Arend Remmers
2 - Séparation de toute forme de mal — 2 Tim. 2:14-26
3 - Se retirer de l’iniquité (ou injustice) — 2 Tim. 2:19
4 - Une grande maison — 2 Tim. 2:20
5 - Des vases à honneur et à déshonneur
On entend souvent la question suivante : la purification des vases à déshonneur en 2 Timothée 2:20,21 se réfère-t-elle uniquement à la séparation de faux enseignants comme Hyménée et Philète ? — S’agissant d’une question très actuelle, nous sommes reconnaissants de pouvoir publier la réponse suivante.
Hyménée et Philète sont décrits en 2 Timothée 2:17 comme des
hommes « qui se sont écartés de la vérité, disant que la résurrection a
déjà eu lieu, et qui renversent la foi de quelques-uns
». La question
se rapporte aux versets qui suivent : « Si donc quelqu’un se
purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître,
préparé pour toute bonne œuvre
» (2 Timothée 2:21). Pour répondre à
cette question toujours actuelle, il faut regarder la section des v. 14 à 21 comme
un tout.
Mais tout d’abord, quelques mots sur Hyménée et Philète. Ils s’étaient écartés de la vérité de la Parole de Dieu en affirmant que la résurrection avait déjà eu lieu. L’enseignement de ces hommes doit probablement être compris dans le sens que le chrétien n’a plus besoin d’attendre la venue du Seigneur et que la chair (la vieille nature) n’est plus présente. Cet enseignement destructeur avait déjà détruit la foi de quelques-uns. Le cas était si clair que Paul a pu s’abstenir d’appeler à se séparer de ces « enseignants ». Il en va d’ailleurs de même :
Dans tous ces cas, on chercherait en vain quelque appel relatif au comportement à adopter vis-à-vis de ces personnes. La deuxième épître de Jean constitue une exception, car Jean y enseigne une femme croyante : « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres » (v. 10 et 11).
En général, de tels cas devraient être si clairs pour tout
enfant de Dieu simple (au sens positif du terme), qu’une invitation à se
séparer n’est pas nécessaire. N’est-ce pas ce qui ressort déjà des paroles de
Christ, notre bon Berger, à propos de ceux qui croient en Lui : « …
Ses brebis Le suivent parce qu’elles connaissent Sa voix. Mais elles ne
suivront pas
un étranger, parce qu’elles ne connaissent pas la voix
des étrangers » (Jean 10:4,5) ? La vie divine et le Saint-Esprit
qui habite en nous, nous rendent capables de distinguer le bien du mal en
accord avec la Parole de Dieu, — même si c’est là un domaine où on peut et doit
toujours croître spirituellement (1 Jean 2:20, 27; Héb. 5:14).
En 2 Timothée 2:14-21, il n’est cependant pas seulement question de cas aussi flagrants qu’Hyménée et Philète. Paul demande d’abord à Timothée d’avertir les autres de ne pas avoir de disputes de mots, lesquelles ne servent à rien, sinon à causer la ruine de ceux qui les écoutent (2:14). Il l’exhorte ensuite à éviter les bavardages ou discours vains et profanes qui poussent à aller plus avant dans l’impiété (2:16). Après avoir mentionné Hyménée et Philète, il rappelle le principe divin extrêmement important, valable pour tous les chrétiens, de se retirer de l’iniquité ou injustice (2:19), et finalement, il mentionne, comme condition préalable à une vie et un service à la gloire du Seigneur, le besoin de se purifier des vases à déshonneur (2:21). Dans la section suivante (2:22-26), Timothée est invité à fuir les convoitises de la jeunesse (2:22) et à éviter les questions folles et insensées (2:23).
Cette énumération contient deux enseignements spirituels importants :
De tout temps, la condition préalable à une marche qui plaise à
Dieu a été et est toujours de « discerner entre ce qui est saint et ce
qui est profane, et entre ce qui est impur et ce qui est pur » (Lévitique
10:10; Ézéchiel 44:23; 2 Corinthiens 6:17). La séparation, qui en découle, de
tout ce qui est contraire à la nature de Dieu et à la saine doctrine du Christ
ne conduit qu’en apparence à un chemin d’isolement. En réalité, elle est le
point de départ d’une communion bénie et heureuse avec « ceux
qui
invoquent le Seigneur d’un cœur pur
» (2:22).
Les mauvaises influences décrites dans les v. 14-18 avaient,
déjà à l’époque, provoqué une telle confusion dans les assemblées que Paul,
sous la direction du Saint-Esprit, pose un principe divin au v. 19 :
« Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau :
Le Seigneur connaît ceux qui sont Siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité,
quiconque prononce le nom du Seigneur
».
Le fondement de la foi
donné par Dieu est confirmé et scellé par deux constatations immuables :
C’est une sérieuse exhortation ! La première constatation contient une consolation divine pour chaque enfant de Dieu en ces jours de déclin et de déchéance spirituels. La seconde est un appel à la responsabilité de tous les chrétiens de se tenir loin de l’injustice sous toutes ses formes.
L’injustice est le contraire de la justice. La justice (ici au sens pratique) est la conduite d’un racheté en accord avec sa relation avec Dieu (cf. Apoc. 19:8). Dans la Parole de Dieu, l’injustice n’est pas seulement une violation du sentiment de la justice (humaine). Elle n’est pas non plus quelque chose de « plus anodin » que le péché. D’autre part, l’injustice ou iniquité ne se limite pas aux faux enseignements par lesquels Hyménée et Philète détruisaient la foi de quelques-uns.
L’iniquité ou injustice est du péché sous l’angle de la relation
avec Dieu dans laquelle se trouve quiconque confesse appartenir à Christ. L’apôtre
Jean écrit : « Toute injustice (ou iniquité) est péché »
(1 Jean 5:17). Ceci est confirmé par d’autres passages. « Ne livrez pas
vos membres au péché comme instruments d’iniquité, mais… comme instruments de
justice »
(Rom. 6:13; cf. 1 Jean 1:9).
Tolérer l’injustice dans la vie d’un enfant de Dieu est
inexcusable. L’amour réel pour notre Seigneur nous conduira à nous efforcer
sincèrement et de toutes nos forces de nous tenir à l’écart de l’injustice.
Cela concerne en premier lieu l’injustice dans notre vie personnelle, mais
aussi dans notre environnement. Le mot utilisé pour « se retirer » ou
« se tenir à l’écart » (aphistanai
en grec) signifie une
séparation complète. Il est rendu dans d’autres passages par « séparer, se
séparer, s’écarter de » (Luc 4:13; Actes 12:10; 15:38; 19:9; et avec un
sens tout à fait négatif : « apostasier » 1 Tim. 4:1 ou
« abandonner » Héb. 3:12).
Une manière de voir influencée par notre chair, notre vieille nature, devient par cette tolérance une dangereuse pierre d’achoppement. Pensons seulement à nos sentiments, aux habitudes qui nous sont chères ou encore à l’indifférence. Pour juger « objectivement », c’est-à-dire selon le point de vue de Dieu, nous ne pouvons, en tant qu’enfants de lumière, que nous appuyer sur la parole de Dieu, la « parole de la vérité ». À la lumière de celle-ci, l’omission habituelle de la confession des péchés, par exemple, est une injustice (1 Jean 1:8-10). Dans son désir de renoncer à ce genre d’injustice, David est allé jusqu’à demander à Dieu de le purifier aussi « des fautes cachées » (Ps. 19:12; cf. Ps. 32:1-6). Un chrétien qui vit en communion avec le monde peut certes, comme Lot, « tourmenter jour après jour son âme juste » par ce qu’il voit et entend, mais il ne se retire pas de l’iniquité (2 Pierre 2:8). Un autre exemple : un enfant de Dieu se trouve-t-il au bon endroit dans une secte ? N’est-ce pas là au moins, aux yeux du Seigneur, un lien avec l’iniquité ou injustice ? Dans un tel cas, on ne peut pas non plus parler de s’être retiré de l’iniquité. Dans certains cas, il peut y avoir un certain degré d’ignorance. Nous devons absolument en tenir compte pour évaluer la situation, si cela est nécessaire. Mais pour tout chrétien, il faut s’en tenir au principe suivant : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ».
Les deux versets suivants, auxquels la question posée se réfère directement,
montrent l’image d’une « grande maison ». Sur la base des mots du v.
19 :
« Quiconque prononce le nom du Seigneur…
», il
faut voir dans cette grande maison une image de la chrétienté tout entière. En
font partie tous ceux qui confessent Son nom (ce qui est également exprimé dans
le baptême chrétien) et qui se nomment chrétiens. Le « maître de maison »
mentionné au v. 21 est le Seigneur Jésus. L’image ne parle pas de l’assemblée du
Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité, comme Paul qualifie la « maison
de Dieu » en 1 Timothée 3:15, mais de ce qui s’en est développé
extérieurement au fil du temps sous la forme de la chrétienté. Nous voyons ici
les « conséquences tardives » de ce qui a commencé en 1 Corinthiens 3:12
avec la construction humaine de la maison de Dieu utilisant « de l’or, de
l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume ». Les bons
et les mauvais résultats de la construction humaine s’y côtoient, ou plutôt
s’entremêlent.
Cette image d’une grande maison réoriente notre regard, du
domaine purement personnel vers celui de la communion chrétienne. Ce n’est pas
une belle image, car il n’y a pas seulement des vases en or et en argent, mais
aussi en bois et en terre. Il ressort du v. 21 que les vases désignent des
personnes : « Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci…
»
(cf. Actes 9:15; 1 Pierre 3:7). Les vases d’or et d’argent représentent des
rachetés ; ils portent les marques de la gloire de Dieu (l’or ; cf. Héb.
9:4,5) et de la rédemption (l’argent ; cf. Ex. 30:11-16). En revanche, les
professants spirituellement morts sont caractérisés par une nature terrestre et
naturelle (le bois et l’argile ; cf. Éz. 20:32). Tout cela se retrouve ici
côte à côte et entremêlé.
En outre, les vases de cette grande maison sont distingués selon un deuxième critère, à savoir leur utilité pour le maître de maison (Christ). Certains servent à l’honneur, d’autres au déshonneur. La confusion en est d’autant plus grande. Un vase à honneur ne peut être qu’une personne née de nouveau, sanctifiée pratiquement, utile au maître de maison et préparée pour toute bonne œuvre. C’est ce que présente le v. 21. Les caractéristiques des vases à déshonneur ne sont pas énoncées. Mais le contraste entre « vases à honneur … à déshonneur » montre clairement que le déshonneur est ici le contraire de ce qui sert à honorer le Seigneur. Un vase à déshonneur est quelqu’un qui est visiblement marqué par du déshonneur. Il est donc évident que les « vases de bois » ou « de terre » ne peuvent pas être à l’honneur du maître de maison, puisqu’il s’agit de non-croyants. Mais tout croyant chrétien est-il un vase à honneur ? Si, en tant que rachetés, nous ne vivons pas conformément à notre saint appel et nous ne nous retirons pas de l’iniquité ou injustice (2:19), nous devenons des vases à déshonneur, à la fois au déshonneur de Christ, le maître de maison, et à notre propre déshonneur. Plusieurs exemples d’injustice ou iniquité ont déjà été cités. La négation doctrinale et pratique de l’unité de l’assemblée de Dieu dans sa représentation universelle en fait également partie, car elle s’oppose à la volonté déclarée de la Tête. En sommes-nous conscients ?
Certains commentateurs voudraient appliquer l’expression « vases
à déshonneur » exclusivement aux faux enseignants tels qu’Hyménée et Philète.
Cela revient à minimiser complètement, dans ce passage, tous les autres
déshonneurs au Seigneur, que ce soit dans le domaine doctrinal ou moral. « Déshonneur »
a un sens beaucoup plus large que ce que nous disent ces commentateurs. Cela ressort
d’autres passages où le mot « déshonneur » (atimia
en grec)
apparaît. En Romains 1:26, au lieu de « passions infâmes », le grec
dit littéralement : « passions de déshonneur ». Selon 1
Corinthiens 11:14, « si un homme a les cheveux longs, c’est un déshonneur
pour lui ». Il n’est donc pas justifié de limiter la notion de « déshonneur »
aux doctrines pernicieuses.
La restriction mentionnée est toutefois très répandue. Elle est la règle dans la littérature des commentateurs des églises concernant ce passage. Certains vont même jusqu’à ne considérer que les professants non-croyants comme des vases à déshonneur. Est-ce surprenant ? Comment quelqu’un qui se trouve dans une communauté religieuse, dont l’existence même sert au déshonneur du Seigneur, peut-il avoir une idée de la manière de s’en séparer, s’il n’est pas prêt à agir en conséquence ? Hyménée et Philète étaient certes des vases à déshonneur, mais malheureusement ils étaient loin d’être les seuls.
Le principe divin mentionné au v. 19, qui consiste à se retirer de l’iniquité, est appliqué au v. 21 à la communion avec d’autres chrétiens dans cette grande maison. Comme nous le savons par de nombreux passages de la Parole de Dieu, nous ne sommes pas seulement souillés par nos propres mauvaises actions, mais aussi par la communion avec ceux qui les commettent (cf. 1 Corinthiens 5:6; 15:33; 2 Corinthiens 6:14 à 7:1; Galates 5:9; Éphésiens 5:11; Apocalypse 18:4). Seul celui qui se purifie des vases à déshonneur devient un vase à honneur sanctifié, mis à part pour le maître et utile. Puisse cela être toujours notre désir !
« Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci
(grec apo
touton
) … ». Le pronom démonstratif « ceux-ci » se réfère en
grec, encore plus qu’en français, à quelque chose qui a été mentionné
immédiatement avant. S’il s’agissait d’Hyménée et de Philète, mentionnés au v.
17 (c’est-à-dire quatre versets plus haut), nous devrions en tout cas attendre qu’il
soit dit « de ceux-là » (grec apo ekeinon
). Par conséquent, la
purification « de ceux-ci » ne peut se référer qu’aux vases à
déshonneur mentionnés au verset précédent. Or, comme nous l’avons vu, ce ne
sont pas seulement des gens comme Hyménée et Philète, qui sont à considérer
comme des vases à déshonneur. Si c’était le cas, il suffirait de se séparer des
faux enseignants et des non-croyants, tout le reste ne serait pas au déshonneur
du Seigneur ! Encore une fois, Hyménée et Philète étaient des vases à
déshonneur, mais pas seulement eux.
Ceux qui ne veulent voir dans les vases à déshonneur que des
personnes comme Hyménée et Philète s’appuient en particulier sur le verbe « se
purifier » (grec ekkathairo ;
en fait « purifier d’avec »)
utilisé ici. C’est en effet le même verbe que « ôter » en 1
Corinthiens 5:7, où il est dit : « ôtez le vieux levain, afin que
vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain ». Sur la base
de cette similitude de mots, on conclut ouvertement ceci : de même qu’il n’est
plus permis d’avoir des relations avec un exclu selon 1 Corinthiens 5, de même
il ne serait plus permis d’avoir des relations avec un vase à déshonneur. Mais
on ne voudrait pas aller jusqu’à traiter comme un exclu tout chrétien qui se
trouve dans un système religieux en relation avec des vases à déshonneur (ce
qui serait effectivement très orgueilleux). On en vient donc facilement à
conclure que la purification ne pourrait se rapporter qu’à des faux enseignants
comme Hyménée et Philète. Toute autre purification serait alors fautive.
Ce raisonnement méconnait que les mots « ôtez le vieux levain » n’invitent pas directement à l’exclusion, c’est-à-dire à la séparation complète de toute une assemblée d’avec une personne désignée comme mauvaise. Ils ont un champ d’application beaucoup plus large. En ce qui nous concerne, cette figure tirée de l’Ancien Testament se rapporte tout autant à la vie personnelle qu’à la vie collective, de la même manière que se retirer de l’iniquité dans notre passage (Ex. 12:15; 2 Tim. 2:19). Le levain est une image du mal qui agit, souvent de manière insidieuse et cachée, dans notre vie. Tout comme les Israélites devaient enlever tout levain de leurs maisons lors de la Pâque, les Corinthiens, que Dieu considérait en principe comme « sans levain » en raison de leur foi au Seigneur Jésus, la vraie Pâque, devaient ôter tout « vieux levain » et « le levain de méchanceté et de malice ». Ce n’est qu’ainsi qu’ils pouvaient devenir une « nouvelle pâte », c’est-à-dire correspondre dans la pratique à leur position.
La signification de base du verbe grec ekkathairo
est
certes la même dans les deux passages (1 Cor. 5:7 et 2 Tim. 2:21). Il s’agit de
purification par séparation. Mais ce qui est remarquable, c’est qu’il ne s’agit
que de mettre en évidence l’état qui plait au Seigneur de ceux qui se sont
purifiés de cette manière. Selon 1 Corinthiens 5:7, le vieux levain doit être
ôté « afin que vous soyez une nouvelle pâte
», et selon 2
Timothée 2:21, si quelqu’un se purifie des vases à déshonneur, « il
sera un vase à honneur…
».
De manière similaire, le verbe ekkathairo
est déjà utilisé dans la Septante, et toujours dans un sens concret :
en Deutéronome 26:13 (« emporté de ma maison »), Josué 17:15 (« coupe
de là ») et Juges 7:4 (« épurer »). Il s’agit à chaque fois d’une
mise à l’écart dans un but particulier, voulu par Dieu.
La purification des vases à déshonneur est l’une des expressions de la séparation du mal que nous trouvons dans ce passage. C’est certainement l’étape qui va le plus loin. Mais la purification des vases à déshonneur en 2 Timothée 2.21 n’est pas en tous points équivalente à « ôter le méchant » de 1 Corinthiens 5:13. Étant donné que 2 Timothée 2 ne traite pas de la discipline de l’assemblée, mais de la responsabilité personnelle, la forme que prend la purification demandée n’est pas non plus toujours la même. Prenons un exemple d’une triste actualité : les personnes qui conduisent des assemblées entières vers l’indépendance et qui, de ce fait, poussent à l’inverse de « garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix » (Éph. 4:3), doivent être jugées selon une mesure plus sévère que celles qui les suivent, étant entraînées par elles. De même, Dieu juge différemment ceux qui ont une grande responsabilité et ceux qui en ont une moindre. Le « sacrificateur oint » et « un prince » (ou « chef ») devaient, en cas de faute, offrir un plus grand sacrifice pour le péché que « quelqu’un du peuple du pays » (Lévitique 4:3, 22, 27). Jacques avertit : « Ne soyez pas nombreux à enseigner, mes frères, sachant que nous recevrons un jugement plus sévère » (Jacques 3:1). L’ignorance, les habitudes et le sentiment d’appartenance humaine obscurcissent trop souvent la capacité de discernement spirituel. C’est pourquoi, même dans un cas comme celui que nous venons de citer, il faut faire des distinctions. Un cœur spirituel le comprendra sans difficulté, car il n’y a pas de schéma tout fait dans le domaine spirituel.
S’il s’avère qu’une telle purification est inévitable, elle ne devrait avoir lieu qu’après des efforts intenses et avec une profonde tristesse et humiliation. Mais rien n’est dit ici à ce sujet, ni sur les détails de la séparation et de ses conséquences. En communion avec le Seigneur Jésus, une telle démarche, extrêmement sérieuse et affligeante, ne sera pas accomplie dans un esprit d’orgueil et de jugement, mais dans un état d’esprit spirituel, qui inclut la capacité de discernement spirituel.
La purification des vases à déshonneur en 2 Timothée 2 ne se réfère pas exclusivement aux faux enseignants comme Hyménée et Philète, mais a un champ d’application beaucoup plus large.
Selon les Écritures, les vases à déshonneur sont tous ceux qui tolèrent le mal dans leur vie personnelle et ne veulent pas s’en détourner, ou qui sont en communion avec des vases à déshonneur, c’est-à-dire qui ne se retirent pas de l’iniquité ou injustice (v. 19. 20). Si un jugement est nécessaire, il faut cependant faire une différence entre les séducteurs et les séduits.
On ne peut devenir un vase à l’honneur du maître de maison qu’en se jugeant soi-même constamment et en se séparant des vases à déshonneur (v. 21). J. N. Darby écrit à propos de 2 Timothée 2 : « On ne peut pas L’honorer par sa propre conduite, tant qu’on marche avec ceux qui Le déshonorent » (Études sur la Parole de Dieu).
Malheureusement, ces derniers temps, il y a eu parmi nous diverses séparations de frères et sœurs qui ont abandonné dans leur enseignement et leur pratique l’expression universelle de l’unité de l’assemblée de Dieu et qui ont introduit à la place l’indépendance de l’assemblée locale. De telles attaques contre la vérité « Il y a un seul corps » — sans parler de la désunion qu’elles provoquent — sont-elles à l’honneur du Seigneur Jésus ? Non. Malgré la nécessité de se purifier des vases à déshonneur, comme le montre la Parole de Dieu, il convient également dans de tels cas d’agir avec humilité et discernement spirituel.
La Parole de Dieu nous demande de nous abstenir de toute forme de mal (1 Thessaloniciens 5:22), de nous retirer d’un frère qui marche dans le désordre (2 Thessaloniciens 3:6), d’avoir l’œil sur ceux qui causent les divisions et les occasions de chute et de nous en éloigner (Rom. 16:17), de rejeter les personnes sectaires après les avoir réprimandées une ou deux fois (Tite 3:10), de ne pas recevoir dans sa maison ou saluer les personnes qui n’apportent pas la doctrine du Christ (2 Jean 10,11), d’ôter le méchant du milieu de nous-mêmes (1 Cor. 5:13), mais aussi de nous purifier des vases à déshonneur (2 Tim. 2:21).
Dans ces divers cas, il n’est presque rien dit sur les détails des déviations et du mal. En 1 Corinthiens 5:11-13, où il est question du retranchement d’un méchant de l’assemblée, quelques exemples clairs d’actions et d’états de cœur mauvais sont certes donnés. Cependant, en 2 Timothée 2, il ne s’agit pas de la discipline de l’assemblée, mais de la responsabilité personnelle du croyant individuellement. Comme Dieu hait tout ce qui est mauvais, les Siens doivent aussi l’abhorrer et s’en tenir éloignés.
Que dit donc la Parole de Dieu sur notre comportement vis-à-vis de ceux dont nous devons nous éloigner ? Ce n’est qu’en cas d’exclusion pour une conduite moralement mauvaise (1 Corinthiens 5) et au cas où l’on a affaire avec un faux enseignant — tout aussi mauvais — (2 Jean 10) que toute relation est interdite. En cas de quelqu’un qui est « noté » (2 Thes. 3:14,15), il n’y a certes plus de « commerce » non plus, mais la possibilité d’un avertissement sérieux en tant que frère. Étant donné que les passages cités montrent différents degrés ou formes de séparation, nous pouvons, dans chaque cas particulier, demander au Seigneur de nous guider sur la manière de nous comporter.
Le désir de garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix (Éph. 4:3) ne conduit jamais à maintenir des liens avec des enseignements et des pratiques qui sont en contradiction avec la sainteté de Dieu. D’autre part, la grâce dans laquelle nous sommes, nous conduira à être doux et patients. Une séparation inévitable ne pourra donc généralement avoir lieu qu’après une instruction et une exhortation sérieuses et affectueuses. Même après cela, si nous recherchons sincèrement Sa volonté, le Seigneur nous accordera le jugement spirituel sur la manière de nous comporter dans chaque cas particulier, sans porter atteinte à l’honneur de notre Seigneur bien-aimé.