Juifs, « au commencement de son règne », c’est-à-dire en 529/528 av. J.C.

L’opposition à la construction du temple prit une nouvelle forme. La plus haute autorité du royaume fut impliquée, et il fut fait requête pour une prise de position contre les Juifs. Sur le contenu de la lettre, il nous est seulement communiqué qu’elle contenait une « accusation contre les habitants de Juda et de Jérusalem ». Il ne nous est rien dit sur la réaction du roi à cette accusation.

Dans les versets suivants il est mentionné une seconde lettre adressée, cette fois, au roi Artaxerxès (Smerdis). Pour cette seconde lettre, on ne voit qu’une raison : La lettre à Assuérus n’avait pas produit l’effet escompté par les ennemis. Ou bien il n’y fut même pas répondu, ou bien la réponse ne correspondait pas aux attentes et aux représentations des accusateurs.


5.4.2 - Ch. 4:7

« Et aux jours d’Artaxerxès, Bishlam, Mithredath, Tabeël et le reste de ses collègues écrivirent à Artaxerxès, roi de Perse ; et la lettre était écrite en écriture syriaque [= araméen] et traduite en syriaque [= araméen] ».


La première lettre étant restée sans succès, une seconde lettre fut rédigée durant la courte période du gouvernement d’Artaxerxès (Smerdis), et cette lettre est transcrite en détail, de même que sa réponse (4:7-22). Quand l’ennemi n’arrive pas à ses fins par la ruse, il essaye par la force. Lui et ses instruments se présentent tantôt en ange de lumière, tantôt en lion rugissant (2 Cor. 11:14 ; 1 Pierre 5:8). Ici nous voyons le lion rugissant. La puissance de l’empire Perse est mise en action pour ordonner au petit résidu faible du peuple de Dieu d’arrêter ses activités, malgré son désir de servir Dieu.

Les promoteurs de la lettre d’accusation sont des hommes inconnus par ailleurs, mais leurs noms sont quand même donnés. Bihlam (= Ben Schelam « fils de paix »), Mithredath (« donné à l’esprit du soleil ») et Tabeël (« bon à rien » ou « Dieu est bon ») étaient probablement des ennemis Samaritains. Leur position et leur dignité ne nous sont pas données. Sans doute il s’agissait de personnalités connues et influentes. Il est ajouté « le reste de ses collègues », dont le nom n’est pas mentionné. La lettre n’était pas seulement écrite en écriture araméenne (= syriaque), mais traduite en araméen (= syriaque). En tant que document officiel, elle devait être lue et comprise sans difficulté à la cour de Perse. Vers les temps de la fin de l’Ancien Testament, l’araméen a été durant des siècles la langue diplomatique des Assyriens, des Chaldéens, et des Perses (2 Rois 18:26 ; Dan. 2:4).


5.5 - Ch. 4:8-16 — L’accusation auprès du roi Artaxerxès

5.5.1 - Ch. 4:8

« Rehum, chancelier, et Shimshaï, secrétaire, écrivirent une lettre contre Jérusalem au roi Artaxerxès, en ces termes ».


Après le nom des auteurs samaritains de la lettre, les représentants officiels du royaume de Perse, dans la province de Samarie, sont maintenant désignés comme les véritables rédacteurs de la lettre. Rehum (« bien aimé ») était le chancelier ou gouverneur, Shimshaï (« ensoleillé ») était secrétaire, c’est-à-dire un haut fonctionnaire au service du chancelier. Ils n’étaient pas forcément des perses. Zorobabel lui-même, qui avait été établi par Cyrus gouverneur de la Judée, était Juif (Aggée 1:1). Le but de la lettre est tracé à grands traits, d’abord seulement en paroles « contre Jérusalem ».

Le fait que non seulement le texte de la lettre soit rédigé en araméen (= syriaque), mais aussi le reste du texte allant de 4:8 à 6:18 (et aussi 7:12-26), est un effet de la domination perse. La langue araméenne (= syriaque) manifeste ouvertement que le peuple de Dieu n’était plus à part sous le gouvernement de Dieu et assujetti à Lui, et indépendant des puissances du monde, mais que d’autres dominaient sur lui.


5.5.2 - Ch. 4:9-11

« Alors Rehum, chancelier, et Shimshaï, secrétaire, et le reste de leurs collègues, les Dinites, les Apharsathkites, les Tarpelites, les Apharsites, les Arkévites, les Babyloniens, les Susankites, les Déhaviens, les Élamites, et le reste des peuplades que le grand et noble Osnappar transporta et fit habiter dans les villes de Samarie et dans le reste du pays de ce côté du fleuve, etc… C’est ici la copie de la lettre qu’ils lui envoyèrent : Au roi Artaxerxès : Tes serviteurs, les hommes de ce côté du fleuve, etc. »


Le reste des collègues nommés ici avec Rehum et Shimshaï étaient issus des peuples transplantés en Samarie depuis leur territoire par le roi d’Assyrie Osnappar (Assurbanipal ; 669-631 av. J.C.). En liaison avec le v. 2, on peut conclure que le processus de réinstallation d’autres peuples par l’Assyrien après la transportation des dix tribus en 722 av. J.C. nécessita plusieurs dizaines d’années, depuis Sankhérib jusqu’au temps d’Osnappar au milieu du 7ième siècle. Parmi les peuples transplantés, il y avait les Dinites (nommés seulement ici), les Apharsathkites (nommés seulement ici), les Tarpelites (nommés seulement ici), les Apharsites (peut-être des Perses), les Arkévites (= de la ville d’Erek ou Uruk), les Babyloniens, les Susankites (venant de Suse), les Déhaviens (nommés seulement ici) et les Élamites et le reste des peuplades. Assurbanipal avait annexé à son royaume Babel et Élam en 648 et 639 av. J.C. dans une bataille contre son frère Samassumukin, le roi de Babylone.

Tous les peuples nommés, ou non, n’habitaient pas seulement en Samarie, mais aussi dans les autres régions à l’Ouest c’est-à-dire selon le point de vue perse, « de l’autre côté du fleuve » [= de ce côté-là] Euphrate. Ces peuplades se sentaient menacées par le retour de la petite troupe de Juifs vers Juda et Jérusalem, et leur désir de reconstruire la maison de Dieu ; c’est ce qui les amena à écrire cette lettre au roi pour lui demander de faire arrêter les Juifs. Ils se plaçaient en grande humilité comme serviteurs du roi « de ce côté (*) du fleuve » (v. 11).


(*) « De ce côté » du fleuve au v. 10 et au v. 11 est le même mot dans le texte original et désigne dans le livre d’Esdras les régions à l’Ouest de l’Euphrate. Selon le point de vue de chacun des observateurs, certaines versions traduisent différemment en disant de ce côté-ci du fleuve ou de ce côté-là (de l’autre côté) du fleuve.


5.5.3 - Ch. 4:12

« Que le roi sache que les Juifs qui sont montés de chez toi vers nous et sont venus à Jérusalem, bâtissent la ville rebelle et méchante, et que les murailles s’achèvent, et qu’ils restaurent les fondements ».


La mission du roi Cyrus de Perse donnée aux Juifs, était formulée de la manière suivante : « Qui d’entre vous, quel qu’il soit, est de son peuple, — que son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem, qui est en Juda, et qu’il bâtisse la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël (lui est Dieu), à Jérusalem » (1:3). On ne trouve ici pas un mot de ce décret royal. Au contraire le retour des Juifs est presque présenté comme s’ils étaient « montés » d’eux-mêmes depuis Babylone « vers nous », les Samaritains. Les Samaritains étaient pourtant établis dans le territoire du royaume du Nord. La région de Samarie ne se trouve donc pas du tout dans le voisinage immédiat de Jérusalem, qui est sur le territoire de Juda, mais elle est à environ 100 km au Nord. Déjà une fausse impression est suscitée par cette présentation.

La description de l’activité du résidu, ensuite, est purement de la fausseté et de la calomnie. Cyrus avait donné la mission de construire le temple en 536 av. J.C. (1:2-4). Le consentement du roi Artaxerxès pour construire la muraille de Jérusalem ne fut obtenu par Néhémie qu’en 445 av. J.C. La présente lettre date d’environ 522 av. J.C., soit environ 80 ans plus tôt. La mission de ces premières années était la construction du temple, comme le montre les trois premiers chapitres du livre d’Esdras. Certes, les Juifs ont dû aussi se faire des maisons, mais il ne pouvait pas encore être question d’une reconstruction de la ville, « la ville rebelle et méchante » et de ses murailles. La mention de la reconstruction de la muraille de la ville et de ses fondements était un reproche fait aux Juifs entièrement basé sur du vent. Le roi lointain devait en tirer la fausse impression qu’à Jérusalem était en train de se fomenter un nid de résistance contre la domination perse. Il est vrai que, dans l’expression « la ville rebelle et méchante », il y avait un brin de vérité, comme nous allons encore le voir. — Combien souvent, dans le cours du temps, on a cherché à anéantir l’œuvre et la vérité de Dieu par de la calomnie ! Déjà la première tentation de Satan [Gen. 3] contenait une fausse présentation de la Parole de Dieu. Elle a réussi. Mais la vérité de Dieu sera toujours vainqueur ! C’est ce qui arrive ici, et nous en ferons aussi l’expérience si nous suivons et servons fidèlement notre Seigneur, même si nous devons confesser que nous faillissons à plusieurs égards.


5.5.4 - Ch. 4:13

« Que le roi sache donc que si cette ville est bâtie et que ses murailles s’achèvent, ils ne payeront ni tribut, ni impôt, ni péage, et, plus tard, cela portera préjudice aux rois ».


Ce tableau d’un avenir sombre dépeint au puissant roi de Perse se basait sur l’information consciemment fausse sur la construction de la ville et de ses murailles. La reconstruction de Jérusalem comme ville fortifiée devait soi-disant conduire à ce que les habitants s’élèvent contre la domination des Perses et qu’ils cessent de payer les impôts ou taxes obligatoires. Le résultat serait de graves dommages pour la nation dominatrice.


5.5.5 - Ch. 4:14-16

« Or comme nous mangeons le sel du palais, et qu’il n’était pas convenable pour nous de voir qu’on faisait tort au roi, à cause de cela nous avons envoyé et nous avons informé le roi, afin qu’on cherche dans le livre des annales de tes pères : et tu trouveras dans le livre des annales et tu sauras que cette ville est une ville rebelle, et qu’elle a porté préjudice aux rois et aux provinces, et que, dès les jours anciens, on y a fait des séditions : c’est pourquoi cette ville a été détruite. Nous faisons savoir au roi que si cette ville est rebâtie et que ses murailles s’achèvent, à cause de cela, tu n’auras plus de possession de ce côté du fleuve ».


Dans la lettre, le secrétaire assure le roi de sa loyauté. « Manger le sel du palais » équivaut à « maintenir la fidélité à une alliance » (comp. ‘alliance de sel’ en Nomb. 18:19 ; 2 Chr. 13:5). La lettre se termine par un reproche supplémentaire contre les habitants de Jérusalem accusés d’être des gens « rebelles » et « séditieux ». Malheureusement cela correspondait à la vérité. Ézéchias s’était soulevé contre le roi d’Assyrie, Jéhoïakim et Sédécias contre le roi de Babylone (2 Rois 18:7 ; 24:1, 20). Ils avaient par-là donné au monde qui les entourait un motif pour blasphémer (voir 1 Tim. 5:14) ! Si Dieu dans sa grâce pardonne tous les péchés qui Lui sont confessés, l’ennemi n’oublie jamais nos faux pas et sait les utiliser contre nous en son temps.

Pour terminer, la fausse accusation concernant la reconstruction de la ville de Jérusalem est renforcée avec toute insistance. Les ennemis rappellent la raison de la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar et avertissent Artaxerxès, d’une manière un peu hautaine, avec des menaces sur les conséquences de la reconstruction de la ville et de ses murailles. À leur point de vue, cela finirait par la perte de tous les territoires des Perses à l’Ouest de l’Euphrate.


5.6 - Ch. 4:17-22 — La réponse du roi Artaxerxès

« Le roi envoya un rescrit à Rehum, chancelier, et à Shimshaï, secrétaire, et au reste de leurs collègues qui habitaient à Samarie, et dans le reste du pays de l’autre côté du fleuve : Paix, etc. La lettre que vous nous avez envoyée a été lue exactement devant moi. Et de par moi un ordre a été donné, et on a cherché, et on a trouvé que, dès les jours anciens, cette ville s’est soulevée contre les rois, et qu’il s’y est fait des révoltes et des séditions, et qu’il y a eu sur Jérusalem de puissants rois qui ont régné sur tout ce qui est de l’autre côté du fleuve, et que le tribut, l’impôt, et le péage leur ont été payés. Ainsi, donnez ordre de faire cesser ces hommes, et que cette ville ne soit pas bâtie, jusqu’à ce que l’ordre en soit donné de par moi. Gardez-vous de manquer à faire cela : pourquoi le dommage augmenterait-il au préjudice des rois ? » (4:17-22).


La réponse du roi Artaxerxès est adressée à ceux que la lettre d’accusation désigne comme ses envoyeurs, c’est-à-dire, le gouverneur (chancelier) Rehum et son secrétaire Shimshaï. Les révoltes des Juifs mentionnées par les accusateurs contre les puissances dominatrices sont vérifiées et se trouvent confirmées. On est même remonté dans le passé pour faire des recherches qui ont établi « qu’il y a eu sur Jérusalem des rois puissants qui ont régné sur tout ce qui est de l’autre côté du fleuve, et que le tribut, l’impôt, et le péage leur ont été payés ». C’était le cas spécialement sous Salomon (2 Chr. 9:26).

Le roi de Perse plaçait manifestement une grande confiance dans son gouverneur (chancelier), et il ne fit pas faire davantage de recherches sur la vérité de l’accusation. Il devint donc complice des ennemis du peuple de Dieu, vraisemblablement sans le savoir ni le vouloir.

Il a quand même laissé une échappatoire diplomatique en disant : « … jusqu’à ce que l’ordre en soit donné de par moi ». N’était-il pas très sûr dans cette affaire ? Avait-il appris quelque chose sur le seul vrai Dieu et sur Son culte par le moyen de Juifs fidèles auxquels Dieu avait ouvert l’accès jusqu’au service des rois de Babylone et de Perse ? Nous ne savons pas. Mais cette supposition n’est pas à exclure. Pensons seulement à Daniel et à ses trois amis, et à la reine Esther, et au scribe Esdras et à Néhémie ! Ils jouissaient tous d’une grande confiance auprès des rois à Babylone.

Pour finir le rescrit du roi demande aux accusateurs : « Gardez-vous de manquer à faire cela : pourquoi le dommage augmenterait-il au préjudice des rois ? » Ces paroles contiennent un avertissement clair aux ennemis du peuple de Dieu de ne pas se sentir trop sûrs d’eux. Dieu veillait sur son peuple, même si — comme nous le verrons — il ne se comportait pas comme il faut ou comme Lui aurait pu l’attendre. Ses yeux sont dirigés avec une vigilance divine sur Son peuple terrestre. Et aujourd’hui il en est encore de même.


5.7 - Ch. 4:23, 24 — L’interruption de la construction du temple

« Alors, aussitôt que la copie de la lettre du roi Artaxerxès eut été lue devant Rehum et Shimshaï, le secrétaire, et leurs collègues, ils allèrent en hâte à Jérusalem vers les Juifs, et les firent cesser par force et par puissance.

Alors le travail de la maison de Dieu qui est à Jérusalem cessa ; et il fut arrêté jusqu’à la seconde année du règne de Darius, roi de Perse » (4:23,24).


À peine « une copie de la lettre du roi Artaxerxès » (une autre copie et l’original restaient habituellement à la cour du roi) eut été lue aux plus hauts fonctionnaires administratifs de Samarie, ceux-ci se mirent en route pour Jérusalem. Manifestement ils voyagèrent accompagnés d’hommes armés qui pouvaient imposer leur « puissance » par la « force ».

Que devaient faire les Juifs maintenant ? Ils ne leur restait plus qu’à suivre les ordres supérieurs. Les quatorze années précédentes de travail pour la restauration de l’habitation de Dieu sur la terre avaient commencé dans la joie, la louange et les actions de grâce, et voilà qu’elles étaient arrivées à leur fin. Les Juifs avaient pu durant ce temps louer Dieu en disant : « Car il est bon, car sa bonté envers Israël demeure à toujours » (3:11). Cette bonté de Dieu durait encore pour eux. Car les paroles de Proverbes 3:11,12 ne valaient pas seulement pour l’époque mais aussi pour aujourd’hui : « Mon fils, ne méprise pas l’instruction de l’Éternel, et n’aie pas en aversion sa réprimande ; car celui que l’Éternel aime, il le discipline, comme un père le fils auquel il prend plaisir » (voir Héb. 12:5, 6).

En réalité ce n’était pas l’interdiction qui était la cause de ce que la construction du temple n’était plus au premier plan ; mais il y avait d’autres raisons qui avaient conduit à la négliger de plus en plus, et finalement la mettre de côté. C’est ce que nous apprenons avant tout par le livre du prophète Aggée qui, avec Zacharie, ont encouragé le peuple à reprendre la construction par des oracles prophétiques de la part de Dieu.


5.8 - Quelle a été la durée de l’interruption de la construction du temple ?

L’espace de temps entre le commencement de la construction du temple dans la seconde année du retour du résidu (536 av. J.C.) et son achèvement dans la seizième année du roi Darius (516 av. J.C.) se monte à environ 20 ans (3:8 ; 6:14). Cependant, pendant combien de temps l’activité a-t-elle été interrompue, et pour quelles raisons ?

Sur cette durée, il y a différents points de vue. La raison principale de ces différences tourne autour de l’ordre historique donné dans les v. 6-23 de ce ch.4.

Comme nous l’avons vu, beaucoup de commentateurs considèrent Esdras 4:6-23 comme une insertion du temps de Néhémie parce que, dans la lettre à Artaxerxès, il est question de la construction de la ville et de sa muraille (4:12-13). Du fait que dans le livre d’Esdras il s’agit de la construction du temple, certains pensent que cette lettre fausse l’ordre, car le roi Artaxerxès mentionné n’a régné que bien plus tard selon leur conception (464-424 av. J.C.). En suivant ce point de vue, on aboutirait à une durée d’environ 9 jusqu’à 15 ans, selon qu’on fait commencer la cessation de la construction du temple seulement à la fin du règne du roi Cyrus, ou plus tôt. Cependant ce point de vue méconnait plusieurs faits.


1. Ce que les opposants prétendent dans leur lettre au sujet de la ville et de sa muraille, qu’elles seraient en cours de reconstruction, était un mensonge conscient. Protester contre la construction du temple aurait été complètement inutile, car il avait été ordonné par le roi de Perse Cyrus (Esdras 1:2). Le décret correspondant avec tous ses détails était encore disponible au temps du roi Darius (c’est-à-dire une dizaine d’années plus tard ; 6:1-5). Du fait que la lettre citée ici aux v. 11-16 est caractérisée par la haine contre le peuple de Dieu, elle n’a pas de valeur quant à la présentation de la vérité. Cependant le roi de Perse accepta cette lettre car, de loin, il ne pouvait naturellement que s’en tenir à ce qu’écrivaient les mauvais accusateurs.


2. Dans le livre de Néhémie, il n’est nulle part question de lettre des ennemis aux rois de Perse. Il serait difficile d’y trouver une situation où l’on puisse insérer ces deux lettres.


3. Comme gouverneur de Samarie, le livre de Néhémie ne mentionne que Sanballat, tandis qu’ici c’est Rehum (v. 8 ; Néh. 3:24). Les autres chefs ennemis comportaient d’autres noms que ceux d’Esdras 4.


4. Nous avons déjà vu le fait qu’ici les noms des rois perses mentionnés Assuérus et Artaxerxès (Ahasveros et Artasasta) ne correspondent pas aux rois qui ont suivi Darius le grand (522-485 av. J.C.).


Ceux qui considèrent les deux lettres comme des insertions ou des interpolations n’ont pas d’autres choix que de faire commencer l’interruption au temps de Cyrus. Ils rapportent le « alors » du v. 24 aux « jours de Cyrus » du v. 5.

Mais même si on voit la lettre comme positionnée correctement, il reste encore trois possibilités pour la durée d’interruption de la construction du temple.





Les attaques ennemies de l’extérieur n’ont pas été la seule raison du retard du travail. En Esdras 5:1,2, le ministère des prophètes Aggée et Zacharie nous l’apprend. Tandis que Zacharie insiste davantage sur l’avenir glorieux et sur le Messie, Aggée parle clairement et nettement de la situation du résidu à l’époque. Ses paroles donnent une image de l’état du peuple et nous montrent que ce ne sont pas seulement les circonstances extérieures, comme l’opposition et l’interdiction de la construction du temple par le roi, qui ont amené la cessation du travail. Non, c’était l’indifférence des gens vis-à-vis des intérêts de Dieu, et l’emprise de l’occupation des biens qu’ils possédaient. Dans les deux livres de ces prophètes, l’opposition de l’extérieur n’est même pas mentionnée, mais bien plutôt l’état du peuple.

Ceux qui faisaient partie du petit résidu étaient revenus dans un pays dévasté. S’intéresser à la construction de leur propre maison était naturel — mais pas spirituel ! Après un bon commencement décrit au ch. 3, leurs intérêts pour la maison de Dieu n’ont vraisemblablement pas tardé à cesser d’être au premier plan ; cette maison était dévastée, mais ils se sont davantage intéressés à leurs propres maisons pour les munir de tout le confort. Ils n’ont pas reconnu la main de Dieu en discipline, quand ils avaient des récoltes maigres, et que toute leur activité axée sur leurs biens propres était sans succès. Cette intervention de Dieu fut sans résultat.

C’est pourquoi Dieu leur envoya ses messagers les prophètes. Ils amenèrent le peuple à faire demi-tour, et ainsi à recommencer la construction du temple.


6 - Ch. 5 : Ministère prophétique et nouvelle opposition

Le chapitre commence avec l’intervention des prophètes Aggée et Zacharie. Leur ministère écrit figure en détail dans les livres prophétiques de leur nom. Par le ministère prophétique de ces hommes de Dieu, le peuple reprit courage au travail. Ils recommencèrent après environ deux ans d’interruption.

Cependant les attaques des ennemis recommencèrent. Pendant les deux années d’arrêt de la construction, il n’y a pas eu d’hostilités contre les Juifs. Mais dès qu’ils recommencèrent à bâtir, l’opposition se remit en mouvement. Le but de Satan est toujours d’empêcher l’œuvre de Dieu. Si elle s’arrête, il a atteint son but. Là où on travaille pour le Seigneur, Satan met en œuvre le harcèlement et la destruction. Pour ce faire, il utilise maintenant Thathnaï et ses collègues. Eux aussi écrivent une lettre à la cour de Perse où règne maintenant le roi Darius I. Cette lettre de calomnie occupe la plus grande partie du ch. 5.


6.1 - Ch. 5:1-2 — Le ministère prophétique d’Aggée et de Zacharie

6.1.1 - Ch. 5:1

« Et les prophètes, Aggée le prophète, et Zacharie, fils d’Iddo, prophétisèrent aux Juifs qui étaient en Juda et à Jérusalem, au nom du Dieu d’Israël ».


« Aggée (mot hébreu qui signifie « mes fêtes » ou « de fête solennelle ») le prophète, et Zacharie (« l’Éternel se souvient ») fils d’Iddo », interviennent subitement. Les deux sont qualifiés de prophètes. Le ministère d’Aggée s’étend depuis le premier jour du sixième mois jusqu’au 24ième jour du neuvième mois de la deuxième année du roi Darius I surnommé « le Grand » (522 à 485 avant J. C.). Nous nous trouvons donc dans l’année 521/520 avant J.C. Le ministère d’Aggée, enregistré dans la Parole de Dieu, est bien court et dure juste quatre mois (Aggée 1:1 ; 2:10, 20).

Zacharie commence ses prophéties le huitième mois de la seconde année de Darius I (aux environs de 520 avant J. C.) ; son dernier oracle daté se trouve le quatrième jour du neuvième mois de la quatrième année du règne de Darius c’est-à-dire en 519/518 avant J. C. (Zach. 1:1 ; 7:1). On ne sait pas quand il a entendu les autres oracles de l’Éternel ni quand il a les consignés par écrit.

Le ministère des deux prophètes a commencé exactement l’année mentionnée en Esdras 4:24. Esdras ne dit rien du contenu de leurs prophéties. Pour le savoir, il faut lire les écrits de ces deux prophètes. Nous trouvons certains points communs, mais aussi des différences dans leur message.

Dans son livre court, Aggée traite principalement de la construction du temple. Dans son premier message, il exhorte les Juifs à reprendre la construction du temple, au lieu de s’occuper de leurs propres maisons et de leur propre bien-être. La teneur du message est la suivante :

« Ainsi parle l’Éternel des armées, disant : Ce peuple dit : Le temps n’est pas venu, le temps de la maison de l’Éternel, pour la bâtir. Et la parole de l’Éternel vint par Aggée le prophète, disant : Est-ce le temps pour vous d’habiter dans vos maisons lambrissées, tandis que cette maison est dévastée ? Et maintenant, ainsi dit l’Éternel des armées : Considérez bien vos voies. Vous avez semé beaucoup, et vous rentrez peu ; vous mangez, mais vous n’êtes pas rassasiés ; vous buvez, mais vous n’en avez pas assez ; vous vous vêtez, mais personne n’a chaud ; et celui qui travaille pour des gages, travaille pour les mettre dans une bourse trouée. Ainsi dit l’Éternel des armées : Considérez bien vos voies : Montez à la montagne et apportez du bois, et bâtissez la maison ; et j’y prendrai plaisir, et je serai glorifié, dit l’Éternel. Vous vous attendiez à beaucoup, et voici, ce n’a été que peu ; et vous l’avez apporté à la maison, et j’ai soufflé dessus. Pourquoi ? dit l’Éternel des armées. À cause de ma maison, qui est dévastée, — et vous courez chacun à sa maison. C’est pourquoi au-dessus de vous, les cieux ont retenu la rosée, et la terre a retenu son produit ; et j’ai appelé une sécheresse sur la terre, et sur les montagnes, et sur le blé, et sur le moût, et sur l’huile, et sur ce que le sol rapporte, et sur les hommes et sur les bêtes, et sur tout le travail des mains » (Aggée 1:2-11).

Là-dessus, les conducteurs du peuple et tout le peuple prirent courage et recommencèrent à bâtir. Dans le deuxième message (Aggée 2:3-9), il encourage les Juifs à ne pas se laisser accabler par le souvenir du temple détruit. Cela avait justement fait pleurer à haute voix beaucoup d’anciens lorsqu’on avait posé les fondements du temple (Esdras 3:12). Dans cette prophétie et dans les dernières, Aggée annonce au peuple de Dieu l’avenir quand Dieu ébranlera les cieux et la terre avant que « le désir de toutes les nations », le Messie, le Fils de Dieu, vienne dans toute Sa gloire, de laquelle Zorobabel, le descendant de David, n’est qu’une faible figure (Aggée 2:7-9, 21-23).

De son côté, Zacharie ne mentionne que peu de détails sur la construction du temple et sur ses principaux responsables, Zorobabel et Jéshua. En revanche ses messages contiennent beaucoup d’oracles de Dieu sur le peuple Juif et son histoire future jusqu’à « la consommation du siècle », c’est-à-dire l’apparition glorieuse de Christ pour établir Son règne.

Les deux prophètes, par l’Esprit de Dieu, mettent en lumière des choses qui ne sont guère mentionnées dans le livre d’Esdras. Les raisons de la cessation du travail n’étaient pas seulement l’opposition de l’extérieur, mais aussi la paresse intérieure (dénoncée par Aggée) et la faiblesse (mentionnée par Zacharie). Les deux prophètes annoncent cependant tous les deux l’avenir et les gloires à venir.

Aggée exhorte le peuple à reprendre le travail. L’interruption du travail de construction à la maison de Dieu, mentionnée par Esdras à la suite de l’interdiction du roi Perse Artaxerxès, avait en réalité une autre raison : la négligence à l’égard des intérêts de Dieu. La paresse à l’égard de la maison de Dieu est mise en opposition avec le zèle pour les biens personnels !

Ce danger n’existe-t-il pas aussi aujourd’hui ? Le stress pour le temps, pour le corps, pour l’esprit, dans la vie professionnelle et privée, est accepté par bien des chrétiens au point qu’il ne reste guère d’énergie pour le plus important, les choses du Seigneur et de Son Assemblée. Alors on ne doit pas s’étonner si la sécheresse dans les cœurs conduit à de la paralysie dans la vie de l’Assemblée. Nous avons, nous aussi, besoin de l’appel solennel : « Considérez bien vos voies ! » qu’Aggée doit adresser plusieurs fois aux Juifs, comme il en a reçu la mission de Dieu (Aggée 1:5, 7 ; 2:15, 18).

Le prophète Zacharie dont le champ de vision portait davantage sur l’avenir du peuple de Dieu, dut avoir la vision du grand sacrificateur Joshua avec des vêtements sales devant l’Ange de l’Éternel, et Satan en train de s’opposer à lui (Zach. 3). Joshua représente le peuple de Dieu devant l’Éternel. Satan, l’adversaire du peuple béni de Dieu, se tenait à côté pour lui résister. Mais l’Éternel lui-même prit soin du grand sacrificateur et de Son peuple. Il avait choisi Jérusalem. Il avait sauvé le peuple comme un tison tiré du feu, et Satan voulait l’y rejeter ! Par Sa grâce à Lui qui ne peut ni ne veut voir le mal, Il fit que le péché soit ôté, et non pas le pécheur chassé. Il revêtit Joshua de nouveaux vêtements qui correspondaient à Sa propre perfection. Ainsi la restauration d’Israël dans l’avenir, opérée malgré toute l’opposition de Satan, sera l’œuvre seule de la grâce de Dieu.

Cette circonstance nous parle beaucoup. Satan cherche à empêcher par tous les moyens le service pour le Seigneur et pour Sa maison. Il ne craint pas de calomnier les personnes, spécialement quand il s’agit de conducteurs spirituels ou de représentants du peuple. Malheureusement il trouve bien trop souvent des motifs de calomnier. Leur faiblesse, leurs défaillances, leurs péchés, peuvent être des occasions que le diable saisit pour les faire passer comme des incapables ou les évincer complètement. Nous ne pouvons pas simplement passer par-dessus nos faiblesses et nos péchés. Si nous confessons notre faute, le Seigneur peut nous en purifier, et Il le fera, et Il nous conduira plus loin sur le chemin et nous fortifiera (Prov. 28:13 ; 1 Jean 1:9).

Les deux prophètes encouragent le résidu des Juifs en leur montrant la grâce immuable de Dieu pour Son peuple. Aggée leur rappelle deux choses qui étaient à leur disposition dès le commencement de leur histoire en tant que peuple de Dieu : « La parole selon laquelle j’ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d’Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous : ne craignez pas ! » (Aggée 2:5). Et Zacharie leur montre clairement que ce n’est pas la force humaine, mais Son Esprit seul qui vient à bout de ce que Dieu veut : « ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées » (Zach. 4:6). Cette double mention de l’Esprit de Dieu doit aussi nous encourager dans le temps présent, où il y a tant de faiblesse spirituelle chez le peuple de Dieu. Sa Parole et son Esprit sont en même temps la règle de conduite et la source de force pour tous les rachetés qui, dans la conscience de leur manque de force, tiennent ferme à Ses pensées sur Sa maison et veulent les mettre en pratique.

Tout cela, et davantage encore, se trouve dans les livres d’Aggée et de Zacharie. Esdras rapporte seulement qu’Aggée et Zacharie ont transmis leur message « aux Juifs qui étaient en Juda et à Jérusalem, au nom du Dieu d’Israël ». Les Juifs restés à Babylone n’ont pas reçu ces messages de Dieu. Ils étaient destinés au petit résidu rentré en Juda et à Jérusalem, la « ville de Dieu ». Combien il est encourageant de lire que Dieu n’a pas abandonné ce faible groupe des Siens, malgré leurs défaillances !

Il est expressément noté que les messages ont été « au nom du Dieu d’Israël » (5:1). Ce qu’Aggée et Zacharie dirent et écrivirent n’était pas paroles d’homme, mais parole de Dieu (1 Thes. 2:13). Le fait de l’unité du peuple de Dieu dispersé est de nouveau mis en avant quand il est dit : « le Dieu d’Israël ». Ce nom était « sur eux » (*), c’est-à-dire sur les deux prophètes. C’est de Lui seul que découlaient pour eux toute force et toute autorité.


(*) note Bibliquest : le texte biblique selon la traduction allemande énonce : « … les prophètes Aggée… et Zacharie… prophétisèrent aux Juifs qui étaient en Juda et à Jérusalem, au nom du Dieu d’Israël, qui était sur eux ».


6.1.2 - Ch. 5:2

« Alors Zorobabel, fils de Shealthiel, et Jéshua, fils de Jotsadak, se levèrent et commencèrent à bâtir la maison de Dieu qui est à Jérusalem, et avec eux, les prophètes de Dieu qui les assistaient ».


Le ministère des prophètes Aggée et Zacharie s’adressa d’abord aux deux conducteurs du peuple, Zorobabel et Jéshua, comme Aggée le rapporte (Aggée 1:1b). La plus grande responsabilité reposait sur eux. Ce fut eux qui se levèrent et se remirent « à bâtir la maison de Dieu qui est à Jérusalem ». Or ils ne furent pas seuls, mais avec eux « tout le reste du peuple écouta la voix de l’Éternel, leur Dieu, et les paroles d’Aggée le prophète » (Aggée 1:12). Du fait que Zacharie ne commença son ministère que deux mois plus tard, c’est un aperçu général qu’Esdras donne des évènements relatifs au ministère et à l’assistance des deux prophètes.

Ces deux hommes de Dieu ne parlèrent pas seulement au peuple, mais l’assista aussi. Cette expression se rapporte en premier lieu à leur ministère prophétique. Mais comme, sur le Mont Carmel, Élie avait restauré de ses propres mains l’autel de l’Éternel détruit (1 Rois 18:30-32), ces deux hommes de Dieu ont certainement pris part eux-mêmes activement à la construction du temple. C’était une assistance par laquelle ils se plaçaient en modèle aux autres. Et nous savons qu’être un modèle est la meilleure façon d’enseigner. L’apôtre Paul a été un modèle qui n’a rien perdu de son importance jusqu’à aujourd’hui. Il nous interpelle, encore et toujours, par la Parole de Dieu : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 4:16 ; 11:1 ; Phil. 3:17).

Quant à la situation générale, depuis la cessation de la construction de la maison de Dieu, rien n’avait changé. L’écrit du roi Artaxerxès n’était pas retiré, et les ennemis du peuple de Dieu n’avaient pas changé de position. Mais par le ministère des prophètes, les Juifs avaient repris courage. Le sens et le but du ministère prophétique est donné par 1 Cor. 14:3 : « Celui qui prophétise parle aux hommes pour l’édification, et l’exhortation, et la consolation ». C’est ce que les Juifs avaient appris, et pris à cœur. Ils étaient de nouveau rendus forts par le fait qu’ils obéissaient à Dieu plutôt qu’aux hommes (Actes 5:29).


6.2 - Ch. 5:3-5 — Nouvelle résistance

6.2.1 - Ch. 5:3

« En ce temps-là, Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve, et Shethar-Boznaï, et leurs collègues, vinrent vers eux, et leur parlèrent ainsi : Qui vous a donné ordre de bâtir cette maison et d’achever cette muraille ? »


« En ce temps-là » les opposants se sont de nouveau manifestés ; ils ne se sont pas manifestés pendant l’arrêt de la construction du temple, mais lors de la reprise. Tout le temps durant lequel les Juifs, selon les paroles d’Aggée, étaient occupés à leur propre maison, l’activité de l’ennemi s’était aussi arrêtée. Un chrétien occupé des choses de la terre et du monde ne représente pas pour Satan un objectif qui vaut la peine d’une attaque, parce qu’il n’est plus un témoin clair du Seigneur Jésus. Il est comme quelqu’un qui dort parmi les morts (Éph. 5:14). Mais dès qu’il est réveillé par le Saint Esprit, le diable se met en travers de son chemin d’une manière ou d’une autre. C’est ce que l’on a ici.

À l’époque, le royaume de Perse se composait d’un certain nombre de satrapies administrées par des hauts-fonctionnaires, les satrapes. L’une de ces satrapies s’appelait « de l’autre côté du fleuve » [ou bien « de ce côté du fleuve »], c’est-à-dire à l’ouest de l’Euphrate. Les satrapies étaient à leur tour divisées en sous-régions avec, à la tête de chacune, un gouverneur (Esdras 8:36). Zorobabel / Sheshbatsar, et plus tard Néhémie étaient gouverneurs de Juda (Esdras 6:7 ; Néh. 5:14 ; Aggée 1:1). « Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve » était ou bien un fonctionnaire sous les ordres du satrape « de ce côté du fleuve » ou bien l’un des autres gouverneurs du grand territoire qui englobait entre autres la Syrie, les Ammonites et la Samarie (voir Néh. 2:7, 9 ; 4:2, 7).

« Thathnaï [qui signifie « don ; enseignement »] gouverneur de ce côté du fleuve, et Shethar-Boznaï [« étoile lumineuse »] et leurs collègues » vinrent maintenant vers ceux qui bâtissaient. Manifestement ils avaient l’intention de bloquer de nouveau la construction. Nous ne savons pas si cette attaque avait son origine chez les Samaritains qui avaient déjà obtenu l’interruption de la construction du temple par le moyen de fausses informations, ou bien si Thathnaï adressa de lui-même son interrogation aux Juifs. En tout cas, il est frappant que les envoyés viennent maintenant avec une question ne portant que sur la construction du temple. La fausse accusation d’être en train de reconstruire la ville et sa muraille (*) n’est pas répétée, bien qu’elle ait été la raison de l’interruption de la construction du temple (ch. 4). Thathnaï s’en tient à ce qui était visible et s’informe sur l’autorisation correspondante ou l’ordre du roi de Perse. Il ressort du v. 10 qu’il a aussi demandé les noms des responsables du travail.


(*) La muraille mentionnée en 5:3 est une muraille du temple, non pas de la ville.


6.2.2 - Ch. 5:4

« Alors nous leur dîmes quels étaient les noms des hommes qui bâtissaient cet édifice ».


Les opposants des Juifs posent deux questions : premièrement qui a donné l’ordre de rebâtir le temple, et deuxièmement quels sont les noms des responsables (5:9, 10). Au v. 3 il n’est mentionné que la première question, et au v. 4 il n’est mentionné que la réponse à la deuxième question. Il y a une raison à cette particularité du récit. Les opposants sont présentés ici comme des gens pour lesquels l’autorité du monde est le plus important ; par contre les Juifs sont présentés comme des gens prêts à prendre la responsabilité du travail pour l’Éternel, leur Dieu, et à l’assumer.

Une autre particularité de ce verset appuie cette pensée. Esdras, le rédacteur de ce livre, n’écrit pas « alors ils leur dirent », mais : « alors nous leur dîmes ». À ce moment-là, il se trouvait pourtant encore à Babylone. Cependant ce n’est ni une erreur d’expression d’Esdras, ni une faute de copiste. Comme la première partie du livre (ch. 1-6) en témoigne à plusieurs reprises, Esdras trouva à son arrivée à Jérusalem des notes sur les évènements des premières années et il a pu s’appuyer dessus pour la rédaction de son livre. Dans ce cas il a laissé le « nous » dans le récit présent pour s’y associer et pour montrer que les conducteurs du résidu étaient conscients de leur responsabilité dans la construction du temple tant devant Dieu que devant le monde, et qu’ils se confiaient en Lui en tout.

Nous n’avons pas ici d’attaque directe des opposants comme au ch. 4. C’est davantage une attaque camouflée, peut-être parce que ceux qui posaient la question n’étaient pas sûrs de leur affaire. Pierre décrit une situation semblable avec les paroles suivantes : « Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, ayant une bonne conscience, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ceux qui calomnient votre bonne conduite en Christ, soient confus » (1 Pierre 3:15, 16). En toute situation, nous devons, comme enfants de Dieu, être prêts à donner au monde qui nous entoure, la raison de notre foi et de notre espérance. Par cette attitude douce et humble, qui doit toujours aller de pair avec une bonne conscience, nous pouvons rendre témoignage à notre Sauveur et Seigneur. Une telle attitude a aussi été celle des anciens de Juda.


6.2.3 - Ch. 5:5

« Et l’œil de leur Dieu était sur les anciens des Juifs ; et ils ne les firent pas cesser jusqu’à ce que l’affaire parvînt à Darius ; et alors ils répondirent par lettre à ce sujet ».


« Car les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort, en faveur de ceux qui sont d’un cœur parfait envers lui » (2 Chr. 16:9 ; Deut. 11:12 ; Ps. 33:18). Ces paroles se vérifièrent pour les anciens des Juifs qui s’occupaient de l’œuvre qui devait servir à la gloire de Dieu. Il leur donna une protection que les hommes ne pouvaient pas leur donner, et en outre Il leur donna courage et force.

Les anciens ont eu, dès le commencement de l’histoire du peuple d’Israël, une place importante dans toutes les décisions (Exode 3:16 et beaucoup d’autres passages). À l’origine ils étaient effectivement les représentants les plus anciens du peuple. Plus tard une position plus ou moins officielle s’est développée, puis s’est poursuivie dans les premières assemblées de chrétiens, jusqu’à sa fin. Dans les premières assemblées des nations, des anciens (en grec presbyteros) ou surveillants (en grec episkopos) furent choisis ou nommés dans « chaque localité », mais seulement par les apôtres ou leurs délégués (Actes 14:23 ; Tite 1:5, 7) (*). Une continuation de cette institution ne put pas avoir lieu de cette manière après le délogement des apôtres. L’office d’ancien cessa d’exister. Mais le service de frères expérimentés, mûris, et donc nécessairement plus âgés, devait être poursuivi sous la conduite du Saint Esprit (Actes 20:28).


(*) Il n’est rien dit sur un éventuel choix des anciens de l’assemblée à Jérusalem. Ils avaient déjà pris cette position parmi les Juifs avant leur conversion. Après leur conversion, ils conservèrent manifestement leur position (Actes 11:30 ; 15:2, 4, 22 ; Jacq. 5:14). Deux des apôtres se nomment anciens (1 Pierre 5:1 ; 2 Jean 1 ; 3 Jean 1).


Thathnaï et ses collègues devaient savoir qu’ils étaient impuissants face à l’autorité du roi de Perse. Par eux-mêmes, ils n’avaient aucun pouvoir pour empêcher les Juifs de continuer à bâtir le temple. En préalable à ce qui suit, il est d’abord établi qu’on ne leur défendit pas de poursuivre le travail jusqu’à ce qu’arrive la réponse écrite du roi de Perse à la demande des opposants. Le contenu de l’écrit du roi ne nous est pas communiqué


6.3 - Ch. 5:6-17 — La plainte écrite

6.3.1 - Ch. 5:6-7

« Copie de la lettre que Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve, et Shethar-Boznaï et ses collègues les Apharsakites, qui étaient de ce côté du fleuve, envoyèrent au roi Darius. Ils lui envoyèrent un rapport dans lequel il était ainsi écrit : Au roi Darius, toute paix ! »


Le verset 6 montre qu’Esdras put s’appuyer sur des documents existants pour rédiger son livre. Manifestement il avait devant lui une copie de la lettre que les opposants avaient envoyé au roi Darius.

En contraste avec la lettre reproduite au ch. 4 v. 8-16, il s’agissait maintenant plutôt d’un « rapport » sur l’état de la construction du temple (5:8). Bien qu’il ne fût pas écrit dans une bonne intention, il ne contenait néanmoins aucune accusation directe contre les Juifs. On avait encore si bien gardé le souvenir de la réponse du roi Artaxerxès, qu’on estimait qu’un rapport sur la poursuite du travail suffirait à obtenir un nouvel ordre d’arrêt de construction.


6.3.2 - Ch. 5:8

« Qu’il soit connu au roi que nous sommes allés dans la province de Juda, à la maison du grand Dieu ; et elle se bâtit avec de grandes pierres, et le bois se pose dans les murs ; et cet ouvrage se poursuit avec zèle et prospère dans leurs mains ».


Les rédacteurs de ce rapport écrit donnent d’abord un court aperçu de l’état de la construction. Ils savaient aussi bien que les précédents accusateurs qu’il ne s’agissait nullement de la reconstruction de la ville et de ses murailles. C’est pourquoi ils mettent en avant « la maison du grand Dieu », le temple. Ces païens parlaient avec une certaine révérence du « grand Dieu ». Ils avaient peut-être entendu que Dieu avait été reconnu par Cyrus, leur premier roi, et ils en avaient conservé le souvenir (1:2-4).

Dieu se tient encore maintenant au-dessus de tout, Lui qui depuis le temps de Salomon avait Sa maison à Jérusalem au lieu choisi par Lui (Deut. 12:5-12 ; 1 Rois 11:36). Bien qu’elle fût entièrement détruite, le lieu restait la maison de Dieu comme nous l’avons vu au ch.3 v.8. Alors que le temple était en train d’être rebâti, même les opposants durent l’appeler « la maison du grand Dieu », bien qu’il ne fût pas encore achevé. Dieu Lui-même nomma le temple rebâti « Ma maison » et quant à l’avenir Il annonça : « la dernière gloire de cette maison [c’est-à-dire celle dans le règne millénaire] sera plus grande que la première (Aggée 1:9 ; 2:9). Le Seigneur Jésus qualifie de « maison de mon Père » le temple prodigieusement agrandi et embelli du roi Hérode (Jean 2:16). À travers tous les siècles, il n’y a eu qu’un seul temple à Jérusalem, lequel sera rétabli dans l’avenir (Éz. 40).

Il en est de même avec l’assemblée, la maison et le temple de Dieu dans le temps présent. Christ l’a fondée sur Lui-même, le roc éternel ; Il la bâtit en y ajoutant chaque croyant comme une pierre vivante, et Il les réunira avec Lui dans la gloire afin qu’ils soient pour l’éternité « l’habitation [ou : tabernacle, tente] de Dieu avec les hommes » (Matt. 16:18 ; 1 Pierre 2:5 ; Apoc. 21:3) ! Les hommes peuvent chercher à bâtir ce qui est à eux, à le modifier ou même à le détruire — cependant même le hadès ne peut prévaloir sur l’Assemblée de Dieu et de Christ ! Dieu en soit loué éternellement, ainsi que Son « Fils Jésus Christ qui a aimé l’assemblée et s’est livré Lui-même pour elle, afin qu’Il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin que Lui se présentât l’assemblée à Lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable » (Éph. 5:25-27).

Le rapport du gouverneur Thathnaï établit en premier lieu les matériaux avec lesquels le temple était construit. Les murs se composaient de « grandes pierres » (proprement des pierres de rouleaux, c’est-à-dire vraisemblablement des grosses pierres qu’on amenait par roulement jusqu’au lieu de construction). Les bois (ou : poutres) étaient avant tout pour les plafonds et planchers (3:7).

La lettre témoigne de ce que « cet ouvrage se poursuit avec zèle et prospère dans leurs mains ». Les opposants se voient obligés de décrire la poursuite du travail en termes factuels, presque approbateurs. Ne voyons-nous pas là le résultat du ministère prophétique d’Aggée et Zacharie (8:1, 2) ? Le Saint Esprit avait parlé par ces hommes aux consciences et aux cœurs des Juifs et de leurs conducteurs. Le premier résultat fut un zèle renouvelé pour l’œuvre de la maison de Dieu. Et en second lieu Dieu ne leur refusa pas le succès, car Il leur accorda de prospérer. Les deux choses sont en contraste avec les accusations qu’Aggée dut formuler au premier chapitre de son livre. Ses paroles solennelles ont eu leur effet.


6.3.3 - Ch. 5:9-10

« Alors nous avons interrogé ces anciens, nous leur avons parlé ainsi : Qui vous a donné ordre de bâtir cette maison et d’achever cette muraille ? Et nous leur demandâmes, aussi leurs noms pour te les faire savoir, afin de t’écrire les noms des hommes qui sont les principaux parmi eux ».


Ensuite un interrogatoire des anciens de Juda est rapporté. La question déjà mentionnée au v. 3 quant à l’origine de l’ordre de bâtir le temple, est répétée mot à mot. Mais maintenant il est demandé les noms des « principaux », c’est-à-dire des responsables de la construction. Dans la copie de la lettre, les noms ne sont cependant pas reproduits.

Ici nous voyons de nouveau la bonne main de Dieu sur les Siens. Bien que l’écrivain de la lettre n’ait eu aucune intention amicale, on ne trouve néanmoins aucune trace d’accusation directe contre les Juifs


6.3.4 - Ch. 5:11

« Et ils répondirent ainsi, disant : Nous sommes les serviteurs du Dieu des cieux et de la terre, et nous bâtissons la maison qui fut bâtie anciennement, il y a bien des années ; et un grand roi d’Israël l’a bâtie et achevée ».


Maintenant est donnée la copie de la réponse des anciens de Juda. Ils se désignent d’abord comme « les serviteurs du Dieu des cieux et de la terre ». Ils se voient comme des serviteurs de Dieu. Leurs pères s’étaient inclinés devant d’autres dieux et furent pour cela menés en captivité à Babylone. Mais maintenant un petit résidu voulait recommencer à servir fidèlement le vrai Dieu.

Ils Le nomment « le Dieu des cieux et de la terre ». Par cela ils expriment qu’Il est le Dieu unique. Tous les peuples païens possédaient chacun leurs propres dieux, soit de leur pays soit de leur peuple, — des dieux qu’ils s’étaient faits eux-mêmes (2 Rois 18:34 ; Ps. 96:5). Lui seul est le Créateur et le Conservateur du monde, et Il est au-dessus de tout. C’est pourquoi Melchisédec Le nommait déjà « le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre » (Gen. 14:22), et c’est aussi ce que fit Abraham (Gen. 24:3). Dans le Nouveau Testament Paul dit de Lui : « Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre » (Actes 17:24). Enfin le Seigneur Jésus nomme son Père « Seigneur du ciel et de la terre » (Matt. 11:25).

Ici aussi les anciens de Juda parlent de la « maison » qu’ils rebâtissaient. Cette maison « fut bâtie anciennement, il y a bien des années ». Environ 450 ans s’étaient écoulés depuis le début de la construction du temple par Salomon, le « grand roi d’Israël » (1 Rois 6). Le fils de David est un type de Christ, et spécialement de Sa domination dans le règne millénaire. Le temple terrestre à Jérusalem, que Salomon bâtit, est un type du temple spirituel dont le Seigneur a annoncé la construction à Pierre avec les paroles suivantes : « Sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:18). Le temple de Salomon fut détruit à cause de l’infidélité du peuple de Dieu. Mais « un temple saint dans le Seigneur … l’habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:21, 22), ne peut jamais être anéanti par aucune puissance du monde. C’est le Seigneur Jésus Lui-même qui en prend soin !


6.3.5 - Ch. 5:12

« Mais quand nos pères provoquèrent le Dieu des cieux, il les livra en la main de Nebucadnetsar, roi de Babylone, le Chaldéen, et il détruisit cette maison, et transporta le peuple à Babylone ».


Déjà Salomon avait commencé à servir des dieux étrangers et par-là à provoquer Dieu (1 Rois 11:1-4 ; Deut. 4:25 ; Juges 2:12). Ses descendants le suivirent pour la plupart dans ce chemin. L’idolâtrie augmenta de plus en plus jusqu’à ce que finalement il n’y ait plus de remède (2 Chr. 36:14-16). La raison de l’exil des Juifs réside principalement dans leur idolâtrie.

Maintenant Dieu n’est plus nommé comme au v. 11 « le Dieu des cieux et de la terre », mais « le Dieu des cieux ». Ce changement est significatif. Les anciens qui le nomment ainsi sont conscients de ce que Dieu s’est détourné de Son peuple terrestre à cause de leur idolâtrie, et qu’Il a transmis la domination aux nations. Lui-même s’est pour ainsi dire retiré au ciel (1:2). Dans les livres du temps de l’exil, c’est donc ainsi qu’Il est souvent nommé.

C’était un jugement de Dieu en châtiment qui a conduit Juda en captivité à Babylone dans les années 605 à 586 avant J.C. Il les livra « en la main de Nebucadnetsar, roi de Babylone, le Chaldéen ». Avec ce roi commença pour la terre, du point de vue prophétique, « les temps des nations » (Luc 21:24) qui ne finiront qu’avec l’anéantissement du quatrième empire à l’apparition de Christ. Nebucadnetsar a été établi par Dieu comme la « tête d’or » du premier de ces quatre empires (Daniel 2:38) (*). Il détruisit le temple à Jérusalem, il emporta en partie les ustensiles saints comme butin de guerre à Babylone, et il mena en captivité la majorité du peuple (captivité babylonienne).


(*) Selon les déclarations de la Parole de Dieu le monde est gouverné par quatre empires depuis la destruction du temple jusqu’à l’apparition de Christ : Babylone, les Mèdes et les Perses, la Grèce, puis Rome. Ceci est développé principalement dans le livre de Daniel (Daniel 2 et 7 ; Dan. 5:28 ; 8:20, 21 ; 11:30 ; Luc 2:1 ; Apoc. 17:7-14 et beaucoup d’autres passages). L’empire romain qui dominait lors de la première apparition de Christ, renaîtra avant la seconde apparition de Christ, et sera alors anéanti par Lui.


Cependant dans Sa miséricorde insondable, Dieu a limité à 70 ans le temps de la captivité babylonienne, et Il l’a fait annoncer à l’avance par le prophète Jérémie (2 Chr. 36:21 ; Jér. 25). Ce temps était déjà maintenant écoulé depuis plus d’une dizaine d’années.


6.3.6 - Ch. 5:13-15

« Mais la première année de Cyrus, roi de Babylone, le roi Cyrus donna ordre de bâtir cette maison de Dieu. Et aussi les ustensiles d’or et d’argent de la maison de Dieu, que Nebucadnetsar a sortis du temple qui était à Jérusalem et a emportés dans le temple de Babylone, le roi Cyrus les sortit du temple de Babylone, et les livra au nommé Sheshbatsar, qu’il avait fait gouverneur ; et il lui dit : Prends ces ustensiles, va, place-les dans le temple qui est à Jérusalem, et qu’on bâtisse la maison de Dieu sur son emplacement »


Le royaume babylonien des chaldéens a été vaincu en 539 avant J.C. par les Mèdes et les Perses. Cyrus, le premier roi du second grand empire (559-529 avant J.C.) en était déjà à la vingtième année de son règne. La mention ici de « la première année de Cyrus » n’était pas sa première année de règne dans l’absolu, mais sa première année comme « roi de Babylone ». Il était et restait « roi de Perse » (1:1), mais il était également maintenant « roi de Babylone ».(*)


(*) Pareillement Artaxerxès est nommé « roi de Perse » en Esdras 7:1, et « roi de Babylone » en Néhémie 13:6. En Esdras 6:22, Darius est même nommé « roi d’Assyrie » (comp. 1 Rois 22:52 et 2 Rois 1:3). Aussi bien Babylone que l’Assyrie faisaient partie du domaine dominé par les rois de Perse qui pouvaient donc tout à fait se parer des titres correspondants.


D’après le récit des Juifs dans cette lettre, Cyrus avait « donné l’ordre de bâtir cette maison de Dieu » dès la première année suivant sa conquête de Babylone. Cela correspond exactement au récit historique d’Esdras 1:2-4 (5:13). Il en va de même pour « les ustensiles d’or et d’argent de la maison de Dieu, que Nebucadnetsar a sortis du temple qui était à Jérusalem et a emportés dans le temple de Babylone » (1:7-11 ; 5:14). Finalement Sheshbatsar est encore nommé en ajoutant qu’il avait été fait gouverneur. Cet homme est désigné au ch.1 v.8 comme « prince de Juda » et il est identique au gouverneur Zorobabel (2:2 ; Aggée 1:1). À la différence du v. 2, c’est son nom chaldéen de Sheshbatsar qui est utilisé, car il s’agit d’un échange de lettres officielles avec la cour royale. L’expression « au nommé » pourrait indiquer que c’était au fond un nom étranger (5:14).

Ensuite sont mentionnés le retour des ustensiles du temple à Jérusalem et la mission de bâtir le temple. Tout correspond exactement aux faits mentionnés au ch. 1 (5:15). Même la précision « sur son emplacement » n’est pas omise. Nous avons vu combien il était important qu’il en soit ainsi tant aux yeux de Dieu que pour les Juifs.


6.3.7 - Ch. 5:16

« Alors ce Sheshbatsar est venu et a posé les fondements de la maison de Dieu qui est à Jérusalem, et depuis lors jusqu’à présent elle se bâtit ; mais elle n’est pas achevée ».


La prise de position des Juifs établie dans la lettre se termine par la pose des « fondements de la maison de Dieu qui est à Jérusalem », ainsi que par l’activité de bâtir qui n’était pas encore terminée à ce moment-là. L’interruption de construction suite à la lettre du roi Artaxerxès (4:17-24) n’est pas mentionnée. La tournure de l’expression « depuis lors jusqu’à présent elle se bâtit » ne l’exclut quand même pas.


6.3.8 - Ch. 5:17

« Et maintenant, s’il semble bon au roi, qu’on recherche dans la maison des trésors du roi, qui est là à Babylone, s’il est vrai que, de par le roi Cyrus, ordre a été donné de bâtir cette maison de Dieu à Jérusalem ; et que le roi nous envoie sa volonté sur cela ».


Après l’exposé détaillé de la situation et de la justification des Juifs de leur poursuite de la construction du temple, Thathnaï et ses collègues demandent maintenant au roi de Babylone de fouiller les archives du palais royal. Ils espèrent manifestement que l’édit du roi Cyrus de rebâtir le temple ne s’y trouve plus ou qu’on ne le retrouve pas. Avec une apparence d’objectivité et de patience, ils demandent que leur soit communiquée la procédure à suivre dans cette affaire.

Les lois des Mèdes et des Perses ne pouvaient pas être modifiées. Ce qui avait été établi une fois, demeurait valable (Dan. 6:16). La nouvelle tentative d’empêcher la construction de la maison de Dieu devait donc échouer. Les Juifs savaient qu’un ordre du roi de Perse de construire le temple existait (ch. 1). C’est pourquoi ils se confièrent maintenant avec une foi ferme en leur Dieu. Le ministère des deux prophètes Aggée et Zacharie y avait contribué en bonne partie. — Combien il est bon pour nous de nous confier en notre Dieu et Père et en sa Parole !


7 - Ch. 6 : Achèvement de la construction du temple

7.1 - Ch. 6:1-2 — La réaction du roi Darius

« Alors le roi Darius donna ordre, et on chercha dans la maison des archives où étaient déposés les trésors, à Babylone. Et on trouva à Akhmetha, dans la capitale qui est dans la province de Médie, un rouleau, et, dedans, un mémoire ainsi écrit : »


À la réception de la lettre de Thathnaï et de ses collègues, le roi Darius donna l’ordre de rechercher dans les archives des rois de Perse à Babylone. Les fouilles au Moyen Orient ont mis en lumière des archives avec des milliers de tablettes en écriture cunéiforme dont plusieurs confirment la précision du récit biblique.

La recherche ordonnée par Darius ne fournit aucun résultat dans la capitale de Babylone. C’est ce que l’on peut déduire du texte ci-dessus. Ils n’ont pas cessé leur recherche pour autant.

La ville d’Akhmetha (ou bien Ecbatane, aujourd’hui Hamadan) en Médie était une résidence d’été des rois de Perse. Elle se situait à plusieurs centaines de kilomètres à l’Est de Babylone, dans les montagnes. C’est là finalement qu’on trouva un rouleau écrit avec un mémoire (protocole ou mémorandum) ayant le contenu suivant :


7.2 - Ch. 6:3-5 — Le mémoire du roi Cyrus

« La première année du roi Cyrus, le roi Cyrus donna l’ordre, touchant la maison de Dieu à Jérusalem : Que la maison soit bâtie pour être un lieu où l’on offre des sacrifices, et que ses fondements soient solides. Sa hauteur sera de soixante coudées, sa largeur de soixante coudées, avec trois rangées de grandes pierres, et une rangée de bois neuf ; et que les dépenses soient payées par la maison du roi ; et aussi que les ustensiles d’or et d’argent de la maison de Dieu, que Nebucadnetsar a sortis du temple de Jérusalem et a emportés à Babylone, soient rendus, et qu’on les porte au temple de Jérusalem, en leur lieu ; et tu les placeras dans la maison de Dieu ».


Le mémoire trouvé correspond en partie au décret du roi Cyrus cité au ch.1 v.1-4. Les deux récits diffèrent dans des détails, ce qu’on peut attribuer d’une part à ce que le ch. 1 ne contient pas une copie complète, et d’autre part en ce que le mémoire cité ici est à prendre comme une sorte de sommaire de protocole.

Dieu montrait de nouveau le secours qu’Il apportait à Son peuple et à leur zèle pour la maison, quand Il fit écrire au pouvoir païen : « Que la maison soit bâtie pour être un lieu où l’on offre des sacrifices ». En plus de la reconstruction du temple, il est mentionné ici la mission d’offrir « des sacrifices ». Cette ordonnance trouve sa contrepartie dans le Nouveau Testament dans la description du service dans l’assemblée qui est la maison spirituelle de Dieu pour le temps présent : « Vous avez goûté que le Seigneur est bon ; duquel vous approchant comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu, vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:4, 5). Le résidu des Juifs de l’époque se trouvait dans une situation semblable à celle des fidèles du Seigneur aujourd’hui, et les principes divins sont restés les mêmes !

Il est ensuite dit : « que ses fondements soient solides ». Ce fait important trouve aussi sa contrepartie dans le Nouveau Testament, dans la première épître de Pierre : « ‘Voici, je pose en Sion une maîtresse pierre de coin, élue, précieuse ; et celui qui croit en elle ne sera point confus’. C’est donc pour vous qui croyez, qu’elle a ce prix ; mais pour les désobéissants ‘la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin’, et ‘une pierre d’achoppement et un rocher de chute’, — lesquels heurtent contre la parole, étant désobéissants, à quoi aussi ils ont été destinés » (1 Pierre 2:6-8).

Les dimensions prescrites par Cyrus s’écartent beaucoup de celles du temple de Salomon : « … Sa hauteur sera de 60 coudées, sa largeur de 60 coudées ». La longueur de l’ouvrage n’est pas donnée. Le temple de Salomon était haut de 30 coudées, large de 20 coudées et avait 60 coudées de long (1 Rois 6:2). Le temple prévu était ainsi double en hauteur et triple en largeur. Si la longueur était en harmonie avec le temple de Salomon, l’édifice aurait été un cube de 60 coudées de côté. — Le fait qu’ici la hauteur et la largeur soient nommées a une signification. La hauteur indique l’élévation spirituelle que le vrai temple de Dieu, l’assemblée, doit montrer ; la largeur fait penser à l’ampleur et à l’ouverture spirituelles de ceux dont ce temple se compose et qui le représentent. Les deux sont justement indispensables dans un temps de ruine si nous voulons être gardés d’une étroitesse sectaire.

Un prince païen, bien disposé, avait donné les prescriptions pour cette construction. À l’inverse, le roi David en vue de la construction du temple final, avait reçu l’intelligence par écrit par la main de l’Éternel sur lui (1 Chr. 28:19). Cela explique toutes les différences. Dans le cas de David, Dieu était l’auteur ; ici c’était un homme positivement en faveur du peuple de Dieu. Cependant nous ne savons pas dans quelle mesure les Juifs revenus ont suivi ces prescriptions qui s’écartent si fort de celles données par Dieu. En tout cas le nouvel édifice restait loin derrière le temple d’origine du point de vue de sa gloire, comme nous l’avons vu (3:12 ; Aggée 2:3).

« Que les dépenses soient payées par la maison du roi ». Cet ordre est mentionné ici pour la première fois. Nous ne savons pas si pendant le temps de quinze années écoulées jusque-là, cet ordre était tombé dans l’oubli ou bien s’il n’avait pas été exécuté. On voit là la générosité du roi Cyrus vis-à-vis des Juifs. Si ceux-ci n’étaient pas matériellement en état d’assumer les coûts élevés de la maison de Dieu à Jérusalem, c’était une tâche facile pour Dieu d’utiliser un roi païen, le chef du deuxième des quatre empires, pour payer tout le nécessaire. Il avait fait dire par le prophète Aggée : « L’argent est à moi, et l’or est à moi, dit l’Éternel des armées » (Aggée 2:8 ; voir Ps. 50:10). Une fois de plus, on voit ici comment Dieu est au-dessus de tout, et combien Il prend soin de tout, à la fois pour Ses affaires sur la terre et pour les Siens qui s’y intéressent.

Les récits particuliers (1:2-11 ; 5:13-16 et ici) s’écartent sur plusieurs points les uns des autres, cependant ils sont tous les trois d’accord sur un point : sur les ustensiles précieux de la maison de Dieu que Nebucadnetsar avait emportés comme butin. Le premier chef du premier empire les avait pris, et le premier chef du second empire devait les faire ramener en leur lieu. Si ces rois cherchaient premièrement à accroître leur propre puissance et leur majesté et leur indépendance de Dieu, cela n’empêchait pas le Tout-puissant de les engrener comme Il voulait dans Ses voies en gouvernement. Son but et Ses objectifs impliquent qu’Il soit glorifié. C’est que nous voyons ici aussi.


7.3 - Ch. 6:6-12 — L’ordre de Darius

7.3.1 - Ch. 6:6-7

« Ainsi Thathnaï, gouverneur de l’autre côté du fleuve, Shethar-Boznaï, et leurs collègues, les Apharsakites, qui êtes de l’autre côté du fleuve, tenez-vous loin de là ; laissez se faire le travail de cette maison de Dieu. Que le gouverneur des Juifs et les anciens des Juifs bâtissent cette maison de Dieu sur son emplacement ».


Le décret du roi Cyrus fut confirmé par Darius. Une telle mesure était conforme aux lois des Mèdes et des Perses. Mais à la suite Darius y ajoute un ordre supplémentaire.

D’abord il ordonne aux dirigeants de s’éloigner de Jérusalem, spécialement à Thathnaï, Shethar-Boznaï, et leurs collègues, les Apharsakites qui, vu de Babylone, étaient « de l’autre côté du fleuve (l’Euphrate) ». C’était la seule façon qu’il voyait de pouvoir assurer que le travail de la maison de Dieu se fasse et soit mené à bonne fin.

Ensuite Darius confirme que le gouverneur des Juifs, ce qui désigne naturellement Zorobabel / Sheshbatsar, doit bâtir « cette maison de Dieu sur son emplacement ». Il doit le faire en collaboration avec les anciens des Juifs. Dieu ne se sert pas seulement de Cyrus, mais aussi de Darius pour aider Son peuple à accomplir Sa volonté. — Aujourd’hui aussi dans les pays occidentaux, nous avons ce grand privilège de pouvoir nous rassembler au nom du Seigneur Jésus en toute liberté, sans empêchement de la part des gouvernements. Cette liberté n’exclut pas des activités hostiles de la part de certains individus ou groupes, comme bien des rassemblements en ont fait l’expérience ici ou là. Cependant c’est une bonté de Dieu que même de tels excès sont en général réprimés par les gouvernements. Soyons-en reconnaissants au Seigneur.


7.3.2 - Ch. 6:8-10

« Et, de par moi, ordre est donné touchant ce que vous ferez à l’égard de ces anciens des Juifs pour la construction de cette maison de Dieu : Que, des biens du roi provenant du tribut de l’autre côté du fleuve, les dépenses soient promptement payées à ces hommes, pour qu’ils ne soient pas interrompus ; et que ce qui leur est nécessaire, jeunes taureaux, et béliers, et agneaux, pour les holocaustes au Dieu des cieux, froment, sel, vin, et huile, selon l’ordre des sacrificateurs qui sont à Jérusalem, leur soit donné, jour par jour, sans manquer, afin qu’ils offrent des sacrifices d’odeur agréable (*) au Dieu des cieux et qu’ils prient pour la vie du roi et de ses fils ».


(*) note Bibliquest : En français J.N.Darby traduit « des sacrifices d’odeur agréable » par « de l’encens ».


Aux dispositions introductives, deux ordres supplémentaires sont donnés par le roi Darius. L’un concerne « la construction de cette maison de Dieu » et les sacrifices qui devaient y être offerts (6:8-10), le second concerne l’immuabilité des décisions prises (6:11-12).

Le premier ordre exige que les opposants de la construction du temple, Thathnaï et ses collègues, ‘assument promptement le paiement des dépenses’ de ces hommes « pour qu’ils ne soient pas interrompus ». « Ces hommes » étaient les anciens des Juifs responsables de la construction de la maison de Dieu (5:5, 9 ; 6:7). Selon le décret de Cyrus découvert à Akhmetha, la maison du roi devait subvenir aux coûts de la reconstruction du temple (6:4). Darius précise maintenant cet ordre en indiquant que cette aide matérielle devait être prélevée sur « les biens du roi provenant du tribut de l’autre côté du fleuve ». En tant que gouverneur à l’ouest de l’Euphrate, Thathnaï était au moins responsable de l’encaissement régulier des impôts, péages et autres taxes de son territoire. Il est spécialement insisté sur la promptitude des paiements et sur la levée de toute entrave au travail. Voilà que les hommes mêmes qui voulaient empêcher la construction, sont sous l’obligation de soutenir ceux qui construisent ! Nous voyons ici de nouveau la vérité de la parole des Proverbes : « Le cœur d’un roi, dans la main de l’Éternel, est comme des ruisseaux d’eau ; Il l’incline à tout ce qui Lui plaît » (Prov. 21:1 ; 16:7).

Cependant ce n’est pas tout. Darius va bien plus loin dans ses exigences que de simplement permettre la reconstruction du temple. Il s’occupe du soutien courant des sacrificateurs pour qu’ils puissent exercer leur service selon l’ordonnance. Le roi de Perse s’était manifestement informé sur les sacrifices prescrits dans la loi de Sinaï. Comme au ch.3 v.2, seuls les holocaustes sont mentionnés ici ; c’est une nouvelle allusion au Seigneur Jésus et à Son œuvre expiatoire sous l’aspect de Son parfait dévouement à Dieu ; et c’est sur la base de cette œuvre qu’Il peut nous révéler Sa grâce et nous la communiquer.

En outre il fallait que « froment, sel, vin, et huile, selon l’ordre des sacrificateurs qui sont à Jérusalem, leur soit donné, jour par jour, sans manquer ». Ces choses étaient nécessaires pour les offrandes de gâteau et les libations. Pour toutes ces choses, il fallait pourvoir journellement sans aucune soustraction ou limitation. Les responsables pour requérir ces choses et les partager étaient les sacrificateurs de Dieu. Dans l’Écriture Sainte ils représentent les croyants qui ont l’habitude de se tenir dans la sainte présence de Dieu et de Le servir et d’enseigner d’autres croyants (comp. Deut. 33:10 ; Mal. 2:7).

Dans cette courte section Dieu est appelé deux fois le « Dieu des cieux ». Cyrus avait déjà utilisé ce nom, exprimant par-là le caractère pris par Dieu depuis la destruction de Jérusalem, après que Sa gloire se soit retirée du temple, le lieu de Son habitation sur la terre (1:2 ; 5:12).

En accord avec la loi dans le Lévitique et les Nombres (surtout Lév. 1 à 8 ; Nomb. 15 ; 28 et 29), Darius parle dans son décret de « sacrifices d’odeur agréable [J.N.Darby : de l’encens] ». C’est la seule fois que cette belle expression apparaît dans les livres historiques tardifs de l’Ancien Testament à l’égard de ce genre de sacrifices qu’on devait faire fumer sur l’autel d’airain. Elle fait allusion au trait de caractère le plus élevé des sacrifices où Dieu est glorifié par un dévouement parfait. C’est ce qui a, par-dessus tout, caractérisé l’œuvre de Christ à la croix, qui « nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Éph. 5:2). C’est aussi la caractéristique des sacrifices spirituels que les rachetés offrent dans leur culte, lesquels sont agréables à Dieu par Jésus Christ (1 Pierre 2:5).

Le désir exprimé finalement que les sacrificateurs « prient pour la vie du roi et de ses fils » émane plutôt de son intelligence païenne que d’une vraie foi dans le seul vrai Dieu. De son point de vue polythéiste, Darius pouvait Le nommer le « Dieu des cieux » sans être infidèle à ses propres dieux. D’un autre côté, les Juifs à Babylone étaient aussi invités par le prophète Jérémie à « chercher la paix de la ville où je vous ai transportés, et prier l’Éternel pour elle ; car dans sa paix sera votre paix » (Jér. 29:7). — De la même manière nous pouvons aussi prier pour tous les haut-placés, les responsables de gouvernement, afin que « nous puissions mener une vie paisible et tranquille en toute piété et honnêteté ; car cela est bon et agréable devant notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim. 2:1-4).


7.3.3 - Ch. 6:11-12

« Et de par moi ordre est donné, que si quelque homme change ce rescrit, un bois soit arraché de sa maison et dressé, et qu’il y soit attaché, et que sa maison soit réduite en un tas de fumier à cause de cela. Et que le Dieu qui y a fait demeurer son nom renverse tout roi et peuple qui étendrait sa main pour changer et pour détruire cette maison de Dieu qui est à Jérusalem. Moi, Darius, j’ai donné cet ordre ; qu’il soit promptement exécuté ».


Le décret de Darius s’achève par un second ordre soulignant l’immuabilité du décret royal de reconstruire la maison de Dieu à Jérusalem. Quiconque modifierait ce décret est menacé d’une mort tout à fait ignominieuse (comp. Dan. 3:29). Toute tentative, même venant du plus haut niveau, d’empêcher la construction du temple ou, pire, de le détruire, Dieu qui y fait habiter Son nom le punirait en jetant par terre le conducteur et le peuple.

Déjà au v. 9, la connaissance des détails des sacrifices était frappante. La formule « le Dieu qui y fait habiter Son nom » du v. 12 va encore plus loin. Cette parole concorde presque mot à mot avec l’expression qu’on rencontre si souvent dans le Deutéronome pour le lieu d’habitation de Dieu à Jérusalem (Deut. 12:11 ; 1 Rois 11:36). Dieu ne donne pas Sa gloire à un autre (És. 42:8 ; 48:11). Or Il n’oublie ni n’abandonne Son peuple. L’intérêt de Dieu est dirigé d’une manière spéciale non seulement vers ce lieu, mais aussi vers ceux pour qui ce lieu a de la valeur et qui l’aiment. C’était le cas en rapport avec Sion, et c’est encore aujourd’hui le cas à l’égard du lieu où le Seigneur Jésus a promis Sa présence aux deux ou trois rassemblés en Son nom (Matt. 18:20).

Pendant longtemps Son propre peuple L’a méprisé Lui et Sa sainte habitation. Maintenant un petit résidu était de retour, et était revenu au lieu choisi par Dieu. Dieu, pour ainsi dire, amène les nations païennes à le reconnaître ouvertement. Toute opposition est brisée, et les quelques fidèles peu nombreux peuvent continuer sous la protection du roi leur travail de construction à la maison de Dieu.

Darius termine le décret par ces paroles claires et nettes : « Moi, Darius, j’ai donné cet ordre ; qu’il soit promptement exécuté ! » Il insiste encore une fois sur une absolue précision et sur la promptitude dans l’accomplissement de ses paroles (6:8).


7.4 - Ch. 6:13-15 — La construction du temple achevée

7.4.1 - Ch. 6:13

« Alors Thathnaï, gouverneur de ce côté du fleuve, Shethar-Boznaï, et leurs collègues, firent ainsi promptement, selon l’ordre que le roi Darius avait envoyé ».


Les opposants à la construction du temple durent se tenir pour battus devant le décret du roi de Perse. Ils avaient voulu mettre fin à l’activité de construction par leur question rusée posée au roi concernant sa justification. Maintenant ils étaient obligés de voir que cette question avait produit l’effet exactement contraire. S’ils ne voulaient pas tomber eux-mêmes en disgrâce, il ne leur restait rien d’autre qu’à agir avec exactitude selon ce que le roi Darius avait envoyé. C’est ce qu’ils firent effectivement.


7.4.2 - Ch. 6:14-15

« Et les anciens des Juifs bâtirent et prospérèrent par la prophétie d’Aggée, le prophète, et de Zacharie, fils d’Iddo. Et ils bâtirent et achevèrent, selon l’ordre du Dieu d’Israël et selon l’ordre de Cyrus, et de Darius, et d’Artaxerxès, roi de Perse. Et cette maison fût achevée le troisième jour du mois d’Adar : c’était la sixième année du règne du roi Darius ».


Le ministère des prophètes Aggée et Zacharie auprès de ceux du résidu Juif, avait couvert de honte leur faible foi, encore affaiblie par les multiples attaques des ennemis, et leur manque d’intérêt pour la maison de Dieu. Comme nous l’avons vu lors de la méditation des deux premiers versets du ch. 5, ces prophètes les avaient encouragés à se remettre à bâtir. Ils répètent maintenant leurs encouragements ou les continuent. Cela fait reprendre courage aux anciens des Juifs en tant que responsables, et ils bâtissent dès lors sans interruption jusqu’à l’achèvement.

Nous voyons ici, d’une part le service et la mission des anciens pour conduire ceux qui construisent, et d’autre part les prophètes pour stimuler et soutenir. Les deux ont aussi leur place aujourd’hui, car Dieu a donné différents dons de grâce qu’il ne faut pas confondre. La Parole de Dieu est très claire sur ce point : « Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre. Or ayant des dons de grâce différents, selon la grâce qui nous a été donnée, soit la prophétie, prophétisons selon la proportion de la foi ; soit le service, soyons occupés du service ; soit celui qui enseigne, qu’il s’applique à l’enseignement ; soit celui qui exhorte, à l’exhortation ; — celui qui distribue, qu’il le fasse en simplicité ; celui qui est à la tête, qu’il conduise soigneusement ; celui qui exerce la miséricorde, qu’il le fasse joyeusement » (Rom. 12:4-8). Le service de prophète doit opérer encore aujourd’hui l’édification, l’exhortation et la consolation, tandis que le service des évangélistes, pasteurs et docteurs est donné « pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ » (1 Cor. 3:5-17 ; 14:3 ; Éph. 4:11, 12).

Trois éléments sont nommés comme bases du succès de la construction : le ministère déjà mentionné des prophètes Aggée et Zacharie, l’ordre donné par Dieu et l’ordre de la plus haute autorité humaine.

L’ordre donné par Dieu de bâtir le temple, qui est mentionné en second, n’apparaît qu’ici. Nous ne lisons rien ailleurs au sujet d’une mission concrète de Dieu donnée aux Juifs de reconstruire le temple, mais seulement les ordres des rois de Perse. L’écrivain peut cependant se référer à juste titre à Ésaïe 44:28, où Dieu avait dit longtemps auparavant au sujet de Cyrus : « Il est mon berger, et il accomplira tout mon bon plaisir, disant à Jérusalem : Tu seras bâtie, et au temple : Tes fondements seront posés ! ». Nous pouvons également penser à Esdras 1:1,2 où il est dit que « l’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse » et lui donna la charge de « lui bâtir une maison à Jérusalem ».

Cet ordre de Dieu, qui ne leur est pas communiqué directement, était plus important pour les Juifs de retour que l’agrément des autorités du monde. La même chose vaut pour tous les rachetés qui, dans le temps présent, voient leur mission de réaliser vraiment selon l’Écriture, les pensées de Dieu au sujet de Son Assemblée et du lieu de rassemblement. La volonté de Dieu doit toujours, pour nous, passer avant toute considération humaine. Observer cela est une part bienheureuse qui nous donne la paix intérieure, le repos intérieur (Matt. 11:29).

Les deux rois Cyrus et Darius furent très positifs en faveur de la reconstruction du temple. Nous l’avons déjà considéré en détail. Le troisième roi nommé ici, Artaxerxès, ne peut pas être celui du ch. 4, déjà parce que, par sa lettre, il avait fait arrêter temporairement la construction du temple (4:7-24). Le roi Perse Artaxerxès I « Longue-Main », également nommé Artaxerxès (Artasasta) dans la Bible, régna quelques temps plus tard (464-424 avant J.C.) et il fut bien disposé à l’égard d’Esdras aussi bien que de Néhémie. Il supporta les coûts pour le service dans le temple, et sous sa protection les murailles de la ville furent achevées (Esdras 7:21-24 ; Néh. 2). Dans son attitude vis-à-vis des Juifs et de Jérusalem, il ressembla à Cyrus et à Darius le Grand. Esdras, rédacteur de ce livre, vint à Jérusalem sous son règne (7:1). Cela fait comprendre qu’il soit déjà mentionné ici, bien qu’il ne régnât qu’un demi-siècle plus tard. Les Juifs avaient bien de quoi être spécialement reconnaissants à ces trois rois de Perse pour leurs dispositions favorables envers eux et envers les intérêts de Dieu (*).


(*) La mention d’Artaxerxès au v. 14 ne doit pas du tout être considérée comme un anachronisme comme beaucoup de commentateurs le font (bien qu’ils ne veuillent pas voir un problème au ch.4 v.7, où il n’est alors vraiment pas à sa place). Il est remarquable que, dans ce v. 14 du ch.6, il ne soit pas question du temple, mais seulement de bâtir en général, tandis qu’au v. 15 par contre, il est de nouveau question de la « maison ». Au temps d’Artaxerxès, la construction du temple était terminée depuis longtemps.


Au troisième jour du mois Adar (février / mars, dernier mois de l’année religieuse) de la sixième année de règne de Darius I (516 avant J.C.) la maison de Dieu fut achevée, c’est-à-dire environ quatre ans après la reprise des travaux (4:24) et environ 70 ans après sa destruction complète. Combien ce jour était significatif, pour qu’il soit inscrit pour toujours dans la Parole de Dieu !

Après le rétablissement de l’autel de l’adoration la première année suivant le retour du résidu (3:1-7), cette autre date était de toute importance dans l’histoire des Juifs de retour. C’est maintenant seulement que le service sacerdotal pouvait recommencer à être exercé selon l’Écriture. Tandis que l’autel symbolise la communion avec Dieu sur la base d’un sacrifice de propitiation, et symbolise également l’adoration fondée sur ce sacrifice, la maison de Dieu, le temple, parle de la sainte habitation de Dieu au milieu de Son peuple (6:12 ; comp. Exode 15:13, 17 ; Ps. 26:8). Selon Sa volonté, les deux vont ensemble.

Certes il manquait l’arche de l’alliance avec le propitiatoire et les chérubins, symboles du trône de Dieu. Le lieu très saint était vide. Il n’y avait pas la nuée de la gloire de Dieu, comme lors de la dédicace de la tente d’assignation dans le désert, et de celle du temple de Salomon à Jérusalem. La gloire de Dieu qui trônait autrefois entre les chérubins dans le temple sur la terre (1 Sam. 4:4), n’est jamais revenue durant les temps des nations. Dans le règne millénaire, elle y reviendra (Éz. 43:1-5 ; Aggée 2:7-9). Mais même si la gloire visible de Dieu n’était plus présente, cependant Dieu parlait à Son peuple justement à ce moment-là par Ses prophètes : « La parole selon laquelle j’ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d’Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous ; ne craignez pas » (Aggée 2:5). Rien ne manquait pour leur chemin de foi. — Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Tous ceux qui veulent être fidèles au Seigneur peuvent s’appuyer sur Sa Parole éternellement valable et immuable et sur la puissance de l’Esprit Saint qui habite dans chaque croyant individuellement et dans l’Assemblée comme la maison spirituelle de Dieu (1 Cor. 3:16 ; 6:19).


7.5 - Ch. 6:16-22 — Dédicace du temple et fête de Pâque

7.5.1 - Ch. 6:16-18

« Et les fils d’Israël, les sacrificateurs et les lévites, et le reste des fils de la transportation, célébrèrent la dédicace de cette maison de Dieu avec joie ; et ils offrirent pour la dédicace de cette maison de Dieu, cent taureaux, deux cents béliers, quatre cents agneaux, et, comme sacrifice pour le péché, pour tout Israël, douze boucs, selon le nombre des tribus d’Israël. Et ils établirent les sacrificateurs dans leurs classes, et les lévites dans leurs divisions, pour le service de Dieu à Jérusalem, selon ce qui est écrit au livre de Moïse ».


Le but premier, et le plus important, du retour du résidu était maintenant atteint (1:2 ; És. 44:28). L’habitation de Dieu était rétablie, et la dédicace était faite maintenant, comme cela avait déjà eu lieu autrefois au temps de Salomon.

Le cœur du lecteur attentif de la Bible est de nouveau touché de ce que cette petite troupe de gens revenus, soit désignée comme « les fils d’Israël ». Nous rencontrons toujours de nouveau, dans ce livre, cette expression qui se rapporte à l’ensemble du peuple de Dieu. On ne trouve pas un mot de l’ancien schisme du royaume en deux parties ; on n’en trouve guère plus sur les Juifs restés à Babylone. La pensée de l’unité du peuple de douze tribus domine dans ce livre, comme nous l’avons vu au début et à la fin du ch. 2 (2:2, 70). Dieu considère le petit résidu comme les représentants de Son peuple, et eux-mêmes cherchent à agir en conformité avec cette qualité.

On dirait comme si l’expression « les fils d’Israël » désignait ici tous ceux qui étaient revenus, et qui sont ensuite présentés individuellement comme « les sacrificateurs et les lévites, et le reste des fils de la transportation ». Les sacrificateurs avaient la fonction la plus élevée parmi le peuple parce qu’ils avaient (eux seuls, à l’époque) le droit de s’approcher de Dieu. Les lévites étaient les serviteurs de Dieu auprès de Son sanctuaire. Enfin sont nommés « le reste des fils de la transportation ». Ils étaient conscients de leur appartenance au peuple terrestre de Dieu, ils se voyaient aussi comme les représentants de tout le peuple d’Israël dans le pays que l’Éternel leur avait donné à tous. Mais ils n’oubliaient pas que, comme fils de la transportation, ils avaient été chassés de leur pays par jugement punitif de Dieu, et qu’ils n’avaient pu y rentrer que par Sa grâce. Ils se comportaient donc comme ils convenait pour eux dans cette situation.

« Ils célébrèrent la dédicace de cette maison de Dieu avec joie ». La joie est mentionnée trois fois dans la dernière section du ch. 6 (6:22). Déjà lors de la pose des fondements du temple, il y avait eu « des cris de joie » (3:12), que nous ne trouvons ni lors de la construction de la tente d’assignation, ni lors de celle du temple. Dans les temps de faiblesse spirituelle également, Dieu veut, dans Sa grâce, accorder de la joie aux Siens, comme on le voit dans cet exemple. Cependant n’oublions pas qu’il ne s’agit pas d’une joie humaine, terrestre, voire mondaine, mais de la « joie dans le Seigneur », c’est-à-dire celle qui se rapporte à Lui et que Lui opère (Néh. 8:10 ; Phil. 3:1 ; 4:4).

La joie du résidu trouva son expression dans les sacrifices qui furent offerts. Ils offrirent « 100 taureaux, 200 béliers, 400 agneaux, et, comme sacrifice pour le péché pour tout Israël, 12 boucs, selon le nombre des tribus d’Israël » (6:17). Pourtant quelle différence avec la dédicace du temple sous Salomon ! À l’époque, on offrit 22000 bœufs et 120000 moutons (1 Rois 8:63). Ici ce n’est qu’une toute petite partie de cela. Cette comparaison montre de nouveau que la joie des Juifs ne reposait pas sur des choses extérieures.

Une autre différence par rapport aux circonstances analogues antérieures est encore à relever. Lors des sacrifices de dédicace de la tente d’assignation et du temple, le feu du ciel était descendu et avait consumé les sacrifices (Lév. 9:24 ; 2 Chr. 7:1). Ici, cela n’a pas eu lieu. De même la gloire de Dieu n’est pas revenue dans le temple. L’état initial n’a pas été rétabli. — Pareillement le temps glorieux du commencement de l’Assemblée était caractérisé par l’activité visible de l’Esprit de Dieu, « Dieu rendant témoignage avec eux par des signes et des prodiges, et par divers miracles et distributions de l’Esprit Saint, selon sa propre volonté » (Héb. 2:4). Ce temps lui aussi est passé et ne reviendra pas. Mais aujourd’hui, comme autrefois, Dieu maintient Ses promesses de grâce. À Lui louange et actions de grâce pour cela.

Malgré toute leur joie, les Juifs n’oubliaient pas du tout le passé, et l’état honteux dans lequel se trouvait l’ensemble du peuple de Dieu en ce temps-là. Bien qu’ils ne fussent qu’un petit nombre (42360 selon 2:64) à être revenus d’entre les deux tribus de Juda et Benjamin avec les lévites, ils se considéraient, malgré leur faiblesse, comme les représentants de l’ensemble du peuple des douze tribus ; et ils étaient bien dans le pays que Dieu leur avait donné et au lieu qu’Il avait choisi pour être adoré. Dans « le sacrifice pour le péché pour tout Israël » qui se composait de « douze boucs selon le nombre des tribus d’Israël », toutes les tribus du peuple entier étaient incluses. Le sacrifice pour le péché n’était pas un sacrifice d’adoration comme l’holocauste ou le sacrifice de prospérité, mais il était lié à l’humiliation et à la confession des fautes. Par l’offrande du sacrifice pour le péché pour les douze tribus d’Israël, le petit résidu s’identifiait avec le peuple tout entier qui avait failli, sans se placer en rien au-dessus des autres. C’était de la vraie humiliation selon les pensées de Dieu

Daniel s’était exprimé de cette manière dans sa prière bien avant le premier retour du résidu (Dan. 9). Bien qu’il fût beaucoup trop jeune pour avoir eu sa part de culpabilité dans l’idolâtrie du peuple avant l’exil, il s’identifiait pleinement avec l’ensemble du peuple : « Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons agi méchamment, et nous nous sommes rebellés et nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances » (Dan. 9:5). C’est de la même manière qu’ici le Résidu offrait le sacrifice pour le péché pour tout Israël.

Pourquoi cela est-il si important ? Parce qu’en cela il apparait de manière visible une conscience claire de deux faits : Premièrement que, si l’on est membre du peuple de Dieu, on ne peut pas se placer au-dessus de cela, ni s’en désolidariser, et secondement qu’on n’est pas meilleur que les autres, mais tout autant pécheur. Cela est encore valable aujourd’hui de la même manière qu’à l’époque, et même encore plus fortement, parce que nous appartenons à l’unité indissoluble du corps de Christ et que nous en sommes membres (1 Cor. 6:15 ; Éph. 4:4).

Parmi les nombreux types de l’Ancien Testament, aucun ne figure l’unité de l’Assemblée de Dieu. L’unité du corps de Christ est une partie du mystère (du secret) qui n’a été révélé qu’aux apôtres et prophètes du Nouveau Testament, après que le Seigneur Jésus ait achevé Son œuvre de rédemption, et qu’Il ait envoyé le Saint Esprit ici-bas (1 Cor. 12:12, 13 ; Éph. 3:4-6). Mais la Parole de Dieu prend toujours en compte la totalité du peuple de Dieu (Exode 24:4 ; 28:21 ; Josué 4 ; 1 Rois 18:31). Il en est de même ici.

Comme ce que faisait le résidu Juif, il est encore possible aujourd’hui de se rassembler comme assemblée au nom du Seigneur Jésus, bien que la chrétienté soit extérieurement fractionnée en de multiples morceaux. Cela ne tient pas seulement à ce qu’on se tient séparé de tout ce qui est contraire à la Parole de Dieu. Un rassemblement de chrétiens réellement conforme à l’Écriture, comporte aussi la reconnaissance et la réalisation de l’unité du corps de Christ à laquelle appartiennent tous ceux qui croient en Lui. Si nous tenons compte de ces deux aspects, nous nous trouvons au lieu déterminé par Lui où nous pouvons être rassemblés à Son nom, même si l’on est que deux ou trois (Matt. 18:20). Comme pour le résidu d’Israël, ceci ne peut être réalisé à la gloire de Dieu qu’avec une profonde humiliation sur l’état général de la chrétienté, y compris le nôtre. Puisse cette caractéristique être la nôtre !

Une telle représentation de l’unité de l’Assemblée de Dieu concomitante à la séparation d’avec beaucoup d’enfants de Dieu est inconcevable pour beaucoup, voire même contradictoire. En fait la séparation parmi les croyants va à l’encontre de l’unité selon la pensée de Dieu, — mais avec une exception qui est la séparation du mal. L’unité du peuple ne peut être réalisée et exprimée qu’au lieu que Dieu a déterminé pour cela. Au temps de l’Ancien Testament, ce lieu-là était Jérusalem et le temple où Dieu habitait, et dans le temps présent c’est là où deux ou trois sont rassemblés au nom du Seigneur Jésus (Matt. 18:20). Là où Dieu désire voir Son peuple, l’unité de ce peuple ne peut qu’être exprimée dans son vrai sens correct, car tous les membres de Son peuple ont leur place à ce lieu déterminé par Dieu. À Babylone, l’unité d’Israël était aussi peu réalisable que ne l’est l’unité de tous les vrais chrétiens dans les églises ou dans les activités supraconfessionelles, comme l’œcuménisme ou l’Alliance. L’unité du peuple de Dieu ne peut être représentée que dans le lieu établi par Lui-même, ce qui implique simultanément la séparation d’avec tout autre « lieu » où cette unité n’est pas réalisée. Cela est aussi valable dans le temps présent, justement en raison de la ruine spirituelle de la chrétienté.

Ensuite les classes des sacrificateurs et les divisions des lévites, que David avait instaurées pour le service du temple, furent remises en vigueur (6:18). L’expression « selon ce qui est écrit au livre de Moïse » se rapporte aux services décrits en Nombres 3 et 4 pour le grand sacrificateur, les sacrificateurs, les Guershonites, les Kehathites et les Mérarites, c’est-à-dire les trois familles des fils de Lévi. Plus tard, pour le service du temple, David a de nouveau réparti les lévites et les sacrificateurs en sections (ou divisions) et il a établi ce qu’était leur service (1 Chr. 23 et 24). Les classes et les divisions du v. 18 se rapportent à ces ordonnances de Moïse et de David. Tout se passe en accord avec la Parole de Dieu. Aujourd’hui également, rien ne peut fonctionner autrement.


7.5.2 - Ch. 6:19

(*) « Et les fils de la transportation célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du premier mois ».


(*) À partir d’ici, le texte biblique est de nouveau en hébreu.


La Pâque fut célébrée un mois après la dédicace du temple, le quatorzième jour du premier mois (Abib ou Nisan ; Mars / Avril, premier mois de l’année religieuse). Lors de son établissement, Dieu avait déjà précisé : « Ce mois sera pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année » (Exode 12:2).

La Pâque n’était pas seulement la première des sept fêtes de l’Éternel au cours de l’année. Historiquement et spirituellement aussi, elle se place au début, car c’était le premier pas de la délivrance des Israélites hors d’Égypte. Dans la nuit de la Pâque, le destructeur traversa tout le pays d’Égypte pour tuer tous les premiers-nés. Seules les maisons sur la porte desquelles le sang de l’agneau pascal était visible, furent épargnées du jugement de Dieu. La base de tout cela était la parole de Dieu qui avait été donnée : « Et le sang vous sera pour signe sur les maisons où vous serez ; et je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie à destruction au milieu de vous, quand je frapperai le pays d’Égypte » (Exode 12:13). Cette même nuit, les Israélites quittèrent l’Égypte (Exode 12:31). Dans le Nouveau Testament, il est expliqué ce dont parle l’agneau pascal du point de vue spirituel. En 1 Cor. 5:7, il est dit : « Car aussi notre Pâque, Christ, a été sacrifiée ».

Le souvenir d’avoir été préservés du jugement de Dieu, puis d’être sortis d’Égypte, était très touchant pour le résidu revenu. Ces faits avaient autrefois conduit à l’accomplissement des promesses de Dieu à Abraham, et ils formaient en même temps la base de l’existence d’Israël comme peuple de Dieu. — Pour nous la première Pâque d’Israël équivaut à la foi dans le sang précieux de Christ (Rom. 3:25). Les célébrations suivantes de la Pâque, y compris celle mentionnée ici, sont différentes en ce qu’elles sont une image du repas du souvenir du Seigneur (cène) que nous célébrons aujourd’hui chaque premier jour de la semaine : nous nous rappelons Son œuvre précieuse à la croix accomplie pour nous, et nous annonçons Sa mort sur la terre, jusqu’à ce qu’Il vienne (1 Cor. 11:23-26).


7.5.3 - Ch. 6:20

« Car les sacrificateurs et les lévites s’étaient purifiés comme un seul homme : ils étaient tous purs ; et ils égorgèrent la Pâque pour tous les fils de la transportation, et pour leurs frères les sacrificateurs, et pour eux-mêmes ».


Malgré le petit nombre de personnes et malgré leur faible état, les saintes exigences de Dieu ne furent ni restreintes, ni assouplies. La loi permettait à chacun de savoir ce qui était pur, et ce qui ne l’était pas (Nomb. 9:6 et suiv.). Cela faisait ressortir que l’on avait sondé la loi et qu’on la connaissait, ou bien qu’on s’était fait instruire par quelqu’un qui la connaissait. Quand ces conditions ne sont pas remplies, il ne peut pas y avoir de culte [ou : service divin] qui plaise à Dieu. Nous avons aussi à prendre cela à cœur aujourd’hui.

Quiconque voulait offrir un sacrifice, ou célébrer une fête de l’Éternel, devait être pur. Cela était valable tout spécialement pour les sacrificateurs et les lévites. Ceux-ci s’étaient purifiés d’un cœur parfait, sans exception, selon les prescriptions de la loi pour cette fête. Avec cette disposition d’esprit, ils égorgèrent l’agneau pascal (et bien sûr les sacrifices qui s’y rattachaient ; Nomb. 28:16-22) pour l’ensemble du peuple (de nouveau nommé « les fils de la transportation » comme aux v. 16 et 19), et « pour leurs frères les sacrificateurs et pour eux-mêmes ».


7.5.4 - Ch. 6:21

« Et les fils d’Israël qui étaient de retour de la transportation en mangèrent, et, avec eux, tous ceux qui s’étaient séparés de l’impureté des nations du pays pour rechercher l’Éternel, le Dieu d’Israël ».


« Les fils d’Israël qui étaient de retour de la transportation » — voilà le titre par lequel le résidu est désigné ici. On ne pouvait pas décrire plus exactement son état aux yeux de Dieu et aux yeux du peuple. Les multiples répétitions (Israël aux v. 16, 17 et 21 ; transportation aux v. 16, 19, 20 et 21) soulignent l’importance de ces deux aspects si différents et pourtant si vrais. Nous avons considéré en détail les deux désignations qu’ils prenaient et qui caractérisaient les deux positions. Le plan de Dieu n’est pas rendu infructueux par nos manquements.

En mangeant l’agneau de la Pâque, toutes les différences entre gens du peuple disparaissaient. Qu’on soit sacrificateur, lévite ou du reste du peuple, tous appartenaient de la même manière aux fils d’Israël, et étaient pareillement revenus de captivité. En outre d’autres encore s’étaient rattachés à eux, ceux « qui s’étaient séparés des impuretés des nations du pays ». Cela peut avoir été des Juifs restés au pays de Juda lors de la transportation du peuple à Babylone, et qui s’étaient liés à d’autres peuples païens. Mais ce peut aussi avoir été ceux qui dans le temps relativement court après le retour s’étaient de nouveau alliés avec les nations par des mariages ou autres choses semblables (9:1, 2). Il s’agissait peut-être aussi de païens qui voulaient se rattacher à la foi des Juifs. Si on ne peut rien dire de précis là-dessus, l’important en tout cas était qu’ils s’étaient séparés de l’impureté des nations et qu’ils s’en étaient purifiés. Autrement ils n’auraient pas pu « rechercher l’Éternel, le Dieu d’Israël ». Car « la sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours » (Ps. 93:5).

Ce n’est que dans un tel état qu’aujourd’hui également on peut commémorer le souvenir de la mort de notre Seigneur, le repas du Seigneur (cène). C’est pourquoi il est dit en 1 Cor. 11:28 : « Mais que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ». Le monde et toute son impureté d’ordre moral ou doctrinal, n’y a aucune place.


7.5.5 - Ch. 6:22

« Et ils célébrèrent la fête des pains sans levain pendant sept jours, avec joie ; car l’Éternel les avait rendus joyeux, et il avait tourné vers eux le cœur du roi d’Assyrie, pour fortifier leurs mains dans l’œuvre de la maison de Dieu, du Dieu d’Israël ».


La joie n’a pas seulement régné lors de la dédicace du temple (6:16), mais aussi lors de « la fête des pains sans levain ». Cette fête de sept jours suivait directement la Pâque ; durant cette fête, on ne devait manger que des aliments sans levain (Exode 12:8, 15 ; Deut. 16:3, 4) (*). La signification spirituelle de la fête des pains sans levain pour nous chrétiens est expliquée dans le Nouveau Testament directement en relation avec la Pâque. En 1 Cor. 5:7-8, il est dit : « Ôtez le vieux levain, afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain. Car aussi notre pâque, Christ, a été sacrifiée : c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité ».


(*) C’est pour cette raison que dans le Nouveau Testament, la Pâque est occasionnellement nommée « la fête des pains sans levain », c’est-à-dire que les deux fêtes sont considérées comme ne faisant qu’une (Luc 22:1).


Les sept jours de cette fête forment un temps complet qui représente notre vie toute entière comme rachetés. Christ, notre pâque, est là au commencement. Ensuite la vie de foi du chrétien se déroule dans la sincérité (c’est-à-dire la pureté morale) et la vérité (c’est-à-dire la droiture et la fermeté quant à la vérité). C’est Christ Lui-même comme nourriture des croyants. Le levain (pâte fermentée) qui devait être ôté correspond au jugement de tout péché et à la séparation du mal personnellement et collectivement.

La fête des pains sans levain fut célébrée avec joie, ce qui était une bonté accordée par Dieu et qui témoignait en même temps du bon état d’esprit du résidu. La raison de cette joie était la conscience d’agir dans l’obéissance à la loi de l’Éternel. Cela suscitait Son bon plaisir et produisait une joie accordée par Lui. Voilà la vraie communion avec Dieu !

Ce sont des principes qui avaient été donnés au peuple d’Israël tout au début de son existence, quand il était encore en Égypte, et ils conservaient toute leur validité y compris dans ce temps de faiblesse. Après des siècles de décadence, ils venaient juste d’être redécouverts et pratiqués avec joie. De la même manière, nous aussi pouvons aujourd’hui pratiquer les principes bibliques pour mener une vie dans la sainteté, même si ces principes ne sont plus observés par de grandes parties de la chrétienté et qu’on s’en moque même (2 Chr. 30).

Dieu avait en outre « tourné vers eux le cœur du roi d’Assyrie ». Darius, le roi de Perse, est nommé ici roi d’Assyrie. Le royaume de Perse était plus grand que les royaumes précédents d’Assyrie et de Babylone ; il avait pris leur place, ce qui est la raison de cette désignation (voir 5:13 ; Néh. 13:6). Le roi avait donc ajouté à ses titres les noms des pays conquis. Comme nous l’avons vu dans ce chapitre, il se montre très bien disposé vis-à-vis du résidu et il les encourage à poursuivre « l’œuvre de la maison de Dieu, du Dieu d’Israël ». Ce fait présenté ici très positivement était pourtant, en même temps, un rappel de ce que le bien-être extérieur du peuple de Dieu dépendait maintenant des chefs de ce monde.

La construction du temple était achevée. Maintenant il s’agissait d’assumer le service régulier dans la maison de Dieu et d’y persévérer. — C’est justement ce que faisaient les premiers chrétiens : « Et ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières. Et toute âme avait de la crainte ; et beaucoup de prodiges et de miracles se faisaient par les apôtres. Et tous les croyants étaient en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes…. Et tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple ; et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur » (Actes 2:42-46).

Comme le résidu des Juifs, nous ne nous trouvons plus aujourd’hui dans un temps de commencement et de force, mais dans un temps de la fin, un temps de faiblesse. Le réveil et la manière de vivre du petit résidu Juif a aussi beaucoup à nous dire. Si nous désirons plaire au Seigneur comme rachetés dans notre vie personnelle et collective, nous devons tenir ferme à la séparation de toutes sortes de mal selon Sa pensée et à la pratiquer. Nous trouvons Sa volonté dans Sa Parole. Agir dans l’obéissance et pour Son honneur, entraîne toujours avec soi la bénédiction pour nous-mêmes !


8 - Ch. 7 : Esdras veut aller à Jérusalem

Le chapitre 6 se termine avec la dédicace du temple reconstruit dans la sixième année du roi Darius (environ 516 / 515 avant J. C.). Le ch. 7, et avec lui la seconde partie du livre d’Esdras, commence lors de la septième année du roi Artaxerxès I appelé Longue-Main qui a régné aux alentours de 464-424 avant J. C. (Esdras 7:8). (*)


(*) Entre Darius I et Artaxerxès I, il y a eu le règne d’Assuérus (Xerxès I, 485-464 av. J. C. ; Esther 1:1).


Nous sommes maintenant à peu près en 458 av. J.-C. Près de 80 ans se sont écoulés depuis le retour du résidu juif de Babylone en Judée. Cela fait environ 57 ans après la dédicace du temple de Jérusalem. La Parole de Dieu ne nous dit rien de ce qui s’est passé en Judée et à Jérusalem entre-temps.

De nouveau, quelques Juifs reviennent de Babylone sous la conduite d’Esdras. Le voyage n’avait évidemment aucune raison extérieure particulière, si ce n’est que les rois de Perse étaient favorables au repeuplement du pays de Canaan.

L’initiative provenait d’Esdras. Son désir était de ramener le résidu du peuple de Dieu revenu s’établir en Juda à la valeur des Saintes Écritures et à l’amour pour celles-ci. Service précieux et utile — non seulement à l’époque, mais aujourd’hui encore !


8.1 - Ch. 7:1-5 — Le Scribe Esdras

« Et après ces choses, sous le règne d’Artaxerxès, roi de Perse, Esdras, fils de Seraïa, fils d’Azaria, fils de Hilkija, fils de Shallum, fils de Tsadok, fils d’Akhitub, fils d’Amaria, fils d’Azaria, fils de Meraïoth, fils de Zerakhia, fils d’Uzzi, fils de Bukki, fils de d’Abishua, fils de Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, le chef des sacrificateurs ».


Les mots d’introduction « après ces choses » (comme en Gen. 15:1 ; 22:1, 20) referment la première partie du livre d’Esdras et ouvrent en même temps la deuxième partie. Zorobabel et Jéshua, les serviteurs de la première heure, ont rempli leur service et ont quitté la scène terrestre. À partir de maintenant, le sacrificateur et scribe instruit dans l’Écriture Esdras est au premier plan. Son nom hébreu signifie « aide ». C’est peut-être une forme abrégée d’Azaria (« l’Éternel aide »), un nom qui apparaît plusieurs fois dans l’arbre généalogique d’Esdras. Son nom s’est traduit dans sa vie de deux façons : d’une part, il a fait l’expérience de l’aide de son Dieu de différentes manières, d’autre part, par la grâce de Dieu, il a été lui-même une aide précieuse pour d’autres.

Mais avant qu’Esdras soit mentionné, l’Esprit Saint, le véritable auteur des Saintes Écritures, nous rappelle encore une fois que Dieu avait placé la domination du monde entre les mains des nations, plus précisément des quatre empires (voir 1:1). C’est ce que montrent les mots « sous le gouvernement d’Artaxerxès, roi de Perse ». Relativement aux circonstances extérieures, le peuple d’Israël dépendait des gouvernements du monde, tout comme nous, les chrétiens, aujourd’hui. Par conséquent, nous aussi, nous devrions être soumis à leur autorité (Rom. 13:1-7 ; 1 Pierre 2:13-17). Ce n’est que lorsque les croyants sont clairement empêchés de vivre et de se conduire selon la Parole de Dieu que cette instruction s’applique : « Il faut obéir à Dieu plus qu’aux hommes » (Actes 5:29).

La première information relative à Esdras le sacrificateur (7:11), c’est sa généalogie. Déjà au chapitre 2:59-63 nous avons vu combien la connaissance de l’appartenance au peuple d’Israël était importante pour ceux qui remontaient, et tout spécialement pour les sacrificateurs. Ceux d’entre eux qui ne pouvaient pas prouver leur généalogie avaient été exclus, comme profanes, de la sacrificature. Cependant, Esdras pouvait faire remonter sa généalogie jusqu’au « chef des sacrificateurs » (*) Aaron, dont tous les sacrificateurs descendaient. Cependant, la généalogie est quelque peu raccourcie, comme le montre la comparaison avec la généalogie de Tsadok en 1 Chroniques 6:7-11. Au v. 3, il manque six noms entre Azaria et Meraïoth (Jokhanan, Azaria, Akhimaats, Tsadok, Akhitub et Amaria) (**). Néanmoins, elle est valable. C’est ce qui importe.


(*) Aaron n’est pas appelé ici « grand sacrificateur » (kohen gadol), mais « chef des sacrificateurs » (kohen harosch). Ce titre n’apparaît qu’à la fin de la période des rois (2 Rois 25:18 (premier sacrificateur) ; 2 Chron. 19:11 (principal sacrificateur) etc.) ; cependant, l’autre appellation est encore employée (Néh. 3:1 ; Agg. 1:12 etc.).

(**) Dans la généalogie du Seigneur Jésus en Matt. 1:8 et 11, sept rois, méchants aux yeux de Dieu, ont été omis, tandis que le nom de Caïnan, un fils d’Arphaxad, figure en Luc 3:36, mais manque en Gen. 10:24 et 1 Chron. 1:24. Ces faits rappellent qu’il faut être prudent lorsqu’on essaie d’établir une chronologie absolue à partir des registres généalogiques.


De nos jours, tous les rachetés sont sacrificateurs, et eux seulement. Seule la foi dans le sang de Christ a fait d’eux des sacrificateurs (Apoc. 1:6). Leur « généalogie » n’est pas selon la chair, mais est établie par la nouvelle naissance d’eau et de l’Esprit (Jean 3).


8.2 - Ch. 7: 6-10 — Le retour avec Esdras

8.2.1 - Ch. 7:6

« Cet Esdras monta de Babylone : il était un scribe versé dans la loi de Moïse qu’avait donnée l’Éternel, le Dieu d’Israël. Et le roi lui accorda toute sa requête, selon que la main de l’Éternel, son Dieu était sur lui ».


Le v. 6 fait suite au v. 1 quant au sujet. Esdras était l’un des nombreux Juifs qui étaient restés à Babylone lors du premier retour, de même que Néhémie qui revint encore plus tard.

Esdras « monta », il n’est pas dit où, mais le verbe « monter » l’indique : à Jérusalem. Dans les chapitres 1, 3 et 5, ainsi que 2:1, ce verbe est utilisé dans le même sens. On monte à Jérusalem, la cité de Dieu (cf. Actes 18:22 ; 21:15), et on descend de Jérusalem (Luc 10:30). Jérusalem, la ville, que l’Éternel avait choisie pour y faire habiter son nom, était à tous égards élevée au-dessus de toutes les autres. Il en est de même aujourd’hui du lieu où deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur Jésus et où Il est au milieu d’eux, selon Sa promesse (cf. Deut. 12:5 et suiv. ; Ps. 68:17 ; Matt. 18:20).

Esdras remonta « de Babylone ». Il quitta le royaume des Chaldéens dont la capitale était Babylone. Le nom de Babylone se rencontre dans toute l’Écriture Sainte comme le symbole d’une puissance idolâtre dominant par la force, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse (Gen. 10:8-12 ; 11:1-9, Apoc. 17 et 18).

Ce n’est qu’après avoir indiqué le point de départ et le but de son voyage que nous apprenons quelque chose sur Esdras lui-même. Dans la Parole, il est le premier à être appelé « scribe » (*). Esdras était « un scribe versé dans la loi de Moïse ». Cette description le présente comme un homme qui connaissait très bien la loi de Moïse, parce qu’il s’en était occupé intensivement. Depuis toujours, Esdras est aussi considéré comme l’auteur des deux livres des Chroniques, ce qui implique qu’il connaissait fort bien l’histoire du peuple d’Israël et qu’il avait probablement aussi accès aux sources historiques de l’époque. Un rôle primordial lui a aussi toujours été reconnu dans la formation du canon des Écritures de l’Ancien Testament.


(*) Le substantif hébreu sopher « scribe, instruit dans l’écriture » dérive du verbe saphar « compter, calculer ». À l’origine, il ne pouvait donc pas être restreint à ceux qui recopiaient des textes. Déjà à la cour du roi David, il y avait le « scribe » (sopher) Seraïa mentionné comme un haut fonctionnaire à côté du chef des armées, du rédacteur des chroniques et des sacrificateurs (2 Sam. 8:16, 17 et plus loin). C’est dans ce sens que le substantif « sopher » est utilisé le plus souvent. Dans Jérémie sopher désigne des copistes du texte biblique (Jér. 36:26 et 37:20), mais également un homme instruit dans l’Écriture, c’est-à-dire habitué à la Bible (Jér. 8:8). Dans le passage d’Esd. 7, c’est ce dernier sens qui est à retenir. Même le roi Artaxerxès mentionne toujours la « loi de Dieu » en rapport avec Esdras. D’autre part, la lettre d’accompagnement (7:11) permet de comprendre qu’Esdras était connu et respecté à la cour royale et qu’il y occupait probablement une position officielle.


Esdras était donc à la fois sacrificateur et scribe. En fait, le lien entre ces deux fonctions valait pour tous les sacrificateurs. Du fait qu’ils étaient habitués à se tenir dans la sainte présence de Dieu et à y accomplir leur service, ils avaient appris à distinguer les choses saintes des choses profanes. La connaissance morale qui en découle les rendait propres à enseigner la loi au peuple d’Israël d’une manière convenable (Lév. 10:10 ; Deut. 33:10 ; Mal. 2:7). — De même, aujourd’hui, le ministère de l’enseignement chrétien n’est pas une question d’ordre intellectuel, mais spirituel. Le don de docteur peut être présent chez quelqu’un, mais sans une vie personnelle de sainteté et de dévouement au Seigneur, l’exercice de ce don ne peut pas produire de bénédiction durable (cf. 7:10).

L’expression « la loi de Moïse qu’avait donnée l’Éternel, le Dieu d’Israël » ne touche-t-elle pas nos cœurs ? Pourquoi se trouve-t-elle mentionnée ici ? C’est l’un des nombreux passages qui témoignent de l’origine divine des Saintes Écritures (cf. 2 Tim. 3:16 ; 2 Pierre 1:21). Dieu avait donné à Moïse les dix commandements sur le mont Sinaï (Exode 24:12 ; 31:18). Sur son ordre, Moïse avait écrit alors « les paroles de cette loi dans un livre » (Deut. 31:24). La loi avec ses centaines de commandements (les Juifs en comptent 613) en forme le commencement. Aujourd’hui nous avons entre nos mains, dans les écrits canoniques de l’Ancien et du Nouveau Testament, la Parole de Dieu tout entière.

Esdras n’était pas seulement un érudit au sens courant du terme. Son intérêt s’attachait à la loi de Moïse. En ce temps-là, Dieu n’avait confié ses oracles qu’au peuple d’Israël (Rom. 3:2 ; cf. Deut. 4:8 ; Ps. 147:19 et suiv.). Dans le temps actuel de la grâce, par contre, l’évangile de Christ s’adresse au monde entier. Et pour tous ceux qui croient au Seigneur Jésus comme Sauveur, la Parole de Dieu est aussi le guide immuable de la foi.

Y a-t-il aujourd’hui encore des « scribes versés dans la Parole de Dieu » comme Esdras ? Paul exhorte Timothée qui connaissait les Saintes Écritures depuis son enfance : « Considère ce que je dis ; car le Seigneur te donnera de l’intelligence en toutes choses. Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David, selon mon évangile » (2 Tim. 2:7,8 ; 3:15). Il était un « scribe versé dans la Parole » qui marchait sur les traces spirituelles de son maître Paul.

L’expression « parce que la main du Seigneur son Dieu était sur lui » se retrouve aussi sous une forme semblable aux v. 9 et 28, ainsi qu’au ch. 8:18,22,31 et encore en Néh. 2:8,18. Elle est caractéristique de ces deux livres. Elle ne se trouve nulle part ailleurs dans la Parole de Dieu. Quelle image parlante pour nos cœurs nous avons ici devant nous ! Esdras voit sa petitesse et sa faiblesse. Il ne pouvait réussir que par la puissante main que Dieu étendait sur lui, pour le protéger, main par laquelle Dieu avait déjà fait sortir d’Égypte le peuple d’Israël (Exode 13:3,9,14,16). Mais nous pouvons aussi retenir de ces belles paroles qu’Esdras aimait se placer sous la « main de l’Éternel, son Dieu », parce qu’il savait qu’il y était en sécurité (cf. Ps. 91:1).

Mais ce n’est pas tout : Esdras a aussi pu faire l’expérience de la réalité du proverbe de Salomon : « Le cœur d’un roi, dans la main de l’Éternel, est des ruisseaux d’eau ; il l’incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21:1). Le chef de l’empire perse a dû mettre à disposition sa puissance et ses immenses richesses pour le bien d’Esdras et du peuple de Dieu. Dieu se tient derrière la scène et au-dessus de tout. « Et le roi lui accorda toute sa requête, selon que la main de l’Éternel, son Dieu, était sur lui ». C’est ce qui est écrit littéralement dans le texte original. Il n’est pas dit en quoi consistait la « requête » d’Esdras. Ses désirs, cependant, ont trouvé un écho — au moins partiellement — dans les éléments énumérés par Artaxerxès (7:12-26). Comme nous le verrons encore, ce qu’Esdras avait reçu du roi allait encore au-delà de ce que Sheshbatsar/Zorobabel avait obtenu du roi Cyrus (voir ch. 1).


8.2.2 - Ch. 7:7

« (Et un certain nombre des fils d’Israël, et des sacrificateurs, et des lévites, et des chantres, et des portiers, et des Nethiniens, montèrent à Jérusalem, la septième année du roi Artaxerxès) ».

Ensuite un bref résumé du voyage du retour sous Esdras est donné. Une description détaillée se trouve au ch. 8. Les Lévites sont également mentionnés ici, bien qu’au commencement, ils n’étaient pas prêts à les accompagner. Ce n’est que plus tard qu’ils se joignirent à eux, suite à une demande formelle d’Esdras,

Le nombre de ceux qui remontèrent avec Esdras ne représentait que le dixième de la troupe conduite par Zorobabel et Jéshua (ch. 2). D’après le ch. 8:1-20, l’ensemble du convoi se composait finalement de 4000 à 5000 personnes. Quand environ treize ans plus tard, Néhémie remonta lui aussi à Jérusalem, il était presque seul (Néh. 2). Le zèle des Juifs pour revenir a diminué de façon visible. Il en était de même chez ceux qui étaient déjà remontés à Jérusalem et qui s’étaient progressivement relâchés dans la reconstruction du temple. Il n’en a pas été autrement plus tard lors de la construction des murailles de la ville au temps de Néhémie.

Un réveil doit être suivi d’une période de consolidation, de maintien de ce qui a été regagné et cela demande de la persévérance. C’est pourquoi ne nous étonnons pas de lire au sujet des premiers chrétiens en Actes 2:42 qu’ils « persévéraient (*) dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières ». Bien qu’ils fussent encore tous au commencement de leur vie de foi personnelle et collective, il était clair pour eux qu’ils devaient s’attacher à ce qu’ils avaient reçu au commencement, quelle que soit l’opposition rencontrée tant de l’extérieur que de l’intérieur.


(*) Le verbe grec proskartereō utilisé ici signifie « tenir ferme solidement quelque chose ».


Parmi les compagnons d’Esdras, il y avait « un certain nombre des fils d’Israël », bien qu’ils ne fassent partie que des deux tribus de Juda et de Benjamin (ch. 1:5). L’écrivain a toujours en vue le peuple de Dieu tout entier, comme au ch. 2:2,70 : les « fils d’Israël » n’étaient en fait que des membres des tribus de Juda et de Benjamin. Ils sont distingués des « sacrificateurs, et des lévites, et des chantres, et des portiers, et des Nethiniens » (cf. ch. 2:70).

De nouveau, il est rappelé qu’ils « montèrent à Jérusalem » (7:7b), comme nous l’avons vu au ch. 1:3,5,11. Chaque retour à Jérusalem est synonyme de progrès et de croissance spirituels, même si peu nombreux étaient ceux s’engageaient dans ce chemin. Cette perspective a aussi quelque chose à nous apprendre. Contrairement à la troupe du premier retour, les retours avec Esdras et Néhémie correspondent à des départs plutôt individuels.

Dans un sens figuré, il peut arriver quelque chose de cela également aujourd’hui. Combien de croyants, là où ils se trouvent, ne répondent pas pleinement à la volonté du Seigneur Jésus, en particulier relativement au rassemblement. Aujourd’hui encore, ils peuvent suivre le même chemin qu’Esdras et Néhémie, qui ont cherché, avec quelques-uns ou même seuls, à revenir à la vérité de la Parole de Dieu. Eux aussi feront l’expérience que la bonne main du Seigneur est sur eux, même si le chemin est peut-être difficile. Mais à l’époque comme aujourd’hui, le but correspond à la pensée de Dieu, et c’est là l’essentiel. Celui qui écrit et celui qui lit doivent se demander s’ils se trouvent au lieu du rassemblement qui correspond à la pensée de Dieu, ou s’ils doivent encore y monter.

Le verset se termine par une indication de date, « la septième année du roi Artaxerxès ». On a déjà remarqué que c’était l’année 458 av. J.C. Dans les versets suivants, les dates indiquées sont encore plus précises. Non seulement il est donné le nombre de ceux qui sont remontés lors du premier retour et du retour actuel, mais aussi les dates exactes. « Mes temps sont en ta main ; délivre-moi de la main de mes ennemis et de ceux qui me poursuivent ! » (Ps. 31:16). Tous ceux qui sont montés de Babylone à Jérusalem ont pu en faire l’expérience.


8.2.3 - Ch. 7:8-9

« Et il arriva à Jérusalem, le cinquième mois ; c’était la septième année du roi. Car le premier jour du premier mois eut lieu le commencement du départ de Babylone ; et le premier jour du cinquième mois il arriva à Jérusalem, selon que la bonne main de son Dieu était sur lui ».

Il est remarquable que ce qui est mentionné en premier, c’est l’atteinte du but et la date d’arrivée. Les détails du voyage ne viennent qu’ensuite. Avant que ceux-ci soient rapportés de manière exhaustive au ch. 8, nous apprenons le plus important, à savoir l’arrivée sans encombre d’Esdras à sa destination.

La durée du voyage est indiquée : « Le premier jour du premier mois eut lieu le commencement du départ (*) de Babylone ; et le premier jour du cinquième mois il arriva à Jérusalem ». Le ch. 8:31 nous apprend que le départ effectif n’a eu lieu que le douzième jour du premier mois. Entre-temps, toute la troupe s’était arrêtée trois jours près du fleuve qui coule vers Ahava, et elle avait attendu l’arrivée des lévites (8:15 et suiv.).


(*) La traduction « … le projet de partir de Babylone fut arrêté » est basée sur une ponctuation différente du texte hébreu, qui était déjà suivie par la Septante, la traduction en grec de l’AT (3ème/2ème siècle av. J.-C.). — Le mot hébreu pour « partir » ou « montée » (maalah) est le même que pour l’expression « cantiques des degrés » (litt : « cantiques des montées »), qui parlent prophétiquement de la conversion et du retour futur du peuple d’Israël à son Dieu.


Le voyage de la grande caravane dura environ quatre mois et demi. Bien que Jérusalem ne soit qu’à 800 kilomètres à vol d’oiseau de Babylone, pour des raisons facilement compréhensibles, la route suivie ne traversait pas le désert, mais suivait les grands fleuves que sont l’Euphrate et le Tigre, avant d’atteindre le pays d’Israël plus ou moins depuis le Nord. Ainsi, la distance à parcourir était d’environ 1500 kilomètres, soit presque le double.

Pour la deuxième fois, Esdras déclare que « la bonne main de son Dieu était sur lui » (7:6), mais avec une formulation légèrement différente. La première fois, les mots « la main de l’Éternel, son Dieu » mettait plutôt l’accent sur la relation de Dieu (l’Éternel = Yahvé / Jéhovah) avec Son peuple Israël. Ici, c’est davantage la puissance bienveillante du Dieu Créateur et Conservateur du monde qui est soulignée, et Il est aussi le Dieu d’Esdras. Sa manière de s’exprimer est plus personnelle, plus intime. Esdras a expérimenté et ressenti profondément l’aide de son Dieu dans son entreprise. Il avait vraiment le désir de servir Dieu et Son peuple, comme le montre le verset suivant.


8.2.4 - Ch. 7:10

« Car Esdras avait disposé son cœur à rechercher la loi de l’Éternel, et à la faire, et à enseigner en Israël les statuts et les ordonnances ».

Dans les premiers versets de ce chapitre, nous avons vu la position d’Esdras comme sacrificateur — il l’avait par naissance — mais aussi sa compétence exceptionnelle comme « scribe versé dans la loi de Moïse ». Maintenant le Saint Esprit nous permet de regarder dans le cœur d’Esdras. La conjonction « car », au début du verset, donne la raison pour laquelle la bonne main de son Dieu était sur Esdras. Son cœur était clairement et fermement attaché à la loi de l’Éternel et donc à l’Éternel Lui-même (cf. 2 Chr. 19:3 ; 20:33 ; 30:19). Cette attitude est agréable à Dieu. Il encouragera toujours une telle disposition de cœur.

C’est le cœur et non pas l’intelligence qui, d’après l’enseignement des Saintes Écritures, est le « centre de décision » de l’homme. C’est le centre de son être immatériel, le siège de sa responsabilité et de sa volonté. C’est pourquoi, déjà dans l’Ancien Testament, il est écrit : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie », et Dieu appelle l’homme : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Prov. 4:23 ; 23:26). Nous pouvons le voir clairement chez Esdras. Il croyait au Dieu d’Israël et L’aimait de tout son cœur.

Esdras était manifestement un homme humble. Il ne recherchait pas de grandes choses, ni des manifestations de la puissance de Dieu, mais dans une simple obéissance, il s’appliquait à étudier la Parole de Dieu telle qu’on la possédait alors, et à la mettre en pratique dans sa vie et à transmettre ensuite à d’autres ce qu’il avait appris. Une telle attitude est aussi la seule qui convienne à tous ceux qui voudraient appartenir au résidu fidèle de la chrétienté aujourd’hui. Dieu a préparé le chemin pour Esdras. Le Seigneur Jésus s’adresse de la même manière à l’assemblée de Philadelphie : « Je connais tes œuvres. Voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8). La raison pour laquelle le Seigneur maintenait une porte ouverte, était que Sa précieuse Parole était gardée ! Que cela soit aussi notre désir.

Il y a trois choses importantes auxquelles Esdras « avait disposé son cœur » :

1. rechercher la loi de l’Éternel,

2. la faire

3. enseigner en Israël Ses préceptes et Ses statuts.


Il avait ainsi pris des résolutions qui étaient pour la gloire de Dieu et qui devaient être une source de bénédiction pour lui-même et pour d’autres. Le discernement spirituel n’est pas simplement une affaire d’intelligence, mais avant tout une question de cœur. C’est ce qui ressort des paroles de l’apôtre Paul, qui priait pour les croyants d’Éphèse afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, leur donne l’esprit de sagesse et de révélation dans Sa connaissance, les yeux de leur cœur étant éclairés, pour qu’ils sachent quelle était l’espérance de leur appel, et quelles étaient les richesses de la gloire de Son héritage dans les saints (Éph. 1:17 et suiv.).

1. Tout d’abord, Esdras pouvait dire, comme l’auteur du Ps. 119 : « Combien j’aime ta loi ! tout le jour, je la médite » (v. 97). Dans cette disposition intérieure, il s’était consacré à rechercher la loi de l’Éternel. Le verbe « rechercher » (en hébreu : darasch) a le sens propre de « chercher, demander ». L’énergie spirituelle pour sonder véritablement les Écritures provient d’un cœur qui aime le Seigneur. La simple connaissance intellectuelle ne fait qu’enfler (1 Cor. 8:1). Mais ce n’était pas le cas d’Esdras.

2. Deuxièmement, en étudiant la loi de l’Éternel, il a eu le désir de la « faire ». Son principe était de faire de la loi la seule règle de conduite de toutes ses actions. Dans son cœur, il aspirait à vivre en accord avec la vérité divine qui est inscrite dans la Loi. C’est très important. D’une manière générale, l’expérience confirme que l’étude purement intellectuelle de la Parole de Dieu peut apporter une certaine connaissance, mais qu’en soi elle ne produit pas la croissance spirituelle. Pour cela, il est nécessaire de mettre en pratique ce qui a été appris par les Saintes Écritures, c’est-à-dire qu’il faut obéir à la Parole de Dieu. Sans obéissance, il n’y a ni croissance spirituelle, ni discernement spirituel.

Prenons comme exemple le principe biblique : « Ne vous conformez pas à ce monde » (Rom. 12:2). Si je sais que, comme « enfant de lumière », il est impossible d’avoir communion avec les « fils des ténèbres » (Éph. 5:8 ; 1 Thes. 5:5), et que je vis pratiquement selon cet enseignement, je suis fortifié spirituellement et béni. Mais si je ne le fais pas, je perdrai en peu de temps mon discernement à cet égard, et je ne serai plus en mesure d’aider les autres. Nous voyons là que le lien indispensable entre le premier objectif, l’étude de la Parole de Dieu, et le troisième, l’enseignement, c’est « le faire », la mise en pratique de ce que l’on a appris. Sans celle-ci, il n’y a pas de croissance, mais tout d’abord la stagnation, puis finalement le recul. Ce n’est que lorsque je traduis dans la pratique ce que j’ai appris que je peux le faire apprécier aux autres.

3. Cela nous amène au troisième désir d’Esdras, celui d’« enseigner en Israël les statuts et les ordonnances ». Il ne voulait pas garder pour lui ce qu’il avait appris de la loi, mais il voulait le transmettre pour le bien des autres. Sans une vie pratique conséquente, celui qui enseigne la Parole de Dieu ne pourra pas appeler ses auditeurs à suivre Christ avec une puissance réelle. Il lui manquera l’autorité spirituelle, qui est toujours accréditée par la conduite, et l’amour, car le véritable enseignement vient du cœur.


8.2.5 - Ch. 7:10 — Similitude avec Timothée

Revenons une fois de plus à Timothée. Dans la seconde lettre reçue de l’apôtre Paul, nous trouvons trois exhortations qui correspondent justement à ce que nous avons considéré relativement à Esdras. Toutes trois commencent par les mots « Mais toi ». Par cela, Paul montre que Timothée ne devait pas se laisser gagner par le déclin général déjà visible parmi les chrétiens de l’époque, mais qu’il devait poursuivre fidèlement son chemin sur les traces de son Seigneur.

1. Lors de la première exhortation (2 Tim. 3:10), Paul insiste sur ce que Timothée avait compris de la Parole de Dieu comme étant essentiel pour lui : « Mais toi, tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite, mon but constant, ma foi, mon support, mon amour, ma patience ». Cela correspond à la première résolution d’Esdras de « rechercher la loi de l’Éternel ».

2. Dans la seconde exhortation, Paul encourage Timothée : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises » (2 Tim. 3:14). « Demeurer » ne signifie pas seulement tenir ferme ce que l’on a appris, c’est aussi le vivre et y persévérer. Cela correspond au deuxième souhait d’Esdras, « de faire… la loi ».

3. Dans son troisième appel, Paul donne à son compagnon d’œuvre quatre encouragements pour le service qu’il était appelé à accomplir : « Mais toi, sois sobre en toutes choses, endure les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service » (2 Tim. 4:5). Les deux premiers encouragements qui suivent le « Mais toi » sont pour tous les croyants ; les deux derniers s’adressent à un serviteur du Seigneur, dont la mission est d’annoncer Sa Parole, que ce soit en évangélisation ou pour l’instruction des croyants. Cela correspond chez Esdras au désir « d’enseigner en Israël les préceptes et les statuts ».

Même si les circonstances d’Esdras et de Timothée étaient très différentes, nous reconnaissons cependant l’immuabilité des principes divins : APPRENDRE, FAIRE, ENSEIGNER. Cet ordre ne peut être méconnu impunément. Tous ceux qui désirent être utiles dans le ministère de la proclamation de la Parole du Seigneur Jésus et utiles pour Lui doivent en être bien conscients.


8.2.6 - Ch. 7:11

« Et c’est ici la copie de la lettre que le roi Artaxerxès donna à Esdras le sacrificateur, le scribe, scribe des paroles des commandements de l’Éternel et de ses statuts donnés à Israël ».

Les dix premiers versets de ce chapitre ne sont pas seulement une introduction à la description du voyage d’Esdras de Babylone à Jérusalem, mais aussi à toute la deuxième partie du livre. Puis vient en premier la communication du texte de la lettre de recommandation officielle du roi Artaxerxès pour Esdras. Ce document renferme une connaissance précise du peuple d’Israël et de ses lois, mais aussi une grande confiance du roi en Esdras. Nous ne savons pas quelle position Esdras occupait dans l’Empire perse avant son départ. Zorobabel, descendant du roi David, et Joshua, descendant du souverain sacrificateur Aaron, en tête du premier voyage de retour, occupaient de hautes fonctions comme chefs du peuple ; Néhémie avait été échanson du roi ; il est dès lors raisonnable de supposer qu’Esdras était également un fonctionnaire ou un serviteur du roi de Perse.

Avant de donner le contenu de la lettre d’accompagnement pour Esdras, celui-ci apparaît lui-même comme le destinataire et le porteur de cette lettre. Le voici à nouveau appelé « sacrificateur », mais aussi par deux fois « scribe ». Et il est ajouté qu’il était scribe « des paroles des commandements de l’Éternel et de ses statuts donnés à Israël ». Cela montre qu’Esdras était effectivement un éminent connaisseur de la loi. Ici aussi, comme précédemment, le peuple d’Israël tout entier est à nouveau mentionné (1:3). Dieu a toujours l’ensemble de Ses rachetés devant les yeux, et il devrait en être de même pour nous.


8.2.7 - Ch. 7:12-13

« Artaxerxès, roi des rois, à Esdras, sacrificateur, scribe accompli (*) de la loi du Dieu des cieux, etc. De par moi ordre est donné que tous ceux du peuple d’Israël et de ses sacrificateurs et des lévites, qui, dans mon royaume, sont disposés à aller à Jérusalem avec toi, y aillent ».


(*) Le mot araméen « gamir » rendu ici par « accompli » est difficile à interpréter et a donc donné lieu à des traductions très différentes.


Au début de la lettre écrite en araméen, Artaxerxès se qualifie lui-même de « roi des rois ». Daniel s’était déjà adressé en ces termes à Nebucadnetsar, et dans le livre d’Ézéchiel, il est même appelé ainsi par Dieu (Dan. 2:37 ; Ézéch. 26:7). Mais c’est Dieu qui l’avait placé à la tête du premier des quatre empires des nations. Le seul et véritable roi des rois, c’est Dieu lui-même. C’est pourquoi le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, est aussi appelé de cette manière (1 Tim. 6:15 ; Apoc 17:14 ; 19:16).

Ensuite, les qualifications du destinataire et du porteur du message sont mises en évidence : il est « sacrificateur, scribe accompli de la loi du Dieu des cieux » (7:12). Ces mots rendent témoignage d’une part à l’estime portée à la personne d’Esdras, et d’autre part à une certaine révérence pour Dieu et la loi qu’Il a donnée à Israël.

L’Éternel était appelé « le Dieu des cieux » non seulement par les Juifs, mais également par les rois de Perse Artaxerxès et ses prédécesseurs Cyrus et Darius (1:2 ; 6:9,10). Nous ne savons pas si ces derniers comprenaient la portée de ce titre. Cependant, Dieu veille à ce que Son grand nom soit honoré. C’est le cas ici aussi.

Le début de l’« ordre » d’Artaxerxès (7:13) correspond à plusieurs égards à l’appel du roi Cyrus (1:3). Artaxerxès permet que « tous ceux du peuple d’Israël et de ses sacrificateurs et des lévites, qui, dans mon royaume, sont disposés à aller à Jérusalem avec toi, y aillent ». Une fois de plus, un appel était adressé à tous ceux qui appartenaient au peuple de Dieu, de toutes les classes, pour qu’ils retournent à Jérusalem, au lieu que Dieu s’était choisi comme lieu de culte. Ce n’est pas seulement une partie du peuple, mais tous ceux du peuple qui étaient dans le royaume qui étaient appelés à monter. Personne n’était exclu, et chacun avait la possibilité de le faire.

C’est exactement la même chose aujourd’hui, comme nous l’avons vu déjà plusieurs fois. Mais ici, il est mentionné une condition supplémentaire qui, jusqu’ici, n’avait pas été évoquée aussi clairement : « Que tous ceux qui sont disposés à aller à Jérusalem avec toi, y aillent » est-il écrit ici. Dieu ne force personne à obéir à Sa Parole. Ce qu’Il cherche, c’est une disposition à obéir de bon gré. La même pensée résonne dans les paroles du Seigneur Jésus à la femme samaritaine : « Le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4:23). Le lien entre le culte en esprit et en vérité et le lieu du rassemblement ne peut être contesté. Déjà au temps de l’Ancien Testament, ce lien était évident. À Babylone, il n’y avait pas d’autel où l’on pût offrir des sacrifices à l’Éternel. L’autel de l’Éternel se trouvait à Jérusalem, le lieu qu’il avait choisi pour y faire habiter son nom (Deut. 12).


8.2.8 - Ch. 7:14-17

« (7:14) Puisque tu es envoyé par le roi et ses sept conseillers pour t’enquérir au sujet de Juda et de Jérusalem, selon la loi de ton Dieu, qui est dans ta main, (7:15) et pour porter l’argent et l’or que le roi et ses conseillers ont librement offert au Dieu d’Israël, dont la demeure est à Jérusalem, (7:16) ainsi que tout l’argent et l’or que tu trouveras dans toute la province de Babylone, avec l’offrande volontaire du peuple et des sacrificateurs qui offrent volontairement pour la maison de leur Dieu qui est à Jérusalem ; (7:17) tu achèteras donc promptement, avec cet argent, des bœufs, des béliers, des agneaux, et leurs offrandes de gâteaux et leurs libations, et tu les offriras sur l’autel de la maison de votre Dieu, qui est à Jérusalem ».

1. Le roi Artaxerxès et ses sept conseillers (cf. Esth. 1:14) formaient ensemble la plus haute instance du pouvoir dans l’Empire perse. En tant qu’envoyé du gouvernement, Esdras a d’abord été chargé de « s’enquérir au sujet de Juda et de Jérusalem, selon la loi de ton Dieu, qui est dans ta main » (7:14). Le v. 13 parle d’Israël, c’est-à-dire de tout le peuple comme étant l’objet du conseil de Dieu. Ici, par contre, où il s’agit des relations effectives, il est dit « Juda et Jérusalem ». Combien la Parole de Dieu est précise !

La mesure selon laquelle l’enquête devait être menée était la « la loi de ton Dieu, qui est dans ta main ». Il ne peut y avoir d’autre référence de mesure que la Parole de Dieu, y compris à notre époque, quand il s’agit de déterminer notre conduite pratique. Ce ne sont pas seulement les résultats visibles de l’extérieur qui importent, mais avant tout l’obéissance aux Saintes Écritures. Peu après l’arrivée d’Esdras à Jérusalem, il est apparu que c’est ce qui faisait défaut au milieu du résidu des Juifs. Au lieu de vivre séparés du monde, beaucoup s’étaient entretemps mariés avec des femmes païennes (9:1).

2. La deuxième tâche d’Esdras consistait à « porter l’argent et l’or que le roi et ses conseillers ont librement offert au Dieu d’Israël, dont la demeure est à Jérusalem » (7:15). Comme ses prédécesseurs Cyrus et Darius, Artaxerxès, avec ses conseillers, soutint le culte à Jérusalem avec de l’argent et de l’or (1:7 ; 6:8). Du fait que le temple était achevé, il s’agissait maintenant de dons pour permettre la poursuite et le maintien de l’exercice du service dans le temple. La révérence pour Dieu et pour Sa sainte demeure ressort de ces paroles.

3. Troisièmement, Esdras avait la mission de porter « tout l’argent et l’or que tu trouveras dans toute la province de Babylone, avec l’offrande volontaire du peuple et des sacrificateurs qui offrent volontairement pour la maison de Dieu qui est à Jérusalem » (7:16). On peut penser ici à une sorte de collecte qu’Esdras pouvait réaliser dans « toute la province de Babylone » (*) (que ce soit uniquement parmi les Juifs ou aussi parmi les autres habitants, nous ne le savons pas). De plus, Esdras recevait des dons volontaires de la part des Juifs et des sacrificateurs. Ces richesses étaient aussi destinées à la maison de Dieu à Jérusalem.


(*) Babylone, le premier des quatre empires, avait été réduit à une province du second empire depuis sa défaite face aux Mèdes et aux Perses


4. Quatrièmement, après son arrivée à Jérusalem, Esdras devait acheter « des bœufs, des béliers, des agneaux, et leurs offrandes de gâteaux et leurs libations ». Ceux-ci devaient être offerts « sur l’autel de la maison de votre Dieu, qui est à Jérusalem » (7:17). Dans le monde entier, il n’y avait que ce seul lieu. Aucun sacrifice n’était offert à Babylone, et il ne pouvait pas y en avoir. Cette mission montre également une connaissance précise du service des sacrifices et de tout ce qui était nécessaire à leur accomplissement (cf. en particulier Nombres 15:1-12 Comme les animaux devaient être non seulement purs, mais aussi sans défaut, le soin de les acheter était laissé à Esdras (cf. Lév. 22:20 ; Deut. 17:1). Il est remarquable de voir comment le roi et ses conseillers avaient traité ces détails en profondeur. Dieu inclinait les cœurs de ces hommes selon Son bon plaisir.

Le roi païen n’en était peut-être pas conscient, mais Dieu s’en servait pour permettre au peuple de Dieu d’exercer le culte comme il le fallait. L’or, l’argent et les animaux de sacrifices parlent en image des bases et des exigences du culte : l’or et l’argent parlent des gloires de Dieu et de la valeur de la rédemption, et les sacrifices parlent de la personne et de l’œuvre expiatoire de Christ. — Ainsi aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde occidental, des circonstances favorables contribuent à ce que le vrai culte des rachetés puisse être rendu à Dieu d’une manière digne et convenable. La liberté et les ressources suffisantes existent, les écrits spirituels sont disponibles en abondance, de sorte que le culte et le service de la Parole peuvent se dérouler sans empêchement. Puissent tous les croyants être davantage conscients des soins de grâce de Dieu, le Père, envers les Siens.


8.2.9 - Ch. 7:18-20

« (7:18) Et ce qu’il vous paraîtra bon à toi et à tes frères de faire avec le reste de l’argent et de l’or, faites-le selon la volonté de votre Dieu. (7:19) Et les ustensiles qui te sont donnés pour le service de la maison de ton Dieu, remets-les devant le Dieu de Jérusalem. (7:20) Et le reste des choses nécessaires pour la maison de ton Dieu que tu pourras avoir à donner, tu les donneras de la maison des trésors du roi ».

5. Cinquièmement, la mission du v. 18 témoigne d’une grande confiance en Esdras et ses « frères », ses compagnons coresponsables. Ils étaient habilités à décider sous leur propre responsabilité, ce qu’il fallait « faire avec le reste de l’argent et de l’or », selon la volonté de leur Dieu. Même dans une affaire purement matérielle comme la gestion de l’argent qui leur était confié, c’est la volonté de Dieu qui était déterminante, et non les inclinations, les préférences ou les influences humaines.

Le même principe s’applique aujourd’hui encore non seulement pour les questions matérielles, mais aussi dans le domaine spirituel. Qu’il s’agisse de l’emploi des collectes régulières du dimanche ou de plus grands projets comme le soutien à certaines œuvres parmi les frères et sœurs, dans de telles occasions comme dans d’autres cas semblables, le même principe s’applique aujourd’hui encore : tout doit constamment être réalisé dans la dépendance du Seigneur et avec une grande conscience des responsabilités. C’est ce que nous voyons dans le Nouveau Testament pour la transmission d’une aide financière importante aux frères et sœurs de Judée (2 Cor. 8, en particulier les v. 16 à 23). Les porteurs du don sont appelés « les envoyés des assemblées, la gloire de Christ ». Il n’en va pas autrement dans le domaine spirituel, comme nous pouvons le voir dans les paroles que l’apôtre Paul adressait à Timothée : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ; et les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles qui soient capables d’instruire aussi les autres » (2 Tim. 2:1,2). Nous devons garder et transmettre fidèlement la vérité que Dieu nous a confiée.

6. La sixième mission concerne « les ustensiles… pour le service de la maison de ton Dieu » (7:19). Ces ustensiles ne doivent pas être confondus avec ceux qui provenaient originellement du temple, car ils avaient déjà été rendus par le roi Cyrus (cf. 1:7-11 ; 5:14-15 ; 6:5). Comme le ch. 8 nous l’apprend (v.25 et 27), il s’agissait de dons du roi et de ses princes, ainsi que de quelques-uns du peuple d’Israël. À leur égard, la même diligence est requise d’Esdras. Il devrait les remettre « devant le Dieu de Jérusalem », pour ainsi dire sous Son regard divin, auquel rien n’échappe.

Cela nous rappelle une fois de plus quelle influence l’attitude des puissances de ce monde peut exercer sur la liberté extérieure et la liberté d’action des chrétiens. Et pourtant, nous voyons au cours du récit rapporté par Esdras, que ce n’est en tous cas pas ce qui a affecté ou arrêté le déclin spirituel. En réalité, il arrive souvent que les difficultés extérieures stimulent le développement spirituel, alors que le bien-être extérieur entraîne un relâchement spirituel. Que le Seigneur nous en préserve.

7. Le septième point se rapporte au « reste des choses nécessaires pour la maison de ton Dieu » (7:20). De nombreux besoins pour le temple et le service qui s’y rattachait ne pouvaient guère être évalués ou déterminés à l’avance. Pour le cas où les dons et les offrandes remis à cet effet à Esdras ne suffiraient pas, il avait reçu la permission de puiser dans « la maison du trésor du roi ». C’était une autorisation qui allait très loin. Mais Dieu avait déjà fait dire à Zorobabel et à Joshua par le prophète Aggée : « L’argent est à moi, et l’or est à moi, dit l’Éternel des armées » (Aggée 2:8). Ainsi, les ressources nécessaires pour accomplir le service de notre Dieu et Père d’une manière digne de Lui ne manquaient pas plus à l’époque qu’elles ne manquent aujourd’hui. Quel grand encouragement pour notre foi, souvent si faible !


8.2.10 - Ch. 7:21-22

« (7:21) Et de par moi, moi Artaxerxès, le roi, ordre est donné à tous les trésoriers de l’autre côté du fleuve, de faire promptement tout ce qu’Esdras, sacrificateur, scribe de la loi du Dieu des cieux, vous demandera, (7:22) jusqu’à cent talents d’argent, et jusqu’à cent cors de froment, et jusqu’à cent baths de vin, et jusqu’à cent baths d’huile, et du sel, sans prescription de quantité ».

Afin de s’assurer que toutes les demandes d’Esdras pour le service du temple, mentionnées au v. 20, approuvées par le roi Artaxerxès, soient exactement satisfaites, une ordonnance spéciale est en outre adressée à « tous les trésoriers de l’autre côté du fleuve », c’est-à-dire à l’ouest de l’Euphrate. Dans celle-ci, la position d’Esdras « sacrificateur, scribe de la loi du Dieu des cieux » est à nouveau particulièrement soulignée. Le fait que ce passage (7:21-24) soit adressé directement aux trésoriers perses ressort du fait qu’Esdras ne soit même pas mentionné ici, mais eux seuls.

Le v. 22 indique les limites supérieures de ce qu’Esdras était autorisé à demander. La quantité d’argent est d’environ 3400 kilogrammes. L’argent était le moyen courant de paiement, mais dans la Parole de Dieu, il est aussi une image du prix de la rédemption (Ex. 30:13-15). Le blé, le vin et l’huile étaient indiqués par des mesures de capacité, le cor contenant environ 393 (ou 220) litres, le bath, le dixième de celui-ci (39,3 ou 22 litres). Christ comme notre nourriture (le blé) et notre joie (le vin), et le Saint-Esprit (l’huile) en nous devraient être les caractères du chrétien vivant et en bonne santé. Dans Sa parole, nous trouvons tout cela en abondance. Le sel, image de la puissance de Dieu dans le croyant pour le sanctifier et le préserver (Col. 4:6), ne devait pas être mesuré. Pour se préserver du mal, il n’y a pas de mesure, pas de limite !

Nous ne savons pas si les quantités indiquées par le roi se rapportent à des livraisons uniques ou répétées. En tout cas, le roi de Perse fait preuve d’une générosité étonnante envers le peuple de Dieu, que l’on peut attribuer à la providence de Dieu. Le roi n’était qu’un instrument dans la main de l’Éternel, qui était plein de bonté envers Son peuple terrestre.


8.2.11 - Ch. 7:23-24

« Que tout ce qui est ordonné par le Dieu des cieux soit fait exactement pour la maison du Dieu des cieux ; car pourquoi y aurait-il colère contre le royaume du roi et de ses fils ? Et nous vous faisons savoir que, sur tous les sacrificateurs et les lévites, chantres, portiers, Nethiniens, et serviteurs de cette maison de Dieu, il ne peut être levé aucun tribut, ni impôt, ni péage ».

Artaxerxès qui était d’origine polythéiste, établit alors que « tout ce qui est ordonné par le Dieu des cieux soit fait exactement pour la maison du Dieu des cieux ». Comme déjà au commencement de sa lettre (7:12), dans l’ordre qu’il adresse maintenant aux trésoriers des provinces, il parle encore de l’Éternel le « Dieu des cieux » (7:23 ; cf. 1:2). Il reconnaissait ainsi Sa majesté, mais on ne peut guère savoir s’il admettait qu’Il soit unique. La question « pourquoi y aurait-il colère contre le royaume du roi et de ses fils » provient probablement plutôt de la frayeur des dieux étrangers et inconnus qui était largement répandue dans l’ancien Orient (cf. 1 Sam. 4:8 ; 1 Rois 20:23). (*)


(*) L’hébreu kezeph « colère » (ici en araméen kezaph) exprime généralement dans d’autres passages la colère de Dieu


À la fin, le roi spécifie que « tous les sacrificateurs et les lévites, chantres, portiers, Nethiniens et serviteurs de cette maison », c’est-à-dire tous ceux qui étaient impliqués de quelque façon que ce soit dans le service du temple, étaient exemptés de tout impôt (7:24). Nous nous souvenons ici des paroles que Paul adressait à Timothée en rapport avec son service dans l’œuvre du Seigneur : « Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ. Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre » (2 Tim. 2:3,4).


8.2.12 - Ch. 7:25-26

« (7:25) Et toi, Esdras, selon la sagesse de ton Dieu, laquelle est en ta main, établis des magistrats et des juges qui jugeront tout le peuple de l’autre côté du fleuve, tous ceux qui connaissent les lois de ton Dieu ; et à celui qui ne les connaît pas, faites-les connaître ; (7:26) et quiconque ne pratique pas la loi de ton Dieu et la loi du roi, qu’il en soit fait justice promptement, ou par la mort, ou par l’exil, ou par la confiscation de ses biens, ou par l’emprisonnement ».


8. Enfin, le roi fait directement appel à Esdras pour une huitième mission. Il reconnaît une nouvelle fois la sagesse divine qui était en Esdras (cf. 7:12), et lui confie une mission très large touchant la juridiction qui est « au-delà du fleuve », c’est-à-dire toute la zone à l’ouest de l’Euphrate. « Selon la sagesse de ton Dieu, laquelle est en ta main », il devait y nommer des magistrats et des juges, qui devraient juger tout ceux du peuple d’Israël. De plus, tous ceux qui ne connaissaient pas les lois de Dieu (c’est-à-dire toute la loi du Sinaï) devaient être instruits à leur sujet.

Le roi de Perse lui-même, selon la volonté de Dieu, devait reconnaître « tout le peuple » comme tel. Nous avons déjà vu à plusieurs reprises que c’est ce qu’on fait les Juifs fidèles, en accord avec la pensée de Dieu. Aussi divisée que soit la chrétienté aujourd’hui, Dieu a toujours en vue la totalité et l’unité de Ses rachetés. Nous aussi, nous ne devons jamais la perdre de vue. Combien la validité de la Loi pour tous les Israélites est clairement soulignée ici ! Il en est de même aujourd’hui quant aux pensées de Dieu pour Son assemblée dont font partie tous les vrais croyants. Il n’y a pas d’exception ou de doctrines spéciales. Paul commence sa première épître aux Corinthiens par ces mots : « À l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur seigneur et le nôtre » (1 Cor. 1:2). Il ne s’adresse pas seulement aux fidèles à Corinthe, mais à tous ceux qui confessent Christ.

Le v. 26 montre que l’expression « les lois de ton Dieu » du v. 25 se rapporte à la loi de Moïse. La distinction entre « la loi de ton Dieu » et « la loi du roi » est ici très nette. Dans les deux cas, l’obéissance aux lois est exigée, et la sanction est appliquée selon la gravité de l’infraction respective, soit par la mort, par le bannissement, la confiscation des biens ou l’emprisonnement. Combien Dieu est souverain dans le choix de ses instruments ! Esdras vivait dans un temps de « petites choses » (Zach. 4:10), et le résidu chrétien fidèle de notre temps est reconnu comme ayant « peu de force » (Apoc. 3:8). Mais ces faits ne sauraient en aucun cas amoindrir la responsabilité vis-à-vis du Seigneur et l’obéissance qui Lui est due. L’amour pour Celui qui nous aime tant, peut nous préserver.

Combien il est sérieux alors que, dans les pays chrétiens, où pendant des siècles les législations civiles reflétaient les principes de l’Écriture Sainte, ce lien est aujourd’hui rompu petit à petit. Qu’il s’agisse de questions de mœurs concernant le mariage et la famille, ou de questions apparemment mineures telles que la manière de compter les jours de la semaine (le lundi au lieu du dimanche comme premier jour de la semaine), dans tous les domaines on constate qu’on s’écarte des principes bibliques. Mais ce n’est pas tout ; dans de nombreuses églises et même parmi les vrais croyants, il se répand toujours plus l’opinion qu’on ne peut plus prendre au pied de la lettre la Parole de Dieu dans tous les domaines. Pour un chrétien vraiment sérieux, toutefois, la Parole de Dieu doit rester la seule ligne directrice de sa conduite.


8.2.13 - Ch. 7:27-28

« Béni soit l’Éternel, le Dieu de nos pères, qui a mis de telles pensées dans le cœur du roi, d’orner la maison de l’Éternel qui est à Jérusalem, et qui a étendu sur moi sa bonté devant le roi, et ses conseillers, et tous les puissants princes du roi ! Et moi, je fus fortifié selon que la main de l’Éternel, mon Dieu, était sur moi, et je rassemblai d’Israël des chefs pour monter avec moi ». (*)


(*) À la fin de la lettre du roi, la parole était adressée directement à Esdras (7:25 : « Et toi, Esdras… »). Ensuite le récit passe de la 3ème à la 1ère personne du singulier, Esdras étant le rédacteur. À partir du ch. 10, le récit revient à la 3ème personne. Ce n’est pas inhabituel dans la Bible : comparer Ésaïe 6:1 avec 7:3 et 8:1 ; Jérémie 20:1 avec 20:7 ; Dan. 7:1 avec 8:1.


Suite à la lettre ou décret que le roi Artaxerxès avait remis au sacrificateur et scribe Esdras en route pour Jérusalem, le chapitre se termine par une louange d’Esdras au Dieu de ses pères. La première fois qu’on trouve cette appellation pour Dieu, c’est lorsqu’Il confia à Moïse la mission de conduire le peuple d’Israël d’Égypte vers Canaan. « Et Moïse dit à Dieu : Voici, quand je viendrai vers les fils d’Israël, et que je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, et qu’ils me diront : Quel est son nom ? que leur dirai-je ? Et Dieu dit à Moïse : JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il dit : Tu diras ainsi aux fils d’Israël : JE SUIS m’a envoyé vers vous. Et Dieu dit encore à Moïse : Tu diras ainsi aux fils d’Israël : L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous : c’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial de génération en génération » (Exode 3:13-15). Ici, comme dans tous les passages ultérieurs où Dieu est appelé le Dieu de nos / vos pères, c’est parce qu’Il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (cf. 1 Chron. 29:18 ; Actes 3:13). Dieu avait fait aux patriarches des promesses de grâce inconditionnelles qu’Il accomplira — car jusqu’à maintenant, elles n’ont pas encore été accomplies pour le peuple d’Israël. Esdras s’est pleinement appuyé sur les promesses de son Dieu et, plus tard, il invita le résidu à faire de même (Esdras 8:28 ; 10:11).

En voyant l’intervention miraculeuse de Dieu sur le roi païen Artaxerxès, le souverain de l’empire perse, c’était la seule réponse appropriée. Ce n’était pas Esdras qui avait engagé le roi à « orner la maison de l’Éternel qui est à Jérusalem » (7:27), mais c’est Dieu qui le lui avait mis à cœur. Ce n’était pas Esdras qui avait rendu favorables le roi, ses conseillers et tous ses puissants princes, mais Dieu qui avait étendu sur lui Sa bonté devant ces hommes influents (7:28). Ce n’était pas non plus son influence qui avait poussé les Juifs qui l’accompagnaient à s’engager dans ce chemin. Enfin, toute cette entreprise n’était pas le fruit de ses propres efforts ni de ses capacités, mais il avait été fortifié selon que « la main de l’Éternel, mon Dieu, était sur moi ».

Par la grâce de Dieu, Esdras a pu rassembler « d’Israël des chefs pour monter avec moi ». Il s’agit des chefs de famille qui ont engagé les leurs à retourner avec Esdras dans la terre de la promesse. Ils sont nommés « chefs d’Israël » (et non pas « chefs de Juda et de Benjamin »). Nous avons déjà rencontré ce détail en apparence sans importance dans les chapitres 2:2,70 ; 3:1 ; 4:3 et dans d’autres encore. Pour autant que nous le sachions, ceux qui sont revenus provenaient tous de Juda, Benjamin et Lévi (1:5). Mais Esdras portait dans son cœur tout le peuple de Dieu. Il ne pouvait connaître, pour sa part, que cette seule partie du peuple d’Israël, et cela en raison de la période honteuse de la captivité babylonienne. La division du royaume d’Israël remontait déjà à près de cinq cents ans. Et pourtant, Esdras restait attaché au principe de l’unité du peuple de Dieu ! Cela nous montre à nouveau jusqu’à quel point il pensait et agissait en accord avec les pensées de Dieu et ne se laissait pas décourager par la triste condition du peuple de Dieu.

Quel exemple encourageant pour tout enfant de Dieu aujourd’hui que celui d’Esdras ! Puissions-nous tous apprendre comme lui dans la proximité et la communion avec notre Dieu et Père. Et puissions-nous ne jamais perdre de vue l’unité de tous les croyants, l’unité du Corps du Christ, même si la désunion et le morcellement extérieurs caractérisent le témoignage visible aujourd’hui. La Parole de Dieu demeure : « Il y a un seul corps » (Éph. 4:4).


9 - Ch. 8 : Le deuxième Retour avec Esdras

Le ch. 8 fait d’abord un survol du deuxième groupe de Juifs rentrés à Jérusalem (8:1-14), puis il raconte leur voyage de Babylone à Jérusalem (8:15-36). Comme au ch. 2, Dieu enregistre ici aussi le nombre exact de tous ceux qui sont rentrés.


9.1 - Ch. 8:1-14 — Dénombrement de ceux qui sont rentrés

« Et voici les chefs des pères et la généalogie de ceux qui montèrent avec moi de Babylone, sous le règne du roi Artaxerxès : des fils de Phinées, Guershom ; des fils d’Ithamar, Daniel ; des fils de David, Hattush ; des fils de Shecania, des fils de Parhosh, Zacharie, et avec lui, enregistrés par généalogies, les mâles, cent cinquante ; des fils de Pakhath-Moab, Élioénaï, fils de Zerakhia, et avec lui 200 hommes ; des fils de Shecania, le fils de Jakhaziel, et avec lui 300 hommes ; et des fils d’Adin, Ébed, fils de Jonathan, et avec lui 50 hommes ; et des fils d’Élam, Ésaïe, fils d’Athalia, et avec lui 70 hommes ; et des fils de Shephatia, Zebadia, fils de Micaël, et avec lui 80 hommes ; [et] des fils de Joab, Abdias, fils de Jekhiel, et avec lui 218 hommes ; et des fils de Shelomith, le fils de Josiphia, et avec lui 160 hommes ; et des fils de Bébaï, Zacharie, fils de Bébaï, et avec lui 28 hommes ; et des fils d’Azgad, Jokhanan, fils d’Hakkatan, et avec lui 110 hommes ; et des fils d’Adonikam, les derniers, et ce sont ici leurs noms : Éliphéleth, Jehiel, et Shemahia, et avec eux 60 hommes ; et des fils de Bigvaï, Uthaï et Zabbud, et avec eux 70 hommes ».


Les chefs d’Israël mentionnés dans le dernier verset du ch. 7, qui revinrent avec Esdras, sont maintenant énumérés par nom dans le ch. 8:2-14 comme conducteurs des grandes familles individuelles.

Ici encore, comme au ch. 1:3 et dans d’autres passages, il est dit que les Juifs sont « montés » de Babylone. Le chemin vers Jérusalem, la cité de Dieu (Ps. 46:5 ; 48:2,9 ; 87:3), est un chemin montant aussi bien géographiquement que spirituellement ! C’est justement dans ces détails apparemment accessoires, que nous reconnaissons l’action de l’Esprit Saint dans l’inspiration des Saintes Écritures. Sous Sa direction, les auteurs des livres de la Bible ont écrit jusqu’aux plus petits détails « non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels » (1 Cor. 2:13). Plus nous percevrons cette réalité unique et merveilleuse, plus nous nous attacherons à lire la Parole de Dieu avec exactitude. Car dans ce livre unique, nous trouvons « les paroles de la vie éternelle » (Jean 6:68).

L’indication « sous le règne du roi Artaxerxès » rappelle une fois de plus, que dans le livre d’Esdras (comme dans celui de Néhémie), le peuple de Dieu pendant le temps des nations dépendait des puissances du monde pour ses affaires extérieures. Mais n’oublions pas : Dieu est au-dessus de tout. Même s’Il n’intervient pas directement dans les affaires du monde, Il dirige tout par sa divine providence. « Le cœur d’un roi, dans la main de l’Éternel, est des ruisseaux d’eau ; il l’incline à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21:1). Contrairement aux Chaldéens, les Perses étaient bien disposés envers les Juifs et leur permirent aussi bien de retourner dans leur pays que de reconstruire la maison de Dieu et plus tard la ville de Jérusalem. Comme Esdras à l’époque, nous pouvons nous aussi rendre grâces au Seigneur aujourd’hui pour la liberté de rassemblement au nom du Seigneur Jésus.

Dans le premier groupe de ceux qui étaient rentrés au ch. 2, seuls étaient mentionnés les noms des ancêtres des différentes familles et des hommes adultes qui les accompagnaient. Ici, par contre, les chefs de chaque groupe sont également mentionnés, et au lieu d’hommes, on parle maintenant de « mâles », ce qui signifie probablement que les enfants mâles ont été comptés eux aussi.

Au début du chapitre, nous trouvons la généalogie de ceux qui sont revenus. Lors du premier retour, elles avaient donné lieu à quelques difficultés, manifestement parce que dans la joie débordante du retour, plusieurs Israélites — il était surprenant que ce soit justement des familles sacerdotales — n’avaient pas pris ces généalogies avec précision (2:59-63). Maintenant, cette question sérieuse et importante avait été réglée au préalable et pour tous sans exception. Esdras, qui était lui-même sacrificateur, a pu faire remonter sa généalogie jusqu’à Aaron (7:1-5). C’est pourquoi il veilla tout particulièrement à ce qu’elle soit sans faille non seulement pour les autres sacrificateurs, mais aussi pour tous ceux qui faisaient partie du peuple de Dieu.

Lors du premier retour, les familles de sacrificateurs étaient en fin de liste, tandis qu’ici elles figurent au début. La deuxième partie du livre d’Esdras met en effet davantage en avant le caractère sacerdotal du peuple de Dieu. Cela nous rappelle ce que Dieu avait dit après la délivrance de Son peuple hors d’Égypte : « Vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte » (Ex. 19:6). À cause de la faillite d’Israël, cela ne s’est pas produit. Plus tard, une seule famille fut admise à l’exercice de la sacrificature. Aujourd’hui, selon le conseil de Dieu, tous les croyants forment « une sainte sacrificature pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (1 Pierre 2:5). Mais où cette glorieuse vérité est-elle encore réalisée ? Où même est-elle encore connue ? À plusieurs reprises, le livre d’Esdras souligne par des types, l’importance du service de la sacrificature. C’est, en effet, le service le plus élevé qu’il nous est permis d’accomplir en tant qu’enfants de Dieu, car c’est le seul qui sera poursuivi dans la gloire du ciel (Apoc. 1:6 ; 5:14).

Au v. 2, deux familles de sacrificateurs sont mentionnées, celle de Phinées, ancêtre d’Esdras (7:5), et celle d’Ithamar. Phinées était fils d’Eléazar, le troisième fils d’Aaron. Il avait reçu de la part de Dieu une promesse spéciale, une « alliance de sacrificature perpétuelle », parce qu’il s’était pleinement rangé du côté de Dieu dans une circonstance grave (Nomb. 25:13). Tsadok, qui était grand sacrificateur au temps de David et de Salomon descendait également de Phinées ; ses descendants exerceront la sacrificature dans le royaume millénaire (Ézéc. 40:46 ; 44:15). Ithamar était le quatrième fils d’Aaron.

Guershom et Daniel étaient les chefs de maison de pères de ces deux familles sacerdotales. Ils répondirent en plus grand nombre à l’appel d’Esdras, mais contrairement aux familles du peuple, leur nombre n’est pas mentionné. Du fait qu’au v. 24 on voit Esdras séparant douze des chefs des sacrificateurs pour leur confier la responsabilité de veiller sur les trésors du temple, il devait y avoir un assez grand nombre de sacrificateurs avec eux.

Puis Hattush est mentionné comme chef de ceux qui descendaient du roi David. Dans le registre généalogique des descendants de David en 1 Chron. 3, le v. 22 mentionne un Hattush fils de Shemahia, lequel était un descendant de Zorobabel, le premier gouverneur de Juda après le retour de Babylone. La pensée de la royauté était donc encore bien vivante parmi ceux qui étaient revenus. — Nous trouvons les mêmes caractères dans l’assemblée de Dieu, car nous sommes aussi rois et sacrificateurs, comme nous pouvons toujours nous le rappeler.

De plus, nous ne devons pas oublier ces paroles du Nouveau Testament : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David, selon mon évangile » (2 Tim. 2:8). Un jour, le Seigneur Jésus apparaîtra en gloire pour Israël comme roi issu de la maison de David. Pour les croyants qui forment l’assemblée, leur Sauveur et Seigneur est également le Fils de David. Par la résurrection de Christ, Dieu a certes créé quelque chose de complètement nouveau avec le don de la vie éternelle et celui du Saint-Esprit, mais Christ est et demeure Celui en qui toutes les promesses de Dieu trouvent leur accomplissement. Nous ne devons jamais le perdre de vue (cf. Apoc. 5:5 ; 22:16).

Dans les versets 3 à 14, douze familles ou familles élargies sont enregistrées avec leurs pères et conducteurs respectifs, et avec le nombre des hommes qui en font partie. La plupart de ces familles sont déjà mentionnées dans la liste du ch. 2. Mais dans ce chapitre-là, les groupes sont nettement plus importants et aucun conducteur n’est mentionné.


Nous avons déjà vu, en considérant le ch. 2, comment Dieu reconnaît ceux qui sont obéissants à Sa Parole. Dans celui-ci, comme ici, les noms des familles de ceux qui sont revenus et le nombre de ceux-ci sont enregistrés avec précision. Même si dans certains cas il n’y avait que quelques personnes, Dieu en prend note. Combien ce fait devrait aujourd’hui spécialement encourager et fortifier les croyants qui se rassemblent au nom du Seigneur Jésus, en petit nombre et fidèles à la Parole de Dieu !

Une caractéristique frappante apparaît au v. 13 au sujet des fils d’Adonikam. Les chefs Éliphéleth, Jehiel et Shemahia ont été les « derniers » membres de cette famille qui sont revenus de Babylone au pays de Juda. Les noms de ces Juifs ont une signification particulièrement parlante : Adonikam signifie « L’Éternel confirme (ou : exalte) », Éliphéleth « Dieu est mon refuge », Jehiel « Trésor de Dieu » et Shemahia « L’Éternel a entendu ». Ces noms n’expriment-ils pas la valeur extraordinaire et la bénédiction qui se rattachent au retour au « lieu que l’Éternel a choisi pour y mettre son nom » (cf. Deut. 12:5 et suiv.) ? — Peut-être y a-t-il encore parmi nos lecteurs quelqu’un qui ne s’est pas encore converti, qui ne s’est pas encore tourné vers le Seigneur — que ce soit dans une famille ou dans une assemblée locale. Pour eux, cette parole est un encouragement à se mettre en route et à répondre au désir du Seigneur !

Le nombre total des hommes des familles dénombrés était de 1496. En plus, il y avait les sacrificateurs et les descendants de David, dont le nombre n’est pas indiqué. Il y avait aussi 258 lévites qui se sont laissé convaincre de se joindre au voyage (8:15-20). Si l’on ajoute les femmes et les enfants (voir 8:21), il y avait peut-être 5000 personnes, un nombre relativement faible en comparaison des 42360 Juifs mentionnés au ch. 2 lors du premier retour. C’est ainsi qu’Esdras lui-même le voyait lorsqu’il écrit au ch. 7:7 : « Et un certain nombre des fils d’Israël, et des sacrificateurs, et des lévites, et des chantres, et des portiers, et des Nethiniens, montèrent à Jérusalem, la septième année du roi Artaxerxès ».

Et pourtant, Dieu en prend connaissance, tout comme Il l’avait fait pour les premiers qui étaient revenus. La majorité de ceux qui étaient restés à Babylone, lesquels ne sont pas mentionnés ici, appartenaient pareillement au peuple de Dieu, mais leurs noms n’ont pas été conservés (*). Dieu se réjouit surtout au sujet de ceux qui obéissent à Sa Parole. Cela devrait stimuler tous les enfants de Dieu à rechercher le lieu du rassemblement selon les pensées de Dieu et à s’y attacher.


(*) Par contre le prophète Daniel, pour autant que nous le sachions, est resté toute sa vie à Babylone, parce que Dieu lui avait confié là une tâche spéciale.


9.2 - Ch. 8:15-20 — Besoin de serviteurs pour la maison de Dieu

« Et je les rassemblai vers le fleuve qui s’en va vers Ahava, et nous campâmes là trois jours ; et je considérai le peuple et les sacrificateurs, et je n’y trouvai aucun des fils de Lévi. Alors j’envoyai chercher Éliézer, Ariel, Shemahia, et Elnathan, et Jarib, et Elnathan, et Nathan, et Zacharie, et Meshullam, qui étaient des chefs, et Joïarib, et Elnathan, hommes intelligents ; et je les envoyai à Iddo, qui était chef dans la localité appelée Casiphia, et je mis dans leurs bouches des paroles pour les dire à Iddo et à ses frères, les Nethiniens, dans la localité appelée Casiphia, pour nous amener des serviteurs pour la maison de notre Dieu. Et ils nous amenèrent, selon que la bonne main de notre Dieu était sur nous, un homme intelligent d’entre les fils de Makhli, fils de Lévi, fils d’Israël, et Shérébia et ses fils et ses frères, au nombre de 18 ; et Hashabia, et avec lui Ésaïe, d’entre les fils de Merari, ses frères et leurs fils, au nombre de 20 ; et des Nethiniens, que David et les princes avaient donnés pour le service des lévites, 220 Nethiniens, tous désignés par leurs noms ».

« Le fleuve qui coule vers Ahava » (7:15) est appelé simplement le fleuve Ahava en 7:21 et 7:31. On ne peut rien dire de précis, ni sur le lieu, ni sur la signification de ce nom. Certains commentateurs pensent qu’il s’agit de l’un des canaux qui, à cette époque, reliaient les grands fleuves Euphrate et Tigre en Mésopotamie. Ce cours d’eau nous rappelle la misère du peuple de Dieu pendant la captivité babylonienne. Au Ps. 137, les Juifs disent : « Auprès des fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion. Aux saules qui étaient au milieu d’elle nous avons suspendu nos harpes. Car là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient des cantiques, et ceux qui nous faisaient gémir, de la joie : Chantez-nous un des cantiques de Sion. Comment chanterions-nous un cantique de l’Éternel sur un sol étranger ? Si je t’oublie, ô Jérusalem, que ma droite s’oublie ! » Tout cela était maintenant du passé pour ceux qui revenaient et qui, après les 70 ans (de 606 à 537 av. J.C.), étaient restés pendant encore 80 ans de plus à Babylone avant de répondre à l’appel d’Esdras (vers 458 av. J.C.).

Au bord de ce fleuve, Esdras rassemble les Juifs qui voulaient rentrer et ils campent là pendant trois jours. De même, après leur arrivée à Jérusalem, Esdras et ceux qui étaient remontés demeurèrent là pendant trois jours (8:32), comme Néhémie le fit aussi plus tard (Néh. 2:11). Déjà du temps de Josué, pendant trois jours sur la rive du Jourdain, tout le peuple d’Israël s’était préparé à entrer dans le pays de Canaan (Jos. 1:11; 3:2). Dans ces passages de l’Ancien Testament (comme dans d’autres), nous n’avons sans doute aucune référence directe aux trois jours et trois nuits que le Seigneur Jésus a passés dans le tombeau avant de ressusciter d’entre les morts. Pourtant, comme le chiffre trois est aussi bien le nombre de la Trinité, que celui d’un témoignage complet, on peut voir dans les trois jours l’expression d’une entière dépendance de la volonté divine.

Pendant ces trois jours, Esdras a pu se faire une idée de la composition de la troupe qui remontait. Il a observé qu’« aucun des fils de Lévi » (c’est-à-dire des lévites) ne s’y trouvait (8:15). Guershom et Daniel avaient certes amené avec eux quelques sacrificateurs (8:24), mais il n’y avait pas de « serviteurs pour la maison de notre Dieu » (8:17). Déjà lors du premier retour, il y avait bien moins de lévites que de sacrificateurs (2:36-42). Mais maintenant, ils manquaient totalement. Ils étaient apparemment restés insensibles à l’appel à retourner qui leur avait été adressé, afin d’exercer à nouveau leur service dans le temple de Dieu. S’étaient-ils, au fil du temps, installés à Babylone auprès des fleuves au bord desquels leurs ancêtres pleuraient en pensant à Sion ? — Un danger comparable existe aujourd’hui. La recherche de la prospérité sur la terre et de l’avancement dans le monde est devenue tellement habituelle pour de nombreux chrétiens qu’on ne s’en soucie même plus. Mais cette attitude conduit inévitablement à l’indifférence à l’égard de nos privilèges spirituels. Aucun chrétien qui attache du prix à sa vocation céleste ne devrait se résigner à rester à « Babylone », ni même à s’y installer et s’y sentir à l’aise.

Pour remédier à cette carence, Esdras s’efforça encore avant le début du voyage de « recruter » des lévites (8:16). Il appella « Eliezer, Ariel, Shemahia, et Elnathan, et Jarib, et Elnathan, et Nathan, et Zacharie et Meshullam » neuf hommes, qui sont appelés « chefs, ainsi que « Joiarib et Elnathan » deux « hommes intelligents ». Il les envoya tous « à Iddo, qui était chef dans la localité de Casiphia » (8:17), un lieu dont l’emplacement et la signification du nom (peut-être : « argent ») nous sont aussi peu connus aujourd’hui que celui de Ahava.

En raison de l’importance qu’Esdras attachait à leur mission, il mit « des paroles dans la bouche » de ces hommes, c’est-à-dire qu’il leur indiqua exactement ce qu’ils devaient dire. Ils devaient parler « à Iddo et à ses frères, les Nethiniens ». Cet Iddo, par ailleurs inconnu, occupait la fonction de chef dans le village de Casiphia, où, avec le temps, de nombreux lévites et Nethiniens s’étaient probablement établis. Lui et ses frères devaient amener « des serviteurs pour la maison de notre Dieu ». On peut entendre par là aussi bien des lévites que des Nethiniens.

Il est bon, même dans le temps présent, qu’il y ait au milieu du peuple de Dieu des hommes que le Seigneur peut utiliser comme « chefs » et comme « hommes intelligents », pour contrecarrer la grande faiblesse spirituelle, au moins dans une certaine mesure. L’Esprit Saint dit à propos de notre Seigneur : « Le zèle de ta maison m’a dévoré » (Ps. 69:9 ; Jean 2:17). Ne devrait-il pas être notre modèle dans ce domaine également ? En tout cas, on observe un tel état d’esprit chez Esdras. Il savait que pour assurer le service dans la maison de Dieu à Jérusalem, il fallait des hommes qui, comme les fils de Coré, avaient un profond désir de cœur « de se tenir sur le seuil de la maison de leur Dieu plutôt que d’habiter dans les tentes de la méchanceté » (Ps. 84:10).

Le Seigneur Jésus a dit un jour à Ses disciples : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers : suppliez donc le Seigneur de la moisson afin qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson » (Luc 10:2). La demande sérieuse de serviteurs qualifiés et dévoués pour la maison de Dieu, qu’ils soient évangélistes ou pasteurs et docteurs, devrait aussi être notre préoccupation permanente. Car il y a des frères capables qui ne sont pas prêts à servir le Seigneur.

Les paroles de l’apôtre Paul en 1 Cor. 12:31 s’adressent également à tous ceux qui voudraient être utiles pour le Seigneur et pour Sa maison en tant que « Lévites » ou « Nethiniens » : « Or désirez avec ardeur des dons de grâce plus grands : et je vous montre encore un chemin bien plus excellent ». Ce « chemin bien plus excellent » pour quiconque souhaite être utile au Seigneur de quelque manière que ce soit, c’est celui de l’amour, dont la nature et la valeur sont développées au ch. 13, qui représente le « cantique des cantiques » du Nouveau Testament. Puis l’apôtre continue : « Poursuivez l’amour, et désirez avec ardeur les dons spirituels » (1 Cor. 14:1). Les paroles qu’Esdras a mises dans la bouche des messagers doivent être comprises dans ce sens. Leur but était de tirer de leur sommeil spirituel les Lévites et les Nethiniens et de raviver leur amour pour le service de leur Dieu ; en effet on avait tant besoin d’eux à Jérusalem alors qu’ils se sentaient manifestement très bien dans le pays des Chaldéens, et qu’ils avaient perdu de vue leur mission propre. Dieu a agi en eux par ces paroles !

« Car les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort, en faveur de ceux qui sont d’un cœur parfait envers lui » (2 Chron. 16:9). Dieu a vu avec plaisir dans le cœur d’Esdras un désir conforme à Sa volonté, et l’a fait se réaliser. Esdras mentionne ici pour la quatrième fois dans son livre : « la bonne main de notre Dieu était sur nous » (8:18 ; 7:6). Comme Esdras, nous pouvons aussi avoir le désir de plaire à notre Dieu et Père en Lui obéissant. Mais nous devrions également toujours voir et apprécier Ses bienfaits envers nous et Sa main protectrice sur nous, et en être reconnaissant.

Grâce à l’intervention d’Iddo, ceux qui avaient été envoyés, ont amené un certain nombre — certes faible — de Lévites et de Nethiniens vers Esdras et ceux qui allaient revenir. Il y avait en tout 38 lévites et 220 Nethiniens. Le nom des ancêtres de chacun des chefs des lévites est indiqué. Le premier était un « homme intelligent d’entre les fils de Makhli, fils de Lévi, fils d’Israël », du nom de Shérébia (*). Avec lui, ses fils et ses frères, il vint en tout 18 lévites (8:18). Il appartenait à la famille lévite de Makhli, l’un des deux fils de Merari, fils de Lévi, fils de Jacob. À la tente d’assignation, ils étaient responsables des ais et des piliers du tabernacle de l’Éternel et des piliers du parvis, et de toute « la structure » de l’édifice (Nombres 3:20,36,37). — N’est-ce pas précisément ces serviteurs qui proclament les vérités fondamentales de l’assemblée qui manquent aujourd’hui ? Ces enseignements forment « la structure » sur laquelle repose tout le reste. Une saine pratique de la vie d’assemblée est le résultat du sain enseignement des principes fondamentaux. Mais n’oublions pas ceci : la pratique ne peut pas plus se passer de l’enseignement, qu’un enseignement à l’état « pur » pourrait se passer d’une pratique fondée sur celui-ci.


(*) On peut aussi traduire « et Sherébia » ou « appelé Sherébia » (cf traduction J. N.Darby anglaise).


Selon cette traduction, Shérébia est présenté comme un « homme intelligent ». Le Seigneur attend non seulement de ceux qui annoncent Sa Parole, mais aussi des serviteurs ou diacres dans l’assemblée, qu’ils gardent « le mystère de la foi dans une conscience pure » (1 Tim. 3:9). Pour Lui, il n’y a aucune activité dans l’assemblée qui soit « accessoire » et sans importance ou pour laquelle aucune intelligence spirituelle n’est nécessaire. Toutes choses doivent être faites en regardant à Lui et dans l’obéissance à Sa Parole. Sinon, le témoignage de l’assemblée de Dieu devient une organisation purement humaine, dans laquelle règnent les capacités humaines et la routine. Le discernement spirituel est nécessaire pour toutes les questions qui concernent l’assemblée. Qu’il s’agisse de l’amour les uns pour les autres ou de la connaissance de la volonté de Dieu, le discernement spirituel est nécessaire à tous égards (Phil. 1:9 ; Col. 1:9). Cela s’applique même aux activités apparemment les plus simples de l’administration extérieure. En toutes choses, il faut savoir « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15).

Le second groupe de 20 lévites en tout, était composé des chefs Hashabia et Esaïe, de ses frères et de leurs fils. Eux aussi appartenaient à la famille de Merari. Du fait qu’outre Makhli, Merari avait un autre fils nommé Mushi (Ex. 6:19), ce groupe de lévites pourrait avoir appartenu à la descendance de ce dernier (8:19).

Enfin, parmi les « serviteurs de la maison de notre Dieu » se trouvaient les Nethiniens (les « donnés »). Comme cela a déjà été mentionné en considérant le ch. 2:43 et suiv., l’origine de ce groupe de population n’est pas clairement connue. Mais nous apprenons ici que le roi David et les princes les avaient donnés pour le service des lévites (8:20). Avec leurs 220 personnes, ils étaient donc en bien plus grand nombre que les lévites. Malgré leurs activités subalternes, ils ne restèrent pas dans l’anonymat, mais « tous étaient désignés par leurs noms ». Combien ces paroles sont encourageantes pour tous les frères, toutes les sœurs, qui exercent dans l’assemblée des services moins visibles, pour le Seigneur et envers les Siens ! En rapport avec le ch. 2, nous avons déjà mentionné l’exemple de l’hospitalité et de l’entretien de la salle de réunion. Nous pouvons y ajouter l’accueil et le soutien des frères visiteurs (Tite 3:13 ; 3 Jean 6), les soins apportés à ceux qui sont malades (depuis longtemps) et à leurs familles, l’aide dans les détresses et toutes autres circonstances. Toutes ces tâches ne requièrent pas un don spécial, mais exigent de l’amour pour le Seigneur et pour les Siens et le désir de cœur que Son assemblée puisse prospérer à tous égards. Le Seigneur prend connaissance de telles actes et est attentif à ceux qui les accomplissent. « Tous étaient désignés par leurs noms » (8:20).


9.3 - Ch. 8:21-23 — Humiliation et prière au bord du fleuve Ahava

« (8:21) Et là, près du fleuve Ahava, je publiai un jeûne, pour nous humilier devant notre Dieu, pour lui demander le vrai chemin, pour nous et pour nos enfants, et pour tout notre avoir. (8:22) Car j’avais honte de demander au roi des forces et de la cavalerie pour nous aider en chemin contre l’ennemi ; car nous avions parlé au roi, en disant : La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent ; et sa force et sa colère sont contre tous ceux qui l’abandonnent. (8:23) Et nous jeûnâmes, et nous demandâmes cela à notre Dieu, et il nous exauça ».

Tout d’abord, Esdras publie un jeûne, près du fleuve Ahava, pour s’humilier devant leur Dieu et Lui demander le vrai chemin.


9.3.1 - [Le Jeûne]

Faisons d’abord un bref rappel sur le jeûne. Nous ne trouvons pas de commandement explicite à ce sujet, ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament. Néanmoins, l’abstinence temporaire de nourriture et de boisson occupe une place importante dans les Saintes Écritures. Le jeûne est une privation volontaire des choses terrestres et naturelles, pour se consacrer à ce qui est céleste et spirituel. La signification d’un jeûne véritable apparait très clairement dans le Ps. 35:13 : « Mais moi, quand ils ont été malades, je me vêtais d’un sac ; j’humiliais mon âme dans le jeûne ».

Le jeûne agréable à Dieu est l’expression visible extérieurement d’une profonde humiliation intérieure. Le prophète Ésaïe, au nom de l’Éternel, devait déjà dénoncer le caractère dégénéré du jeûne dans le peuple d’Israël et appeler à un jeûne authentique et à une vraie repentance (Ésaïe 58:1-7).

Après avoir été emmenés en captivité à Babylone, les Juifs prirent l’habitude de jeûner certains jours de l’année (au 4ème, 5ème, 7ème et 10ème mois) en souvenir des principaux événements du siège de Jérusalem (Zach. 7:3-5 ; 8:19). Le jeûne devint par cela un rituel de piété. Nous le voyons sous une forme accentuée dans le Nouveau Testament, dans la parabole du pharisien et du publicain dans le temple ; le premier prononce des paroles d’autosatisfaction : « Le pharisien, se tenant à l’écart, priait en lui-même en ces termes : Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont ravisseurs, injustes, adultères ; ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède » (Luc 18:11,12). Le jeûne était devenu une pratique religieuse pour de nombreux Juifs, comme c’est le cas aujourd’hui dans les églises chrétiennes et les différentes religions. Un tel jeûne n’a aucune valeur spirituelle. S’il est observé volontairement dans son sens biblique originel et est accompagné par une véritable humiliation et par la prière, nous ne devons pas le condamner, - au contraire. Le jeûne comme expression de la foi n’est malheureusement pas assez répandu parmi nous aujourd’hui.

Dans la Parole de Dieu, nous trouvons à plusieurs reprises que le jeûne et la prière étaient pratiqués avant des décisions ou des actions importantes (Juges 20:26 ; Joël 1:14 ; Actes 13:2,3 ; 14:23).

C’est ce qui s’est passé ici, au bord du fleuve Ahava. Pleinement conscients de leur faiblesse et de leur dépendance Dieu, tout le groupe de voyageurs s’humilia devant leur Dieu. Tous étaient conscients que Lui seul était leur force et leur ressource sur le chemin où ils s’engageaient. Si quelques-uns s’étaient engagés dans ce voyage éprouvant, avec des motifs peu spirituels et une certaine légèreté, ils devaient maintenant apprendre et faire l’expérience que les motifs charnels dans le chemin de la foi et de l’œuvre du Seigneur n’étaient pas une aide mais, au contraire, une entrave.

Ensuite ils prièrent leur Dieu pour eux-mêmes, pour leurs familles et tout leur avoir. Ils laissaient beaucoup de choses derrière eux en Chaldée, comme Abraham autrefois. Cependant, tout leur désir était tourné vers le pays de la promesse et vers Jérusalem, la cité de Dieu. Le chemin y conduisant était long et éprouvant, c’est pourquoi ils Lui demandèrent un chemin aplani » (8:21).

Le « chemin aplani » (ou : vrai, direct, droit) » (en hébreu derech jaschar/jeschara) occupe une place particulière dans la Parole de Dieu. Au Ps. 107:7, Dieu conduit au but les Siens après de grandes difficultés ; en Jérémie 31:9, c’est le chemin où Son peuple ne trébuchera pas, et dans Osée 14:9, les justes marcheront dans les voies de l’Éternel (cf. 1 Sam. 12:23 ; Prov. 14:12 ; 21:2 ; 29:27 ; Ésaïe 40:3). Pour cela, il est nécessaire de connaître dans son propre cœur « les chemins frayés » (Ps. 84:6). Le jeûne, l’humiliation et la prière étaient les préparatifs d’Esdras et de ses compagnons de voyage.


La confiance dans Celui qui est invisible, et la conscience de leur propre incapacité allaient ici de pair. Le roi Artaxerxès avait certes accordé à Esdras « toute sa requête » (7:6). Mais il y a une chose qu’Esdras ne lui avait pas réclamée. Il avait eu honte « de demander au roi des forces et de la cavalerie ». Apparemment, dans un premier temps, il avait souhaité avoir une escorte pour le voyage. Car le trajet de la Mésopotamie à Jérusalem n’était pas sans danger. Nous le voyons avec Néhémie qui, quand il suivit le même chemin quelques années plus tard, reçut la protection d’une troupe de cavaliers (Néh. 2:9). Mais Esdras et ses compagnons avaient dit au roi : « La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent ; et sa force et sa colère sont contre tous ceux qui l’abandonnent » (8:22). Jusqu’ici, ils avaient fait l’expérience de la bonne main de Dieu, et c’eût été de l’incrédulité de se tourner vers le roi pour lui demander malgré tout une protection humaine. Esdras a donc surmonté sa crainte et n’a pas demandé l’intervention d’une armée.

Il y a beaucoup à apprendre de cette attitude d’Esdras. Il est plus facile de parler de foi en Dieu et de confiance en Lui, que de le vivre. De plus, il peut y avoir une dangereuse illusion à prétendre vouloir faire quelque chose par la foi tout en s’appuyant sur l’aide des hommes. « Mieux vaut mettre sa confiance en l’Éternel que de se confier en l’homme » (Ps. 118:8). Quand le Seigneur Jésus est apparu à Saul de Tarse pour le sauver et l’engager à Son service, celui-ci « ne prit pas conseil de la chair et du sang » (Gal. 1:16). Il s’en remit entièrement à son Seigneur. De la même manière, Esdras renonça à la protection de l’armée du roi de Perse. Il avait entrepris son projet de monter à Jérusalem dans la dépendance de Dieu et voulait s’appuyer sur la bonne main de son Dieu et non sur la puissance et la force des hommes. Il a ainsi été préservé du danger contre lequel Jérémie avait déjà mis en garde : « Ainsi dit l’Éternel : Maudit l’homme qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras, et dont le cœur se retire de l’Éternel ! « (Jér. 17:5). C’est ce qu’exprime Esdras à la fin du v. 22 : « La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent ; et sa force et sa colère sont contre tous ceux qui l’abandonnent ».

Les trois jours qui ont précédé leur départ, le douzième jour du premier mois, les voyageurs les passèrent à jeûner et à prier (8:23 ; cf. 8:31). Combien la dernière phrase est encourageante : « Et il nous exauça » ! Ils avaient prié devant Dieu pour eux, pour leurs enfants et pour tout leur avoir, pour avoir un chemin aplani vers Jérusalem. C’était évidemment une prière conforme à Sa volonté, comme nous lisons dans la première épitre de Jean : « Et c’est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute ; et si nous savons qu’il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées » (1 Jean 5:14,15). C’était le cas ici. Avant même le début du voyage, Esdras pouvait être assuré que Dieu écouterait sa demande, et c’est ce qui eut lieu, comme il le rapporte par la suite.


9.4 - Ch. 8:24-30 — Les trésors du temple

« Et je séparai douze des chefs des sacrificateurs : Shérébia, Hashabia, et dix de leurs frères avec eux ; et je leur pesai l’argent et l’or, et les ustensiles, l’offrande pour la maison de notre Dieu, qu’avaient offerte le roi, et ses conseillers, et ses princes, et tout Israël qui se trouvait là. Et je pesai en leurs mains 650 talents d’argent, et en ustensiles d’argent 100 talents, [et] en or 100 talents, et 20 coupes d’or valant 1000 dariques, et deux vases d’airain d’un beau brillant, précieux comme l’or. Et je leur dis : Vous êtes saints, [consacrés] à l’Éternel, et les ustensiles sont saints, et l’argent et l’or sont une offrande volontaire à l’Éternel, le Dieu de vos pères. Veillez, et gardez-les jusqu’à ce que vous les pesiez devant les chefs des sacrificateurs et des lévites, et devant les chefs des pères d’Israël à Jérusalem, dans les chambres de la maison de l’Éternel. Et les sacrificateurs et les lévites reçurent au poids l’argent et l’or, et les ustensiles, pour les porter à Jérusalem, à la maison de notre Dieu ».

Avant d’entamer ce long voyage, il fallait régler une question d’organisation importante. Esdras avait reçu de la part du roi la mission d’emporter une grande quantité d’or et d’argent à Jérusalem. Ces richesses étaient destinées à l’accomplissement du service du temple à Jérusalem (7:15,16 ; cf. 1:6-11). Elles furent soigneusement enregistrées et confiées à quelques sacrificateurs et lévites qui les aidaient.

Esdras choisit d’abord douze sacrificateurs parmi ceux qui revenaient : « Shérébia, Hashabia et dix de leurs frères avec eux » (8:24)(*). C’était eux les principaux responsables du transport du trésor d’or et d’argent, d’un poids de plus de 850 talents (1 talent correspond à environ 34 kg). Chacun des éléments de ce trésor fut pesé sous leurs yeux : l’argent, l’or et les divers ustensiles. Cela représentait une fortune considérable. Dans sa lettre d’accompagnement, le roi perse Artaxerxès avait déjà déclaré qu’il s’agissait de « l’argent et l’or que le roi et ses conseillers ont librement offert au Dieu d’Israël, dont la demeure est à Jérusalem, ainsi que tout l’argent et l’or que tu trouveras dans toute la province de Babylone, avec l’offrande volontaire du peuple et des sacrificateurs qui offrent volontairement pour la maison de leur Dieu qui est à Jérusalem » (7:15,16).


(*) De nombreux commentateurs d’aujourd’hui veulent voir dans Shérébia et Hashabia les lévites déjà mentionnés au v. 18 et suiv. et lisent ce passage avec une modification du texte : « Et je séparai douze des chefs des sacrificateurs, et Shérébia, Hashabia, et avec eux dix de leurs frères » (soit 12 sacrificateurs et 12 lévites). Mais le changement de texte n’est pas nécessaire. Tout d’abord, Shérébia et Hashabia du v. 24 ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux du v. 18 et, par ailleurs, 24 personnes n’auraient guère été en mesure de garder sous leur contrôle la grande quantité de métal précieux (850 talents = près de 30000 kg). Les 12 sacrificateurs n’étaient que les responsables principaux, et de nombreux lévites (non mentionnés nommément) les aidaient dans leur tâche de porteurs ou de surveillants, comme on peut le voir au v. 30.


Alors que le roi Artaxerxès met surtout l’accent sur le beau geste d’une générosité impressionnante, Esdras considère ces précieux présents du point de vue de Dieu auquel ils étaient destinés. Pour lui, c’est « l’offrande élevée pour la maison de notre Dieu, qu’avaient offerte [litt. : élevée] le roi, et ses conseillers, et ses princes, et tout Israël qui se trouvait là » (8:25). Il utilise ici le même terme « offrande élevée » (héb. teruma) que celui que Dieu avait employé pour la première fois avant la construction de la tente d’assignation, lorsqu’Il avait ordonné à Moïse : « Parle aux fils d’Israël, et qu’ils prennent pour moi une offrande élevée. Vous prendrez mon offrande élevée de tout homme qui aura un esprit libéral » (Ex. 25:2). Dans les deux cas, il s’agissait de l’habitation de Dieu au milieu de Son peuple, et dans les deux cas, le peuple de Dieu était invité à apporter à Dieu quelque chose qui Le glorifierait. Puisque le roi reconnaissait l’Éternel comme « le Dieu des cieux », les présents que lui et ses grands offraient étaient aussi inclus dans cette offrande élevée.

Concernant le peuple de Dieu, Esdras parlait de « tout Israël qui se trouvait là » (8:25). Bien qu’il ne s’agît que d’une petite partie du peuple, nous voyons à nouveau sa perception spirituelle qui avait toujours en vue l’ensemble d’Israël. Il voyait la faillite et le déchirement d’Israël, mais ne manquait jamais de rappeler l’unité de l’ensemble du peuple de Dieu. Les quelques rares fidèles sont les représentants du peuple de Dieu dans son entier. Nous aussi, nous ne devons jamais perdre cela de vue, si nous voulons réaliser pratiquement les pensées de Dieu concernant son assemblée.

Les précieuses offrandes furent toutes pesées au début du voyage sous les yeux des sacrificateurs responsables, et elles leur furent confiées. Nous voyons ici comment Esdras leur remit tout ce qui était pesé et compté.

Il y en avait une grande quantité : 650 talents d’argent équivalant à environ 22 tonnes, 100 talents d’ustensiles en argent et 100 talents d’or, soit environ 3,4 tonnes chacun. Les 20 coupes d’or de 1000 dariques pesaient environ 240 kilos (8:26-27). Selon les chiffres actuels, il s’agissait de sommes énormes, et d’après les données de l’époque, il n’en a pas été autrement (*). Parmi ces ustensiles, il y avait les deux ustensiles ou récipients, des vases « d’airain d’un beau brillant précieux comme l’or ». Il n’est plus possible de déterminer exactement de quel matériau il est question ici. Mais il était « précieux comme l’or ».


(*) Aujourd’hui, l’argent au prix d’environ 700 €/kg vaudrait environ 16 millions d’euros — et l’or au prix d’environ 52000 €/kg vaudrait environ 180 millions d’euros.


Les deux métaux qui constituaient la majeure partie du trésor ont une signification spirituelle pour nous. L’argent dans les Écritures est toujours une image du prix de la rédemption éternelle des pécheurs. Exode 30:11-16 et 38:25-28 rapportent que tout Israélite, riche ou pauvre, devait payer un demi-sicle d’argent comme « prix de l’expiation », ce qui parle de rédemption. Selon 1 Pierre 1:18-19, nous avons été rachetés de notre vaine conduite qui nous avait été enseignée par vos pères, « non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache ».

L’or, par contre, est l’image de la gloire de Dieu révélée en justice, en sainteté, en vérité, en puissance, en amour et en grâce. Dans l’intérieur de la tente d’assignation, et du temple plus tard, on ne voyait presque que de l’or. La nouvelle Jérusalem, dont il est dit qu’« elle avait la gloire de Dieu », était faite d’or pur (Apoc. 21:11,18).

Cela nous aide à mieux comprendre pourquoi le Saint Esprit s’appesantit tant sur le récit de la remise minutieuse du trésor. Tout était saint, parce que tout était consacré à Dieu et tout parlait de Sa nature aussi bien que de Ses actes.

Dieu a également confié aux chrétiens un riche trésor divin dans sa Parole. Il nous appartient de conserver fidèlement ce trésor, de veiller à son maintien et à sa transmission à la génération suivante — jusqu’à la venue du Seigneur Jésus. Qu’il s’agisse d’éléments extérieurs de la Parole de Dieu, comme par exemple sa traduction, ou des richesses spirituelles qu’elle contient, nous devons tout préserver et transmettre fidèlement si nous voulons être à la gloire et à l’honneur de notre Dieu. Dans une grande partie de la chrétienté actuelle, diverses portions de la vérité biblique ont été abandonnées et sont donc, en pratique, perdues.

Dans sa lettre à l’assemblée de Philadelphie, le Seigneur Jésus relève par deux fois de manière positive que l’assemblée a gardé Sa Parole (Apoc. 3:8,10). Ensuite, Il lui adresse une exhortation, qui est en même temps un grand encouragement : « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ! » (Apoc. 3:11). Garder la Parole de Dieu et ses enseignements est un caractère distinctif de l’assemblée de Philadelphie. Que notre désir soit de recevoir aussi une telle louange de la part du Seigneur.

Mais garder la Parole n’est qu’un côté des choses. Chaque génération doit de nouveau tout réapprendre. Et cela n’est possible que si la vérité de la Parole est transmise de manière fidèle et consciencieuse. En ce qui concerne la transmission de la doctrine chrétienne, nous trouvons un très bel exemple en 2 Tim. 2:2, où Paul exhorte Timothée : « les choses que tu as entendues de moi devant plusieurs témoins, commets-les à des hommes fidèles qui soient capables d’instruire aussi les autres. »

Dans ce verset, nous trouvons quatre générations de croyants :


Un regard sur l’histoire de l’Église nous montre ce qui est arrivé en pratique, après seulement peu de temps. Très vite, des « doctrines diverses et étrangères » (Héb. 13:9) ont été introduites, et de grandes portions de la vérité ont été perdues dans la pratique. À leur place, de fausses doctrines sont apparues. Elles caractérisent encore aujourd’hui la majeure partie de la chrétienté.

Les dons spirituels d’évangélistes, de pasteurs et de docteurs donnés par le Seigneur ne sont pas mis à côté ou, encore moins, au-dessus de ce que nous venons de considérer. Ils s’inscrivent parfaitement dans ce tableau. Le grand apôtre Paul, qui, à bien des égards, avait reçu du Seigneur une place particulière, dit de lui-même : « Que tout homme pense ainsi à notre égard, — qu’il nous tienne pour des serviteurs de Christ et pour des administrateurs des mystères de Dieu. Ici, au reste, ce qui est requis dans des administrateurs, c’est qu’un homme soit trouvé fidèle » (1 Cor. 4:1,2). Et Pierre écrit : « Suivant que chacun de vous a reçu quelque don de grâce, employez-le les uns pour les autres, comme bons dispensateurs de la grâce variée de Dieu. Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu ; si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen » (1 Pierre 4:10,11).

Si, dans sa grâce, le Seigneur glorifié accorde un don spirituel, une responsabilité s’y rattache : celle de l’employer en Lui obéissant et pour la bénédiction de ceux qui en bénéficient. La recherche de son propre intérêt et de son propre honneur ne doivent jouer aucun rôle, mais seulement la glorification du Seigneur Jésus, la bénédiction et le bien des âmes qui bénéficient du ministère. Timothée est exhorté et encouragé : « fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service » (2 Tim. 4:5). Quant à lui-même, Paul va même jusqu’à dire : « Car, si je fais cela volontairement, j’en ai un salaire ; mais si c’est malgré moi, une administration m’est confiée » (1 Cor. 9:17). Nous devrions toujours être conscients du sérieux de notre responsabilité dans ces questions. Mais de la même manière que Dieu a mis Sa bonne main sur Esdras et ses compagnons, Il ne refuse pas Son aide aujourd’hui à ceux qui s’attendent à Lui. En effet, aussi bien au temps d’Esdras et de Paul qu’aujourd’hui, cette parole reste valable : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:9).


9.5 - La « responsabilité financière » chrétienne : l’exemple de 2 Cor. 8

La gestion précise de ces trésors par Esdras et les sacrificateurs, et la minutie dont ils font preuve, sont un modèle pour nous dans toutes les questions financières au sein de l’assemblée et parmi les croyants. Le ch. 8 de 2 Corinthiens en offre un exemple particulièrement instructif. Il y est question d’un don financier aux croyants de Judée, qui étaient dans le besoin. Dans les v. 16 à 24, nous lisons : « Or grâces à Dieu qui met le même zèle pour vous dans le cœur de Tite ; car il a reçu l’exhortation ; mais, étant très-zélé, il est allé spontanément auprès de vous. Et nous avons envoyé avec lui le frère dont la louange dans l’évangile est répandue dans toutes les assemblées (et non seulement cela, mais aussi il a été choisi par les assemblées pour notre compagnon de voyage, avec cette grâce qui est administrée par nous à la gloire du Seigneur lui-même, et comme preuve de notre empressement) ; évitant que personne ne nous blâme dans cette abondance qui est administrée par nous ; car nous veillons à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes. Et nous avons envoyé avec eux notre frère, du zèle duquel, en plusieurs choses, nous avons souvent fait l’épreuve, et qui maintenant est beaucoup plus zélé à cause de la grande confiance qu’il a en vous. Quant à Tite, il est mon associé et mon compagnon d’œuvre auprès de vous ; quant à nos frères, ils sont les envoyés des assemblées, la gloire de Christ. Montrez donc envers eux, devant les assemblées, la preuve de votre amour et du sujet que nous avons eu de nous glorifier de vous ». — Paul et ses frères dans le Seigneur ont tout fait pour éviter de donner la moindre apparence de manque de soin.

Ainsi, il ne faudrait jamais confier à un seul frère la gestion des finances et des questions qui s’y rapportent, mais toujours à au moins deux frères, non seulement par sécurité, mais aussi pour le témoignage rendu au dehors. En outre, les frères chargés de cette responsabilité doivent être dignes de confiance. Tout ce qu’ils font ou décident dans la sphère de la mission qui leur est confiée par l’assemblée doit être vérifiable et également contrôlé.

Les associations à but non lucratif établies dans de nombreux endroits en tant que détenteurs légaux de locaux de réunion, etc., doivent, bien entendu, se conformer strictement à toutes les dispositions légales. Esdras n’était pas seulement responsable envers les sacrificateurs et les serviteurs du temple de son peuple, mais aussi devant le roi de Perse, et il en est de même aujourd’hui (cf. Rom. 13:1-7 ; Tite 3:1 ; 1 Pierre 2:13).

Les questions matérielles dans les assemblées requièrent un comportement spirituel tout comme le soin à apporter aux âmes des croyants. C’est pourquoi les serviteurs dans les assemblées sont tenus de « garder le mystère de la foi dans une conscience pure » (1 Tim. 3:9).


9.6 - Ch. 8:28-30

Après avoir pesé tous les objets précieux et les avoir remis aux sacrificateurs, Esdras leur rappela leur fonction : « Vous êtes saints, consacrés à l’Éternel ». Dieu Lui-même les avait mis à part pour ce service et les avait sanctifiés pour Lui-même (Ex. 29:44 ; cf. 1 Pierre 2:5). Les ustensiles qui leur étaient confiés étaient également saints, car ils étaient destinés au service du temple. Cette remarque est bien sérieuse. Dans un temps où, dans le monde, on ne reconnaît plus guère quelque chose comme étant saint, nous risquons de perdre de vue la sainteté de notre propre position devant Dieu et la sainteté de tout ce qu’Il a nous a confié. En considérant le ch. 1, nous avons vu que les ustensiles en argent et en or parlent figurativement de vérités relatives à Dieu et à Son assemblée.

Nous avons vu que l’argent est une image de la rédemption et que l’or est l’image de la gloire de Dieu. Ce sont deux caractéristiques importantes du christianisme : la conscience d’une rédemption parfaite, et la pleine révélation et la connaissance du seul vrai Dieu. Nous pouvons sans doute y voir aussi les fondements et les conditions requises d’une vraie adoration, car les trésors d’or et d’argent sont ici appelés « une offrande volontaire à l’Éternel, le Dieu de vos pères ». Ils présentaient le même caractère que les offrandes du peuple lors de la construction de la tente d’assignation (Ex. 35:29). Les « offrandes volontaires de ma bouche » du Ps. 119:108 rendent également le même mot hébreu (nedaba).

Le dernier verset de ce paragraphe (8:30) présente une sorte de résumé. Aidés par les lévites, les sacrificateurs reçurent les objets précieux d’argent et d’or et les ustensiles qu’Esdras leur confiait en établissant leur poids avec précision, pour les transporter à Jérusalem et les apporter au temple. Comme précédemment dans ce livre, Esdras appelle l’Éternel « notre Dieu » pour souligner la relation de foi personnelle qui était aussi nécessaire pour les croyants de l’Ancien Testament qu’elle l’est aujourd’hui (cf. 4:3 ; Phil. 4:19).

Comme nous l’avons vu au ch. 7:27, Esdras s’appuyait sur le Dieu de ses pères et Le louait pour Ses actes merveilleux. Maintenant, il encourage le résidu à craindre Dieu et à mettre la même confiance dans le Dieu de leurs pères (8:28 ; cf. 10:11).

Esdras ordonne alors aux sacrificateurs d’être vigilants et de garder le tout. Une fois arrivés à Jérusalem, ils devaient de nouveau tout peser devant ceux de Jérusalem, les chefs des sacrificateurs et des lévites et les chefs des maisons de pères de tout le peuple, afin que tout puisse être soigneusement déposé dans le temple, dans les chambres prévues à cet effet (8:29). Ceux qui recevaient ces choses n’étaient pas seulement des hommes de confiance, mais ils représentaient aussi tout le peuple d’Israël, et le temple est la « maison de l’Éternel ». Presque chaque mot souligne le caractère de sainteté de Dieu, de Sa maison et de Son peuple.

Le sérieux avec lequel Esdras confia cette mission est très instructif. Avec le même sérieux, Paul exhorte son jeune collaborateur Timothée : « Sois attentif à toi-même et à l’enseignement » (1 Tim. 4:16). Cet enseignement qu’il appelle ailleurs « le bon dépôt » (2 Tim. 1:14) et ailleurs encore « ce qui t’a été confié » (1 Tim. 6:20), Timothée devait le garder sous la direction et la puissance de l’Esprit Saint (1 Tim. 6:20 ; 2 Tim. 1:14).

Dans le « modèle des saines paroles » (2 Tim. 1:13) que l’Écriture sainte nous montre, nous possédons de grands trésors que nous avons reçus de nos devanciers spirituels. Elles concernent la connaissance de notre Dieu, la doctrine de Christ et de l’assemblée. Nous risquons aujourd’hui de ne pas les administrer aussi fidèlement et de ne pas les conserver aussi saintement qu’il faudrait. Il manque souvent la vigilance pratique que demandait Esdras et le désir de garder tout ce qui est en accord avec la volonté de Dieu et Sa sainteté. Avec quel sérieux donc les paroles d’Esdras nous parlent aujourd’hui encore, même après plus de 2500 ans ! Prenons-les à cœur.


9.7 - Ch. 8:31-36 — L’arrivée à Jérusalem

« Et nous partîmes du fleuve Ahava le douzième jour du premier mois, pour aller à Jérusalem. Et la main de notre Dieu fut sur nous, et il nous délivra de la main de l’ennemi et de toute embûche sur le chemin. Et nous arrivâmes à Jérusalem, et nous demeurâmes là trois jours. Et le quatrième jour, l’argent et l’or et les ustensiles furent pesés dans la maison de notre Dieu, entre les mains de Merémoth, fils d’Urie, le sacrificateur (et avec lui était Éléazar, fils de Phinées, et avec eux Jozabad, fils de Jéshua, et Noadia, fils de Binnuï, lévites), selon le nombre et selon le poids du tout ; et en même temps tout le poids en fut inscrit. Les fils de la transportation qui étaient revenus de la captivité présentèrent des holocaustes au Dieu d’Israël, 12 taureaux pour tout Israël, 96 béliers, 77 agneaux, 12 boucs en sacrifice pour le péché, le tout en holocauste à l’Éternel. Et ils remirent les édits du roi aux satrapes du roi et aux gouverneurs de ce côté du fleuve, et ceux-ci donnèrent leur appui au peuple et à la maison de Dieu ».

Le douzième jour du premier mois, ceux qui remontaient de la captivité étaient partis du fleuve Ahava pour se rendre à Jérusalem. Le voyage de retour (y compris ses préparatifs) débuta le premier jour de ce mois, en la septième année du règne du roi Artaxerxès (458 av. J.-C. ; 7:8,9).

Esdras dit à nouveau « la main de notre Dieu fut sur nous » (8:31) : elle délivra les voyageurs « de la main de l’ennemi et de toute embûche sur le chemin » (8:31 ; 7:6). Sa confiance en Dieu n’a pas été trompée, et il surmonta l’épreuve, bien que devant le roi, il ait eu un instant honte de lui demander une escorte militaire. De telles expériences servent à fortifier la foi. Il en est de même pour nous.

Le premier jour du cinquième mois, ils arrivèrent à Jérusalem. Ils leur fallu donc environ trois mois et demi pour effectuer ce périlleux voyage, avant d’atteindre leur destination. Ils sont d’abord restés là pendant trois jours, comme ils l’avaient fait au bord du fleuve Ahava avant d’entreprendre le voyage (8:32, 15).

Quels sentiments et quelles pensées ont été éveillés chez ceux qui arrivaient et qui voyaient maintenant la ville de Dieu pour la première fois de leur vie (Ps. 46:5 ; 48:2,9 ; 87:3) ! Dieu avait choisi cette ville pour Lui-même, et avait montré au roi David l’endroit où devait être construit le temple dans lequel Son nom devait habiter (1 Rois 11:36). Le temple détruit avait été rebâti sur son emplacement, et après une longue interruption, le culte avait repris depuis, selon les instructions données par Dieu. Il s’agissait maintenant d’assurer à la Parole de Dieu une place durable dans tous les domaines de la vie quotidienne pour l’ensemble du résidu. C’était la tâche que s’était fixée Esdras, le scribe. Et Dieu avait jusque-là mis sa bonne main sur lui.

Après ces trois jours, les riches trésors qu’Esdras avait apportés de Babylone furent contrôlés pour la troisième fois et remis au sacrificateur Merémoth (*), fils d’Urie (8:33 ; cf. 8:25, 30). Pour réceptionner l’argent et l’or, Mérémoth reçut l’assistance du sacrificateur Eléazar, fils de Phinées. Les deux sacrificateurs étaient aidés par les lévites Jozabad et Noadia. Les quatre hommes supervisèrent la réception de tout le trésor, avec l’aide d’autres hommes fidèles.


(*) Merémoth, fils d’Urie, est mentionné encore une fois en Néh. 3:4 lors la construction de la muraille de Jérusalem.


Le v. 34 termine en précisant que le nombre et le poids de chaque objet, et enfin le poids total, furent inscrits, ce qui fut fait comme dernière vérification.

Ce que nous avons à retenir de cette minutie a déjà été considéré. Il vaut pourtant la peine de retracer le déroulement global de ce qui fut fait :


Si telle était notre pratique dans toutes les questions financières, ainsi que dans les questions spirituelles, beaucoup de problèmes pourraient être évités aujourd’hui, qui proviennent d’un manque de soins ou d’une insuffisance de contrôle. Comme personne n’est infaillible, nous devons tous nous soumettre volontairement et de bon gré à l’examen d’autrui dans ce domaine. Inutile de préciser que cela vaut également pour notre comportement vis-à-vis des organisations de l’état. En toute chose, le Seigneur attend de nous que nous soyons des administrateurs fidèles.

Dans les deux derniers versets (8:35, 36), Esdras ne fait plus son récit à la première, mais à la troisième personne. Il se met ainsi complètement en retrait et s’associe à ceux qui viennent de revenir. Il n’est plus que « l’un des fils de la transportation qui étaient revenus de la captivité ». Cette double mention de leur origine n’exprime-t-elle pas l’humiliation qui convenait à ceux qui, par la grâce de Dieu, étaient revenus de la captivité qu’ils avaient connue sous le jugement de Dieu près de 150 ans auparavant (voir 8:21) ?

La première chose que font ceux qui sont revenus à Jérusalem, c’est d’offrir une quantité relativement importante de sacrifices. En reconnaissant humblement leur propre faiblesse, ils les consacrent au « Dieu d’Israël ». Ils Le reconnaissent donc non seulement comme leur Dieu, mais comme le Dieu du peuple tout entier, quel que soit lieu où se trouve la plus grande partie des douze tribus. Dès le début de ce livre, nous avons vu l’insistance sur l’unité du peuple tout entier et sur sa responsabilité devant Dieu (1:3 ; 2:2, 70 ; 3:1, etc.).

Les sacrifices qu’ils apportent sont principalement des holocaustes. Plus que tout autre sacrifice, ceux-ci parlent en figure du parfum de bonne odeur qui montait de l’offrande parfaite de Christ à la croix, et également de notre adoration du Père. Nous avons déjà pu le constater lors de notre étude du ch. 3:1-6. Quel merveilleux tableau : un petit nombre de Juifs tout juste revenus de la captivité offrant « des holocaustes au Dieu d’Israël, douze taureaux pour tout Israël ». Malgré leur petit nombre, ils ont devant leurs yeux l’Éternel comme le Dieu de l’ensemble des douze tribus et ils se voient eux-mêmes comme les représentants de ce peuple. C’est ce qu’exprime le nombre de douze holocaustes.

À ceux-ci s’ajoutent 96 (8 x 12) béliers et 77 agneaux, également des holocaustes. Le chiffre 7 est souvent le nombre de la perfection divine, tandis que le chiffre 8 parle de la nouvelle création et le chiffre 12 de la perfection d’une administration ou d’un gouvernement.

Les holocaustes expriment donc la reconnaissance parfaite de la grandeur et de la gloire de Dieu, mais également la conscience que le résidu des Juifs représentait la nation d’Israël tout entière. Pareillement des chrétiens aujourd’hui peuvent se rassembler sur le terrain ou fondement du seul corps de Christ. Tout autre fondement que celui qui rassemble tous les membres du Corps du Christ n’est pas en accord avec la Parole de Dieu. Mais lorsqu’on se réunit ainsi au nom du Seigneur Jésus, la vraie adoration peut aussi être présentée à notre Dieu et Père en esprit et en vérité et par le Seigneur Jésus.

Mais ceux qui revenaient dans le pays offrirent encore d’autres sacrifices, notamment douze boucs comme offrande pour le péché pour le peuple tout entier, dont seule une petite partie prenait sa place dans l’humilité devant Dieu. Il est inhabituel, et même unique, que le caractère d’holocauste soit attribué à ces sacrifices, bien que seule la graisse du sacrifice pour le péché soit placée sur l’autel (Lév. 4:31). Ainsi, les Juifs qui étaient remontés ont commencé leur séjour par l’adoration. À Babylone, ils n’avaient pu offrir aucun sacrifice.

Mais après avoir apporté « les choses de Dieu à Dieu », ils ont aussi rendu « les choses de César à César » (Matt. 22:21). Dans la lettre de recommandation du roi Artaxerxès à Esdras (7:11-26), il y avait une série d’ordres technico-administratifs qui devaient maintenant être portés à la connaissance des satrapes du roi et des gouverneurs à l’ouest de l’Euphrate (« de ce côté du fleuve ») pour qu’ils soient exécutés.

En considérant le v. 3 du ch. 5, nous avons déjà vu quelque chose de la structure administrative de l’empire perse. Les satrapes dirigeaient de vastes régions et occupaient une position plus élevée que les gouverneurs. Cela signifie que les hauts fonctionnaires de plusieurs satrapies et tous les gouverneurs à l’ouest de l’Euphrate sont concernés ici. Tous « ceux-ci donnèrent leur appui au peuple et à la maison de Dieu ». De quelle manière merveilleuse Dieu a, ici encore, dirigé toutes choses pour le bien du petit résidu fidèle de Son peuple qui, dans son ensemble, avait été si infidèle !


10 - Ch. 9 : Humiliation au sujet du manque de séparation

Étonnamment, Esdras ne rapporte rien sur les circonstances extérieures qu’il a rencontrées à son arrivée à Jérusalem et qu’il a décrites avec tant de détails dans la première partie du livre. Il ne mentionne ni le temple, ni l’état de la reconstruction de la ville de Jérusalem. Il n’écrit également que peu de choses au sujet de la mission que lui avait confiée le roi ni sur son exécution. La raison en est qu’Esdras avait avant tout à cœur l’état spirituel du peuple de Dieu. On le voit particulièrement dans les deux derniers chapitres de son livre. Le problème essentiel traité ici est celui des mariages mixtes que beaucoup de Juifs rentrés au pays avaient contractés avec des femmes d’autres peuples.

Comme d’autres serviteurs de Dieu, spécialement Moïse et l’apôtre Paul, Esdras a dû faire l’expérience qu’un triste état du peuple de Dieu fait obstacle aux meilleures intentions et à l’engagement le plus complet de toutes les forces dans le service du Seigneur.

Cette circonstance confirme l’évolution de tous les réveils que Dieu a accordé dans Sa miséricorde. Tout ce que Dieu opère en bien, l’homme le gâte. Au grand rayonnement spirituel du commencement succède l’attiédissement et le déclin. Dès que la dépendance immédiate de Dieu est remplacée par une habitude et une routine croissantes de notre côté, tout dévie. La chair prend la place qui n’appartient qu’au Saint Esprit comme guide et conducteur (cf. Jér. 2:13). La Parole de Dieu perd également sa force et son influence sur la vie des croyants.


10.1 - Ch. 9:1-4 — Mariages avec des femmes païennes

« Et quand ces choses furent terminées, les chefs s’approchèrent de moi, en disant : Le peuple d’Israël, et les sacrificateurs et les lévites, ne se sont pas séparés des peuples des pays, quant à leurs abominations, savoir celles des Cananéens, des Héthiens, des Phéréziens, des Jébusiens, des Ammonites, des Moabites, des Égyptiens, et des Amoréens, car ils ont pris de leurs filles pour eux et pour leurs fils, et ont mêlé la semence sainte avec les peuples des pays ; et la main des chefs et des gouverneurs a été la première dans ce péché. Et quand j’entendis cela, je déchirai mon manteau et ma robe, et j’arrachai les cheveux de ma tête et ma barbe, et je m’assis désolé ; et vers moi s’assemblèrent tous ceux qui tremblaient aux paroles du Dieu d’Israël, à cause du péché de ceux qui avaient été transportés ; et je restai assis, désolé, jusqu’à l’offrande du soir » (9:1-4).


10.1.1 - [Ch. 9:1a]

Peu de temps après avoir accompli les tâches qui lui avaient été confiées pour l’avancement du culte dans le temple, Esdras est confronté à un grave problème (*). Les chefs ou princes du peuple, c’est-à-dire les sacrificateurs, les lévites et tout le reste du peuple (10:2) s’approchent de lui pour l’informer de l’infidélité d’un grand nombre des Juifs qui étaient revenus.


(*) Environ 4 mois après son arrivée à Jérusalem, comme le montre une comparaison de 7:8 et 10:9.


Leur péché était de s’être mélangés par mariages avec ceux des autres peuples et d’avoir ainsi abandonné leur séparation d’avec eux. C’était une très grave faute pour le peuple de Dieu. Dans le livre du prophète Malachie, qui commença à prophétiser quelque temps plus tard, le même problème est formulé de la façon suivante : « Juda a agi perfidement, et l’abomination se commet en Israël et dans Jérusalem ; car Juda a profané le sanctuaire de l’Éternel, qu’il aima, et a épousé la fille d’un dieu étranger » (Mal. 2:11-16).

Le péché d’une alliance par mariage entre des hommes juifs et des femmes païennes (auquel s’ajoutait encore en Malachie le divorce d’avec leurs premières épouses) comportait trois caractères :


Dans les trois cas, il s’agit d’abord de l’honneur de Dieu. Les conséquences pour les hommes coupables, les femmes concernées et leurs éventuels enfants viennent au second plan. Cela nous rappelle que le véritable caractère d’un péché ne doit pas être mesuré en premier lieu aux conséquences visibles, mais plutôt à ce que nous commettons contre notre Dieu et Père. Le véritable ministère prophétique met le doigt sur ce point important.


10.1.2 - Le joug mal assorti

Après la sortie d’Égypte, l’Éternel avait fait dire au peuple d’Israël par Moïse : « Et maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples ; car toute la terre est à moi ; et vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Ex 19:5,6). Pour pouvoir servir Dieu, le peuple devait se séparer entièrement de toutes les autres nations. Pour quelle raison ? Parce que toutes les nations environnantes ne connaissaient pas le seul vrai Dieu et étaient profondément plongées dans l’idolâtrie. Les peuples de Canaan ne faisaient pas exception. Les sacrifices d’enfants et la prostitution dans les temples en faisaient les pires idolâtres (Deut. 12:31 ; 18:10 ; 23 :18 ; Gen. 38:21).

Dieu avait aussi commandé à Israël : « Et vous me serez saints, car je suis saint, moi, l’Éternel ; et je vous ai séparés des peuples, pour être à moi » (Lév. 20:26). Avant leur entrée dans le pays de Canaan, Il les avertit à plusieurs reprises de n’avoir aucune communion avec les idolâtres qui y habitaient : « Garde-toi de traiter alliance avec l’habitant du pays dans lequel tu vas entrer, de peur qu’il ne soit en piège au milieu de toi. Mais vous démolirez leurs autels, et vous briserez leurs statues, et vous abattrez leurs ashères. Car tu ne te prosterneras point devant un autre dieu (car l’Éternel dont le nom est Jaloux, est un Dieu jaloux) : de peur que tu ne traites une alliance avec les habitants du pays, et que lorsqu’ils se prostituent après leurs dieux et sacrifient à leurs dieux, on ne t’invite, et que tu ne manges de leur sacrifice, et que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles ne se prostituent après leurs dieux et ne fassent que tes fils se prostituent après leurs dieux. — Tu ne te feras point de dieu de fonte » (Ex 34:12-17 ; cf. Deut. 7:1-8).

Par ces paroles insistantes, Dieu avait mis en garde son peuple contre les relations amicales avec les habitants de Canaan qui vivaient dans l’idolâtrie. Or les Ammonites, les Moabites et les Égyptiens mentionnés en Esdras 9:1 (qui ne faisaient pas partie des peuples de Canaan) n’étaient pas meilleurs. Par conséquent, le principe s’appliquait également à ces peuples voisins. Si quelqu’un ne se séparait pas des idolâtres, il n’allait certes d’abord avoir qu’une relation superficielle avec eux. Mais selon l’avertissement de Dieu confirmé par l’expérience, les choses n’en resteraient pas là, ce qui fut dans les faits. Des mariages feraient naître des liens de famille, à la suite de quoi l’idolâtrie entrerait dans le peuple de Dieu. On en trouve déjà un exemple, pendant la traversée du désert par Israël quand, à l’instigation de Balaam, les femmes madianites séduisirent les Israélites et les entraînèrent à l’idolâtrie (Nomb. 25:1-5 ; 31:15-16 ; cf. Ps. 106:34-39). Tout cela a aussi été écrit pour notre instruction, comme le montre la mention de cette circonstance en Apoc. 2:14.

N’oublions pas le passage important de la 2ème épitre de Paul aux Corinthiens, que l’Esprit Saint consacre à la question de la communion et du mélange avec le monde et avec les incrédules : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Bélial ? ou quelle part un croyant a-t-il avec un incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : « J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple ». C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai ; et je vous serai pour père, et vous, vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-puissant. Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 6:14 à 7:1).

L’expression « joug mal assorti » fait référence à Deut. 22:10,où il est écrit : « Tu ne laboureras pas avec un bœuf et un âne attelés ensemble ». Deux animaux d’espèces si différentes ne devaient pas être attelés côte-à-côte pour travailler ensemble. Le bœuf était un animal pur selon la loi, tandis que l’âne était un animal impur. Par ailleurs, le bœuf est un animal de trait, lent, l’âne une bête de somme rétive. Les deux ne s’accordent pas.

Comme d’autres commandements semblables (cf. Deut. 25:4 ; 1 Cor. 9:9 ; 1 Tim. 5:18), le Saint-Esprit applique cela aux croyants dans le Nouveau Testament. Celui qui est purifié par la foi en l’œuvre rédemptrice du Seigneur Jésus ne peut pas moralement partager les mêmes intérêts avec un incrédule et se rallier à une même cause. Cela s’applique aux mariages ainsi qu’à d’autres types d’association, comme le partenariat dans une entreprise, l’affiliation à des associations mondaines, etc. Dieu veut nous préserver de tout préjudice par cet enseignement.

Le danger de mélanger la « semence sainte » avec les « peuples des pays » correspond aujourd’hui, sur le plan spirituel, à avoir des activités revêtues d’un manteau de christianisme, mais qui ne sont pas en accord avec la Parole de Dieu. Cela concerne en particulier l’engagement dans la politique, avec le faux prétexte que les chrétiens devraient « chercher la paix de la ville » (selon Jérémie 29:7 !). On ne réalise pas que cela fait renier notre caractère d’étranger et notre séparation du monde (Phil. 3:20 ; 1 Pierre 2:11-13).

Les commandements de l’Ancien Testament qui mettaient en garde Israël contre toute forme de mélange sont très parlants pour nous. La séparation du monde et de ses pratiques est une condition préalable essentielle à une vie chrétienne saine et bénie. Naturellement il ne s’agit pas seulement aujourd’hui des mariages entre croyants et incrédules.


Dès lors on comprend bien que les responsables aient immédiatement informé Esdras le scribe de cette absence de séparation d’avec les peuples païens qui les entouraient (9:1). La conséquence inévitable, le mélange avec ces peuples idolâtres, était déjà arrivé. Cela les inquiétait beaucoup, mais rien ou presque n’avait été fait jusqu’à présent. Ils se rendirent donc avec leur préoccupation auprès d’Esdras qui venait juste d’arriver. Ils témoignaient par-là de ce qu’ils reconnaissaient sa position au sein du peuple de Dieu et qu’ils espéraient qu’il leur indiquerait le chemin à suivre.

En considérant le ch. 4:24 et le ministère du prophète Aggée, nous avons déjà vu avec quelle rapidité le zèle initial et le dévouement pour reconstruire le temple s’étaient dissipés chez beaucoup. À cette époque (vers 520 av. J.C.), les motifs étaient l’opposition venant de l’extérieur, mais surtout la recherche des intérêts de leurs propres maisons, ce qui n’était pas complètement injustifié en soi. Maintenant, quelques décennies plus tard (vers 458 av. J.-C.), le comportement des Juifs révélait la désobéissance à la loi de Dieu et la tendance à se lier avec le monde.

Les chefs qui vinrent vers Esdras agissaient comme il se devait. Ils prennent clairement position contre le mal qui les entoure. Dieu reconnaît cette attitude. Le prophète Malachie écrit quelque temps plus tard : « Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom » (Mal 3:16). Lorsque nous nous rangeons du côté de Dieu, quelles que soient les conséquences, Il nous donne aussi la force pour agir.


10.1.3 - Force spirituelle

La Parole de Dieu ne nous dit pas de demander de la force. Peu avant que le Seigneur Jésus ne s’en aille au Père, il a fait cette promesse à Ses disciples : « mais vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (Actes 1:8). Paul renforce cette parole par ce qu’il adresse à Timothée : « Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil (sobre bon sens) » (2 Tim. 1:7). Ce n’est pas la force physique, intellectuelle ou mentale qui doit être en activité, mais la puissance de Dieu. Elle est toujours à notre disposition, mais elle est souvent entravée par la force que nous prétendons posséder. C’est ce que l’apôtre Paul a appris d’une manière parfaite. L’« écharde dans la chair » que le Seigneur lui avait donnée était le moyen employé dans ce but. Paul se sentait tellement limité par cette écharde qui devait porter gravement atteinte à sa santé et à sa force physique, qu’il a demandé au Seigneur de la lui enlever. Et que lui a répondu le Seigneur Jésus ? « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:9).

Il peut ensuite continuer : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. C’est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ : car quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12:9,10). Cette formation nous est nécessaire. Paul l’a suivie. Il ne s’agit pas tant que notre force soit complètement inutile, mais que nous ne devons pas mettre notre confiance en elle. Dieu peut et veut utiliser nos capacités, mais nous ne devons pas nous appuyer sur celles-ci, mais sur Lui. « Confie-toi de tout ton cœur à l’Éternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Prov. 3:5). Lorsque nous découvrons que nous ne pouvons rien accomplir par nos propres efforts, la puissance de Dieu peut se déployer en nous. Elle est le résultat de l’humilité et de l’obéissance.


Mais les chefs n’accusent pas les autres. Ils s’identifient avec l’ensemble du résidu des Juifs, qu’ils appellent aussi maintenant « le peuple d’Israël » (2:2). Ils s’étaient séparés de leur concitoyens à Babylone et de la confusion qui y régnait, et se trouvaient maintenant au bon endroit. Ils étaient dans le pays que Dieu avait accordé à Son peuple tout entier, et ils avaient reconstruit le temple où Il voulait qu’on L’adore. Ils pouvaient donc se considérer comme de vrais représentants de l’ensemble du peuple de Dieu. Mais leur attitude et leur conduite n’étaient pas en accord avec cela. Ils étaient extérieurement proches de Dieu, mais intérieurement très éloignés de lui.

Non seulement le peuple en général, mais aussi « les sacrificateurs et les lévites » avaient péché en s’unissant par mariage avec les nations. Ils étaient ceux qui effectuaient le service dans le sanctuaire de Dieu et auprès de ce sanctuaire, et ils devaient donc veiller particulièrement à maintenir une sainteté digne de Dieu dans leur service et dans leur conduite (Lév. 21:1-15). Ces deux groupes parlent en type des privilèges particuliers accordés à tous les croyants aujourd’hui, à savoir le culte et le service dans l’assemblée. Un rassemblement chrétien au nom du Seigneur Jésus ne peut être réalisé qu’avec une attitude spirituelle et une vie pratique caractérisées par l’obéissance. La séparation du monde en fait partie. La véritable consécration au Seigneur Jésus ne peut jamais aller de pair avec le mélange avec le monde. Comme chrétiens, nous ne pouvons pas « servir deux maîtres » (Matt. 6:24).

La véritable séparation pour Dieu ne se limite pas à s’abstenir extérieurement de pratiques et d’enseignements non bibliques. La vraie séparation commence dans le cœur. C’est là que nous prenons nos décisions (Prov. 4:20-23). Lorsque notre cœur est tourné vers le Seigneur Jésus, nous n’avons besoin de rien d’autre que de Lui. La séparation extérieure du monde en découle. Alors nous restons « purs de toute souillure de chair (extérieure) et d’esprit (intérieure) » (2 Cor. 7:2). Une séparation simplement extérieure conduit à l’hypocrisie ; si la séparation est purement intérieure, nous nous trompons nous-mêmes. Les deux vont de pair et forment un tout.


10.1.4 - [Ch. 9:1b]

Les huit nations mentionnées ici d’où provenaient les dangers pour les Juifs, n’ont pas toutes la même signification. Les Cananéens, les Hittites/Héthiens, les Phéréziens, les Jébusiens et les Amoréens étaient des habitants du pays de Canaan (Deut. 7:1 ; certains seulement temporairement). Lorsque Dieu a introduit Israël dans le pays, Il a donné à Son peuple la mission de chasser ou de bannir ces peuples. Cependant, cela a été largement négligé, comme nous le voyons dans le cours de l’histoire du peuple de Dieu (voir particulièrement Juges 1 et Ps. 106:34-39). Les peuples de Canaan sont une image des « dominateurs de ces ténèbres, de la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes ». Ce sont les puissances de ténèbres de Satan qui cherchent à nous priver de la jouissance des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, qui nous sont données en Christ. Contre elles, il ne peut y avoir que du combat, pour lequel Dieu lui-même nous donne l’armure complète (Éph. 6:12-18).

En tant que descendants de Lot, les Ammonites et les Moabites étaient de lointains parents des Israélites, installés dans la région à l’est du Jourdain. Leur ancêtre Lot était un « homme juste » (2 Pierre 2:7). Mais il avait déjà recherché dans Sodome l’amitié du monde, que la Parole de Dieu qualifie d’inimitié contre Dieu (Jacques 4:4). Ses fils, Moab et Ben-Ammi nés du péché, et leurs descendants n’habitèrent plus dans le pays de Canaan. Cependant, leur territoire faisait directement frontière avec celui-ci. Eux aussi étaient des idolâtres. Ils appelaient leur dieu Kemosh (Juges 11:24). En raison de leur comportement hostile envers Israël avant son entrée dans le pays de Canaan, Israël ne devait pas non plus avoir de relations avec eux. Ils n’avaient pas le droit d’entrer dans la congrégation de l’Éternel jusqu’à leur dixième génération (Deut. 23:3-5). — Les Ammonites et les Moabites sont une image des incrédules de notre entourage, qui peuvent parfois faire preuve d’une grande hostilité.

Les Égyptiens venaient du pays dont Dieu avait délivré son peuple. L’Égypte est une image du monde avec sa puissance et sa culture idolâtre en toute indépendance et éloignement de Dieu.

Aussi différentes que fussent ces nations les unes des autres, par leur origine et leur caractère, elles s’accordaient toutes sur un point : elles étaient idolâtres et ennemies du peuple élu de Dieu (Ex. 12:12 ; Jos. 24:14 ; Juges 10:6). C’est pourquoi les chefs de Juda parlent de leurs « abominations » (*) (Esd. 9:1). Selon la volonté de Dieu, il ne pouvait pas et il ne devait pas y avoir de communion ou de mélange avec elles. Et pourtant, les Juifs s’étaient alliés avec elles par des mariages. C’était un péché.


(*) Une abomination (en hébreu to’ebah) est quelque chose de haïssable, de répugnant. Pour Dieu, il s’agit en premier lieu de l’idolâtrie, qui est le plus souvent qualifiée ainsi (Deut. 7:25 ; 12:31 ; 27:15 ; 32:16, etc.), mais aussi d’autres choses comme certains aliments (Deut. 7:18 ; 11:10-13, 41-43) ou des manières de se conduire (Deut. 18,22 : homosexualité ; Deut. 22:5 : habillement). Que ce soit au temps de l’Ancien Testament ou aujourd’hui, ce n’est pas le point de vue humain, mais la sainteté de Dieu qui détermine ce qui est une abomination ou n’en est pas (bdelygma en grec dans le NT : Luc 16:15 ; Apoc 17:4 ; 21:27). En tout temps, les Siens doivent s’en tenir loin, s’en séparer.


Dans le monde actuel aussi, il y a une grande diversité, une grande confusion et une grande désorientation, qu’on embellit sous l’appellation de « pluralisme ». En tant que chrétiens, nous avons le devoir de nous en tenir à l’écart, de nous en séparer. Cela concerne avant tout les mariages entre croyants et incrédules. Nous avons déjà vu les avertissements relativement au joug mal assorti, et nous ajoutons l’instruction positive que Paul donne aux sœurs veuves : « La femme est liée pendant tout le temps que son mari est en vie ; mais si le mari s’est endormi, elle est libre de se marier à qui elle veut, seulement dans le Seigneur » (1 Cor. 7:39 ; cf. Rom. 7:2,3).

L’enseignement de ce passage, pour nous, ne se limite toutefois pas au mariage. Toute association plus étroite avec le monde et ses objectifs conduit au mélange, et par-là à une perte de force spirituelle. Cela concerne également la collaboration dans les domaines professionnel, social et religieux. L’adhésion à des associations du monde, notamment dans le domaine si prisé du sport, en fait également partie. Cela va plus loin encore. Même une collaboration sincère et bien intentionnée avec des chrétiens qui considèrent les organisations ecclésiastiques et les systèmes humains comme indispensables, finit par faire perdre la dépendance spirituelle du Seigneur. Elle conduit au mélange des principes scripturaires et des principes humains qui donnent une place à la chair. C’est de cela que le Seigneur veut nous préserver. On ne peut y arriver qu’en voulant Lui plaire. Nous serons alors à l’abri de ces égarements et d’autres semblables.


10.1.5 - [Ch. 9:2a]

Les mots « car ils ont pris de leurs filles pour eux et pour leurs fils » doivent retenir notre attention. Car l’inverse n’est pas mentionné ici. Les femmes païennes exerçaient une force d’attraction sur les hommes israélites. Cela indique que « la convoitise de la chair et la convoitise des yeux » (1 Jean 2,16) ont joué un grand rôle dans ce péché du peuple. Les hommes trouvaient manifestement les femmes des nations plus attractives que celles de leur propre peuple (cf. Nombres 25:6 ; 31:9, 15,16 ; Mal. 2:11). Cela met en évidence le danger que nos sentiments naturels peuvent exercer sur notre vie spirituelle.

Combien de difficultés ont surgi au cours des siècles dans la chrétienté par suite du mélange de principes spirituels et scripturaires avec des idées charnelles ! Cela a commencé par le mélange de croyants et d’incrédules. Les organisations ecclésiastiques, développées très tôt, sont nées du sentiment que les choses iraient mieux de cette manière, que si l’on se fiait uniquement à la Parole de Dieu. L’introduction des fêtes religieuses n’a aucune justification d’après l’Écriture. Différents mouvements, y compris parmi les vrais croyants, sont nés du désir d’apporter plus de « vie » (comme si la vie éternelle ne suffisait pas !). Il s’en est suivi qu’une place totalement démesurée a été donnée aux sentiments humains. Des fausses doctrines telles que le salut universel se basent sur le sentiment que Dieu est un Dieu d’amour et qu’Il ne saurait être sévère au point de condamner des hommes pour l’éternité. Ce ne sont là que quelques exemples.


10.1.6 - [Ch. 9:2b]

Ils ont « mêlé la semence sainte avec les peuples des pays » (Esd. 9:2b). Pour Dieu, « saint » signifie séparé, mis à part (voir Gen. 2:3). Selon la volonté de Dieu, Israël devait être une « nation sainte » (Ex. 19:6), et pas seulement lors de la sortie d’Égypte. La sainteté devait caractériser toutes les générations de leurs descendants (cf. Deut. 7:6 ; 14:2,21 ; 26:19 ; 28:9). D’où l’expression tout à fait inhabituelle : « la semence sainte ». Combien peu Israël s’est montré à la hauteur de cette appellation !

Dans le Royaume millénaire, sous le règne béni du Seigneur Jésus Christ, les rachetés d’Israël, le Résidu, se distingueront de toutes les nations comme une « semence sainte », comme « le peuple saint » (Ésaïe 6:13 ; 62:12). — N’oublions cependant pas, que les rachetés du temps (= de la dispensation) de la grâce sont aussi « une nation sainte » (1 Pierre 2:9).

La sainteté qui sied au peuple de Dieu de tout temps avait été perdue du fait que les commandements de Dieu n’avaient pas été gardés. Par des mariages avec des femmes païennes, le peuple d’Israël, saint à l’Éternel, s’était mêlé avec les peuples de ces femmes et avec leur culte idolâtre. Voilà le triste résultat de la propre volonté de la chair et de l’absence d’obéissance à la Parole de Dieu.


10.1.7 - [Ch. 9:2c]

« Et la main des chefs et des gouverneurs a été la première dans cette infidélité [idem dans la note b de la version J.N.Darby en français, tandis que le texte principal retient plutôt la traduction « ce péché »] (Esd. 9:2c). C’était un péché, une transgression de la loi, mais les chefs parlent d’une « infidélité ». Par cela, ils tournaient leurs cœurs et leurs consciences vers Dieu. C’est contre Lui que les Juifs avaient péché ! C’est justement ceux qui portaient les plus grandes responsabilités, qui avaient donné un mauvais exemple aux autres. Le peuple, y compris les sacrificateurs et les lévites, les avait imités en cela. La chair, la vieille nature du croyant, est inaméliorable et ne suit que trop volontiers les influences négatives des autres. Qui n’a pas déjà entendu cette excuse : « celui-ci et celui-là ou encore ceux-là le font, alors cela ne peut pas être tout à fait faux ! ». Si quelqu’un de considéré a, pendant des années, exercé une bonne influence, et voilà qu’ensuite il donne, un mauvais exemple dans un domaine quelconque, les conséquences seront d’autant plus fâcheuses pour les autres. Les croyants plus faibles peuvent trouver là une excuse pour imiter le mal. C’est ce qui s’était passé ici.


10.1.8 - [Ch. 9:3]

« Et quand j’entendis cela, je déchirai mon manteau et ma robe, et j’arrachai les cheveux de ma tête et ma barbe, et je m’assis désolé » (Esd. 9:3). Le rapport des chefs du peuple a produit chez Esdras un grand trouble et une profonde douleur. Seul un croyant entièrement séparé de tout mal peut vraiment mesurer la portée, aux yeux de Dieu, d’une infidélité à Sa Parole.

Déchirer ses vêtements était une coutume ancienne pour exprimer une profonde douleur. Cependant, cela était défendu au grand sacrificateur et à ses fils (Gen. 37:29,34 ; Lév. 10:6 ; 21:10 ; Jos. 7:6). S’arracher les cheveux et la barbe était un signe d’effroi et de bouleversement. Esdras est donc resté assis sur place, désolé, manifestement incapable de faire quoi que ce soit. Mais contrairement à certains gouverneurs et chefs du peuple, qui avaient donné un mauvais exemple, il donnait, lui, un bon exemple.


10.1.9 - [Ch. 9:4a]

« Tous ceux qui tremblaient aux paroles du Dieu d’Israël, à cause du péché de ceux qui avaient été transportés » virent Esdras assis dans cette attitude d’humiliation et de honte, et se rassemblèrent vers lui (9:4a). En eux s’accomplissait la parole de Dieu prononcée par le prophète Ésaïe : « Mais c’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole » (Ésaïe 66:2). La révérence vis-à-vis de Dieu et de Sa Parole, jointe à une crainte selon Lui de s’écarter volontairement, est en tout temps une attitude qui Lui est agréable et qui est pour notre bénédiction.

La profonde consternation d’Esdras ressort de la répétition des mots : « … et je m’assis, désolé [c’est-à-dire : abasourdi] ». Il s’était mis en route, quittant la confusion de Babylone pour revenir dans la terre sainte, au lieu du vrai culte de Dieu ; et que devait-il constater ? Que même là, au bon endroit, l’infidélité et le mélange du peuple de Dieu qui s’était séparé de Babylone étaient devenus habituels. Quelle déception pour lui ! Avant leur départ, au bord du fleuve Ahava, avec ceux qui revenaient, il s’était humilié devant Dieu pour lui demander le vrai chemin (8:21). Et maintenant arrivé à destination, il trouve un nouveau sujet d’humiliation à propos de ceux déjà retournés auparavant pour servir Dieu à Jérusalem !


10.1.10[Ch. 9:4b]

Nous ignorons combien de temps il est resté là, immobile, profondément bouleversé. Mais l’expression « jusqu’à l’offrande du soir » touche le cœur. Il s’agit de l’offrande du soir de l’holocauste continuel, le premier sacrifice régulier que Dieu avait ordonné à Son peuple en Sinaï. Chaque jour, deux agneaux devaient être offerts en holocauste, l’un le matin et l’autre le soir. Ils étaient accompagné d’une offrande de gâteau et d’une libation (Ex. 29:38-46 ; cf. Nomb. 28:3-8). L’odeur agréable de l’holocauste continuel s’élevant constamment de la terre vers le ciel constituait le fondement par lequel Dieu pouvait habiter au milieu de Son peuple Israël. C’est une belle image du moyen que Dieu a trouvé pour habiter aujourd’hui dans l’assemblée en vertu de la bonne odeur de l’offrande de Christ sur la croix (Éph. 2:14-21 ; 5:2).

L’expression « l’offrande du soir » (*) a une valeur particulière. Pour Esdras la division du temps ne suivait pas seulement les heures, mais les prescriptions données par Dieu (le prophète Daniel le faisait aussi, alors même qu’il était impossible d’offrir des sacrifices, Daniel 9:21). La mention de l’offrande du soir, et non de celle du matin, doit attirer notre attention sur le fait que nous vivons à la fin du temps de la grâce. Bien des choses ont changé, et changeront encore, mais les principes divins et la valeur de l’offrande de Christ demeurent immuables !


(*) Le mot hébreu pour désigner l’offrande de gâteau (minkha ; préparée à base de céréales, contrairement aux sacrifices sanglants) signifie à l’origine « don » (Gen. 32:14) ou « offrande » dans un sens général (Gen. 4:3). Mais déjà en Ex. 29:41 ; Nombres 28:8 ; Dan. 9:21 minkha ne signifie pas seulement l’offrande de gâteau, mais l’ensemble du sacrifice continuel, qui consistait en un holocauste et une offrande de gâteau.


Alors que le sacrifice pour le péché exprime la perfection de l’offrande de Christ sur la croix dans l’œuvre d’expiation, l’offrande de gâteau parle de la perfection de Sa vie comme homme sur la terre. Les sacrificateurs pouvaient manger une partie de l’offrande de gâteau (Lév. 2:3; 6:9,10). La parfaite humanité de Christ était une nourriture spirituelle pour les sacrificateurs. Esdras avait devant les yeux cette nourriture très sainte et qui devait être mangée dans un lieu saint.

Quel contraste entre cette préfiguration de l’homme Christ Jésus, saint et séparé, et l’infidélité du peuple de Dieu qui attristait si profondément Esdras ! Cela l’a-t-il réconforté dans sa peine ? Nous pouvons supposer qu’il connaissait ce verset d’un psaume de David : « Que ma prière vienne devant toi comme l’encens, l’élévation de mes mains comme l’offrande du soir ! » (Ps. 141:2). Même s’il ne pouvait pas connaître l’allusion typique au rédempteur qui allait venir, cependant, comme David, il était en mesure de reconnaître le caractère symbolique des sacrifices et de faire le lien entre sa prière à leur odeur agréable.


10.2 - Ch. 9:5-7

« Et lors de l’offrande du soir, je me levai de mon humiliation, et, mon manteau et ma robe déchirés, je m’agenouillai, et j’étendis mes mains vers l’Éternel mon Dieu, et je dis : Mon Dieu, je suis confus, et j’ai honte de lever ma face vers toi, ô mon Dieu ; car nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes, et notre coulpe a grandi jusqu’aux cieux. Dès les jours de nos pères jusqu’à ce jour, nous avons été grandement coupables ; et à cause de nos iniquités, nous, nos rois, nos sacrificateurs, nous avons été livrés en la main des rois des pays, à l’épée, à la captivité, et au pillage, et à la confusion de face, comme il paraît aujourd’hui ».


La deuxième mention de l’« offrande du soir » (9:5) marque un tournant dans le comportement d’Esdras : de l’humiliation à la confession et à la supplication. Ses vêtements déchirés, il était resté assis jusque-là comme pétrifié. Maintenant, il se lève de l’endroit où il était assis auparavant, mais seulement pour se mettre aussitôt à genou en prière. La position agenouillée pour la prière était déjà connue de David. Il écrivait au Psaume 95:6 : « Venez, adorons et inclinons-nous, agenouillons-nous devant l’Éternel qui nous a faits ! » (cf. 2 Chron. 6:13 ; Dan. 6:11).

Dans le Nouveau Testament, il est également question à plusieurs reprises de s’agenouiller pour prier (Luc 22:41 ; Actes 9:41 ; 20:36 ; 21:5). Par cette attitude d’humilité, nous exprimons notre profond respect devant Dieu et, en même temps, notre propre incapacité et notre faiblesse.

Esdras étend en outre ses mains vers Dieu, comme on le fait encore aujourd’hui en de nombreux endroits du Moyen-Orient pour la prière. Salomon avait déjà agi de cette manière : il s’était agenouillé et avait étendu ses mains vers le ciel (1 Rois 8:22,54). Dans les pays occidentaux, l’habitude de joindre ou de croiser les mains s’est généralisée. Comme le montrent ces passages de l’Écriture et d’autres encore, notre position pour la prière n’est pas sans importance. Elle doit manifester d’une manière ou d’une autre notre révérence devant Dieu, notre humilité et notre recueillement — il en est de même lorsque nous adorons et rendons grâces.

Dans sa prière, Esdras évoque d’abord sa propre honte. Bien qu’il fût personnellement totalement irréprochable dans cette affaire, il est confus et a honte de lever sa face vers son Dieu (9:6). Il se voit comme membre du peuple coupable et s’identifie avec lui, comme Daniel l’avait fait (Dan. 9) et comme Néhémie le fera plus tard (Néh. 9). Une telle attitude est spirituelle. Si nous la rencontrons déjà chez ces croyants de l’Ancien Testament, à combien plus forte raison, aujourd’hui, en tant que membres du seul corps de Christ, avons-nous à ne pas nous ériger en juge dans des situations dans lesquelles d’autres se sont rendus coupables, mais nous avons à nous identifier à eux dans l’humilité. Hélas, cela n’est pas toujours bien compris. Mais il y a dans l’Écriture au moins deux raisons, en plus de nos propres sentiments spirituels, qui nous amènent à le faire.

Tout d’abord, en tant que membres du seul corps de Christ, l’assemblée de Dieu, nous sommes si étroitement liés les uns aux autres par le Saint Esprit, que ce qui se passe au milieu de nous ne peut pas nous laisser indifférents, mais nous affecte tous. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Cor. 12:26). Nous ne pouvons jamais nous placer « en arbitre », car lorsque nous jugeons les autres, nous nous jugeons nous-mêmes. Nous sommes un seul corps et, de plus, très étroitement liés ensemble par le désir et la confession de « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éph. 4:3,4).

Ensuite, nous ne devons jamais oublier que, par nature, nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Ces paroles de l’apôtre Paul s’appliquent à chacun : « Car je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Rom. 7:18) ! Et partant de là, nous n’avons aucun motif de nous placer au-dessus des autres (croyants). Au contraire, nous avons toutes les raisons de nous humilier devant le Seigneur lorsqu’Il est déshonoré au milieu de nous.

Esdras est pour nous un exemple lumineux. Il nous montre encore aujourd’hui ce qui doit caractériser notre comportement et nos agissements dans les difficultés dans l’assemblée.

Dans sa prière, Esdras ne parle pas des « autres », mais dit, en accord avec ce que nous venons de considérer : « car nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes, et notre coulpe a grandi jusqu’aux cieux. Dès les jours de nos pères jusqu’à ce jour, nous avons été grandement coupables ; et à cause de nos iniquités, nous, nos rois, nos sacrificateurs, nous avons été livrés en la main des rois des pays, à l’épée, à la captivité, et au pillage, et à la confusion de face, comme il paraît aujourd’hui » (9:6, 7).

Esdras tourne son regard vers le passé et s’identifie avec les générations du peuple d’Israël passées depuis longtemps. Ils avaient tellement provoqué à colère l’Éternel et L’avaient tant déshonoré par leur idolâtrie pendant des siècles, qu’Il fit mener toute la nation en captivité pour la punir. Tout d’abord, le royaume des dix tribus fut anéanti en 721 av. J.C. par les Assyriens, puis ensuite au sud, le royaume de Juda par les Chaldéens en 586 av. J.C. (cf. 2 Rois 17:7 ; 2 Chr. 36:14-16). Les habitants furent déportés en Assyrie et à Babylone. Depuis lors, le peuple de Dieu se trouva sous la domination des « rois des pays ». C’était sous la domination des Assyriens, des Chaldéens et des Perses qu’ils tombèrent. Leur histoire fut marquée par l’épée, image de la mort, par la captivité et par le pillage. Ils avaient perdu beaucoup de bénédictions terrestres que Dieu leur avait autrefois promises et accordées. Le peuple élu de Dieu vivait maintenant dans une grande honte et dans l’opprobre.

Les contemporains d’Esdras étaient-ils meilleurs que leurs pères ? Pas du tout. Ce qui conduisait Esdras à se jeter sur ses genoux, c’était les péchés présents du Résidu qui s’était mêlé aux nations païennes. Le fardeau du péché de leurs prédécesseurs était aggravé par les transgressions du Résidu, de sorte que l’ensemble s’accumulait, pour ainsi dire, en une montagne allant jusqu’aux cieux. C’est pourquoi Esdras dit à juste titre : « Depuis les jours de nos pères jusqu’à ce jour, nous avons été grandement coupables ».

À l’époque d’Esdras, la plus grande partie des douze tribus se trouvait en dehors du pays de Canaan, ce qui, pour tout Juif fidèle, devait amener une « confusion de face » supplémentaire devant Dieu.


10.3 - Ch. 9:8-9 — La prière d’Esdras : la reconnaissance de la bonté de Dieu

« et maintenant, pour un moment, nous est arrivée une faveur de la part de l’Éternel notre Dieu, pour nous laisser des réchappés et pour nous donner un clou dans son saint lieu, afin que notre Dieu éclaire nos yeux et nous redonne un peu de vie dans notre servitude, car nous sommes serviteurs ; mais, dans notre servitude, notre Dieu ne nous a pas abandonnés, et il a étendu sa bonté sur nous devant les rois de Perse, afin de nous redonner de la vie pour élever la maison de notre Dieu et pour restaurer ses ruines, et pour nous donner des murs en Juda et à Jérusalem ».

L’expression « et maintenant » marque le commencement de la deuxième partie de la prière d’Esdras. Il ne regarde pas seulement le passé, mais il évoque aussi la grâce de Dieu dans le temps présent. Le retour du résidu environ 80 ans auparavant, la reconstruction du temple et la reprise du culte, il considère tout cela comme « un moment… de faveur de la part de l’Éternel » [en allemand « un petit instant »]. Les « réchappés » n’étaient pas seulement les compagnons d’Esdras, mais aussi les premiers à être revenus sous Zorobabel et Joshua. Ce sont eux qui avaient tout d’abord dressé l’autel « sur son emplacement » et qui avaient ensuite reconstruit le temple (3:3).

Le « clou dans son lieu saint » est une expression qui apparaît aussi dans d’autres passages pour évoquer le secours de Dieu, ici, spécialement en relation avec Sa maison, le temple (voir 9:9 ; cf. Ésa. 22:23 ; 33:20 ; Zach. 10:4). Peut-être qu’avec ces mots, Esdras pensait aux paroles du cantique de Moïse, qui dit : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (Ex. 15:17). Même si la gloire de l’Éternel n’est pas revenu dans le temple reconstruit, Dieu l’appelle « ma maison » (Aggée 1:9).

Dans les premiers temps après le retour de Babylone, les Juifs furent fidèles à la parole de Dieu, spécialement pour la reconstruction du temple (3:2,4,10). Esdras aussi, arrivé plus tard, avait disposé son cœur à rechercher la loi de l’Éternel, et à la faire, et à enseigner en Israël les statuts et les ordonnances (7:10). Une illumination en a découlé selon ce que rappellent les paroles suivantes d’Esdras : « afin que notre Dieu éclaire nos yeux et nous redonne un peu de vie dans notre servitude ». David avait également fait cette expérience. Il écrivait : « Les ordonnances de l’Éternel sont droites, réjouissant le cœur ; le commandement de l’Éternel est pur, illuminant les yeux » (Ps. 19:9 ; cf. Ps. 119:105). Dans les premiers temps qui suivirent le retour du Résidu, l’illumination des yeux par la Parole de Dieu ouverte par le Saint Esprit, produisit un réveil qui trouva sa plus haute expression dans la reconstruction du temple et le rétablissement du vrai culte.

Le Saint Esprit n’a-t-il pas également ouvert les yeux de nombreux chrétiens lors du réveil d’il y a environ deux cents ans ? La « redécouverte » d’éléments de la vérité chrétienne, dont certains étaient complètement tombés dans l’ombre, n’était-elle pas un réveil semblable à celui évoqué par Esdras ?

Au début du 19ème siècle, d’importants principes de la « vérité présente » (2 Pierre 1:12) ont été remis en lumière, comme :


N’avons-nous pas besoin, nous aussi, que les yeux de notre cœur soient constamment éclairés (Éph. 1:18) pour connaître et garder toute la vérité concernant la vie de foi personnelle et d’assemblée ? Ne courrons-nous pas aujourd’hui le même danger qu’au temps d’Esdras ? Après une brève période de réveil, le Résidu en Judée et à Jérusalem retomba dans les mêmes péchés que ceux qui avaient autrefois entraîné la captivité à Babylone. Nous courons le même danger. Lorsque l’amour pour notre Seigneur se refroidit, notre volonté propre et notre amour pour les choses présentes, pour le monde, s’étalent de nouveau dans nos cœurs. N’oublions pas que « notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur », et que nos pensées et nos attentes doivent être dirigées vers les « choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Phil. 3:20 ; Col. 3:1).

Malgré les aspects positifs du retour en Judée, Esdras ne pouvait pas méconnaitre la condition présente du peuple. Les Juifs restés à Babylone n’étaient pas les seuls à être dans la « servitude », mais aussi ceux qui étaient revenus (cf. Néh. 9:36). Ils étaient sous la domination des rois de Perse et des gouverneurs établis par eux. À l’exception de la courte période du temps des Maccabées, ils n’ont jamais recouvré la liberté jusqu’à la proclamation de l’État d’Israël en 1948 (*). Esdras insiste particulièrement sur leur « servitude ». Elle était et reste le symbole du châtiment de Dieu sur Son peuple apostat. Le résidu ne pouvait pas y échapper. Mais même dans cette situation, Dieu ne leur retira pas complètement Sa bonté. Les rois de Perse, à l’exception d’Artaxerxès (ch. 4), avaient été favorables aux Juifs, et Dieu s’en était servi comme d’instruments « afin de nous redonner de la vie pour élever la maison de notre Dieu et pour restaurer ses ruines, et pour nous donner des murs en Juda et à Jérusalem. »


(*) Dans quel état d’aveuglement se trouvaient les Juifs qui s’opposèrent un jour au Seigneur Jésus en disant : « Nous sommes la postérité d’Abraham, et jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne » (Jean 8:33). Non seulement ils avaient oublié ces paroles d’Esdras, qui étaient pourtant consignées dans leurs écritures saintes, mais ils occultaient aussi délibérément le fait qu’ils étaient serviteurs de l’empereur romain. Et le pire, par-dessus, était qu’ils ne réalisaient pas qu’ils étaient esclaves du péché (comme tous les hommes par nature).


Pour la deuxième fois, Esdras évoque le « réveil ». Le v. 8 désigne Dieu comme son auteur ; ici ce sont les rois de Perse qu’Il a utilisés comme instruments pour le produire. Le but est aussi mentionné ici. Il s’agissait de reconstruire la maison de Dieu et de dégager les décombres pour pouvoir rebâtir. Les « murs » (en hébreu : gader) ne doivent pas être compris comme un édifice. La muraille (en hébreu : choma) de la ville de Jérusalem ne sera restaurée que plus tard, sous Néhémie. Mais ces murs « en Judée et à Jérusalem » ont une autre signification. C’est une expression imagée du secours puissant et de la protection efficace dont le Résidu du peuple de Dieu pouvait faire l’expérience là où il devait se tenir selon la volonté de Dieu : dans la terre de la promesse et à Jérusalem, le lieu que l’Éternel avait choisi pour y faire habiter son nom (Deut. 12:5 ; Néh 1:9). Les Juifs avaient retrouvé ici, grâces à Dieu, leur demeure sûre dont Dieu Lui-même était « les murs ».


10.4 - Ch. 9:10-15 — Prière d’Esdras : une confession

« Et maintenant, ô notre Dieu, que dirons-nous après cela ? Car nous avons abandonné tes commandements, que tu as commandés par tes serviteurs les prophètes, en disant : Le pays dans lequel vous entrez pour le posséder, est un pays rendu impur par l’impureté des peuples des pays, par les abominations dont ils l’ont rempli d’un bout à l’autre par leurs souillures. Et maintenant, ne donnez pas vos filles à leurs fils, et ne prenez pas leurs filles pour vos fils, et ne cherchez pas leur paix ou leur bien, à jamais, afin que vous soyez forts, et que vous mangiez les biens du pays, et que vous les laissiez en possession à vos fils à toujours. Et après tout ce qui nous est arrivé à cause de nos mauvaises œuvres et à cause de notre grand péché… ; mais toi, notre Dieu, tu nous as moins punis que ne méritaient nos iniquités, et tu nous as donné une délivrance comme celle-ci ; — est-ce que nous retournerions à enfreindre tes commandements et à nous allier par mariage avec les peuples qui font ces abominations ? Ne serais-tu pas courroucé contre nous jusqu’à nous consumer, en sorte qu’il n’y aurait ni reste ni réchappés ? Éternel, Dieu d’Israël, tu es juste, car nous sommes un reste de réchappés, comme il paraît aujourd’hui. Nous voici devant toi dans notre culpabilité, car, à cause de cela, on ne peut se tenir devant toi ».


Esdras commence également la troisième partie de sa prière par les mots « Et maintenant » (cf 9:8). Maintenant il confesse concrètement les péchés du Résidu qui l’avaient amené à s’humilier, lui et bien d’autres.

Jusqu’ici Esdras déplorait de manière général les défaillances du Résidu des Juifs. Il avait parlé de leurs « iniquités », de leur « coulpe » (culpabilité) et de la « confusion de face » qui en découlait (9:6,7). Il avait également souligné la bonté imméritée de la part Dieu qui avait donné au Résidu un clou dans Son saint lieu, qui avait éclairé leurs yeux et redonné de la vie (9:8, 9).

Mais malgré tous ces bienfaits, les Juifs étaient tombés dans de graves transgressions. Nous comprenons donc les paroles d’Esdras lorsqu’il dit : « Et maintenant, ô notre Dieu, que dirons-nous après cela ? » Les mots « après cela » font référence à la fois au fardeau des péchés du peuple et à la bonté de Dieu qu’Esdras venait de rappeler. Il n’y avait aucune excuse à leurs actions pécheresses, qu’il dénonce maintenant explicitement : « Car nous avons abandonné tes commandements… » (9:10).

Comme cela est rappelé ici, Dieu avait donné ces « commandements » à Son peuple « par Ses serviteurs les prophètes ». Toute la loi du Sinaï, pour autant que nous le sachions, a été donnée par Moise qui est appelé prophète à plusieurs reprises (*) (Deut. 18:15 ; 34:10 ; Osée 12:14). Quand Esdras parle de « prophètes » au pluriel, il pense donc non seulement à Moïse et à la Loi du Sinaï, mais également aux prophètes ultérieurs qui ont apporté la Parole de Dieu au peuple d’Israël. En fait, les mariages d’Israélites avec des conjoints issus des peuples païens du pays étaient non seulement interdits par la Loi, mais aussi dénoncés par les prophètes ultérieurs (cf. Josué 23:12,13 ; Mal. 2:11 ; cf. 1 Rois 11).


(*) Dans l’Écriture Sainte, un prophète est le canal des oracles que Dieu adresse au cœur et à la conscience de ses auditeurs. L’annonce d’événements futurs n’y tient donc pas nécessairement une place prépondérante. C’est ainsi qu’Abraham est déjà appelé « prophète » par Dieu en Genèse 20:7 (Exode 7:1 pour Aaron).


Dans la suite du récit, Esdras ne fait pas des citations littérales, mais condense les pensées de divers livres issus de différents prophètes. « Le pays dans lequel vous entrez pour le posséder » est tiré de Deut. 4:5 ; la description de l’« impureté » du pays et des « abominations » des peuples qui s’y trouvent figure en Lév. 18:25-28 (cf. 2 Rois 16:3). Le péché pour lequel Esdras s’est agenouillé devant l’Éternel est mentionné en Deut. 7:3,4 : « Tu ne t’allieras point par mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils ; car ils détourneraient de moi ton fils, et il servirait d’autres dieux, et la colère de l’Éternel s’embraserait contre vous, et te détruirait aussitôt ». La dernière citation est tirée presque mot pour mot de Deut. 23:6 : « Tu ne chercheras jamais leur paix, ni leur prospérité, tous tes jours ». Il fait référence aux Moabites et aux Ammonites. Pour les promesses de la fin du v. 12, comparer avec Deut. 11:8 et Ésaïe 1:19.

La captivité babylonienne avait été le châtiment infligé par Dieu à Son peuple pour ne pas avoir gardé Ses commandements. Esdras le confesse avec humiliation et droiture par ces paroles : « Et après tout ce qui nous est arrivé à cause de nos mauvaises œuvres et à cause de notre grand péché… » (9:13a). Il ne voit pas seulement le dehors, les « mauvaises œuvres », mais aussi le « grand péché » qui s’y rattache, c’est à dire la défaillance morale vis-à-vis de Dieu.

En même temps, Esdras est reconnaissant pour la bonté que Dieu a manifestée en n’anéantissant pas entièrement Son peuple. Les avoir ainsi épargnés par grâce, était sans commune mesure avec les iniquités que les Juifs avaient accumulées. Par le moyen de Cyrus, roi de Perse, et ses successeurs, Dieu avait rendu possible le retour pour tout Son peuple, mais seule une petite partie avait fait usage de cette liberté. C’est cette « délivrance » qu’Esdras mentionne ici : « mais toi, notre Dieu, tu nous as moins punis que ne méritaient nos iniquités, et tu nous as donné une délivrance comme celle-ci » (9:13b).

Avec un regard spirituel clair, Esdras n’a pas vu seulement la terrible défaillance du peuple de Dieu par son idolâtrie passée et le juste châtiment de Dieu qu’elle avait entraîné, mais aussi Sa surabondante grâce manifestée dans le retour des « réchappés ». Si ceux-ci recommençaient à enfreindre les commandements de leur Dieu et à s’allier par des mariages illicites avec les « peuples qui faisaient ces abominations », la réponse de Dieu, aux yeux d’Esdras, ne pouvait être que Sa colère contre eux « jusqu’à les consumer, en sorte qu’il n’y aurait ni reste ni réchappés » (9:14).

Malgré cette terrible perspective, Esdras s’attache au fait que Dieu, qu’il considère toujours comme le Dieu du peuple d’Israël tout entier et auquel il s’adresse comme tel, est un Dieu juste. La justice de Dieu dépasse toute compréhension humaine. Elle se manifeste non seulement dans la manière juste dont Il agit envers les hommes, spécialement Son peuple, et dans cette circonstance, par un nouveau châtiment, mais aussi dans la justice et la fidélité vis-à-vis de Ses propres promesses : « Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:29). Esdras l’avait bien compris. Sinon il aurait dû en douter complétement !

Ainsi, cette parole « nous sommes un reste de réchappés, comme il paraît aujourd’hui » (9:15a), termine sa prière et rappelle encore une fois la grâce de Dieu qui avait préservé le petit Résidu. En même temps, il ne manque pas de rappeler la répétition présente de la culpabilité du Résidu. Il ne s’en désolidarise pas puisqu’il dit expressément : « Nous voici devant toi dans notre culpabilité ». Voilà la vraie grandeur : s’identifier à la culpabilité du peuple, bien que n’y ayant pas participé, et la voir telle que Dieu la considère. « Car, à cause de cela, on ne peut se tenir devant toi » (9:15).

C’est ainsi que se termine la prière d’Esdras. Comme Daniel avant lui, et Néhémie après lui, (Dan. 9 ; Néh. 9), il montre une vraie humilité et une humiliation réelle, mais en même temps une immense confiance en Dieu. Il est remarquable que, dans cette prière, il ne fasse pas la moindre demande. Il place sa préoccupation devant Son Dieu et s’attend à Lui pour la suite.

Esdras ne pouvait que condamner la situation de ce moment-là. Aujourd’hui par contre, à la lumière du Nouveau Testament, nous comprenons la profonde et véritable manière d’agir de Dieu à cette époque-là. Le Seigneur Jésus lui-même l’exprime en ces termes : « Le salut vient des Juifs » (Jean 4:22). Israël ne pouvait pas disparaître et ne disparaîtra pas. C’est de ce peuple, de la tribu de Juda et de la maison de David que devait surgir le Christ, le Messie. Lors de Sa première venue dans l’abaissement, les Juifs ne L’ont pas reçu. Mais lors de Sa seconde apparition en gloire, des réchappés humiliés formant un Résidu croyant Le recevra comme Celui qu’ils (c’est-à-dire, en fait, leurs prédécesseurs) ont percé autrefois (Zach. 12:10 ; Apoc. 1:7). La miséricorde de Dieu en ce temps-là, pour Son peuple terrestre, fait partie de Ses conseils à l’égard de Son fils, et par-là même, à l’égard de ceux qui, dans le temps présent, croient en Lui et forment Son assemblée.

Mais très pratiquement, cette prière d’Esdras nous apporte encore d’autres enseignements importants. De la même manière, nous avons, des raisons et des motifs de confesser devant notre Dieu et Père que nous nous sommes liés au monde de bien des manières qui repoussent notre Seigneur Jésus Christ de Sa place dans nos cœurs, et qui sont à notre grand détriment. Si nous nous en rendons compte et que nous les abandonnons, Il nous fortifiera et nous accordera un renouveau de bénédiction et de joie dans la foi. « Celui qui cache ses transgressions ne prospérera point, mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde » (Prov. 28:13). Le chemin pour y parvenir fait l’objet du chapitre suivant.