Samuel Prod’hom
Réunion de jeunes — Lausanne — 1928-1931
Table des matières :
8 - Les soixante-dix semaines de Daniel
Genèse signifie origine, commencement. Ce livre nous donne non seulement le commencement des choses créées, mais on y trouve, en principes, types, figures, tout le contenu de la révélation divine. Quelqu’un a dit : La Genèse présente tous les grands principes élémentaires qui se trouvent développés dans l’histoire des relations de Dieu avec l’homme, dont les livres suivants donnent le récit.
Le premier verset nous apprend qu’au commencement, Dieu créa les
cieux et la terre. Le premier verset de l’évangile de Jean nous parle du même
commencement, mais pour dire que Celui qui est le sujet de cet évangile, le
Fils de Dieu, la Parole, était
,
lorsque tout ce qui existe a commencé, puisque c’est Lui qui a tout créé (v.
3 ; Héb. 1:2). Dans la première épître de Jean, 1:1, il est aussi question
d’un commencement : celui de la manifestation de la vie éternelle dans le
Fils de Dieu, sur la terre. Il fallait ramener la foi des saints à ce commencement,
parce qu’ils étaient exposés à un enseignement qui prétendait donner, sur le
Seigneur Jésus, des lumières plus grandes que l’enseignement des apôtres. Ils
niaient aussi Sa venue en chair. Alors, comme aujourd’hui, si l’on veut avoir
la vérité, il faut retourner au commencement.
« Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ». Nul ne peut savoir quelle est la date de ce commencement. Par la déclaration divine, nous apprenons que l’univers n’a pas toujours existé. Dieu l’a créé au moment qui Lui convenait. Cette création peut remonter à des millions d’années. Les découvertes géologiques constatent qu’il y a eu de grands bouleversements à des époques diverses, qui produisirent des transformations dans le globe terrestre, ce qui est vrai. Mais on ne peut en conclure, comme quelques-uns le font, que le récit biblique de la création n’est pas vrai parce que l’origine de la terre doit remonter à des temps bien plus considérables que quatre mille ans A. C. La Parole est exacte ; elle déclare qu’au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Elle passe sous silence ce qui eut lieu entre ce moment et le récit qui commence au verset 2. Cela ne fait pas partie de la révélation que Dieu voulait nous donner de Lui-même. La Parole de Dieu ne nous dit pas tout ce que nous aimerions savoir, mais elle dit ce que Dieu désire que nous apprenions de Lui-même, pour notre bonheur présent et éternel. C’est ce que nous devons y chercher.
De toute éternité, Dieu avait établi des conseils qui avaient pour objet Son Fils, le Fils de l’homme, expression des bénédictions éternelles que Dieu destinait aux hommes. Il est dit que « Sa propre grâce nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles » (2 Tim. 1:9) ; il nous a « élus en Christ avant la fondation du monde » (Éph. 1:4), et beaucoup d’autres passages des Écritures. Dieu n’a pas trouvé bon de manifester Ses conseils et de les accomplir, dans les temps qui ont précédé le verset 2 de notre chapitre. Il a attendu le moment qu’Il trouvait convenable. Mais Il avait besoin d’un terrain pour exécuter les plans qu’Il avait conçus de toute éternité, où toutes Ses voies envers l’homme pouvaient se dérouler, et sur lequel devait se dresser la croix du calvaire, fondement de tout ce qu’Il avait décidé, pour la gloire de Son Fils et le bonheur de l’homme, sur une terre nouvelle et sous des cieux nouveaux. Il voulut cette terre, une des plus petites planètes qu’Il avait créées dans cet univers infini, selon ce principe que Dieu, parce qu’Il est Tout-puissant, se plaît à accomplir de grandes choses par des moyens peu apparents. Mais dans quel état trouva-t-Il cette terre ? Elle était désolation et vide, et il y avait des ténèbres sur la surface de l’abîme. Évidemment, Dieu ne l’avait pas créée ainsi ; tout ce qu’Il fait est parfait. Nous ignorons quel était son état primitif. Dieu n’a pas trouvé bon de nous le dire ; occupons-nous de ce qu’Il nous dit. Si tout était désolation, vide et ténèbres, l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux. L’Esprit, par lequel Dieu opère tout ce qu’Il lui plaît, était là, attendant d’être actif, pour la préparer comme Dieu la voulait, pour y recevoir l’homme, Adam, figure de Celui qui devait venir plus tard. Dieu est la source de tout ; le Fils, la Parole ; et l’Esprit, l’agent, dans tout ce que Dieu accomplit.
La première chose à faire, dans un état ténébreux, est d’y introduire la lumière. C’est ce que Dieu fit au verset 3 : « Que la lumière soit. Et la lumière fut ». Il en va de même pour la conversion d’un pécheur. Par le péché, il est dans les ténèbres morales, ténèbre lui-même ; mais l’Esprit de Dieu, qui est aussi présent au milieu de l’état actuel de ce monde, peut introduire la lumière dans son cœur. L’homme, qui prétend n’avoir fait tort à personne, n’avoir rien à se reprocher, est dans les ténèbres. Mais Dieu veut opérer en lui ; Son Esprit agit par des circonstances diverses qui le rendent attentif à la Parole, qui introduit la lumière dans son cœur, en lui dévoilant son état de péché et de perdition, et lui présente la grâce. Il l’accepte ; il est sauvé ; il devient lumière dans le Seigneur.
« Dieu vit la lumière, qu’elle était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres » (v. 4). Il n’y a pas de mélange possible entre la lumière et les ténèbres. Le Seigneur est venu, la lumière du monde ; mais les ténèbres ne l’ont pas comprise. Elles sont restées ce qu’elles sont ; et les hommes, qui préfèrent les ténèbres à la lumière, y demeureront éternellement.
Ce que Dieu fit, dans ce verset 4, établit un principe que nous voyons en activité tout le long de la Parole : la séparation de la lumière et des ténèbres, du bien et du mal. Dès que Dieu a opéré dans une âme, elle est en communion avec Lui, qui est lumière. Dès lors, sa vie doit s’écouler dans la séparation de ce qui n’est pas selon Dieu. Lorsque Dieu se forma un peuple terrestre, Il le sépara des autres nations. Lorsqu’Il appela l’Église, elle sortit, moralement et pratiquement, du monde, et aurait dû en demeurer séparée, comme tout croyant doit l’être. Cette séparation sera pleinement accomplie et définitive dans l’état éternel, où les justes seront dans la glorieuse lumière de la présence de Dieu, et les méchants dans les ténèbres de dehors.
« Et Dieu appela la lumière Jour ; et les ténèbres, il les appela Nuit ». Le jour et la nuit sont des expressions employées au propre et au figuré, tout le long de la Parole, pour indiquer ce qui vient de la nature de Dieu, qui est lumière, et ce qui n’en est pas. Quelle grâce merveilleuse qu’il puisse être dit des croyants : « Vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour ; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres » (1 Thes. 5:5). C’est le résultat de l’œuvre de Dieu, opérant une nouvelle création qui existe au milieu de la première, qui est dans les ténèbres à la suite du péché.
« Il y eut soir, et il y eut matin : — premier jour ». Ordinairement, nous commençons la journée par le matin, et elle se termine par le soir. Cette manière de compter — qui n’était pas celle des Juifs, puisque leur journée commençait à six heures du soir — est bien en rapport avec l’activité de l’homme, qui ne peut produire, moralement, que ce qui est ténébreux. Alors Dieu intervient, y introduit le jour après la nuit. Dieu agit de même avec cette création, quelqu’ait pu être la cause des ténèbres. Bientôt, après la longue nuit morale, fruit du péché de l’homme, se lèvera le « matin sans nuages » du jour éternel, « jour de Dieu », qui demeurera à jamais dans sa fraîcheur première. Il en est de même avec la vie et la mort. À cause du péché, la mort vient en premier : « Dieu fait mourir, et il fait vivre » (1 Sam. 2:6). La vie vient en dernier lieu. Le dernier mot appartient toujours à Dieu.
Après la lumière, l’ordre est introduit. Au second jour, Dieu dit : « Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux ». Il est probable que sur la surface des eaux s’étendaient des brouillards épais, ou nuages, que Dieu fit élever en les séparant par l’étendue, ce qui forma la couche atmosphérique qui entoure la terre, où se trouve l’air nécessaire à la vie humaine. Dieu appela l’étendue Cieux. Il est question de trois cieux dans la Parole. Le premier se trouve au verset 1, l’univers ; le second au verset 8, l’atmosphère qui entoure la terre ; le troisième, où Paul a été transporté, la demeure de Dieu.
Le troisième jour, Dieu continue l’arrangement de la terre, en vue d’y placer l’homme. Il ne le voulait pas dans les eaux, ni dans les airs. Il commanda au sec de paraître, qui se souleva du milieu des eaux dans des proportions voulues, pour que l’homme y habitât. Dieu appela le sec : Terre, et le rassemblement des eaux : Mer. Au Ps. 104, nous lisons : « Tu l’avais couverte de l’abîme comme d’un vêtement, les eaux se tenaient au-dessus des montagnes : À ta menace, elles s’enfuirent ; à la voix de ton tonnerre, elles se hâtèrent de fuir : — Les montagnes s’élevèrent, les vallées s’abaissèrent, au lieu même que tu leur avais établi ; — Tu leur as mis une limite qu’elles ne dépasseront point ; elles ne reviendront pas couvrir la terre » (v. 6-9). C’est-à-dire que tout a été mesuré exactement par la sagesse de Dieu, dans des proportions qui rendaient la terre habitable. Dieu dit : « Tu viendras jusqu’ici et tu n’iras pas plus loin, et ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots » (Job 38:11). Puis, à la parole de Dieu, la terre produisit l’herbe, la plante portant de la semence, selon son espèce, et l’arbre produisant du fruit, ayant sa semence en soi, selon son espèce (v. 11, 12). Dieu eut soin que les espèces se conservassent et se reproduisissent d’elles-mêmes. C’est ce qui eut lieu jusqu’à maintenant. Quand les hommes ont voulu croiser les espèces, cela donna des résultats stériles.
Comme il devait y avoir nuit et jour, Dieu voulut qu’ils fussent séparés ; Il fit le grand luminaire, pour dominer le jour, le Soleil, et le petit luminaire, pour dominer la nuit, la Lune, le quatrième jour. En même temps, le mouvement de ces astres devait servir pour signes et pour saisons déterminées, et pour marquer les jours et les années. Dieu voulut que l’homme puisse compter le temps qui s’écoule, surtout pour que l’on puisse compter le temps où devait venir l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, la semence de la femme promise au chapitre 3. Dieu fit aussi les étoiles, ces multitudes étincelantes que nous voyons briller dans la nuit. Nous savons qu’il y a des étoiles qui sont des centres de lumière beaucoup plus grands que notre soleil, et des innombrables planètes qui n’ont pas de lumière en elles-mêmes, comme la Terre et la Lune. Mais la Parole de Dieu ne nous occupe pas de cela ; elle se sert du langage du plus simple observateur de la nature. En élevant les yeux par une belle nuit, on voit briller les étoiles, sans se préoccuper de leur nature et de leurs dimensions. La Parole de Dieu est écrite pour les simples, les croyants. Elle ne présente pas les faits au point de vue scientifique ; mais elle ne les contredit pas. Elle ne s’oppose qu’au raisonnement de l’incrédulité.
La Parole désigne quelquefois le soleil et les étoiles dans un sens symbolique. Dans l’Apocalypse surtout, le soleil est le symbole de l’autorité supérieure, et les étoiles des autorités subalternes. En Apoc. 6, les étoiles qui tombèrent du ciel représentent les rois qui, dans leur état normal, dépendent de Dieu, de qui ils tiennent leur autorité, pour diriger les peuples avec la lumière reçue de Lui. Mais, ayant abandonné Dieu, ayant apostasié, ils ne reçoivent plus cette lumière ; ils sont déchus de leur position élevée, et sont vus tombant du ciel.
La lumière, l’atmosphère, la terre, les mers existaient. La végétation avait surgi du sol. Le soleil répandait lumière et chaleur, et la lune éclairait la nuit, sous un ciel étoilé. Mais, sur cette terre magnifiquement préparée, il n’y avait pas d’êtres vivants. Alors Dieu dit, le cinquième jour : « Que les eaux fourmillent d’une pullulation d’êtres vivants, et que les oiseaux volent au-dessus de la terre devant l’étendue des cieux ». Dieu les créa selon leurs espèces ; Il les bénit, disant : « Fructifiez, et multipliez, et remplissez les eaux dans les mers, et que l’oiseau multiplie sur la terre ». Au verset 21, Dieu distingue les grands animaux des eaux d’avec la quantité innombrable des petits qui fourmillent dans les mers. Ainsi que les oiseaux, ils sont créés pour se reproduire. Dieu n’en créera pas de nouveaux.
Au sixième jour, Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, le bétail, et tout ce qui rampe, et les bêtes de la terre selon leur espèce ». Et, comme Il le dit de Son œuvre de chaque jour, « Dieu vit que cela était bon ». Toutes Ses œuvres sont parfaites, ce qui exclut toute idée d’évolution ou de perfectionnement par la main de l’homme.
Il fallait sur cette belle création un chef, un dominateur ; elle n’avait pas été formée en vue des anges, mais en vue de l’homme, que Dieu créa aussi, le même jour. Pour le créer, Dieu procéda autrement que pour les animaux. Il n’est pas dit : Dieu fit, mais : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». La Trinité prend conseil d’elle-même pour introduire, sur la terre, le chef-d’œuvre de Sa création, fait à l’image de Dieu, pour dominer sur tout ce qu’Il venait de créer : Adam, l’homme provisoire, figure de Celui qui devait venir, le dernier Adam (Rom. 5:14), l’homme qui, un jour, dominera sur toutes les œuvres de Dieu, selon le Psaume 8 cité en Héb. 2:6-8 : « Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui, ou le fils de l’homme que tu le visites ? ». En contemplant les merveilles de l’univers céleste, comment est-ce que l’homme apparaît, homme déchu, misérable à cause du péché, quoiqu’il ait été créé à l’image de Dieu ? À cette question, Dieu répond : « Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds : Les brebis et les bœufs, tous ensemble, et aussi les bêtes des champs, l’oiseau des cieux, et les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers des mers » (Ps. 8:5-8). Ce n’est pas en l’homme mortel, dégradé par le péché, que l’on a la pensée de Dieu au sujet de l’homme. Elle est dans le dernier Adam, homme de Ses conseils, glorifié. Mais, pour devenir chef de la création, Il a dû venir dans ce monde et y mourir — être fait « inférieur aux anges, à cause de la passion de la mort » (Héb. 2:9). Mais Dieu L’a ressuscité et glorifié, et c’est là où Dieu montre ce qu’est l’homme selon Ses pensées, auquel les croyants seront un jour rendus semblables. Dans cette position de Fils de l’homme, le Seigneur dominera sur toute la création durant le règne millénaire. C’est en considérant le Seigneur comme Fils de l’homme dans la gloire que l’on comprend que le premier Adam n’était qu’une figure de Celui auquel Dieu pensait de toute éternité.
Pour qu’Adam dominât sur cette création, Dieu le créa à Son image et à Sa ressemblance. L’image est la représentation d’une chose. Une certaine statue représente la justice ; mais on peut dire qu’elle lui ressemble. Mais, puisqu’Adam représentait Dieu dans la création, il devait aussi Lui ressembler. Cette ressemblance n’est pas physique, puisque Dieu est esprit ; elle devait se manifester dans sa manière d’agir. Dieu a montré Sa bonté envers Ses créatures ; Il a placé l’homme sans péché, pour agir comme Lui, qui avait fait toutes choses bien. Hélas, nous ne savons que trop que le péché est entré et a dénaturé l’homme, au point qu’il s’est avili plus que la bête. Mais, s’il a perdu l’image de Dieu et Sa ressemblance, il est toujours responsable d’agir selon la pensée de Dieu. Le chrétien est responsable, vis-à-vis de Dieu son Père, parce qu’il est Son enfant ; et l’homme est responsable vis-à-vis de Dieu, son Créateur. L’homme doit toujours être considéré selon la pensée de Dieu lorsqu’Il le créa. Et nous devons agir envers tout homme d’après cette considération, quelque dégradé qu’il puisse se présenter. Dieu maintient cela malgré la chute. Lorsqu’un monde nouveau recommence, après le déluge, la raison que Dieu donne pour défendre que le sang de l’homme soit répandu, c’est qu’il a été fait à l’image de Dieu. En élevant la main contre l’image de quelqu’un, on l’élève contre celui qu’elle représente. Jacques montre aussi la gravité qu’il y a de maudire quelqu’un, parce que l’homme a été fait à la ressemblance de Dieu (3:9). Il est bon de se souvenir que, pour avoir la pensée de Dieu sur une chose et pour agir en conséquence, il faut remonter à son origine ; c’est le seul moyen de demeurer dans le vrai, à tous égards, au milieu du désordre que le péché a amené dans ce monde.
Le verset 27 répète : « Et Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu ; il les créa mâle et femelle ». Il est question, dans ce chapitre, du fait de la création. Nous verrons, au chapitre suivant, comment Dieu opéra pour créer l’homme et la femme. « Et Dieu les bénit ; et Dieu leur dit : Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et l’assujettissez ». Évidemment, le péché et ses conséquences ont bien entravé l’accomplissement de cet ordre de Dieu, qui subsiste toujours. Car la terre est loin d’être remplie, et l’on invoque des raisons toutes opposées à la pensée de Dieu pour ne pas augmenter la population.
Malgré le péché, l’homme exerce toujours la domination sur tout être vivant (voir 9:2-10). Jacques dit : « Toute espèce de bêtes sauvages et d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, a été domptée par l’espèce humaine » ; hélas, pour dire que la langue est pire que les bêtes sauvages : Elle ne peut se dompter.
La bonté de Dieu, que l’homme doit imiter, se voit dans la manière dont le Créateur a pourvu à la nourriture de tous les êtres vivants qu’Il avait formés (v. 29-30). À l’homme, Il a donné la semence des plantes, les céréales diverses, les fruits des arbres ; aux bêtes de la terre, les plantes vertes. Après la chute, l’homme dut manger l’herbe des champs, comme la bête. Après le déluge, la chair fut ajoutée à son alimentation. On voit la miséricordieuse bonté de Dieu, qui tient compte de l’affaiblissement physique que le péché valut à l’homme pour lui donner une nourriture plus substantielle.
« Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon. Et il y eut soir, et il y eut matin : — le sixième jour ». Puisque Dieu constate que tout ce qu’Il avait fait était très bon, il est évident que la perfection à tous égards existait alors.
On a beaucoup parlé sur la durée des six jours de la création. La science veut que chaque jour soit une période plus ou moins longue où les choses se modifièrent, pour arriver naturellement au résultat énoncé dans notre chapitre. Nous n’avons pas à nous occuper de cela, mais à accepter ce que Dieu dit : qu’il y eut soir et matin six fois de suite. Que ce soit un jour de vingt-quatre heures ou une période, ce n’est pas à nous de le décider ; nous devons accepter ce que Dieu dit et le croire, sans discuter. Il est vrai que l’expression jour désigne souvent des périodes portant divers caractères : le jour de la grâce, le jour du jugement, le jour du Seigneur, etc. Pour cette acception du mot jour, la Parole est claire ; nous savons à quoi nous en tenir. Mais ne cherchons pas à savoir ce qu’elle ne dit pas.
Les trois premiers versets du chapitre 2 font partie du sujet du chapitre premier. Dieu, ayant achevé toute Son œuvre, se reposa le septième jour. « Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia ; car en ce jour il se reposa de toute son œuvre que Dieu fit en la créant ». Il n’est pas dit qu’il y eut soir et matin, ce septième jour ; car il n’y a pas de soir au repos de Dieu ; quoique, depuis l’entrée du péché, Dieu recommença à travailler, d’une autre manière, en vue d’une nouvelle création. Dieu se reposa parce qu’Il avait achevé Son œuvre, et non comme nous, qui nous reposons parce que nous sommes fatigués. Dieu ne se fatigue pas. Le repos après le travail est le repos sabbatique. En Soph. 3:17, « Dieu se reposera dans son amour », alors que tout ce que Son amour voulait, pour le bonheur de l’homme sur la terre et dans les cieux, sera accompli. Et, grâce merveilleuse, Il veut introduire le pécheur pardonné, justifié, semblable à Christ, dans Son propre repos. « Ayant cru, nous entrons dans le repos » (Héb. 4:3).
Jusqu’à Israël, Dieu n’imposa pas l’observation du repos le septième jour. Mais, lorsqu’Il racheta un peuple de l’Égypte, au milieu duquel Il voulut habiter, Il institua le sabbat, montrant par là qu’Il voulait que l’homme participât à Son repos ; ce qui ne fut pas possible, sur le pied de sa responsabilité. Le Seigneur, venu pour introduire le repos sur la terre, fut rejeté, et passa le jour du dernier sabbat dans le sépulcre. Puis, le premier jour de la semaine, premier jour d’un ordre de choses céleste pour le croyant, Il ressuscite, laisse de l’autre côté de la tombe, ou dans la tombe, tout le système légal et ce qui caractérise l’homme en Adam, et introduit en Lui, sur le terrain de la rédemption, l’homme nouveau. En sorte que c’est le premier jour de la semaine, jour du Seigneur, qui est mis de côté par le chrétien, non par un ordre légal, mais par le fait même de la résurrection de Christ, motif qui a plus de puissance sur le cœur que le troisième commandement du décalogue.
Il est dit qu’un jour, devant Dieu, est comme mille ans, et mille ans comme un jour (2 Pierre 3:8). Il est fort probable que les six jours de la création correspondent aux six millénaires qui précèdent le millenium, où la création jouira de ce merveilleux sabbat. Durant ces six mille ans, Dieu aura travaillé, au milieu des conséquences du péché, pour amener le repos de la création avant de la détruire, et pour former les habitants de la nouvelle terre. Il s’est écoulé un peu plus de deux mille ans, pendant que l’homme était sans loi ; environ deux mille sous la loi ; et bientôt deux mille sous la grâce. Avant que le septième millénaire commence, il doit s’écouler le temps que doivent durer les jugements apocalyptiques. Mais aucune date n’a été donnée à l’Église pour attendre le Seigneur ; les temps et les saisons sont en rapport avec la terre. Nous devons attendre le Seigneur aujourd’hui.
Dans le chapitre premier, Dieu est nommé seul — Élohim. Dans le chapitre 2, Il est appelé Éternel Dieu. Éternel, ou Jéhovah, est le nom que Dieu prend en relation avec l’homme, Celui qui a toujours existé et qui demeure le même. C’est le nom que Dieu prend en rapport avec Son peuple, lorsqu’Il l’appela hors d’Égypte (voir Exode 6:2, 3). À Abraham, Il se fait connaître comme le Tout-puissant, qui accomplirait les promesses qu’Il lui avait faites (17:1). En ne comprenant pas pourquoi Dieu prend divers noms dans les Écritures, des théologiens ont prétendu que le Pentateuque avait été formé par la compilation de divers documents retrouvés au cours de l’histoire du peuple juif, écrits par divers auteurs, les uns ayant employé le nom d’Élohim, et les autres celui de Jéhovah, ce qui est pure fantaisie. Élohim désigne le Dieu suprême ; Jéhovah, Son nom en relation avec l’homme ; comme celui de Père, le nom de relation avec Ses enfants. Quant au Pentateuque, il a été écrit par Moïse, comme Dieu nous le dit, et non à la date que les hommes ont bien voulu lui donner.
Les versets 4 à 7 présentent l’œuvre de Dieu : les cieux et
la terre, et la végétation, alors qu’il n’y avait pas d’homme pour cultiver la
terre, qui était arrosée par une vapeur qui sortait de la terre. C’est alors
que Dieu fit l’homme, non comme les animaux, qui surgirent à Sa parole, mais
pris de la poussière de la terre, façonné par les mains de Dieu, qui souffla en
lui une respiration de vie ; et il devint une âme vivante. C’est ce qui le
distingue des autres animaux et le met en rapport avec Dieu ; de là sa
responsabilité vis-à-vis de Dieu le Créateur, et la durée éternelle de son
existence. Ce qui vient de Dieu ne peut être anéanti. L’âme détachée du corps,
c’est la mort de celui-ci ; mais l’esprit retourne à Dieu, ne meurt pas.
Il se retrouvera dans un corps par la résurrection, un homme qui sera
éternellement heureux dans la présence de Dieu, ou qui souffrira éternellement
loin de Sa présence, suivant qu’il aura cru Dieu ou pas. Par le souffle de
Dieu, Adam devint une âme vivante, ce que rappelle l’apôtre Paul, en 1 Cor. 15.
Mais le dernier Adam est
un esprit
vivifiant, communiquant la vie de résurrection au croyant qu’Il venait de
racheter (Jean 20:23), et à quiconque croit.
Sur cette terre, l’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, mot qui signifie plaisir ou charme, dans lequel croissait tout arbre agréable à voir et bon à manger. Dieu avait donné à l’homme la faculté d’apprécier ce qui est agréable et bon. Il voulait qu’il trouvât, sur cette terre, ce qui répondait à ses goûts. Cette faculté existe encore chez l’homme. Il cherche à jouir ; mais, séparé de Dieu par le péché, il cherche cette jouissance non seulement dans la nature, mais dans la satisfaction de sa volonté et, par conséquent, dans le péché. La nature existe encore, avec ses beautés que l’on peut admirer. Cependant, cette belle création soupire et est en travail, ayant été assujettie à la vanité par Adam pécheur, mais dans l’espérance qu’elle sera affranchie de la servitude de la corruption pour jouir d’une pleine liberté, qu’elle obtiendra lorsque les enfants de Dieu apparaîtront en gloire avec le Seigneur (lisez Rom. 8:18-23).
Au milieu de ce merveilleux jardin, l’Éternel Dieu avait planté l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Adam était responsable d’obéir ; en le faisant, il pouvait manger de l’arbre de vie, et vivre à toujours. De ce jardin d’Éden sortait un fleuve qui se divisait en quatre rivières pour aller fertiliser la terre. Dieu donnait à cette première création des sources de bien-être matériel qui étaient le reflet de ce qu’Il établirait pour le bonheur des hommes sur la terre renouvelée et, spirituellement, dans l’éternité. C’est en Christ que se trouve la source des bénédictions que Dieu avait devant Lui pour le bonheur éternel de l’homme. En Ézé. 47, nous voyons des eaux sortant de dessous le seuil de la maison de l’Éternel ; elles s’en vont en une double rivière vivifier ce qui se trouvait dans les eaux de la mort. Des deux côtés de cette rivière croîtront, comme en Éden, « toutes sortes d’arbres dont on mange » (v. 12). Nous retrouvons, en Zac. 14, lorsque le Seigneur vient avec tous les saints, que des eaux vives sortent aussi de Jérusalem, une moitié vers la mer Morte et l’autre vers la Méditerranée. Pour cela, la configuration du pays sera changée. Finalement, nous voyons, en Apoc. 22:1, 2 : « Un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de sa rue, deçà et delà, était l’arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois ; et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations », comme en Ézé. 47:12. Il s’agit, dans tous ces passages, des bénédictions millénaires sous le règne de Christ. Dans l’état éternel, il n’y a rien à guérir ni à assainir. Tout sera parfait et définitif. Le Seigneur sera le centre duquel jailliront les bénédictions éternelles, sur ceux qu’Il aura rendus parfaits et glorifiés. Tout sera repos, paix, amour et lumière.
Quant à l’Éden terrestre, qu’en reste-t-il ? Les deux premiers fleuves n’existent probablement plus. Le Tigre — Hiddékel — et l’Euphrate sont encore — du moins, il semble que ce sont les mêmes, car d’immenses changements doivent être résultés du déluge. « Les choses qui se voient sont pour un temps ; celles qui ne se voient pas sont éternelles ». Ce sont celles-là que Dieu avait en vue.
« Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder » (v. 15). Par cette déclaration et celle du verset 5 : « Il n’y avait pas d’homme pour travailler le sol », nous voyons combien est erronée la pensée assez commune que le travail est la conséquence du péché. Ce qui est résulté du péché, c’est la peine que donne le travail (3:17-19). Le travail fait partie de l’état normal de l’homme ; malgré la peine qu’il donne, il est sain, et préserve du mal. Tout homme qui s’en prive volontairement désobéit à Dieu. L’indépendance et la révolte de l’homme, actuellement, se montrent dans le besoin que l’on éprouve de ne pas travailler ou, du moins, aussi peu que possible. Le chrétien a le grand privilège de faire tout, « en parole ou en œuvre, au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Col. 3:17). Adam devait cultiver et garder le jardin. Hélas, le péché ne lui a pas permis de le garder ; il en a été chassé (3:23-24).
Au verset 16, le commandement de l’Éternel Dieu met à l’épreuve l’homme innocent, responsable d’obéir. « Tu mangeras librement de tout arbre du jardin ; mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement ». La vie bienheureuse de l’homme, dépendant de son obéissance, qu’il soit innocent ou coupable, est impossible. Dans l’innocence, Adam ne put supporter la responsabilité d’obéir, lorsqu’il n’y avait qu’un commandement à observer. Sous la loi, l’homme le put encore moins, lorsqu’il y en avait dix. Dans son état naturel, l’homme est incapable d’obéir à Dieu. Dans ce cas, tous sont perdus et coupables. Qui peut avoir la vie ? Le dernier Adam vient dans ce monde et, par Sa mort, satisfait aux exigences de la justice divine ; Il ressuscite, et devient le véritable arbre de vie pour quiconque croit à Son œuvre expiatoire. Il est l’Esprit vivifiant ceux pour lesquels Il est mort.
L’homme innocent ignorait le bien et le mal. Tout était bien, en lui et autour de lui. Mais le bien n’était pas en contraste avec le mal comme maintenant. L’homme innocent n’avait pas été créé pour vivre dans le bien avec la connaissance du mal. Pour cela, il faut avoir la nature divine. Le dernier Adam est venu dans ce monde souillé, nous a montré comment l’homme obéissant peut marcher dans le bien au milieu du mal ; et, en vertu de Sa mort, il donne au croyant la vie divine qui, sous l’action de l’Esprit de Dieu, le rend capable de marcher dans la sainteté au milieu du mal, en obéissant à la Parole.
Pour le bonheur complet de l’homme, Dieu voulut lui donner une aide. Il dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide qui lui corresponde ». L’Éternel Dieu fit venir vers Adam tous les animaux des champs et les oiseaux des cieux, pour voir comment il les nommerait. Cette œuvre que Dieu confiait à Adam montre quelle capacité avait celui qu’Il avait créé, à Son image et à Sa ressemblance, chef de cette création. Son intelligence devait être très grande. Il discernait, sans doute, quel nom leur convenait. Le premier homme et ses descendants, surtout avant le déluge, devaient être doués d’une intelligence et d’une force extraordinaires. Dans nos temps civilisés, on parle avec mépris de l’homme primitif, ainsi que des animaux, pour célébrer la capacité de l’homme à améliorer ce que Dieu a fait ! On ne se rend pas compte que, s’il dut y avoir développement, chez des hommes et des animaux, c’est relativement à ce qu’ils étaient devenus, depuis la chute et à travers les âges, et en dehors des centres plus ou moins civilisés, tels que le christianisme les a trouvés.
La vue de tous ces animaux, tout parfaits qu’ils fussent, fit constater à Adam ce que Dieu savait bien, c’est qu’il n’y avait pas d’aide qui lui correspondit, pour son cœur et son intelligence.
Dans la formation de la femme, nous nous trouvons placés devant les conseils de Dieu quant à Son Fils, pour lequel Il voulait une Épouse. Son Fils n’avait pas besoin d’une aide, mais Son amour avait besoin d’un objet pour Son cœur, dont Il jouira éternellement, d’une Épouse avec laquelle Il régnera sur cette terre restaurée. La manière dont Dieu opéra pour donner à Adam une épouse est une figure bien connue de la manière dont Christ obtint Son Épouse céleste ; avec cette grande différence, que ce n’est pas pendant un sommeil que le Seigneur accomplit cette œuvre merveilleuse, mais en endurant l’abandon de Dieu, en subissant le jugement qu’elle avait mérité. Cette Épouse céleste fait aussi partie de Lui-même (Éph. 5:29-30). Une autre différence, c’est que le Seigneur travaille maintenant à sanctifier et à purifier Son Épouse, si facilement distraite de Lui et indépendante, jusqu’au moment où Il se la présentera à Lui-même, « n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, sainte et irréprochable », résultat de Son amour inlassable.
Lorsque Dieu eut formé la femme de la côte de l’homme qu’Il lui prit pendant son sommeil, Il la lui présenta. Aussitôt, il comprit qu’il avait devant lui l’aide qui lui correspondait. Cette fois, dit-il, « celle-ci est os de mes os et chair de ma chair ; celle-ci sera appelée femme, parce qu’elle a été prise de l’homme ». L’Esprit de Dieu ajoute : « C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair ». Règle divine ; règle divine qui doit être maintenue à tout prix pour être heureux. Dieu a établi l’homme comme chef, dans quelque domaine que ce soit, et responsable. Lorsqu’il se marie, il devient chef, ou tête, de sa famille ; pour agir comme tel, il doit dépendre de Dieu seul. Sa femme n’est pas une rivale, mais une aide précieuse, objet des soins de l’amour de son mari, l’un et l’autre vivant sous la dépendance de Dieu. Le mariage est l’état normal de l’homme, pour autant que les conséquences du péché le permettent. Mais, pour l’accomplir, il doit, comme Adam, dépendre de Dieu pour recevoir, de Sa main, l’aide qui lui convient, et ne pas se laisser gouverner par des considérations mondaines et charnelles.
La nudité est la figure de l’état naturel de l’homme devant Dieu à la suite du péché ; état dont l’homme a honte, dans la mesure où il apprécie le mal à la lumière de Dieu. Par la foi, le croyant est revêtu de Christ, comme nous le verrons en figure au chapitre 3. Dans l’innocence, sans péché, Adam et Ève n’avaient point honte de leur nudité.
En quelques versets, l’état d’innocence est décrit, au chapitre 2. Dès le chapitre 3, toute la Bible nous présente l’histoire de l’homme pécheur, mais aussi l’intervention de Dieu en grâce pour accomplir Ses desseins éternels.
Il fallait la finesse du serpent pour s’introduire sur cette scène de bonheur où Dieu avait placé l’homme et tout ruiner. Pour cela, Satan s’est servi du serpent, le plus fin de tous les animaux ; comme, plus tard, il a souvent pris le caractère du lion, la violence. Le serpent est plus redoutable que le lion, car il peut opérer sans être aperçu. C’est la forme sous laquelle il agit actuellement dans la chrétienté, sans être discerné.
Le serpent s’adressa à la femme, sachant que, par elle, il
arriverait plus facilement à l’homme, que Dieu avait établi chef, et dont il
avait reçu les ordres positifs. Il se rendait compte que l’amour pour sa femme
lui ôterait la force de lui déplaire, en lui refusant ce qu’elle lui offrirait.
On remarque d’emblée que Satan ne cite pas exactement ce que Dieu avait dit. Il
présente la défense de manger en premier lieu : « Quoi, Dieu a dit :
Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » ; tandis que
Dieu avait dit : « Tu mangeras librement de tout arbre du
jardin ; mais, etc. ». C’était déjà une manière indirecte de montrer
Dieu sous le caractère de quelqu’un qui commençait par les priver d’une bonne
chose. À son tour, la femme, qui aurait dû lui répondre en lui citant textuellement
les paroles de Dieu, après lui avoir dit qu’ils mangeaient du fruit des arbres
du jardin, elle dit : « Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du
jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point, et vous n’y toucherez
point, de peur que vous ne mouriez » ; alors que Dieu avait
dit : « Tu mourras certainement ». De peur voulait dire que ce
n’était pas très sûr. Avec cette déclaration affaiblie, Satan s’enhardit, et
prend alors la parole affirmative de Dieu pour dire le contraire :
« Vous ne mourrez point certainement » ; ce qu’il n’eût pas osé
faire, si la femme lui avait cité textuellement les paroles de l’Éternel. Nous
voyons par cela l’importance de recevoir et de citer textuellement la Parole de
Dieu et de la laisser agir en soi avec toute son autorité. Elle est écrite avec
les expressions positives par lesquelles Dieu donne Sa pensée, c’est-à-dire la
vérité, n’en déplaise à ceux qui ne la reçoivent pas comme telle, prétextant
que Dieu s’est servi d’hommes faillibles, comme si eux-mêmes, qui veulent la
corriger, n’étaient pas aussi des hommes faillibles. Sans s’en douter
peut-être, ils ne font que répéter la question insidieuse et diabolique :
« Quoi, Dieu a dit ? », pour dépouiller l’Écriture de l’autorité
divine qu’elle doit exercer sur le cœur et la conscience. Dans toute l’histoire
de l’Église, jamais Satan n’a usé de son caractère de serpent autant que
maintenant, en conduisant des hommes qui exercent une influence religieuse à
modifier ce que Dieu a dit, en affaiblissant les droits de Sa justice, en
présentant l’exercice de Son amour en dehors de l’œuvre expiatoire du Seigneur,
une grâce qui ne règne pas par la justice, faisant de Dieu un être si bon qu’Il
ne pourrait supporter de voir l’homme dans le malheur éternel, et abaissant au
niveau de l’homme la mesure du bien et du mal ; tout cela, de la part de
l’ennemi, avec le dessein caché de perdre l’homme. Le meurtrier se présente
premièrement comme menteur, disant : « Vous ne mourrez point
certainement ; car Dieu sait qu’au jour où vous en mangerez vos yeux
seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ».
C’était dire que Dieu se réservait pour Lui-même des avantages merveilleux,
dont Il les privait, et dont ils jouiraient s’ils l’écoutaient. Cette
insinuation de Satan, étant reçue, introduisit dans le cœur de l’homme la
défiance à l’égard de Dieu, qui demeure invétérée chez tous, jusqu’au moment où
Dieu y fait pénétrer quelques rayons de Sa grâce. Après tant de manifestations
de la bonté de Dieu dans l’Ancien Testament qui auraient dû convaincre l’homme
du mensonge de Satan, Dieu vint Lui-même, dans la personne de Son Fils,
manifester Son amour infini, non envers un homme innocent, mais envers l’homme
coupable. Dans l’évangile selon Jean, nous trouvons environ soixante fois le
mot aimer
et amour
. Si Satan a dit : « Vous ne mourrez point
certainement », Jésus se présente Lui-même pour mourir à la place du
coupable.
La connaissance du bien et du mal ne servait de rien à l’homme
innocent, puisqu’il pouvait vivre dans le bien, alors qu’il n’y avait point de
mal à connaître dans cette belle création. Cette connaissance n’était donc pas
désirable ; mais les paroles du tentateur furent écoutées. « Et la
femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les
yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent ; et elle
prit de son fruit et en mangea ; et elle en donna aussi à son mari pour
qu’il en mangeât avec elle, et il en mangea ». La femme vit
. Nous voyons qu’il faut éviter de porter les regards,
aussi bien que la main, sur une chose défendue. C’est par les yeux que la
convoitise se satisfait premièrement ; et « la convoitise, ayant
conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la
mort » (Jacq. 1:15). Ève ne voulut pas être seule dans la désobéissance.
Combien de fois n’a-t-elle pas été imitée par ceux qui disent : Il n’y a pas
que moi qui fasse ainsi. Elle voulut que son mari en mangeât avec elle
. Satan sut s’y prendre pour
arriver à Adam, en se servant de sa femme ; lui-même n’aurait pas eu le
même succès. Cependant, il fut le grand coupable parce qu’il était responsable
d’obéir à Dieu. Il devait reprendre sa femme, avec l’autorité qu’il avait de la
part de Dieu. Ce que Satan avait dit arriva : Leurs yeux furent ouverts,
non sur des choses désirables, apanage de Dieu seul, comme Satan le faisait
croire, mais sur leur nudité, sur leur état de péché, vu aussitôt dans sa
laideur ; vue qu’ils ne purent supporter, et qu’ils cherchèrent aussitôt à
cacher à leurs propres yeux au moyen de feuilles de figuier. Voilà l’homme
tombé, irrémédiablement perdu sans l’intervention du médiateur entre Dieu et
les hommes (1 Tim. 2:5-6).
Moralement, le monde fut constitué par les trois genres de convoitises qui se présentèrent aux regards de la femme. « Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie », est du monde (1 Jean 2:16). Le cœur de l’homme est détourné de Dieu, dont il est séparé par le péché, pour être alimenté par ces trois convoitises, qui jamais ne le satisfont. Lorsque le Seigneur, le dernier Adam, descendit sur cette scène, au milieu des ravages du péché, Satan se présenta comme en Éden avec ces trois genres de convoitises, pour chercher à Le détourner du chemin de l’obéissance dans lequel Il était entré en disant : « Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Jésus répondit chaque fois en citant la Parole : « Il est écrit », et « Il est encore écrit » (Matt. 4 et Luc 4). Il a réduit au silence le tentateur, en nous montrant comment nous pouvions résister à un tel ennemi, afin de pouvoir marcher dans le bien avec la connaissance du mal.
Contrairement à Adam, Jésus n’avait pas à regarder comme un objet à ravir d’être égal à Dieu (Phil. 2:6), car Il était Dieu. Le premier Adam, qui n’était qu’un homme, voulut s’élever à être comme Dieu, en abandonnant l’obéissance qui doit caractériser l’homme ; et il tomba, entraînant toute sa race dans la désobéissance. Le Seigneur étant Dieu, le Fils, devint homme pour obéir à Dieu. Satan l’incita à agir comme Dieu, usant de Son pouvoir pour transformer des pierres en pain, ordre qu’Il n’avait pas reçu de Son Père. Il lui répondit par des passages qui s’appliquaient à l’homme, et non à Dieu. Dans cette position, au lieu de s’élever, Il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort de la croix. Il descendit dans la mort, où notre désobéissance nous avait conduits, afin de nous en délivrer. C’est pourquoi Dieu l’a haut élevé, et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Le premier Adam voulut être ce qu’il n’était pas. Son ambition, son orgueil, le perdirent ; c’est dès lors ce qui a caractérisé toute sa race. S’élever, vouloir autre chose que ce que Dieu lui donne, sont les principes en activité, jusqu’au moment où l’homme, arrivé à l’apogée des progrès du mal, se présentera comme Dieu, dans Son temple, à Jérusalem (2 Thes. 2:4).
Ce sont ces principes, introduits par la chute, qui ont été en activité, aujourd’hui plus que jamais. L’homme n’est jamais satisfait ; il cherche constamment à s’élever, à améliorer sa situation, à s’accorder de nouvelles facilités à tous égards. Et, quand il les a obtenues, il n’est pas satisfait ; il lui en faut d’autres. En sorte que le progrès, tant vanté de nos jours, résulte de la convoitise, qui n’est jamais satisfaite. Il y a cent ans, nos ancêtres vivaient sans les avantages modernes ; ils étaient plus satisfaits, plus heureux, moins agités qu’on ne l’est actuellement. Une seule chose peut satisfaire le cœur : C’est la connaissance de Dieu, révélé en Son Fils bien-aimé ; mais, pour cela, il faut être né de nouveau. Alors on peut être content de ce qu’on a présentement.
La connaissance promise par Satan fit de l’homme un être
conscient du bien et du mal, mais sans capacité pour éviter le mal. Il acquit,
par ce fait, la conscience
, faculté
de discerner le bien du mal, mais qui n’en est pas la mesure. Pour l’avoir, il
faut qu’elle soit éclairée par la Parole de Dieu. Elle n’est pas, comme on
l’entend dire souvent, quelque chose de divin dans l’homme, qu’il faut cultiver,
pour l’élever à Dieu. Cette faculté, au lieu de l’élever à Dieu, lui en donne
la frayeur, car elle lui dit qu’il L’a offensé. Il Le fuit, même lorsqu’Il
l’appelle pour lui faire grâce. Il préfère se justifier lui-même en accusant
Dieu, comme nous le voyons dans les versets 12 à 13. Cette constatation du mal
le pousse à le cacher, à lui-même et aux autres ; ce qu’Adam et sa femme
firent, en se faisant des ceintures de feuilles de figuier, figure de la
religion de la chair, de la propre justice, par laquelle l’homme cherche à
faire taire la voix de sa conscience, tandis qu’il est loin de Dieu. On a dit
que la religion de la chair était suffisante tant qu’on n’en avait pas besoin.
Lorsqu’il faut paraître devant Dieu, elle ne sert de rien.
Puisque la conscience n’est pas la mesure du bien et du mal, nous comprenons l’importance, pour le chrétien, d’être éclairé, en toutes choses, par la Parole de Dieu. Il faut progresser dans la connaissance de ce qui convient à Dieu. Il ne faut pas se fier à sa conscience, qui peut se cautériser, si l’on ne vit pas constamment dans le jugement de soi-même. Pendant un temps, on ne vit pas constamment dans le jugement de soi-même. Pendant un temps, on peut être libre de faire telle ou telle chose en bonne conscience ; mais, en progressant dans la connaissance de Dieu, la lumière nous éclaire de plus en plus, et nous voyons que ce qui ne nous gênait pas jusque là n’était pas selon Dieu. Il faut travailler à maintenir une bonne conscience, s’y exercer comme l’apôtre Paul le faisait, « devant Dieu et devant les hommes », en vivant dans la présence de Dieu et dans Sa communion. Alors on ne dira pas : Quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela ? Poser la question, c’est la résoudre affirmativement. Pourquoi ne pas montrer le bien qu’il y a ? Si on ne le fait pas, c’est qu’il n’y en a pas.
La conscience est le point vulnérable chez le pécheur ; c’est par là que Dieu peut l’atteindre, au moyen de Sa Parole. Une fois qu’elle l’a convaincu de péché, qu’il a compris que la religion de la chair, les feuilles de figuier, ne peuvent pas cacher ses péchés, aux yeux de Dieu, il accepte la justice dont Dieu veut le revêtir, Christ Lui-même. Il peut alors se tenir devant Dieu avec une bonne conscience, puisqu’elle est déchargée de tous ses péchés. C’est ce que nous verrons plus loin.
Adam et Ève, entendant la voix de l’Éternel Dieu qui se promenait dans le jardin au frais du jour, se cachèrent au milieu des arbres du jardin. Ayant acquis une conscience, elle leur faisait comprendre que le péché était incompatible avec la présence de Dieu avec lequel, dans l’innocence, ils pouvaient avoir librement des rapports. Maintenant, ils Le fuient. L’Éternel appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? ». Question solennelle, qui établit le fait que Dieu prend connaissance de ce que fait l’homme, et qu’il faut avoir affaire avec Lui une fois ou l’autre, en grâce ou en jugement. Cette question se pose à chacun aujourd’hui, en vue de son salut. Un jour, cette même voix fera sortir de leurs sépulcres ceux qui n’auront pas répondu à la voix de la grâce, pour paraître, avec tous leurs péchés devant le grand trône blanc alors qu’il n’y aura plus d’arbres pour se cacher, les cieux et la terre ayant disparus.
À Adam, Dieu dit : « Où es-tu ? ». Il n’était plus dans la position où Dieu l’avait placé. Il était séparé de Dieu par le péché. À Caïn, Il dira : « Qu’as-tu fait ? ». Ces deux questions sont en rapport avec les deux côtés de la condition de l’homme pécheur : sa position et sa culpabilité. L’homme est perdu parce qu’il est un enfant d’Adam pécheur ; il est coupable à cause de ce qu’il a fait. Un petit enfant naît perdu ; en grandissant, il péchera et deviendra coupable. Adam répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, car je suis nu, et je me suis caché ». Les feuilles de figuier étaient inutiles. Adam ne dit pas : J’étais nu, et j’ai caché ma nudité ; mais : Je suis nu. Nous l’avons déjà dit : La religion de la chair, la propre justice, ne sert de rien, lorsqu’il faut paraître devant Dieu. L’homme admet bien qu’il a fait quelques péchés, mais il a sa mesure pour en apprécier la gravité ; il ne se préoccupe pas de ce que Dieu en pense. Pour lui faire accepter le salut, Dieu commence par lui montrer ce qu’est le péché à Ses propres yeux. « L’Éternel Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? As-tu mangé de l’arbre dont je t’ai commandé de ne pas manger ? ». Dieu s’adresse à l’homme parce que c’est lui qui est responsable. Mais, au lieu de reconnaître sa faute, il cherche à se justifier en la rejetant sur sa femme et, indirectement, sur Dieu, disant : « La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, — elle m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé ». C’était dire : Si Tu ne m’avais pas donné cette femme, cela ne serait pas arrivé. Tel est le cœur naturel. Lorsque le mal vient en évidence, au lieu de l’avouer franchement, il cherche à en rejeter la faute sur autrui, même sur Dieu. Le péché a complètement perverti les pensées de l’homme ; tout en lui est faussé, malgré la conscience. Dans l’innocence, Adam reconnaissait en Dieu la bonté qui l’avait placé au sein de cette belle création, ayant complété son bonheur par le don d’une épouse. Maintenant, ce Dieu lui apparaît comme la cause de son malheur dans ce qu’Il lui avait donné de meilleur. Dieu est un objet de terreur pour l’homme ; et pourtant, rien n’a changé, en Lui, à son égard. Tel est l’homme aujourd’hui. Christ a dû venir pour établir la vérité à tous égards : ce qu’est Dieu, l’homme, le monde, le bien, le mal.
Dieu s’adresse à la femme, en disant : « Qu’as-tu fait ? ». Elle répondit : « Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé ». Au serpent, Dieu ne pose pas de question ; Il lui dit : « Parce que tu as fait cela, tu es maudit par-dessus tout le bétail et par-dessus toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie ; et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et sa semence ». De tous les animaux, le serpent est le seul, dans le millenium, qui ne jouira pas de la restauration de la création. En És. 65, après la description de la terre millénaire, sous laquelle les animaux carnassiers retourneront à leur état primitif : « Le lion mangera de la paille comme le bœuf », il est dit : « et la poussière sera la nourriture du serpent » (v. 25). Le serpent est un animal dont la vue même produit l’effroi. Mais Dieu ne s’arrête pas au jugement de l’animal dont le diable s’est servi ; Il lui annonce que la semence de la femme lui brisera la tête, et que lui lui brisera le talon. C’est la grâce qui apparaît, dans toute sa beauté, dès que le péché est introduit et que l’homme s’est placé sous le pouvoir de Satan. « Car on est esclave de celui par qui on est vaincu » (2 Pierre 2:19). Cette semence de la femme est le Fils de Dieu, devenu homme, ici-bas pour délivrer l’homme du pouvoir de Satan, en subissant à sa place le jugement de Dieu. En Héb. 2:14-15, il est dit : « Puis donc que les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé, afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ; et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude ». Mais cette victoire ne pouvait être remportée sans que cette semence de la femme, l’Agneau de Dieu, endurât les souffrances indicibles de la croix. Par la désobéissance, Satan avait perdu l’homme ; et, par Son obéissance, le Fils de l’homme l’a sauvé. Satan voulait la mort de l’homme ; le Fils de l’homme l’a subie. En vertu de cette œuvre, Satan n’a aucun pouvoir sur le croyant. C’est à Satan, non à Adam, que Dieu annonce la venue de Celui qui lui ôterait son pouvoir. À Adam, il n’est fait aucune promesse ; la grâce lui sera offerte en vertu de l’œuvre qui a rendu possible le salut de l’homme qui avait péché. Toutes les promesses reposent sur le dernier Adam.
On voit, dans l’histoire de l’homme jusqu’à Christ, tous les efforts que Satan accomplit pour empêcher l’apparition de la semence de la femme. Il a poussé l’homme au mal afin que Dieu le détruisît par le déluge ; mais Dieu a déjoué ses plans en sauvant Noé. Plus tard, comme le libérateur devait venir de la famille de David, il chercha maintes fois à l’éteindre, entre autres par la méchante Athalie, qui voulut faire périr toute la race royale. Nous voyons, jusqu’à la destruction des petits enfants de Bethléem et la croix, tous ses vains efforts pour empêcher l’exécution de la sentence prononcée sur lui en Éden. C’est aussi en vue de la naissance du Christ et de l’établissement de Son règne que Dieu eut soin de donner les dates, tout au long de l’Ancien Testament, afin que l’on sût quand viendrait le Libérateur ; car la venue du Fils de Dieu et Sa glorieuse personne constituent le point culminant, le grand sujet de toute la révélation divine. Il n’est pas donné de dates dans le Nouveau Testament, puisqu’il commence par la naissance du Seigneur. Le temps que l’Église passe sur la terre ne fait pas partie des temps prophétiques. Après son enlèvement, ces temps-là recommenceront à compter ; il n’en reste que la dernière semaine de Daniel 9 à accomplir, proprement la dernière demi-semaine, mentionnée dans Apoc. 12:6, 14 ; 13:5 — Dan. 7:24 ; 9:27 ; 12:11.
À la femme, Dieu annonce les conséquences de sa désobéissance durant sa vie. Adam, parce qu’il a écouté la voix de sa femme plutôt que la voix de Dieu, qui s’était adressé à lui formellement, devra travailler péniblement un sol maudit, qui lui fera germer des épines et des ronces. Il mangera l’herbe des champs, comme les bœufs, c’est-à-dire les légumes, non plus seulement des fruits, comme dans l’innocence. Il mangera son pain à la sueur de son front, jusqu’à ce qu’il retourne à la poussière d’où il a été pris. Tant pour l’homme que pour la femme, les conséquences du péché sous lesquelles ils étaient désormais, se bornent à la vie présente ; tout homme les endure, même les chrétiens. Mais cela ne concerne pas les conséquences éternelles du péché. Celles-là, Christ les portera, en détruisant le pouvoir de Satan, pour ceux qui croient ; et ceux qui ne croient pas les porteront eux-mêmes éternellement ; mais ce n’est pas ce dont il s’agit, ici. Ce qui concerne l’éternité est traité dans le Nouveau Testament, quoiqu’il y en ait des allusions dans l’Ancien.
Après avoir entendu que la semence de la femme écraserait la
tête du serpent, Adam appela sa femme Ève, mot qui vient du verbe hébreu vivre
; parce que, dit-il, elle est
la mère de tous les vivants. Il comprit que la délivrance viendrait de là et
que, malgré la mort qui serait leur partage, la vie proviendrait de la semence
de la femme. Ce passage fait comprendre qu’Adam avait la foi. Il crut Dieu, qui
introduirait la vie au sein de la mort qu’il venait d’attirer sur l’homme.
Si l’homme était incapable de cacher son état aux yeux de Dieu, ni de rien changer aux conséquences du péché qu’il allait subir toute sa vie, il appartenait à Dieu de faire le nécessaire pour qu’il pût subsister devant Lui. « L’Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des vêtements de peau, et les revêtit » ; figure bien connue de la justice divine, de Christ Lui-même, dont le pécheur est revêtu lorsqu’il croit en l’efficacité de la mort du Sauveur. Si Adam et Ève ne moururent pas sitôt après avoir péché, une victime mourut à leur place, et fournit à Dieu le vêtement dont Il les revêtit, puisqu’ils ne pouvaient se le procurer eux-mêmes. Nous voyons donc ici l’évangile apparaître, dans toute sa beauté, au moment où l’homme perdait la vie et où s’effondrait, par le péché, tout son bonheur en rapport avec la création première et sa relation d’innocence avec Dieu. Le péché de l’homme a toujours fait ressortir la grâce de Dieu. C’est à la croix, où la culpabilité de l’homme atteignit son point culminant, que Dieu manifesta la plénitude de Son amour pour lui. Aussi comprend-on que le sort de ceux qui refusent la grâce sera terrible, dans l’éternité, et quelle reconnaissance éternelle Lui doivent ceux qui sont sauvés.
Il restait encore une chose à faire, résultant du changement que le péché avait amené et de la bonté de Dieu envers l’homme pécheur. L’arbre de vie demeurait encore dans le jardin ; et, si l’homme en avait mangé, il aurait vécu à toujours, mais portant les conséquences du péché, ce qui eût été affreux. Pour empêcher qu’il ne prît de cet arbre, l’Éternel Dieu le chassa hors du jardin d’Éden, pour labourer le sol d’où il avait été pris ; « et plaça à l’orient du jardin d’Éden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie ». Là encore apparaît la bonté de Dieu, qui laisse entrevoir l’accomplissement de Ses pensées éternelles de grâce. Si l’accès à l’arbre de vie, dans le paradis terrestre, était rigoureusement défendu par l’épée des chérubins, afin de ne pas perpétuer une race de pécheurs qui auraient gémi indéfiniment sous les conséquences du péché, c’est parce que Dieu voulait ouvrir le chemin du paradis céleste en donnant la vie éternelle, nécessaire pour jouir du bonheur dans la présence de Dieu, dans un monde nouveau. Pour cela, il fallut que le Seigneur rencontrât l’épée du jugement de Dieu, lorsqu’Il se présenta chargé de nos péchés, pour ouvrir le chemin du ciel aux coupables, au travers de la mort. Nous lisons en Zacharie (13:7) : « Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées ; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé ; et je tournerai ma main sur les petits ». Le Seigneur avait conduit Ses brebis jusqu’aux portes de la mort, qu’il fallait traverser pour entrer au paradis céleste, dont l’entrée était gardée par l’épée de la justice inflexible du Dieu juste et saint. Mais Il ne pouvait les conduire plus loin sans porter à leur place le jugement qu’elles avaient mérité. Dans ce moment suprême, le troupeau fut dispersé, comme Jésus le dit aux Siens : « Vous me laisserez seul ». Mais, sitôt l’œuvre accomplie, la tête du serpent écrasée, le Seigneur apparaît aux Siens, de l’autre côté de la mort, souffle en eux l’esprit de vie de résurrection, et devient le centre de leur rassemblement, pour le temps et l’éternité.
Ce chapitre contient tous les principes qui, dès lors, ont caractérisé le monde jusqu’à nos jours : la religion de la chair, en Caïn ; celle de Dieu, en Abel ; la haine religieuse qui va jusqu’au crime ; l’homme chassé de la présence de Dieu, qui organise le monde pour y jouir sans Dieu ; puis la famille de la foi, en Seth, qui reconnaît ce qu’est l’homme devant Dieu, mortel (Énosh), et invoque le nom de l’Éternel.
La postérité d’Adam commence avec Caïn. Ève crut, sans doute,
qu’il était la semence de la femme qui devait briser la tête du serpent, car
elle dit : « J’ai acquis un homme avec l’Éternel ». Elle fit la
triste expérience qu’il n’en était rien. Car si le vainqueur de Satan était bien
de la semence de la femme, il ne devait pas être de la race adamique, un homme
mortel. Quoique la mère des vivants, lorsque son second fils naquit, elle
l’appela Abel, vanité. C’est ce qu’est le monde ; c’est l’expérience qu’en
fit Salomon, après avoir joui de tout ce qui se trouve sous le soleil. Ève ne
s’attendait pas à en faire une si douloureuse expérience. Abel paissait le menu
bétail, et Caïn labourait la terre ; deux occupations très légitimes et
honorables. Ces deux fils avaient dû apprendre de leurs parents quels rapports
l’homme pouvait avoir avec Dieu à la suite du péché, au moyen d’une victime.
Caïn n’en tint pas compte. Ces deux fils avaient chacun leur religion, mot qui
veut dire : relié à Dieu. Caïn la pratiquait à sa manière, et Abel selon
les enseignements de Dieu. Dès lors jusqu’à maintenant, ces deux modes divisent
les hommes en deux camps, quelle que soit la forme de leur culte. Ce qui
caractérise la religion de Caïn, c’est de ne pas tenir compte du fait que le
péché a séparé l’homme de Dieu, et de vouloir s’approcher de Lui sans tenir
compte de Sa sainteté et de Sa justice, avec ses propres pensées, les fruits de
son labeur, provenant d’une terre maudite. Abel, au contraire, avait appris que
pour s’approcher de Dieu, la mort d’une victime devait intervenir. Il présente
« des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse ». Il avait
pensé à ce qui était agréable à Dieu, et non à ce qui lui était agréable. Dans
tous les sacrifices institués en Israël, la graisse était la part exclusive de
l’Éternel ; elle représente ce que Lui seul était capable d’apprécier dans
la victime, type du Seigneur s’offrant à Dieu. Aussi, « l’Éternel eut
égard à Abel et à son offrande ; mais à Caïn et à son offrande, il n’eut
pas égard ». Abel était identifié à son offrande, pour être agréé de Dieu.
Il en est de même du croyant. Il est dit, en Héb. 10:10 : « Nous
avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois
pour toutes ». Abel était pécheur, comme Caïn ; ce n’est pas en cela
que se trouve la différence, mais dans le moyen de s’approcher de Dieu. C’est
Christ qui donne au croyant toute sa valeur. « Caïn fut très irrité, et
son visage fut abattu ». Rien n’irrite autant l’homme que de voir un de
ses semblables accepter la grâce de Dieu. Sa conscience lui dit qu’il a raison,
mais son orgueil refuse de faire comme lui et l’excite à la haine. Cependant,
la grâce était à la disposition de Caïn comme d’Abel, comme elle est
aujourd’hui à la disposition de chacun. C’est ce que l’Éternel lui dit :
« Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il
abattu ? ». Il n’avait aucune raison de s’irriter ; le remède à
son état ne se trouvait pas là. Dieu le lui offre : « Si tu fais
bien, ne seras-tu pas agréé ? ». Fais comme ton frère, tu seras agréé
à cause de la victime. « Si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la
porte ». Le péché, ici, est le même mot, dans l’original, que le sacrifice
pour le péché. La victime pour le péché est tellement identifiée avec le péché
qu’elle porte, qu’ils ne font qu’un, aux yeux de Dieu. Il est dit du Seigneur
« qu’il a été fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21). Cette victime
était couchée à la porte, prête à être acceptée. C’est l’évangile tel qu’il
s’adresse à tous aujourd’hui. Beaucoup veulent rendre culte à Dieu avec leurs propres
ressources, et ils ne peuvent être agréés. Au lieu de s’irriter contre ceux qui
obéissent à la Parole, ils n’ont qu’à accepter le sacrifice de Christ, par
lequel ils seront agréés. Le verset suivant est un peu difficile à
comprendre : « Et son désir sera tourné vers toi, et toi tu domineras
sur lui ». Son
et lui
se rapportent à Abel. Caïn venait de
se placer dans un état d’infériorité vis-à-vis de son frère ; mais s’il
faisait bien, comme Abel, il serait maintenu, vis-à-vis de lui, avec ses droits
de premier-né : Son désir serait tourné vers lui, comme celui de la femme
vers son mari.
Caïn, comme tant d’âmes aujourd’hui, n’a pas voulu profiter du moyen qui lui était offert pour être agréé de Dieu. Il a nourri la haine qui était dans son cœur et le tua. Le premier sang humain répandu l’a été pour une cause religieuse. La plus grande partie du sang qui a été répandu depuis l’a été pour la même cause. Même dans les questions politiques, la religion y était mélangée, le plus souvent. C’est à cet endroit-là que l’homme est le plus susceptible ; il veut avoir raison, alors que la conduite de celui qui est dans le vrai le juge.
Caïn répond avec arrogance à l’Éternel, lorsqu’Il lui dit : « Où est ton frère ? » : « Suis-je, moi, le gardien de mon frère ? » ; mais pour entendre cette parole solennelle : « Qu’as-tu fait ? ». Question qui fait ressortir sa culpabilité, comme celle adressée à Adam : « Où es-tu ? », sa position d’homme perdu. L’Éternel lui dit : « La voix du sang de ton frère crie de la terre à moi ». Le sang, c’est la vie, qui n’appartient qu’à Dieu. Le sol avait été maudit à la suite du péché d’Adam ; maintenant, ce sol qui a reçu le sang d’Abel maudit Caïn : « Et maintenant, tu es maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu laboureras le sol, il ne te donnera plus sa force ; tu seras errant et vagabond sur la terre ». Caïn reconnaît que sa peine est grande, trop grande pour qu’il en porte le poids. Mais il ne cherche pas la miséricorde de la part de Dieu ; il désire ne pas en subir de trop grandes conséquences. C’est ce qui préoccupe les hommes aujourd’hui, plus que d’accepter le pardon que Dieu leur offre. Caïn a tué son frère ; pourquoi ne serait-il pas tué par celui qui le rencontrerait ? Il veut se mettre à l’abri de cela. Il dit à l’Éternel : « Quiconque me trouvera me tuera ». L’Éternel lui répond : « C’est pourquoi quiconque tuera Caïn sera puni sept fois. Et l’Éternel mit un signe sur Caïn, afin que quiconque le trouverait ne le tuât point ». Il habita au pays de Nod, ce qui signifie "vagabond". Maudit, loin de la présence de Dieu, vagabond, telle est la condition de l’homme, qui a organisé le monde pour y trouver sa satisfaction loin de Dieu ; et, aujourd’hui, ayant en plus sur la conscience d’avoir mis à mort le Fils de Dieu.
Il y a, dans l’histoire de ces deux hommes, un côté typique. Abel est un type de Christ, et Caïn du peuple juif, coupable d’avoir mis à mort le Seigneur, l’homme parfait, agréé de Dieu. À la suite de ce meurtre, les Juifs ont été chassés de leur pays, et sont vagabonds au milieu des nations. Mais ils sont marqués de Dieu, et ils ne peuvent être anéantis ; ceux qui leur feront du mal seront punis sept fois plus. C’est ce qui arrivera aux nations, à la fin, qui s’assembleront contre ce peuple restauré ; elles seront détruites. Jusque-là, ils portent les conséquences d’avoir répondu à Pilate : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ». Dans Son gouvernement, Dieu rétribue le mal où que ce soit qu’il se trouve, qu’il soit chez les nations, les Juifs ou Ses enfants.
Les versets 17 à 24 résument l’organisation de ce monde par l’homme chassé de devant Dieu, sur une terre maudite, dont les principes sont les mêmes aujourd’hui. Les hommes, comme Caïn, ont pris leur parti d’être séparés de Dieu, après avoir mis à mort Son Fils. Ils ont cherché et cherchent à faire d’un tel monde un lieu de plaisir.
Caïn eut un fils. Les incrédules croient trouver la Bible en défaut lorsqu’elle parle de la femme de Caïn, alors qu’il n’y avait que deux hommes sur la terre. Mais la Bible n’explique pas tout aux raisonneurs. Il n’est parlé que de Caïn et d’Abel, parce que c’est eux dont l’Esprit de Dieu avait besoin pour révéler les pensées de Dieu. Dans les généalogies présentées au chapitre 5, les hommes qui y sont nommés sont ceux qui forment la généalogie du Christ, sans qu’ils soient nécessairement le premier-né, comme nous le voyons avec Seth. Après les avoir mentionnés, il est dit : « Et il engendra des fils et des filles » ; avant aussi bien qu’après. Sans soulever la question si Adam a eu d’autres fils, pendant les cent trente ans qui précédèrent la naissance de Seth, on peut bien affirmer qu’il eut des filles ; et que c’est l’une d’elles qui fut la femme de Caïn. Il n’y avait pas d’autres femmes alors. Donc il eut un fils qu’il appela Hénoc. Il bâtit une ville et l’appela du nom de son fils. La ville est l’œuvre de l’homme ; Dieu ne l’avait pas placé là. C’est là où l’homme a accumulé les distractions, les jouissances mondaines, qui le distraient de ses peines et de Dieu Lui-même. Elle est l’expression de ce qu’est l’homme. Caïn l’appela du nom de son fils. Nous voyons le même principe aujourd’hui, où l’on donne fréquemment des noms d’hommes aux rues, afin de perpétuer le souvenir de l’homme ; tandis que, dans le millenium, tout parlera du Dieu Tout-puissant. Les générations de Caïn sont nommées, au nombre de sept, nombre complet représentant toute la génération méchante qui a précédé le déluge. On y trouve Lémec, l’homme à la volonté propre, qui met de côté l’institution de Dieu quant au mariage ; il prit deux femmes. Jabal, un des fils de l’une, fut père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail, ce qui est nécessaire pour alimenter les habitants de la ville. Son frère Jubal fut père de ceux qui manient la harpe et la flûte. Tubal-Caïn, fils de l’autre femme, introduisit les arts ; il fut forgeur de tous les outils d’airain et de fer. Avec la musique et les arts, on peut satisfaire les désirs du cœur naturel et se passer de Dieu. C’est maintenant la parole de Lémec qui fait autorité ; il la fait valoir à ses femmes, justifiant sa violence et sa vengeance ; et, dit-il, si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois. Aujourd’hui, n’en est-il pas de même ? L’homme met sa parole, ses pensées, au-dessus de celles de Dieu. Mais, au milieu de cela, il y a la famille de la foi. Ève eut un autre fils qu’elle appela Seth, assigné, ou mis à la place d’Abel. Elle trouve en lui une consolation ; mais la vraie consolation est trouvée par Seth, auquel naquit un fils qu’il appela Énosh, ce qui veut dire : homme mortel. Il reconnaît que, si Abel est vanité, son successeur est mortel ; aucune espérance ne peut reposer sur une telle race. Que faire ? Les ressources sont en Dieu : « Alors on commença à invoquer le nom de l’Éternel ». Dès que l’homme reconnaît son état misérable et irrémédiable, il élève les regards de la foi vers Dieu, en qui se trouvent toutes les ressources. En Joël 2:32, il est dit : « Quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé ». Et, au Psaume 11 : « Si les fondements sont détruits, que fera le juste ? L’Éternel a son trône dans les cieux ; ses yeux voient, ses paupières sondent les fils des hommes ». Sur la terre, tout est néant, mortel et vanité ; mais les ressources de Dieu sont à la disposition de la foi. Elles ont eu leur pleine manifestation dans le don de Son Fils unique, la semence de la femme qui, par Son œuvre à la croix, a satisfait Dieu à l’égard du péché, et a rendu possible l’accomplissement des conseils éternels de Dieu envers l’homme, afin que, dans les siècles à venir, Il puisse « montrer les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus ».
Ce chapitre contient la généalogie du Seigneur, d’Adam à Noé, durant les mille six cent cinquante-six ans qui précédèrent le déluge. Nous retrouvons les noms de ces dix patriarches dans la généalogie de Luc 3:23-26, qui est celle du Fils de l’homme, qui remonte à Adam par Marie. Celle de Matthieu étant celle du Messie, fils de David, fils d’Abraham, ne remonte qu’à ce dernier. C’était la généalogie de Joseph, celle qui est officielle. Depuis David, les ancêtres sont différents. En Luc, ils se rattachent à ce roi par Nathan (2 Sam. 5:14) et, en Matthieu, par Salomon.
De tous ces hommes de Dieu, rien n’est dit quant à leur marche, si ce n’est d’Hénoc ; tandis qu’au chapitre 4, il est dit ce que firent les descendants de Caïn. C’est ici-bas que l’on énumère ce que les hommes de ce monde ont fait. Après leur mort, rien ne paraîtra devant Dieu que leurs péchés, au jour du jugement. Tandis qu’il n’est pas nécessaire de dire, dans ce monde, ce qu’ont fait les croyants ; c’est Dieu qui en prend connaissance et qui le manifestera en Son jour. On remarque cela dans les oraisons funèbres. Pour quelqu’un du monde, on fait l’éloge de ce qu’il a fait et de ce qu’il a été. Pour un chrétien, on parle plutôt de ce que le Seigneur a fait pour lui.
Comme nous l’avons remarqué précédemment, on voit, par ce qui est dit d’Adam aux versets 3 à 5, comment il faut comprendre les généalogies. C’est celui qui entre dans la généalogie du Seigneur qui est nommé, qu’il soit le premier-né ou non. Si l’on n’avait que ce qui est dit d’Adam dans ce chapitre, on croirait que Seth était son premier-né. C’est celui que Dieu reconnaît qui a la primauté sur les autres. Au chapitre 11:26, il est dit que Térakh engendra Abram, Nakhor et Haran, alors qu’Abram était beaucoup plus jeune que ses frères.
Au verset 1, il est dit que Dieu créa Adam à Sa ressemblance ; et, au verset 3, il est dit qu’Adam engendra un fils à sa ressemblance. Il ne pouvait en être autrement ; c’était un homme pécheur, dont nous avons tous porté l’image. Mais, par la grâce de Dieu, « comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (1 Cor. 15:49).
La première chose qui frappe en lisant ce chapitre, c’est
qu’après avoir donné le nombre des années de ces hommes, si grands qu’ils
soient, il est dit chaque fois, sauf pour Hénoc, « Et il mourut ».
Quelle qu’en soit la durée, la vie se termine par la mort. « Par un seul
homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la
mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Rom. 5:12).
Cette série de morts est interrompue par Hénoc, qui « fut enlevé pour
qu’il ne vît pas la mort ; et il ne fut pas trouvé, parce que Dieu l’avait
enlevé ; car, avant son enlèvement, il a reçu le témoignage d’avoir plu à
Dieu » (Héb. 11:5). Il marcha avec Dieu trois cents ans, et « il ne
fut plus, car Dieu le prit ». Quel beau témoignage, au milieu d’un monde
où « toute chair avait corrompu sa voie » (6:12). Marcher avec Dieu,
c’est marcher où Dieu marcherait dans un tel milieu, où le Seigneur a marché
ici-bas, étant la manifestation de Dieu dans un homme ; une marche
caractérisée par la sainteté, l’amour, la vérité, la fidélité, la patience,
etc. On voit comment Dieu pouvait se faire connaître de ces hommes dans ce
temps-là. Dans toux ceux que ce chapitre énumère, il dut y avoir beaucoup de
choses à la gloire de Dieu, mais qui n’entraient pas dans ce qui constitue la
Parole de Dieu. Mais, si elle ne nous donne pas des détails qui nous eussent
intéressés, elle éclaire la scène par des vérités fondamentales. Toute cette
descendance de Seth est caractérisée par ce qui est dit au dernier verset du
chapitre précédent : « Alors on commença à invoquer le nom de
l’Éternel ». Ayant compris que l’homme est mortel, invoquer le nom de
l’Éternel implique non seulement le salut : « Quiconque invoquera le
nom de l’Éternel sera sauvé » (Joël 2:32), mais une marche dans la
séparation de tout ce qui est incompatible avec ce nom, car le nom est
l’expression de la personne qui le porte. Cette invocation est aussi liée au
culte et à toute une vie de piété. « Je te sacrifierai des sacrifices
d’actions de grâces, et j’invoquerai le nom de l’Éternel » (Ps. 116:17 ;
voir aussi le verset 13). On l’invoque aussi dans la détresse (v. 3 et 4 du
même psaume). Sans doute qu’Hénoc réalisa cette proximité de Dieu d’une manière
toute particulière. En marchant avec l’Éternel, on apprend à Le connaître plus
intimement. Si Seth avait compris l’état de l’homme mortel
en nommant son fils Énosh, lui et ses descendants, comme
Adam et Abel, avaient aussi compris que les ressources sont en Dieu et que, par
la foi, ils avaient part à une vie qui aurait sa manifestation dans un jour
glorieux à venir. En marchant avec Dieu, Hénoc avait compris cela et, dans
l’intimité de cette marche, Dieu lui avait révélé la fin de toute la méchanceté
des hommes et les jugements à venir. Nous lisons en Jude 14 et 15 :
« Or Énoch aussi, le septième depuis Adam, a prophétisé de ceux-ci, en
disant : Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades,
pour exécuter le jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies
d’entre eux de toutes leurs œuvres d’impiété qu’ils ont impiement commises et
de toutes les paroles dures que les pécheurs impies ont proférées contre
lui ». Ainsi, de tout temps, Dieu fait connaître Ses pensées à celui qui
vit près de Lui et Lui est fidèle, soit pour l’avenir des méchants, soit pour
celui des justes. « Les choses qui se voient sont pour un temps ». On
ne peut être en communion avec Dieu au milieu de ces choses-là sans qu’Il
révèle à la foi « les choses qui ne se voient pas, et qui sont
éternelles » (2 Cor. 4:18). Nous nous faisons une faible idée de tout ce
que ces croyants de l’Ancien Testament avaient compris dans leurs rapports avec
Dieu, nous qui avons la révélation écrite et complète de la part de Dieu. En se
trouvant en rapport avec Dieu, ils se trouvaient en relation avec l’éternité.
En parlant l’Énoch, en Héb. 11:6, il est dit : « Il faut que celui
qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est
le rémunérateur de ceux qui le recherchent ». Là, le mot est
exprime l’éternité de Son être,
« Je suis ». Le croyant sait que tout passe ici-bas, mais, ayant
affaire avec le Dieu éternel et possédant la vie éternelle, c’est ce qui
gouverne sa conduite pour plaire à Dieu, sachant qu’il en trouvera la rétribution
dans l’avenir éternel. C’est ce que les saints des économies précédentes
pouvaient avoir compris aussi bien que nous.
La prophétie d’Hénoc était peut-être en rapport avec le déluge, qui vint huit à neuf cents ans plus tard ; mais elle dépasse de beaucoup la prédiction de cet événement. On voit, par cette citation de Jude et plusieurs autres, que les Juifs possédaient une histoire plus complète du passé que ce que nous rapportent les écrits inspirés, mais qui, tout en étant vraie, n’avait pas son utilité dans la révélation des pensées de Dieu, sauf les quelques faits qui nous sont rapportés dans le Nouveau Testament. Jude en cite un autre dans le verset 9 : la contestation de Michel avec le diable au sujet du corps de Moïse. En 2 Tim. 3:8, on trouve le nom des magiciens qui résistèrent à Moïse. Dans l’intimité des pensées de Dieu et de la connaissance qu’il avait de l’avenir, Hénoc est une figure de l’Église, qui marche avec Dieu en dehors d’un monde qui mûrit pour le jugement. Il fut enlevé pour ne pas voir la mort, comme les saints qui vivront quand le Seigneur viendra ; tandis que Noé est une figure d’Israël, qui traverse les jugements qui fondent sur le monde après l’enlèvement de l’Église, pour recommencer un monde nouveau sous le règne de Christ.
Lémec était aussi un homme enseigné de Dieu pour appeler son fils Noé, ce qui signifie : consolation, repos. Le sol avait été maudit ; il ne donnait plus sa force. La méchanceté des hommes augmentant, la peine pour obtenir le rendement de la terre était grande, et probablement qu’il ne pleuvait pas, avant le déluge. On soupirait après un changement. Il en est de même aujourd’hui ; on soupire après une amélioration de l’état de choses actuel. Les uns pensent qu’il faut prêcher l’évangile par toute la terre pour rendre le monde en état de jouir du règne de Christ ; les autres travaillent eux-mêmes à produire le soulagement désiré par des moyens humains opposés à Dieu, tels que le communisme, le fascisme et tant d’autres théories vaines. Tandis que la Parole nous apprend qu’il arrivera comme aux jours de Noé, par l’exercice des jugements prédits déjà par Hénoc et dont le Nouveau Testament nous donne tous les détails. L’Église va être enlevée, et les jugements tomberont sur cette terre pour la purifier de toutes ses souillures, afin d’établir, sous le règne de Christ, le repos de la création qui a été assujettie à la vanité par le péché de l’homme.
Comme nous l’avons déjà vu, ce chapitre nous donne le commencement de la généalogie du Christ, en permettant de compter le temps qui s’écoule en indiquant les âges des hommes. Tandis qu’aucune date n’est donnée avec la descendance de Caïn, pas plus qu’avec celle d’Ésaü au chapitre 36. À mesure que l’on avance dans la révélation de Dieu, l’annonce de la venue de Christ se précise, ainsi que celle de l’établissement de Son règne, montrant ainsi l’importance de ce merveilleux événement. Ésaïe nous dit que c’est d’une vierge qu’Il naîtra (7:14). Michée dit où Il naîtra, à Bethléem (5:2). En Daniel, il est dit à quelle date Il viendra, qu’Il sera rejeté, et ensuite, quand Il établira Son règne (chap. 9).
À cause de tant d’interprétations prophétiques erronées qui ont cours aujourd’hui, nous allons examiner brièvement ce que la Parole enseigne sur cet important sujet, en Daniel 9:20-27.
Le prophète Daniel avait compris, par le prophète Jérémie, que le temps de la captivité de Babylone arrivait à son terme (Jér. 25:11). En conséquence, il s’humilie, dans ce chapitre 9, de tous les péchés du peuple qui avaient été la cause de sa déportation. Comme les prophéties qui annonçaient les jugements du peuple étaient souvent suivies de sa restauration et des bénédictions du règne du Messie, Daniel pouvait penser qu’au retour du peuple dans son pays, ces bénédictions s’accompliraient. On voit que c’est cette bénédiction qu’il avait en vue au verset 20, en présentant sa « supplication devant l’Éternel, mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu ». La sainte montagne désigne Jérusalem et le temple, sur la montagne de Sion. Comme il parlait encore, Dieu lui envoie l’ange Gabriel « pour éclairer son intelligence » (v. 22). Il lui dit : « Au commencement de tes supplications la parole est sortie, et je suis venu pour te la déclarer, car tu es un bien-aimé. Comprends donc la parole, et sois intelligent dans la vision » (v. 23). Or si Daniel était rendu intelligent par cette vision, comment ne le serions-nous pas, maintenant que nous possédons l’Esprit de Dieu qui nous conduit dans toute la vérité (Jean 16:13) ? Voici la déclaration : « Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville, pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints » (v. 24). Les six faits mentionnés dans ce verset concernent Israël et l’introduction du règne de Christ. Clore la transgression, en finir avec les péchés, faire propitiation pour l’iniquité, qui ont caractérisé toute l’histoire de ce peuple. Sceller la vision et le prophète, c’est l’accomplissement final de toute vision et prophétie. Introduire la justice des siècles, c’est la justice qui caractérisera le règne de Christ. Oindre le saint des saints est l’établissement définitif du temple de Jérusalem pour le millenium. Avec ces soixante-dix semaines, il faut compter un jour pour une année, soit quatre cent quatre-vingt-dix ans. Voici de quand part cette date : « Et sache, et comprends : Depuis la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem, jusqu’au Messie, le prince, il y a sept semaines et soixante-deux semaines ; la place et le fossé seront rebâtis, et cela en des temps de trouble » (v. 25). Cette date commence environ quatre-vingt ans plus tard, l’an 455 A. C., lorsque Néhémie, qui était échanson du roi Artaxerxès, reçut de ce roi l’autorisation d’aller rebâtir la ville et la muraille de Jérusalem (Néh. 2). Donc quatre cent quatre-vingt-dix ans à partir de cette date, le règne de Christ doit commencer. La première objection à cela, c’est qu’il y a plus de dix-neuf siècles que le Seigneur est venu, et Son règne n’est point établi. Il doit donc y avoir erreur. Absolument pas ! Voici pourquoi : Lorsque le Seigneur a été rejeté, Son royaume ne pouvait pas s’établir. Alors l’Église a été suscitée ; elle est céleste, étrangère sur la terre ; elle attend d’être enlevée pour être avec son Époux, le Seigneur, et revenir avec Lui lorsqu’Il établira Son règne sur la terre. Le temps qu’elle passe sur la terre ne compte jamais dans la prophétie. C’est une parenthèse dans l’histoire de la prophétie, qui ne concerne que la terre, et non ce qui est céleste. Ainsi, malgré les dix-neuf siècles écoulés depuis la mort de Christ, les quatre cent quatre-vingt-dix ans ne sont pas entièrement accomplis. Le verset 25 en donne l’explication : « Jusqu’au Messie, le prince, il y a sept semaines — ou quarante-neuf ans — et soixante-deux semaines — ou quatre cent trente-quatre ans » ; en tout, quatre cent quatre-vingt-trois ans. Ces sept semaines, qui précèdent les soixante-deux, indiquent le temps durant lequel la ville et le fossé seront rebâtis, au temps de Néhémie, en des temps troublés par les ennemis du peuple. Au bout des soixante-neuf semaines, ou quatre cent quatre-vingt-trois ans, « le Messie sera retranché et n’aura rien ». « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » ; « Nous n’avons point d’autre roi que César », disent les Juifs. Mais il reste encore une semaine à accomplir. Dès le moment où le Messie est rejeté, tout demeure en suspens. Le peuple juif est rejeté par Dieu. L’Église est introduite pour un temps indéterminé, qui prend fin par la venue du Seigneur pour l’enlever et ressusciter ceux qui se sont endormis en Lui. Après cela, les temps recommenceront à compter. Ainsi, le temps que l’Église passe sur la terre s’écoule entre la soixante-neuvième semaine et la soixante-dixième. Quatre cent quatre-vingt-trois ans sont accomplis, et sept ne le sont pas encore.
Le verset 26 donne l’explication de ce qui se passera comme
conséquence du rejet du Messie. « Et après les soixante-deux semaines —
précédées des sept — le Messie sera retranché et n’aura rien ; et le
peuple du prince qui viendra, détruira la ville et le lieu saint, et la fin en
sera avec débordement ; et jusqu’à la fin il y aura guerre, un décret de
désolations ». Ceci est arrivé quarante ans après la mort du Seigneur. Les
armées romaines, sous Titus, ont détruit la ville et le temple, et ont emmené
captif le peuple qui n’avait pas été mis à mort. Mais Titus n’était pas le prince qui viendra
. L’empire romain,
quatrième empire des gentils, a cessé d’exister depuis longtemps ; il a reçu
une plaie mortelle qui doit être guérie (Apoc. 13:3). Il doit se reconstituer —
ce dont nous voyons les préliminaires aujourd’hui — pour être détruit par le
Fils de l’homme (chap. 7). Il aura à sa tête celui qui est appelé « le
prince qui viendra », celui dont la prophétie s’occupe. Au chapitre 7:24,
il est désigné par « un autre roi, qui surgira après eux », qui
commettra tout ce qui est dit au verset 25 de ce chapitre 7. En même temps que
la reconstitution de l’empire romain, les Juifs rentreront dans leur pays — ce
qui commence aussi actuellement — et ils auront pour roi l’Antichrist. Ce futur
chef de l’empire romain fera « une alliance avec la multitude, pour une
semaine », la dernière des soixante-dix. La multitude désigne les Juifs
apostats. Mais, au milieu de la semaine, alors qu’il reste encore trois ans et
demi à accomplir, ce roi impie, d’accord avec le roi des Juifs, l’Antichrist,
ne veut pas qu’on adore plus longtemps l’Éternel dans Son temple, et se fait
adorer lui-même. « Il fait cesser le sacrifice et l’offrande »,
c’est-à-dire le culte rendu à l’Éternel que les Juifs fidèles avaient rétabli.
C’est l’apostasie juive. Mais une pareille iniquité attirera sur le peuple juif
un jugement terrible et final, décrit en ces termes : « Et à cause de
la protection des abominations il y aura un désolateur ; et jusqu’à ce que
la consomption et ce qui est décrété soient versés sur la désolée » (v.
27). L’abomination désigne une idole, ou l’idolâtrie (Deut. 27:26). La
protection des abominations désigne le fait que les Juifs admettent et
protègent l’idole, l’image de la bête (voir Apoc. 13:14, 15), qui est adorée
dans le temple à la place de Dieu. À cause de cela, il y a la verge de Dieu,
par un désolateur appelé l’Assyrien, ou roi du nord dans beaucoup de prophètes.
Il vient fondre sur le peuple apostat, lui fait subir un châtiment effrayant,
accomplissant « la consomption de ce qui est décrété sur la
désolée » ; expression qui veut dire : l’accomplissement final
de tous les jugements qui ont été décrétés sur Jérusalem — « la
désolée » — et le peuple juif. Alors le Seigneur arrive et détruit tous
Ses ennemis, et établit Son règne de paix. Les soixante-dix semaines, ou quatre
cent quatre-vingt-dix ans, sont accomplies. Il faut se souvenir qu’il n’y a point
d’autres dates données, dans la Parole, pour désigner les événements
prophétiques.
À la fin de Daniel, on trouve deux autres dates : mille deux cent quatre-vingt-dix jours, soit trente de plus que la demi-semaine, et mille trois cent trente-cinq, encore quarante-cinq jours de plus. Ces dates indiquent le temps paisible du commencement du règne, après les jugements exercés par le Seigneur. C’est pourquoi il est dit : « Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente-cinq jours ! Et toi — Daniel — va jusqu’à la fin ; et tu te reposeras, et tu te tiendras dans ton lot, à la fin des jours ». Daniel aurait son lot, non pas tout de suite, comme il aurait pu le penser, mais à la fin, lorsque le Seigneur aurait établi Son règne. Il en jouirait depuis le ciel avec tous les saints glorifiés.
Entre l’enlèvement de l’Église et le commencement de la dernière demi-semaine, il s’écoule un temps indéterminé, mais pas long, durant lequel le retour des Juifs s’achève ; le règne de l’Antichrist commence ; l’empire romain se reconstitue ; ces deux peuples font alliance, ce qui commence, selon Dan. 9:27, la soixante-dixième semaine. Mais c’est la seconde moitié de cette semaine qui est importante pour la prophétie, surtout dans l’Apocalypse, où elle est désignée par quarante-deux mois, au chapitre 11:2 et 13:5 ; un temps, deux temps et la moitié d’un temps, au chapitre 12:14 ; mille deux cent soixante jours, chapitre 12:6. En Apocalypse, la première moitié de cette semaine n’est pas nommée. La seconde a son importance, à cause du grave péché qui établit une idole et, par elle, un homme à la place de Dieu, dans Son temple, ce qui provoque la terrible persécution du résidu pieux, appelée « la grande tribulation », dont le Seigneur avertit les disciples, en Matt. 24:15-28 et Marc 13:14-27. Ce résidu sera délivré lors de la venue du Fils de l’homme, et sera le vrai Israël avec lequel le règne commencera.
Les temps indiqués en Daniel 9 se répartissent ainsi :
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Les deux premiers versets de ce chapitre parlent d’une chose étrange, qui ne s’est pas renouvelée dans l’histoire de l’humanité. « Les fils de Dieu virent les filles des hommes, qu’elles étaient belles, et ils se prirent des femmes d’entre toutes celles qu’ils choisirent ». Ces fils de Dieu étaient des anges ; beaucoup ont cru qu’il s’agissait des fils des croyants. L’expression « fils de Dieu », dans l’Ancien Testament, désigne des anges, jamais des hommes (voyez Job 1:6 — Dan. 3:25). Le mot « homme », aux versets 1, 2 et 4, comme on le voit en note de la Bible, désigne la race humaine, en contraste avec celle des anges. Or les fils des croyants étaient aussi bien de la race humaine que les fils des non-croyants. En Jude 6:7, il est fait allusion à la culpabilité de ces anges. Dieu « a réservé dans des liens éternels, sous l’obscurité, pour le jugement du grand jour, les anges qui n’ont pas gardé leur origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure ; comme Sodome et Gomorrhe, et les villes d’alentour, s’étant abandonnées à la fornication de la même manière que ceux-là — les anges qui n’ont pas gardé leur origine — et étant allées après une autre chair, sont là comme exemple, subissant la peine d’un feu éternel ». On trouve aussi une allusion en 2 Pierre 2:4 : « S’il n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais, les ayant précipités dans l’abîme, les a livrés pour être gardés dans des chaînes d’obscurité pour le jugement ». Tandis que les autres anges déchus sont encore en liberté. Ils sont appelés « les principautés, les autorités, les dominateurs de ces ténèbres, la puissance de méchanceté qui est dans les lieux célestes » (Éph. 6:12). Ceux-là sont toujours actifs pour faire le mal et induire au mal, auxquels nous avons à résister en revêtant l’armure complète de Dieu. Tandis que nous n’avons rien à faire avec ceux qui ont été précipités dans l’abîme, gardés dans des chaînes d’obscurité. Dieu a sans doute agi envers ceux-là de manière qu’un tel péché ne se renouvelât point. La Parole ne nous en dit pas davantage. Les hommes issus de ces unions surnaturelles étaient des « hommes de renom, les vaillants hommes de jadis ». Et il y avait aussi des géants sur la terre, un état de choses, fruit du péché, qui, avec la corruption et la violence, ne pouvait être supporté par Dieu plus longtemps. « L’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que méchanceté en tout temps ». Aussi décida-t-Il que les jours des hommes ne seraient plus que de cent vingt ans. « L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son cœur. Et l’Éternel dit : J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, etc. ». Il peut paraître étrange que Dieu se repentit ; mais la vraie signification de la repentance n’est pas, comme on le pense en général, regretter d’avoir mal agi. La repentance est un changement de pensées, de disposition à l’égard d’une chose. L’enfant prodigue était repentant lorsqu’il changea de pensées vis-à-vis de son père et de sa conduite, et qu’il revint à la maison paternelle. Dieu avait créé les hommes, pensant à leur bonheur ; après le péché, Il les avait supportés. Maintenant, à cause de leur conduite, Il change de pensée, et Il va les détruire.
Noé trouva grâce devant l’Éternel au milieu de cette génération corrompue. Au moment où le déluge vint, tous ceux qui sont énumérés au chapitre 5 étaient morts. Methushélah dut mourir l’année du déluge, et Lémec cinq ans avant.
Il est dit de Noé qu’il était un homme juste, qu’il était parfait parmi ceux de son temps. De même qu’Hénoc, il marchait avec Dieu. Beau témoignage ! Un homme juste est celui qui agit selon la pensée de Dieu ; il pratique la justice. Pour cela, il faut avoir la vie de Dieu. Dans le Nouveau Testament, un juste est celui que Dieu a justifié. Il ne voit plus aucun péché sur lui, en vertu de l’œuvre de Christ. Par conséquent, il doit pratiquer la justice.
Pendant le siècle qui précéda le déluge, Noé eut trois fils, Sem, Cham et Japheth. Ils n’eurent des enfants qu’après le déluge. Sem eut un fils, Arpacshad, deux ans après le déluge (11:10).
La terre était alors corrompue et pleine de violence. La corruption et la violence sont les deux grands caractères du mal dans tous les temps. Le livre des Proverbes met en garde contre ces deux formes du mal. Voyez, pour la violence, 1:10-19 ; 2:12-15 ; 4:14-19, entre autres. La corruption est caractérisée, dans ce livre, par la « femme étrangère », qui est prise comme emblème de ce mal. Elle représente tout ce qui a de l’attrait pour le cœur de l’homme, en dehors de ce qui est selon Dieu, tout ce par quoi l’homme est séduit. Il y a plus de corruption que de violence ; cette forme de mal est plus familière au cœur de l’homme naturel. « Dieu regarda la terre, et voici, elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie ». L’homme ne craignant plus Dieu, dans un temps où il n’y avait pas de gouvernement établi au milieu des hommes, comme il le fut plus tard sous Noé, le mal s’accomplissait sans crainte d’être réprimé, malgré qu’il y eût, durant tout ce temps, le témoignage des hommes qui eurent affaire avec Dieu, comme Adam et ses descendants énumérés au chapitre précédent. Lémec, le père de Noé, vécut au moins cinquante ans en même temps qu’Adam. Aussi la patience de Dieu arrivait à son terme. « Dieu dit à Noé : La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d’eux ; et voici, je vais les détruire avec la terre. Fais-toi une arche de bois de gopher ». Dieu voulait conserver sa famille, en tout huit personnes, ainsi que des animaux de chaque espèce pour repeupler une terre nouvelle, purifiée par les jugements. Dieu donna à Noé toutes les indications pour construire l’arche. Elle devait être en bois de gopher, sorte de cyprès très résineux et dur, résistant à l’eau. Il devait l’enduire, dedans et dehors, de poix, pour que ses parois fussent parfaitement étanches. La dimension et la division des pièces sont soigneusement ordonnées. Cela faisait un navire d’environ cent trente-cinq mètres de long sur trente deux de large. Tout ce qui était nécessaire pour la nourriture des personnes et des animaux était prévu. Dieu est un Dieu d’ordre, qui s’occupe des plus petits détails concernant les Siens, comme aussi de toutes Ses créatures. Si cette arche de salut pour la famille de Noé était construite sûrement et avec tant de soins, combien plus le grand moyen de salut dont elle est une figure, est-il une chose sûre, pour tous ceux qui désirent en profiter.
Au verset 16, on voit que la fenêtre était placée au-dessus, et non dans les côtés. La raison de cette disposition nous offre un précieux enseignement. Dieu voulait que les regards de ceux qui étaient dans l’arche, durant ce temps terrible de jugement, fussent dirigés vers Lui, et non sur les scènes affreuses qui se produisaient autour de l’arche, lorsque les hommes mouraient à mesure que les eaux s’élevaient, tableau propre à effrayer ceux qui étaient à l’abri. Il en est de même pour nous, lorsque nous passons par des épreuves souvent douloureuses ; ce n’est pas sur elles qu’il faut porter les regards, mais sur Dieu, qui demeure au-dessus de la scène et duquel vient le secours, Lui qui « s’assied sur les flots » (Ps. 29:10). Ce mot "flots" est le même que le mot "déluge", au verset 17 de notre chapitre. Dieu domine tout ; que les temps soient troublés ou sereins, les ressources de la foi sont en haut, en Dieu Lui-même. C’est ce que Seth avait compris en invoquant le nom de l’Éternel. Voyez aussi le Psaume 11:3-4, déjà cité au chapitre 3.
L’Éternel dit à Noé : « Et j’établis mon alliance avec toi, et tu entreras dans l’arche, toi, et tes fils et ta femme et les femmes de tes fils avec toi. Et de tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l’arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi » (v. 18-19). On voit que toute la famille de Noé vivait, lorsque Dieu lui ordonna de construire l’arche (v. 13-21), puisqu’Il la désigne en entier. Les versets 1 à 8 disent ce que Dieu pensait en voyant l’état de ce monde corrompu, alors qu’Il décida que leurs jours ne seraient plus que de cent vingt ans. À ce moment-là, Noé n’avait pas encore de famille. Donc ce n’est pas exact de dire que Noé mit cent vingt ans à construire l’arche.
Comme Hénoc est une figure des saints célestes qui seront enlevés avant les jugements, sans passer par la mort, Noé est une figure du résidu juif qui traversera le temps des jugements sur la terre, pour recommencer un monde nouveau après la destruction des méchants. L’Église, étant céleste, attend d’être enlevée pour être introduite dans sa patrie, tandis que les bénédictions du peuple juif sont terrestres. Les jugements de Dieu, qui doivent purifier la terre actuelle de tout le mal qui s’y trouve, doivent précéder les temps où ils seront mis en possession de leurs bénédictions. Mais le résidu devra traverser ces jugements pour se trouver sur la terre renouvelée et jouir du beau règne du Fils de l’homme.
Noé est appelé, en 2 Pierre 2:5, « prédicateur de justice ». Soit en paroles, soit par la construction de l’arche, il annonçait aux hommes ce qui était juste et ce qui allait arriver en conséquence de leur conduite. C’est aussi ce que l’évangile présente aux hommes maintenant. Malgré cela, il est dit, en Matt. 24:39, qu’ils « ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vînt et les emporta tous ». Pour connaître ce que Dieu dit, il faut croire. Noé annonçait un événement qui ne s’était jamais vu ; aujourd’hui, on annonce la venue du Seigneur, qui ne s’est jamais vue non plus. Ceux qui ne croient pas ne connaîtront rien jusqu’à ce que cet événement ait eu lieu, alors qu’il sera trop tard. La foi croit ce qui ne se voit pas, ce que Dieu dit. Les avertissements n’ont pas manqué au monde antédiluvien. Il est dit, en 1 Pierre 3:19-20, que Christ, par l’Esprit, au moyen de Noé, a prêché aux esprits qui sont maintenant en prison, c’est-à-dire lorsqu’ils étaient sur la terre, quand la patience de Dieu attendait, dans les jours de Noé, tandis que l’arche se construisait ; passage auquel on fait dire que le Seigneur est allé prêcher aux morts pendant qu’Il était dans le sépulcre ; d’où l’on déduit que ceux qui meurent peuvent encore recevoir le salut, et que maintenant, il y en a qui, en mourant, vont prêcher aux morts, ce qui est absolument faux. Le temps dans lequel il est possible d’être sauvé est celui qui précède la mort ; après, c’est trop tard. En lisant ce passage de Pierre, il faut comprendre que tout ce que Dieu accomplit l’est par Son Esprit. Cet Esprit est appelé l’Esprit de Christ. C’est Christ qui opère par Lui et, pour cela, Il emploie des instruments humains. Pour le monde antédiluvien, Il s’est servi de Noé, « le prédicateur de justice ». En 1 Pierre 1:11, il est dit que c’est par l’Esprit de Christ que les prophètes prophétisaient. C’est pourquoi il est dit, dans ce chapitre 3 de 1 Pierre, que Christ, ayant été vivifié par l’Esprit, a, par ce même Esprit, prêché aux esprits qui sont en prison, alors qu’ils étaient sur la terre, pendant que l’arche se construisait, et non depuis qu’ils sont morts.
Disons encore que lorsque Noé est appelé « huitième », en 2 Pierre 2:5, cela ne veut pas dire qu’il était le huitième prédicateur de justice ; il y a une virgule entre prédicateur et huitième. Il était le huitième des huit personnes qui entrèrent dans l’arche, telles qu’elles sont énumérées en 1 Pierre 3:20.
L’arche étant construite, l’Éternel dit à Noé : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison, car je t’ai vu juste devant moi en cette génération ». Dans ce passage, nous avons la première mention de la maison d’un croyant et, avec cela, ce qui la caractérise, savoir la position de son chef devant Dieu. Dieu ne dit pas à Noé qu’Il a vu toute sa maison juste devant Lui ; elle devait l’être. C’est Noé, chef responsable de sa maison, qui était juste. Dieu ne sépare pas l’état pratique de la maison de celui de son chef. « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel », dit Josué (24:15 ; voyez aussi Gen. 18:19). La Parole considère toujours les choses dans leur état normal, et c’est ainsi que nous avons à les considérer. La marche d’un père croyant doit se voir dans sa famille. Il a une grande responsabilité ; mais il a, en Dieu, les ressources nécessaires pour agir selon cette responsabilité qui, comme toute responsabilité, découle d’un grand privilège. Les enfants sont tenus d’obéir, et le père chrétien est censé ne leur ordonner que ce qui est selon Dieu. Pour qu’il puisse enseigner les Siens, il faut qu’il marche lui-même selon les enseignements de la Parole de Dieu.
Des animaux purs, Noé devait en prendre sept paires, et des impurs une seule. Il devait prendre aussi des oiseaux et de tout ce qui rampe sur le sol, afin de repeupler la terre, une fois purifiée par les eaux du jugement. Dieu fit entrer tous ces animaux, deux par deux, vers Noé, qui y entra lui-même avec toute sa famille, l’an six cents de sa vie. Et, au bout d e sept jours, le déluge commença, au second mois, le dix-septième jour du mois. Il est dit au verset 16 : « Et l’Éternel ferma l’arche sur lui ». Cette porte n’avait pu être ouverte que par Dieu, qui donnait à un monde impie le temps de se repentir. Après le temps de patience de Dieu écoulé, Lui-même la ferma. Il en sera de même pour le monde actuel ; lorsque le temps de la patience de Dieu, qui dure depuis dix-neuf siècles, sera terminé, la porte du salut sera aussi fermée par Lui, pour tous ceux qui auront entendu l’évangile de la grâce. Cette porte, ouverte par la grâce, se fermera par la justice de Dieu. Combien il est important d’entrer aujourd’hui, pendant que la porte est ouverte, afin de ne pas s’exposer à crier en vain, comme les vierges folles : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », pour ouïr cette terrible réponse : « Je ne vous connais pas ».
D’après les versets 6 à 10, sept jours s’écoulèrent depuis que Noé fut entré dans l’arche jusqu’à ce que le déluge commençât. Temps d’épreuve pour ceux qui étaient dans l’arche, exposés, sans doute, à la moquerie de ceux qui les entouraient, voyant que les eaux ne tombaient point comme Noé l’avait prédit. Il en est de même dans l’économie actuelle où, dès son début, la venue du Seigneur est annoncée pour mettre fin au temps de la grâce et ouvrir l’ère des jugements ; et voici, le Seigneur n’est pas encore venu. Les moqueurs peuvent dire, en effet : « Où est la promesse de sa venue ? » ; vous voyez que ce que vous dites ne s’accomplit pas. Mais la patience de Dieu est parfaite, perfection exprimée par le nombre sept. Si Dieu attendit sept jours depuis que Noé fut à l’abri, Il attend pendant un temps d’une durée aussi parfaite de fermer la porte du salut. Lorsque le Seigneur viendra pour enlever les saints et ensuite, lorsqu’Il viendra dans Sa gloire pour établir Son règne, il en sera de même qu’aux jours de Noé, est-il dit : « On mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage… et ils ne connurent rien, jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous » (Matt. 24:37-39).
Noé et sa famille étant en sécurité, « toutes les fontaines du grand abîme se rompirent et les écluses des cieux s’ouvrirent ; et la pluie fut sur la terre quarante jours et quarante nuits ». La terre rentra, pour ainsi dire, dans les eaux d’où elle avait été tirée le troisième jour. Au second jour, Dieu avait séparé les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec celles qui sont au-dessus ; ces eaux se rejoignirent momentanément pour submerger la terre. Pierre, répondant à ceux qui se moquent de la venue du Seigneur, en disant que toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création, dit qu’ils ignorent volontairement que, « par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde d’alors fut détruit, étant submergé par de l’eau » (2 Pierre 3:4-6). En introduisant la Parole du Dieu Tout-puissant, tous les raisonnements des hommes au sujet du déluge sont anéantis : Comment put-il se faire ? Fut-il universel ? etc. Celui qui, par Sa parole, a créé et a fait sortir la terre des eaux qui l’entouraient, au verset 9 du chapitre premier, pouvait, par Sa parole, la faire disparaître sous l’eau par les moyens qu’Il trouverait bons ; comme, par Sa parole, Il la réserve pour le feu.
L’arche s’éleva, portée par les eaux, qui dépassèrent de quinze coudées les plus hautes montagnes. Les eaux se renforcèrent sur la terre cent cinquante jours. Tout ce qui avait vie fut détruit, sauf ce qui était dans l’arche. Mais, tout terrible et universel qu’ait été ce jugement par l’eau, il était partiel, puisque l’arche flottait au-dessus des eaux, avec tous ceux qu’elle abritait. Tandis que la terre actuelle est réservée pour le feu, emblème d’un jugement complet. Le feu ne laisse subsister que ce qui peut le supporter, et nous savons que, lorsque la terre passera par le feu, il n’y aura rien en elle qui puisse y résister. « Les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement » (2 Pierre 3).
« Et Dieu se souvint de Noé, et de tous les animaux et de tout le bétail, qui étaient avec lui dans l’arche ». Dieu pense à toutes Ses créatures avec bonté. Il ferma les fontaines de l’abîme et les écluses des cieux, et Il envoya un vent qui fit baisser les eaux, qui diminuèrent au bout de cent cinquante jours. Et l’arche se reposa sur les montagnes d’Ararat. Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche, et lâcha un corbeau, oiseau impur qui allait et revenait, trouvant suffisamment de nourriture dans ce qui avait été l’objet des jugements de Dieu ; figure de l’homme naturel, qui trouve ce qui lui convient au milieu d’une scène de mort. Noé lâcha aussi une colombe ; mais, ne trouvant pas où poser la plante de son pied, elle revint à lui dans l’arche. La colombe, figure du saint, revient à l’arche, à Christ, ne pouvant se nourrir de ce qui satisfait le cœur naturel dans un monde jugé. Au bout de sept jours, Noé lâcha de nouveau la colombe, qui revint à lui avec une feuille d’olivier, produit de la terre renouvelée ? Alors Noé connut que les eaux avaient baissé. Après sept jours, il lâcha de nouveau la colombe, qui ne revint pas.
L’an six cent un, au premier mois, le premier jour du mois, Noé enleva la couverture de l’arche, et il vit que la face du sol avait séché. Au second mois, le vingt-septième jour du mois, la terre fut sèche. Ainsi, Noé et les siens demeurèrent dans l’arche un an et dix jours. Comme ils étaient entrés au commandement de Dieu, ils n’en sortirent que lorsqu’ils en reçurent l’ordre, v. 15-19.
Tout allait reprendre vie sur une terre purifiée du mal qui l’avait caractérisée ; et Dieu recommence avec une terre nouvelle, pour y manifester Ses voies qui aboutiront à l’accomplissement de Ses conseils éternels. La première phase de l’histoire de l’homme s’est terminée par le jugement, comme toutes les économies subséquentes l’ont été et le seront, en ce qui concerne la responsabilité de l’homme, qui a toujours failli, mais au travers desquelles Dieu a toujours accompli Ses desseins de grâce et d’amour qui triomphent de tout, jusqu’à l’établissement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre.
Lorsque Noé fut sorti avec tout ce qui était dans l’arche, il bâtit un autel à l’Éternel, et prit de toute bête pure et de tout oiseau pur, et offrit des holocaustes sur l’autel. Le premier besoin de cet homme pieux se rapporte à ce qui convient à Dieu, avant de tirer parti pour lui de sa nouvelle situation. Il offre en holocauste de tout animal pur ; ce sacrifice que Dieu seul peut apprécier, qui Lui présente les perfections de la victime sainte que fut Son Fils se dévouant pour la gloire de Son Dieu. « Et l’Éternel flaira une odeur agréable », ou une odeur de repos. Car c’est en vertu de la perfection du sacrifice de Christ que Dieu peut recevoir le pécheur repentant et qu’Il trouvera Sa satisfaction dans un monde renouvelé, alors que la terre « sera pleine de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Hab. 2:14 — És. 11:9). Par le sacrifice de Christ, toutes choses ont été réconciliées avec Dieu (Col. 1:20).
C’est la première fois que l’on trouve un autel. Il est l’emblème du culte, où le sacrifice de Christ est présenté à Dieu. Dans le sacrifice d’Abel, le pécheur était agréé de Dieu ; mais celui-ci est en faveur de la création tout entière. En vertu de cette odeur agréable, l’Éternel dit : « Je ne maudirai plus de nouveau le sol à cause de l’homme, car l’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ; et je ne frapperai plus de nouveau tout ce qui est vivant, comme je l’ai fait ». L’histoire du monde entre dans une nouvelle phase qui, avec des économies diverses, va jusqu’à la fin. Dieu ne maudira plus le sol comme Il l’avait fait à la chute, ce qui avait rendu le labeur de l’homme si dur, ainsi que le dit Lémec à la naissance de Noé. L’homme était dès lors soulagé. C’est ce qui arrivera pleinement sur la terre millénaire. En vertu du sacrifice de Christ, Dieu pourra accomplir Ses pensées de paix dans un monde purifié par les jugements qui vont fondre sur lui.
Une autre raison est donnée pour ne pas répéter un semblable jugement sur les hommes ; c’est que « l’imagination du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ». Dieu prendra patience envers lui, mais c’est inutile de le frapper ; cela ne change pas son cœur. Pour obtenir quelque chose de lui, il faut une nouvelle naissance. Elle est nécessaire pour entrer dans le royaume de Dieu ; elle est tout aussi nécessaire pour le peuple terrestre, qui jouira des bénédictions terrestres dans le millenium. C’est ce que Nicodème ne comprenait pas lorsque le Seigneur lui dit qu’il faut naître de nouveau, lors même que les prophètes avaient annoncé que le peuple devait passer par la nouvelle naissance, pour jouir du règne du fils de David. Voyez Ézé. 36:25-27 ; 37:7-10. Jésus lui dit : « Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas — c’est-à-dire de la nouvelle naissance, pour entrer dans le royaume de Dieu — comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? », savoir les choses que le Seigneur introduirait à la suite de Son rejet, choses célestes dont les prophètes n’avaient pas parlé. Depuis le déluge, Dieu prend patience envers les hommes, en les plaçant dans des conditions diverses pour faire l’épreuve de ce qu’ils valent, ayant toujours Ses regards dirigés sur Son Fils pour accomplir Ses conseils de grâce pour le ciel et la terre.
« Désormais, tant que seront les jours de la terre, les semailles et la moisson, et le froid et le chaud, et l’été et l’hiver, et le jour et la nuit, ne cesseront pas ». Le cours naturel des choses ne sera pas interrompu et, en premier lieu, Dieu donne à l’homme l’assurance que sa nourriture ne lui manquera pas ; car tant que seront les jours de la terre, les semailles et la moisson ne cesseront pas. Nous avons dans ce passage la première mention que la terre ne durera pas toujours. Mais elle sera remplacée par une nouvelle terre où la justice habitera.
Dieu recommence cette nouvelle phase de l’histoire de l’homme en bénissant Noé et ses fils, et leur disant, comme à Adam, de multiplier et de remplir la terre. L’Éternel avait commencé avec Adam, après la chute, en le revêtant d’un vêtement qui le rendit capable de se tenir devant Lui. Maintenant, la création tout entière subsiste en vertu de la bonne odeur du sacrifice que Noé offrit à l’Éternel en sortant de l’arche. Adam dominait sur tous les animaux selon l’autorité que Dieu lui avait donnée, comme chef sur cette création. Après le déluge, les animaux sont assujettis à l’homme par la crainte : « Vous serez un sujet de crainte et de frayeur pour tout animal de la terre… ils sont livrés entre vos mains ». Ce n’est pas la paix qui caractérisera le millenium, dont la création tout entière jouira, et à laquelle les pauvres animaux, craintifs et sauvages aujourd’hui, auront une part. Voyez, entre autres, És. 11:6-9 ; 65:25.
Une modification est encore apportée à la nourriture de l’homme. Avant la chute, il devait se nourrir de fruits (1:29). Après la chute, Dieu ajoute à sa nourriture « l’herbe des champs », les légumes. Après le déluge, la chair des animaux lui est donnée. Mais Dieu se réserve le sang, la vie, qui Lui appartient ; l’homme ne peut en manger. On voit la bonté de Dieu qui pourvoit à une nourriture plus substantielle, à mesure que l’humanité dégénère sous les effets du péché. La vie fut diminuée de moitié, et bientôt des deux tiers, pour arriver en peu de siècles à la longévité actuelle. Mais, si l’homme peut verser le sang des animaux pour se nourrir de leur chair, Dieu lui défend de verser le sang de l’homme : « Certes je redemanderai le sang de vos vies ; de la main de tout animal je le redemanderai, et de la main de l’homme ; de la main de chacun, de son frère, je redemanderai la vie de l’homme » (v. 5). Les animaux ne sont pas responsables comme l’homme, s’ils causent la mort d’un homme ; mais lorsque Dieu ordonna Ses statuts au peuple d’Israël, Il dit, en Exode 21:28, que le bœuf qui cause la mort d’un homme ou d’une femme doit être lapidé. Dieu affirme par cela que la vie appartient à Lui seul. Il est utile de remarquer que la défense de manger le sang n’est pas une ordonnance concernant seulement les chrétiens ou les Juifs, mais tout homme. Cette défense fut simplement renouvelée à Israël en Lév. 7:26 ; 17:12-13 — Deut. 12:16, 23 ; 15:23, et aux chrétiens en Actes 15:20, 29. Il y a des responsabilités auxquelles tous les hommes sont assujettis comme créatures de Dieu ; il y en a qui ne concernent que les Juifs, et d’autres que les chrétiens. Mais le chrétien doit observer tout ce que Dieu a imposé à l’homme en tant que créature de Dieu : tout ce qui concerne les relations naturelles, le travail, la défense de manger le sang, de répandre celui de l’homme et par conséquent de s’ôter la vie ; en un mot, tout ce qui concerne l’humanité. Le Seigneur a observé tout cela. On allègue souvent, pour s’autoriser à manger le sang, que l’apôtre Paul dit, en 1 Cor. 10:25 : « Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie ». Mais, selon la pensée de Dieu, il ne doit point se vendre de sang à la boucherie ; c’est défendu à celui qui le vend comme à celui qui le mange, qu’il soit chrétien ou non.
Une autre chose est introduite avec la défense de répandre le sang. Si Dieu dit qu’Il redemandera le sang de la main de celui qui l’a versé, il confie à l’homme l’exécution de cette sentence sur celui qui l’aura versé, disant : « Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car, à l’image de Dieu, il a fait l’homme » (v. 6). C’est ce qui constitue le gouvernement confié à l’homme en Noé ; ce qui n’existait pas dans le monde antédiluvien, où la violence se donnait libre cours sans crainte de répréhension. Dieu voulut mettre un frein à cette terrible disposition du cœur de l’homme que les eaux du déluge n’ont pas changé. C’est pourquoi l’épée est emblème de l’autorité que Dieu a confiée à l’homme. Paul dit du magistrat, en Rom. 13:4, qu’« il ne porte pas l’épée en vain ; car il est serviteur de Dieu, vengeur pour exécuter la colère sur celui qui fait le mal ». Donc la peine de mort est un ordre divin ; elle ne doit pas être abolie. Sous prétexte d’être plus sage et charitable que Dieu, les hommes l’ont supprimée, ce qui a pour effet de multiplier les crimes et de ramener, en pleine chrétienté, la violence qui caractérisait le monde avant le déluge. Hélas ! Tous les péchés accomplis dans les économies précédentes reparaissent en pleine chrétienté, malgré la pleine révélation que Dieu a faite de Ses pensées, en grâce et en vérité, dans le christianisme. Comparez Rom. 1:28-32 et 2 Tim. 3:1-5. Ce n’est pas seulement parce que la vie appartient à Dieu qu’il ne faut pas l’ôter, mais parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu. Puisque l’homme avait été placé dans ce monde comme représentant de Dieu, quoique cette image soit bien effacée, celui qui élève sa main contre lui l’élève contre Dieu. Dans son épître, chapitre 3:9, Jacques montre comme une chose fort grave de maudire l’homme, parce qu’il a été fait à la ressemblance de Dieu. Le maudire, c’est maudire Dieu. Que l’homme se soit dégradé par le péché n’autorise pas à agir contre lui en opposition à la pensée de Dieu en le créant. Il en est de même avec les créatures supérieures, les anges ; quoique déchus, ils doivent être considérés avec la dignité dont Dieu les a revêtus lorsqu’Il les créa. C’est pourquoi Michel l’archange ne prononça pas le jugement injurieux contre Satan, lorsqu’il contestait avec lui touchant le corps de Moïse ; mais il lui dit : « Que le Seigneur te censure » (Jude 9). Parce que, dans la hiérarchie angélique, Satan occupait une position supérieure à celle de Michel ; ce qui nous montre, comme nous le disions plus haut, que l’homme doit reconnaître les choses telles que Dieu les a faites ou instituées au commencement, et agir en conséquence. À l’égard du mariage, le Seigneur maintient ce qui était au commencement (Matt. 19:8 et Marc 10:6). Mais combien l’homme s’en est écarté à tous égards ! Mais le chrétien doit y revenir !
Après avoir investi Noé du gouvernement, l’Éternel dit : « Et vous, fructifiez et multipliez ; foisonnez sur la terre, et multipliez sur elle ». Autre ordre de Dieu dont les hommes ne tiennent pas compte ; ce qui a pour conséquence qu’au lieu de multiplier et de remplir la terre, certaines populations diminuent.
Dans les versets 8 à 17, l’Éternel expose à Noé l’alliance qu’Il établit avec lui et tout être vivant, pour l’assurer qu’Il ne les détruira plus par les eaux. Il place le signe de cette alliance dans la nuée. Lorsque les nuages apparaîtraient sur la terre pour y déverser la pluie, l’arc-en-ciel apparaîtrait aussi, assurant aux hommes que le déluge ne se renouvellerait pas. Les rayons du soleil, en traversant la pluie, formeraient l’arc-en-ciel, et Dieu se souviendrait de Son alliance entre Lui et toute chair. Nous avons en cela une image de ce qui s’est passé à la croix, où le soleil de la grâce brille pour l’homme au travers du jugement que le Sauveur endura pour le sauver. L’œuvre parfaite de Christ étant accomplie selon toutes les exigences de la majesté divine, Dieu s’en souvient et pardonne au pécheur repentant. C’est Dieu seul qui s’est engagé, dans l’alliance avec Ses créatures. Il n’y a pas deux parties contractantes, comme sous la loi, dont les résultats dépendaient de la fidélité des parties. L’homme, n’ayant pas tenu ses engagements envers Dieu, n’a pu obtenir la vie qui lui était promise. Les hommes ne se préoccupent guère de la signification de l’arc-en-ciel ; mais Dieu s’en souvient. Lorsque le trône de Dieu est dressé pour juger le monde, avant l’établissement du règne de Christ, l’arc-en-ciel apparaît autour du trône (Apoc. 4:3), pour montrer que, malgré les terribles jugements qui vont fondre sur les hommes, Dieu se souvient de Son alliance avec la création qui, après ces jugements, jouira des riches bénédictions millénaires. L’apparition de l’arc-en-ciel prouve qu’avant le déluge, il n’avait jamais plu, car ce phénomène absolument naturel aurait eu lieu alors.
Si la terre ne verra plus les eaux du déluge, elle est, comme dit Pierre, réservée pour le feu, emblème du jugement complet, comme nous l’avons déjà dit ; mais pour être remplacée par une nouvelle terre, celle des conseils de Dieu, où jamais le péché n’apparaîtra, au milieu des bienheureux qui la peupleront, et sur laquelle Dieu habitera dans Son tabernacle qui est l’Église, la sainte cité, la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21:2-4).
Nous venons de voir ce que Dieu fait pour le bien de Sa créature, récit dans lequel nous voyons percer le triomphe de la grâce, à travers les eaux du jugement. Mais, dans les versets qui suivent, nous voyons ce que l’homme peut faire ; tableau qui s’est reproduit chaque fois que Dieu a placé l’homme sous une nouvelle responsabilité. Noé abusa des biens qu’il pouvait retirer de la terre renouvelée, sur laquelle la malédiction de Dieu ne reposait plus comme après la chute. Il s’enivra avec le fruit de la vigne.
L’enivrement moral, dont celui du vin est une figure, ôte les sens et permet à l’homme de se montrer tel qu’il est ; il découvre sa nudité devant ses semblables. Il est dit, en Osée 4:11 : « La fornication, et le vin, et le moût, ôtent le sens ». Cette faute de Noé fut aussi l’occasion de manifester l’état de ses fils. La manière dont se conduisent ceux qui sont témoins des fautes de leurs frères montre aussi quel est leur état moral. Il y a une grande leçon à tirer de la conduite des fils de Noé vis-à-vis de leur père ; outre que les enfants doivent le respect à leur père quelle que soit sa conduite, d’après le principe dont nous avons parlé plus haut, reconnaissant les choses telles que Dieu les a créées, malgré les modifications survenues par le péché. Cham aurait pu couvrir son père sans dévoiler à ses frères ce qu’il avait fait ; car « l’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pierre 4:8). La médisance est un grave péché, plus grave encore s’il s’agit de ses proches. On se souille en le commettant, même en s’en occupant pour le bien de son frère. Médire, c’est rapporter le mal sans nécessité. Au chapitre 19 des Nombres, celui qui avait fait aspersion de l’eau de purification sur celui qui s’était souillé était souillé lui-même ; il devait laver ses vêtements (v. 21). Nous ne pouvons nous occuper du mal pour le bien de nos frères sans nous juger nous-mêmes, sachant que nous pouvons tomber dans les mêmes péchés. Tout contact avec le mal souille. Prenons-y garde !
L’irrévérence de Cham à l’égard de son père eut de terribles conséquences pour toute sa race ; tandis que le respect de Sem et de Japheth pour leur père eut des conséquences bénies. Dans l’Ancien Testament, il s’agit toujours du gouvernement de Dieu sur la terre, et non des résultats pour le ciel. Cham, ou Canaan, est maudit ; il deviendra l’esclave des esclaves de ses frères. De Sem, Noé dit : « Béni soit le Dieu de Sem, et que Canaan soit son esclave ». Et de Japheth : « Que Dieu élargisse Japheth, et qu’il demeure dans les tentes de Sem ; et que Canaan soit son esclave ». La bénédiction de Sem est la plus élevée. Dieu est appelé son Dieu. C’est de lui qu’est issu le peuple de Dieu, et duquel devait naître le Christ, le Sauveur du monde. Japheth sera élargi et demeurera dans les tentes de Sem. Il participera aux bénédictions qui viendront du peuple élu de Dieu. Nous verrons au chapitre suivant la répartition de la terre entre les descendants de ces trois fils de Noé telle qu’elle existe encore, malgré bien des modifications survenues.
Noé vécu trois cent cinquante ans après le déluge, ce qui porta les années de sa vie à neuf cent cinquante ans, une des plus longues existences parmi les patriarches. Il mourut deux ans avant la naissance d’Abraham. Comme Lémec, père de Noé, vécut plus de cinquante ans en même temps qu’Adam, Noé put raconter à Térakh, père d’Abraham, ce qu’Adam avait pu dire à son père Lémec. Ainsi pouvait se transmettre ce qui s’était passé dans l’espace de deux mille ans, par les hommes de quatre générations. Pour nous, nous en sommes encore plus sûrs parce que nous tenons ces choses par la Parole de Dieu.
Ce chapitre contient les générations des fils de Noé qui se répandirent sur la terre, à la suite de la tour de Babel. Les fils de Japheth viennent en premier. En prenant le pays de Canaan pour centre, les Japhéthites peuplèrent le nord et l’ouest, le long des côtes de la Méditerranée, ce qui est appelé les îles des nations. Le prophète Ézéchiel désigne les peuples qui viennent avec Gog pour la dernière invasion du pays d’Israël par les noms qui leur sont donnés dans ce chapitre (chapitres 37:38 et 39).
Il est donné plus de détails sur les descendants de Cham, à
cause des rapports qu’ils eurent avec Israël, soit l’Égypte, l’Assyrie et
Babylone, et parce qu’ils occupèrent les territoires que Dieu voulait donner à
Son peuple. Il eut quatre fils : Cush, Mitsraïm, Puth et Canaan. C’est de
Cush que descendirent les Égyptiens et les Éthiopiens. Ce fut lui qui engendra
Nimrod, dont le nom signifie rebelle
.
Il personnifie la puissance et l’importance de l’homme. Chaque fois que la
puissance de l’homme est nommée, ainsi que ses exploits, c’est dans
l’indépendance de Dieu. C’est ce que l’on a vu avec les descendants de
Caïn ; c’est aussi ce qui est rapporté des descendants d’Ésaü, au chapitre
36. Ce qui est grand selon Dieu n’a pas d’apparence au milieu des hommes ;
c’est dans le ciel qu’il en sera fait mention. Nimrod fut probablement le
premier roi. On voit en lui l’effort de l’homme opposé à Dieu. N’ayant pu se
faire un nom en construisant la tour de Babel, il veut s’en faire un en régnant
sur ses semblables, lorsque les hommes furent divisés. Il se maintint à Babel,
résistant à Dieu. C’est remarquable que ce fut un descendant de Cham ; il
semble qu’il voulut s’élever contre le jugement de Dieu prononcé sur lui à
cause de sa conduite vis-à-vis de son père. Il justifie son nom de rebelle
. C’était la rébellion contre
Dieu à tous égards. Hélas ! C’est ce qui caractérise le cœur de tout homme
en Adam.
Le royaume de Nimrod s’étendait dans le pays de Shinhar, dans les plaines de l’Euphrate où la tour de Babel avait été commencée. Ce fut lui qui bâtit Ninive, capitale célèbre des Assyriens, grand ennemi du peuple de Dieu. Babel est aussi nommé, ou Babylone, qui fut dès le début en piège et en opposition au peuple de Dieu. C’est un manteau de Shinhar qui tenta Acan, et qui fut cause de la première défaite du peuple en Canaan. C’est de Babylone que vinrent des hommes pour féliciter Ézéchias après sa guérison, auxquels il montra ses trésors plutôt que de leur parler de Celui auquel il devait sa guérison et sa délivrance des Assyriens ; ce qui eut pour conséquence que tous ses trésors furent transportés à Babylone. Babylone est devenue la figure du monde puissant, tentateur et oppresseur du peuple de Dieu. Elle est comme l’expression de l’Église mondaine sur laquelle tombent les jugements de Dieu, en Apoc. 18, au moment où la vraie Église va apparaître et où le règne de Christ va être établi. Canaan a aussi, avec ses descendants, une mention spéciale, lui qui encourut comme malédiction d’être esclave des esclaves de ses frères. Avait-il été impliqué dans la faute de son père Cham ? C’est possible, puisque son jugement est spécifié. C’est de lui que descendirent les peuples qui habitèrent le pays qui porte son nom. Ces pays sont désignés au verset 19 ; ce sont ceux que conquirent les fils d’Israël sous Josué. On voit comment Dieu avait les yeux sur la terre qu’Il voulait donner à Son peuple, ainsi qu’il est dit en Deut. 32:8 : « Quand le Très-haut partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël ».
Il est possible que la condition des noirs provienne du jugement prononcé sur Canaan. Mais ils ne sont pas les seuls descendants de Canaan.
Les versets 21 à 31 nous donnent la descendance de Sem au point de vue des territoires qu’ils ont occupés. Ce fut dans les jours de Péleg, cinquième génération depuis Noé, que la division des peuples eut lieu par la confusion des langues, lors de la tour de Babel, alors que Noé vivait encore. Ces peuples Sémites peuplèrent plutôt l’orient et le centre, de même que plusieurs descendants de Cham. Ce chapitre 10 donne la généalogie des fils de Noé au point de vue des territoires qu’ils occupèrent, car ils avaient de l’importance pour Dieu ; comme, au chapitre suivant, la généalogie de Sem est donnée au point de vue de la famille d’où le Christ devait venir, l’homme des conseils de Dieu. Plus nous considérons la Genèse, plus nous voyons combien elle contient en principe tout ce qui est exposé ensuite dans la Bible.
Les versets 1 à 9 de ce chapitre font partie du sujet du chapitre précédent. C’est dans le temps de ces générations que les hommes voulurent bâtir la tour de Babel. Comme la famille sortie de l’arche se multipliait, ils émigrèrent vers les contrées de l’orient, ou situées à l’orient du pays de Canaan, et trouvèrent la belle et fertile plaine de Babylone, dans le pays de Shinhar. Dieu avait ordonné aux fils de Noé de multiplier et de remplir la terre. Pour cela, il fallait obéir et se disséminer, en ayant affaire avec Dieu qui s’occupait des hommes avec bonté. Ils en avaient eu la preuve par la préservation de Noé et de sa famille au travers des jugements qui étaient tombés sur les méchants. Dieu avait amené du soulagement dans la condition de l’homme. En ayant vu la bonté de Dieu et les conséquences terribles de la méchanceté du cœur naturel, ils auraient dû être confiants en Dieu et dépendants de Lui, d’autant plus qu’Il avait assuré que, tant que la terre durerait, l’homme y trouverait sa subsistance, et que le déluge ne reviendrait pas. Dans la mesure où l’homme abandonne Dieu et Le méconnaît, il prend de l’importance et veut se faire un nom ; c’est ce que prouve son histoire, depuis Caïn jusqu’à l’homme qui prendra la place de Dieu dans Son temple. Au lieu de se confier en Dieu, ils disent : « Allons, bâtissons-nous une ville…, et faisons-nous un nom, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre ». On sent qu’ils avaient conscience qu’ils devaient se disperser, mais qu’ils ne le voulaient pas. Nous avons dans ce fait le grand principe de l’indépendance, qui conduit à celui de l’association. L’homme sent sa faiblesse et, au lieu de compter sur Dieu, il recherche le secours en lui-même et ses semblables. S’étant associé, il se croit fort. Ce principe s’est développé dans l’histoire de l’homme, aujourd’hui plus que jamais, et jusqu’au jugement prochain. Tandis que le croyant de tous les temps est appelé à se confier en Dieu seul. En parlant des temps à venir, le prophète Ésaïe dit : « Associez-vous, peuples, et vous serez brisés… Ceignez-vous, et vous serez brisés ! Prenez un conseil, et il n’aboutira à rien ; dites la parole, et elle n’aura pas d’effet : car Dieu est avec nous ». Dieu sera avec le faible résidu d’Israël, qui aura contre lui l’association de puissantes nations, qui seront détruites par la présence du Seigneur. Il dit au résidu : « Ne dites pas conjuration, de tout ce dont ce peuple dira conjuration — ou association — et ne craignez pas leur crainte, et ne soyez pas effrayés ; l’Éternel des armées, lui, sanctifiez-le, et que lui soit votre crainte, et lui, votre frayeur ; et il sera pour sanctuaire » (És. 8:9-17). Si les hommes d’alors avaient craint l’Éternel au lieu de craindre de Lui obéir, ils auraient peuplé la terre en faisant l’expérience de Sa bonté envers les fils de hommes (Ps. 107:8). Dieu les laissa prendre les mesures que leur dictait leur prévoyance, mais pour leur propre confusion. Voyant qu’ils ne seraient pas empêchés d’accomplir ce qu’ils se proposaient, ayant un même langage, La Trinité se concerte, pour ainsi dire, comme pour créer l’homme (1:26). L’Éternel dit : « Allons, descendons, et confondons là leur langage, afin qu’ils n’entendent pas le langage l’un de l’autre ». Ne pouvant plus se comprendre, « ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on appela son nom Babel — ou confusion — car là l’Éternel confondit le langage de toute la terre ; et de là l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre ».
C’est ainsi que se formèrent les diverses nations. Ceux qui parlaient le même langage se groupèrent et peuplèrent la même contrée. C’est avec la formation des nations que, vraisemblablement, l’idolâtrie apparut. Au lieu de craindre Dieu et de s’attendre à Lui, ils Le redoutèrent, à cause de leur mauvaise conscience. Ils se firent des dieux pour les protéger et leur accorder les désirs de leur cœur. C’est ce que l’homme exige toujours de Dieu : qu’Il les protège et leur accorde ce qu’ils désirent. Dieu ne peut le faire ; alors Satan dit : Je le ferai. Les démons se cachent derrière l’idole, faisant croire aux hommes qu’ils les satisferaient. Mais, ayant abandonné Dieu, ils furent livrés à eux-mêmes et à leurs passions, comme l’apôtre Paul le dit en Rom. 1. C’est dans le livre de Josué, 24:2 et 14:15, que nous apprenons que les hommes de ce temps-là s’étaient voués à l’idolâtrie. C’est pourquoi Dieu appela Abram à sortir de son pays et de sa parenté, pour se former un peuple qui gardât la connaissance du vrai Dieu, puisque l’homme l’avait remplacé par Satan et ses anges.
On est heureux de voir, au chapitre 2 des Actes, la contrepartie du jugement exécuté à Babel. Afin que l’évangile pût être annoncé à toutes les nations, l’Esprit de Dieu donna aux hommes la capacité de s’exprimer en langues diverses, pour porter à tous les peuples la bonne nouvelle du salut. Dans nos jours, Dieu a donné la facilité de traduire la Bible, toute ou en partie, en plus de mille langues. Ainsi, les Écritures peuvent se répandre en tous lieux.
Dans les versets 10 à 32, nous avons la généalogie des fils de Sem, qui fait suite à celle du chapitre 5. Elle va jusqu’à Abram, souche de la promesse, le père des croyants, pour la terre et le ciel. Rien n’est dit de l’histoire de ces hommes qui furent témoins des progrès du mal et de la construction de la tour de Babel, puisque Noé ne mourut que deux ans avant la naissance d’Abram, et Sem après la naissance d’Isaac. Héber, d’où vient le nom d’Hébreu, mourut après Abram, et après la naissance de Jacob.
Il est donné des indications détaillées sur la famille de Térakh, père d’Abram. Abram est nommé avant ses frères, quoiqu’il fût le plus jeune, parce que c’est lui que Dieu avait en vue pour l’accomplissement de Ses conseils. Son père avait cent trente ans lorsqu’il naquit (v. 32 et 12:4). Par les versets 31 et 32, on pourrait croire que Térakh était venu de son propre chef depuis Ur des Chaldéens à Charan. Mais Étienne, dans son discours au chapitre 7 des Actes, donne ce qui complète ce qui est dit au verset 1 du chapitre 12. C’était Abram qui était appelé, et non son père. Il aurait dû quitter sa parenté. Il dut demeurer à Charan jusqu’à la mort de son père. On comprend que, dans la vie patriarcale où tous étaient soumis au plus ancien, il était difficile à Abram de quitter son père, qui conserva son autorité sur lui, et qu’il dut prendre Lot, orphelin protégé par son grand-père. C’était la première fois qu’un homme était appelé à quitter pays et famille. Le verset 30 mentionne que Sara était stérile, pour faire ressortir la puissance de Dieu. L’instrument par lequel Dieu voulait avoir un peuple nombreux était là, mais stérile. Si l’homme n’est rien, Dieu peut tout. C’est Son œuvre, qui sera manifestée dans la gloire éternelle, dans ce temps où il sera dit : « Qu’est-ce que Dieu a fait ? » (Nomb. 23:23).
Ce chapitre commence une nouvelle phase des voies de Dieu, pour aboutir à l’accomplissement de Ses conseils. Jusqu’ici, Dieu s’était occupé de l’ensemble des hommes avec bonté ; mais ils n’ont tenu aucun compte de leur responsabilité envers Lui, soit avant, soit après le déluge. Dieu avait confié le gouvernement à Noé pour réprimer la violence ; mais c’est la volonté propre, l’indépendance et, hélas, l’idolâtrie, qui ont caractérisé ses descendants. Mais, au-dessus de cette triste scène, Dieu avait Ses conseils arrêtés qu’Il voulait accomplir.
De ce monde formé en nations diverses depuis la dispersion de Babel, Dieu appela Abram à sortir de son pays et de sa parenté pour venir au pays qu’Il lui montrerait. Jusque-là, Dieu s’était occupé des hommes où ils se trouvaient. Il y avait eu des croyants, mais ils étaient laissés dans le milieu où ils vivaient. Maintenant, Dieu laisse suivre les hommes dans leurs propres voies, et Lui accomplira les Siennes.
L’appel d’Abram est un fait nouveau ; il s’agit de quitter un monde jugé en principe pour marcher par la foi en la parole de Dieu. Cet appel est un type de l’appel céleste, appel de l’Église. Il eut lieu pour l’accomplissement des pensées de Dieu à l’égard de la terre qu’Il veut bénir un jour, comme l’appel céleste est en vue des bénédictions spirituelles et éternelles dans les lieux célestes. Mais c’est au moyen de la semence d’Abraham, le Christ, que les bénédictions terrestres et célestes auront leur accomplissement. Un appel implique qu’il faut tout quitter pour suivre Celui qui appelle, qu’il s’agisse d’Abram ou des chrétiens. C’est une marche de foi, jusqu’à l’accomplissement de ce qui est promis.
Dieu s’était révélé à Abram lorsqu’il était encore à Ur des
Chaldéens. Il lui avait fait des promesses, que nous lisons aux versets 2 et 3.
Mais il n’avait pas eu la force de quitter entièrement sa parenté ; il
avait quitté son pays, et il dut rester à Charan jusqu’à la mort de son père.
La marche de foi est individuelle ; c’était Abram qui avait été appelé.
Dieu lui fit de belles promesses : Il deviendrait une grande nation ;
il serait une bénédiction ; en lui toutes les familles de la terre
seraient bénies. Les familles de la terre avaient prouvé, par leur conduite,
qu’elles ne pouvaient être bénies ; mais Dieu avait un moyen par lequel
elles le seraient. Il faut remarquer que toutes les promesses faites à Abram et
renouvelées à Isaac et à Jacob sont inconditionnelles. C’est Dieu Lui-même qui
s’engage à les accomplir. Tandis que les bénédictions qui reposent sur le
principe d’obéissance du peuple d’Israël n’ont pas pu avoir leur
accomplissement, savoir vivre et jouir du pays de Canaan. Jusqu’au chapitre 19
de l’Exode, l’Éternel avait usé de grâce envers le peuple depuis sa sortie
d’Égypte, l’ayant porté, comme Il dit au verset 4, sur des ailes d’aigle. À ce
moment-là, Dieu leur proposa la loi, qu’ils acceptèrent en disant :
« Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons ». Ils auraient dû dire
qu’ils n’étaient pas capables de l’accomplir et demander à Dieu de continuer à
les conduire comme Il l’avait fait jusque-là. La loi fut violée avant même que
Moïse descendît de la montagne ; et, comme nous le savons, l’histoire de
ce peuple fut déplorable, ce qui est l’histoire de tout homme, car c’est par ce
peuple que Dieu fit l’expérience de ce que vaut l’homme en Adam. Tandis que
tout ce que Dieu a promis sans condition s’accomplira, non à cause de la
fidélité de l’homme, mais à cause de Sa propre fidélité, parce que l’œuvre de
Son Fils, semence d’Abraham, le rendra possible. C’est sur Lui que l’œil de
Dieu se reposait en faisant des promesses inconditionnelles. Au chapitre 22,
après le sacrifice du fils unique, d’Isaac, type de Christ ressuscité, Dieu
renouvelle Ses promesses et dit : « Et toutes les nations de la terre
se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix ». Cette semence
est Christ, comme l’apôtre le dit aux Galates, chapitre 3:16. Toutes les
promesses faites à Abraham s’accompliront dans le millenium, sous le règne de
Christ. C’est pourquoi le Seigneur dit : « Abraham, votre père, a tressailli
de joie de ce qu’il verrait mon jour ; et il l’a vu, et s’est
réjoui » (Jean 8:56). En se réjouissant en la promesse, Abraham se
réjouissait en Celui par qui elle s’accomplirait ; ainsi, il voyait le
jour de Christ. Dieu attribue toujours à la foi tout ce qu’Il lui donnera.
C’est ainsi qu’il est aussi dit d’Abraham qu’« il attendait la cité qui a les
fondements » (Héb. 11:10). Pour marcher par la foi, il ne s’agit pas de tout
comprendre, mais de croire Dieu
. En
croyant Dieu, on croit à tout ce qu’Il peut encore dire et à tout ce qu’Il peut
faire.
Dieu avait dit à Abram de venir au pays qu’Il lui montrerait. Il obéit et il arriva jusqu’à Sichem, dans la plaine de Moré. Mais le Cananéen habitait dans le pays, où il demeura encore longtemps. Au lieu de mettre Abram en possession du pays, Dieu lui dit qu’Il le donnerait à sa semence. C’est toujours la foi qui doit être active ; mais cela suffit à Abram. Il dresse sa tente, et il bâtit un autel à l’Éternel qui lui était apparu. Deux choses caractérisent sa position : sa tente et l’autel. La tente montre qu’il est voyageur, et l’autel est le lieu du culte. Abram n’a pas besoin d’autre chose ; il est en communion avec Dieu, et Sa parole lui suffit. La foi de ce patriarche est admirable. Il quitte tout pour venir dans un pays inconnu ; et, lorsqu’il y est, il apprend qu’il sera pour sa semence. Tandis que nous, participants à l’appel céleste, nous sommes appelés à quitter ce monde, mais pour nous acheminer vers un pays connu, dont le chemin a été frayé par Christ au travers de la mort, dont Il est ressuscité, et qui est entré dans le ciel comme notre précurseur, d’où Il nous a envoyé l’Esprit Saint, pour nous accompagner et nous faire connaître les gloires du pays de la promesse, qui sont les gloires de Christ. Quel avantage nous avons sur le père des croyants ! Personne ne lui avait frayé le chemin ; mais tout se trouvait, pour lui, en Celui qui était l’objet de sa foi : le Dieu de gloire qui lui était apparu, comme le dit Étienne aux Juifs. Dieu était sa part. Ce même Dieu, révélé en Son Fils, est le nôtre. Nous pouvons vivre en étrangers ici-bas, par la foi, en attendant d’être introduits dans la Canaan céleste dont nous savourons déjà les fruits par le Saint Esprit. Le monde au milieu duquel nous sommes étrangers est à nous ; nous en jouirons lorsqu’il sera entre les mains de Christ. Pour le moment, ce sont les hommes de ce monde qui y habitent, croyant en être les possesseurs, comme alors les Cananéens ; mais, comme eux, ils seront détruits, quand la patience de Dieu aura pris fin et que l’Église sera enlevée.
Abram s’avança dans le pays entre Béthel et Aï, où il dresse sa tente, et bâtit un autel à l’Éternel, et invoqua Son nom. Ce nom suffit. Il est la ressource du fidèle, conscient de sa faiblesse et n’ayant rien sur la terre, comme nous l’avons vu avec Seth (4:26) ; nom glorieux qui est l’expression de Celui qui est nommé.
Dans les versets suivants, la scène change. Si ce monde est le lieu où se réalise la marche de la foi, c’est aussi le lieu de l’épreuve, où l’on est exposé à tourner les regards vers les choses visibles. Une famine survint. Celui qui avait fait les promesses pouvait nourrir Abram durant la famine, ainsi que nous le lisons au Ps. 33:18 et 19 : « Voici, l’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s’attendent à sa bonté, pour délivrer leur âme de la mort, et pour les conserver en vie durant la famine ». Abram s’était acheminé vers le midi, et « il descendit en Égypte…, car la famine pesait sur le pays ». La foi aux promesses est la même que pour les besoins de chaque jour. Dieu en est l’objet ; Il s’est chargé de tout ce qui concerne Ses bien-aimés. Il arrive souvent que l’on se confie en Dieu pour les choses éternelles, et que l’on manque de foi pour les choses présentes.
L’Égypte est une figure du monde avec ses ressources. C’est un pays dont la fertilité ne dépend pas des pluies comme le pays de Canaan, « qui boit la pluie qui vient des cieux », dit Moïse, en Deut. 11:10-15. Les ressources de l’Égypte provenaient du Nil, dont les eaux débordaient et fertilisaient le sol. Qu’il y ait des pluies ou non, les récoltes étaient toujours assurées. Le monde a ses ressources ; il ne dépend pas de Dieu. Il prend ses mesures pour parer à tout, et le croyant est exposé à y puiser, au lieu d’avoir affaire avec Dieu pour tous ses besoins. On voit constamment, dans l’histoire du peuple de Dieu, combien l’Égypte l’a attiré, alors qu’il aurait dû s’attendre à Dieu seul. Abram était au début de la marche de la foi ; il avait des expériences à faire dans un tel chemin. Seulement, un faux pas en amène un autre. Dès que l’on entre sur le terrain du monde, tout est compliqué ; on est laissé à ses propres forces et à sa propre sagesse pour faire face aux difficultés qui se présentent. Pour cela, on agit selon les principes du monde, étant sur son terrain ; car, si l’on compte sur ses ressources, il faut aussi adopter ses procédés, car on ne peut compter sur Dieu pour être gardés, dans le chemin de la désobéissance. Abram, connaissant l’immoralité des hommes, craint pour sa vie en disant que Saraï est sa femme. Ce qu’il prévoyait arriva ; un mensonge le tira d’affaire, mais sa femme fut emmenée dans la maison du Pharaon. Si Abram avait eu affaire avec Dieu pour ce qu’il craignait, Dieu lui aurait dit de retourner en Canaan. C’est là où il pouvait compter sur Sa protection.
Matériellement, tout alla bien pour Abram. Pharaon le traita bien à cause de Saraï, et il eut de grands biens. C’est ce qui peut arriver pour un temps au croyant qui abandonne sa dépendance de Dieu, trouvant plus commode de puiser aux ressources du monde. Le monde le favorise, et il peut avoir l’illusion de la réussite. Mais quant à son âme, ses progrès spirituels, son témoignage, quel en sera le bilan ? Un temps perdu. Il faut revenir en arrière, comme Abram dut le faire, jusqu’au point de départ (13:3 et 4). Ce qui est arrivé à Abram, et qui arrive si souvent au chrétien, est arrivé à l’Église. Elle a renié sa relation avec Christ ; elle s’est alliée au monde, et elle a été bien traitée par lui, à un tel point que ce n’est plus l’Église qui est dans le monde, c’est le monde qui est en elle avec toutes ses richesses, telle qu’elle est décrite en Apoc. 18, en même temps que son jugement. Mais Dieu est fidèle ; Il veillait sur Son élu. Si nous L’oublions, Il ne nous oublie pas. Il frappa de grandes plaies la maison du Pharaon à cause de Saraï ; et Pharaon la rendit à Abram en lui reprochant son mensonge. Il lui dit : « Maintenant, voici ta femme : prends-la, et va-t’en ». C’est toujours humiliant d’être repris par le monde. Dieu ne permit pas qu’il lui soit fait aucun mal. « Et le Pharaon donna ordre à ses gens à son sujet, et ils le renvoyèrent, lui, et sa femme, et tout ce qui était à lui ». Dieu accomplit ce que dit le psaume 105:14, 15 : « Il ne permit à personne de les opprimer, et il reprit des rois à cause d’eux, disant : Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes ». Cela peut étonner, qu’un jugement ne soit pas tombé sur Abram ; mais Dieu avait affaire avec lui. Il n’est pas dit par quels exercices d’âme il a passé durant son séjour en Égypte. Mais il était un élu ; de là le prix qu’il avait pour le cœur de Dieu, qui faisait son éducation spirituelle. Un élu a plus d’importance pour Dieu que le monde entier. Et c’est ce qui devrait avoir aussi de l’importance pour celui qui sait qu’il est un élu de Dieu. Il doit être conséquent avec une telle dignité.
Et Abram monta d’Égypte, « jusqu’au lieu où était sa tente au commencement, entre Béthel et Aï, au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant ; et Abram invoqua là le nom de l’Éternel ». Par le retour d’Abram au lieu où était son autel, la Parole nous enseigne que, lorsque nous avons péché, que nous nous sommes égarés de quelque manière que ce soit, nous devons revenir au point où nous avons abandonné le chemin de Dieu pour suivre notre volonté. Il faut juger non seulement le mal commis, mais les causes du mal ; juger ses voies, pour recommencer tout à nouveau avec Dieu. Il y a quelquefois peu de rapport entre les causes du mal et le mal lui-même. Le Seigneur ne reproche pas à Pierre de l’avoir renié ; mais Il le conduit à juger la cause de son reniement, qui était la confiance en son amour pour le Seigneur. Il lui dit : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » ; car il avait dit : « Si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi » (Marc 14:29).
On voit, dans cette faute d’Abram, la perte de la communion avec Dieu dans le chemin de son propre choix ; car il n’est pas question d’autel en Égypte. Mais, lorsqu’il est revenu au lieu où était son autel au commencement, il invoqua le nom de l’Éternel ; la communion était rétablie.
Dans leur séjour en Égypte, Abram et Lot avaient amassé de grands biens, qui suscitèrent des difficultés et nécessitèrent la séparation de ces deux hommes. Si Satan favorise matériellement le croyant qui abandonne la marche de la foi, il augmente pour autant la difficulté de cette marche, une fois revenu sur le terrain de l’obéissance ; car les biens matériels sont souvent encombrants pour la marche de la foi, à moins que le cœur soit vraiment engagé dans le chemin du Seigneur.
Il y avait aussi une autre cause de difficulté pour qu’Abram
puisse continuer sa marche avec Lot ; c’est que Lot n’était pas appelé
comme Abram. Il l’avait suivi. Il était un croyant ; l’Esprit de Dieu
l’appelle « un juste », en 2 Pierre 2:7. Mais, pas exercé pour
marcher par la foi, il suivait Abram pendant que les circonstances s’y
prêtaient, ce qui arrive souvent, surtout aux enfants des croyants. Mais dès
qu’il s’agit de marcher à sa propre responsabilité, le cœur n’ayant pas été
exercé avec Dieu, ce sont les choses extérieures qui gouvernent. Leur bien était
grand ; ils ne pouvaient habiter ensemble. Et il y eut querelle entre
leurs bergers. Et il est dit : « Et le Cananéen et le Phérézien
habitaient alors dans le pays ». La même mention est faite au verset 7 du
chapitre 12, pour montrer qu’Abram, arrivé au pays que l’Éternel lui avait
montré, ne le recevait pas immédiatement en possession, car le Cananéen y
demeura encore quatre cents ans. Ici, c’est pour montrer combien il est grave
que des frères aient des disputes entre eux en présence des habitants du pays,
en présence du monde. Aussi Abram dit à Lot : « Qu’il n’y ait point,
je te prie, de contestation entre moi et toi, et entre mes bergers et tes
bergers, car nous sommes frères
».
Les frères doivent marcher unis et dans l’amour, en présence du monde. Les
difficultés proviennent souvent de ce que l’on recherche ses propres intérêts
et non ceux d’autrui, ce que fait le monde, qui doit voir le chrétien
désintéressé des choses matérielles parce que ses biens sont célestes. La
séparation devenait nécessaire. Abram dit à Lot : « Si tu prends la
gauche, j’irai à droite ; et si tu prends la droite, j’irai à
gauche ». Par cette offre, Abram fait preuve du plus grand
désintéressement. Il n’a rien à choisir, parce que Dieu est sa part. Où que ce
soit qu’il aille, Dieu est avec lui ; c’est sur Sa bénédiction qu’il
compte. Il a fait en Égypte l’expérience d’un chemin sans Dieu ; aussi,
maintenant, la valeur du pays lui importe peu, pourvu que Dieu soit avec lui et
qu’il ait son autel. Il n’en était pas ainsi pour Lot. N’ayant pas eu affaire
personnellement avec Dieu, il ne choisit ni la droite, ni la gauche. Il leva
ses yeux, non vers Dieu, mais vers la plaine du Jourdain, « qui était
arrosée partout, avant que l’Éternel détruisît Sodome et Gomorrhe, comme le
jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte, quand tu viens à Tsoar ». Les
motifs de son choix étaient les avantages matériels. Il avait apprécié
l’Égypte, où l’on ne dépend pas de Dieu, où les récoltes sont assurées, que le
temps soit favorable ou non. Cette plaine était arrosée partout, comme le pays d’Égypte
; c’est ce
qui avait du prix pour Lot. Ce n’était pas la séparation qui était une mauvaise
chose ; c’étaient les motifs qui déterminaient le choix de Lot. Ces deux
hommes pouvaient vivre séparés, mais dépendants de Dieu l’un et l’autre. L’œil
de Lot n’étant pas net — l’œil net est celui qui n’a pas d’autre motif pour
agir que Dieu Lui-même, Christ pour le chrétien — il ne discernait pas que
cette contrée si fertile était habitée par des hommes méchants, « grands
pécheurs devant l’Éternel », sur qui les jugements de Dieu allaient
tomber. Il est de toute importance de rechercher la pensée de Dieu pour toute
décision, pour ne pas se laisser gouverner par des attraits extérieurs. Pour
discerner la volonté de Dieu, il faut toujours examiner, premièrement, dans Sa
présence, quels sont les motifs qui nous feraient agir. S’ils ont l’approbation
de Dieu, nous pouvons aller de l’avant ; sinon, il ne faut rien faire. En
recherchant la pensée de Dieu, nous sommes dirigés par Lui, qui connaît
l’avenir. Lot pouvait ne pas savoir que les hommes de Sodome étaient de grands
pécheurs devant l’Éternel, ni que les jugements de Dieu allaient fondre sur
eux. Mais l’Éternel le savait, et Il n’aurait certainement pas conduit Lot vers
eux. Lot abandonna le caractère d’étranger qu’il avait eu avec Abram, et il
échangea la tente du voyageur et, par conséquent, l’autel, contre la ville. Il
habita les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu’à Sodome où, même,
il était assis à la porte, faisant partie des autorités, lorsque les anges
vinrent le faire sortir avant de détruire la ville (chap. 19). Il arrive
fréquemment au chrétien gouverné par des motifs matériels de s’associer au
monde, parce qu’il fait comme lui. Il n’y a que la foi active qui puisse nous
garder dans la séparation du mal sous toutes ses formes, parce qu’elle saisit
les choses glorieuses et célestes qui satisfont le cœur. Le chrétien peut dire,
comme au Psaume 16 : « L’Éternel est la portion de mon héritage et de
ma coupe ; tu maintiens mon lot » (v. 5 et suivants). Tandis que, au
verset 4, « Les misères de ceux qui courent après un autre seront
multipliées ». C’est ce qui arriva à Lot. Tous ses biens ont pris fin sous
le jugement des villes qu’il avait choisies, comme les biens de ce monde
prendront fin sous les jugements de Dieu. C’est pourquoi l’apôtre Pierre
dit : « Toutes ces choses devant donc se dissoudre, quelles gens
devriez-vous être en sainte conduite et en piété, attendant et hâtant la venue
du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu seront dissous et les éléments
embrasés se fondront » (2 Pierre 3:11-12).
Lorsque Lot se fut séparé d’Abram, l’Éternel encouragea la foi de Son serviteur en lui disant : « Lève tes yeux, et regarde, du lieu où tu es, vers le nord, et vers le midi, et vers l’orient, et vers l’occident ; car tout le pays que tu vois, je te le donnerai, et à ta semence, pour toujours ». Lot aussi avait levé ses yeux, mais non pas sur l’ordre de Dieu. Tandis qu’Abram pouvait considérer le pays dans toute son étendue, non comme objet de son choix, mais pour le recevoir de la main de l’Éternel. C’est tout autre de recevoir quelque chose de la main de Dieu, ou de le prendre soi-même. Ce pays était assuré à sa semence, qui serait comme la poussière de la terre, c’est-à-dire innombrable. « Lève-toi, lui dit l’Éternel, et promène-toi dans le pays en long et en large, car je te le donnerai ». C’est aussi ce que peut faire le chrétien en attendant d’arriver dans la Canaan céleste. Il peut prendre connaissance de tout ce qu’il possède, par la puissance du Saint Esprit, ce qui lui permet de traverser ce monde en étranger et voyageur. L’apôtre dit, en Éph. 3:16-19 : « Il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, et que vous soyez fondés et enracinés dans l’amour ; afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance ; afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (v. 16-19). Dès que le croyant réalise qu’il est étranger ici-bas et que Dieu est sa part, il reçoit une révélation toujours plus grande de Lui-même et de tout ce qu’il possède par la foi, qui le rattache de plus en plus au ciel, en lui faisant considérer comme une perte, et même des ordures, tout ce qui le prive de Christ, objet de ses affections pour le temps et l’éternité.
De Béthel, Abram vint habiter auprès des chênes de Mamré, à Hébron ; et il bâtit là un autel à l’Éternel. Sa communion avec l’Éternel s’affermit, à mesure qu’Il se révèle à lui et qu’Il lui renouvelle Ses promesses, en attendant « la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur » (Héb. 11:10).
Les conséquences d’une marche de foi ou d’une marche charnelle sont bien différentes. C’est ce que nous sommes appelés à considérer avec l’histoire de ces deux hommes, tous deux des croyants. La postérité d’Abram serait comme la poussière de la terre, et elle posséderait le pays à toujours. Tandis que Lot n’eut point de part au pays ; il perdit tous ses biens ; et quelle fut sa postérité ? Les Moabites et les Ammonites, d’une humiliante origine, deux nations ennemies du peuple de Dieu, toujours en guerre avec lui.
Il faut toujours, en toutes choses, considérer la fin ; nous la voyons, dans la marche de ces deux hommes. Si nous ne pouvons pas la discerner au début d’une route, il faut avoir affaire avec Dieu, qui en connaît la fin et tout ce que nous y rencontrerons. Il nous guidera sûrement pour arriver à la bénédiction finale. La marche du croyant est une marche de foi ; donc il ne voit rien à l’avance ; mais il a la Parole de Dieu pour le conduire pas à pas, à mesure qu’il avance. Combien il est important de considérer cela au début de sa carrière, se souvenant de ce que dit le psalmiste : « Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? Ce sera en y prenant garde selon ta parole » (Ps. 119:9).
Dans la première partie de ce chapitre, nous avons un aperçu de ce qui se passait dans le monde formé par les descendants de Noé. L’homme, toujours envieux, égoïste et méchant, ne peut être satisfait de ce qu’il a et, avec les pieds légers pour répandre le sang, il sait trouver des prétextes pour faire la guerre. Elles ne cesseront que sous le règne de justice et de paix, alors que le Seigneur paîtra les nations avec une verge de fer et que l’on n’apprendra plus la guerre (És. 2:4 — Mich. 4:3). La Parole de Dieu, en mentionnant ces guerres, n’a pas d’autre intérêt que ce qui concerne un croyant, le pauvre Lot, qui se trouvait par sa propre faute au milieu de ce monde impie. Mais Dieu n’abandonne pas les Siens, malgré leurs infidélités. On voit, dans toute la Parole, que, lorsque des individus ou des nations figurent dans un récit, c’est parce qu’ils sont en rapport avec le peuple de Dieu d’une manière ou d’une autre. Car un croyant, ou le peuple de Dieu, fût-il même désobéissant, a plus d’importance pour Dieu que le monde.
Après avoir dressé ses tentes jusqu’à Sodome, où les hommes étaient méchants et grands pécheurs devant l’Éternel, Lot vint y habiter (v. 12). Il n’est pas possible de convoiter les choses d’ici-bas et de trouver en elles sa satisfaction sans s’allier au monde et marcher comme lui. Ainsi, le croyant est privé de l’énergie spirituelle nécessaire pour demeurer moralement séparé, tout en vivant dans le monde. Le Seigneur dit à Son Père : « Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal » (Jean 17:15). Étant mêlé avec le monde, il faut inévitablement partager ses malheurs, s’exposer à voir disparaître ses biens ; tandis qu’ayant Dieu pour sa part, tel qu’Abram, le croyant possède des biens que l’ennemi ne peut pas lui ravir. Les rois de la plaine sont battus, et leurs vainqueurs pillèrent les biens et emmenèrent le peuple, et Lot avec eux. On voit déjà un commencement des jugements de Dieu sur ces villes impies qui, plus tard, furent détruites, n’ayant pas profité des avertissements que Dieu leur donnait ; et, hélas, Lot non plus, puisqu’on le retrouve à la porte de Sodome, au chapitre 19, c’est-à-dire au lieu où siégeaient les autorités.
Abram, apprenant que son frère Lot avait été emmené captif, mit en campagne tous ses hommes exercés, trois cent dix-huit, nés dans sa maison, et poursuivit ces rois, qu’il atteignit, et les frappa. Puis il ramena Lot et tout son bien et tout le peuple. Abram pouvait être utile à son frère parce qu’il se tenait à part du monde au milieu duquel Lot avait pris place. Il en est ainsi de tout croyant. Un frère doit toujours être ému de compassion envers son frère dans le malheur, qu’il s’y trouve par sa propre faute ou par une dispensation quelconque de Dieu. Abram fut ému lorsqu’il apprit que Lot son frère était dans le malheur. Il ne l’appelle pas son neveu, mais son frère. Il peut arriver qu’en apprenant le malheur d’un frère, résultant de ses propres fautes, au lieu d’en avoir franchement pitié, on dise qu’il n’a que ce qu’il mérite. C’est l’affaire de Dieu de dispenser Ses châtiments. Jamais un chrétien ne doit rester indifférent en présence du malheur de son frère, quelle qu’en soit la cause. On voit quel châtiment terrible atteint Édom, pour s’être réjoui en voyant le malheur de Jérusalem (lisez Abdias : 10-14).
Si Abram était dans un bon état qui lui permettait de porter secours à son frère, il n’était pas moins l’objet de la vigilance de Satan, le grand ennemi des croyants, qui cherche toujours à leur nuire. Il ne faut jamais perdre de vue cela, car c’est souvent après une victoire que l’on est le plus exposé aux attaques de l’adversaire. Comme Abram revenait en vainqueur, le roi de Sodome se préparait à venir le rencontrer dans la vallée de Shavé, ou du roi, pour lui offrir les biens qu’il avait ramenés, gardant pour lui les personnes, en reconnaissance du grand service qu’il venait de lui rendre, en ramenant le peuple et ses biens. Mais, avant que le roi de Sodome le rencontrât, Dieu veillait sur Son serviteur et voulait le rendre capable de triompher des ruses de Satan, comme il avait triomphé de sa puissance en étant vainqueur de ces rois pillards. Melchisédec, roi de Salem, qui était sacrificateur du Dieu Très-haut, fit apporter du pain et du vin, et il le bénit, disant : « Béni soit Abram de par le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre ! Et béni soit le Dieu Très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ! Et Abram lui donna la dîme de tout ». Le pain et le vin, emblèmes de la nourriture spirituelle et divine qui nourrit et donne la joie selon Dieu, étaient propres à fortifier Abram. C’est ce qu’il faut au croyant pour le soutenir spirituellement, et le rendre capable de discerner la pensée de Dieu, ainsi que les ruses de l’ennemi. À cela vint s’ajouter la bénédiction du Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre, le dominateur de l’univers entier. Le Très-haut est le nom que Dieu prend en relation avec la terre, qui Lui sera soumise sous le règne de Christ. Jéhovah est le nom que Dieu prend en rapport avec Israël (Exode 6:2, 3) ; et Père en rapport avec les chrétiens. Puis Melchisédec bénit le Dieu Très-haut qui a livré les ennemis d’Abram entre ses mains. Le premier effet de cette bénédiction est qu’Abram offre la dîme de tout à l’Éternel. Béni de cette manière, Abram pouvait rencontrer le roi de Sodome dans la conscience de sa dignité et des bénédictions dont il était l’objet. En réponse à l’offre du roi, il lui dit : « J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre : si, depuis un fil jusqu’à une courroie de sandale, oui, si, de tout ce qui est à toi, je prends quoi que ce soit,… afin que tu ne dises pas : Moi, j’ai enrichi Abram !… sauf seulement ce qu’ont mangé les jeunes gens, et la part des hommes qui sont allés avec moi, Aner, Eshcol et Mamré : eux, ils prendront leur part ». Quel enseignement pour nous tous dans ce récit ! D’abord, la manière dont Dieu a soin des Siens lorsqu’ils sont fidèles, afin qu’ils ne cèdent pas aux sollicitations de l’ennemi. Avant la tentation, Il fortifie Son racheté et lui donne conscience de sa haute position et des bénédictions dont il est enrichi, afin qu’en appréciant ces bénédictions, il puisse rencontrer le rusé adversaire, n’ayant aucun désir des biens qui font le trésor de ceux qui ne sont pas en relation avec Dieu, ne connaissant pas Son amour ni les bénédictions dont Il comble Ses bien-aimés. De la hauteur où la grâce l’a placé, il peut considérer qu’un roi de ce monde est indigne de l’enrichir. Que sont les biens de cette terre en présence des bénédictions spirituelles, dans les lieux célestes en Christ ? C’est plus encore que les bénédictions millénaires que le Très-haut déversera sur la terre entière sous le règne de Christ. Ayant donc toujours conscience du caractère de nos bénédictions et de la position élevée que la grâce nous a faite, nourrissons-nous toujours du pain et du vin de la table divine, que nous trouvons dans la Parole de Dieu, et les biens de ce monde n’auront aucun effet sur notre cœur. Nous ne voudrions pas qu’un homme ne possédant que des biens terrestres et passagers puisse dire qu’il a enrichi un possesseur des biens célestes et éternels.
On peut remarquer qu’au point de vue de la justice humaine, il était tout à fait juste qu’Abram prenne les biens que le roi de Sodome lui offrait, car c’était lui qui avait été les reprendre aux rois pillards ; mais le croyant doit agir en toutes choses selon la pensée de Dieu. Il ne suffit pas qu’une chose soit juste selon le monde pour qu’il la fasse ; il a des motifs plus élevés pour gouverner sa conduite.
Nous voyons aussi qu’Abram agit selon sa position vis-à-vis de Dieu. Il n’exige pas qu’Aner, Eshcol et Mamré fassent comme lui ; ils ne le pouvaient pas, n’étant pas dans la même relation que lui avec l’Éternel.
Outre les enseignements pratiques que nous pouvons tirer de ce récit, il présente un côté prophétique de ce qui se passera après l’enlèvement de l’Église, alors que Dieu reprendra Ses relations avec le peuple juif. Lot, sous un rapport seulement, comme souffrant au milieu des nations, est une figure du résidu juif qui sera délivré de l’oppression des nations par la puissance de Dieu, pour entrer dans les bénédictions millénaires, alors que le Seigneur sera roi et sacrificateur sur Son trône. Dans cette position, Il bénira les hommes, et tout particulièrement le peuple juif, de la part du Dieu Très-haut, et Il bénira le Dieu Très-haut de la part des hommes, et surtout par le résidu qu’Il aura délivré de ses ennemis.
Melchisédec, dont le nom signifie roi de justice, était véritablement un homme, roi de Salem, ce qui veut dire prince de paix ; il était sacrificateur du Dieu Très-haut. Rien ne nous est dit de Salem, qui est devenue Jérusalem, dans la suite, ni de ses habitants, au milieu desquels il exerçait la sacrificature. On trouve de ces hommes exerçant une sacrificature au milieu des nations, avant qu’une sacrificature ait été établie par Dieu au milieu de Son peuple, comme Jéthro, beau-père de Moïse, en Madian. Il y avait des croyants parmi les nations. Job et ses amis en étaient ; ils vivaient dans ce temps-là. Melchisédec apparaît ici comme type de Christ, qui exercera une sacrificature royale durant le millenium, appelée, en Héb. 5:10 ; 6:20 à 7:10 : « la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec ». Lorsqu’il est dit, en Héb. 7:3, qu’il était « sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie, mais assimilé au Fils de Dieu, demeure sacrificateur à perpétuité », cela ne veut pas dire que personnellement, Melchisédec n’avait ni père, ni mère, ni généalogie ; car il était un homme comme un autre. Le passage fait ressortir le contraste qui existe entre la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec et celle selon l’ordre d’Aaron, où le sacrificateur devait prouver qu’il descendait de la tribu de Lévi et de la famille d’Aaron pour pouvoir exercer sa fonction dans le tabernacle. Au retour de la captivité, sous Esdras, chapitre 2:62, ceux qui ne purent trouver leur inscription généalogique furent exclus de la sacrificature. Melchisédec est donc un type de Christ investi de la sacrificature royale (Héb. 5:10), la sacrificature selon l’ordre d’Aaron ayant pris fin avec le régime de la loi, puisque Christ est mort pour accomplir tout ce que les sacrifices sous la loi typifiaient. Il n’y avait donc plus de sacrifices à offrir.
Actuellement, pendant que l’Église est sur la terre, le Seigneur, quoique sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, n’exerce pas cette sacrificature-là, parce que Son règne glorieux n’a pas encore commencé. En attendant, Il exerce une sacrificature qui consiste à soutenir, à encourager, par Sa sympathie, au moyen de Sa Parole, ceux qui sont, comme Lui l’a été ici-bas, exposés aux peines et aux difficultés qu’un homme du ciel rencontre dans ce monde, qui est sous les conséquences du péché et ennemi de Christ. « Car, en ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Héb. 2:18 ; 4:14-16) ; ce qui n’aura pas lieu dans Son règne glorieux.
Au commencement de ce chapitre, nous voyons combien est
merveilleuse la manière dont Dieu agit envers ceux qui Lui sont fidèles. Abram
refuse les offres du roi de Sodome parce qu’il était béni du Dieu Très-haut
d’une bénédiction incomparable. Maintenant qu’il l’a fait, l’Éternel le
récompense et l’encourage en lui disant : « Abram, ne crains
point ; moi, je suis ton bouclier et ta très grande récompense ».
Nous voyons par là que l’on n’accomplit jamais un acte de foi sans en retirer
une grande bénédiction, lors même que tout vient de Dieu ; car accomplir
un acte de foi est une grâce de Dieu. Abram, étranger sur cette terre, était
exposé aux dangers que l’on rencontre de la part du monde et de Satan. Mais
Dieu était son bouclier : Qui pouvait l’atteindre, étant l’objet d’une telle
protection ? « Si Dieu est pour nous, qui sera contre
nous ? » (Rom. 8:31). Il n’avait rien à attendre du milieu où il se
trouvait ; mais Dieu était sa récompense. Il en est de même pour tout
chrétien ; tous ceux qui prennent leur vraie position d’étranger céleste
feront la même expérience. Remarquez que c’est Dieu Lui-même qui est la part du
croyant. En Le possédant comme objet de la foi, nous avons tout ce qu’Il est et
tout ce qu’Il peut faire pour ceux qui sont les objets de Sa faveur. C’est
ainsi que nous pouvons nous glorifier en
Dieu
par notre Seigneur Jésus Christ (Rom. 5:11), nous qui Le connaissons
tel qu’Il s’est révélé en Christ.
Au chapitre 12:2, l’Éternel avait promis à Abram qu’Il le ferait
devenir une grande nation. Mais il avançait en âge et il n’avait pas
d’héritier. Comme il n’avait pas d’enfant, il voulait faire d’Éliézer son
héritier. Mais l’Éternel lui dit : « Celui-ci ne sera pas ton
héritier ; mais celui qui sortira de tes entrailles, lui, sera ton
héritier ». Puis Il le fit sortir, et lui dit : « Regarde vers
les cieux, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit :
Ainsi sera ta semence ». La foi ne compte que sur Dieu ; Il est la
source de tout et, lorsqu’Il veut faire une grande chose, Il emploie des moyens
nuls selon la nature. Car c’est Lui-même, le Tout-puissant, qui est le moyen.
Il crée où rien n’existe ; Il donne la vie au milieu d’une scène de mort.
Abram croyait aux promesses ; mais il pensait à un moyen naturel pour les
accomplir. Tandis qu’en Dieu se trouvait la force pour faire ce qu’Il a promis.
C’est vers les cieux qu’il faut élever les regards. Dieu opérerait en Abram
pour que l’héritier soit de lui. Quant à la nature, rien n’était possible. Elle
ne sert de rien pour obtenir un peuple céleste, dont les étoiles sont une
figure. Car aussi, pour être un enfant de Dieu, il faut être né de Dieu (Jean 1:13).
Il faut être engendré par la parole de la vérité (Jacq. 1:18). Si Dieu veut un
peuple pour la terre, Il le fera sortir du sein mort d’un homme et de sa femme
(Héb. 11:11, 12). Abram crut l’Éternel, et cela lui fut compté à justice. C’est
cette foi qui est donnée en exemple de la justification par la foi, en Rom. 4:9,
10, 12, pour affirmer que l’homme n’est pas justifié par des œuvres de loi, car
Abram l’a été avant que la loi fût donnée. Il crut Celui qui, de la mort selon
la nature, pouvait produire un peuple nombreux comme les étoiles. C’est la même
foi que celle du chrétien qui croit « en celui qui a ressuscité d’entre
les morts Jésus notre Seigneur » (Rom. 4:23, 24). C’est pourquoi Abram est
appelé le père de ceux qui croient (Rom. 4:11). La foi qui est comptée à
justice, dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, est celle qui croit Dieu
, non pas en Dieu seulement. Croire
Dieu, c’est croire tout ce qu’Il a dit, ce qu’Il dit, ce qu’Il dira ;
c’est la foi qui sauve. Ceux qui croyaient ce que Dieu disait dans les
économies précédentes, auraient cru ce qu’Il dit par l’évangile, s’il leur eût
été présenté. Avec l’assurance d’une postérité nombreuse comme les étoiles,
l’Éternel promet à Abram un héritage, car il faut un pays pour un peuple si
nombreux. Il lui rappelle qu’Il l’a fait sortir d’Ur des Chaldéens pour lui
donner le pays où il se trouve. Abram demande à quoi il connaîtra qu’il le
possédera, car il était alors entre les mains de peuples puissants. L’Éternel
lui dit : « Prends une génisse de trois ans, et une chèvre de trois
ans, et un bélier de trois ans, et une tourterelle, et un jeune pigeon ».
Il partagea ces animaux, sauf les oiseaux, et mit une moitié vis-à-vis de
l’autre. « Et les oiseaux de proie descendirent sur ces bêtes
mortes ; et Abram les écarta ». Les oiseaux représentent souvent des
instruments de l’ennemi (voyez, entre autres, Matt. 13:4 et 32). Le fait
qu’Abram les chasse signifie peut-être que la foi doit écarter les tentatives
de l’ennemi qui voudrait lui enlever la certitude, qui repose sur les moyens
par lesquels Dieu lui garantit l’accomplissement de Ses promesses. « Comme
le soleil se couchait, un profond sommeil tomba sur Abram ; et voici, une
frayeur, une grande obscurité, tomba sur lui ». En présence de Dieu, la
nature humaine expérimente sa faiblesse. Abram doit réaliser son néant en même
temps que la certitude que Dieu accomplira ce qu’Il lui a promis. Partager un
animal et passer entre les deux moitiés était la garantie formelle de
l’accomplissement d’une parole donnée. On voit cet usage en Jér. 34:18 :
« Et je livrerai les hommes qui ont transgressé mon alliance, qui n’ont
point accompli les paroles de l’alliance qu’ils avaient faite devant moi (le
veau qu’ils ont coupé en deux et entre les pièces duquel ils ont passé) ».
En présence de ces victimes, l’Éternel avertit Abram de ce qui arriverait à sa
postérité avant de prendre possession du pays. Elle séjournerait dans un autre
pays — l’Égypte — où elle serait asservie et opprimée ; mais, au bout de
quatre cents ans, Il jugerait cette nation, et ils en sortiraient avec de
grands biens. C’est ce qui est rapporté dans le livre de l’Exode, tandis
qu’Abram serait recueilli en bonne vieillesse vers ses pères, avec la certitude
que tout s’accomplirait comme l’Éternel le lui avait dit. Par la foi, « il
attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le
créateur » (Héb. 11:10). En la quatrième génération, ses descendants
prendraient possession du pays, parce que Dieu voulait encore prendre patience
envers les Amoréens ; leur iniquité, dit-Il, n’était pas encore venue à
son comble. On voit combien Dieu est miséricordieux. Il n’exécute Ses jugements
que lorsque Son support à l’égard du mal n’est plus en rapport avec Ses
perfections. Il en est de même aujourd’hui avec la chrétienté. L’apôtre Pierre
dit qu’il n’y a pas de retardement en ce qui concerne la venue du
Seigneur : « Mais il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun
périsse » (2 Pierre 3:9). C’est le désir du Seigneur qu’aucun ne périsse.
Il attend le temps nécessaire pour que tous puissent accepter le salut. Mais,
lorsque la patience divine sera à son terme, Ses jugements absolument justes
tomberont sur ceux qui auront méprisé Sa patience, et personne ne pourra en
reprocher à Dieu les rigueurs.
« Et il arriva que le soleil s’étant couché, il y eût une
obscurité épaisse ; et voici une fournaise fumante, et un brandon de feu
qui passa entre les pièces des animaux. En ce jour-là, l’Éternel fit une
alliance avec Abram, disant : Je donne ce pays à ta semence, depuis le
fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate… ». Et l’Éternel
désigne les nations qu’Il détruirait pour le leur donner. L’alliance que
l’Éternel contracte ici, se liant d’une manière absolue par le sacrifice de ces
animaux en passant entre eux par une fournaise fumante et un brandon de feu,
n’est pas de même nature que celle qu’Il fit avec le peuple, en Exode 19:5, où
il y avait un si
, parce que le peuple
s’engageait d’une part à faire tout ce que l’Éternel demanderait de lui pour
obtenir les bénédictions promises : « Tout ce que l’Éternel a dit,
nous le ferons » (v. 8), disent-ils. Sur le pied de cette alliance, le
peuple ne put rien obtenir. « Ils n’ont pas gardé l’alliance de Dieu, et
ont refusé de marcher selon sa loi », est-il dit au psaume 78:10 et dans
d’autres passages. Cette alliance faite avec Abram est sans condition ;
elle aura son plein accomplissement en vertu de l’œuvre de Christ à la croix,
car elle repose sur la parole immuable de l’Éternel. Comme l’Éternel le dit à
Abram, le peuple est bien sorti d’Égypte ; il a pris possession du pays.
Mais, en sortant d’Égypte, au lieu de compter sur la grâce et la fidélité de
l’Éternel qui l’avait conduit jusque-là et porté comme sur des ailes d’aigle
(Exode 19:4), il accepta les conditions que l’Éternel lui présentait par Moïse,
et il s’engagea à accomplir la loi de Dieu, ce qui lui était impossible. Il
aurait dû répondre qu’il ne se sentait pas capable de faire ce que Moïse lui
proposait, et l’Éternel aurait agi en grâce envers lui. Sur le pied de la loi,
Israël n’a rien pu obtenir que les jugements mérités. Mais, par la loi, Dieu
voulait éprouver l’homme pour lui démontrer son incapacité de faire le bien, avant
de lui présenter un Sauveur.
La fournaise fumante et le brandon de feu qui passèrent entre les pièces des animaux indiquent figurément ce qui caractérisera l’histoire du peuple d’Israël, jusqu’à ce qu’il jouisse pleinement des promesses faites à Abraham, sous le règne de Christ. La fournaise fumante représente les diverses périodes pénibles au travers desquelles le peuple juif a passé et passera, jusqu’à ce que les promesses s’accomplissent. En Deut. 4:20, il est parlé de l’Égypte comme de la fournaise de fer, d’où l’Éternel les a tirés, ce que l’on voit par le buisson de feu qui apparaît à Moïse, en Exode 3. Dans toute son histoire, ce peuple a passé par des périodes de jugement et d’épreuves à cause de son infidélité, jusqu’à son état actuel ; et, pour terminer, la tribulation terrible du résidu.
Le brandon de feu représente la lumière divine, qui apparaît tout au travers de ces périodes douloureuses de l’histoire de ce peuple, par diverses interventions de Dieu leur accordant le secours, les délivrances de leurs ennemis, comme la délivrance de l’Assyrien (2 Chr. 32:20-23), le retour de la captivité de Babylone, et tant d’autres, jusqu’à la délivrance finale, alors que le Seigneur apparaîtra pour mettre fin à toutes les tribulations de Son peuple terrestre, jour que la foi d’Abram avait vu, et dont il s’était réjoui ; jour de gloire introduit par Christ en vertu de Son œuvre, qui permettra à Dieu d’accomplir les promesses faites sans condition à Abram, Isaac et Jacob.
Malgré toute l’infidélité du peuple d’Israël, il était le peuple de Dieu choisi par Lui en vue des bénédictions futures, par lequel Dieu manifesterait Sa gloire devant les nations, qui jouiront aussi des bénédictions millénaires. L’apôtre Paul dit qu’ils sont « bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:28, 29). Ils recevront les bénédictions promises à titre de grâce, au même titre que nous recevons les bénédictions célestes (voyez Rom. 11:29-32).
Ce que nous enseigne la fournaise et le brandon de feu est, en principe, vrai pour chaque chrétien, et pour l’Église. Tout chrétien passe par des moments pénibles, de grandes épreuves ; mais, au travers de tout ce que l’on rencontre de pénible, il y a le secours, des délivrances et, finalement, la grande délivrance par la venue du Seigneur.
Au chapitre précédent, Abram proposait Éliézer pour son héritier ; et il reçoit de Dieu l’assurance que l’héritier serait son propre fils. Dans ce chapitre, c’est Saraï qui propose un moyen pour l’obtenir. Elle regardait à elle-même, insuffisante selon la nature, au lieu de compter sur la parole de Dieu. Dès que l’on a une parole de la part de Dieu, elle doit suffire pour attendre, dans la paix et la tranquillité, l’accomplissement de ce qu’Il a dit ; mais la chair se fie toujours plus à elle qu’à Dieu. La femme est une aide que Dieu a donnée à l’homme, non seulement dans les choses matérielles, mais aussi dans les choses spirituelles. Ici, Saraï ne l’a pas été pour son mari. Sa foi n’était pas à la hauteur de celle d’Abram ; et lui fut assez faible pour se laisser influencer par elle. Comme Adam, il ne sut pas lui résister. Il est vrai que Saraï pouvait faire valoir que le fils qui naîtrait serait son propre fils ; mais Dieu n’avait pas besoin de l’aide de Saraï pour accomplir Sa parole. Abram aurait dû résister et supporter l’épreuve de sa foi, en s’attendant à l’Éternel ; mais « il écouta la voix de Saraï ». Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, c’est par la foi que celui qui est en relation avec Dieu doit marcher, qu’il s’agisse de bénédictions célestes ou terrestres. Le péché a séparé l’homme de Dieu, et il faut la foi pour avoir affaire avec Lui. L’objet de la foi est toujours invisible (Héb. 11:1). Plus la foi est fortifiée, plus elle peut jouir de son objet ; c’est pourquoi Dieu l’éprouve, pour la fortifier. Dieu éprouve la foi en la faisant passer par des circonstances qui semblent démentir ce qu’Il a dit. On en a un exemple typique dans l’épreuve d’Abraham au chapitre 22. Après lui avoir promis un fils, lorsqu’il est là, Il le lui demande en sacrifice. C’était en contradiction avec les promesses qu’Il lui avait faites. Mais la foi d’Abraham reposait sur la parole de Dieu, et non sur Isaac. C’était à Dieu d’agir pour accomplir ce qu’Il avait promis ; et Il l’a fait.
Les conséquences de l’activité de la chair ne se firent pas attendre. « Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera… la corruption » (Gal. 6:8). Agar méprisa sa maîtresse, et Saraï veut se délivrer elle-même des conséquences de sa propre faute ; d’abord en accusant son mari, alors que sa faute était de l’avoir écoutée ; puis elle maltraite sa servante qui s’enfuit. La chair cherche toujours à se soustraire aux conséquences de ses actes, au lieu de se juger et de juger ses voies. Saraï prétend faire intervenir l’Éternel en disant à Abram : « L’Éternel jugera entre moi et toi », comme s’Il allait lui donner raison. Tout manquement porte ses conséquences ; il faut en subir les effets. La présence d’Agar dans la maison d’Abram était aussi une conséquence de sa descente en Égypte. Mais, au travers des conséquences, lorsque le mal est jugé, nous avons affaire avec la bonté et la miséricorde de Dieu, qui veut nous diriger et nous enseigner comment nous devons agir, dans les situations souvent fâcheuses où nous nous sommes placés.
L’Ange de l’Éternel trouva Agar dans le désert, près d’une fontaine qui est sur le chemin de Shur, qui conduit en Égypte. Dans l’Ancien Testament, l’Ange de l’Éternel est toujours le Seigneur Jésus, seconde personne de la Trinité ; appelé un ange, le représentant de l’Éternel, parce qu’Il n’avait pas encore été révélé comme Fils de Dieu, comme Il le fut lorsqu’Il devint un homme. Il dit à Agar : « D’où viens-tu, et où vas-tu ? ». Après avoir entendu la réponse, Il lui dit : « Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main ». L’humiliation est le chemin de la restauration. L’Ange de l’Éternel remet les choses au point. Si Saraï avait tort envers sa servante en la maltraitant, Agar avait tort en s’élevant contre sa maîtresse. Nous savons que la confession du mal doit toujours accompagner l’humiliation, car il faut savoir de quoi l’on s’humilie.
L’Ange de l’Éternel annonce à Agar ce que deviendra le fils qu’elle mettra au monde. Il s’appellera Ismaël, ce qui veut dire : « El a entendu ». Il aura une nombreuse et puissante postérité. Quant à son caractère, il sera indomptable et toujours guerroyant, un « âne sauvage ». Il fut l’ancêtre de douze tribus arabes, nomades mais puissantes. Mais il n’aura aucune part avec le fils de la promesse, qui naquit au temps voulu de Dieu.
Agar apprécia cette rencontre de l’Éternel ; elle L’appela : le Dieu qui se révèle. On donna ce nom au puits vers lequel elle se trouvait : Beër-Lakhaï-Roï, ce qui veut dire : Puits du Vivant qui se révèle ; nom caractéristique de l’Éternel se révélant aux Siens ; puits auprès duquel Isaac méditait lorsqu’Éliézer lui amena Rebecca, et près duquel il habita après son mariage — et auprès duquel nous devons vivre, maintenant que Dieu s’est révélé à nous en Son Fils bien-aimé, le vrai puits du Vivant qui se révèle. Nous voyons aussi dans ce récit que Dieu répond toujours aux besoins de ceux qui sont dans la peine. Il n’est pas indifférent au cri d’une pauvre esclave maltraitée, ce que le nom d’Ismaël nous rappelle.
Abram était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu’Ismaël naquit. Il y avait donc onze ans qu’il était dans le pays, depuis qu’il avait quitté Charan. Pendant ces années, Dieu fit son éducation ; d’abord par sa descente en Égypte. Dès lors, Dieu fut sa part, en contraste avec Lot qui la choisit dans ce monde. Puis Il le fortifia et le bénit afin qu’il refuse les biens du roi de Sodome. Il se révéla ensuite comme son bouclier et sa très grande récompense, lui assure l’accomplissement de Ses promesses, et la naissance d’un héritier qui serait son propre fils.
Les chapitres 15 et 16 vont ensemble. Ils présentent la promesse de l’héritier, et l’activité de la chair pour l’obtenir. Au chapitre suivant, l’Éternel renouvelle Ses promesses en en basant l’accomplissement sur ce qu’Il était.
L’Éternel laissait s’écouler le temps qui anéantissait les ressources de la nature pour accomplir Lui-même ce qu’Il a promis. Abram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans lorsque l’Éternel lui apparut de nouveau, en lui disant : « Je suis le Dieu Tout-puissant ; marche devant ma face, et sois parfait ; et je mettrai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai extrêmement ». Au chapitre 14, Il est nommé le Dieu Très-haut, en rapport avec la possession des cieux et de la terre, ce qui sera reconnu dans le millenium. Ici, Il est le Tout-puissant, pour accomplir Ses promesses. Donc il n’y avait pas besoin de l’intervention de l’homme pour cela. Abram devait marcher devant la face du Tout-puissant et être parfait, c’est-à-dire conséquent avec une telle révélation qui devait le gouverner dans toute sa conduite. On est toujours responsable de marcher d’après la révélation que Dieu fait de Lui-même et de la lumière qu’Il nous donne par elle. Lorsqu’Il voulut délivrer Son peuple de l’Égypte, Il se révéla à lui comme l’Éternel, le Même que le Tout-puissant, auteur des promesses qu’Il allait accomplir (Exode 6:2-3). C’est pourquoi Moïse dit au peuple, en Deut. 18:13 : « Tu seras parfait avec l’Éternel, ton Dieu », en ne se conduisant pas comme les nations cananéennes. Lorsque le Seigneur parle du Père à Ses disciples, Il dit : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5:48). Il use de bonté envers tous, envoyant Son soleil et Sa pluie sur les justes et sur les injustes. Les chrétiens, possesseurs de la nature divine, sont appelés à être « imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Éph. 5:1).
Dieu change le nom d’Abram — père élevé — en celui d’Abraham — père d’une multitude — car Il l’établit père d’une multitude de nations. « Je te ferai fructifier extrêmement, et je te ferai devenir des nations ; et des rois sortiront de toi ». Dieu établit une alliance perpétuelle avec lui pour qu’Il soit son Dieu, à lui et à sa semence après lui. Il renouvelle qu’Il lui donnerait le pays de son séjournement, Canaan, ainsi qu’à sa semence après lui, et qu’Il serait leur Dieu. Car Dieu avait appelé Abram à sortir de son pays et de sa parenté, pour avoir un peuple qui gardât la connaissance de Lui-même, lorsque les hommes L’avaient rejeté pour l’idolâtrie. Il peut paraître étrange que Dieu dise, au verset 8, qu’Il donne le pays en possession perpétuelle à sa semence, et voici dix-neuf siècles qu’il ne le possède plus à cause de ses péchés ; mais le pays leur sera rendu et, dans le millenium, jusqu’à la destruction de cette terre, il le possédera perpétuellement. C’est Dieu qui le leur garde. Toutes les promesses faites à Abraham sont relatives à la terre ; mais elles impliquent celles qui sont célestes, parce que, pour les accomplir, il faut que le Christ soit manifesté ; et, par Son œuvre, Il a rendu possible, non seulement l’accomplissement des promesses terrestres, mais tout le conseil de Dieu à l’égard des choses célestes.
C’est ici, plutôt qu’au chapitre 15, qu’il y a lieu de faire ressortir la différence entre cette alliance inconditionnelle, établie par le Tout-puissant, et celle qui est faite conditionnellement entre le peuple et l’Éternel, en vertu de laquelle le peuple n’a rien obtenu, l’ayant violée, ce qui leur est reproché, entre autres, en Jér. 11:4-8. Au verset 10, il est dit : « La maison d’Israël et la maison de Juda ont rompu mon alliance que j’avais faite avec leurs pères », celle du chapitre 19 de l’Exode. Dans notre chapitre, c’est Dieu qui s’engage à accomplir tout ce qu’Il a dit, par pure grâce et par Sa toute-puissance.
Dieu voulut qu’il y ait un signe de l’alliance entre Lui et Son peuple. Il le lui donne par la circoncision, signe de séparation pour Dieu, en même temps que le signe de la mort quant à la chair, qui ne peut subsister devant Dieu, et à laquelle il ne peut être fait de promesse. Ce peuple était séparé de tous les peuples de la terre pour l’Éternel ; « un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations » (Nomb. 23:9 — voir Exode 19:5). En Rom. 4:11, l’apôtre dit que la circoncision était le sceau de la justice de la foi qu’Abraham avait, de cette foi qui crut Dieu, au chapitre 15, avant que la loi fût donnée, ce qui établissait que l’on était justifié par la foi, aussi bien après qu’avant la loi, et que par ce fait, Abraham était le père de ceux qui croient, et non seulement le père des Juifs. Pour le chrétien, ce qui correspond à la circoncision, c’est la mort de Christ, par laquelle il a été délivré, affranchi de sa condition d’homme dans la chair. C’est ce qui effectue la vraie séparation pour Dieu. « En qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Col. 2:11-12). C’est pourquoi il était absurde d’exiger que les croyants des nations fussent circoncis, comme les chrétiens judaïsants le voulaient, en Actes 15 et chez les Galates. Dès le moment que, par la mort de Christ, le vieil homme, auquel Dieu avait donné la circoncision, est mort, un mort ne peut plus être circoncis ni accomplir la loi. En Christ, le croyant sort du tombeau, un être vivant, laissant derrière lui tous ses péchés, son vieil homme et la loi qui s’appliquait à lui. C’est Christ, dès lors, qui est son modèle ; c’est Sa vie qui fait commandement, pour lui. Dans le christianisme, le baptême correspond à la circoncision pour le Juif, en ce qu’il est le signe de la mort de Christ. On est baptisé pour Christ, pour Sa mort, pour réaliser la mort à tout ce à quoi Christ est mort.
Tous ceux qui faisaient partie de la maison d’Abraham devaient tous être circoncis ; tous devaient porter la marque de la séparation pour Dieu. Celui qui ne s’y soumettait pas devait en être retranché, ayant violé l’alliance de l’Éternel. De même que la maison d’un chrétien doit porter les caractères de la position de son chef, séparé du mal pour Dieu.
Dieu change aussi le nom de Saraï en Sara — princesse — et Il dit : « Et je la bénirai, et même je te donnerai d’elle un fils ; et je la bénirai, et elle deviendra des nations ; des rois de peuples sortiront d’elle ». Abraham avait de la peine à croire qu’étant si âgés, une telle faveur leur serait accordée. Il dit encore : « Qu’Ismaël vive devant toi ! ». À quoi Dieu répond : « Certainement Sara, ta femme, t’enfantera un fils ; et tu appelleras son nom Isaac (Hébreu : rire) ; et j’établirai mon alliance avec lui, comme alliance perpétuelle, pour sa semence après lui ». Quant à Ismaël, Dieu dit qu’Il l’a béni, qu’Il le fera fructifier et multiplier extrêmement — ses fils seraient douze chefs — et qu’il deviendrait une grande nation. Mais, dit-Il, « mon alliance, je l’établirai avec Isaac, que Sara t’enfantera en cette saison, l’année qui vient ». Lorsque Dieu eut achevé de parler avec Abraham, Il monta d’auprès de lui.
Quel entretien merveilleux, concernant les bénédictions que Dieu voulait répandre sur les hommes malgré le péché qui les avait séparés de Lui ! Mais, pour que ces promesses sans conditions exigées de l’homme, sauf la foi, puissent leur parvenir, il fallait qu’au temps convenable, le Fils de Dieu, vrai fils de la promesse, descendît dans ce monde accomplir une œuvre qui satisfît aux exigences de la justice et de la sainteté que l’homme en Adam avait foulées aux pieds.
Ensuite, Abraham exécuta l’ordre de l’Éternel en étant circoncis, ainsi que toute sa maison.
L’Éternel apparut à Abraham, qui habitait toujours auprès des chênes de Mamré depuis que Lot avait choisi la plaine du Jourdain. Assis à l’entrée de sa tente, il vit trois hommes qui s’approchaient de lui, et courut au-devant d’eux, et les invita à s’arrêter auprès de lui pour se réconforter, ce qu’ils acceptèrent. Un des trois était l’Éternel, qu’Abraham reconnut aussitôt, quoiqu’Il ne se révélât pas de suite. Il était accompagné de deux anges, tous trois ayant revêtu un corps humain.
L’Éternel venait annoncer à Abraham deux choses importantes : premièrement, la naissance d’Isaac, et les jugements qui allaient tomber sur les villes de la plaine. L’Éternel affirme à Abraham que Sara aurait un fils, l’année suivante. Sara, dans la tente, écoutait cela avec un rire de doute, considérant toujours les choses à vue humaine ; tandis qu’Abraham, en entendant la déclaration de l’Éternel au chapitre précédent (v. 17), rit en son cœur d’un rire de satisfaction, en croyant ce que l’Éternel lui disait, puisque c’est ce qui donna le nom de son fils (voir la note de ce verset). Mais, au chapitre 21:6, Sara eut un rire de bonheur, en disant : « Dieu m’a donné lieu de rire ; quiconque l’entendra rira avec moi ». L’Éternel répondit au rire de Sara en disant : « Y a-t-il quelque chose qui soit trop difficile pour l’Éternel ? Au temps fixé, je reviendrai vers toi…, et Sara aura un fils ». Se voyant reprise, Sara nia avoir ri, car elle eut peur. Mais l’Éternel lui dit : « Non, car tu as ri ». On voit avec quelle condescendance l’Éternel s’entretenait avec Abraham et Sara, supportant leurs doutes durant cette époque dans laquelle Il les formait et fortifiait leur foi ; car, malgré ses doutes, Sara avait la foi. En Héb. 11:11, il est dit : « Par la foi, Sara elle-même aussi reçut la force de fonder une postérité, et cela, étant hors d’âge, puisqu’elle estima fidèle celui qui avait promis ». Plus tard, lorsque Dieu se fut plus pleinement révélé, Il ne supporta pas l’incrédulité au même degré chez ceux auxquels Il parlait. Zacharie, le père de Jean le baptiseur, fut muet une année pour avoir exprimé un doute lorsque l’ange lui annonça la naissance de son fils (Luc 1:18-22). Ananias et Sapphira moururent pour avoir menti à l’Esprit Saint (Actes 5). Comme nous l’avons déjà remarqué, la responsabilité du croyant est en rapport avec le degré de révélation que Dieu a faite de Lui-même. Pour le chrétien, cette révélation est parfaite. Aussi sa responsabilité est grande, étant en rapport avec un si merveilleux privilège. Abraham avançait donc vers la réalisation de la grande promesse de Dieu. Elle était grande en effet, car Isaac était un type de Christ sur lequel reposait, de la part de Dieu, l’accomplissement de tous les conseils de Dieu pour la terre et les cieux ; ce que l’Éternel confirme encore à Abraham, après le sacrifice d’Isaac, chapitre 22:15-18 ; que l’apôtre rappelle en Gal. 3:16, disant : « et à ta semence, qui est Christ ». Christ est le grand sujet de la Parole, depuis qu’Il est annoncé comme Celui qui briserait la tête du serpent jusque dans l’éternité. Après cette communication si importante au sujet du fils de la promesse, vient ce qui concerne le monde.
« Et les hommes se levèrent de là, et regardèrent du côté de Sodome ; et Abraham allait… leur faire la conduite ». Après la révélation de la grâce vient celle du jugement. Pendant le temps de la grâce, nous jouissons des heureux résultats de la venue du vrai Fils de la promesse ; et bientôt, Dieu regardera du côté du monde, envers lequel Il prend patience depuis longtemps, comme Il regarda du côté de Sodome, pour exécuter Ses jugements. L’Éternel dit : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire, puisque Abraham doit certainement devenir une nation grande et forte, et qu’en lui seront bénies toutes les nations de la terre ? Car je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard ». L’Éternel prend deux choses en considération, à l’égard d’Abraham, pour lui dire ce qu’Il va faire : Premièrement, ce qu’il deviendrait selon les promesses qui lui avaient été faites ; et deuxièmement, sa conduite fidèle. Ce sont là les grands principes qui doivent gouverner la conduite de tout chrétien, aujourd’hui, pour recevoir les bénédictions de Dieu : Avoir conscience de notre position et de notre glorieuse destinée, et agir en conséquence, individuellement et dans nos maisons. En attendant l’accomplissement des promesses glorieuses, il y a, au milieu de ce monde, la voie de Dieu, qu’il faut suivre en pratiquant ce qui est juste et droit. La marche individuelle des chrétiens et celle de leur maison, découle de la connaissance de leur position céleste ; et, si nous sommes conséquents en marchant fidèlement, Dieu nous révélera Ses pensées à tous égards. Dieu devrait pouvoir dire de chacun de nous : « Je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, etc. ». Il semble que l’Éternel fasse dépendre l’accomplissement de Ses promesses de la marche d’Abraham, disant : « afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard ». Nous avons affaire avec les mêmes principes. Lorsque la Parole présente la responsabilité du croyant, elle parle comme si le salut dépendait de la marche. C’est pourquoi nous trouvons des "si" : « Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, et ne vous laissant pas détourner de l’espérance de l’évangile » (Col. 1:23). « Nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance » (Héb. 3:6, et le reste du chapitre, et le chapitre 4). Lorsqu’il s’agit de la possession du salut, il n’y a pas de "si". La foi saisit l’œuvre que Christ a accomplie, œuvre parfaite ; elle se l’approprie. Là, tout est sûr, parce qu’il s’agit de ce que Christ a fait. Mais alors commence la responsabilité de marcher d’une manière qui prouve que l’on possède le salut, que l’on est enfant de Dieu. Si cette marche fait défaut, personne ne peut croire que l’on a la vie de Dieu. Pour faire face à cette responsabilité, il faut se nourrir de la Parole, être occupé du Seigneur, puiser constamment dans la grâce les ressources nécessaires ; sans cela, comme il est dit dans ce chapitre 4 aux Hébreux, on parait ne pas atteindre le repos. Quelqu’un a comparé le passage du chrétien dans ce monde à une passerelle jetée au travers d’un fleuve, ayant deux barrières, une se nommant la grâce et l’autre la responsabilité. Il faut les tenir à chaque main pour arriver à l’autre bord. Si l’on ne tient que celle de la responsabilité, on devient légal ; on ne peut avancer. Si l’on ne veut que la grâce, l’égoïsme du cœur naturel profiterait de la sécurité qu’elle donne pour se satisfaire, et la marche serait la négation de ce que l’on professe et l’on ne donnerait aucune preuve que l’on arrivera au ciel.
La communion avec Dieu dont Abraham jouissait était si réelle qu’il est appelé « ami de Dieu », en Jacq. 2:23. En És. 41:8, Dieu l’appelle « son ami ». En 2 Chr. 20:7, Josaphat, en s’adressant à Dieu, Lui dit : « Abraham ton ami ». L’Éternel traitait Abraham en ami, disant : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? ». C’est ainsi que le Seigneur agissait avec Ses disciples. Il leur dit : « Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » (Jean 15:15). Avec l’Église, le Seigneur fait de même. Il ne lui cache pas les jugements qui vont fondre sur ce monde. Elle n’est pas du monde, mais elle doit régner avec son Époux sur ce monde, qui est actuellement dans un si mauvais état ; aussi Il lui fait savoir ce qui va arriver. L’Apocalypse commence en disant : « Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt ». L’Éternel parle en toute simplicité avec Abraham. Il vient prendre connaissance de la réalité du péché de Sodome et de Gomorrhe avant d’exécuter le jugement, ce qui est Son œuvre inaccoutumée (És. 28:21) ; tandis qu’Il est toujours prêt à faire grâce, durant Sa longue patience.
« Les hommes se détournèrent de là, et ils allaient vers Sodome », c’est-à-dire les deux anges qui accompagnaient l’Éternel. « Et Abraham se tenait encore devant l’Éternel ». Ce patriarche use de la grande liberté que lui donnait l’intimité avec laquelle l’Éternel conversait avec lui pour intercéder en faveur des justes qui pouvaient se trouver dans Sodome, sachant bien que Lot y était. Il en appelle à la justice de Dieu, disant : « Le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? ». De cinquante qu’il supposait y avoir au début de son intercession, il descend à dix et, n’osant aller plus loin, il s’arrête. Hélas ! Il n’y en avait pas dix ; il y en avait un le juste Lot, qui était « accablé par la conduite débauchée de ces hommes pervers… et tourmentait de jour en jour son âme juste, à cause de leurs actions iniques » (2 Pierre 2:7-8).
Nous voyons en Abraham et Lot les deux extrêmes de la vie que l’on peut rencontrer chez des croyants. Celui qui croit Dieu et dont la foi gouverne la conduite jouit d’une pleine communion avec Dieu, reçoit Ses révélations quant à ses propres bénédictions et celles concernant le jugement du monde ; et, jouissant d’une si grande communion avec Dieu, il peut intercéder pour ceux qui ont choisi leur part dans ce monde. Tandis que celui qui, tout en étant appelé un juste, a voulu sa part dans ce monde, n’a autre chose, en fait de vie spirituelle, que de tourmenter son âme en vivant au milieu des pécheurs, et perd tout ce qu’il possède, parce qu’il ne possède que des choses qui se voient. Elles ne sont que pour un temps bien court et disparaissent sous le jugement qui atteint le monde et le détruit. Sérieuse leçon pour nous tous !
Les anges que l’Éternel envoyait pour détruire ces villes corrompues trouvèrent Lot assis à la porte de Sodome. Il occupait une place d’honneur au milieu de cette iniquité, car c’étaient les autorités qui siégeaient à la porte des villes. Ce n’était pas ce qu’il avait convoité en quittant Abram, au chapitre 13 ; mais on ne peut rechercher les mêmes choses que le monde sans agir selon ses principes. Le croyant est appelé à faire les mêmes choses que le monde, dans son travail et tout ce qui caractérise la position d’un homme sur la terre, soumis à ce que Dieu a établi. Mais en toutes choses, les motifs qui le font agir doivent être approuvés de Dieu, afin de Lui être agréable et de recevoir Sa bénédiction. Les motifs qui gouvernaient Lot dans le choix de la plaine de Sodome ne venaient pas de Dieu. Après avoir pris place au milieu d’un tel peuple, il ne tint pas compte de la bonté de Dieu qui l’avait délivré de sa fâcheuse situation par Abram, lorsqu’il fut pris par les vainqueurs des rois de la plaine. Il aurait dû fuir ces villes ; au contraire, il n’a profité de sa délivrance que pour s’y établir plus fortement, puisqu’on le trouve à la porte de Sodome.
C’est extrêmement grave, de ne pas profiter des avertissements que Dieu nous donne. Il use de patience et d’une grande bonté, avant d’intervenir en jugement. Il est dit en Rom. 2:4-5 : « Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance ? Mais, selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu ». Dans toutes les dispensations de Dieu à notre égard, il y a des avertissements et des enseignements dont nous avons à tenir compte ; sinon, elles se renouvelleront avec plus d’intensité, jusqu’à un dénouement fatal, s’il n’y a pas repentance. Dieu n’avait pas délivré Lot pour qu’il continuât le même train de vie ; aussi il lui arriva ce qui est dit en Prov. 29:1 : « L’homme qui, étant souvent repris, roidit son cou, sera brisé subitement, et il n’y a pas de remède ».
Lot, voyant venir ces deux hommes, courut à leur rencontre et
leur offrit l’hospitalité, comme le fit Abraham auprès des chênes de Mamré.
L’hospitalité est recommandée dans la Parole ; mais on peut l’être sans
être très pieux. Il y a des mondains très hospitaliers. Ces hommes refusèrent
d’abord les offres de Lot. Accepter l’hospitalité de quelqu’un, c’est se
déclarer en communion avec lui, approuver sa conduite. Lydie, à Philippes, le
comprit d’emblée. En offrant à Paul et à ses compagnons de loger chez elle,
elle dit : « Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur »
(Actes 16:15). Sur les instances de Lot, les anges acceptèrent d’entrer chez
lui, non comme signe de communion, mais pour lui annoncer les jugements qu’ils
allaient exécuter et l’en délivrer. On peut toujours entrer chez quelqu’un pour
lui dire la vérité. Les effets de cette hospitalité furent loin d’être les
mêmes que chez Abraham. Celui-ci vivait avec Dieu dans une séparation absolue
du monde, où il était étranger ; il jouissait avec ses hôtes d’une pleine
communion. Lot occupait la place d’un citoyen actif en Sodome ; sa piété
était telle que le monde ne se sentait pas jugé par elle. Les hommes de Sodome
comprirent bien vite que les hôtes de Lot n’étaient pas des leurs, ce qui leur
fit prendre une attitude agressive. S’ils eussent eu l’habitude de voir arriver
chez Lot des personnages pieux avec lesquels il était en communion de pensées,
ils n’auraient pas été surpris ; mais c’était peut-être la première fois
qu’ils observaient quelque chose qui se distinguât d’avec eux. Lot était dans
une grande angoisse au sujet de ses hôtes. Il ignorait que dans ces hommes
étaient ces « esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de
ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1:14). Ce n’était pas à Lot de les
protéger ; eux étaient là pour le sauver. Dans son inconscience de cela et
sa familiarité avec les mœurs corrompues de cette populace, il veut détourner
leur rage par le moyen le plus indigne qu’un père puisse proposer. Loin d’être
apaisés, ces hommes s’en prirent à lui-même, entendant une réprimande de sa
part. Ils dirent : « Cet individu est venu pour séjourner ici, et il
veut faire le juge ! Maintenant nous te ferons pis qu’à eux. Et ils
pressaient beaucoup Lot, et s’approchèrent pour briser la porte ». Alors
ce furent les anges qui délivrèrent Lot, le faisant entrer dans sa maison, et
frappant de cécité ces hommes, qui se lassèrent de chercher la porte. Les anges
demandèrent à Lot qui il avait, gendres, fils ou filles, afin de les faire
sortir de la ville avec tout ce qu’il avait, parce que l’Éternel les avait
envoyés pour détruire ce lieu ; « car — disent-ils — leur cri est
devenu grand devant l’Éternel… Et Lot sortit, et parla à ses gendres qui
avaient pris ses filles, et dit : Levez-vous, sortez de ce lieu, car
l’Éternel va détruire la ville. Et il sembla aux yeux de ses gendres qu’il se
moquait ». En voyant leur beau-père parfaitement à son aise au milieu de
cette cité corrompue, ils n’auraient pas imaginé que les jugements de Dieu
allaient fondre sur eux, car ils ne pouvaient savoir que son âme était
tourmentée par leurs actions iniques. Le monde ne peut croire que les jugements
de Dieu vont tomber sur lui, en voyant le croyant trouver sa satisfaction dans
les choses qui vont être détruites. La marche du chrétien parle plus que ses
paroles. Pour nous chrétiens, nos bénédictions spirituelles et célestes
suffisent pour nous faire marcher dans la séparation du monde en attendant le
Seigneur. Mais Dieu nous a fait connaître, comme à Abraham, les jugements
prochains qui vont tomber sur le monde actuel, nous donnant ainsi un motif de
plus pour en être séparés. Ceux qui écoutent ces instructions sont appelés bienheureux
. « Bienheureux celui
qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les
choses qui y sont écrites, car le temps est proche ! » (Apoc. 1:3).
En parlant du jugement de Babylone — la fausse Église — il est dit :
« Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à
ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies » (Apoc. 18:4). En 2
Pierre 3:11, 12, nous lisons : « Toutes ces choses devant donc se
dissoudre, quelles gens devriez-vous être en sainte conduite et en piété,
attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, à cause duquel les cieux en feu
seront dissous et les éléments embrasés se fondront ».
Les anges sont obligés de presser Lot afin qu’il se hâte de fuir. C’était pénible de faire subitement le sacrifice des biens auxquels il avait consacré toute sa vie. Les anges lui disent : « Lève-toi, prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent ici, de peur que tu ne périsses dans l’iniquité de la ville ». Lot était un juste que Dieu seul connaissait. Un juste est tel en vertu de l’œuvre de Christ ; mais, lorsque sa marche est telle que celle du monde, ce qui est en contradiction absolue avec sa position, Dieu seul peut savoir s’il est juste. Les témoins d’une marche si contradictoire ne peuvent le nommer un juste, car un juste doit prouver aux hommes ce qu’il est en pratiquant la justice. Dieu savait qui était Lot, et use de grâce envers lui, et aussi à cause d’Abraham (v. 29) ; sans cela, il aurait péri dans l’iniquité qui tourmentait son âme. Mais il tardait. Quel combat devait se livrer en lui ! Il fallut que les anges le prissent par la main, ainsi que sa femme et ses deux filles, pour les faire sortir de la ville, « l’Éternel ayant pitié de lui ». Une fois dehors, les anges lui dirent : « Sauve-toi, pour ta vie ! Ne regarde pas derrière toi, et ne t’arrête pas dans toute la plaine ; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses ». Quel contraste offre cette plaine avec ce que nous lisons au chapitre 13:10 : « Et Lot leva ses yeux et vit toute la plaine du Jourdain, qui était arrosée partout… comme le jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte… ». Il doit maintenant lui tourner le dos, ne pas regarder en arrière, ne pas s’arrêter dans cette plaine qui avait eu tant d’attraits pour son cœur, où tout ce qu’il avait acquis allait être la proie du feu, et lui-même sauvé comme au travers du feu ; exemple réel de ce qui arrivera au monde actuel !
Rien de semblable n’eut lieu pour Abraham. Il n’a rien à laisser ; on ne peut rien lui prendre. L’Éternel était sa part, ce qui faisait de lui un étranger dans le pays. Lot est envoyé sur la montagne, l’opposé de la plaine. Il n’ose pas aller là, se trouver seul avec Dieu. Il intercède auprès des anges pour qu’ils le laissent aller dans Tsoar, une petite ville. Souvent, on prend prétexte qu’une chose est petite pour se l’accorder ou y participer ; c’est une ruse de l’ennemi. Il ne faut pas raisonner sur la quantité, mais sur la qualité : Est-elle de Dieu ou du monde ? Car la petite chose du monde conduira à une plus grande. Hélas ! Lot se sentait plus en sécurité au milieu des hommes en petit nombre que dans la présence de Dieu. Les anges accèdent à sa demande, en insistant qu’il se hâte de fuir. On voit la miséricorde de Dieu active en sa faveur, jusqu’au bout. Lot étant à l’abri, l’Éternel fit pleuvoir du feu et du soufre et détruisit toutes les villes, toute la plaine, et leurs habitants, et toute plante. Mais la femme de Lot regarda en arrière ; son cœur ne pouvait se détacher de ce que le feu consumait. Elle tomba sous le jugement de Dieu : Elle devint une statue de sel, monument incorruptible de la vérité des paroles de l’Éternel et des conséquences de la désobéissance. Le Seigneur, en annonçant les jugements qui tomberaient sur le peuple et en exhortant les disciples à fuir sans délai — car il s’agira de sauver sa vie — leur dit : « Souvenez-vous de la femme de Lot » (Luc 17:31-32). Là où est le trésor, là est le cœur.
Lot ne demeura pas à Tsoar ; nous ne savons pourquoi. Il s’en alla dans la montagne avec ses deux filles, et habita dans une caverne. Par des procédés résultant du milieu corrompu dans lequel la famille de Lot avait été élevée, ses filles devinrent mères de Moab et d’Ammon, ancêtres de deux nations qui furent constamment les ennemies du peuple de Dieu ; nations qui doivent encore reparaître sur la scène, pour recevoir, à la fin, leur jugement de la main d’Israël restauré (voyez És. 11:14). Il est frappant de voir, pour la fin, en Soph. 2:9, le rapprochement de ces deux nations avec ce qui est arrivé à Sodome et Gomorrhe : « Moab sera comme Sodome, et les fils d’Ammon comme Gomorrhe, un lieu couvert d’orties, et des carrières de sel, et une désolation, à toujours. Le résidu de mon peuple les pillera, et le reste de ma nation les héritera ». Jusqu’au terme de leur histoire, nous voyons les tristes résultats de la marche de Lot.
Un tel récit ne doit-il pas nous engager à marcher avec Dieu dans la jouissance de nos bénédictions célestes, sachant quel sort attend un monde vers lequel nous portons si facilement des regards envieux ?
Dans tout ce récit, lamentable du côté de l’homme, la bonté et la fidélité de Dieu apparaissent d’une manière merveilleuse ; car, « si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2 Tim. 2:13). Malgré le misérable état de Lot, Dieu agit envers sa famille selon la manière dont Il l’envisage, comme appartenant à un des Siens. Elle aurait été épargnée si ses enfants et gendres eussent voulu l’écouter. Car la famille d’un croyant est au bénéfice de la position de son chef, comme témoignage sur la terre. Noé et les siens entrèrent dans l’arche. Josué dit : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel » (Jos. 24:15). Mais le chef de famille doit enseigner à ses enfants la crainte de Dieu, ce que Lot ne fit pas. Les privilèges de la famille d’un croyant se rattachent à sa position dans ce monde, séparée du monde et jouissant de la faveur de Dieu. Mais, s’il s’agit du salut, c’est individuel ; chacun doit croire pour son propre compte. C’est ce que l’on voit avec les gendres de Lot. Ils ne voulurent pas l’écouter, et ils périrent avec la ville. Tandis que les fils de Noé et leur femme écoutèrent ce que l’Éternel avait dit à leur père, et ils furent tous sauvés. La grande responsabilité des enfants de parents chrétiens est d’écouter les enseignements de la Parole de Dieu et d’obéir à leurs parents. En le faisant, ils peuvent compter sur la bénédiction de Dieu et posséder de bonne heure le salut, privilège que ne possèdent pas les enfants du monde.
Abraham quitta les chênes de Moré et vint à Guérar, situé au sud de la Palestine. Pourquoi le fit-il ? Nous ne le savons pas ; mais nous comprenons pourquoi Dieu le permit. Dans ce pays, il ne se sentait pas en sécurité ; et, croyant se garantir de ce qu’il prévoyait, il renouvelle le mensonge dont il s’était servi au sujet de Sara, lorsqu’il descendit en Égypte au chapitre 12. Si Dieu l’appelait à descendre à Guérar, ne pouvait-Il pas le protéger ? Il accomplit un acte qui n’était pas en rapport avec la foi qu’il avait montrée depuis son retour d’Égypte. Ce mal nous montre que le croyant le plus avancé a toujours la chair en lui, qui peut le faire tomber quels que soient les progrès spirituels qu’il ait pu faire. Pour être à l’abri d’une chose aussi grave que la manifestation de notre mauvaise nature, il faut maintenir continuellement le jugement de soi-même.
Abimélec s’empara de Sara d’après ce qu’Abraham avait dit d’elle. Il est fort probable qu’il ne l’aurait pas fait sans cela. On voit que la prévoyance charnelle n’a aucune valeur. Quelqu’un a dit que la foi n’était pas prévoyante, mais confiante. Mais Dieu veillait sur Son serviteur. Il vint à Abimélec, et lui montra la gravité de son acte, en reconnaissant son intégrité, c’est-à-dire qu’il n’aurait pas pris Sara s’il avait su qu’elle était femme mariée. Il lui ordonna de la rendre ; sans cela, il mourrait avec tout ce qui était à lui. Puis, reconnaissant la supériorité d’Abraham quant à sa position, l’Éternel dit à Abimélec qu’il était prophète et qu’il prierait pour lui. Cela peut paraître étrange que Dieu revendique la qualité de prophète chez un homme qui venait d’accomplir un acte qui était si contraire à sa vocation. Mais, si Abraham avait oublié ce qu’il était, Dieu ne l’oubliait pas. Il est dit au psaume 105:14 et 15 : « Il ne permit à personne de les opprimer, et il reprit des rois à cause d’eux, disant : Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes ». Le croyant doit toujours penser à la position que la grâce lui a faite, afin d’être conséquent avec ; sachant que Dieu le voit toujours en Christ, dans la position qui résulte de Son œuvre. En le faisant, il serait gardé du mal. Abraham l’a perdu de vue un moment, mais pas Dieu. En présence d’un homme du monde, Dieu revendique ce qu’il est pour Lui. Il faut bien remarquer que ce n’est pas Abraham qui dit à Abimélec qu’il est un prophète, ce qui ne lui eut pas convenu ; mais c’est Dieu. En Nomb. 23:21, Dieu dit de Son peuple qu’Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob ni n’a vu d’injustice en Israël. Et, parce qu’il en est ainsi, nous voyons au chapitre 25 qu’il tomba vingt-quatre mille hommes de ce peuple, parce qu’il avait commis fornication avec les filles de Moab. Dieu est fidèle, mais Il est juste et saint.
Le mal chez le croyant est très grave. En péchant, il s’abaisse au niveau, et même plus bas, que le monde. Abraham doit recevoir les reproches d’Abimélec. C’est honteux, pour un chrétien, d’être repris par le monde, car le monde sait comment le chrétien doit marcher ; il voit très bien quand il renie son caractère d’association à Christ. Abimélec dit à Abraham : « Qu’as-tu vu pour avoir fait ainsi ? ». Abraham répondit par une excuse qui ne justifiait pas son manque de confiance en Dieu ; car s’il était vrai qu’il n’y avait pas de crainte de Dieu chez ce peuple, il devait y avoir la crainte de Dieu chez Abraham pour l’empêcher de mentir. Il pouvait bien soulager un peu sa conscience en disant qu’elle était sa sœur, puisqu’elle était fille de son père ; mais elle n’était pas fille de sa mère, et elle était devenue sa femme. C’était une restriction mentale, mais qui n’est pas la vérité. On a dit que la vérité, c’est toute la vérité et rien que la vérité. Y ajouter ou y retrancher n’est plus la vérité. Mais Abraham avoue ensuite ce qui était important : « Et il est arrivé, lorsque Dieu m’a fait errer loin de la maison de mon père, que je lui ai dit : Voici la grâce que tu me feras : Dans tous les lieux où nous arriverons, dis de moi : Il est mon frère ». C’est pour amener Abraham à confesser ce péché que Dieu permit qu’il descendit à Guérar, parce qu’Il voulait qu’il fût délivré de ce mal avant d’accomplir la promesse par la naissance d’Isaac. Car ce mal aurait pu reparaître et ternir gravement le témoignage de ce fidèle patriarche. On peut remarquer que le mal était plus grave pour Abraham, en reniant sa relation avec Sara, que lorsqu’il descendit en Égypte, parce qu’il savait qu’elle serait la mère de l’héritier promis. Un péché qui se renouvelle est toujours plus grave, parce que l’on n’a pas tenu compte de l’expérience faite. La grande leçon que nous pouvons tirer de cela, c’est que nous devons juger toute pensée mauvaise qui peut exister dans notre cœur, parce qu’elle peut y demeurer sans se manifester jusqu’au moment où une circonstance le permettra. Abraham n’avait pas jugé ce mensonge depuis son retour d’Égypte. S’il ne s’est pas renouvelé, c’est qu’il ne s’était pas trouvé dans des circonstances qui l’aient favorisé. C’est pourquoi Dieu permit qu’il se renouvelle, afin de le juger et qu’il en soit délivré. Dieu ne demande qu’à nous bénir, mais Il doit souvent travailler beaucoup en nous, pour nous rendre propres à recevoir Sa bénédiction, car elle ne s’associe pas au mal.
Abimélec fit des dons à Abraham et à Sara ; et Abraham pria pour lui, et Dieu le guérit, ainsi que sa maison.
Il y a trois choses principales à considérer dans ce chapitre. Premièrement, chez Abraham, le manque de confiance en Dieu pour le protéger. Deuxièmement, la manière dont Dieu considère toujours le croyant, dans la position que la grâce lui a faite, lors même que, dans sa marche, il n’est pas conséquent avec cette position. Troisièmement, qu’un péché non jugé en soi, se manifeste tôt ou tard, dès que l’on est placé dans des circonstances qui en favorisent la manifestation. On peut encore en ajouter une quatrième : C’est que Dieu ne peut bénir tant qu’un mal caché n’est pas jugé.
Maintenant que tout est en règle chez Abraham, Dieu envoie l’héritier, grand sujet de joie pour Abraham et Sara. Avoir un fils à un âge si avancé était bien dû à la grâce et à la puissance de Dieu. La chair n’y était pour rien. Sara peut rire d’un rire de joie et de reconnaissance qui vient de Dieu. Mais la présence de l’héritier amène du trouble dans la famille du patriarche. Le jour qu’Isaac fut sevré, Abraham fit un festin ; et Sara vit rire Ismaël, qui ne partageait pas la joie de la maison ; son rire était moqueur. Âgé de quatorze ans, il avait pu croire qu’il serait l’héritier ; mais il n’avait point de part à l’héritage de la promesse. Aussi Sara dit à Abraham : « Chasse cette servante et son fils ; car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac ». Pour comprendre l’enseignement figuré dans cette scène, il faut lire Gal. 4:21-31, où l’apôtre fait comprendre aux Galates dans quelle erreur ils étaient en acceptant un enseignement qui les plaçait sous le régime de la loi. Il leur montre qu’il y a deux alliances, celle de la loi et celle de la grâce ; celle de la loi qui est figurée par Agar, qui était une esclave, tandis que Sara était la femme libre. De la servante naquit le fils selon la chair, et de la femme libre le fils de la promesse. Agar correspond à Israël selon la chair, dans la servitude ; étant sous la loi donnée en Sinaï, il ne peut obtenir aucune promesse. Tandis que les chrétiens sont comme Isaac, nés de la femme libre, objets de la grâce. En sorte qu’il n’y a aucun mélange possible entre la loi et la grâce. La loi maintenait l’homme sous la servitude et sous la malédiction, tandis que la grâce le libère de l’esclavage et du jugement. Il n’y a aucun accord entre les deux. L’apôtre dit : Celui qui était né selon la chair (Ismaël) persécutait celui qui était né selon l’Esprit (Isaac). Il en était de même entre ceux qui voulaient encore la loi ; ils persécutaient ceux qui étaient sous la grâce. Comment en être délivrés ? « Mais que dit l’écriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre ». Il faut rejeter entièrement le système légal. Il est impossible d’obtenir quoi que ce soit, sinon la malédiction, pour accepter la grâce qui donne la liberté et toutes les bénédictions que la loi ne pouvait donner, ainsi que la capacité de plaire à Dieu.
Pendant qu’Ismaël était seul dans la maison, cela pouvait aller ; comme il en était pour Israël jusqu’à ce que Christ, le vrai fils de la promesse, vînt dans ce monde. Alors le système légal fut mis de côté, pour faire grâce à tous ; et ceux qui voulaient encore le conserver devaient faire comme Sara dit à Abraham : « Chasse la servante et son fils », pour se placer entièrement sous le régime de la grâce, où l’on est libre et capable de servir le Seigneur, en l’ayant comme vie et modèle de cette vie. La loi s’appliquait à l’homme en Adam ; mais, en Christ, à la croix, cet homme est mort ; en sorte que la loi n’a plus d’autorité sur lui. C’est pourquoi le chrétien en a fini avec la loi ; il vit d’une vie nouvelle. En sorte qu’il doit chasser, non seulement Agar, figure de la loi, mais son fils, la chair, qu’il ne doit plus prendre en considération. C’est pénible pour la chair. C’est pourquoi cela fut mauvais aux yeux d’Abraham, parce qu’Ismaël était son fils selon la chair. Mais il faut rompre avec ce qui est de la chair. Mais Dieu lui dit : « Que cela ne soit pas mauvais à tes yeux à cause de l’enfant, et à cause de ta servante. Dans tout ce que Sara t’a dit, écoute sa voix ; car en Isaac se sera appelée une semence ». Dans ce chapitre 4 des Galates, il n’est pas dit : « Que dit Sara ? » ; mais « Que dit l’écriture ? ». Paul reconnaît l’autorité de la Parole inspirée. Dieu dit à Abraham qu’Il ferait devenir une nation le fils de la servante, parce qu’il était issu de lui. Il est une figure du peuple juif, mis de côté pendant l’économie de la grâce parce qu’il a rejeté Christ. Il est conservé à part dans ce monde, en attendant que Dieu reprenne Ses relations avec lui sur le pied des promesses en grâce. Ils ont été chassés, mais ils sont bien-aimés à cause des pères, comme Ismaël était conservé à cause d’Abraham.
Abraham renvoie Agar et son fils. Il lui donne du pain et de l’eau. Elle s’en va, errant dans le désert de Beër-Shéba. L’eau étant épuisée, elle jeta l’enfant loin d’elle pour ne pas le voir mourir. Elle ne se confiait pas en Dieu, qui lui avait dit qu’il deviendrait une grande nation. Elle éleva sa voix et pleura. Dieu entendit les pleurs de l’enfant, et encouragea la pauvre femme par Son ange, qui lui dit : « Lève-toi, relève l’enfant et prends-le de ta main ; car je le ferai devenir une grande nation ». Dieu lui ouvrit les yeux pour voir un puits d’eau dont elle remplit son outre, et en fit boire l’enfant. Que de fois nous ressemblons à Agar, en ayant les yeux attachés sur nos peines ; nous ne savons pas voir les ressources qui sont à notre portée, dans le puits infini du cœur de Dieu. Dans Sa bonté, comme pour Agar, Il prend connaissance de notre détresse, de nos peines, et nous ouvre les yeux pour voir les ressources que nous avons en Lui, qui use de tant de grâces et de miséricorde envers Ses faibles enfants.
Dieu fut avec Ismaël. Il grandit, habita dans le désert et devint tireur d’arc. Sa mère prit pour lui une femme du pays d’Égypte. Il fut, nous l’avons dit, l’ancêtre des Arabes.
En figure, comme conséquence de la naissance de l’héritier du monde, Abimélec, qui avait dû reconnaître en Abraham un prophète malgré sa conduite peu digne, reconnaît maintenant que Dieu est avec lui. Il lui fait promettre de n’agir faussement ni envers lui, ni envers ses enfants, et d’user de bonté envers lui comme il l’a fait envers lui durant le temps de son séjour dans son pays. Abraham le lui jura. Puis il le reprit au sujet d’un puits d’eau dont les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparés. Abraham fit un don à Abimélec, et ils firent alliance près du puits de Beër-Shéba, ce qui veut dire : puits du serment. Après cela, Abimélec et Picol, le chef de son armée, retournèrent dans leur pays. Abraham planta un tamarisc, ou bosquet, et invoqua le nom de l’Éternel, le Dieu d’éternité, le Dieu qui accomplira Ses conseils en faveur de Son peuple jusqu’en l’éternité.
Ce qui est enseigné par ce récit est une figure de ce qui aura lieu pour le peuple d’Israël lorsque l’héritier, Christ, sera manifesté. Le monde reconnaîtra que Dieu est avec Lui, reconnaîtra Ses droits, Sa supériorité ; il n’y aura plus de difficultés entre eux.
« Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham ». Dieu l’avait amené au point où il pouvait être éprouvé. Nous ne sommes pas toujours en état d’être éprouvés, s’il s’agit d’une épreuve de foi. Dieu commence par encourager une âme dans le chemin de la foi ; et, lorsqu’Il l’a produite, Il l’éprouve pour en manifester la réalité, car la foi ne peut être connue que par des faits qui démontrent qu’elle existe. C’est ce que Jacques dit dans son épître, où il donne l’exemple d’Abraham pour prouver cela. Au chapitre 15, Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice. Après cela, Dieu voulut une preuve extérieure de cette foi. Cette preuve se trouve dans ce chapitre par le sacrifice d’Isaac. Jacques dit, en parlant d’Abraham : « Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres ; et par les œuvres la foi fut rendue parfaite » ; et : « N’a-t-il pas été justifié par des œuvres, ayant offert son fils Isaac sur l’autel ? ». S’il s’agit d’être justifié devant Dieu, il faut la foi en Sa parole, croire Dieu. Mais ceux qui nous entourent ne voient pas la foi, en nous ; Dieu seul le peut. C’est pourquoi il faut des œuvres, non pour être sauvé, mais pour prouver à d’autres que nous sommes sauvés, que nous avons la foi.
Il y a plusieurs genres d’épreuves ou de tribulations. On trouve des chrétiens qui croient que toutes les épreuves sont des châtiments. D’abord, un châtiment n’est pas une épreuve ; c’est la conséquence d’une faute commise. L’épreuve a lieu pour éprouver la réalité, la valeur d’une chose. C’est ce qui eut lieu pour Abraham. Il y a d’autres genres d’épreuves ou d’afflictions. Paul reçut une écharde dans la chair, non parce qu’il avait péché, mais parce qu’il avait été au troisième ciel, ce dont il aurait pu s’enorgueillir, ce qui aurait nui à son service. Le Seigneur le maintint dans l’humilité et la faiblesse afin de pouvoir déployer Sa puissance en lui, pour accomplir le service qu’Il lui avait confié. Cette écharde avait un effet préventif, pour empêcher Paul de manquer, et non parce qu’il était tombé. En Job, nous avons un autre genre d’épreuve. Tous les maux qu’il a endurés ne provenaient pas non plus de ce qu’il avait péché, puisque Dieu lui rend un merveilleux témoignage (1:8 ; 2:3). Mais il était préoccupé de sa bonne marche et ne s’était pas vu devant Dieu. Il ne connaissait bien ni Dieu, ni lui-même ; les deux choses vont ensemble. Dieu l’amène à dire : « Mon œil t’a vu : C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre ». Il s’ensuivit une double bénédiction. Si nous voulons être bénis, il faut apprendre à connaître Dieu ; alors nous nous connaissons et nous savons que nous ne pouvons compter que sur Dieu. En David, nous avons un exemple du châtiment : L’épée n’est pas sortie de sa maison, à la suite de l’affaire de Bath-Shéba, lors même qu’il fut pleinement restauré, ayant joui jusqu’à la fin d’une pleine communion avec Dieu. Dans nos tribulations, il peut s’y rencontrer ces divers genres d’épreuves, à la fois.
Au chapitre 12, lorsque l’Éternel appela Abraham, Il lui dit qu’il deviendrait une grande nation et que toutes les familles seraient bénies en lui. Au chapitre 15, Il lui promet un fils duquel il aurait une postérité aussi nombreuse que les étoiles. Au chapitre 17, Dieu lui dit qu’il serait père d’une multitude de nations, et que Sara lui enfanterait un fils. Au chapitre 18, Dieu le visite et lui dit que, l’année suivante, Sara aurait un fils. Au chapitre 21, Isaac naquit ; Agar et Ismaël sont chassés parce qu’Isaac seul était l’héritier. Isaac avait grandi ; tout était parfaitement assuré pour Abraham, et reposait sur ce fils par la parole de l’Éternel. Alors Dieu veut éprouver la foi d’Abraham, pour voir si sa foi repose sur Isaac ou sur Sa parole. Il lui dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai ». Abraham n’hésite pas, se lève de bon matin, part avec Isaac et deux serviteurs, et tout ce qu’il fallait pour sacrifier son fils. Dieu emploie des termes qui lui rendaient sensible le sacrifice qu’Il lui demandait, lui disant : « ton fils, ton unique, celui que tu aimes ». S’il s’était arrêté à ce que ce sacrifice lui coûtait, il n’aurait pas eu la force de l’accomplir. Il aurait pu raisonner avec Dieu, lui disant : Pourquoi fallait-il mettre à mort celui sur qui reposait tout ce qu’Il lui avait promis ? La raison pouvait trouver Dieu inconséquent avec Ses paroles ; mais la foi ne raisonne pas ; elle croit Dieu, et marche. Elle ne croit pas Dieu parce qu’Il donne ce qu’Il a promis, mais parce que c’est Dieu qui le dit. Isaac pouvait mourir, mais pas la parole de Dieu ; ce qu’Il a dit s’accomplirait. C’est ce qu’Abraham avait cru. Si Dieu lui demande son fils en sacrifice, c’est à Lui de savoir comme Il accomplirait Ses promesses. Abraham ne l’a pas offert en pensant que Dieu lui en donnerait un autre, mais en sachant que Dieu se servirait d’Isaac pour accomplir tout ce qu’Il avait dit. C’est ainsi qu’il croyait que Dieu le ressusciterait, « ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, en figure, il le reçut » (Héb. 11:17-19). L’épreuve de la foi a lieu lorsque nous nous trouvons dans des circonstances qui paraissent en contradiction avec ce que Dieu a dit. Dieu nous encourage en répondant à nos prières, en nous donnant des délivrances ; alors nous croyons que Dieu dit vrai. Mais Dieu veut que nous Le croyions sur parole, lors même que nous ne verrions aucune preuve de la vérité de ce qu’Il nous dit. Il veut que nous croyions qu’Il nous exaucera, lorsque nous Lui demandons quelque chose qui est selon Sa volonté, lors même que nous ne le verrions jamais ici-bas. Abraham savait qu’en sacrifiant Isaac, il ne sacrifiait pas la parole de Dieu. Il accomplirait ce qu’Il avait dit touchant Isaac. C’était l’affaire de Dieu. Abraham obéit, donnant gloire à Dieu, « étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir » (Rom. 4:21).
La foi a Dieu devant elle, et non les choses visibles. C’est ce qui caractérise le christianisme. Les regards doivent être fixés sur les choses qui ne se voient pas, et non sur celles qui se voient (2 Cor. 4:18). « Nous marchons par la foi », est-il dit, « non par la vue » (2 Cor. 5:7).
Le troisième jour, Abraham leva ses yeux et vit le lieu de loin. Il laisse les jeunes hommes, leur disant : « Restez ici, vous, avec l’âne ; et moi et l’enfant, nous irons jusque-là, et nous adorerons ; et nous reviendrons vers vous ». Abraham ne craint pas de dire « nous reviendrons ». La parole de Dieu était sûre : « En Isaac te sera appelée une semence » (21:12). Il ne pouvait en être autrement. Mais quelle épreuve pour le cœur de ce père ! Isaac lui demanda : « Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? ». Abraham répondit : « Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste ». Tout était entre les mains de Dieu. Abraham ne se préoccupait que d’obéir. Il a Dieu pour objet ; il dit aux jeunes hommes : « Nous adorerons ». Il savait qu’en la montagne, il y serait pourvu (v. 14).
Arrivé au lieu désigné par Dieu, Abraham prépara l’autel, y plaça son fils et, comme il allait l’égorger, l’Ange de l’Éternel lui cria des cieux : « N’étends pas ta main sur l’enfant ;… car maintenant je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Abraham vit un bélier retenu à un buisson par ses cornes, et il le sacrifia à la place de son fils.
Cette scène si touchante rappelle la scène, plus touchante encore, qui se passa en Golgotha, où Dieu sacrifia Son Fils, sans qu’une voix vînt retenir Son bras. Ce Fils est aussi appelé le Fils unique, objet des délices éternelles de Son Père, venu dans ce monde pour faire la volonté de Dieu, afin qu’Il puisse accomplir toutes les promesses faites aux pères et Ses conseils éternels. Le ciel s’ouvrit sur Lui pour que Dieu proclamât qu’Il était Son Fils bien-aimé, en qui Il avait trouvé Son plaisir. Tout le long de Sa course ici-bas, « ils allaient les deux ensemble ». Cela est dit deux fois d’Abraham et d’Isaac et, mieux encore, du Fils éternel, qui marcha dans un accord parfait avec Son Dieu et Père, jusqu’au moment, unique dans l’éternité, où Dieu frappa Son Fils, Son unique, détournant Sa face de Lui parce qu’Il portait le poids infini de nos affreux péchés. Abraham sacrifiait son fils pour Dieu ; mais Dieu Le sacrifiait pour des ennemis, des impies, des coupables révoltés contre Lui. Quel amour ! L’Ange de l’Éternel qui cria des cieux à Abraham de ne pas mettre à mort son fils était le Fils de Dieu. Il savait qu’Il irait s’offrir un jour sur l’autel de la croix, sans qu’une voix vienne répondre à Son cri douloureux, comme dit le cantique.
Une seconde fois, l’Ange de l’Éternel cria des cieux et dit : « Parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai ta semence comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer ; et ta semence possédera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations de la terre se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix ». Toutes les bénédictions sont de nouveau assurées pour le ciel et la terre, maintenant que, figurément, Christ est ressuscité, assurées aussi parce qu’Abraham avait écouté la voix de Dieu. Il y a une bénédiction éternelle, conséquence de la fidélité ici-bas. Les étoiles représentent les saints célestes, et le sable qui est sur le bord de la mer ceux qui jouiront des bénédictions terrestres dans le millenium. Elles seront bénies en « ta semence », qui est Christ (Gal. 3:16).
Les versets 20 à 24 énumèrent les fils de Nakhor, frère d’Abraham, mentionné au chapitre 11:29. Nakhor avait pour femme Milca, sœur de Lot, fille d’Haran. On rapporta à Abraham que Milca, elle aussi, enfanta des enfants à Nakhor son frère. Pourquoi cette mention ? Parce qu’il fallait une épouse pour l’héritier, et qu’elle devait être prise dans la parenté d’Abraham. Bethuel, le huitième des enfants de Nakhor, était le père de Rebecca, qui devint l’épouse d’Isaac. Tout ce qui se rapporte aux desseins de Dieu a de l’importance. Dieu a toujours une raison pour mentionner certains détails dans Sa Parole, lors même que nous ne savons pas toujours la discerner.
Nous avons dans ce chapitre la mort et l’ensevelissement de Sara. Son service était accompli ; elle avait été l’instrument de Dieu pour introduire dans le monde Isaac, devenu le type de Christ ressuscité. Elle représente Israël, dont le Christ est issu. C’est pourquoi elle fait place à l’épouse, que nous verrons unie à Isaac au chapitre suivant. Sara mourut à Kiriath-Arba, ou cité d’Arba, devenue Hébron. Arba était le père d’Anak (Jos. 15:13). Mais, si Sara meurt, comme tous les patriarches, sans avoir reçu les choses promises, la foi d’Abraham n’en voit pas moins l’accomplissement dans l’avenir, et sur la terre même où il est étranger. C’est pourquoi il veut ensevelir sa femme dans le pays où les promesses se réaliseront, pays qui était alors entre les mains des fils de Heth. Il veut y posséder un sépulcre, afin de ressusciter dans le pays promis.
Il est dit qu’Abraham « se leva de devant son mort » (v. 3). Il était venu pour mener deuil et pleurer Sara. Ce monde est une scène de deuil et de mort, depuis que le péché y est entré. On ne peut qu’en ressentir toute la réalité. Cependant, tout en menant deuil, le croyant fixe ses regards au-delà de la mort. Si Abraham ne connaissait pas, comme nous, la victoire que Jésus a remportée sur la mort, sa foi n’avait pas moins saisi la pensée de Dieu ; il savait qu’un jour, il jouirait avec tous les siens des bénédictions promises, au-delà de la mort. C’est pourquoi, tout en sentant douloureusement la rupture des liens naturels, il se leva de devant son mort. La mort n’est pas l’objet du cœur ; elle le prive de son objet. Mais, par la grâce de Dieu, il est transporté dans le domaine de la vie. Ce corps se relèvera ; l’esprit y rentrera pour jouir des bénédictions promises, soit sur la terre, soit dans les cieux. C’est la grande consolation de ceux qui mènent deuil. On ne peut pas être privé des siens par la mort sans en éprouver la douleur ; mais on ne peut demeurer dans cette douleur et en vivre. Il arrive un moment où il faut se lever de devant son mort, non pour l’oublier, mais pour fixer les regards de la foi dans le domaine de la vie. Comme Abraham, il faut ôter son mort de devant soi. Mais, toute corruptible que soit cette dépouille mortelle, elle a du prix pour la foi, parce qu’elle appartient au Seigneur. « Il est semé corps animal ; il ressuscite corps spirituel ». Abraham veut donc un sépulcre dans la terre de la promesse, et il demande aux fils de Heth de lui vendre une portion de terre afin qu’il y possède un sépulcre. Ces Héthiens reconnaissent « qu’il est un prince de Dieu au milieu d’eux ». Beau témoignage rendu à cet étranger ! Aussi lui offrent-ils d’enterrer son mort dans le meilleur de leurs sépulcres. Abraham ne peut accepter cette offre généreuse ; son mort ne peut être mélangé avec les leurs. S’ils étaient alors possesseurs du pays, ils ne le seraient pas au jour de la résurrection ; ce sont Abraham et ses descendants qui le seraient, car il avait une espérance ; eux n’en avaient point. Il insiste respectueusement auprès d’eux afin d’obtenir la caverne de Macpéla, qui lui est finalement cédée par Éphron, pour le prix de quatre cents sicles d’argent ayant cours parmi les marchands. Toutes les formalités en usage étant accomplies pour lui assurer la possession du champ de Macpéla, Abraham y enterra son mort, qu’il ôta de devant lui.
Pour le chrétien, l’importance d’un lieu de sépulture n’est pas le même. Où que ce soit qu’un enfant de Dieu soit enterré, il ressuscitera lors de la première résurrection, pour être introduit, par le Seigneur, dans la gloire céleste, car ses bénédictions sont là-haut. Les promesses faites à Abraham étaient pour la terre ; cette terre lui a été désignée par Dieu (13:14-16 ; 15:18-21 ; 17:8). Sa postérité la possédera et en jouira, quand le Seigneur aura détruit Ses ennemis, qui sont les ennemis de Son peuple, et qu’Il régnera sur Israël et sur tout l’univers. Alors Abraham et toute sa postérité qui aura vécu jusqu’à la première résurrection en jouiront, mais depuis le ciel ; leur part sera encore meilleure que celle de ceux qui en jouiront sur la terre, sous le règne millénaire. « Il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur » (Héb. 11:10). Le Seigneur dit aux Juifs qui Le rejetaient : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour ; et il l’a vu, et s’est réjoui » (Jean 8:56). L’accomplissement de tout ce qu’Abraham croyait aurait lieu par Christ ; c’est pourquoi il avait vu le jour de Christ et s’était réjoui. Tous les croyants délogés, depuis Abel jusqu’à la venue du Seigneur en gloire, ressusciteront et formeront la partie céleste du royaume ; tandis qu’Israël converti et les nations qui auront accepté l’évangile du royaume en jouiront sur la terre.
« Abraham était vieux, avancé en âge ; et l’Éternel avait béni Abraham en toute chose ». C’est le résultat naturel d’une vie de foi. Quel contraste avec Lot, dont il n’est plus parlé et dont tous les biens sont devenus la proie du feu. Abraham n’avait rien choisi ; il avait Dieu pour sa part, la source de tout bien et de tout bonheur. Lot avait choisi lui-même, et il n’a rien. Si le chrétien choisit sa portion dans ce monde, il perdra tout ; il devra tout laisser. S’il jouit de ce que Dieu lui donne et recherche les choses qui sont en haut, il emportera tout avec lui et en jouira éternellement. Car Dieu ne donne pas seulement ce qu’il faut pour le présent à ceux qui se confient en Lui, mais Il donne des bénédictions éternelles. Dieu avait béni Abraham en toutes choses. Aujourd’hui, les croyants sont « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». C’est la part qu’ils doivent rechercher.
Les principes qui ont gouverné Abraham sont les mêmes que pour les chrétiens, parce qu’il a agi par la foi. Il veut une épouse pour son fils. Il ne veut pas plus la prendre parmi les Cananéens qu’il ne voulait de leurs tombeaux. Il fait jurer à son serviteur qui avait le gouvernement de tout ce qui lui appartenait — nous savons que c’est Éliézer — qu’il ne prendrait pas une femme pour son fils parmi les Cananéennes, mais qu’il irait en prendre une dans son pays et dans sa parenté. Dieu ne veut pas de mélange dans la famille de la foi. Les Cananéens étaient supportés par Dieu, mais ils devaient disparaître sous Ses jugements, quand la patience de Dieu serait à son terme. C’est pourquoi l’épouse de l’héritier ne devait pas être des leurs ; principe qui, à plus forte raison, doit gouverner le chrétien. Qui voudrait que, de deux époux, à la venue du Seigneur, l’un soit laissé pour les jugements, et l’autre pris au ciel ? Les époux chrétiens doivent pouvoir jouir en commun de leur espérance, de leur objet, qui est Christ. Comment peut-on être unis pour la terre et être étrangers en ce qui regarde les bénédictions célestes et éternelles ? La Parole ne dit-elle pas : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules », et « Quelle part a le croyant avec l’incrédule ? » (2 Cor. 6:14-15) ?
Le serviteur dit à Abraham : « Peut-être la femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci ; me faudra-t-il faire retourner ton fils dans le pays d’où tu es sorti ? Et Abraham lui dit : Garde-toi d’y faire retourner mon fils ». Et, au verset 8 : « Tu ne feras pas retourner là mon fils ». La raison qu’Abraham donne pour cela, c’est que l’Éternel, le Dieu des cieux, l’a fait sortir de la maison de son père et du pays de sa parenté et lui a juré qu’Il lui donnerait le pays, et à sa semence. Il lui dit qu’Il enverrait Son ange devant lui afin de faire réussir son voyage. Ceci présente un autre principe important à retenir. Si Dieu nous a fait sortir du monde pour nous donner le ciel, nous ne pouvons y retourner ; mais Il peut en appeler d’autres à en sortir. Le Seigneur dit de chacun de nous : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17:16). Abraham, décidé à marcher selon la pensée de Dieu, compte sur Lui pour faire prospérer le voyage de son serviteur. Si nous sommes décidés à être fidèles à Dieu, nous pouvons compter sur Lui, qui a le pouvoir de tout disposer en faveur des Siens. Il bénit toujours l’obéissance et la fidélité. Quelle différence, d’avoir son ange devant soi pour préparer le chemin ou de l’avoir contre soi, comme Balaam, dans le chemin de sa propre volonté ! Tout devient simple, lorsque nous laissons agir Dieu.
« Et le serviteur prit dix chameaux d’entre les chameaux de son maître, et s’en alla ; or il avait tout le bien de son maître sous sa main. Et il se leva et s’en alla en Mésopotamie, à la ville de Nakhor ». C’était un serviteur qui marchait en pleine communion avec son maître. Il était son fidèle représentant, vivant dans la crainte de Dieu, un homme de prière. Avant d’entrer dans la ville, il demanda à Dieu de lui faire faire une heureuse rencontre, en lui présentant à quoi il reconnaîtrait celle qu’Il avait destinée à Isaac. Dieu exauça sa prière parce qu’elle était selon Sa volonté. Avant même qu’il ait achevé de parler, Rebecca arriva et fit comme Éliézer l’avait demandé à l’Éternel. Elle lui donna à boire et fit boire les chameaux. Comme tout est simple lorsqu’on a affaire avec Dieu. Il faut laisser aller Dieu devant soi et Le suivre ; tandis qu’il arrive si souvent que l’on trace soi-même son propre chemin et que l’on prie Dieu pour qu’Il nous y accompagne. Là, Dieu ne marche pas, et nous faisons de tristes expériences, parce qu’Il n’est pas le serviteur de notre volonté.
Le serviteur regardait avec étonnement Rebecca agir comme il l’avait demandé à Dieu. Malgré la foi qui compte sur Dieu, on est toujours étonné lorsqu’Il nous répond. Puis il lui donna un anneau et deux bracelets en or, et lui demanda de qui elle était fille. « Elle lui dit : Je suis fille de Bethuel, fils de Milca, qu’elle a enfanté à Nakhor ». Ayant appris qu’elle était précisément de la famille d’Abraham, il se prosterna devant l’Éternel et dit : « Béni soit… le Dieu de mon seigneur Abraham, qui ne s’est pas départi de sa grâce et de sa vérité envers mon seigneur. Lorsque j’étais en chemin, l’Éternel m’a conduit à la maison des frères de mon seigneur ». Dans tout ce récit, on voit que le serviteur met toujours en cause son seigneur devant l’Éternel. Il s’efface complètement ; c’est pour Abraham qu’il agit et pour qui l’Éternel doit intervenir (v. 12, 14, 27, 42, 48, 49). Il en est de même pour nous, dans nos prières ; elles s’adressent à Dieu au nom du Seigneur. Tout ce que nous demandons doit être pour Sa gloire, car demander en Son nom, c’est demander ce qu’Il demanderait. S’il en est ainsi, nous sommes sûrs de l’exaucement. Pour cela, il faut vivre en communion avec Dieu, comme Éliézer avec Abraham.
Éliézer est aussi une figure du Saint Esprit. À la suite de la mort et de la résurrection de Christ, que l’on a en figure en Isaac, Israël étant mis de côté — mort de Sara — Dieu envoya l’Esprit Saint chercher une Épouse pour Son Fils. Cette troisième personne de La Trinité a, comme Éliézer, sous Sa main les choses qui sont du ciel, la maison de Dieu le Père, pour les dispenser à ceux qui font partie de l’Épouse de Christ, pendant le temps que dure le voyage. Le Seigneur dit aux disciples, et à nous, en parlant du Saint Esprit : « Il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera » (Jean 16:14-15).
« La jeune fille courut, et rapporta ces choses dans la maison de sa mère ; or Rebecca avait un frère, nommé Laban ». La mention de Laban et non des autres membres de la famille est introduite intentionnellement, car il fera parler de lui dans les chapitres 29 à 31. Lorsqu’il vit l’anneau et les bracelets aux mains de sa sœur, et qu’il entendit ses paroles, il vint vers Éliézer, qui était encore près de la fontaine avec les chameaux, et il dit : « Entre, béni de l’Éternel ; pourquoi te tiens-tu dehors ? Car j’ai préparé la maison, et de la place pour les chameaux ». Comme Laban se fait connaître dans ses rapports avec Jacob, il n’avait pas besoin de foi pour faire entrer chez son père le serviteur d’Abraham. Quand il vit l’anneau et les bracelets d’or aux mains de sa sœur, il en avait assez pour courir vers l’homme. C’était l’homme qui appréciait les biens de ce monde. On voit dans la suite qu’il avait une grande influence dans la maison de son père. C’est lui qui prend la parole, au verset 33 ; il est nommé avant Bethuel son père, au verset 50.
On peut considérer Éliézer dans sa piété personnelle et, comme nous l’avons déjà vu, comme figure du Saint Esprit, qui cherche l’Épouse de Christ, le grand héritier dont Isaac est une figure, et la conduit à Lui. Dans sa piété et son zèle pour le service que son maître lui a confié, une fois introduit dans la maison, il dit : « Je ne mangerai pas avant d’avoir dit ce que j’ai à dire. Et Laban dit : Parle ». Il raconte qu’il est serviteur d’Abraham, que l’Éternel a abondamment béni, en lui donnant du menu et du gros bétail, de l’argent et de l’or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. Mais la chose importante était que Sara lui avait enfanté un fils dans sa vieillesse, auquel il avait donné tout ce qu’il avait ; et qu’il lui avait fait jurer qu’il ne prendrait pas pour ce fils de femme parmi les Cananéens, mais qu’il irait en prendre une dans la maison de son père ; et qu’il lui avait aussi dit que l’Éternel enverrait Son ange avec lui pour faire prospérer son voyage. Puis il leur donne toutes les preuves que l’Éternel l’a conduit vers la parenté de son seigneur, par la rencontre de Rebecca telle qu’il l’avait demandée à l’Éternel. Il termine en disant : « Et maintenant, si vous voulez user de grâce et de vérité envers mon seigneur, déclarez-le-moi ; et sinon, déclarez-le-moi, et je me tournerai à droite ou à gauche » (v. 49). « Laban et Bethuel répondirent et dirent : La chose procède de l’Éternel ; nous ne pouvons te dire ni mal, ni bien. Voici Rebecca devant toi ; prends-la, et t’en va ; et qu’elle soit la femme du fils de ton seigneur, comme l’Éternel l’a dit ». En entendant ces paroles, le serviteur se prosterna devant l’Éternel. Puis il donna des objets d’argent et d’or et des vêtements à Rebecca, et fit aussi de riches présents à son frère et à sa mère.
Maintenant que sa mission est accomplie, ils purent manger et boire, et logèrent là. Ce serviteur nous donne l’exemple de la manière dont tout service pour le Seigneur doit être fait ; et tout service doit être fait pour le Seigneur, en ne recherchant pas ses aises et ses avantages, mais avant tout de l’accomplir fidèlement. Il faut être attentifs à cela dans les jours où nous vivons, afin de ne pas imiter la manière dont on agit aujourd’hui, dans le monde, où l’ordre établi de Dieu dans toutes les relations est de plus en plus foulé aux pieds.
Sans perdre de temps, le lendemain, le serviteur demanda qu’on le renvoie à son seigneur. Le frère et la mère auraient aimé garder la jeune fille encore dix jours ; mais Éliézer insista pour repartir, puisque l’Éternel avait fait prospérer son voyage. Il leur répète : « Renvoyez-moi, et que je m’en aille vers mon seigneur ». Mais il fallait encore savoir si la jeune fille était disposée à partir. Ils l’appelèrent et lui dirent : « Iras-tu avec cet homme ? Et elle dit : J’irai ». Rebecca n’a aucune hésitation pour répondre à cet appel, qui est de l’Éternel, pour une si haute destinée. Elle quitte tout sans regrets ; son cœur n’est pas aux choses qu’elle laisse. Elle réalisait ce que dit l’apôtre Paul aux Philippiens : « Oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant ». Il doit en être ainsi pour tout chrétien et pour toute âme à laquelle l’appel de l’évangile se fait entendre ; car rien n’est plus grand que la destinée à laquelle tout pécheur est appelé, à être héritier de Dieu, cohéritier de Christ, possesseur d’un salut éternel et glorieux. Celui qui croit au message que l’Esprit de Dieu lui adresse par la Parole peut s’avancer heureux vers ce but glorieux, conduit sûrement par le céleste Éliézer. Rebecca reçoit la bénédiction de sa famille et part avec sa nourrice et ses filles. Il est dit : « Elles s’en allèrent après l’homme. Et le serviteur prit Rebecca, et s’en alla ». Sa nourrice est nommée deux fois : ici, et au chapitre 35, environ cent quarante ans plus tard — et cela, comme toujours dans la Parole, intentionnellement — où nous voyons sa mort et son enterrement, ce qui nous présente une vérité importante dont nous parlerons en son temps, si Dieu le permet.
Comme type de l’Esprit Saint, nous voyons Éliézer placer devant la famille de Rebecca toutes les gloires de son seigneur, ses biens abondants dont le fils a été fait héritier. Il en présente une riche part à Rebecca : des dons en argent, en or, et des vêtements, et de riches présents à son frère et à sa mère. L’Esprit de Dieu, à la suite de la mort et de la résurrection de Christ, est venu ici-bas faire connaître les biens célestes et éternels qui sont la part de l’Épouse, qu’Il unit à Christ et qu’Il appelle à Le suivre, au travers du désert de ce monde, jusqu’à ce qu’elle ait rejoint son Seigneur. Ce dont l’Esprit entretient les croyants qui forment l’Épouse de Christ sont les choses qui viennent du trésor céleste, qui appartiennent à son divin Époux, comme Il en a parlé Lui-même dans l’évangile de Jean, chapitre 16:13-15 : « Tout ce qu’a le Père est à moi, dit le Seigneur ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera ». Il donne des objets d’or et d’argent, et des vêtements. Les dons qu’Éliézer donnait à Rebecca caractérisent, en figure, ce que le croyant reçoit par grâce, en attendant de jouir du tout lorsque nous serons vers le Seigneur. Dans les types du Lévitique, l’argent est un type de la rédemption, l’or de la justice divine, et le vêtement, dans la Parole, est une figure de la profession.
Rebecca laisse tout pour partir avec Éliézer à la rencontre de
l’époux qu’elle n’a jamais vu, mais dont elle a reçu les gages de l’amour et
des richesses. Nous voyons aussi en elle ce qui doit caractériser chaque
croyant, exprimé en ces termes : « Elle s’en alla après
l’homme ». C’est ce merveilleux conducteur que nous devons suivre :
le Saint Esprit, aux soins duquel le Seigneur a remis les Siens ; celui
qui seul peut les conduire sûrement tout au long d’un voyage périlleux. C’est
Lui qui fait valoir la Parole sur le cœur du racheté. Le Seigneur dit :
« Il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de
par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous
annoncera les choses qui vont arriver… » (Jean 16:13, 14). Et, au chapitre
14:26 : « Lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera
toutes les choses que je vous ai dites ». Comment ne pas suivre un tel
conducteur ? Troisième personne de La Trinité, fidèle compagnon de
l’Épouse céleste, qu’Il n’abandonnera pas jusqu’à ce que le divin Époux l’ait
introduite dans la maison du Père. Hélas ! L’Église eut bientôt abandonné
les enseignements du divin Éliézer pour suivre ceux des hommes. Mais, grâces à
Dieu, dans les derniers jours de son pèlerinage, le Seigneur l’a réveillée, au
siècle passé, en replaçant devant elle toutes les précieuses vérités qu’elle
avait perdues de vue depuis longtemps, en sorte que nous pouvons suivre, tout à
nouveau, notre divin conducteur, en gardant la parole du Seigneur et en étant
occupés de Ses gloires, sachant que nous allons Le rencontrer, peut-être aujourd’hui.
Il est dit : « Et le serviteur prit Rebecca, et s’en alla ». Ces
simples paroles expriment une importante vérité pour l’Épouse de Christ remise
aux soins de l’Esprit Saint. Il l’a prise
,
et s’en va avec. Oh ! Si elle avait voulu rester entre Ses mains et
L’écouter, combien elle aurait été plus heureuse au travers de ce long voyage,
entendant la voix divine lui dire : « Écoute, fille ! Et vois,
et incline ton oreille ; et oublie ton peuple et la maison de ton père, et
le roi désirera ta beauté » (Ps. 45:10, 11). Elle n’a pas écouté ;
mais l’Esprit Saint est toujours ici-bas et, si nous voulons L’écouter, malgré
la ruine de l’Église, nous serons dirigés sûrement vers le prochain moment où
nous allons voir le Seigneur.
Dans les versets 62 et 63, nous avons à considérer l’attitude d’Isaac, non comme type de Christ, mais comme modèle du chrétien en attendant le Seigneur, et tout particulièrement celle du jeune chrétien qui désire se marier. Isaac savait que son père avait envoyé son fidèle serviteur lui chercher une épouse ; et il demeurait calme et tranquille en attendant ; attitude qui devrait être celle de tout jeune chrétien dans de telles circonstances, car nous avons un Père qui sait de quoi nous avons besoin : d’une épouse ou d’un époux, aussi bien que de toutes autres choses. « Votre Père sait de quoi vous avez besoin », dit le Seigneur en Matt. 6:8. Il faut s’attendre à Lui ; Il s’occupera de cela, aussi bien et mieux qu’Abraham. Et, en attendant, se tenir auprès du puits de Lakhaï-Roï, nom qui signifie : « Le Dieu vivant qui se révèle » ; puiser dans cette révélation du Dieu vivant telle que nous la possédons en Christ, au lieu d’être agité, distrait, imitant le monde en vue du mariage, en en remettant le soin à son Dieu et Père, Lui qui seul sait quels sont ceux qui peuvent devenir une seule chair. Ayant été au puits de Lakhaï-Roï, il sortait dans les champs pour méditer à l’approche du soir. Il avait trouvé là pour son cœur de quoi méditer. Il ne faut pas lire la Parole comme pour accomplir un devoir ; il faut qu’elle occupe les pensées, qu’elle donne à méditer. Cette vérité est présentée, en Lév. 11:3, par les animaux purs qui étaient les ruminants, parce que la nourriture leur était ainsi profitable et produisait une marche sûre, figurée par le pied fourchu qu’avait le bœuf.
C’est dans cette heureuse attitude que se trouvait Isaac, le soir du jour où Rebecca allait lui être présentée ; attitude désirable pour tout jeune frère ou jeune sœur et pour tous, dans les circonstances diverses où nous pouvons nous trouver, afin de ne pas nous laisser distraire par les choses visibles, toutes légitimes qu’elles puissent être, ayant tout confié à notre Dieu et Père, qui ne veut que notre bien. Car il n’y a rien que nous ne puisions Lui exposer et Lui demander, en demeurant tranquilles, en jouissant de Sa paix qui garde le cœur occupé du Seigneur, et non de ce qui nous inquiète. Isaac leva ses yeux, et voici des chameaux qui venaient. Et, d’autre part, Rebecca leva ses yeux et vit Isaac. Elle avait demandé au serviteur : Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? Il lui répondit : C’est mon seigneur. Elle descendit de son chameau, comme l’Épouse de Christ laissera l’attitude du voyage pour rejoindre son Époux. Dans la conscience de la dignité d’Isaac, elle se voila, pour se présenter en toute humilité à son époux. Isaac la conduisit dans la tente de Sara, sa mère ; elle fut sa femme. Il l’aima, et se consola quant à sa mère. Toute l’histoire de ce voyage est terminée ; Éliézer a accompli son service, après avoir raconté à Isaac les choses qu’il avait faites. Sara, l’épouse juive, est remplacée par celle qui est une figure de l’Épouse céleste unie à Christ ressuscité.
Nous aussi, nous sommes au soir du jour de notre pèlerinage. Le Seigneur a les yeux dirigés sur Son Épouse ; l’Épouse doit les avoir aussi. Les regards vont se rencontrer ; le voyage va être terminé. Puissions-nous tenir les yeux fixés sur Christ jusqu’à ce moment-là !
Il faut voir, dans le second mariage d’Abraham, l’intention de Dieu en le mentionnant. Comme nous avons, dans la Genèse, les grands principes de tout ce qui est révélé dans la Parole, nous voyons passer devant nos yeux Sara, figure du peuple juif, moyen d’introduire Christ sur la scène ; elle meurt. Ensuite Isaac, figure de Christ ressuscité, reçoit une épouse, figure de l’Épouse céleste, qui remplace Sara. Après l’histoire de l’Église, les descendants d’Abraham reparaîtront pour la bénédiction millénaire, représentés ici par les enfants de Ketura. Ils n’héritent pas avec Isaac ; Abraham leur fait de grands dons et les renvoie du côté de l’orient, et donne tout ce qui lui appartient à Isaac. On a discuté pour savoir si Abraham, qui était déjà trop vieux pour être père à cent ans, sans l’intervention de la puissance divine, pouvait encore avoir une famille après la mort de Sara, alors qu’il avait cent trente-sept ans. Il se peut qu’il ait eu Ketura comme concubine durant la vie de Sara ; mais la Parole ne le dit pas. Il faut croire ce qu’elle dit et comprendre pourquoi elle le dit.
Vient ensuite la mort d’Abraham, récit qui ne vient pas non plus dans l’ordre chronologique, puisqu’Isaac était âgé de soixante ans lorsque ses fils naquirent. Abraham en avait donc cent soixante et, puisqu’il mourut à cent soixante-quinze ans, il vit donc Jacob et Ésaü jusqu’à l’âge de quinze ans. Mais l’histoire d’Abraham était terminée, au point de vue des voies de Dieu ; elle fait place à celle d’Isaac. Ismaël et Isaac ensevelirent leur père dans la caverne de Macpéla où il avait enterré Sara, en attendant le jour de la résurrection. Après la mort d’Abraham, il est dit que « Dieu bénit Isaac, son fils. Et Isaac habitait près du puits de Lakhaï-Roï ». Les deux choses vont ensemble : la bénédiction de Dieu et l’habitation près du puits du vivant qui se révèle. C’était la part qu’Isaac avait choisie, pendant qu’Éliézer était allé lui chercher une épouse ; elle le trouve dans cette bienheureuse attitude de méditation, en venant de ce puits. Souvenons-nous tous que la bénédiction de Dieu est inséparable de la révélation qu’Il nous a faite de Lui-même en Christ, et d’une marche en conséquence. C’est, avant toutes choses, à ce puits que nous devons puiser. D’autant plus que le chrétien ne possède aucune part dans ce monde ; mais Dieu est sa part, et la foi puise en Lui tout ce dont il a besoin, jusqu’au moment où il n’y aura plus besoin de puissance, où nous serons tous introduits, où nous contemplerons le Seigneur dans Sa gloire, en qui nous verrons Dieu éternellement.
La généalogie et la mort d’Ismaël prennent aussi place dans ce chapitre, ainsi que leur pays d’habitation. Ils en prirent possession tout de suite ; ils n’ont rien à voir dans les promesses, tandis que les descendants d’Abraham durent attendre le temps assigné par Dieu pour prendre possession de leur pays. Maintenant, nous aurons affaire, dans le reste du livre, avec la famille d’Abraham par les descendants d’Isaac, plus particulièrement avec Jacob. Il ne sera plus question d’autres familles, sinon d’Édom, au chapitre 36.
Au verset 19 commencent les générations d’Isaac. L’héritier était en possession d’une épouse et des biens de son père. Il devait paraître tout naturel qu’une grande famille allait surgir de ce mariage. Mais Dieu veut nous montrer que la nature ne peut servir à Ses desseins que sous l’action de Sa puissance. Comme Sara, Rebecca était stérile, état qui symbolise ce que vaut l’homme pour accomplir la pensée de Dieu. Toute son histoire l’a prouvé ; c’est pourquoi, après un long temps de patience, Dieu y a mis fin dans la mort de Christ, pour introduire un homme nouveau par la résurrection de Christ, qui soit capable d’accomplir ce qui est agréable à Dieu. Isaac pria instamment au sujet de sa femme ; « et l’Éternel se rendit à ses prières », est-il dit. Dieu veut que nous réalisions la dépendance de Lui-même en toutes choses. Nous savons qu’Il veut nous bénir ; c’est Son œuvre accoutumée. Mais pour qu’Il le fasse, nous devons le faire entrer dans nos circonstances par la prière et être guidés, en tout ce que nous faisons, par Sa Parole. Isaac savait que sa postérité serait nombreuse, mais il agit comme si tout dépendait de sa prière, parce que tout dépendait de l’Éternel.
L’espérance de la postérité amena de nouveaux exercices. Le croyant ne peut marcher sans cela ; ils sont nécessaires pour être gardé sous la dépendance de Dieu. Quelque chose d’anormal se passait dans le sein de Rebecca, ce qui la remplit de crainte et l’engagea à consulter l’Éternel. Il lui dit que deux nations étaient dans son sein, d’où proviendraient deux peuples, dont l’un serait plus fort que l’autre, et que le plus grand serait asservi au plus petit. Tout est disposé de manière à avoir affaire avec Dieu. Et ici, nous apprenons que non seulement il faut la puissance de Dieu pour accomplir ce qu’Il veut, lorsqu’Il veut se servir de l’homme pour cela, mais tout résulte de Ses conseils, par conséquent, de l’élection. Aussi, sans l’intervention de la puissance de Dieu pour amener Ses élus sur la scène, rien ne se ferait. Des deux fils que Rebecca mit au monde, c’est le plus petit — on peut dire, à vue humaine, le moins intéressant — qui était élu de Dieu pour accomplir les promesses faites à Abraham. En Rom. 9:13, l’apôtre cite un passage du prophète Malachie, 1:3, où l’Éternel dit : « J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü ». Mais il faut bien remarquer que Dieu ne dit pas cela avant la naissance des enfants, dans les versets qui nous occupent, mais près de douze siècles plus tard, lorsque Dieu avait pu apprécier la conduite de chacun de ces deux hommes, Ésaü ayant méprisé son droit d’aînesse, tandis que Jacob, malgré son manque de piété, avait montré qu’il y tenait.
À leur naissance, les deux fils de Rebecca firent déjà connaître leur caractère, ce qui donna à Jacob le nom de supplanteur, car il tenait dans sa main le talon de son frère ; mais Dieu avait Ses raisons pour en avoir fait Son élu pour obtenir un grand peuple. Nous voyons au chapitre 32 que Dieu changea son nom en celui d’Israël, « prince de Dieu ». Tout est sur le pied de la grâce, de la part de Dieu envers nous ; nous ne pourrions jamais rien obtenir sur le pied de nos qualités personnelles. C’est à cause de Son amour que Dieu s’est occupé de nous, à cause de ce qu’Il est, et non à cause de ce que nous sommes. Cette vérité ressort merveilleusement de la généalogie du Seigneur en Matthieu, où quatre femmes sont mentionnées, que l’orgueil des Juifs se serait bien gardé de faire paraître, car elles rappelaient chacune quelque chose d’humiliant : Thamar, fruit du péché de Juda ; Rahab, la prostituée, une Cananéenne ; Ruth, une Moabite ; et la femme d’Urie, ce qui rappelait la grave chute du roi David. Et l’histoire de chacun de nous fera ressortir la même grâce de la part de Dieu.
Ésaü fut l’ancêtre des Édomites, peuple qui fut le plus grand ennemi du peuple de Dieu. Il agit si méchamment envers lui que Dieu ne lui accordera aucune part dans le règne millénaire, ce que l’on voit dans le prophète Abdias, en Jér. 49:7-13 et Ézé. 25:14. Moab et Ammon, qui ont été aussi des grands ennemis du peuple, souvent nommés avec Édom, auront une part sous le règne de Christ, car leur méchanceté n’a pas égalé celle d’Édom.
Les deux enfants grandirent. Ésaü était un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob était un homme de maison, qui vivait beaucoup avec sa mère, ce qui lui imprima le caractère de la maison de son père, surtout de Laban son frère, habile à s’approprier des biens. « Isaac aimait Ésaü, car le gibier était sa viande ; mais Rebecca aimait Jacob » (v. 28). Dès qu’Isaac n’est plus présenté comme type de Christ, il n’est pas très intéressant. Pour une vie de cent quatre-vingt ans (chap. 35:28), il est dit peu de choses de lui. Son histoire est toute dans le chapitre suivant. Son amour pour Ésaü était intéressé : Il aimait le gibier ; en voilà la cause. Une telle disposition était une cause de faiblesse. Il n’a pas eu d’influence sur son préféré pour l’empêcher de prendre pour femme des Héthiennes, qui furent une amertume d’esprit pour lui et pour Rebecca (chap. 26:34). Il aurait dû imiter son père à cet égard. Il faut suivre l’exemple des parents pieux, demeurer sous leur influence, pour éviter la dégénérescence morale telle qu’elle se fait sentir actuellement, où la moralité, la piété, la crainte de Dieu baissent avec chaque génération, et dont, hélas, les chrétiens ne sont pas épargnés. Il y a un moyen de réagir contre cette déchéance ; c’est de s’attacher à ce qui est immuable, à la vivante et permanente Parole de Dieu, la lire, la croire, la mettre en pratique ; et ainsi, nous pourrons lutter contre l’influence délétère de ce présent siècle.
Dans les versets 29 à 34, nous voyons le premier marché que conclut Jacob le supplanteur. Ésaü arrivait des champs très fatigué, et trouva Jacob qui cuisait un potage de lentilles. Pressé par la faim, il lui dit : « Laisse-moi, je te prie, avaler… de ce roux-là, car je suis las ». Jacob voulut profiter de l’occasion pour s’approprier le droit d’aînesse. Il savait, sans doute, ce qui avait été dit de lui avant sa naissance ; mais Dieu n’avait pas besoin de sa ruse pour l’accomplir. S’il y avait eu de la piété chez Jacob, il se serait attendu à l’Éternel pour l’accomplir et, en bon frère, il aurait apaisé la faim de son aîné. En Ésaü, nous voyons aussi les preuves de son impiété. Lorsque Jacob lui dit : « Vends-moi aujourd’hui ton droit d’aînesse », il répondit : « Voici, je m’en vais mourir ; et de quoi me sert le droit d’aînesse ? ». Jacob exigea qu’il lui jure, et il le lui jura. « Et il mangea et but, et se leva, et s’en alla : et Ésaü méprisa son droit d’aînesse », dit la Parole au verset 34. Il n’estima les bénédictions de Dieu que pour l’avantage présent qu’il pouvait obtenir. Il est appelé un « profane ». Nous sommes exhortés à ne pas lui ressembler, à ne pas être « profane comme Ésaü, qui pour un seul mets vendit son droit de premier-né ; car vous savez que, aussi, plus tard, désirant hériter de la bénédiction, il fut rejeté (car il ne trouva pas lieu à la repentance), quoiqu’il l’eût recherchée avec larmes » (Héb. 12:16-17). Profaner les choses spirituelles, c’est leur préférer un avantage présent. C’est très sérieux, car cela nous arrive à chaque instant : Voici l’heure de la réunion, ou le moment de lire la Parole, de prier, de faire une bonne œuvre pour le Seigneur, etc. Mais on n’ira pas à la réunion ce soir ; on lira demain… parce qu’il y a ceci ou cela à faire, s’accorder peut-être quelque petite satisfaction ou avancer son travail… toutes des choses qui périssent et contre lesquelles on a échangé une bénédiction éternelle. On dira : J’irai à la réunion une autre fois, ou telle autre chose qui était placée devant nous. Admettons que cela se puisse ; mais ce que l’on aurait acquis, ce jour ou ce moment-là, est perdu pour l’éternité. Jamais ce jour ne reparaîtra. Il en viendra peut-être un autre, mais pas celui-là. L’aiguille de l’horloge du temps ne reviendra pas en arrière pour rendre le temps perdu. On pourra jouir d’une bénédiction semblable, une autre fois ; mais celle qui est perdue manquera durant l’éternité. On aura beau la rechercher avec larmes, comme Ésaü au chapitre 27:38, son père ne put se repentir et agir envers lui comme il l’avait fait pour Jacob ; il n’avait qu’une bénédiction. Il lui donna autre chose, mais des choses qui ne durèrent pas puisque, comme nous l’avons vu, Édom n’aurait point de part aux bénédictions millénaires, car telle était la part des bénédictions qu’il avait méprisées. Veillons donc de n’être pas profanes. Tout ce que l’on obtient de Christ, qui est le centre des bénédictions célestes, demeurera notre part éternellement, parce que la connaissance que nous faisons de Sa personne se manifeste dans la vie pratique, par une conformité à Lui-même, moralement, pour se manifester glorieusement lorsque nous Le verrons dans Sa gloire. Tout le reste disparaîtra. Tout ce que nous aurons préféré à Christ sera la proie du feu.
L’histoire d’Isaac donnée dans ce chapitre correspond à celle d’Abraham dans les chapitres 12 à 20. Elle lui est semblable en plusieurs points, parce que la nature de l’homme est la même chez tous, et les circonstances dans lesquelles le père et le fils se trouvaient étaient à peu près les mêmes. Isaac avait, en plus de son père, les expériences faites par celui-ci, qui auraient dû lui servir. Mais nous savons que les expériences faites par ceux qui nous ont devancés nous ont été peu utiles. Il faut, pour qu’elles nous profitent, que la Parole jette sa lumière sur elles et dans nos consciences. Mais, si l’homme montre toujours les mêmes caractères, nous trouvons que Dieu, dans Sa grâce parfaite et dans Son gouvernement, demeure aussi le même envers les Siens.
Il y eut une famine dans le pays, comme il y en eut une aux jours d’Abraham. Pour le pèlerin de la foi, il ne peut y avoir que famine dans le pays où il est étranger. Dieu l’éprouve afin de manifester ce qu’il est et ce qu’est le Dieu pour qui il n’y a pas de famine. Isaac s’en alla vers Abimélec, roi des Philistins, à Guérar, où Abraham était descendu au chapitre 20. L’Éternel lui apparut et lui dit : « Ne descends pas en Égypte ; demeure dans le pays que je t’ai dit ; séjourne dans ce pays-ci, et je serai avec toi, et je te bénirai ; car à toi et à ta semence je donnerai tous ces pays, et j’accomplirai le serment que j’ai juré à Abraham, ton père, et je multiplierai ta semence comme les étoiles des cieux, et je donnerai tous ces pays à ta semence,… parce qu’Abraham a écouté ma voix, et a gardé mon ordonnance, mes statuts et mes lois » (v. 3-5).
L’Éternel veut éviter à Isaac les expériences de l’Égypte, car
Guérar était dans la direction de ce pays ; probablement qu’il s’y serait
acheminé. L’Éternel fortifie sa foi en renouvelant les promesses faites à
Abraham. Le grand moyen que Dieu emploie pour nous faire réaliser le caractère
d’étranger à ce monde, c’est de nous assurer la possession des bénédictions
promises et de nous les rappeler. Pour le chrétien, ce sont les bénédictions
célestes, dont il jouit déjà par la foi. Pour les patriarches, c’était le pays,
lorsque l’Éternel y introduirait leur postérité. Les chrétiens hériteront aussi
la terre ; ils en jouiront d’une manière céleste, avec le Seigneur,
lorsqu’Il en prendra possession. En attendant, nous ne pouvons en jouir, dans
l’état où le monde se trouve ; mais elle est à nous parce qu’elle est au
Seigneur. Dans les promesses que l’Éternel renouvelle à Isaac, Il en présente
l’accomplissement à cause de la foi et de l’obéissance d’Abraham. C’est bien
Dieu qui est la source de toute bénédiction ; mais, pour obtenir celles
qu’Il promet, il faut la foi et l’obéissance. Personne ne pourrait être sauvé,
si le salut n’était pas l’œuvre de Dieu ; mais, pour le posséder, il faut
la foi. Non seulement Abraham avait écouté la voix de l’Éternel, mais il avait
gardé l’ordonnance de l’Éternel, Ses commandements, Ses statuts et Ses lois.
Quelqu’un a dit que les ordonnances
sont les règles ordonnées par le Seigneur et selon lesquelles Il agit. Les commandements
sont l’expression de
l’autorité divine à laquelle l’homme est tenu de se soumettre. Les statuts
sont les règles établies ;
et la loi
, la règle divine et parfaite.
Tous les détails de la vie d’Abraham ne sont pas signalés dans son
histoire ; mais nous voyons que Dieu avait vu, dans sa marche de foi,
l’accomplissement de tout ce qu’Il énumère ici. Rien n’est agréable à Dieu que
l’obéissance à Sa Parole : « Voici, écouter est meilleur que
sacrifice, prêter l’oreille, meilleur que la graisse des béliers » (1 Sam.
15:22).
À côté des promesses de Dieu et de la beauté de la foi, on
rencontre, hélas, l’homme, toujours le même, s’il s’agit des manifestations de
sa nature. La Parole de Dieu est la vérité ; c’est pourquoi elle montre
l’homme tel qu’il est, ce qui fait ressortir aussi la grâce et la miséricorde
de Dieu. Isaac a entendu que l’Éternel lui a dit qu’Il serait avec lui (v.
3) ; et, au lieu de compter sur cette parole, il regarde à ce que sont les
hommes du pays. Il craint pour sa femme, et tombe dans le même péché que son
père, au milieu des mêmes hommes. On aurait de la peine à croire que le cœur de
l’homme est tel, lors même que Dieu nous le dit, si l’on n’expérimentait pas
que notre propre cœur est comme celui de tout homme. Combien de fois ne
sommes-nous pas tombés dans les mêmes fautes ? Abimélec doit reprendre
Isaac qui, par son mensonge, a exposé les hommes de Guérar à commettre un grand
péché (v. 9-10). En péchant nous-mêmes, nous pouvons entraîner d’autres à
pécher aussi, et à les placer sous les jugements de Dieu. Abimélec dit à
Isaac : « Tu aurais fait venir la coulpe — ou culpabilité — sur
nous ». Car Dieu, dans Son gouvernement, juge le mal où il se trouve. Ce
roi menace de mort quiconque toucherait à Isaac et à sa femme. Délivré de son
péché et de ses conséquences, Isaac est béni de l’Éternel ; il sème et
recueille au centuple, cette année-là. Ses biens matériels augmentent beaucoup.
C’est aussi ce qui arriva à Abraham en Égypte. Mais les biens matériels ne sont
pas la plus belle part des croyants ; ils sont encombrants et excitent
l’envie des hommes de ce monde, car ils ne possèdent pas les biens spirituels.
Car nous avons, dans l’histoire d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les principes
divins qui doivent gouverner le chrétien, parce qu’ils étaient étrangers et
forains dans le pays qu’ils habitaient. Ils devaient vivre de foi sur la terre
étrangère, comme ceux dont les biens sont exclusivement célestes. C’est
pourquoi nous puisons dans leur histoire des enseignements qui nous sont tout à
fait applicables. Il est dit que « l’homme allait grandissant de plus en
plus, jusqu’à ce qu’il devînt fort grand ». C’était l’homme avec une
grandeur matérielle et humaine, comme tout homme peut le faire. En voyant
l’agrandissement de cet homme en troupeaux et en serviteurs, les Philistins lui
portèrent envie, et ils bouchèrent avec de la terre tous les puits qu’Abraham
avait creusés. Jamais le monde ne portera envie aux chrétiens qui progressent
spirituellement, s’enrichissant des bénédictions célestes dans la connaissance
du Fils de Dieu. Tandis que, si le chrétien s’amasse des biens de la terre, le
monde les lui enviera ; et, ce qu’il y a de plus triste, ce qui va
figurément avec l’enrichissement des biens de la terre, ce sont les puits
bouchés, si ces biens prennent le cœur. Les puits sont nécessaires dans les
pays qui ne possèdent pas de fleuves, et où les sources ne jaillissent pas. Ce
qui doit alimenter le chrétien dans un lieu tel que ce monde, qui ne lui
fournit spirituellement ni eau ni nourriture, vient de Dieu et se puise dans Sa
Parole, dont les puits sont une image. Nous avons déjà remarqué celui qui est
typique entre tous : Lakhaï-Roï, le Dieu vivant qui se révèle. Si le cœur
est aux choses de la terre, les puits sont bientôt bouchés, car l’ennemi
empêche par tous les moyens possibles que l’on s’attache à la Parole de Dieu,
et d’y puiser les richesses qu’elle contient. Remarquez qu’il est bien précisé
que c’est avec de la terre
que les
puits, creusés au temps d’Abraham, furent bouchés (v. 15). Nos ancêtres dans le
témoignage ont aussi creusé des puits ; ils ont fait ressortir de la
Parole des précieuses vérités qui furent méconnues durant des siècles, à la
lumière desquelles nous pouvons marcher en attendant le Seigneur. Mais
hélas ! Pour beaucoup de leurs descendants qui s’attachent aux choses de
ce monde, l’ennemi en a profité pour boucher ces puits de vérité avec la terre
qu’on leur a préférée. Ceux qui sont dans ce cas peuvent faire envie au monde,
quoiqu’on ne les aime pas mieux pour cela. J’ai entendu dire d’un de ces
chrétiens-là : Puisqu’il a les biens du ciel, qu’il nous laisse donc la
terre. Jamais un chrétien ayant le cœur aux choses de la terre n’aura une grande
connaissance ni une grande jouissance des choses célestes. Ceux qui sont dans
ce cas — et veillons à cet égard sur nous-mêmes — doivent faire comme Isaac,
versets 17 à 22 : « Et Isaac partit de là, et campa dans la vallée de
Guérar, et y habita. Et Isaac recreusa les puits d’eau qu’on avait creusés aux
jours d’Abraham, son père ». Faisons donc ainsi, si nous nous sommes
laissés gagner par les biens de la terre : Partir de là, et recreuser
les puits. La Parole contient
la pleine révélation de Dieu, la seule source de rafraîchissement céleste et de
force pour le pèlerin de la foi ; mais il faut y puiser. Elle ne présente
pas ses richesses à la surface ; il faut creuser. Il est dit dans les
Proverbes, chapitre 13:4 : « L’âme du paresseux désire, et il n’y a rien ;
mais l’âme des diligents sera engraissée » (voyez aussi les versets 3 à 5
du chapitre 10). Jacques dit aussi qu’il faut regarder de près
dans cette loi parfaite (chapitre 1:25). On
rencontrera des difficultés pour cela ; mais il faut, dit le même apôtre,
y persévérer
. Les bergers de ce monde
feront tout leur possible, comme ceux de Guérar, pour empêcher le chrétien de
recreuser ces puits (v. 20 et suivants) ; et, les voyant recreusés, ils
essaient d’en contester la propriété et l’emploi. Mais il ne faut pas perdre
courage. Isaac en vint à bout, et il les appela du nom que leur avait donné son
père. Nous pouvons jouir des mêmes vérités dont ont joui nos prédécesseurs, qui
avaient plus de foi et de fermeté spirituelle que nous. Nous les nommons de la
même manière, car le langage de la Parole ne subit pas de modifications ;
elle est immuable. Après les deux puits contestés par les bergers de Guérar,
Isaac persévéra et en creusa encore un autre, pour lequel ils ne contestèrent
pas. Si nous nous attachons à la Parole, nous trouverons de l’espace, ce que
signifie Rehoboth, le nom du dernier puits ; nous aurons de l’espace pour
fructifier dans le pays, dans le domaine des choses de Dieu. « Résistez au
diable, et il s’enfuira de vous », dit Jacques (4:7). Dans cette voie,
Isaac progressa. Il monta de là à Beër-Shéba, où se trouvait un autre puits, le
puits du serment, où la limite avec le monde se trouve. Là, l’Éternel lui
apparut et lui dit : « Je suis le Dieu d’Abraham ton père ; ne
crains pas, car je suis avec toi ; et je te bénirai, et je multiplierai ta
semence, à cause d’Abraham, mon serviteur ». Cette nouvelle déclaration de
Dieu fait penser qu’Isaac avait un peu perdu de vue sa relation avec Dieu dans
le temps qui précède. Mais nous trouvons là de précieux enseignements, en
figure. C’est quand nous quittons de cœur le monde et les choses qui sont dans
le monde, et que nous recreusons les puits de la révélation divine, allant
ainsi de progrès en progrès, que Dieu peut se révéler à nos âmes tout particulièrement,
ce qui produit l’adoration, le culte. Il est dit qu’Isaac « bâtit là un
autel, et invoqua le nom de l’Éternel ; et il y dressa sa tente ; et
les serviteurs d’Isaac y creusèrent un puits » (v. 25). Que de choses
merveilleuses dans ce seul verset : le culte est rétabli ; le nom de
l’Éternel est invoqué ; les relations vivantes avec Dieu sont
rétablies ; il habite là et, de nouveau, un puits est creusé. La
révélation de Dieu est infinie. Tant que nous serons dans le pays étranger, à chaque
étape, nous pouvons creuser un puits, nous y désaltérer, jouir de la communion
avec Dieu, de Sa proximité, car Il ne demande qu’à se révéler à notre âme.
Puissions-nous réaliser constamment les quatre belles choses que nous trouvons
figurées dans ce verset 25, non pas momentanément, mais habituellement !
Dieu veut que nous habitions dans Sa présence. Nous verrons au chapitre 35 que
Jacob reçoit l’ordre de venir habiter à Béthel — maison de Dieu — parce qu’il
ne s’y rendait pas facilement. Mais Dieu veut notre bonheur et nous invite
constamment à en jouir. Abraham réalisa cette habitation, en remontant
d’Égypte, au chapitre 13:4 et 18 ; Isaac, dans notre chapitre, et Jacob,
au chapitre 35:6-15. Le chrétien a été introduit dans cette présence de Dieu
par l’œuvre de Christ à la croix, en sorte qu’il est naturel que nous y
demeurions.
Abimélec, avec son ami et le chef de son armée, vint auprès d’Isaac. Celui-ci, étonné, leur demanda pourquoi ils venaient vers lui, puisqu’ils le haïssaient et l’avaient renvoyé d’auprès d’eux. Ils répondirent : « Nous avons vu clairement que l’Éternel est avec toi ». Si le monde ne peut envier nos bénédictions célestes parce qu’il ne les connaît pas, il peut constater, par notre marche, si Dieu est avec nous, et cela tout particulièrement lorsque nous passons par l’épreuve. Si nous la traversons avec Dieu dans la paix, dans la confiance, sans manifester du découragement ou de l’amertume, le monde qui en est témoin doit reconnaître que nous possédons ce qu’il n’a pas, et que cela ne peut venir que de Dieu. Il peut dire, comme Abimélec : « L’Éternel est avec toi », et « Tu es… béni de l’Éternel » (v. 28-29). Pour cela, il faut se séparer du monde et ne pas marcher selon ses principes. La relation du chrétien avec Dieu est invisible, s’il a sa part avec le monde. Lot tourmentait son âme juste au milieu de Sodome ; mais personne ne le savait ; il n’y rendait aucun témoignage. Le témoignage d’Isaac devint clair dès qu’il monta à Beër-Shéba. Les hommes de ce monde ne se sentent pas en sûreté au milieu de l’état de choses, dans ce monde dont Satan est le prince. Il leur arrive souvent de rechercher la proximité des chrétiens dont ils ont observé la piété, tandis qu’ils ne font pas grand cas de ceux qui mondanisent avec eux, lorsqu’ils sont dans la peine. On voit quelque chose de cela dans la démarche d’Abimélec, à côté du sens typique.
Abimélec veut faire alliance avec Isaac. Il a compris sa supériorité, et craint sans doute qu’il use de représailles, se souvenant qu’il l’avait chassé, quoiqu’il prétende, au verset 29, ne lui avoir fait que du bien. L’homme ne connaît pas la grâce ; il veut que le bien qu’il désire soit une réponse à ses bonnes œuvres. Si elles n’existent pas, il croit les voir. Abimélec reconnaît que non seulement l’Éternel est avec Isaac, mais il lui dit : « Tu es maintenant le béni de l’Éternel ». Il comprend qu’en faisant alliance avec un tel homme, il sera en sécurité. C’est ce qui arrivera avec Israël restauré, après le temps de tribulation qu’il traversera, après l’enlèvement de l’Église. Le monde qui l’aura chassé lorsqu’il était dans sa prospérité matérielle, lorsqu’il verra ce peuple béni de l’Éternel, alors qu’il s’était si mal conduit au milieu des nations, il recherchera sa faveur. Car, en effet, comme l’Éternel le dit aux trois patriarches, toutes les nations se béniront en leur semence : à Abraham, au chapitre 22:18 ; à Isaac dans notre chapitre ; à Jacob, chapitre 28:14.
L’alliance étant conclue, il est dit : « Et ils se levèrent de bon matin, et se jurèrent l’un à l’autre ; et Isaac les renvoya, et ils s’en allèrent d’avec lui en paix ». De nouveau, le puits de Beër-Shéba vint sur la scène, le puits du serment. Car c’est dans ce puits de la Parole de Dieu que nous avons la certitude de l’accomplissement de tout ce qui concerne l’Église, le peuple d’Israël et le monde.
Cet intéressant chapitre se termine par l’ombre que projette sur l’histoire d’Isaac la conduite de son fils Ésaü, dans son mariage avec les filles cananéennes. Hélas ! Ce fait ne s’est que trop souvent reproduit dans des familles que Dieu a bénies. Il y a un fils ou une fille qui n’a pas suivi les traces de ses parents, et s’est allié au monde par le mariage, source de souffrance pour les parents.
Ce chapitre offre un triste tableau du cœur de l’homme, en ceux-là même qui sont en rapport avec Dieu. Isaac savait que, de ses fils, le plus petit devait être béni. C’est à Rebecca que l’Éternel l’avait dit, et Jacob le savait. Qu’avaient-ils à faire, sinon à demeurer sous la dépendance de Dieu, qui accomplirait Ses desseins d’une manière digne de Lui ?
Isaac avait les yeux affaiblis de manière à ne plus voir. Mais sa vue spirituelle était aussi affaiblie par sa préférence pour Ésaü, non à cause de sa piété, qui était nulle, mais parce qu’il lui procurait le gibier que sa chair aimait. Nous voyons combien il est nécessaire de juger en nous tous nos penchants naturels car, en les cultivant, nous sommes privés du discernement spirituel pour agir en toutes choses selon la pensée de Dieu. Il semble que c’est tout naturel de s’accorder la nourriture qui répond à nos goûts, de même que dans l’ameublement, le vêtement, etc. Mais cela ne se fait pas sans que le cœur soit à ces choses ; c’est là ce qui est mauvais. Et, si nous n’y veillons pas, nous pouvons être dominés par ces penchants naturels, et privés de la capacité de discerner la volonté du Seigneur et de l’accomplir. Il est dit en Matt. 6:22 : « La lampe du corps, c’est l’œil ; si donc ton œil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière ». L’œil simple est l’œil fixé sur un seul objet, ce qui fait que l’on n’est pas gouverné par un double motif, seulement celui d’être agréable au Seigneur en toutes choses, et non à soi-même.
Isaac n’avait pas besoin d’associer un repas de mets savoureux avec la bénédiction qu’il devait prononcer sur celui que l’Éternel avait choisi. Cela ne pouvait que l’influencer charnellement en faveur d’Ésaü. Ce désir d’un bon repas fournit à Rebecca le moyen de tromper son mari, en lui donnant le temps de préparer le mets désiré pendant qu’Ésaü était à la chasse. Jacob, fils docile et préféré de sa mère, se prêta à ce qu’elle voulait. Elle lui dit : « Écoute ma voix dans ce que je te commanderai ». Hélas ! De mentir à son père, comme nous le voyons aux versets 19, 21, 25. Et Jacob ose dire à son père, étonné de le voir arriver si tôt de la chasse : « Parce que l’Éternel, ton Dieu, me l’a fait rencontrer devant moi ». Il ne peut dire mon Dieu, car il n’avait pas encore des relations avec Lui comme son Dieu.
C’est après avoir mangé et bu qu’Isaac prononça sa bénédiction sur celui qui était choisi de Dieu, quoiqu’il fût présenté à son père par une indigne tromperie. Elle est prononcée telle que Dieu la voulait (v. 28, 29). Dieu n’est pas limité par l’incapacité de l’homme pour accomplir ce qu’Il a décidé. Mais c’est toujours humiliant lorsque nous ne sommes pas en communion de pensée avec Lui dans l’accomplissement de Ses desseins. Combien c’eût été beau, pour Isaac et Rebecca, de voir agir Dieu par des moyens dignes de Lui, pour que la bénédiction parvînt à Jacob malgré le fait que, selon la nature, le droit d’aînesse appartenait à Ésaü.
Si Dieu ne se laisse pas arrêter par nos manquements pour accomplir Ses desseins, nous devons alors porter les conséquences de nos fautes sous le gouvernement de Dieu, comme la vie de Jacob va nous en offrir un exemple douloureux, entre tant d’autres dans l’histoire de l’homme telle que Dieu nous la donne dans les Écritures, où nous voyons la grâce de Dieu opérant pour l’accomplissement de Ses conseils et l’exercice de Son gouvernement, sous lequel tous nos actes portent leurs conséquences, souvent très pénibles. Nous en voyons un exemple solennel en David, le roi selon le cœur de Dieu : L’épée n’est point sortie de sa maison, parce qu’il avait pris la femme d’Urie (2 Sam. 12:10), lors même qu’il ait été restauré après la confession de son péché, comme nous le voyons au psaume 32. Il a porté les conséquences de sa faute dans la communion avec Dieu d’une manière édifiante (voyez 2 Sam. 16:10, 11). L’Ancien Testament nous présente tout particulièrement le gouvernement de Dieu. Dans le Nouveau, nous voyons comment l’homme — dont l’état de péché et de perdition a été démontré par l’expérience que Dieu a faite de lui depuis la chute jusqu’à la croix — peut être sauvé et amené dans la position glorieuse que la grâce lui a faite. Tandis que, durant le temps où Dieu faisait cette douloureuse expérience de ce qu’est le cœur naturel, Il nous montre quelles sont, pour cette vie, les conséquences du bien et du mal pour celui qui fait l’un ou l’autre. Ce qui ne veut pas dire que, sous la grâce, nous n’ayons pas à faire avec le gouvernement de Dieu ; au contraire. Nous le voyons apparaître dès le début de l’histoire de l’Église, lorsqu’Ananias et Sapphira tombèrent morts pour avoir menti à l’Esprit Saint ; non pas que ce soit toujours la mort qui résulte de l’application du gouvernement de Dieu. Dieu peut se servir de peines quelconques auxquelles chacun est exposé. Le chrétien a affaire avec la grâce, qui lui fournit tous les motifs pour marcher d’une manière digne de Dieu. C’est de cette grâce dont il doit se nourrir. Mais, sachant qu’il a aussi affaire avec le gouvernement de Dieu, il puisera d’autant plus, dans les ressources de l’amour de Dieu, la force pour marcher d’une manière qui plaise à son Dieu et Père et digne de Celui qui a donné Sa vie pour lui.
Comme Isaac avait achevé de bénir Jacob, Ésaü arriva de la chasse et apporta à son père le mets qu’il avait désiré, en lui demandant sa bénédiction. Isaac lui dit : « Qui es-tu ? Et il dit : Je suis ton fils, ton premier-né, Ésaü. Alors Isaac fut saisi d’un tremblement très grand, et il dit : Qui donc est celui qui a pris du gibier, et m’en a apporté ? Et j’ai mangé de tout avant que tu vinsses, et je l’ai béni : aussi il sera béni ». La réalité de ce qui venait de se passer apparaît devant Isaac ; non seulement la tromperie indigne de Jacob, mais surtout comment il avait été exposé à agir contrairement à la pensée de Dieu, s’il n’avait été conduit que par ses penchants naturels. C’est pourquoi il est saisi « d’un tremblement très grand ». Il se ressaisit, ou plutôt, il est replacé dans la présence de Dieu, pour maintenir ce qu’il a fait, malgré les pleurs et l’insistance d’Ésaü. Sans cela, s’il eût été dans les mêmes dispositions que lorsqu’il envoyait Ésaü à la chasse, il aurait pu revenir en arrière et corriger sa méprise, en annulant la bénédiction obtenue par tromperie. Mais Dieu ne le permit pas. Il maintint avec fermeté ce qu’il avait prononcé, sans se laisser fléchir par les pleurs d’Ésaü. C’est alors que s’accomplit ce qui est dit en Héb. 12:17 : « Car il ne trouva pas lieu à la repentance, quoiqu’il l’eût recherchée avec larmes » ; c’est-à-dire qu’il ne trouva pas lieu à ce qu’Isaac se repentit d’avoir béni Jacob. « Lorsque Ésaü entendit les paroles de son père, il jeta un cri très grand et amer ; et il dit à son père : Bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et il dit : Ton frère est venu avec ruse et a pris ta bénédiction ». Il arrive souvent qu’après avoir méprisé une bénédiction, on voudrait l’obtenir. Combien de jeunes gens, ayant méprisé les enseignements de leurs parents chrétiens, ont choisi le monde ; et, après de tristes expériences, ils doivent réaliser la perte de ce qu’ils ont méprisé pour ici-bas, pour accepter la grâce du salut avant de quitter ce monde, si la chose leur est accordée.
À la détresse d’Ésaü, Isaac répond en répétant la bénédiction donnée à Jacob. Ésaü demanda encore : « N’as-tu que cette seule bénédiction, mon père ? Bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et Ésaü éleva sa voix et pleura ». Quel avertissement à ne pas être profane comme Ésaü, ainsi que nous l’avons vu à la fin du chapitre 25, en rapport avec le chapitre 12 de l’épître aux Hébreux, v. 16-17 ! Le fait que Jacob l’avait supplanté n’enlève rien à la culpabilité de son frère ; il avait apprécié le droit qu’Ésaü avait méprisé et, comme nous l’avons vu, il a porté les conséquences de sa manière indigne de se l’approprier. Isaac n’a pas une seconde bénédiction comme la première ; mais il dit à Ésaü : « Voici, ton habitation sera en la graisse de la terre et en la rosée des cieux d’en haut. Et tu vivras de ton épée, et tu serviras ton frère ; et il arrivera que, lorsque tu seras devenu nomade — ou : lorsque tu auras acquis la domination (en note) — tu briseras son joug de dessus ton cou ». Ce sont toutes des choses matérielles, qui ne comportent rien pour l’avenir glorieux que caractérisent les bénédictions promises aux pères. On voit, en 2 Rois 8:20-22, quand Édom a brisé le joug de Jacob, alors que le peuple était dans un mauvais état.
Malgré la faiblesse d’Isaac, il a maintenu ce que Dieu voulait ; c’est pourquoi il put être dit de lui en Héb. 11:20 : « Par la foi, Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à venir ».
Maintenant commence avec Ésaü la haine invétérée que lui et ses
descendants ont montrée à l’égard du peuple juif. Il est appelé Édom tout le
long de son histoire, nom qui rappelle le mépris de son droit d’aînesse, qu’il
vendit à Jacob pour un potage roux
.
Il est répété plusieurs fois, au chapitre 36 : « Ésaü est
Édom ». La haine d’Édom pour Israël a été à un tel point que, lorsque le
règne de Christ sera établi, il n’y aura aucune part, ainsi que nous l’avons
déjà vu (chap. 25). Ésaü eut en haine Jacob et se proposa de le tuer, lorsque
son père serait mort. C’est alors que commencèrent pour Jacob les conséquences
de sa manière d’agir, qu’il dut supporter dans son long et pénible séjour chez
Laban et dans la suite, mais au travers desquelles Dieu accomplit Ses pensées
de grâce. C’est encore Rebecca qui veut soustraire son fils à la haine de son
frère. Elle lui dit : « Lève-toi, fuis chez Laban, mon frère, à
Charan ; et tu demeureras avec lui quelques jours… jusqu’à ce que la
colère de ton frère se détourne de toi et qu’il oublie ce que tu lui as fait,
et que j’envoie et que je te tire de là ». C’est ce que Rebecca pensait.
Dans ce qu’elle dit, deux choses ne sont pas arrivées : Jamais la colère
d’Édom ne s’est détournée de son frère, lors même qu’il ne lui fit aucun mal
lorsqu’ils se rencontrèrent, au chapitre 32 ; et ce n’est pas Rebecca qui
le fit revenir ; car, dès ce jour, on n’entend plus parler d’elle. C’est
Dieu qui avait la haute main sur tous ces événements, qui lui dit de revenir,
au chapitre 31:13.
Pour obtenir le consentement d’Isaac au départ de Jacob, Rebecca lui dit qu’elle avait en aversion les filles de Heth, et que si Jacob en prenait une pour femme, à quoi bon lui servait la vie ? Manière très habile de voiler son plan sous la forme d’un désir très bon et acceptable par Isaac. Rebecca a-t-elle jamais revu Jacob ? Cela est peu probable ; la Parole ne le dit pas.
Les épouses des patriarches peuvent représenter des caractères
divers de l’Épouse de Christ. Sara
est une figure de l’Épouse en pays étranger, en attendant de le posséder. Rebecca
représente l’Épouse céleste.
Avec celle de Jacob, on a le côté du travail accompli pour l’obtenir. Joseph,
rejeté par ses frères, possède une épouse prise chez les gentils, qui partage
sa gloire lorsqu’il est reconnu par eux. Celle de Moïse est aussi prise d’entre
les gentils pendant qu’il est rejeté par ses frères ; elle partage son
affliction pendant ce temps. Moïse la possède lorsqu’il vient délivrer ses
frères, et Joseph lorsqu’il se fait connaître à eux.
Si, d’un côté, Isaac accepte la proposition de Rebecca à l’égard de Jacob, nous voyons par son attitude qu’il accepte le départ de son fils comme une conséquence de son manque de dépendance de Dieu, qui l’a exposé à bénir Ésaü à la place de Jacob. Il ne fait de reproches ni à Rebecca, ni à Jacob. De même, pour Jacob, son départ était la conséquence de la manière charnelle par laquelle il avait obtenu une bénédiction que Dieu avait promise et qu’Il aurait accomplie par Ses propres moyens. Rebecca doit aussi supporter le départ de son fils préféré comme résultat de son activité charnelle. Ainsi que Jacob, elle croyait aux bénédictions que Dieu avait promises ; mais l’un et l’autre ne se fiaient pas à Dieu pour qu’Il les accomplisse en Son temps. Ils se servirent d’un manque de spiritualité momentané d’Isaac pour l’obtenir. Dieu veut nous bénir ; c’est Son œuvre accoutumée. Il nous a appelés à Lui, nous a fait connaître Son amour, nous a donné un avenir glorieux. La foi saisit cela par pure grâce ; mais il nous arrive souvent que, pour les choses de la vie présente, au lieu de nous attendre à Lui, qui a promis ce qui est nécessaire pour le voyage, nous agissons comme si tout dépendait de notre activité, et nous mettons Dieu de côté, comme s’Il n’était pas fidèle à Sa parole lorsqu’Il dit : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus » (Matt. 6:33) ; toutes les choses dont le Seigneur parle dans les versets qui précèdent.
Isaac appela Jacob et le bénit ; il lui commanda de ne pas prendre de femme dans le pays de Canaan et l’envoya à Paddan-Aram en prendre une dans la famille de sa mère. Il lui dit : « Et le Dieu Tout-puissant te bénisse et te fasse fructifier et te multiplie, afin que tu deviennes une assemblée de peuples ; et qu’il te donne la bénédiction d’Abraham, à toi et à ta semence avec toi, afin que tu possèdes le pays où tu as séjourné, lequel Dieu a donné à Abraham ». Jacob est donc sûr de l’accomplissement des promesses, lors même qu’il quittait le pays par sa propre faute. Dieu le ramènerait, et non Rebecca, comme elle le lui avait dit. Dieu avait ramené Abram du pays d’Égypte pour qu’il demeure dans le pays (13:14-18). À Isaac, Il avait dit : Demeure dans le pays, et Je serai avec toi (26:3). Tandis que Jacob doit le quitter pour aller loin, laisser son père et sa mère, avoir derrière lui la haine meurtrière d’Ésaü, et faire de tristes expériences. Combien nous nous compliquons la vie, lorsque nous ne nous confions pas en Dieu pour marcher dans une simple dépendance de Lui-même !
Ésaü vit que son père avait béni Jacob en l’envoyant prendre une femme dans la maison de sa mère. Voulant se rendre favorable à son père auquel les femmes cananéennes ne plaisaient pas, il prit pour femme une des filles d’Ismaël, outre celles qu’il avait déjà, pour en avoir une qui descendit d’Abraham. Les gens du monde imitent volontiers les chrétiens, lorsqu’ils pensent que cela peut leur être avantageux matériellement. Mais, pour être agréables à Dieu, il faut d’autres motifs. Il faut commencer par croire pour avoir la vie divine, qui seule peut rendre capable de Lui plaire.
Au verset 10, nous voyons Jacob en route pour Charan, laissant derrière lui tout ce qui lui était cher. Quelle différence avec Éliézer, qui partait pour la même destination chercher aussi une épouse pour Isaac, dans une pleine communion avec son Dieu, qui fit prospérer son voyage. Mais, du côté de Dieu, rien n’est changé. Nous changeons ; nos circonstances se compliquent par notre propre faute ; mais Dieu demeure le même. Il se sert des conséquences de nos manquements pour nous discipliner et faire notre éducation spirituelle ; et Il amènera tout à bonne fin, comme nous le verrons avec Jacob.
Jacob arriva dans un lieu où, le soleil s’étant couché, il passa la nuit. Évidemment, ce n’était pas la première nuit car pour arriver à Luz, nom primitif de Béthel, il avait parcouru une certaine distance depuis Beër-Shéba, plus de quatre-vingt kilomètres en pays montagneux. Mais c’était le lieu où Dieu voulait se rencontrer avec lui, vrai point de départ de son voyage et but de son retour, et son habitation future (chap. 31:12, 13 ; 35). Voyageur fatigué, isolé, ne trouvant qu’une pierre pour oreiller, son soleil étant couché à tous égards, il s’endort. Dieu attendait là ce pauvre fugitif, dont les pensées devaient être aussi noires que la nuit, pour l’encourager et le fortifier ; car Jacob était Son élu, par grâce, quoique si indigne dans sa marche, tels que nous le sommes tous à tant d’égards. Jacob vit en songe une échelle dressée sur la terre, et dont le sommet touchait aux cieux. Sur cette échelle, les anges de Dieu montaient et descendaient ; et l’Éternel se tenait sur elle, et lui dit : « Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham, ton père, et le Dieu d’Isaac ». Il lui renouvelle les promesses faites à ses pères, lui dit que sa semence sera comme la poussière de la terre, que toutes les familles de la terre seront bénies en elle. Puis Il ajoute : « Et voici, je suis avec toi ; et je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans cette terre-ci, car je ne t’abandonnerai pas jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit ». Combien la grâce de Dieu est merveilleuse pour nous encourager, lorsque nous subissons les conséquences de nos fautes ; et nous serions exposés à penser que, par nos manquements, nous compromettons toute bénédiction de la part de Dieu. Non seulement Jacob est assuré de l’accomplissement des promesses faites à Abraham mais, ce qui aurait dû être si encourageant pour lui, c’était d’entendre que Dieu était avec lui, qu’Il le garderait partout où il irait, le ramènerait dans le pays, et qu’Il ne l’abandonnerait pas jusqu’à ce qu’Il ait fait ce qu’Il lui avait dit. En même temps, par la vue de ces anges montant et descendant sur l’échelle, l’Éternel lui montrait qu’il y avait, pour le protéger, ces serviteurs célestes, qui sont « tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1:14). Par cette échelle, Dieu montre aussi que, par la grâce, des relations seront établies entre le ciel et la terre, non seulement en faveur d’un pauvre Jacob, mais pour le plein accomplissement des pensées de Dieu en bénédiction pour Son peuple terrestre et pour le monde entier. En Jean 1:52, le Seigneur dit à Nathanaël : « Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l’homme ». C’est de la même scène dont il s’agit ; mais c’est le Fils de l’homme qui est l’objet du service des anges, parce que c’est par Lui que les bénédictions seront répandues sur la terre.
Jacob pouvait donc se mettre en route plein de confiance en l’Éternel, qui lui assurait un avenir béni et Ses soins, Sa protection, durant tout son voyage et son séjour à Charan. Hélas, il n’en fut rien ! Si Jacob croyait aux promesses faites aux pères, il montre là encore qu’il ne croit pas en Dieu pour les obtenir ; il ne Le connaît pas pour jouir de Ses soins dans la vie pratique. Il n’a de confiance qu’en lui-même, comme nous le verrons tout le long de son séjour à Charan. Combien de chrétiens lui ressemblent ! Ils sont sûrs de leur salut ; mais, en route pour le ciel, ils ont plus de confiance en leur propre sagesse que dans le Dieu de leur salut, et se privent, souvent pendant longtemps, de la jouissance d’une vraie communion.
En se réveillant, Jacob dit : « Certainement, l’Éternel est dans ce lieu, et moi je ne le savais pas. Et il eut peur, et dit : Que ce lieu-ci est terrible ! Ce n’est autre chose que la maison de Dieu, et c’est ici la porte des cieux ! ». Ces paroles nous disent à quelle distance de l’Éternel vivait le pauvre Jacob. Il ignorait la présence constante de Celui qui avait parlé de lui avant sa naissance. Il ne savait pas que l’Éternel était dans ce lieu, parce qu’il ne s’en était guère préoccupé dans la maison de son père. Cette présence était terrible pour lui. Il va sans dire que si nous n’avons que nos manquements et leurs conséquences pour réaliser la présence de Dieu, qui a les yeux trop purs pour voir le mal, nous ne pouvons qu’être effrayés par elle. Mais nos manquements ne font pas changer Dieu à notre égard ; nous n’avons qu’à les Lui confesser et les abandonner ; reconnaître et juger nos voies devant Lui, pour être ramenés dans la jouissance de Sa présence et de Sa communion, pour jouir de nos bénédictions présentes et éternelles.
Jacob appela le nom de ce lieu Béthel, ce qui signifie
« maison de Dieu ». Ce fut dès lors son nom, à la place de celui de
Luz qu’elle avait auparavant. Luz signifie départ
,
ou séparation
. L’homme dans son état
naturel était séparé de Dieu par le péché ; mais la grâce de Dieu a travaillé
pour l’amener dans Sa présence et pour qu’il y habitât, comme nous le verrons
avec Jacob, au chapitre 35, et comme c’est tout particulièrement la place du
chrétien, qui y a été amené en vertu de l’œuvre de Christ, par laquelle tout ce
qui le séparait de Dieu a été ôté. Jacob avait bien la foi, mais une foi qui ne
pouvait réaliser tout ce qu’est Dieu, objet de la foi ; une foi toujours
obstruée par la confiance en lui-même. Cette rencontre avec Dieu lui fait
comprendre qu’Il pourra accomplir ce qu’Il a dit ; mais, au lieu de
remplir son cœur de paix et de joie, cela lui suggère l’idée de faire une sorte
de convention avec l’Éternel. Il fit un vœu, disant : « Si Dieu est
avec moi… dans ce chemin où je marche, et qu’il me donne du pain à manger et un
vêtement pour me vêtir, et que je retourne en paix à la maison de mon père,
l’Éternel sera mon Dieu. Et cette pierre que j’ai dressée en stèle sera la
maison de Dieu ; et de tout ce que tu me donneras, je t’en donnerai la
dîme ». Dieu est, pratiquement, inconnu de Jacob. Il L’aperçoit, pour
ainsi dire, à travers ses propres pensées, mais pas assez pour se confier en
Lui. En sorte que, si l’Éternel tient Ses promesses, il le prendra pour son Dieu
et il L’honorera en Lui donnant la dîme de ce qu’Il lui donnerait. Pauvre
Jacob ; s’il eut été laissé à lui-même, sans les secours de Celui auquel
il se fiait si peu, il n’aurait guère eu de dîme à Lui offrir.
De quelles précieuses bénédictions son incrédulité ne l’a-t-elle pas privé ? Dieu l’amènera finalement devant Lui, dans la jouissance de Sa communion ; mais quelle perte de temps il a faite. Ce n’est que quelques vingt ans plus tard, après de pénibles expériences, qu’il fut amené dans l’état où il aurait dû être en quittant Béthel, ou plutôt dans la maison de son père, s’il se fut confié en Dieu, ainsi que sa mère.
En voyant que Dieu veut accomplir Ses pensées de grâce en notre faveur, malgré notre indifférence à Son égard et notre incrédulité, il pourrait paraître au raisonnement de la chair que ce n’est pas si important, d’être fidèles. Loin de nous une telle pensée ! Il y a, au contraire, une grande perte. D’abord, nous déshonorons Dieu par notre incrédulité ; et tout le temps qu’Il doit employer à nous discipliner pourrait être employé à Le servir et à L’honorer, temps dans lequel nous aurions pu acquérir des bénédictions éternelles en glorifiant le Seigneur par une vie de foi. Israël aurait pu entrer en Canaan l’année où il sortit d’Égypte ; mais, à cause de son incrédulité, il n’y entra que quarante ans plus tard. Par les soins de Dieu, Jacob eut la fin merveilleuse qui nous est rapportée en Héb. 11:21-22. Il adora, appuyé sur le bout de son bâton. Il avait de quoi adorer Dieu, à la fidélité duquel il devait une si belle fin. Abraham put l’adorer ainsi tout le long de son pèlerinage.
Toute l’histoire de Jacob est une illustration de la manière dont Dieu exerce la discipline envers les Siens. Nous devons subir les conséquences de nos manquements ; c’est inévitable. Mais Dieu s’en sert pour faire notre éducation spirituelle. Nous Le voyons derrière la scène, dirigeant les circonstances en faveur de Jacob, ne poursuivant qu’un but d’amour, pour tout amener à bonne fin. Cette histoire de Jacob est très instructive pour nous, qui lui ressemblons à tant d’égards malgré une connaissance infiniment plus grande de Dieu que n’avait pas ce patriarche, ce qui augmente beaucoup notre responsabilité. Nous pouvons souvent L’invoquer, comme au psaume 84:8 : « Éternel, Dieu des armées ! écoute ma prière ; Dieu de Jacob ! prête l’oreille ». Jacob avait vu l’Éternel des armées se tenant sur l’échelle et il avait été l’objet de Ses soins fidèles. Nous Le connaissons comme notre Dieu et notre Père ; à plus forte raison pouvons-nous nous confier en Lui.
Jacob atteignit le pays des fils de l’orient, et il rencontra près d’un puits des hommes qui purent le renseigner au sujet de Laban. Sur ces entrefaites arriva Rachel, qui venait abreuver le bétail de son père. Ils firent connaissance. Jacob, expatrié dans de pénibles circonstances, est ému en rencontrant un membre de la famille de son père et de sa mère. Rachel courut raconter à son père qu’elle avait rencontré Jacob, et Laban le fit entrer dans sa maison.
Cette rencontre ressemble à celle que fit Éliézer près d’un siècle auparavant, mais avec une grande différence. Éliézer, nous l’avons remarqué, marchait conduit par l’Éternel, avec la conscience de Sa présence et jouissant de Sa communion. Sa rencontre avec Rebecca auprès de la fontaine est une réponse à sa prière (chap. 24:11-25). Se voyant exaucé (v. 26-27), il se prosterne devant l’Éternel et Lui rend grâces. Lorsqu’il reçoit la réponse de Bethuel au sujet de Rebecca, il se prosterne encore devant l’Éternel avant de manger. Tandis que Jacob, effrayé par la présence de l’Éternel à Béthel, ne peut y demeurer ni la faire intervenir. Mais, s’il arrive directement à la famille de sa mère, comme Éliézer l’avait fait, c’est qu’il était l’objet du service des anges qu’il avait vus, montant et descendant sur l’échelle, et de la fidélité de l’Éternel qui lui avait dit : « Je suis avec toi ; et je te garderai partout où tu iras ». De son côté, aucune communion, pas de prières, pas d’actions de grâces. Il est l’objet inconscient, dans une grande mesure, de la bonté et de la fidélité de Dieu. Les voyages de ces deux hommes, dans des circonstances semblables, illustrent clairement la marche du croyant qui réalise toujours la présence de Dieu et qui demeure sous Sa dépendance, et celle d’un croyant, aussi objet des soins de Dieu, mais inconscient de Sa présence et de Sa bonté qui le suivent pas à pas. Outre cela, il y a le fait que Jacob était sous la discipline de Dieu, conséquence de ses manquements. Mais la présence de l’Éternel à Béthel et l’assurance de Ses promesses auraient dû l’amener à la confession de ses fautes, et le placer dans une dépendance intelligente de son Dieu, qui l’aurait gardé dans Sa paix et dans la fidélité tout le long de son pèlerinage. Car si, en étant sous la discipline du Seigneur, sous les conséquences de nos manquements, nous avons à confesser nos péchés, nous pouvons jouir de Sa communion et être en paix.
Un mois s’était écoulé depuis l’arrivée de Jacob chez Laban, lorsque celui-ci lui dit : « Parce que tu es mon frère, me serviras-tu pour rien ? Dis-moi quel sera ton salaire ? » ; paroles qui semblent provenir d’un cœur bienveillant et désintéressé. Mais, comme la suite le prouvera, Laban, type de l’homme du monde, fort intriguant en vue de ses avantages matériels, veut, au contraire, tirer un parti avantageux de son frère. Mais il avait affaire avec un ressortissant de la même famille, ayant les mêmes dispositions naturelles ; et ce ne fut dès lors qu’une série de marchés, qui auraient toujours été défavorables à Jacob, malgré son habileté et les ruses de sa nature commerçante, si la main de Dieu n’avait pas dirigé les circonstances en sa faveur.
Jacob aimait Rachel, et il offrit à Laban de le servir sept ans pour l’obtenir en mariage, ce que Laban accepta. Les sept ans parurent comme peu de jours, tant il aimait Rachel. Ce temps accompli, Jacob fit la pénible expérience de ce que dit la Parole en Matt. 7:2 : « De la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ». Laban le trompa en lui donnant Léa pour femme au lieu de Rachel, sous prétexte que ce n’était pas la coutume, dans le pays, de donner la plus jeune avant l’aînée. Mais Léa étant moins belle que sa sœur, Laban était plus sûr de la marier ; mais, au-dessus de cette considération, il avait calculé qu’il obtiendrait encore sept années de travail de Jacob, puisqu’il aimait Rachel. Combien ce procédé indigne devait reporter les pensées de Jacob au jour où il supplanta son frère en trompant son père. Il se résigna à en porter les conséquences en travaillant encore sept ans pour avoir la femme qu’il aimait, que Laban lui donna aussitôt. On remarque, dans toute cette histoire de Jacob, qu’il acceptait les circonstances pénibles par lesquelles il passait sans murmurer ; ce qui fait voir que, malgré tout, il reconnaissait la main de Dieu en discipline, comme conséquence de ses fautes.
En donnant ses filles à Jacob, Laban donna à chacune une servante, qui contribuèrent toutes deux à former la postérité de Jacob. Dieu le permit ainsi. Du verset 31 au verset 24 du chapitre 30, nous avons l’histoire détaillée de la naissance des onze fils de Jacob, dont Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issacar et Zabulon par Léa, qui enfanta aussi Dina ; Dan et Nephthali de Bilha, servante de Rachel ; Gad et Aser de Zilpa, servante de Léa ; puis finalement Joseph, de Rachel, la femme aimée, mais qui était stérile. Joseph est un type de Christ ; comme celle d’Isaac, sa naissance eut lieu par l’intervention de Dieu. Benjamin, qui est aussi un type du seigneur, naquit plus tard, près de Bethléem (chap. 35:16-20).
Il y a quelque chose de pénible dans le récit de la formation de cette famille, une sorte de lutte avec la nature, sauf pour Joseph, que Rachel reçut en réponse à ses prières (v. 22). Tout se ressent des circonstances dans lesquelles Jacob se trouvait.
Il est difficile de tirer un enseignement de la manière dont ces naissances ont eu lieu ; ou plutôt, nous ne sommes pas capables de le découvrir. Un frère qui a écrit sur ce sujet dit que les fils de Léa représentent Israël dans le temps où il a habité dans le pays ; ceux des servantes le représentent dans son état actuel de servitude au milieu des nations ; et ceux de Rachel dans son état futur, sous les bénédictions promises aux pères.
L’Éternel se souvint de Rachel, et elle enfanta Joseph, nom qui signifie : « Qu’il ajoute », car elle désirait encore un autre fils. Ce désir était selon Dieu. S’il s’agit de nos bénédictions spirituelles, nous devons toujours en désirer, et nous adresser à « Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance, qui opère en nous » (Éph. 3:20). Sa puissance avait opéré en Rachel pour qu’elle ait un fils, et elle opérerait encore.
Dès que Joseph fut né, type de Christ, Jacob, instinctivement plus qu’intelligemment, voulut retourner dans son pays, où Celui dont Joseph est un type doit y répandre un jour les bénédictions promises. Quoi qu’il en soit de Jacob sous la discipline de Dieu, et parce qu’il était l’objet de Ses soins, il se trouve, dans une mesure, sous l’influence de sa relation avec Dieu, ce qui lui suggère parfois de bonnes pensées. Il propose à Laban de le renvoyer dans son pays. Mais Laban, l’homme du monde intéressé et sans conscience, ne veut pas laisser échapper une si bonne source de gain. Il prend le rôle d’un inférieur et lui dit : « Écoute, si au moins j’ai trouvé grâce à tes yeux ! J’ai aperçu que l’Éternel m’a béni à cause de toi. Et il dit : Fixe-moi ton salaire, et je te le donnerai ». Il porte bien les caractères de l’homme matériel, qui affecte le langage pieux pour obtenir du chrétien des avantages terrestres.
Pour Jacob, le temps de la discipline à Charan n’avait pas encore pris fin. Il devait être encore exercé pendant six ans. Il voit lui aussi, dans la proposition de son beau-père, un moyen d’augmenter ses biens, car ils sont aussi rusés et intéressés l’un que l’autre, avec cette différence que Dieu s’occupait de Jacob, dirigeant les circonstances en sa faveur. Ces deux hommes font un marché. Jacob rappelle à Laban combien ses troupeaux se sont accrus depuis qu’il était chez lui. Il le prend sur ses propres paroles, puisqu’il reconnaissait que Dieu l’avait béni. Il avait travaillé pour Laban ; maintenant, il voulait travailler pour sa propre maison. Laban lui dit : « Que te donnerai-je ? Et Jacob dit : Tu ne me donneras rien ». C’était une offre tentante, mais qui voulait dire : Je me servirai moi-même. Lequel sera le plus habile ? C’est ce que la suite montrera. Jacob lui proposa d’ôter de son troupeau « toute bête marquetée et tachetée, et tous les agneaux foncés, et ce qui est tacheté et marqueté parmi les chèvres ; et ce sera là mon salaire ». Laban accepta, mais il s’empressa d’ôter de son troupeau tout le bétail que Jacob lui désignait, au lieu de le lui donner comme il était convenu, espérant que, le troupeau n’étant plus mélangé, il naîtrait moins d’animaux tels que Jacob les désirait. Mais Laban ignorait que Dieu était derrière la scène et, en présence d’une pareille injustice, Il fit que, malgré les précautions de Laban, les agneaux et les chevreaux rayés et marquetés furent en plus grand nombre que ceux qui devaient revenir à Laban.
Nous voyons, dans le discours que Jacob tient à ses femmes au chapitre 31:12, que l’ange de Dieu lui montra dans un songe que le bétail rayé, marqueté et picoté serait plus abondant que l’autre. Mais, au lieu de se confier en Dieu qui accomplit ce qu’Il dit, nous retrouvons la nature intrigante et trompeuse du supplanteur qui croit, comme toujours, que Dieu a besoin de lui pour accomplir Ses promesses ; et il usa d’un habile moyen naturel pour augmenter la naissance du bétail qui devait lui revenir. Dieu n’avait pas besoin des branches pelées dans les abreuvoirs pour augmenter la fécondité du troupeau. Le Créateur du bétail était tout-puissant pour accomplir ce qu’Il voulait. Avec cette habileté, ou plutôt par la volonté de Dieu, nous lisons : « Et l’homme s’accrut extrêmement, et eut un bétail nombreux, et des servantes et des serviteurs, et des chameaux et des ânes » (v. 43). Jacob, voyant que sa prospérité rendait jaloux Laban et ses fils, décida de rentrer dans son pays, comme Dieu le lui dit, au verset 13 du chapitre 31.
Note : Ce que j’ai dit de la signification de Luz : départ
, ou éloignement
, est vrai ; mais je crois que, dans le cas de
Jacob, cela se rapporte plus particulièrement à ses circonstances. Il était parti
de la maison paternelle, et Dieu
veut l’encourager en lui faisant connaître ce qu’Il était et ce qu’Il serait
pour lui, pendant qu’il était loin de la maison de son père.
La prospérité de Jacob excita la jalousie des fils de Laban, voyant disparaître le troupeau de leur père dans celui de Jacob. Et le visage de Laban fut changé envers Jacob. Mais cela correspondait avec le terme de son séjour à Charan, tel que Dieu le voulait. « L’Éternel dit à Jacob : Retourne au pays de tes pères et vers ta parenté, et je serai avec toi ».
Jacob fit venir Rachel et Léa, leur dit que le visage de leur père n’était plus le même envers lui ; il leur exposa de quelle manière leur père avait agi à son égard, mais que Dieu ne lui avait pas permis de lui faire du mal, et que, s’il avait prospéré, c’est parce que Dieu l’avait favorisé. Il leur raconta ce que Dieu lui avait dit en songe, et que maintenant Il lui disait : « Je suis le Dieu de Béthel, où tu oignis une stèle, où tu me fis un vœu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta parenté ». Le Dieu de Béthel est le Dieu qui lui fit les promesses, lorsqu’il fuyait de devant Ésaü. Il veut l’engager à se confier en Lui pour rentrer dans son pays, en lui rappelant le vœu qu’il fit à Béthel, savoir que s’Il accomplissait Ses promesses, Il serait son Dieu. Dieu ayant été fidèle à Ses promesses, Il comptait que Jacob le serait aussi, quoique ce vœu soit misérable, exprimant plus d’incrédulité que de foi, puisqu’il ne prendrait Dieu pour son Dieu que sous condition. Mais Dieu lui rappelle ce fait, le seul auquel il pouvait relier ses rapports avec Lui, ce qui montre combien Jacob avait eu peu de rapports avec Dieu durant les vingt ans de son séjour. Dieu l’avait protégé, lui avait donné plus que du pain à manger et un vêtement ; et Il lui disait de rentrer. Rachel et Léa lui répondirent : « Avons-nous encore une portion et un héritage dans la maison de notre père ? N’avons-nous pas été réputées par lui comme des étrangères ? car il nous a vendues, et a même toujours mangé notre argent… Et maintenant, fais tout ce que Dieu t’a dit » (v. 14-16).
Jacob prévoyait que Laban s’opposerait à son départ, ce qui était probable ; mais il n’avait qu’à se confier en Dieu, qui lui avait dit : « Je serai avec toi ». Au lieu de cela, il prépare une fuite clandestine qui lui attirera toutes sortes de désagréments. Il en est toujours de même lorsqu’au lieu d’obéir, quand nous connaissons la volonté de Dieu, nous prévoyons les difficultés et nous les mesurons avec nos propres forces, au lieu de les remettre à Dieu pour qui il n’y en a aucune. Et nous agissons comme si c’était Dieu qui avait besoin de nous pour accomplir ce qu’Il veut ; et nous employons les mêmes moyens que ceux qui ne connaissent pas Dieu comme leur Père, ce qui ne fait que compliquer les difficultés. Lorsque nous connaissons la volonté de Dieu à l’égard de quoi que ce soit, nous n’avons qu’à obéir ; qu’importe les difficultés qui peuvent en résulter, c’est Dieu qui s’en charge. Les jeunes Hébreux, en Dan. 3, ne se sont pas demandés s’ils avaient le courage d’affronter la fournaise. Ils ne connaissaient qu’une chose : ce que Dieu avait dit en Exode 20:4-6.
Jacob organisa le départ de sa famille et de tous ses biens, et se mit en route pour le pays de Canaan, sans en prévenir Laban, qui était allé tondre son menu bétail. « Et Jacob trompa Laban, l’Araméen, car il ne lui apprit pas qu’il s’enfuyait », est-il dit au verset 20. C’est la droiture qui doit caractériser toute la conduite du croyant, quelles que soient les conséquences que l’on puisse prévoir. La première pièce de l’armure pour faire face à Satan est la ceinture de la vérité. C’est ce qui donne la force pour ajouter toutes les autres pièces de l’armure complète de Dieu. Elle manqua à Jacob et à tous ceux qui agissent comme lui.
Jacob partit avec tout son bien, et passa le fleuve — probablement l’Euphrate — et se dirigea vers la montagne de Galaad. Le troisième jour, Laban apprit ce départ, et il poursuivit Jacob et l’atteignit au bout de sept jours, à la montagne de Galaad. Il était déjà au nord-est du pays de Canaan. Là, Dieu montra encore Sa fidélité envers Jacob en avertissant Laban en songe, lui disant : « Garde-toi de parler à Jacob, ni en bien, ni en mal ». Sans cela, il eût pu agir avec violence, en se voyant privé de celui dont il avait su si bien profiter. Il reprocha à Jacob de l’avoir trompé, d’avoir emmené ses filles comme des captives de guerre, de s’être enfui en cachette sans l’avoir averti. Il ne pensait pas qu’il avait agi avec ses filles comme avec des esclaves, qu’il avait fait payer chèrement à Jacob. À part cela, ses reproches étaient justes et pouvaient faire réfléchir Jacob ; mais c’est envers Dieu plus qu’envers Laban qu’il avait manqué. Laban se donne la belle part ; il dit qu’il l’aurait renvoyé avec joie, avec des chants, avec le tambourin et avec la harpe. C’était bon à dire, maintenant qu’il était tout préservé de le faire. Il ajouta encore qu’il avait en sa main le pouvoir de lui faire du mal, ce qu’il aurait fait si Dieu ne l’avait pas averti, la nuit précédente, de ne lui parler ni en bien, ni en mal. Une chose lui tenait tout particulièrement à cœur ; c’est que ses théraphim, ou dieux domestiques, que l’on consultait comme oracles, avaient disparu. Rachel les avait volés (v. 19). Laban dit : « Et maintenant que tu t’en es allé, parce que tu languissais tant après la maison de ton père, pourquoi as-tu volé mes dieux ? » (v. 30). C’était en contradiction avec le retour à la maison de son père, où Dieu était connu de Jacob, que de prendre des faux dieux ; mais Jacob ne le savait pas. Mais cela fait comprendre que l’influence de Jacob, au point de vue de la crainte de Dieu, avait été nulle dans sa famille. Comme motif de son départ clandestin, Jacob lui dit : « J’ai craint ; car j’ai dit : De peur que tu ne me ravisses tes filles ». Qu’avait-il à craindre, puisque le Dieu de Béthel lui avait dit de retourner à la maison de son père ? Quant aux dieux, il dit : « Qu’il ne vive pas, celui auprès de qui tu trouveras tes dieux ! ». Paroles imprudentes, qui ne s’accomplirent pas grâce à l’habileté de la coupable ; mais en réalité, c’est parce que Dieu ne permit pas qu’ils soient découverts. Rachel aura eu affaire avec Dieu pour sa conduite. Elle a montré qu’elle avait subi davantage l’influence de son père que de son mari. N’ayant rien trouvé, ce fut Jacob qui prit la parole, étant en colère contre son beau-père. Il lui reprocha la manière dont il l’avait traité durant ces vingt années qu’il l’avait servi. Malgré l’adresse avec laquelle il avait agi envers Laban, il avait été fidèle dans ce qu’il lui avait confié. Dans tous les reproches qu’il lui adresse, on voit qu’il avait eu affaire avec un homme sans conscience. Il l’avait servi quatorze ans pour ses filles et six ans pour son menu bétail ; et il avait changé dix fois son salaire. Il reconnaît que, si le Dieu de son père, le Dieu d’Abraham, et la frayeur d’Isaac, n’eût été pour lui, il l’aurait renvoyé à vide ; ce dont il était capable, puisque Dieu l’avait repris dans un songe. Jacob appelle Dieu « la frayeur d’Isaac », ici et au verset 53, faisant allusion à la frayeur qu’Isaac eut lorsqu’il se rendit compte qu’il avait risqué de bénir Ésaü à la place de Jacob, contrairement à la pensée de Dieu (27:33). Il est dit qu’il fut saisi d’un tremblement très grand. Laban veut encore se donner la belle part, comme si tout ce que Jacob avait était un pur don de sa part. Il dit à Jacob : « Les filles sont mes filles, et les fils sont mes fils, et le bétail est mon bétail, et tout ce que tu vois est à moi ! » (v. 43). Puis il lui proposa de faire une alliance qui fut un témoignage entre eux. Laban sentait qu’il avait affaire avec un homme qui lui était supérieur, et il veut se mettre à l’abri de tout retour agressif. Si Jacob paraissait ainsi, c’est parce que Dieu était avec lui. Ils firent un monceau de pierres et ils mangèrent ensemble. Laban prit la parole et dit : « Ce monceau est aujourd’hui témoin entre moi et toi… quand nous serons cachés l’un à l’autre. Si tu maltraites mes filles, et si tu prends des femmes outre mes filles… regarde, Dieu est témoin entre moi et toi… et la stèle sera témoin, que moi je ne passerai point ce monceau pour aller vers toi, et que toi, tu ne passeras point ce monceau et cette stèle pour venir vers moi, pour faire du mal. Que le Dieu d’Abraham et le Dieu de Nakhor, le Dieu de leur père, juge entre nous » (v. 45-53). Laban parle comme un honnête homme qui ne ferait point de mal à son prochain, mais qui prend des mesures pour que son prochain ne lui en fasse pas. Il n’avait rien à craindre ; Jacob ne reviendrait pas. Ce que Dieu voulait lui apprendre à Charan était fait ; son éducation se continuerait ailleurs. Puis Jacob fit une chose que Laban ne pouvait pas faire ; il offrit un sacrifice sur la montagne, et il invita ses frères à manger avec lui ; et ils passèrent la nuit là. On voit que, malgré son état misérable, Jacob a conscience de sa relation avec Dieu ; il le ressent tout particulièrement dans cette circonstance, où sa supériorité sur Laban se manifeste. Laban ne pouvait sacrifier au Dieu qu’il reconnaît comme le Dieu de ses pères, tout en conservant ses théraphim. Le monde peut prendre le langage du chrétien ; mais il ne peut rien offrir à Dieu.
Laban se leva de bon matin, baisa ses fils et ses filles, les bénit et s’en retourna à Charan.
Une nouvelle phase de l’histoire de Jacob commence avec ce chapitre, à partir du verset 24. Jusqu’ici, il était l’objet des soins de Dieu ; mais sa nature active et indépendante l’empêchait d’en jouir et d’être en communion avec Dieu. Aussi il ne pouvait faire des progrès spirituels. Il en est ainsi de chaque croyant : Tant que la chair est active, elle l’empêche de jouir de ses rapports avec Dieu.
« Jacob alla son chemin. Et les anges de Dieu le rencontrèrent » (v. 1). L’Éternel veut l’encourager en lui faisant voir deux armées des serviteurs qu’Il emploie en faveur de ceux qui doivent hériter du salut (Héb. 1:14). Jacob avait déjà vu les anges montant et descendant sur l’échelle, à Luz, lors de son départ de la maison paternelle, Dieu montrant par là la relation qui existe en grâce entre le ciel et la terre, sur laquelle Il accomplirait Ses promesses. Mais cela ne l’avait impressionné que momentanément. À son retour, Dieu renouvelle cette vision des anges qu’Il lui fait voir sur la terre pour le protéger. Il les reconnaît comme « l’armée de Dieu. Et il appela le nom de ce lieu-là Mahanaïm », ou deux armées. Avec quelle sécurité il pouvait dès lors continuer sa route, ayant la promesse que Dieu serait avec lui, et la vue de ces deux armées célestes pour le protéger. Mais Jacob avait plus de confiance en lui-même qu’en Dieu et Ses anges. Il envoie des messagers à son frère Ésaü pour lui annoncer son retour de chez Laban et le prévenir, afin de trouver grâce à ses yeux ; précaution qui n’eut pour résultat que de l’effrayer, car ses messagers revinrent en lui disant qu’Ésaü venait au-devant de lui avec quatre cents hommes. Comme un habile chef d’armée, il divise sa troupe en deux bandes, afin que, si Ésaü en frappe une, l’autre puisse s’échapper. Où était sa confiance au Dieu de Béthel, qui lui avait dit qu’Il serait avec lui ? Elle était voilée par ses craintes. C’est ce qui nous arrive chaque fois que nous plaçons nos difficultés entre Dieu et nous, au lieu de placer Dieu entre elles et nous. Lorsque tout fut prêt, Jacob pria l’Éternel ; il reconnut tout le bien qu’Il lui avait fait. Il avait passé ce Jourdain, vingt ans auparavant, avec son bâton ; et maintenant, il avait deux bandes. Il Lui demande de le délivrer de la main de son frère, qu’il craignait avec raison, et il Lui rappelle toutes les promesses qu’Il lui a faites. Tout cela était bien ; mais cette prière aurait dû précéder ses arrangements, avec la certitude que Dieu interviendrait. Il aurait dû attendre les directions de l’Éternel, comme David le dit au Psaume 5:3 : « Éternel ! Le matin, tu entendras ma voix ; le matin, je disposerai ma prière devant toi, et j’attendrai ». Le premier effet de la prière, si elle est faite avec foi, et non pour accomplir un devoir, doit être la paix, la tranquillité dans l’âme. Comme le disait une chrétienne dans une circonstance difficile : Je me réjouis de voir comment le Seigneur fera. Dieu veut faire descendre dans nos cœurs Sa paix qui surpasse toute intelligence, la paix dans laquelle Il vit. Lui peut tout et connaît tout, avant même de donner aucun signe extérieur de Son intervention. Il sait comment Il agira. La connaissance de Son amour et de Sa toute-puissance doit nous suffire pour demeurer tranquilles. On peut se mettre à table en présence de ses ennemis (Ps. 23:5), au lieu de les combattre. Jacob ne connaissait rien d’un tel état d’âme. Sa prière fait simplement partie des mesures qu’il prend. Il partage son bien en deux bandes ; il prie, et il envoie des présents à son frère ; et avec cela, il n’est sûr de rien (v. 20).
Il y a un autre élément qui a manqué à Jacob dès le début : C’est la confession à Dieu de ses manquements, qui ont été la cause de sa fuite et de toutes les difficultés qu’il a eues à Charan, sous le gouvernement de Dieu en discipline. Il avait toujours la conscience chargée des procédés qu’il avait employés pour ravir à son frère la bénédiction de son père, au lieu de se confier en Dieu qui l’avait promise. Pour pouvoir compter sur Dieu, il faut que tout soit en ordre entre Lui et nous, par la confession de nos manquements et le jugement de nous-mêmes et de nos voies.
Au lieu de rester tranquille, Jacob prépare des présents pour
son frère. Il les échelonne sur la route, afin qu’il ait surprise sur surprise
à mesure qu’il les rencontrerait, ce qui ne devait pas manquer de le disposer
favorablement. C’était la sagesse selon l’homme. Mais Dieu avait-il besoin de
cela, à moins qu’Il ne le lui ait commandé ? « Car il disait :
Je l’apaiserai par le présent qui va devant moi ». Je
l’apaiserai ; sa confiance est dans ce je
. Tout étant prêt, Jacob fit passer le gué de Jabbok à ses
femmes, à ses enfants et à tout son bien ; mais lui resta seul cette
nuit-là. Jusque-là, Jacob avait dirigé ses affaires comme tout homme du monde
un peu prévoyant eût pu le faire, sauf qu’en étant un objet de la grâce, Dieu
était derrière la scène, surveillant tout en faveur de Son oint ; car,
malgré tout, il en était un. Maintenant, Dieu veut que Jacob ait affaire avec
Lui et qu’il abandonne sa voie d’indépendance. Si nous ne sommes pas
conséquents avec notre position, Dieu l’est, et Il veut bénir les objets de Sa
grâce. Il peut nous laisser aller un certain temps dans notre
chemin ; mais Il nous aime et Il veut faire notre
éducation spirituelle, afin de nous rendre capables de recevoir les
bénédictions qu’Il nous destine. Pour cela, il faut être seul avec Lui, séparé
de toute influence. C’est cette solitude que l’homme redoute le plus.
« Et Jacob resta seul ; et un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore ». Cet homme était un ange, un représentant de l’Éternel (voyez Osée 12:4, 5). C’est pénible, de soutenir une lutte avec Dieu ! Combien il est plus facile et avantageux de vivre sous Sa dépendance, au lieu de suivre Son propre chemin, dans lequel on prie, sans doute, afin que Dieu soit avec nous dans le chemin que nous Lui traçons, au lieu de suivre en toute confiance le chemin tracé par Son amour et Sa sagesse, le chemin de la foi. Dans notre propre chemin, on avance malgré tout, déployant une énergie charnelle en présence des difficultés qui surgissent à chaque instant, comme si l’on tirait un char qui n’a pas de roues, parce que l’on a Dieu contre soi, avec une chair qui ne se soumet pas à la volonté de Dieu, car aussi elle ne le peut pas (Rom. 8:7). Pour que la chair laisse la place à Dieu, Il doit la briser ; autrement, Il n’y peut rien. Dieu l’a cultivée pendant quatre mille ans et, n’ayant rien pu en obtenir, Il y a mis fin à la croix. C’est ce que Dieu accomplit figurément avec Jacob, au terme de la lutte : « Et lorsqu’il vit qu’il ne prévalait pas sur lui, il toucha l’emboîture de sa hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob fut luxée, comme il luttait avec lui » (v. 25). Jacob est atteint au siège de la force ; il devint boiteux, c’est-à-dire un être dépendant. C’est là où Dieu voulait l’amener. C’est là où Il nous veut tous ; pour cela, Il emploie les moyens qu’Il trouve à propos. Il veut faire de nous les « bienheureux… dont la force est en toi » (Ps. 84:5) ; pouvant dire aussi, comme David au psaume 62:1 : « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement ; de lui vient mon salut ». Puissions-nous tous réaliser un tel état d’âme ! Nous le pouvons. Tout ce qu’est Dieu comme ressources est à notre disposition.
« Et il dit (l’Éternel) : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et il dit (Jacob) : Je ne te laisserai point aller sans que tu m’aies béni ». Cette fois, il adresse à Dieu une réelle prière, la première que l’on entend de sa bouche. Il a compris que la bénédiction devait provenir de Celui qui luttait avec lui. C’est de Lui, et non de son intelligence qui avait toujours été au service de sa ruse, qu’il dépendra désormais ; quoique pratiquement, cette transformation ne se fît pas en un jour, comme nous le verrons encore au chapitre suivant. Mais l’œuvre par laquelle il pourrait réaliser la force qui est en dehors de lui-même, c’est-à-dire en Dieu, était accomplie. Il en est de même pour nous ; tout a été accompli à la croix pour que nous en ayons fini avec notre vieil homme. Mais le réalisons-nous toujours ? « Et il lui dit (l’Éternel) : Quel est ton nom ? Et il dit : Jacob. Et il dit : Ton nom ne sera plus appelé Jacob, mais Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes, et tu as prévalu » (v. 27-28). À l’issue de cette lutte, Jacob doit confesser ce qu’il est, ce dont le nom est l’expression, ce qui l’a caractérisé depuis sa naissance. C’est Jacob, c’est-à-dire supplanteur. Il avait lutté avec les hommes et il avait prévalu sur tous. Par le passage du prophète Osée, nous voyons le sens dans lequel il prévalut dans la lutte avec Dieu (v. 28). Os. 12:5 ajoute : « Il pleura et le supplia ». Par sa ruse, il avait prévalu sur les hommes ; et, par la prière, il prévalut sur l’Éternel ; outre le fait que Dieu ne peut rien avec la chair, sinon la mettre à mort. Quelle chose merveilleuse que la prière, par laquelle nous mettons, pour ainsi dire, Dieu en activité pour nous lorsque, dans le sentiment de notre impuissance, nous dépendons de Lui, qui est toujours disposé à répondre selon Son amour. Maintenant, Jacob doit laisser son nom de supplanteur, pour recevoir un nouveau nom, en rapport avec son nouvel état. Il se nommera Israël, ce qui veut dire vainqueur, ou prince de Dieu. Comme un prince, il aura à sa disposition la force de l’Éternel, dans la faiblesse que lui fera réaliser sa hanche déboîtée. Il marchera comme un prince, et non comme supplanteur. À son tour, Jacob demanda : « Je te prie, déclare-moi ton nom. Et il dit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là » (v. 29). Le nom est l’expression de la personne qui le porte. Lorsque Manoah demanda à l’ange de l’Éternel quel était son nom, il lui dit : « Pourquoi demandes-tu mon nom ? Il est merveilleux » (Juges 13:17-18). En effet, le nom de Dieu est merveilleux ! Qui sommes-nous pour le connaître ? Par la révélation que Dieu nous en a faite en envoyant dans le monde Celui qui a dit : « Qui m’a vu a vu le Père », nous entrons quelque peu dans cette connaissance ; mais, pour cela, il faut être dans un état pratique dans lequel le Seigneur peut se manifester à nous, comme Il le dit : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui » (Jean 14:21). C’est dans la communion avec Dieu que nous pouvons jouir des communications de ce qu’Il est. Jacob n’était pas encore capable de recevoir la communication de ce qu’était Dieu. Nous verrons au chapitre 35 qu’après les exercices de conscience par lesquels il dut passer pour habiter à Béthel, Dieu put lui révéler Son nom, comme Il le fit à Abraham au chapitre 17:1. Abraham n’avait pas eu besoin de la même école pour le former que Jacob ; car dès le début, il marcha avec Dieu. Mais si Jacob n’était pas encore capable de recevoir la révélation du nom de l’Éternel, il en reçoit la bénédiction. « Il le bénit là », est-il dit. Il peut avancer dans son chemin sous cette bénédiction, sans en avoir toujours la jouissance ; ce qui nous arrive aussi. Nous avons été « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Mais en jouissons-nous toujours ?
« Et Jacob appela le nom du lieu Peniel — ou face de Dieu — Car j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été délivrée » (v. 30). Il avait vu Dieu face à face ; Il n’était plus un Dieu de loin, comme Il avait été jusqu’ici, dont il avait été séparé par cette confiance qu’il avait en lui-même. Et, au lieu d’être terrassé par Sa présence, il avait été délivré. C’est l’histoire de la grâce telle que nous en sommes les objets. Il avait été délivré de tout ce que Dieu pouvait exiger d’un misérable Jacob ; mais il avait été délivré de lui-même. « Et le soleil se levait sur lui comme il passait Peniel ; et il boitait sur sa cuisse » (v. 31). C’était l’aurore d’un jour nouveau, d’une nouvelle vie ; le soleil se levait, à la lumière duquel il allait marcher. Cette vie nouvelle se réaliserait en boitant sur sa cuisse. Extérieurement, en le voyant, on verrait un boiteux, un homme qui aurait toujours besoin d’un bâton, un appui en dehors de lui-même, un appui qui est Dieu. C’est appuyé sur ce bâton qu’il irait en Égypte, reconnaissant sa faiblesse et ce qu’avait été sa marche devant le Pharaon, mais en ayant conscience de sa dignité qui lui permettait de bénir un des plus grands monarques de la terre. Et c’est appuyé sur ce bâton qu’il adora (Héb. 11:21), après avoir eu l’intelligence de la pensée de Dieu pour bénir les fils de Joseph, avant de quitter ce monde avec la certitude qu’il ressusciterait pour jouir des bénédictions promises. Il donna des ordres touchant ses os afin qu’ils fussent transportés en Canaan lorsque ses descendants quitteraient l’Égypte.
Il est fait mention de deux sortes de boiteries dans la Parole : celle de l’homme naturel, incapable de marcher droitement devant Dieu, comme Mephibosheth en est une figure. Cette boiterie ne peut se guérir que par la nouvelle naissance, par laquelle, possédant une vie nouvelle, il est possible de marcher droitement dans la présence de Dieu. Mais celui qui possède cette vie, n’ayant pas de confiance en lui-même, deviendra un boiteux pour le monde, qui verra en lui un homme qui ne sait rien faire sans le secours de Dieu. Il ne veut pas user des moyens que le monde emploie ; il n’a plus la force dont le monde se vante et dont il se vantait lui-même. Il est le bienheureux dont la force est en Dieu, son bâton merveilleux. Puissions-nous toujours paraître tels, devant le monde !
Dans les chapitres 33 et 34, nous voyons quel obstacle l’œuvre de Dieu rencontre dans le croyant. Jacob avait rencontré Dieu, qui l’avait amené dans un état de dépendance lui permettant de marcher droitement et fidèlement. Mais, ayant été si longtemps sous l’empire de sa nature, elle reprit le dessus, ce qui lui valut encore de pénibles expériences, en déshonorant ce Dieu qui avait été si bon et si patient avec lui. Hélas ! Ce sont des expériences faites par chacun de nous. Combien de fois, après avoir compris, par la Parole, en quoi nous étions en défaut, ou bien avoir compris ce que nous voyons en figure dans la lutte de Jacob, savoir que Dieu en avait fini avec la chair par la mort de Son Fils, nous le comprenons, nous l’acceptons, bien décidés à mettre en pratique cette mort ; et, lorsque l’occasion se présente — et elle se présente à toute heure — les habitudes reprennent le dessus, comme si Dieu ne nous avait pas parlé, étant d’autant plus coupables que nous avons plus de lumière. Notre responsabilité est combien plus grande que celle de Jacob, puisque nous avons la connaissance de la révélation de Dieu tout entière et, par elle, les pleins résultats de l’œuvre de la croix. Nous voyons ces vérités dans l’histoire des patriarches et dans l’Ancien Testament, tandis que nous avons la réalité dans le Nouveau Testament.
« Et Jacob leva ses yeux, et regarda ; et voici, Ésaü venait, et quatre cents hommes avec lui ». C’est bien, de regarder les difficultés ; mais ensuite, il faut en détourner les yeux pour les élever vers Celui pour qui les difficultés n’en sont pas, et qui est toujours prêt à nous secourir. De nouveau, Jacob, au lieu de regarder là, ne voit que ses propres ressources. Il a recours à des mesures de prudence qui dénotent l’égoïsme et, ce qui caractérise toujours ce défaut, le manque de cœur. Il ne croit pas à l’intervention de Dieu. Il place les servantes et leurs enfants en tête ; ensuite Léa et ses enfants ; puis Rachel et Joseph. Il est prêt à sacrifier les premiers, comme si, devant Dieu, ils n’avaient pas tous la même valeur. Il se serait vite consolé de la perte des premiers si les derniers lui restaient. Rien en cela ne porte les caractères de la grâce dont Jacob avait été l’objet de la part de Dieu. Voyant s’approcher Ésaü, Jacob se prosterna sept fois. « Et Ésaü courut à sa rencontre, et l’embrassa… et le baisa ; et ils pleurèrent ». Était-ce Dieu ou bien Jacob qui avait pénétré Ésaü des sentiments avec lesquels il accueillit son frère ? Donc toutes les mesures de prévoyance qu’il avait prises ne servirent de rien. Si nous nous confions en Dieu, nous demeurons paisibles en attendant la délivrance. Combien la conduite d’Esdras était différente, au chapitre 8 de son livre, v. 21-23. Il devait traverser des contrées où il rencontrerait des ennemis. Il publie un jeûne ; il s’humilie et prie, demandant à Dieu le vrai chemin pour eux tous, leurs enfants et leur avoir. « Car j’avais honte — dit-il — de demander au roi des forces et de la cavalerie pour nous aider en chemin contre l’ennemi ; car nous avions parlé au roi, en disant : La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent ; et sa force et sa colère sont contre tous ceux qui l’abandonnent. Et nous jeûnâmes, et nous demandâmes cela à notre Dieu, et il nous exauça ». En effet, nous devrions avoir honte de demander du secours humain, après avoir dit que l’on se confie en Dieu. Le Dieu d’Esdras est le même que celui de Jacob, et Il est le nôtre. Ce n’est pas en vain que l’on fait appel à Sa grâce et à Sa puissance. Il peut disposer de tout en notre faveur.
Jacob présenta à son frère ses enfants et leur mère, dans l’ordre dans lequel il les avait préparés. Tous se prosternèrent devant Ésaü. Il y avait en Jacob une crainte qui n’existait pas chez son frère. Celui-ci avait manifesté des pensées de haine et de vengeance qui étaient la cause de cette crainte ; mais Jacob avait toujours sur la conscience de l’avoir trompé. On a dit qu’Ésaü était plus noble de nature que Jacob ; mais ce qui anoblissait Jacob, c’était l’élection.
Ésaü demande quel est ce camp qu’il a rencontré. Jacob répondit : « C’est pour trouver grâce aux yeux de mon seigneur ». Ésaü, avec les dispositions de cœur que Dieu avait placées en lui, ne comprend pas ce que signifiait ce camp qu’il avait rencontré. Ce « pourquoi » pouvait parler à la conscience de Jacob. Pourquoi cela, s’il se confiait en Dieu pour le délivrer de la main de son frère, comme il l’avait demandé à Dieu au chapitre 32:11 ? Jacob doit reconnaître qu’une telle mesure n’était pas nécessaire. Cette grande déférence à l’égard d’Ésaü provenait de la crainte de subir les conséquences de sa conduite vis-à-vis de lui. Il faut davantage craindre de déshonorer Dieu en péchant que d’en subir les conséquences. Ésaü refuse de prendre le présent que Jacob lui destinait, disant qu’il avait de tout en abondance. Mais Jacob insista, lui disant : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, prends mon présent de ma main, car c’est pour cela que j’ai vu ta face comme si j’avais vu la face de Dieu ». Le présent qui devait lui faire trouver grâce auprès d’Ésaü lui est offert maintenant, parce qu’il avait trouvé grâce. Ces paroles peuvent paraître flatteuses ; mais Dieu, agissant dans le cœur de Jacob, lui fait reconnaître qu’il rencontre Ésaü avec la grâce qui avait caractérisé Dieu dans toute Sa manière d’agir envers lui, si coupable. Car, s’il était un objet de grâce de Dieu, il l’était aussi de la part de son frère. Offert de cette manière, Ésaü accepte le cadeau. Hélas ! Comme nous l’avons vu et l’avons expérimenté par nous-mêmes si souvent, la nature reprend le dessus chez Jacob. Ésaü lui dit : « Partons et allons-nous-en, et je marcherai devant toi ». Au lieu de lui dire que Dieu l’envoyait au pays de son père, Jacob lui laisse croire qu’il le suit, mais qu’il est obligé de marcher lentement à cause de l’état de ses enfants et de ses troupeaux. Malgré son nouveau nom d’Israël, il agit encore comme supplanteur. Hélas ! Si nous ne veillons pas, la nature reprend vite le dessus. Ésaü retourna en Séhir, où il ne vit jamais arriver Jacob.
Au lieu d’aller à Séhir et, mieux encore, à Béthel, Jacob s’en alla à Succoth, y bâtit une maison pour lui et des cabanes pour son bétail. En faisant cela, il perd son caractère d’étranger et de voyageur en route pour la maison de son père sur l’ordre de l’Éternel. Car on ne bâtit pas une maison, lorsqu’on est en voyage. De là, il partit pour Sichem, en Canaan, et il campa en face de la ville. Pour commencer, tout sembla bien aller ; il acheta un champ où il dressa sa tente, et dressa un autel qu’il appela « Dieu, le Dieu d’Israël », se souvenant que Dieu avait changé son nom de supplanteur en celui d’Israël. Il est facile de paraître jouir de nos rapports avec Dieu extérieurement ; mais Dieu veut de la réalité dans le cœur, qui se manifeste par une marche fidèle, non seulement dans un culte, mais dans toute la vie.
Si l’on s’arrête dans ce monde, ce ne sont pas les pieds seulement qui s’arrêtent, mais le cœur, qui veut voir un peu ce qui s’y passe. Dina, fille de Léa, sortit pour voir les filles du pays. C’est dangereux d’aller faire connaissance avec le monde ; on ne peut y jouir d’aucune sécurité, à moins d’y être envoyé comme témoin, ainsi que le Seigneur le dit de Ses disciples en Jean 17:18. Et tous, nous sommes envoyés. Ainsi nous serons gardés.
Dina s’exposa à être convoitée par Sichem, fils de Hamor, un prince du pays, qui l’humilia et voulut l’épouser. Hamor vint honnêtement la demander en mariage pour son fils, offrant la dot qu’exigerait la famille. Mais il se heurta à l’indignation des fils de Jacob, qui étaient plus irrités du déshonneur qui leur était fait que de celui qui était fait à Dieu. Une infamie avait été commise en Israël, disent-ils. C’était impardonnable ! En présence des insistances du père de Sichem, qui offrait non seulement une grande dot, mais que les deux peuples se mélangeassent, les fils de Jacob parurent accepter, leur imposant comme condition que tous fussent circoncis et qu’alors, ils ne seraient qu’un peuple. Proposition indigne ; car comment est-ce que le peuple de Dieu ne pourrait faire qu’un peuple avec le monde ? Mais ce qu’il y avait de plus infâme, c’est que cette proposition cachait le plan de vengeance que les fils de Jacob voulaient accomplir. Hamor et son fils acceptèrent, avec l’assentiment de l’autorité du pays qui siégeait à la porte. Ces malheureux fils de Jacob avaient prévu que la douleur de la circoncision, à un moment donné, empêcherait le peuple de Sichem de se défendre et qu’ainsi, ils pourraient facilement exécuter leur vengeance sanguinaire. Le troisième jour, Siméon et Lévi vinrent contre la ville, et passèrent au fil de l’épée Hamor, Sichem et tous les mâles du pays, pillant et emmenant le butin, avec les femmes et les enfants.
Jacob demeurait impuissant en face de la violence de ses fils.
Il pense à lui plus qu’au déshonneur fait à Dieu. Il dit : « Vous
m’avez troublé, en me
mettant en
mauvaise odeur auprès des habitants du pays… Ils s’assembleront contre moi
, et me
frapperont, et je serai détruit, moi
et ma
maison ».
Il ne parait pas avoir l’idée que ce sont les conséquences de sa manière
d’agir. En s’arrêtant au lieu de continuer sa route, il avait facilité aux
siens leurs rapports avec le monde, ce que Dieu ne peut tolérer. Laissé à
lui-même, il pouvait s’attendre aux justes représailles d’un peuple envers
lequel ses fils s’étaient si indignement conduits. Cependant, nous voyons par
ce qu’il dit de Siméon et Lévi au chapitre 49:5-7, combien il les désapprouvait
et avait souffert de leur violence.
Jacob avait fait tout ce qu’il fallait pour ne jamais arriver à la maison de son père. Mais, comme toujours, Dieu était au-dessus de la scène pour accomplir Ses promesses, dont Jacob, comme nous tous, était absolument indigne. Il pouvait dire : « Je serai détruit, moi et ma maison ». Mais l’Éternel lui avait dit : « Retourne en ton pays et vers ta parenté, et je te ferai du bien » ; et « Je ferai devenir ta semence comme le sable de la mer, qui ne peut se nombrer ». Le langage de Jacob est bien différent de celui de l’Éternel. Lequel aura son accomplissement ? Sans la grâce, c’est ce que dit Jacob. Il en est de même pour chacun de nous : Laissés sous les conséquences de nos fautes, même en étant convertis, nous n’aurions rien. Mais, en vertu de l’œuvre de Christ à la croix, Dieu peut accomplir envers nous Ses conseils éternels.
Nous pouvons constater cette vérité d’un bout à l’autre de l’histoire de Jacob, telle qu’elle nous est présentée jusqu’ici. Qu’il s’agisse de sa rencontre avec Ésaü ou des conséquences de la conduite de ses fils à Sichem, de son côté, tout était fait pour qu’il soit détruit. C’est ce qu’il craint avec raison. Mais ce n’était pas ce que Dieu avait décidé. Sur le pied de la grâce, Il accomplirait Ses pensées éternelles d’amour. C’est cette grâce merveilleuse qui sera connue et célébrée durant l’éternité par tous ceux qui seront dans la gloire, non à cause de ce qu’ils auront fait, mais à cause de l’œuvre de Christ sur la croix, qui a satisfait la justice de Dieu, afin que cette justice, qui aurait dû nous jeter en enfer, puisse nous introduire dans le ciel. Nous pouvons unir nos voies à celle de l’apôtre en Rom. 11:32-36.
La discipline que Dieu avait exercée envers Jacob jusqu’ici l’avait amené au point où Il peut lui dire : « Lève-toi, monte à Béthel, et habite là, et fais-y un autel au Dieu qui t’apparut comme tu t’enfuyais de devant la face d’Ésaü, ton frère » (v. 1). Maintenant que Jacob était ramené dans le pays de son père, Dieu veut qu’il jouisse de Sa communion et qu’il habite dans Sa présence. Béthel était la maison de Dieu, le lieu où le culte doit être rendu, où l’autel doit être dressé. Depuis que le péché a séparé l’homme de Dieu, nous voyons continuellement la grâce de Dieu active pour amener l’homme en Sa présence, car il n’y a de bonheur que dans la présence de Dieu. Lorsque Dieu appela Son peuple hors d’Égypte, c’était afin d’habiter au milieu de lui. Au chapitre 23 du Lévitique, l’Éternel convoque le peuple à des fêtes solennelles pour qu’il jouisse de Sa présence. Par le sacrifice de Christ, en vertu duquel Dieu déchira le voile qui Le cachait à l’homme en Adam, l’entrée dans Sa présence nous fut acquise parce que le péché était ôté. En attendant d’en jouir dans l’éternité glorieuse, nous en jouissons déjà maintenant par la foi. Nous devons habiter là ; c’est dans la conscience de cette présence et dans la jouissance de la communion avec Dieu que notre vie doit s’écouler. C’est ce que Dieu voulait pour Jacob.
L’invitation de venir à Béthel pour y habiter et Lui rendre
culte lui fit comprendre immédiatement deux choses. L’une, que cette présence
était incompatible avec le péché. L’autre, que ce n’est pas lui seul qui doit
habiter là, mais sa famille toute entière, car elle forme un tout avec son chef
quant au témoignage qu’il doit rendre et aux privilèges dont il doit jouir dans
ce monde ; chose très sérieuse, à laquelle tout chef de famille doit être
rendu attentif. Devant Dieu, sa maison est sur le même pied que lui. Jusqu’ici,
Jacob n’avait pas compris cela et il ne s’était guère préoccupé de l’état moral
de sa famille. Ne jouissant pas de la communion avec Dieu, il ne pouvait pas
parler de Lui à ses enfants ; mais maintenant qu’il a eu affaire avec Dieu
pour lui-même, il comprend qu’il ne peut séparer de lui cette famille que Dieu
lui a donnée et que, pour cela, elle doit être dans un état pratique de
sainteté qui convienne à Dieu. Non seulement sa famille, mais tous ceux qui
étaient avec lui, devaient se purifier. C’était ce qu’Abraham avait compris dès
le début. Son serviteur Éliézer était en pleine communion avec lui pour marcher
selon Dieu. Jacob donna l’ordre à toute sa maison d’ôter du milieu d’eux les
dieux étrangers, de se purifier et de changer de vêtements ; trois choses
nécessaires pour habiter dans la présence de Dieu. Les dieux étrangers
représentent tout ce qui, dans le cœur, prend une place qui appartient à Dieu.
Lui seul est digne de la posséder en entier. On ne peut jouir de la communion
avec Dieu en réservant une place dans son cœur pour d’autres objets. Il faut se
purifier, en jugeant tout le mal avec lequel nous sommes si facilement
familiers. Il faut changer de vêtements. Le vêtement est toujours l’emblème de
la profession ; c’est quelque chose d’extérieur, mais qui doit résulter
d’un état intérieur. Si le cœur est purifié du mal par la possession de la vie
divine, cela se montrera dans la vie extérieure. Mais avoir la profession de
servir Dieu sans la vie qui la produit, et sans un état intérieur qui juge le
mal, c’est de l’hypocrisie, ce que veut dire le nom vulgaire de mômier
que le monde donne aux chrétiens,
ne connaissant pas que ce que le chrétien manifeste, s’il est fidèle, provient
de la possession d’une vie nouvelle, qui produit le changement dont il est
témoin. Il croit que c’est de l’hypocrisie parce qu’il ne possède pas cette
vie. Avec les dieux étrangers, tous donnèrent les anneaux qui étaient à leurs
oreilles ; ornements chez les peuples orientaux, mais auxquels leur
superstition attribuait quelques effets bienfaisants ou contraires. Nous voyons
figurément, en tout cela, que ce qui appartient à la chair doit être jugé
entièrement, pour jouir de la présence de Dieu. Jacob cacha tous ces objets
sous un térébinthe près de Sichem, le lieu dans lequel ses fils avaient si
gravement compromis le témoignage qu’ils devaient rendre devant le monde. Ils
partirent de Sichem sous la protection du Dieu qu’ils venaient d’offenser si
gravement. Dieu mit Sa frayeur sur les villes qui les entouraient, en sorte
qu’on ne les poursuivit pas. C’est toujours la grâce qui est active, sans
laquelle nous n’aurions rien.
Arrivé avec tous les siens à Luz d’autrefois, qui est Béthel, Jacob bâtit un autel qu’il appela El-Béthel, ce qui veut dire : Dieu, la maison de Dieu. Il avait réellement conscience de la présence de Dieu dans ce lieu, et de ce qui y convenait ; tandis que, lorsqu’il y passa, lorsqu’il s’enfuyait de devant son frère, cette présence l’effrayait.
« Et Debora, la nourrice de Rebecca, mourut ; et elle fut enterrée au-dessous de Béthel, sous un chêne dont le nom fut appelé Allon-Bacuth », ou chêne des pleurs. À quelque degré de progrès que nous soyons parvenus, par la bonté de Dieu, il y en a toujours à faire, jusqu’à ce que nous arrivions dans la gloire, semblables à Christ. C’est ce que Jacob allait réaliser figurément par la mort de Debora, la nourrice de Rebecca, sa mère. Depuis son départ avec Éliézer (24:59), il n’a jamais été question de cette femme. Pourquoi apparaît-elle là, après avoir été passée sous silence durant si longtemps ? Tout l’enseignement que nous avons à tirer de la vie de cette femme se trouve dans son enterrement. Elle avait été la nourrice de Rebecca, ce qui est très significatif. Jacob avait été le fils préféré de sa mère (25:28) ; il vivait dans les tentes. Il avait suivi les conseils de Rebecca (27:6-17 et 43). Son caractère s’était formé sous l’influence de sa mère qui, étant de la famille de Bethuel, ressemblait donc à Laban son frère. Debora était venue de Charan avec Rebecca, et l’avait nourrie des habitudes de la famille de son père autant que de lait, dans son enfance. Or Jacob, préféré de sa mère, avait été formé d’après les principes de la maison de Bethuel, principes d’après lesquels il avait agi jusqu’à ce jour, manière de faire qu’il devait juger avant d’aller plus loin. C’est le jugement de cela qui est figuré par la mort et l’enterrement de la nourrice de Rebecca. Nous pouvons juger bien des fautes dont nous nous sommes rendus coupables, rejeter les idoles, changer de vêtements ; mais si nous n’enterrons pas ce que représente la nourrice, ces mêmes faits reparaîtront tôt ou tard ; c’est-à-dire juger toute une manière de faire, des mauvaises habitudes qui sont, comme on le dit très justement, une seconde nature. On a besoin d’être délivrés de penchants naturels, de tant de choses que l’on met sur le compte du caractère, etc. Il faut enterrer tout cela, juger le mal, non à sa surface, mais à sa racine, comme le Seigneur le voulut pour Pierre, au chapitre 21 de l’évangile de Jean. Il faut cela afin d’empêcher le retour de tel ou tel procédé, pour que rien dans la vie ne déshonore le Seigneur et empêche de jouir de Sa communion. Debora fut enterrée au-dessous de Béthel, sous le chêne des pleurs, car il en coûte de falloir abandonner tant de choses avec lesquelles la vie s’est formée, et qui paraissent naturelles et indispensables.
« Et Dieu apparut encore à Jacob, à son retour de
Paddan-Aram, et le bénit » (v. 9). « Et Dieu lui dit : Ton nom
est Jacob ; ton nom ne sera plus appelé Jacob, mais Israël sera ton nom.
Et il appela son nom Israël ». Maintenant, Dieu pouvait librement bénir
Jacob. Il faut se souvenir que, pour recevoir la bénédiction de Dieu, il faut
être dans un état pratique où le mal est jugé, et où il se juge à mesure que
l’on découvre quelque chose qui vient de la nourrice
.
Dieu renouvelle à Jacob que son nom sera Israël ; Il le fait, maintenant
qu’il est capable de marcher à la hauteur de son titre : vainqueur de
Dieu. Puis Dieu lui révèle le Sien. Au chapitre 32, lorsque Jacob demanda à
celui qui luttait avec lui : « Quel est ton nom ? », il ne
le lui dit pas, parce qu’il n’était pas en état de recevoir cette déclaration.
Maintenant qu’il l’est, Dieu n’attend pas qu’il le Lui demande. Il lui
dit : « Je suis le Dieu Tout-puissant ; fructifie et
multiplie ». Il lui renouvelle les promesses lui annonçant une postérité
nombreuse et la possession du pays, comme Il l’avait dit à Abraham et à Isaac.
Puisque ces patriarches devaient vivre en étrangers dans le pays que leur
postérité devait obtenir un jour, ils devaient croire au Dieu Tout-puissant pour
accomplir Ses promesses. C’est pourquoi Dieu se révélait à eux comme le
Tout-puissant (Gen. 17:1). Le chrétien connaît Dieu comme Père, révélé comme
tel en Son Fils Jésus Christ. Cette révélation lui suffit, en attendant d’être
dans la maison du Père ; et, pour les besoins de la route, il se confie en
son Père, qui est le Dieu Tout-puissant.
Après que Dieu eut mis Jacob en état d’être en communion avec Lui, il monta d’auprès de lui ; et Jacob érigea une stèle au lieu où il avait parlé avec Lui, y répandit une libation, y versa de l’huile et l’appela Béthel. Car il avait réalisé toute la signification de Béthel : la maison de Dieu.
Un événement pénible attendait Jacob. Car, une fois que l’on est en communion avec Dieu et que la foi est active, Dieu peut nous faire passer par des épreuves de foi, parce que toutes les peines par lesquelles nous passons ne sont pas des épreuves de foi. Les peines que nous éprouvons comme conséquence de nos fautes ne sont pas des épreuves de foi ; toutes les souffrances que le monde endure ne sont pas des épreuves de foi. Car l’épreuve de l’homme a été terminée à la croix. Si ce que le monde souffre ne l’amène pas au Sauveur, cela ne lui sert de rien ; tandis que toutes choses travaillent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, quel que soit le genre de tribulation par laquelle il passe.
Étant sur le chemin qui conduit à Éphrath, qui est Bethléem, la ville où naquit Jésus, Rachel mourut en enfantant Benjamin. Dans sa douleur, elle l’appela Ben-Oni, ou fils de ma douleur ; mais Jacob, par une foi instinctive, l’appela Benjamin, ou fils de ma droite ; type du Fils qui prendra possession du pays par l’exercice des jugements (voyez chap. 49:27). Joseph, comme nous le verrons, est le type de Christ rejeté par ses frères. Donc Rachel, figure d’Israël dans le passé, meurt en donnant le jour à celui qui, étant un type du vrai Fils de la droite de Dieu, mettra le peuple en possession de son héritage. Après avoir enterré Rachel, Jacob continua sa route avec la ferme assurance de l’accomplissement des promesses du Tout-puissant.
Le verset 22 annonce la triste conduite de Ruben, qui n’indigne pas ses frères comme la conduite de Sichem à l’égard de leur sœur. Il est dit simplement : « Et Israël l’apprit ». On voit, au chapitre 49:4, comment il apprécie ce péché. En conséquence, Ruben perdit son droit de premier-né (1 Chr. 5:1), qui fut donné aux fils de Joseph. Comme la Parole de Dieu est la vérité, elle dit tout ce dont l’homme est capable, afin de faire ressortir la grâce de Dieu envers de tels êtres.
La mort d’Isaac, âgé de cent quatre-vingt ans, est mentionnée à la fin de ce chapitre. Elle clôture moralement l’histoire de Jacob jusqu’à ce jour, afin de laisser la place à l’histoire de Joseph, beau type de Christ, et à l’histoire de Jacob comme homme de foi. Chronologiquement, Isaac ne mourut que plusieurs années après que Joseph eut été vendu par ses frères. Mais la Parole de Dieu ne donne pas toujours les faits historiques dans l’ordre dans lesquels ils se sont passés ; puis elle ne nous donne, de ces faits historiques, que ce qui est nécessaire pour recevoir par eux ce que Dieu veut nous enseigner, et non pour que nous connussions simplement une histoire qui nous aurait intéressés. Si la Parole se tait sur tant de choses que nous aimerions savoir, nous devons d’autant plus rechercher quel est l’enseignement que l’Esprit de Dieu veut nous donner dans les récits qui nous sont rapportés, avec un désir toujours plus grand de connaître la pensée de Dieu.
« Jacob vint vers Isaac, son père, à Mamré, à Kiriath-Arba, qui est Hébron, où Abraham et Isaac avaient séjourné ». C’est là qu’Isaac mourut, âgé et rassasié de jours. Ésaü et Jacob l’enterrèrent.
Ce chapitre 35 clôt l’histoire de Jacob jusqu’à ce jour. L’histoire de Rachel, type de la nation juive, est aussi terminée, de même que celle d’Isaac. Dans le chapitre suivant vient l’histoire du monde, par la généalogie d’Ésaü, ou Édom. Après commencera l’histoire de Joseph, ce beau type de Christ, rejeté par ses frères et élevé à la gloire, uni pendant ce temps à une épouse gentile, figure de l’Église, Épouse de Christ prise d’entre les gentils, avant qu’il se révèle à ses frères repentants, types du résidu juif futur auquel le Seigneur se révélera après l’enlèvement de l’Église.
Ce chapitre nous donne les générations d’Ésaü, qui est Édom. Il
est répété plusieurs fois qu’Ésaü est Édom, le plus grand ennemi du peuple
d’Israël. Édom veut dire roux
, nom
qui fut donné à Ésaü lorsqu’il vendit son droit d’aînesse pour un potage de
lentilles (chap. 25), estimant qu’il ne valait pas plus que ce roux-là
(v. 30). C’est donc ce roux qui
l’a caractérisé, nom qui rappelait constamment une telle profanation (Héb. 12:16).
En même temps, cette généalogie représente celle du monde en contraste avec la
famille de la foi, le peuple de Dieu, dont la Parole continue de nous occuper
en présentant, dans les chapitres suivants, en type, le Seigneur Jésus, dans
l’histoire de Joseph. L’histoire du monde doit être terminée et mise de côté
pour faire place à Christ. C’est ce qui arrivera à la fin. C’est ce que nous
voyons ici dans ce livre de la Genèse, qui nous donne en type et en figure
toutes les voies de Dieu telles que les Écritures les révèlent. Nous trouvons
dans ces Écritures le monde et la famille de la foi, dans laquelle le Seigneur
a pris place au moment voulu de Dieu.
Dès la chute, nous trouvons ces deux classes : le monde, qui a pour origine et caractère la désobéissance à Dieu ; et la famille de la foi, qui croit Dieu, ce Dieu qui est venu révéler Ses pensées de grâce dès l’apparition du péché, ce que nous avons vu au chapitre 3. Non seulement le monde est formé par la désobéissance de nos premiers parents, mais aussi par le rejet des moyens de salut que Dieu a donnés à l’homme pécheur depuis la chute. C’est ce qui le caractérise, du commencement de l’histoire de l’homme à la fin, dans toutes les phases de l’histoire de l’homme. Dieu enseigna à Adam et à Ève comment ils pouvaient subsister devant Lui, une fois que le péché fut entré dans le monde. Leurs deux premiers enfants, instruits l’un comme l’autre des pensées de Dieu révélées à leurs parents, présentent les caractères des deux classes de personnes qui ont existé dès lors. Abel, mis à mort par la haine de son frère, est remplacé par Seth, chef de la famille de la foi. Caïn, désobéissant à Dieu et à ses parents, devenu meurtrier, est le fondateur du monde tel qu’il est décrit à la fin du chapitre 4, avec tous les caractères qu’il porte aujourd’hui. Voilà comment fut formé le monde antédiluvien. Une chose que nous avons déjà remarquée en lisant le chapitre 4, et que nous retrouvons dans notre chapitre, c’est que Dieu, lorsqu’Il parle du monde, dit ce qu’il a fait, ses actes, sa grandeur, comme au chapitre 4:17-24. Tandis qu’au chapitre 5, où nous trouvons la famille de la foi, il n’est question que ce qu’Énoch a fait : Il marcha avec Dieu. Mais cela ne brille pas pour le monde ; ce n’est pas une action d’éclat, pour l’homme. Mais les grandes choses de ce monde, qui ont de l’apparence pour l’homme, ne sont que vanité ; elles finissent toutes. Tandis que les œuvres des croyants, les œuvres de foi, sont inscrites dans le ciel, où elles seront vues éternellement ; elles ne se publient pas sur la terre. Dieu en parle quelquefois, lorsque c’est nécessaire, comme dans l’épître aux Hébreux chapitre 11. Mais Dieu parle plutôt de leurs manquements, comme nous l’avons vu avec Jacob, afin que cela nous serve d’instruction. Le monde formé par Caïn, le fils désobéissant, se termina par le déluge.
Lorsqu’un monde nouveau recommença, ce fut avec un homme de
Dieu, Noé, et sa famille. De nouveau, au lieu de suivre leur père dans sa
marche avec Dieu, un seul se trouve chef de la généalogie des hommes de foi. De
la descendance de Cham, le plus coupable, il est parlé de l’un d’eux, « puissant
sur la terre
», fondateur du
royaume de Babel ; d’autres, fondateurs de grandes villes (chap. 10:6-20).
C’est la grandeur selon le monde qui est rappelée ; c’est la puissance sur la terre
, dont il ne restera rien.
Puis ce qui caractérisa ce monde-là, ce fut l’idolâtrie, Dieu remplacé par les
démons (voir Jos. 24:15 — 1 Cor. 10:19-21). Dieu laissa ce monde-là de côté, et
Il appela Abraham, afin d’avoir un peuple qui gardât la connaissance du vrai
Dieu. Isaac marcha sur les traces de son père, et il eut deux fils : Jacob
et Ésaü. Jacob, malgré sa marche peu conséquente avec sa position, avait la
foi ; il appréciait les bénédictions de Dieu. Ésaü, comme nous l’avons vu,
préféra un potage de lentilles à son droit d’aînesse et marcha dans l’impiété.
Il avait su qu’Abraham ne voulait pas pour Isaac une épouse d’entre les
Cananéennes ; mais, comme Caïn, il ne tint pas compte de ce que pouvaient
lui enseigner ses parents. Il prit des femmes du pays, de ce peuple sur lequel
les jugements de Dieu allaient tomber lorsque son iniquité serait à son comble
(chap. 15:16). Hélas ! Combien de fois une telle inconséquence ne
s’est-elle pas renouvelée dans les familles chrétiennes, où l’on voit des
enfants s’unir par le mariage à des personnes du monde, sur lequel les jugements
de Dieu sont suspendus depuis qu’il a crucifié Son Fils bien-aimé.
Il est triste de constater que les hommes qui sont chefs de familles d’où est issu le monde, comme Caïn, Cham, Ésaü, sont tous des fils d’hommes de Dieu, auxquels Dieu s’était particulièrement révélé, avec des ressources de grâce suffisantes pour marcher devant Lui. C’est pourquoi ils sont, à double titre, appelés « les fils de la désobéissance » (Col. 3:6) ; désobéissant à Dieu en désobéissant à leurs parents. Cela fait ressortir combien l’insoumission à la volonté de Dieu est puissante dans le cœur de l’homme. Malgré la position privilégiée des enfants des chrétiens, ils peuvent en sortir pour faire leur propre volonté. Les enfants des chrétiens sont placés avec leurs parents, hors du monde ; et, s’ils n’écoutent pas leurs enseignements, ils sortent d’une position privilégiée pour entrer dans le monde, ce qui les rend beaucoup plus coupables que le monde dans lequel ils entrent, et où ils peuvent engendrer toute une génération mondaine. Ils peuvent quelquefois réussir selon le monde, et croire voir en cela une approbation de Dieu ; mais pour arriver à quelle fin ?
Ésaü crut atténuer sa faute en prenant pour troisième femme une fille d’Ismaël, sous prétexte qu’elle était petite-fille d’Abraham ; mais elle n’avait pas de part à l’héritage du fils de la promesse. Ces femmes furent une amertume d’esprit pour Isaac et Rebecca (chap. 26:35). C’est donc de sa descendance que le chapitre 36 nous donne la description, dans laquelle nous avons une figure du monde.
Ésaü ne voit aucune raison de rester dans le pays de Canaan où il aurait dû être étranger ; mais, ayant vendu son droit d’aînesse, rien ne le rattachait à cette terre. Il veut être chez lui ici-bas. Il veut habiter la terre, comme ceux sur lesquels les jugements vont tomber (voyez Apoc. 3:10 ; 13:14 ; 17:2). Il pouvait dire que ses biens et ceux de Jacob étaient trop grands pour qu’ils demeurassent ensemble ; mais c’était son cœur qui le conduisait. Il s’en va dans la montagne de Séhir. Il ne choisit pas la plaine, comme Lot. Il lui faut un lieu fort. Séhir était un pays montagneux, naturellement fortifié et fertile. Là, il s’associe au peuple du pays. Un de ses fils y prend une concubine. De cette liaison est issu Amalek, celui dont il est dit qu’il y aura toujours guerre entre Lui et Amalek (Exode 17:8-16). Amalek est une figure de la chair, qui ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas (Rom. 8:7). C’est pourquoi il y a toujours guerre entre elle et Dieu. Cette génération fournit un peuple renommé pour sa sagesse et son intelligence (Jér. 49:7). Le monde ne manque pas de force et de sagesse selon la chair ; mais, séparé de Dieu et au profit de l’homme, c’est nul et doit passer. Il est dit que l’un d’eux trouva des sources chaudes au désert (v. 24) ; c’est ce que le désert peut fournir en fait de rafraîchissement. Tandis qu’il faut creuser des puits, comme Isaac, pour avoir les eaux rafraîchissantes que le désert ne fournit pas. Il y a aussi, dans cette généalogie, la nomenclature de chefs et de rois, comme dans celle de Cham ; des rois qui régnèrent dans le pays d’Édom, avant qu’un roi régnât en Israël (v. 31). Cette mention est significative ; elle ne se limite pas au fait historique que ces rois régnèrent avant que Saül ou David règnent en Israël. Le Roi qui doit régner un jour, c’est Christ ; Son royaume ne passera pas en d’autres mains. Lorsqu’il sera terminé, Il le remettra à Dieu le Père (1 Cor. 15:24). Et alors, ce sera l’état éternel. Aujourd’hui, ce sont les hommes qui règnent, qui font leur volonté, des actions d’éclat, de grandes choses qui se publient dans le monde entier. C’est le jour de l’homme, auquel succédera le jour du Seigneur. Lorsque Son règne sera établi, ceux qui ne Lui seront pas soumis seront retranchés chaque matin (Ps. 101:8). Pendant le jour de l’homme, ceux qui sont au Seigneur sont étrangers, comme Lui-même. Leurs œuvres sont des œuvres de foi ; elles n’ont pas de valeur pour le monde, pas plus que la marche de trois cents ans du juste Hénoc. Les croyants sont du ciel ; c’est en vue du ciel qu’ils travaillent ; c’est là-haut que leurs œuvres seront mentionnées.
Deux choses caractérisaient Édom et le monde qu’il représente : C’est la désobéissance à Dieu et la haine pour ceux qui Lui obéissent. Édom a été un des plus grands ennemis d’Israël. C’est pourquoi il n’aura aucune part au règne de Christ (voyez le prophète Abdias — Jér. 49:7-13 — És. 34:12-14). C’est remarquable que son jugement, comme celui de Moab et celui des fils d’Ammon, tous deux descendants de Lot, ennemis du peuple de Dieu, aura lieu par la main du résidu de Juda rentré dans le pays (voyez Dan. 11:41, où ils échappent de la main du roi du nord pour tomber entre les mains du résidu juif — És. 11:14 et Mich. 5:7-9). Comme nous l’avons dit, la généalogie d’Édom clôt une division de la Genèse, pour faire place à l’histoire de Joseph, type de Christ, et de Jacob, pèlerin de la foi comme ses pères.
« Et Jacob habita dans le pays où son père avait séjourné, dans le pays de Canaan ». Il se trouve maintenant dans la même position que son père, étranger dans le pays de la promesse. Dieu avait travaillé pour l’amener là, dépendant de Lui pour marcher par la foi. Comme nous l’avons déjà dit, ce chapitre commence une nouvelle phase de l’histoire de ce patriarche. Le temps de son activité charnelle a pris fin. Dieu s’est occupé de lui individuellement, lorsqu’Il luttait avec lui pour l’amener sous Sa dépendance (chap. 32). Puis il comprend que, non seulement lui, mais toute sa maison, doivent être dans un état pratique de sainteté pour habiter dans la présence de Dieu à Béthel (chap. 35). Rachel meurt en donnant le jour à Benjamin, type de Christ qui, par Sa puissance, établira Son règne et mettra le peuple juif en possession des bénédictions promises aux pères. Il n’est plus rien dit de lui parce que, avant d’établir Son règne, l’œuvre de Christ, dont nous avons le type en Joseph, doit s’accomplir ; car, pour régner en puissance, il fallait que « le Christ souffrît… et qu’il entrât dans sa gloire » (Luc 24:26). Isaac n’est plus sur la scène ; sa présence ne trouvait pas sa place dans l’histoire qui commence ici, quoiqu’historiquement, il n’était pas mort lorsque Joseph fut vendu.
Le verset 2 commence en disant : « Ce sont ici les générations de Jacob ». Et, une fois Joseph nommé, il n’est plus question de ses autres frères. C’est lui (Christ) qui remplit la scène. Joseph est le type le plus complet de Christ qui nous soit présenté dans l’Ancien Testament. Son histoire présente beaucoup de traits de la vie de Jésus ici-bas. Il était avec ses frères, comme Jésus était au milieu des Juifs, témoin de leurs mauvaises actions. Puis il était l’objet de l’amour de son père, comme Jésus l’était de toute éternité. Lorsque Jésus fut manifesté au début de Son ministère, le ciel s’ouvrit pour faire entendre la voix de Son Père, disant : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » (Luc 3:22). Il est dit qu’« Israël aimait Joseph plus que tous ses fils, parce qu’il était pour lui le fils de sa vieillesse ; et il lui fit une tunique bigarrée » (v. 3). La tunique bigarrée était un signe de la royauté et de la virginité (voyez 2 Sam. 13:18). La foi de Jacob discernait en Joseph plus que le fils de sa vieillesse ; elle voyait luire en lui quelque chose de la royauté de Christ. Jésus aussi, malgré Son abaissement, portait les caractères de la royauté, quoiqu’Il la voilait. Devant Pilate, Il fit la belle confession qu’Il était roi (1 Tim. 6:13, et Jean 18:37). Les frères de Joseph le haïssaient parce qu’ils voyaient que son père l’aimait plus qu’eux tous. « Ils ne pouvaient lui parler paisiblement », est-il dit. Il en fut de même pour Jésus, lorsqu’Il « vint chez les siens ». Les Juifs, en s’adressant à Lui, se servaient presque toujours d’un langage qui trahissait leur haine à Son égard.
Dieu manifesta par des songes l’élévation future de Joseph, ce qui s’accordait avec la robe bigarrée. Il raconta à ses frères le songe des gerbes qui se prosternaient devant la sienne, ce qui excita encore plus leur haine contre lui. « Est-ce que tu dois donc régner sur nous ? Domineras-tu sur nous ? ». La pensée de la royauté de Christ était insupportable aux Juifs. En Luc 23:2, ils disent : « Nous avons trouvé cet homme… se disant lui-même être le Christ, un roi ». Le second songe de Joseph était une confirmation encore plus forte de sa domination future, lorsqu’il vit non seulement les onze étoiles, mais le soleil et la lune, se prosterner devant lui. Malgré la haine que ce songe devait encore lui attirer, il le raconta à ses frères. Il en fut de même avec le Seigneur ; Il rendait constamment témoignage à la vérité concernant Sa personne et toutes choses, ce qui Le conduisit à la croix, de même que Joseph dans la citerne, figure de la mort de Christ. Ce dernier songe étonna également son père ; mais « il gardait cette parole », est-il dit (v. 11) ; tandis que ses frères étaient pleins de jalousie. Ces songes étaient parfaitement en accord avec la bénédiction qu’Isaac avait prononcée sur Jacob, au chapitre 27:29 : « Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ». Cela se réalisera en Joseph, en attendant d’avoir son plein accomplissement avec le Seigneur Jésus, tel que Jacob l’exprime au chapitre 49:22-26. Dans le dernier songe, nous voyons que la royauté appartiendra à Christ, et non à la nation juive, d’où le Christ est issu selon la chair.
Avant que Joseph soit élevé à la gloire indiquée par ses songes, il devait passer par le chemin de la souffrance, de l’humiliation, mais le chemin de l’obéissance, dans la communion de son père. Ses frères étaient allés paître le menu bétail à Sichem, figure du monde corrompu et violent. Jacob dit à Joseph : « Viens, et je t’enverrai vers eux. Et il lui dit : Me voici ». Belle figure de ce qui se passait entre le Père et le Fils dans les conseils éternels. Joseph ne savait pas ce qui allait résulter de son obéissance ; mais le Fils unique le savait, lorsqu’Il dit : « Voici, je viens, — il est écrit de moi dans le rouleau du livre — pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10:7). Et, comme les jours de Son assomption s’accomplissaient, « il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem » (Luc 9:51). Cependant, Joseph savait que ses frères le haïssaient ; mais cela ne le détourna pas du chemin de l’obéissance. S’il avait eu quelque pensée de s’épargner, il aurait pu rentrer vers son père, ne trouvant pas ses frères à Sichem. Mais l’amour est persévérant. Il se fait indiquer où ils se trouvent. Un homme lui dit qu’ils sont partis à Dothan, situé, dit-on, à vingt-deux kilomètres au nord de Sichem où, en effet, il les trouva.
Ses frères le virent de loin et, avant qu’il les ait atteints, ils complotèrent pour le faire mourir. « Voici, il vient, ce maître songeur, disent-ils. Et maintenant, venez, tuons-le… et nous verrons ce que deviendront ses songes » (v. 19-20). N’entendons-nous pas le langage de l’évangile, lorsque le maître de la vigne dit : « J’enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être que, quand ils verront celui-ci, ils le respecteront. Mais quand les cultivateurs le virent, ils raisonnèrent entre eux, disant : Celui-ci est l’héritier, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous. Et l’ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent » (Luc 20:13-15). Et cette autre parole : « S’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui » (Matt. 27:42). Les pensées des hommes sont entièrement opposées à celles de Dieu. Pour le Seigneur comme pour Joseph, le chemin qui conduisait aux gloires auxquelles ils devaient parvenir passait précisément par les souffrances et la mort. Satan fait toujours une œuvre trompeuse, jamais autant qu’en conduisant le Sauveur à la croix.
Satan, qui est le prince de ce monde, est « meurtrier et menteur ». Aussi le meurtre est toujours accompagné du mensonge, ce qui fut pleinement manifesté et consommé à la croix. Le meurtrier fit mourir Jésus, et le menteur nia Sa résurrection (Matt. 28:11-15). Il en fut de même des fils de Jacob. Ils dirent : « Venez, tuons-le, et jetons-le dans une des citernes, et nous dirons : Une mauvaise bête l’a dévoré ; et nous verrons ce que deviendront ses songes ». Cependant, Ruben, désirant le délivrer, conseilla de le jeter dans une citerne, pensant le faire retourner vers son père. Ils le dépouillèrent de sa tunique bigarrée et le jetèrent dans une citerne. Après avoir accompli un tel acte, « ils s’assirent pour manger le pain » (v. 25). De même, les Juifs mangèrent la Pâque après avoir crucifié le Seigneur (Jean 18:28). Le péché endurcit la conscience, ôte toute sensibilité et discernement quant au bien et au mal. Cela nous montre combien il est nécessaire de juger le mal à mesure qu’il apparaît, afin de ne pas arriver dans l’état d’endurcissement qui permet d’accomplir les péchés les plus odieux.
Pendant que les frères de Joseph mangeaient, une caravane d’Ismaélites se rendant en Égypte vint à passer ; et Juda proposa à ses frères de vendre Joseph à ces marchands plutôt que de le mettre à mort. C’est ce qu’ils firent : Ils le vendirent pour vingt pièces d’argent à ces Madianites, qui l’emmenèrent en Égypte et le vendirent à Potiphar, officier du Pharaon, chef des gardes. Lorsque, plus tard, ils se trouvèrent dans la douleur, sous le pouvoir du gouverneur de l’Égypte qu’était devenu Joseph, alors que leur conscience si longtemps endormie se réveilla sous l’épreuve, ils dirent : « Certainement nous sommes coupables à l’égard de notre frère ; car nous avons vu la détresse de son âme quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons pas écouté » (chap. 42:21). Dans le moment où ils le vendirent, il n’y eut aucun sentiment de pitié pour lui ; leur haine les avait entièrement endurcis. Il en fut de même des Juifs, lorsqu’ils insistaient pour que Christ fût crucifié, alors que Pilate voulait Le délivrer.
Pendant que cet infâme marché se concluait, Ruben, paraît-il, était absent ; et, lorsqu’il retourna à la citerne avec l’intention de délivrer son frère, comme il l’avait prémédité, il ne le trouva plus. « Il déchira ses vêtements, et retourna vers ses frères, et dit : L’enfant n’y est pas, et moi, où irai-je ? ». Il sentait sa responsabilité comme aîné de la famille ; mais c’était trop tard. Il aurait dû protester ouvertement lorsque ses frères complotaient. Cela fait penser à Joseph d’Arimathée et à Nicodème, qui ne purent empêcher la mort de Jésus, tout en n’étant pas d’accord avec le sanhédrin.
Les fils de Jacob prirent toutes les mesures pour cacher à leur père le crime qu’ils avaient accompli. Toute la famille vint pour le consoler, comme s’ils n’avaient rien sur la conscience. Mais Jacob refusa de se laisser consoler. Il dit : « Certainement je descendrai, menant deuil, vers mon fils, au shéol. Et son père le pleura ». Pour ce père qui voyait dans ce fils la réalisation des bénédictions futures, il ne pouvait y avoir de consolation, si ce n’est par la résurrection d’entre les morts d’où, en figure, il reçut plus tard son fils. Il en fut de même plus tard avec les disciples qui allaient à Emmaüs. Ils disent au Seigneur : « Or nous, nous espérions qu’il était celui qui doit délivrer Israël » (Luc 24:21).
Jacob dit qu’il descendra vers son fils au shéol. Ce mot shéol, comme le dit la note, est une expression très vague pour désigner le séjour des âmes séparées du corps. Le mot grec hadès a le même sens, dans le Nouveau Testament. Avant que le Seigneur fût ressuscité, toute la vie des hommes était limitée par la mort. Il fallait vivre pour jouir des bénédictions qui étaient terrestres et pour aller rendre culte à l’Éternel à Jérusalem. Le roi David dit : « Car on ne se souvient point de toi dans la mort ; dans le shéol, qui te célébrera ? » (Ps. 6:5). Le roi Ézéchias dit aussi : « Car ce n’est pas le shéol qui le louera, ni la mort qui te célébrera ; ceux qui descendent dans la fosse ne s’attendent plus à ta vérité » (És. 38:18 ; voir aussi le verset 19). Tandis que pour les croyants, mourir est un gain ; ses bénédictions sont spirituelles, dans les lieux célestes. Il n’a rien à regretter en quittant ce monde. Les croyants de l’Ancien Testament savaient, comme Marthe, qu’il y aurait une résurrection au dernier jour ; mais rien n’était révélé quant à l’état bienheureux ou malheureux de ceux qui étaient morts. La mort était comme une muraille qui fermait tout sur l’au-delà. Maintenant que la mort est vaincue par la résurrection du Seigneur, la lumière est faite sur l’au-delà, en ce qui concerne l’état de ceux qui quittent ce monde. Pour le croyant, le ciel est ouvert depuis qu’Il y est entré comme homme. Ceux qui meurent en Lui vont auprès de Lui, dans le bonheur de Sa présence. Les incrédules vont déjà dans le malheur, en attendant leur état définitif par la résurrection de jugement. Comme les croyants jouissent en attendant la résurrection de leur corps glorieux, les méchants souffrent en attendant leur résurrection.
Il peut paraître étrange que le récit contenu dans ce chapitre se trouve intercalé au début de l’intéressante histoire de Joseph, type de Christ. Il faut toujours se souvenir que le grand sujet de la Parole de Dieu est la personne adorable de Jésus, le Fils de Dieu. Il a une telle importance pour le cœur de Dieu que ce qui se rapporte à Sa personne paraît à chaque instant dans les pages du Livre inspiré. C’est Lui qui doit glorifier Dieu au sujet du péché, en en portant les conséquences sur la croix. Il est la « semence de la femme », promise pour détruire la puissance et les œuvres du diable et sauver le pécheur. Sa venue est si importante que, comme nous l’avons déjà remarqué, les dates sont données, dans la Parole, jusqu’à la naissance du Seigneur. Depuis, il n’y en a aucune, sinon les sept années prophétiques annoncées par Daniel, qui doivent s’écouler après l’enlèvement de l’Église. Il n’y a pas de dates pour le temps de l’Église, parce qu’elle est céleste, associée au Seigneur pendant le temps de Son rejet. C’est donc toujours le Seigneur, Fils de Dieu, Fils de l’homme, qui est en vue dans les Écritures, Celui qui, par Sa venue ici-bas, rendra possible l’accomplissement des conseils de Dieu pour le ciel et la terre.
Ce chapitre 38, que la raison humaine et religieuse de l’homme enlève de la Bible, a sa place au début de l’histoire de Joseph, ce beau type de Christ élevé à la domination suprême après avoir souffert.
Les promesses avaient été faites à Abraham, Isaac et Jacob ; mais, pour qu’elles s’accomplissent, le Christ devait venir. Mais duquel de leurs descendants devait-Il naître ? Ce n’est pas de Ruben, pas plus que de Siméon et de Lévi, qui étaient les aînés, dont la triste conduite est rappelée par leur père au chapitre 49:3-7. C’est de Juda, qui engendra Pérets et Zérakh, nommés dans la généalogie du Christ en Matt. 1, et dont la naissance est rapportée dans notre chapitre. Juda était-il meilleur que ses frères ? Nullement ! Il est l’objet du libre choix de Dieu. Par l’Esprit Saint, son père le désigne, lorsqu’il annonce ce qui arrivera aux siens à la fin des jours (chap. 49:8-12). Puis, au chapitre 5 de 1 Chr., versets 1 et 2, nous lisons que le droit de premier-né a été ôté à Ruben et donné aux fils de Joseph, mais que « Juda eut la prééminence au milieu de ses frères, et le prince sort de lui ». C’est donc de Juda que provient la famille royale dont le Christ est issu, comme nous le voyons par la généalogie de Matt. 1. C’est pourquoi, au moment où apparaît Joseph, type de Christ souffrant et de Christ régnant, se trouve mentionné celui des douze fils de Jacob, et la naissance de son fils d’où proviendrait le « prince », auquel serait « l’obéissance des peuples » (chap. 49:10).
On pourrait supposer que toute la lignée généalogique du Seigneur devait être composée d’hommes de bien, de personnages illustres. Ces personnes-là ne se trouvent pas chez les enfants d’Adam. Il y en eut pourtant, mais ce sont des hommes de foi, dont une nuée est nommée en Héb. 11. Pour cela, il fallait qu’ils possédassent la vie divine.
La Parole de Dieu est la vérité à tous égards. C’est pourquoi, en faisant la triste histoire de l’humanité, elle rappelle constamment des manifestations spéciales du mal, même grossier, qu’ont accompli ceux dont elle parle. Nous en avons un exemple avec Juda dans ce chapitre. C’est au travers de ce sombre tableau qu’elle mentionne un membre de la généalogie du Fils de la promesse, le Christ, cette espérance de la foi, qui court comme un fil lumineux tout le long de l’histoire de l’humanité pour aboutir à Sa naissance.
Dans la généalogie de Matthieu, nous lisons que Juda engendra Pharès et Zara de Thamar, qui l’ont été dans les circonstances humiliantes que rapporte notre chapitre. Après cette mention, l’Esprit de Dieu cite encore quatre personnes qui rappellent des faits humiliants que l’homme aurait passés sous silence, s’il s’était agi de parler de ses ancêtres. Après Pharès et Zara, Rahab est nommée, d’où est issu Boaz. Elle était une prostituée, cananéenne, mais devenue croyante. Puis Boaz épouse Ruth, dont la conduite est édifiante ; mais elle était une Moabite, peuple dont il était écrit qu’aucun ne devait entrer dans la congrégation d’Israël. Deut. 23:3-6 en donne les raisons. En nommant le roi Salomon, il est dit que sa mère avait été femme d’Urie, ce qui rappelle le grave péché du roi David. La mention de ces faits, sans parler de plusieurs rois impies qui sont mentionnés ensuite, fait ressortir la grandeur de la grâce de Dieu envers les hommes, envers chacun de nous, qui appartenons tous par nature à une telle race, capables d’accomplir tous les péchés rappelés par ces noms. Lorsque les hommes écrivent la biographie de l’un d’eux, ils ont soin de cacher ce qui pourrait ternir la gloire de celui dont ils parlent. Tandis que Dieu laisse percer partout le triste état de l’homme et sa culpabilité, pour faire ressortir la gloire de Sa grâce envers de tels êtres. En même temps, cela fait ressortir le profond abaissement du Seigneur de gloire en venant participer à notre nature afin de pouvoir nous sauver.
Il y a encore un détail intéressant à propos de la naissance des deux fils de Tamar. Il est dit que la sage-femme lia sur la main de Zérakh un fil écarlate, alors qu’il paraissait naître le premier, tandis que Pérets naquit avant lui. Il y a, dans la naissance de ces deux enfants, tout un enseignement prophétique. L’écarlate est en général un emblème de la gloire (*). Le Seigneur doit revêtir la gloire royale pour apparaître à Son peuple, lorsqu’Il viendra le mettre en possession des bénédictions promises aux pères. Mais avant cela doit se dérouler toute la triste histoire de l’homme responsable ; c’est ce que représente Pérets, qui parut sur la scène avant son frère, et dont le nom veut dire "brèche". C’est de cette humanité coupable que le Christ naquit ; et, plus tard, Il apparaîtra en gloire comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, accomplissant ce que signifient le fils écarlate et le nom de Zérakh, qui signifie "lever". Le prophète Ésaïe dit, chapitre 60:1 : « Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue, et la gloire de l’Éternel s’est levée sur toi… mais sur toi se lèvera l’Éternel, et sa gloire sera vue sur toi. Et les nations marcheront à ta lumière, et les rois, à la splendeur de ton lever ». La Parole de Dieu est merveilleuse, et elle s’explique par elle-même.
(*) Note Bibliquest : voir Josué 2 :18 où le fil écarlate est un symbole de la mort de Christ et de son sang qui met à l'abri du jugement
Au point de vue pratique, ce triste récit concernant Juda nous fait voir comment un membre de la famille de la foi peut prendre le chemin du monde pour tomber dans le péché, même grossier. Juda quitta ses frères, se fit un ami de Hira, un homme de cette race que Dieu voulait détruire à cause de son iniquité. Étant là, sur le terrain mondain, il fut tenté par une Cananéenne ; de l’union qui en résulta naquirent trois fils, dont deux furent des impies que Dieu fit mourir. Si le troisième manqua à son devoir vis-à-vis de sa belle-sœur, cela est dû à l’indifférence de Juda, qui eut pour conséquence ce qui arriva avec sa belle-fille, qu’il doit malgré tout déclarer plus juste que lui. Il est impossible à un père qui cherche sa satisfaction dans le monde d’élever ses enfants dans la crainte de Dieu. Tout ceci nous enseigne combien il est dangereux, pour un enfant de chrétien, de frayer avec le monde et de s’y faire des amis. Il s’expose à être tenté par ce qui se voit dans un tel milieu, et à faire ce qu’il voit faire, car le cœur naturel est le même chez tous ; et, dans le contact avec le monde, le discernement de ce qui est bien et mal disparaît facilement. Pour être gardé dans le bon chemin, il faut écouter les enseignements de la Parole que le père fidèle doit donner à ses enfants. « Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? Ce sera en y prenant garde selon ta parole » (Ps. 119:9).
Dans le chapitre 37, Joseph ressemblait au Seigneur souffrant de la part de ses frères ; et, dans ce chapitre, il Lui ressemble en souffrant de la part des nations. Il est emmené en Égypte et vendu à Potiphar, officier du Pharaon, chef des gardes. Et, dans cette situation, il est répété plusieurs fois que l’Éternel était avec lui. Voyant sa maison prospère par la fidélité de Joseph, Potiphar l’établit sur tout ce qui était à lui ; et l’Éternel bénit sa maison à cause de Joseph. Mais la fidélité de Joseph envers Dieu allait attirer sur lui de nouvelles souffrances. La femme de Potiphar, n’ayant pu le séduire, trompa son mari sur la conduite de Joseph, lui attribuant le péché qu’elle l’incitait à commettre. Potiphar, croyant sa femme, le fit enfermer dans la tour de la prison, dans le lieu où les prisonniers du roi étaient enfermés ; détail qui a son importance, puisque c’est par un des prisonniers du roi que, plus tard, Joseph fut délivré.
Cette nouvelle épreuve dut être très pénible pour Joseph. Que
devait-il penser de l’élévation à laquelle il était destiné d’après ses
songes ? Le psaume 105 nous renseigne à ce sujet, disant :
« Joseph fut vendu pour être esclave. On lui serra les pieds dans les
ceps. Son âme entra dans les fers, jusqu’au temps où arriva ce qu’il avait
dit : la parole de l’Éternel l’éprouva. Le roi envoya, et il le mit en
liberté ; le dominateur des peuples le relâcha.
Il l’établit seigneur sur sa maison, et gouverneur sur toutes ses
possessions, pour lier ses princes à son plaisir, et pour rendre sages ses
anciens » (v. 17-22). Comme le dit le psaume, ce qu’il avait dit à son
père et à ses frères, leur racontant ses songes, arriva. Mais jusque-là, la
parole l’éprouva. Lorsque la foi existe, elle est ordinairement éprouvée. Il
s’agit de savoir si Dieu a dit vrai quand les circonstances sont opposées à ce
qu’Il a dit. La foi compte sur la Parole de Dieu et ne s’arrête pas aux
circonstances, sachant qu’Il est au-dessus d’elles.
Lorsque Dieu appelle un des Siens à Son service, Il lui fait subir une préparation en conséquence, afin de le former et de le rendre capable de faire ce qu’Il placera devant lui. Nous en avons un bel exemple en David. Il dut passer par une pénible école, depuis qu’il fut oint pour régner, étant l’objet de la haine de Saül ; école qui avait déjà commencé avec l’ours et le lion lorsqu’il gardait le menu bétail de son père. Joseph commença par être l’objet de la haine de ses frères. Son témoignage le conduisit dans la fosse, ce qui ne paraissait pas être le chemin de l’élévation. Vendu à Potiphar, l’Éternel était avec lui ; tout semblait l’acheminer vers un poste élevé. Là, sa fidélité envers Dieu et son maître le conduisit dans les fers de la prison du roi. Mais la parole de Dieu était toujours devant lui. Les déceptions qu’il ne manquait pas de réaliser ne portèrent pas atteinte à sa fidélité. Nous le voyons d’un bout à l’autre de son chemin dans une pleine communion avec son Dieu, dans une marche de fidélité irréprochable. Qu’on le prenne au milieu de ses frères, chez Potiphar ou dans la prison du roi, l’Éternel était avec lui, et il avait la confiance de celui qu’il servait. C’était l’affaire de l’Éternel de le délivrer ; en attendant, il était fidèle, lors même que les fers entraient dans son âme, ce qui indique une souffrance plus grande que celle des fers à ses pieds. Joseph est un bel exemple de piété. Il avait affaire avec Dieu. Il mesurait le mal d’après ce qu’il était pour Dieu. Lorsque la femme de Potiphar l’incite au mal, il fait bien ressortir qu’il ne pouvait tromper la confiance de son maître ; il dit : « Comment ferais-je ce grand mal, et pécherais-je contre Dieu ? ». Oui, tout péché est contre Dieu, contre ce Dieu trois fois saint qui a les yeux trop purs pour voir le mal, et qui a placé l’homme sous Sa dépendance pour Lui obéir en toutes choses. Combien de maux et de péchés nous éviterions, si nous avions toujours devant nous la vraie mesure du bien et du mal, vivant comme Joseph dans le sentiment de la présence de Dieu. Nous pouvons la réaliser encore mieux que lui, car nous possédons la pleine révélation de Dieu en grâce et la vie divine, dont nous voyons l’expression en Jésus homme ici-bas, et qui a marché au milieu du monde et de ses souillures en faisant toujours les choses qui plaisaient à Son Père, victorieux du monde en s’en tenant séparé.
Que Joseph soit chez Potiphar ou dans la prison, il est dit que l’Éternel le faisait prospérer (v. 3 et 23). En faisant tout sous le regard de Dieu, on le fait bien parce que l’on a Son secours, Sa bénédiction ; ceux que l’on sert sont satisfaits. Quelles que soient nos occupations, nos circonstances, notre situation, que l’on ait des maîtres doux ou fâcheux (1 Pierre 2:18), nous devons toujours servir le Seigneur, faisant tout pour Lui en pensant à Son grand amour et vivant dans le sentiment de Sa présence ; Le servant en accomplissant les services les plus humbles. C’est ainsi que l’on acquiert un bon degré, comme il est dit aux serviteurs dans l’Assemblée (1 Tim. 3:13). C’est une chose à considérer, dans nos jours où l’on veut arriver au haut de l’échelle sans en avoir gravi les premiers échelons, et surtout sans avoir pratiqué la justice à tous égards. Pour cela aussi, il ne faut pas se lier au monde ni l’imiter.
Tous ces pénibles exercices rendaient Joseph propre pour la position éminente à laquelle il allait être élevé lorsque le moment de Dieu serait arrivé.
Le Seigneur est l’exemple parfait de cet esprit de service et d’abaissement dans l’humilité et la souffrance. Lui qui n’avait pas à regarder comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, puisqu’Il était Dieu, s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave ; et, étant trouvé en figure comme un homme, Il s’est abaissé Lui-même ; c’est pourquoi Dieu L’a haut élevé : c’est ce qui va arriver à Joseph. C’est cette pensée qui a été dans le Christ Jésus, pensée d’abaissement, qui doit être en nous et caractériser toute notre vie (lisez Phil. 2:1-11).
Ce n’est pas la pensée des hommes de nos jours, en vivant dans un monde caractérisé par la recherche de la grandeur. Nous avons à lutter contre cette tendance, naturelle à nos cœurs, qui s’accommodent si bien aux principes de ce présent siècle. Ce que Dieu admire dans la marche du chrétien, ce ne sont pas les grandes œuvres retentissantes dans ce monde, mais bien la ressemblance de Son Fils, dans l’humilité, le besoin de prendre, non pas la dernière place, puisque c’est Lui qui l’a prise, mais celle qui est la plus près de la Sienne ; dans l’abaissement, parce que ce sera la plus près de la Sienne dans la gloire.
Le chef des échansons et le chef des panetiers sont introduits dans la prison où se trouvait Joseph. Le chef des gardes remit ces officiers aux soins de Joseph, durant les jours de leur détention. Ils firent chacun un songe, que Joseph interpréta favorablement pour l’échanson qui, au bout de trois jours, fut rétabli dans ses fonctions auprès du roi. Le panetier s’attendait à voir son songe interprété aussi favorablement ; mais, ainsi que le lui prédit Joseph, au bout de trois jours, Pharaon le fit pendre.
En donnant l’interprétation du songe à l’échanson, Joseph lui dit : « Souviens-toi de moi, quand tu seras dans la prospérité, et use, je te prie, de bonté envers moi, et fais mention de moi au Pharaon, et fais-moi sortir de cette maison ; car j’ai été volé du pays des Hébreux ; et ici non plus je n’ai rien fait pour qu’on me mît dans la fosse » (v. 14:15). Tout arriva comme Joseph l’avait dit à ces deux officiers du roi. Mais il est dit au verset 23 : « Le chef des échansons ne se souvint pas de Joseph, et l’oublia ». La prospérité matérielle engraisse le cœur de l’homme et lui ferme les entrailles, le plus souvent. C’est ce qui a lieu d’une manière générale dans le monde, où il y a si peu de reconnaissance envers Dieu. Chacun de nous doit veiller à cela, car le cœur naturel est le même chez les enfants de Dieu que chez l’inconverti. C’est pourquoi le Seigneur est souvent obligé de nous faire passer par des épreuves de tous genres, afin d’enlever de nos cœurs ce qui peut nous distraire de Sa personne et nous enlever la reconnaissance que nous Lui devons, pour nous avoir sauvés en donnant Sa propre vie, en subissant la colère de Dieu à notre place. Ces paroles : « Souviens-toi de moi », devraient résonner constamment à nos oreilles et faire vibrer les cordes les plus sensibles de notre cœur, et mettre en activité tout notre amour pour notre Sauveur et Seigneur. Dans une heure suprême, avant d’aller à la croix, Jésus a dit aussi à Ses disciples une parole qui s’adresse encore aujourd’hui à tous Ses rachetés : « Faites ceci en mémoire de moi », en instituant la Cène. Et cependant, grand est le nombre de Ses rachetés qui ne répondent pas à ce désir ; et ceux qui y ont répondu ont souvent fait attendre longtemps le Seigneur. Que personne, au milieu de Ses rachetés, ne s’expose à se trouver dans le ciel sans s’être souvenu de son Seigneur. Ce n’est pas seulement en prenant la Cène que nous devons nous en souvenir, mais toujours, pour marcher d’une manière digne de Lui, Lui étant agréables en toutes choses. « Souviens-toi de moi ». Ne restons pas, comme l’échanson, deux ans avant de satisfaire ce désir du Seigneur.
Joseph dut faire la pénible expérience de l’ingratitude de cet officier du roi ; une épreuve de plus qui lui montrait qu’il n’y avait rien à attendre du côté de l’homme. Il avait enduré la haine de ses frères, l’injustice de Potiphar, et maintenant, l’indifférence de l’homme dans le bien-être. Deux ans s’écoulèrent encore avant que Joseph réalisât que la délivrance ne provenait que de l’Éternel. Il put dire, comme le résidu pieux le dira dans les temps à venir : « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement ; de lui vient mon salut » (Ps. 62:1). Dieu n’était pas indifférent ni inactif en sa faveur. Au-dessus de la scène, Il dirigeait les circonstances providentiellement, c’est-à-dire non ouvertement. Son grand but était de former Joseph à cette pénible école de la souffrance, en vue de l’élever au pouvoir afin de l’employer en faveur de Son peuple. Merveilleux type de Christ, qui a souffert en vue de délivrer Ses frères, Son peuple, qui reviendra à Lui, comme nous le verrons en type avec les frères de Joseph. Quand ses frères le reconnaîtront, il sera élevé, ayant reçu le pouvoir d’exercer son autorité sur tout le pays, le premier après le roi ; ce qui aura lieu bientôt pour le Seigneur, quand Il aura enlevé Son Église de ce monde.
En attendant, Dieu dispose de tout en vue de l’accomplissement de Ses conseils. Il fallait que Joseph tombât entre les mains de Potiphar, afin d’être jeté dans la prison du roi. C’est Dieu qui permit que les officiers du roi y fussent enfermés, pour être en rapport avec Joseph et le mentionner au Pharaon, quand le moment de Dieu serait venu. Il en sera de même avec les sept ans d’abondance et les sept ans de famine. C’est en vue de Son peuple terrestre que Dieu dirige tout cela, ainsi que nous le voyons au psaume 107, déjà cité. Quand la bénédiction s’étendra au monde entier, ce sera en rapport avec la bénédiction du peuple terrestre de Dieu. En attendant, la foi voit Dieu au-dessus de tout, gouvernant providentiellement, en attendant de le faire ouvertement, sous le règne du Fils de l’homme. Aujourd’hui, ce que Dieu a en vue, pendant que Son Fils est rejeté, c’est le rassemblement de l’Église, l’Épouse du Roi. Pendant ce temps, toute la politique des nations est une chose insignifiante, comparativement au but que Dieu poursuit en laissant subsister les nations, au milieu desquelles Il sauve des pécheurs. Quand le dernier sera manifesté, la paix sera ôtée de la terre ; car c’est parce que les chrétiens y sont encore que le bouleversement universel, qui doit se produire après l’enlèvement de l’Église, n’a pas eu lieu. Les hommes comprennent bien que l’on marche vers un temps redoutable, qu’ils cherchent à conjurer par toutes sortes de moyens ; mais personne ne s’imagine que c’est la présence de ces chrétiens, que l’on aimerait voir loin, qui fait retenir l’heure de l’épreuve qui vient sur la terre habitée toute entière (Apoc. 3:10), et « la subite destruction qui viendra sur eux », à laquelle ils n’échapperont point (1 Thes. 5:3). Jusqu’à ce moment-là, Dieu ne permet pas que ceux qui sont en autorité prennent des mesures qui sont contre Sa volonté.
Dans ce chapitre, c’est Pharaon qui songe, non d’un songe qui provient de beaucoup d’occupations (comme dit Eccl. 5:3), mais de Dieu qui « déclare au Pharaon ce qu’il va faire » (v. 25 et 28). Par conséquent, personne ne pouvait l’interpréter. Dieu, qui le produisait, seul le pouvait, au moyen de Joseph qu’Il avait préparé pour cela. Ce songe eut lieu au moment où Dieu voulait que Joseph sortît de prison. Alors le chef des échansons se souvint de lui et dit au Pharaon : « Je rappelle aujourd’hui mes fautes ». Il comprend qu’il a manqué en ne se souvenant pas de Joseph pour en parler au roi. Alors s’accomplit ce qui est dit au psaume 105:20 : « Le roi envoya, et il le mit en liberté ; le dominateur des peuples le relâcha ». Pharaon fit appeler Joseph : « on le fit accourir de la fosse, et il se rasa, et changea de vêtements » (v. 14). En entendant le roi lui dire que personne n’a pu interpréter son songe, mais qu’il a entendu dire qu’il comprenait un songe pour l’interpréter, Joseph ne veut pas être mis au rang des sages qui prétendaient interpréter les songes par leur propre sagesse. Il répondit au roi : « Cela n’est pas à moi ; Dieu donnera une réponse de paix au Pharaon » (v. 16). C’est aussi ce que dit Daniel à Nebucadnetsar : « Il y a un Dieu dans les cieux qui révèle les secrets et fait savoir au roi Nebucadnetsar ce qui arrivera à la fin des jours » (Dan. 2:28). Pharaon fit le récit de ses deux songes, dont il a aussitôt l’explication. Ce qu’ils signifiaient était une chose « arrêtée de la part de Dieu, et que Dieu se hâte de la faire » (v. 32).
Le prisonnier, sorti promptement de la fosse, est devant le roi, non seulement comme révélateur des songes, mais il devient sur-le-champ son conseiller. Il lui indique ce qu’il doit faire, maintenant qu’il connaît la pensée de Dieu. Il fallait au roi un homme intelligent et sage pour administrer les biens produits durant les sept années d’abondance, en vue des sept années de disette qui suivraient. Les conseils que Joseph donna au roi furent reconnus bons à ses yeux et aux yeux de ses serviteurs. Pharaon dit : « Trouverons-nous un homme semblable à celui-ci, en qui est l’esprit des dieux ? ». Et il dit à Joseph : « Puisque Dieu t’a fait connaître tout cela, personne n’est intelligent et sage comme toi. Toi, tu seras sur ma maison, et tout mon peuple se dirigera d’après ton commandement ; seulement quant au trône, je serai plus grand que toi » (v. 39-40). En effet, il n’y a qu’un homme semblable au Seigneur, antitype de Joseph. Il est dit au psaume 80:17 : « Que ta main soit sur l’homme de ta droite, sur le fils de l’homme que tu as fortifié pour toi » (voir les versets suivants). Sans transition, Joseph passe de la prison au faîte de la gloire et de l’autorité sur tout le pays. Il n’avait pas besoin d’une préparation ; elle avait été faite durant le temps de son humiliation, qui avait duré treize ans à l’école de Dieu, en vue de la position élevée qu’il allait occuper, et que Dieu lui avait fait comprendre par les songes qu’il avait faits quand il était dans la maison de son père ; type frappant du Seigneur Jésus, Fils de l’homme qui, selon les conseils de Dieu, devait régner sur Son peuple et sur l’univers tout entier. Mais avant, Il devait souffrir et mourir pour accomplir ce que Joseph ne pouvait faire : la réconciliation de toutes choses avec Dieu et de tous les pécheurs qui devaient être sauvés, ce qui est enseigné en Col. 1:16-22. De même que Joseph, le Seigneur, lorsqu’Il fut abaissé le plus possible, jusque dans la mort, sans transition, depuis le sépulcre, « Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:9-11). Pendant le temps actuel où Jésus est rejeté, « nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties ; mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur » (Héb. 2:8, 9 — Ps. 8:4-9). Bientôt, lorsque Jésus sera reconnu par ceux qui l’ont percé, Il apparaîtra dans Sa gloire. Cette gloire du Seigneur est vue en figure par l’honneur auquel Pharaon éleva immédiatement Joseph. Il le revêtit d’un vêtement de byssus, mit un collier d’or à son cou, et il le fit monter sur le second char qui était à lui ; et on criait devant lui « Abrec » — qu’on s’agenouille. La réalisation de cela pour Christ est mentionnée au psaume 45:4 : « Et, prospérant dans ta magnificence, mène en avant ton char, à cause de la vérité et de la débonnaireté ».
Pharaon appela Joseph d’un nom qui signifie sauveur du monde, ou soutien de la vie ; et il lui donna pour femme Asnath, fille du sacrificateur d’On. Le caractère typique de Christ se poursuit dans cette merveilleuse histoire. Le Seigneur ne pouvait avoir une Épouse avant Son élévation dans la gloire ; et elle est choisie parmi les nations, œuvre que le Saint Esprit accomplit entre la première et la seconde venues du Seigneur ; Épouse qui sera glorifiée avec Lui lorsqu’Il apparaîtra à ceux qui l’ont rejeté et qui jouira de Son règne glorieux, comme ce fut le cas pour les frères de Joseph.
Comme il l’avait prédit, la terre rapporta en abondance pendant sept ans. Pendant ce temps, il naquit à Joseph deux fils. Il nomma le premier Manassé, ce qui signifie "oubli" ; et le second Éphraïm, "double fertilité" ; noms qui expriment ce qui caractérisait la situation de Joseph durant le temps de son élévation. Il oubliait sa peine, et l’Éternel l’avait fait fructifier après le temps de son affliction. Non seulement Joseph avait une épouse, mais il eut deux fils. Il est dit dans ce psaume 45, en parlant des temps glorieux du règne de Christ : « Au lieu de tes pères, tu auras tes fils » (v. 16). La gloire de Christ ne proviendra pas de Ses pères, comme c’était le cas pour les Juifs, mais bien en tout ce qui sera le résultat de Son œuvre.
Moïse, comme Joseph, est un type de Christ qui reçoit une épouse étrangère à Israël durant le temps de son rejet par ses frères. Celle de Joseph est une image de l’épouse qui partage sa gloire. Celle de Moïse est aussi une figure de l’Épouse de Christ, mais partageant Son rejet, Son humiliation. Moïse eut aussi deux fils, mais dont les noms sont en rapport avec sa rejection. Le premier, Guershom, signifie "séjournant là" ; il savait qu’il ne serait pas là pour toujours ; le second, Éliézer : "Dieu une aide". Il avait eu besoin de Son secours durant ce temps si pénible pour lui (Exode 18:3-4).
Les sept années de famine commencèrent ; il y avait la famine dans tous les pays mais, en Égypte, il y avait du pain. La famine était sur toute la terre (v. 54 et 56) ; et l’on venait en Égypte vers Joseph pour acheter du blé. C’est ce qui aura lieu sur toute la terre après l’enlèvement de l’Église. Il y aura des famines de tous genres, une détresse sur toute la terre, qui servira à préparer le peuple de Dieu pour venir à Celui qu’ils ont rejeté, mais que Dieu a élevé « au-dessus de tout nom ».
En tout ce qui arrivait, Dieu avait en vue Son peuple, envers lequel Il accomplissait Ses desseins. S’il fallait une Égypte fertile, un roi qui éleva Joseph, une famine, c’était pour cette famille de Jacob, si peu intéressante en elle-même, comme chacun de nous, mais objet de la grâce de Dieu.
Jacob apprit qu’il y avait du blé en Égypte, et il y envoya ses fils afin d’y acheter du blé. Mais il garda Benjamin auprès de lui, craignant qu’un accident ne lui arrive en chemin, et qu’il n’en soit encore privé. Joseph n’étant plus, il fondait son espoir pour l’accomplissement des promesses sur le fils de sa droite, et ne voulait pas s’en séparer.
Lorsque les dix fils de Jacob arrivèrent devant Joseph, ils se prosternèrent la face contre terre, accomplissant à leur insu ce que le premier songe de Joseph leur avait dit, ce qui les avait tant irrités. Joseph les reconnut ; mais eux ne reconnurent pas leur frère dans la personne du gouverneur du pays. Joseph fit l’étranger vis-à-vis d’eux et leur parla durement. Il se souvint des songes qu’il avait eus à leur sujet, et il les fit passer par une terrible épreuve ; non comme vengeance, mais pour les amener à reconnaître leur faute, afin qu’ils puissent être au bénéfice de son élévation au pouvoir. Car on ne peut jouir de la bénédiction de Dieu tant que l’on garde en soi du péché non jugé. Joseph leur dit qu’ils étaient des espions venus pour voir les lieux ouverts du pays. À quoi ils répondirent qu’ils étaient fils d’un seul homme, venus pour acheter des vivres, et qu’ils étaient d’honnêtes gens. Ils étaient honnêtes relativement à des espions. Mais le bien et le mal ne se mesurent pas d’après ce que peuvent être les hommes vis-à-vis les uns des autres, mais d’après ce qu’est le mal aux yeux de Dieu. Tel homme peut être pratiquement irréprochable aux yeux de ses semblables ; mais, lorsqu’il se voit, dans la présence de Dieu, il n’est qu’un malheureux coupable. Chaque croyant doit toujours se tenir dans la présence de Dieu ; là, il ne sera pas exposé à être satisfait de lui-même, et il pourra faire des progrès.
Joseph ne put être satisfait par la déclaration de ses frères.
Il renouvelle ses accusations, afin de les amener sur la voie des aveux. Ils
répondirent qu’ils étaient douze frères, que le plus jeune est resté avec son
père, et que l’un n’est plus. Ils sont ainsi amenés à dire quelque chose de
plus. C’est ainsi que Dieu opère pour toucher la conscience et amener le
coupable à confesser ses péchés. Ces hommes avaient vécu dans l’insouciance à
l’égard de leur frère rejeté. Leur conscience s’était endurcie, en sorte que le
grave péché qu’ils avaient commis en vendant leur frère ne les troublait pas.
Il en est de même des Juifs, qui peuvent vivre et faire leurs affaires sans que
leur conscience ne leur reproche rien quant au rejet de leur Messie. Il faudra
la famine, surtout morale, qui s’étendra sur le monde entier pour les amener à
Celui qu’ils ont percé, afin de trouver grâce auprès de Lui. Joseph serra
encore ses frères de plus près ; l’épreuve augmente ; il les atteint
à un point sensible. S’ils veulent prouver qu’ils ne sont pas des espions, il
faut que l’un d’eux aille chercher leur jeune frère pendant que les autres
restent enfermés ; et il les fit mettre sous garde pendant trois jours.
Pendant ce temps, ils durent réfléchir à leur conduite. La Parole mentionne
plusieurs fois trois jours, temps suffisant pour arriver à un nouvel état.
Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson. Là, il fit de
sérieuses réflexions. Saul de Tarse fut aussi trois jours sans voir ni
manger ; il sortit de là un homme nouveau. Au-dessus de tous ces exemples,
le Seigneur passa trois jours et trois nuits dans le tombeau et en sortit
victorieux de la mort. Au troisième jour, Joseph dit à ses frères à quelles
conditions ils pourraient vivre et prouver qu’ils étaient des honnêtes gens. Ce
serait en laissant l’un d’eux prisonnier, pendant que les autres iraient porter
des vivres pour leur maison et reviendraient avec leur jeune frère. C’est ce
qu’ils acceptèrent. Cette épreuve commença à produire en eux le sentiment de
leur culpabilité. Ils se dirent l’un à
l’autre
: « Certainement nous sommes coupables à l’égard de notre
frère ; car nous avons vu la détresse de son âme quand il nous demandait
grâce, et nous ne l’avons pas écouté ; c’est pourquoi cette détresse est
venue sur nous. Et Ruben leur répondit, disant : Ne vous ai-je pas parlé,
disant : Ne péchez pas contre l’enfant ? Mais vous n’avez pas
écouté ; et aussi, voici, son sang est redemandé » (v. 21-22). Il y
avait vingt-deux ou vingt-trois ans que cela s’était passé, mais la conscience
a bonne mémoire. Au jour du jugement, les péchés de tous les hommes leur
reviendront en mémoire, depuis le commencement de l’histoire du monde. Joseph
entendait les réflexions de ses frères, comme Dieu sait tout ce qui se passe
dans le cœur de chacun ; mais ses frères, qui le croyaient un Égyptien, ne
pensaient pas qu’il les comprenait, car il y avait un interprète entre eux. En
entendant cela, Joseph se détourna, et pleura. Il était touché par cette
confession entre eux ; elle était un premier résultat de l’épreuve à
laquelle il les avait soumis, quoique ce ne fut qu’entre eux qu’ils
reconnaissaient leur faute, et non encore publiquement. Ils n’en dirent rien à
leur père en arrivant auprès de lui. En revenant à eux, Joseph leur parla, et
il prit Siméon qu’il lia sous leurs yeux. Puis il commanda de remplir leurs
sacs de blé et de remettre à chacun l’argent dans son sac, et leur donna des
provisions pour le voyage. En chemin, l’un d’eux découvrit que son argent était
à l’ouverture de son sac, et « le cœur leur manqua, et ils furent saisis
de peur, se disant l’un à l’autre : Qu’est-ce que Dieu nous a fait ? »
(v. 28). Tous ces procédés étaient bien étranges pour eux. La main de Dieu
était là, en effet. Ils faisaient l’expérience de la sévérité et de la bonté de
Dieu tout à la fois. Ce n’est pas la manière de faire des hommes. Le résidu
juif futur fera la même expérience, dans la grande tribulation qu’il
traversera. Ils jouiront de la protection de Dieu, tout en étant sous les
rigueurs de Son gouvernement qui les amènera à une pleine confession, avant de
jouir d’une pleine délivrance. C’est aussi ce que nous éprouvons lorsque nous
subissons les conséquences de nos fautes ; nous expérimentons la bonté de
Dieu en même temps que Sa sévérité à l’égard du péché. C’est pourquoi le roi
David, sous les conséquences de la faute qu’il avait commise en dénombrant le
peuple, préférait tomber entre les mains de l’Éternel qu’entre les mains des hommes ;
car, dit-il, « ses compassions sont grandes » (2 Sam. 24:14).
De retour au pays de Canaan, ils racontèrent à leur père ce qui leur était arrivé, comment l’homme, le seigneur du pays, les avait traité durement, ce qu’ils lui avaient répondu, et qu’ils avaient dû laisser Siméon en attendant qu’ils lui amènent leur plus jeune frère. Mais ils ne dirent pas à leur père qu’ils avaient compris que toute cette épreuve leur était arrivée parce qu’ils étaient coupables à l’égard de leur frère, n’ayant pas eu compassion de lui lorsqu’ils voyaient la détresse de son âme lorsqu’il leur demandait grâce. Le cœur naturel est dur ; il lui faut souvent un long temps avant d’avouer ses fautes à ceux envers qui il a manqué. On peut intérieurement les reconnaître, comme les frères de Joseph le firent aux versets 21 et 22, et quand même se justifier lorsqu’on est mis en demeure de les confesser. Même, il ne suffit pas de dire que l’on a manqué ; il est dit : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Il fallut à ces hommes une nouvelle et plus forte tribulation pour qu’ils puissent dire : « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (chap. 44:16).
Lorsqu’ils vidèrent leurs sacs, ils trouvèrent chacun son argent, et ils eurent peur. La grâce impressionne autant que les jugements, lorsque Dieu n’est pas pleinement connu. Tout ce qui manifeste Dieu produit dans le cœur de l’homme la crainte, dans le sens de frayeur, avant que la grâce soit vraiment connue. Lorsqu’elle est connue, on craint Dieu dans le sens de ne pas Lui déplaire. C’est ce qui doit caractériser tout enfant de Dieu. Par l’argent remis dans leurs sacs, Joseph fait connaître que tout est grâce de sa part, comme de la part de Dieu. C’est sur ce pied-là que le peuple juif sera reçu prochainement, dans le résidu. L’apôtre Paul montre, en Rom. 11:26-32, que c’est par une pure miséricorde que Juifs et nations reçoivent leurs bénédictions respectives : « Car Dieu a renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous » (v. 32).
Jacob reprocha à ses fils de l’avoir privé d’enfants, aussi bien de Joseph que de Siméon, paroles qui devaient leur parler aussi. Il ne veut pas laisser aller Benjamin avec eux, lorsqu’ils retourneront en Égypte. Ruben s’offre garant de Benjamin et dit à son père de faire mourir ses deux fils s’ils ne ramènent pas Benjamin. Mais Jacob dit : « Mon fils ne descendra pas avec vous ». Joseph savait que, s’il ne gardait pas Siméon, ses frères ne reviendraient pas auprès de lui ; et il le fallait, pour compléter l’œuvre qu’il avait commencée, pour la bénédiction de toute la famille.
D’un autre côté, Dieu voulait terminer en Jacob la discipline par laquelle Il le faisait passer pour l’amener à une complète soumission, n’ayant plus de volonté. C’est ce qui sera atteint lorsqu’il laissera partir Benjamin, au chapitre suivant, en disant : « Et moi, si je suis privé d’enfants, j’en serai privé » (v. 14). C’est là la patience qui est le produit de la tribulation, c’est-à-dire une volonté brisée, dont il est parlé, en Rom. 5:3.
Il fallait que la famine pesât sur tout le pays pour décider Jacob à envoyer ses fils chercher du blé en Égypte. Le fait que Siméon y était retenu ne suffisait pas. Dieu sait par quel moyen Il doit agir afin de pouvoir amener la bénédiction sur les Siens. Il faut souvent des épreuves douloureuses, afin que nous jugions en nous ce qui est un obstacle à la bénédiction dont le cœur de Dieu est rempli à notre égard. Comme nous l’avons déjà vu, Dieu s’occupait de Jacob en discipline pour le dépouiller entièrement de sa propre volonté. C’était naturel qu’il retint Benjamin auprès de lui, le seul fils qui lui restait de la femme aimée, Rachel, dont il était aussi privé. Mais Dieu voulait se servir de la douleur que lui causait la décision de le laisser aller en Égypte pour rompre le dernier fil d’une volonté qui avait eu si libre cours pendant sa vie, et qui lui avait causé tant de difficultés. C’était le dernier, en effet, avant qu’il pût jouir d’une bénédiction qui dépassait tout ce qu’il pouvait attendre. Nous ne nous rendons pas compte de quelle bénédiction nous nous privons en ne nous soumettant pas à la volonté de Dieu dans les plus petits détails de la vie.
C’est Juda qui prend la parole pour exposer à son père quelle était la nécessité d’envoyer Benjamin avec eux en Égypte. En réponse aux reproches que Jacob leur adressa d’avoir déclaré à « l’homme » qu’ils avaient encore un frère, ils dirent : « L’homme s’est soigneusement enquis de nous et de notre parenté ». C’était là la question importante pour Joseph, durant le temps où il était séparé de sa famille ; question importante pour le Seigneur, dans les jours à venir. Car qu’est devenue la famille d’Israël durant le temps du rejet de Jésus ? Cette famille l’a oublié. Mais Lui ne l’a pas oubliée. Que sont-ils devenus ? Comment se portent-ils ? Il faut que je les revoie pour les bénir, dira le divin Joseph dans un temps qui n’est pas éloigné. Comme nous l’avons vu avec les chapitres précédents, tout l’interrogatoire de Joseph a pour but d’amener ses frères à la repentance, qui précède la bénédiction. « Pouvions-nous donc savoir qu’il dirait : Faites descendre votre frère ? », dit Juda. Ils ne pouvaient le savoir, mais Joseph savait tout. C’est en vertu de cette connaissance que le Seigneur dirigera les circonstances, pour agir dans le cœur des Siens afin de les amener à la repentance, avant qu’Il leur apparaisse pour les bénir.
Juda insista auprès de son père pour qu’il laisse aller Benjamin avec eux, afin qu’ils ne meurent pas, ni eux, ni leurs enfants. En effet, leur conservation à tous égards dépendait de cela, mais d’une manière inattendue d’eux tous. Juda répond qu’il ramènera Benjamin ; sinon, il serait coupable tous ses jours vis-à-vis de son père ; garantie qui n’avait de valeur que par sa bonne intention, car leur retour ne dépendait pas de lui. L’opposition de Jacob avait duré un certain temps, puisque Juda dit : « Si nous n’avions pas tardé, certes nous serions déjà revenus deux fois ».
Israël se décida à laisser aller Benjamin. Il fit préparer un cadeau afin de disposer favorablement l’homme aussi exigeant, en Égypte, et fit reporter l’argent qu’on avait remis dans leurs sacs, outre celui qui était nécessaire pour acheter la nouvelle provision. Puis il les envoya en comptant sur le Tout-puissant pour qu’Il leur fasse trouver compassion devant l’« homme », afin qu’il renvoie Siméon et Benjamin ; et, ajoute-t-il, « Et moi, si je suis privé d’enfants, j’en serai privé » (v. 14). Il se soumet, n’ayant plus de volonté propre. C’est un exemple de ce que dit l’apôtre en Rom. 5:3 : « La tribulation produit la patience ». La patience selon Dieu est l’état produit par la soumission à Sa volonté, la chair étant réduite au silence. La patience produit l’expérience, parce que, dans cette soumission, on fait l’expérience de tout ce qu’est Dieu pour nous, comme Jacob a pu le faire dès lors. Puis l’expérience produit l’espérance, parce que toutes les choses merveilleuses de Dieu que l’on expérimente ici-bas auront leur pleine et parfaite réalisation dans la gloire à venir. Puis ce qui en est la garantie et qui soutient jusque-là, c’est l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par le Saint Esprit, amour qui a eu sa parfaite expression dans la mort de Christ, alors que nous étions sans force, des impies, des pécheurs, des ennemis (voyez Rom. 5:3-10).
Arrivés en Égypte, Joseph donna ordre de les conduire dans sa maison, où ils devaient manger avec lui à midi. Mais, au lieu de les rassurer, cette disposition de Joseph les remplit de crainte. Ils eurent peur, croyant que c’était parce que leur argent avait été retrouvé dans leurs sacs. Ils ne connaissaient pas encore l’amour qui chasse la crainte, qui porte avec elle du tourment (voyez 1 Jean 4:17-18). Avant d’entrer dans la maison, ils expliquèrent à celui qui les conduisait ce qui leur était arrivé, comment c’était à leur insu que cet argent s’était trouvé dans leurs sacs. À quoi cet homme répondit : « Paix vous soit, ne craignez pas. C’est votre Dieu et le Dieu de votre père qui vous a donné un trésor dans vos sacs ». Ces paroles font penser que Joseph n’avait pas laissé ignorer à ses serviteurs qu’il avait affaire avec Dieu, et qui était ce Dieu-là. À ce moment, Siméon sortit et se joignit à ses frères pour aller manger chez Joseph.
Ils furent reçus avec tous les égards possibles. Ils lavèrent leurs pieds ; leurs ânes furent fourragés. Lorsque Joseph entra, ils lui offrirent le présent qui lui était destiné et se prosternèrent devant lui contre terre. Il leur demanda s’ils étaient bien, comment allait leur père, s’il vivait encore. Après lui avoir répondu, ils s’inclinèrent et se prosternèrent encore. Voyant Benjamin, son frère, fils de sa mère, il lui dit : « Dieu te fasse grâce, mon fils ! ». Mais, étant ému en le voyant, il sortit pour pleurer. Lorsqu’il fut rentré, il fit servir ses frères, les ayant fait placer en rang d’âge ; et il fit donner à Benjamin une portion cinq fois plus grande qu’à ses frères. Ils burent et firent bonne chère. C’était un vrai festin, qui devait faire augurer une heureuse issue. Mais ce n’est pas dans la satisfaction de la nature humaine que l’on apprend à juger le mal. Avant une véritable jouissance, il fallait que l’épreuve arrivât à son terme.
Après cela, Joseph commanda à celui qui était préposé sur sa maison de remplir de vivres les sacs d’eux tous en y remettant leur argent, et sa coupe d’argent dans le sac du plus jeune. Le matin, ils partirent tous. Ils devaient être heureux de reprendre le chemin de la maison en ayant été si bien traités. Mais celui qui, semblable à l’Éternel, avait à leur égard « des pensées de paix et non de mal, pour leur donner un avenir et une espérance » (Jér. 29:11), voulait achever l’œuvre nécessaire pour leur bénédiction, en les amenant à reconnaître que le jugement de Dieu pesait justement sur eux.
À peine sortis de la ville, Joseph envoya le préposé de sa maison les poursuivre et leur dire : « Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? », les accusant d’avoir prix la coupe de Joseph. Certains de n’avoir pas commis un tel péché, ils lui dirent : « Que celui de tes serviteurs chez qui la coupe se trouvera, meure ; et nous aussi, nous serons serviteurs de mon seigneur ». Le préposé de Joseph leur répondit : « Maintenant donc, qu’il en soit selon vos paroles : Celui chez qui elle sera trouvée sera mon serviteur, et vous, vous serez innocents ». Ils descendirent chacun leur sac et l’ouvrirent. La coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin. Ils déchirèrent leur vêtement, rechargèrent leurs ânes et rentrèrent en ville. Arrivés devant Joseph, ils se prosternèrent devant lui ; et il leur dit : « Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi sait deviner ? ». Alors Juda prit la parole et dit : « Que dirons-nous à mon seigneur ?… Comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs. Voici, nous sommes serviteurs de mon seigneur, tant nous que celui dans la main duquel la coupe a été trouvée. Et il dit : Loin de moi de faire cela ! Celui en la main duquel la coupe a été trouvée, lui, sera mon serviteur ; et vous, montez en paix vers votre père » (v. 14-17). L’épreuve arrivait à son apogée. Comment retourner vers Jacob sans son fils Benjamin ? Il y avait quelque chose d’étrange dans tout ce qui se passait ; et Juda comprend bien que Dieu était actif dans toute cette scène inexplicable. Ils étaient innocents quant à la coupe ; mais ils avaient sur leur conscience une iniquité bien plus grave, que Dieu leur faisait sentir au moyen de cette épreuve.
C’est Juda qui avait parlé à son père avant leur départ, et qui avait garanti la vie de Benjamin ; sinon, il serait coupable envers son père tous ses jours. C’est lui qui va prendre la parole pour exposer leur situation et celle de leur père devant Joseph. Dans cette circonstance, il représente la tribu de Juda, qui est coupable du rejet du Seigneur lorsqu’Il vint chez les Siens. C’est cette tribu, unie à celle de Benjamin, qui constituait le royaume de Juda, qui avait été en captivité à Babylone et que Dieu avait ramené dans son pays pour y recevoir le Messie. Nous savons comment ils Le traitèrent. C’est pourquoi c’est ce peuple de Juda, lorsqu’il sera rentré dans son pays, qui passera par la grande tribulation, dont l’épreuve des frères de Joseph est une figure. Ce sont les Juifs que nous connaissons aujourd’hui qui font partie de ce royaume de Juda. Ils vont rentrer dans leur pays, dans l’incrédulité quant au Messie. Un petit résidu sera converti, mais il sera persécuté. C’est lui qui traversera cette grande tribulation, qui l’amènera à reconnaître son péché du rejet du Seigneur, qui lui apparaîtra pour le délivrer et établir Son règne, accomplissant les promesses faites aux pères et annoncées par les prophètes. Les dix tribus qui formaient le royaume d’Israël, avec Samarie pour capitale, ont été emmenées en captivité par Salmanézer, roi d’Assyrie, sous le règne du roi Osée (2 Rois 17), cent trente ans avant la transportation de Juda à Babylone. Ces Juifs-là ne sont jamais revenus dans leur pays. Ils se sont confondus avec les peuples chez lesquels ils ont été transportés, pour la plupart en Orient. Ces Juifs-là, inconnus aujourd’hui, seront de nouveau réunis aux tribus de Juda et de Benjamin pour ne former qu’un seul peuple sous le règne de Christ. C’est ce que nous lisons entre autres en Ézé. 37:15-22. Ils ne rentreront pas dans leur incrédulité, comme ceux de Juda. Dieu en fait l’épuration en chemin, comme on le voit en Ézé. 20:32-38, comme Il le fit avec le peuple dans le désert, lorsqu’il sortit d’Égypte. Ils n’ont pas la même responsabilité que Juda, n’étant pas dans le pays lorsque le Seigneur a été rejeté. Leur grand péché a été l’idolâtrie. C’est pourquoi nous voyons Juda, figurément, exercé devant Joseph, et amené à confesser que Dieu a trouvé l’iniquité de ses serviteurs.
Juda expose à Joseph, en toute humilité et d’une manière touchante, comment ils ont été amenés par lui à faire descendre Benjamin, et ce qui en résulterait pour son père s’il ne le ramenait pas. Ils feraient descendre avec douleur ses cheveux blancs au shéol ; et lui, Juda, en serait coupable tous ses jours. Il offre de rester comme serviteur à la place de son frère, ne pouvant remonter sans lui vers son père. Le but de Dieu était atteint. Joseph put se faire reconnaître à ses frères, comme nous le verrons au chapitre suivant.
Le moment était arrivé où l’amour de Joseph pour ses frères pouvait se montrer autrement que par l’exercice pénible auquel il les avait soumis. L’œuvre était faite en eux, pour qu’ils puissent être placés au plein bénéfice de l’élévation de leur frère durant le temps où il était oublié par eux. Il en sera de même avec Israël, représenté par le résidu. Pendant le temps nécessaire pour les amener à la repentance, il sera l’objet de l’amour du Seigneur, quoiqu’Il ait paru, comme Joseph, les traiter durement. Mais, lorsque l’œuvre sera accomplie en eux, le Seigneur les fera jouir des pleins résultats de Son œuvre à la croix et de Son élévation à la gloire pendant le temps de Son rejet. Ils ne connaîtront plus que l’amour, qui prendra son plaisir à les délivrer pour les faire jouir des bénédictions annoncées depuis longtemps.
Joseph, ne pouvant plus se contenir devant ses frères, fit sortir tous ceux qui étaient étrangers à la famille. Personne n’avait pu comprendre pourquoi Joseph avait agi comme il l’avait fait avec ces hommes venus de Canaan ; et personne ne pouvait entrer dans l’intimité et la joie de la scène qui allait se dérouler lorsque Joseph se ferait connaître à ses frères. C’est ce qui aura lieu à l’apparition du Seigneur, lorsqu’Il viendra délivrer le résidu pieux de Son peuple. Le monde ne pourra entrer dans cette scène merveilleuse ; personne ne pourra comprendre ce que ce sera, pour ce résidu méprisé et rejeté de tous, que de rencontrer son Seigneur, devant lequel il aura jeté ce cri : « Hosanna », ce qui veut dire : « Sauve, je te prie ». Avec ce type, il y a cette différence que la famille de Pharaon et les Égyptiens ne sont pas hostiles aux frères de Joseph, comme le seront les incrédules des Juifs et des nations. Il est dit qu’ils entendirent lorsque Joseph laissa éclater sa voix en pleurs. Les nations aussi entendront qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire entre le Seigneur et les Siens à ce moment-là. Pour elles, ce sera le signal des jugements terribles que le Fils de l’homme exercera sur le monde.
Joseph dit à ses frères : « Je suis Joseph. Mon père vit-il encore ? ». On comprend que ses frères ne pouvaient lui répondre, troublés par une déclaration si inattendue. Que de pensées devaient se presser dans leurs cœurs ! Si quelqu’autre que l’Esprit de Dieu avait décrit cette scène, il se serait étendu sur les détails émouvants qui ne manquèrent pas de se produire ; mais la Parole de Dieu n’est pas écrite pour satisfaire les sentiments, mais pour notre instruction. Dans cette scène, Joseph n’exerce plus la conscience de ses frères ; il est heureux de leur faire connaître l’amour parfait qui chasse la crainte (1 Jean 4:18). Voyant ses frères troublés, ne sachant que lui répondre, il les rassure, leur disant : « Approchez-vous de moi. Et ils s’approchèrent. Et il dit : Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour l’Égypte. Et maintenant, ne soyez pas attristés, et ne voyez pas d’un œil chagrin que vous m’ayez vendu ici, car c’est pour la conservation de la vie que Dieu m’a envoyé devant vous » (v. 3-5). Joseph leur fait considérer le côté de Dieu dans tout ce qui s’est passé. Il ne leur adresse pas un mot de reproche. Ce sont eux-mêmes qui se sont déclarés coupables et se sont adressés des reproches. Ils avaient porté, sous le gouvernement de Dieu, les conséquences de leur grave péché d’avoir vendu leur frère ; maintenant, ils n’ont plus affaire qu’avec la grâce.
Il en va de même avec la mort du Seigneur : Il y a le côté de l’homme et le côté de Dieu. Pierre montre ces deux côtés en Actes 2:23 ; il dit aux Juifs : « Ayant été livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, — lui, vous l’avez cloué à une croix et vous l’avez fait périr par la main d’hommes iniques ». Les hommes sont responsables d’avoir mis à mort le prince de la vie. Ils en ont porté et en porteront encore les conséquences. C’est ce que l’on voit dans les psaumes qui parlent de la méchanceté des hommes vis-à-vis du Seigneur et du résidu. Ces psaumes-là appellent les jugements de Dieu sur les coupables ; tandis que le Psaume 22, qui parle du jugement que le Seigneur a enduré de la part de Dieu sur la croix, à la place des coupables, ne mentionne que les bénédictions qui en sont la conséquence, et non les jugements, puisque le Seigneur les a endurés. La justice de Dieu étant satisfaite, la grâce peut se donner libre cours. C’est ce que nous voyons de si beau en Joseph, qui agit envers ses frères sur le pied de la grâce, ne leur adressant aucun reproche, ne voyant plus que le côté de Dieu en tout ce qui s’est passé. Il va les introduire dans tous les résultats de son élévation à la gloire pour les conserver en vie. Il leur dit encore, après leur avoir annoncé qu’il y aurait encore cinq années de famine : « Et Dieu m’a envoyé devant vous pour vous conserver de reste sur la terre, et pour vous conserver la vie par une grande délivrance. Et maintenant, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu ; et il m’a établi père du Pharaon, et seigneur de toute sa maison, et gouverneur sur tout le pays d’Égypte » (v. 7-8). En effet, sous ce rapport, Dieu seul pouvait l’envoyer en Égypte pour accomplir une grande délivrance, dont les frères de Joseph n’avaient aucune idée en le vendant aux Madianites. Qui, de ceux qui entouraient la croix, se doutait que le salut des pécheurs et le beau règne du Christ découleraient de la mort de Celui que les hommes haïssaient ? Non de leur péché, mais de l’œuvre qui s’accomplissait entre le Dieu trois fois saint et la victime de propitiation. Dieu, étant satisfait par l’œuvre de Son Fils sur la croix, l’a « exalté par sa droite prince et Sauveur, afin de donner la repentance à Israël et la rémission des péchés », dit Pierre aux Juifs en Actes 5:31. Toutes choses ont été assujetties sous Ses pieds, comme Joseph était seigneur de la maison de Pharaon et gouverneur sur tout le pays d’Égypte. De même, dit Pierre, « Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2:36).
Maintenant que cette merveilleuse rencontre de Joseph avec ses frères a eu lieu, ils n’avaient plus qu’à faire connaître à Israël, leur père, les résultats bénis du fait que Joseph vivait encore. « Hâtez-vous, leur dit Joseph, et montez vers mon père, et vous lui direz : Ainsi dit ton fils, Joseph : Dieu m’a établi seigneur de toute l’Égypte ; descends vers moi, ne t’arrête pas » (v. 9). La réception du résidu futur sera la délivrance de tout Israël qui, au milieu de la terre bénie tout entière, jouira du meilleur du pays, comme ce fut le cas pour toute la famille de Jacob qui fut introduite au pays de Goshen, la partie la plus fertile du pays d’Égypte, ainsi que Joseph le fit dire à son père au verset 10, en ajoutant : « Tu seras près de moi, toi, et tes fils, et les fils de tes fils ». Le peuple d’Israël aussi jouira de la proximité de Celui qui avait été rejeté, dans le bon pays dont parlent les prophètes, entre autres Amos 9:13-15 : « Les montagnes ruisselleront de moût, et toutes les collines se fondront. Et je rétablirai les captifs de mon peuple Israël… ils planteront des vignes et en boiront le vin, et ils feront des jardins et en mangeront le fruit ». Lisez tous ces passages.
Joseph veut que son père soit bien assuré que c’est bien lui, son fils, qui est en Égypte. Il dit : « Et voici, vos yeux, et les yeux de Benjamin, mon frère, voient que c’est ma bouche qui vous parle. Et vous raconterez à mon père toute ma gloire en Égypte, et tout ce que vous avez vu ; et vous vous hâterez, et vous ferez descendre ici mon père ». Lorsque le Seigneur sera apparu en gloire, Il fera chercher ceux de Son peuple qui seront encore éloignés et qui n’ont pas vu Sa gloire, c’est-à-dire Son apparition glorieuse (voyez És. 66:18-21). Après cela, Joseph se jeta au cou de Benjamin et pleura ; et il baisa ses frères, et pleura sur eux. Après cela, ils parlèrent avec lui. Nous comprenons qu’ils avaient beaucoup de choses à dire.
Pharaon apprit que les frères de Joseph étaient venus, et cela fut bon à ses yeux. Il donna ordre à Joseph de faire venir son père et les familles de ses frères, et lui dit qu’il leur donnerait ce qu’il y avait de meilleur au pays. Joseph reçut aussi l’ordre d’envoyer des chariots pour amener les femmes et les petits enfants. Ils devaient venir sans regretter les meubles qu’ils laisseraient en Canaan, car le meilleur du pays serait à eux. Si Pharaon était si bien disposé à l’égard de la famille de Jacob, c’était à cause de Joseph. Il en est ainsi de la part de Dieu en faveur de Son peuple, céleste et terrestre. C’est à cause de Son Fils qu’Il nous a placés dans Sa faveur. C’est à Lui que nous devons une reconnaissance éternelle pour l’œuvre qu’Il a accomplie, en vertu de laquelle Dieu peut nous bénir selon Son cœur et Ses conseils éternels.
Les frères de Joseph partirent, chargés de provisions et de présents, chercher leur père. Joseph leur dit : « Ne vous querellez pas en chemin ». Malgré toutes les bénédictions que nous recevons, notre mauvaise nature n’est pas changée ; nous avons toujours besoin d’exhortations.
En arrivant, ils dirent à leur père : « Joseph vit encore ; et même, c’est lui qui gouverne tout le pays d’Égypte. Mais son cœur resta froid, car il ne les crut pas » (v. 26). Comment croire, après avoir vu sa robe bigarrée ensanglantée, preuve qu’une mauvaise bête l’avait dévoré ? Sans doute que ses fils durent avouer à leur père ce qu’ils avaient fait à leur frère vingt-trois ans auparavant (là encore, nous aurions aimé entendre cette confession ; mais cela ne nous était pas utile, puisque la Parole inspirée ne nous en dit rien). Cependant, lorsqu’il entendit les paroles que Joseph leur avait dites et qu’il vit les chariots qu’il avait envoyés pour les transporter, son esprit se ranima et il dit : « C’est assez ! Joseph mon fils vit encore ; j’irai, et je le verrai avant que je meure » (v. 27:28). Ces mots, « c’est assez », expriment la plénitude du bonheur de Jacob en apprenant que son fils vit encore, après qu’il l’avait cru mort. Il n’avait besoin que de le voir. Le savoir vivant et l’espoir de le revoir suffisaient à son âme. C’était assez. N’en est-il pas ainsi du croyant — on doit dire, hélas, n’en devrait-il pas être ainsi — en pensant à Christ ressuscité, toujours vivant dans la gloire, objet des affections renouvelées ? Il est son tout. Il n’a besoin de rien d’autre que de jouir de Lui, dont le Saint Esprit est venu nous raconter toutes Ses gloires, Son élévation, jusqu’au moment où nous allons Le voir. Puissions-nous tous dire : C’est assez ; je n’ai besoin de rien d’autre ; Il est vivant. Je Le contemple par la foi, et je suis en route pour aller Le voir dans toute Sa gloire.
Dans ce chapitre, nous quittons le côté typique pour considérer la piété de Jacob sous la dépendance de Dieu. Heureux traits, qui font contraste avec la vie qu’il avait eue jusqu’à son retour de Paddan-Aram. Il partit avec tout ce qui était à lui. Mais le bonheur de revoir son fils Joseph ne lui suffisait pas pour descendre en Égypte ; il lui fallait l’approbation de Dieu. Abraham avait manqué, lorsque la famine l’avait fait descendre en Égypte au chapitre 12. Au chapitre 26, lorsqu’il y eut de nouveau une famine, l’Éternel avait dit à Isaac : « Ne descends pas en Égypte » (v. 2). Jacob comprenait que, malgré tout l’attrait qu’il y avait pour son cœur de revoir Joseph, il ne pouvait descendre dans ce pays sans l’approbation de Dieu. Arrivé à Beër-Shéba, près de la frontière méridionale du pays, il s’arrêta, et offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac. C’est aussi à Beër-Shéba où Isaac bâtit un autel, en remontant de Guérar, où l’Éternel lui apparut et lui renouvela Ses promesses. Ce lieu de culte, où la communion se réalisait, était bien le lieu où l’Éternel pouvait communiquer Ses pensées. Là, Dieu parla à Jacob dans une vision de nuit, et lui dit : « Jacob ! Jacob ! Et il dit : Me voici. Et il dit : Moi, je suis Dieu, le Dieu de ton père : ne crains pas de descendre en Égypte ; car je t’y ferai devenir une grande nation. Moi, je descendrai avec toi en Égypte, et moi je t’en ferai aussi certainement remonter ; et Joseph mettra sa main sur tes yeux » (v. 1-4). Avec quel repos d’esprit Jacob pouvait, dès lors, descendre ! En dehors du bonheur qui lui était assuré de voir Joseph, par la parole de Dieu, il avait une double raison pour descendre en Égypte : Dieu serait avec lui, et il en remonterait après être devenu une grande nation. La foi de Jacob, comme celle de ses pères, avait saisi que Canaan était le pays promis, et qu’ils devaient y demeurer comme étrangers en attendant de le posséder. C’est pourquoi ils ne devaient pas aller ailleurs. Mais, dès le moment que Dieu lui disait qu’Il descendrait avec lui et qu’Il l’en ferait remonter, Jacob pouvait aller en avant sans crainte et dans la communion de son Dieu. La conduite de Jacob, s’arrêtant à Beër-Shéba pour y recevoir les directions de Dieu, est un exemple que nous avons à méditer. Il faut se souvenir que pour faire une chose, il ne suffit pas qu’elle nous paraisse bonne ou qu’elle nous soit agréable, avantageuse matériellement ; nous devons nous assurer de la pensée de Dieu. Il faut s’arrêter à temps, avant de s’y engager, pour l’exposer à Dieu sans volonté propre, ne désirant que Lui être agréables et cherchant Son approbation, afin d’être sûrs qu’Il marchera avec nous ; d’autant plus que nous rencontrons toujours des épreuves. Or, si nous n’avons pas la certitude d’être dans le chemin de Dieu, ces épreuves seront d’autant plus douloureuses que nous nous les serons attirées par notre propre faute. Tandis que si nous avons l’approbation de Dieu, nous pouvons compter sur Lui, et l’épreuve ne fait qu’affermir notre foi.
Avec un cœur heureux à tous égards, Jacob partit avec tout ce qui était à lui, se servant des chariots que Pharaon avait envoyés.
Les versets 8 à 27 énumèrent toute la famille du patriarche qui descendit en Égypte. Ils étaient au nombre de soixante-dix, en comptant Joseph et ses deux fils. Au chapitre 7 des Actes, verset 14, Étienne, dans son discours, dit que la parenté de Jacob se composait de soixante-quinze personnes. Il n’y a pas d’erreur parce que, dans la Genèse, il est dit que ce sont ceux qui « sont issus des reins de Jacob » ; savoir ses fils et petits enfants. Tandis qu’Étienne dit que Joseph envoya chercher son père et sa parenté. La parenté comprenait les belles-filles, et Joseph et ses fils ne comptaient pas, puisque c’est lui qui les envoyait chercher.
Avant d’arriver, Jacob envoya Juda auprès de Joseph pour qu’il préparât le chemin pour arriver à Goshen. Joseph attela son char et vint à la rencontre de son père. « Il se jeta à son cou, et pleura longtemps sur son cou. Et Israël dit à Joseph : Que je meure à présent, après que j’ai vu ton visage ». Puis Joseph alla rapporter au Pharaon que son père était arrivé, et qu’ils étaient tous des bergers, s’occupant de bétail. Et il prévint ses frères que, lorsqu’ils seraient devant le Pharaon et qu’il les interrogerait sur leur occupation, ils disent qu’ils se sont toujours occupés de bétail dès leur jeunesse. C’était afin que Pharaon les envoyât au pays de Goshen, parce que les bergers sont une abomination pour les Égyptiens. Les Égyptiens avaient pour divinité le bœuf, ou veau ; c’est pourquoi ils estimaient que c’était une profanation de leur divinité que de s’occuper de bétail.
Joseph conduisit cinq de ses frères auprès du Pharaon. Ils dirent au roi quelle était leur occupation, comme Joseph le leur avait enseigné. Après cela, Pharaon dit à Joseph de faire habiter la famille de son père dans la meilleure partie du pays. Comme nous l’avons déjà remarqué, Israël aura, sous le règne de Christ, la meilleure partie du monde entier. Ici, c’est Pharaon qui donne l’ordre à Joseph, comme ce sera selon la pensée de Dieu que le Seigneur introduise Son peuple terrestre dans Ses riches bénédictions.
Après la présentation de ses frères à Pharaon, Joseph y introduisit son père. De cette présentation, il n’en découla pas le bien que Pharaon voulait pour la famille de Joseph ; c’est lui, le grand roi d’Égypte, qui reçoit la bénédiction du patriarche, en entrant et en sortant. Jacob savait que ce qui élève l’homme n’est pas la grandeur selon le monde, mais la bénédiction qui vient de Dieu. Il savait que, par le libre choix de Dieu, il avait été choisi pour être béni sur la terre, comme Dieu le lui avait dit lorsqu’il fuyait de devant son frère Ésaü (chap. 28:13-15). C’était la pure grâce ; car que méritait Jacob, après avoir trompé son père et supplanté son frère, fuyant de devant la colère de celui-ci ? C’est parce que la grâce seule l’avait élevé à cette position que, devant Pharaon, étranger aux promesses, prince de ce monde, il peut le bénir ; car on ne peut bénir qu’en ayant été béni de Dieu. La conscience et la jouissance de la position merveilleuse à laquelle le croyant a été élevé le rendent humble, car tout est dû à la grâce. En réponse à la question du Pharaon : « Combien sont les jours des années de ta vie ? » (v. 8), Jacob répond : « Les jours des années de mon séjournement sont cent trente ans ; les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais, et ils n’ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères, dans les jours de leur séjournement ». Par cette expression, séjournement, on sent combien ces patriarches se considéraient en séjour, et non chez eux, dans le pays ; ce qui est vrai pour le chrétien. Il est en séjour ici-bas ; il sera chez lui dans le ciel. Abraham, depuis son appel, après sa descente en Égypte, avait passé les années de son séjournement dans la communion avec Dieu. Ce fut le cas pour Isaac, dans ce qui nous est rapporté de lui comme type de Christ. Pour Jacob, la vie de communion avec Dieu n’a commencé que depuis son retour de Paddan-Aram, alors qu’il était déjà âgé. C’est pourquoi il appelle ses jours courts et mauvais, non pas tellement par le nombre des années, mais par celui des jours heureux au travers de la discipline dont il avait été l’objet de la part de Dieu. Après cette déclaration, qui montrait à Pharaon que sa supériorité ne provenait pas de ses qualités, mais de Dieu, il le bénit encore, en se retirant de devant lui. « Sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (Héb. 7:7).
Le croyant doit toujours avoir conscience qu’il est « béni de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1:3-7), comme Jacob savait qu’il était béni de toute bénédiction matérielle dans les lieux terrestres. La jouissance d’une telle position, fruit de la grâce de Dieu, le gardera dans l’humilité, devant le monde dont il n’est plus et dont il voit la misère morale, ce qui l’engagera à le bénir, sous la forme d’une invitation à recevoir les bénédictions dont il jouit lui-même. En 1 Pierre 2:9, il est dit : « Mais vous, vous êtes une race élue, une sacrificature royale, une nation sainte, un peuple acquis, pour que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». La sacrificature royale est la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec, celle que Christ exercera lorsqu’Il sera roi et sacrificateur sur Son trône durant le millenium. Elle consistera à bénir Dieu de la part des hommes, et les hommes de la part de Dieu. Le chrétien participe, en quelque mesure, à cette sacrificature, en ce qu’il peut et doit annoncer aux hommes les vertus du Seigneur dont il a été rendu participant. Il exerce une double sacrificature : celle qui est appelée une « sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (v. 5 de ce chapitre 2). C’est le culte offert à Dieu dans le ciel même ; le voile ayant été déchiré, nous entrons dans la présence de Dieu. Tandis que la sacrificature royale s’exerce envers les hommes, pour leur bénédiction. Nous avons le principe de cela dans l’attitude de Jacob devant Pharaon. Puissions-nous avoir toujours cette attitude devant le monde.
Joseph établit son père et toute sa famille dans le pays de Ramsès, comme Pharaon l’avait commandé. C’est aussi de Ramsès que les Israélites partirent, sous la conduite de Moïse, lorsqu’ils quittèrent l’Égypte (Exode 12:37 et Nomb. 33:5). Cette contrée de Goshen était située dans la basse Égypte, partie du pays que l’on trouvait en entrant du côté de l’Orient.
Les versets 13 à 26 décrivent de quelle manière le Pharaon devint possesseur de tout ce qui se trouvait dans le pays, les habitants ayant donné leur argent, leurs troupeaux, leurs terres et eux-mêmes, pour obtenir le pain nécessaire à leur conservation. Joseph fit une loi qui était encore en vigueur lorsque la Genèse fut écrite (v. 26), selon laquelle les Égyptiens apporteraient au Pharaon le cinquième du produit de leurs terres, et jouiraient des quatre cinquièmes pour leur nourriture et pour ensemencer leurs champs. C’est ainsi que, sous le règne de Christ, tout sera amené à Dieu.
Le verset 27 mentionne que la famille d’Israël acquit des possessions, fructifia et multiplia extrêmement. C’est ainsi qu’ils devinrent une grande nation, comme Dieu le dit à Jacob à Beër-Shéba.
Jacob vécut en Égypte dix-sept ans, en sorte qu’il mourut âgé de cent quarante-sept ans. Il appela Joseph et lui fit jurer qu’il ne laisserait pas son corps en Égypte, mais qu’il l’emporterait pour l’enterrer dans le sépulcre de ses pères. Il ne perdait pas de vue que Canaan serait donné en possession à sa postérité. Il voulait y être enterré pour y ressusciter et jouir de l’accomplissement des promesses que Dieu avait faites. Tous ces hommes de foi qui vécurent en étrangers dans le pays de la promesse et qui moururent sans avoir reçu les choses promises ressusciteront, en même temps que tous les saints endormis, là où ils ont été enterrés, mais pour aller au ciel afin de jouir du règne de Christ dans la partie céleste du royaume. Ils ne perdront rien de ne pas être sur la terre. Ils seront avec tous les saints glorifiés, semblables à Christ, pour régner avec Lui depuis la Jérusalem céleste, à laquelle correspondra la Jérusalem terrestre, centre de la gloire de ce beau règne du Fils de l’homme sur la terre. C’est ce que l’on voit en figure à la transfiguration, en Luc 9. Moïse et Élie glorifiés représentent les saints célestes avec le Seigneur, et les trois disciples les saints terrestres qui jouiront du règne de Christ sur la terre.
Lorsque Joseph jura à son père qu’il ferait selon sa parole, Israël se prosterna (v. 31). C’est ce passage, traduit par les Septante en Héb. 11:21 : « Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora, appuyé sur le bout de son bâton ». Cette mention du bâton fait voir que, jusqu’au bout de sa carrière, Jacob se considérait comme voyageur. Cela indique aussi que, s’il pouvait adorer à la fin d’une telle carrière, c’est parce qu’il s’était appuyé sur une force qui était en dehors de lui, comme un bâton ; mais en réalité, c’est sur Dieu Lui-même qu’il apprit à s’appuyer, lorsqu’il fut touché à l’emboîture de sa hanche et devint boiteux. Dès lors, il cessa de se confier en sa nature active et intrigante pour s’appuyer sur Dieu, qui lui communiqua la force pour accomplir son pèlerinage, qui se termina par l’adoration.
Ce chapitre, comme nous l’avons déjà remarqué dans les chapitres qui précèdent, fait ressortir l’état spirituel de Jacob, après avoir passé par la discipline de Dieu qui avait fait tomber en lui tout ce qui s’opposait à une marche dans la communion de son Dieu. Il possède maintenant la pensée de Dieu à tous égards. Il voit dans l’avenir, comme il le montre en bénissant les fils de Joseph et en annonçant ce qui arriverait à sa postérité à la fin des jours (chap. 49). Il était physiquement faible ; ses yeux étaient appesantis par la vieillesse. Mais il n’avait pas besoin des yeux de la chair pour voir ce que Dieu lui révélait. Quel contraste avec son père Isaac qui, plus jeune que lui, était déjà privé de la vue, mais qui avait perdu de vue la pensée de Dieu qui était de bénir Jacob plutôt qu’Ésaü. Ce n’est pas le mets savoureux qu’il désirait dans cette occasion qui pouvait lui donner la conscience de ce qui convenait à Dieu ; car la satisfaction de la chair ôte l’intelligence spirituelle. Ce n’est que lorsqu’il fut saisi d’un grand tremblement qu’il comprit la grave erreur à laquelle l’avait exposé son manque de communion avec Dieu.
Entre beaucoup d’autres exemples dans la Parole, nous voyons en Jacob le but de la discipline de Dieu. Il veut nous bénir ; c’est ce que nous Lui demandons tous les jours. Mais, afin de pouvoir le faire, il y a tant de choses dans notre vie, dans notre manière de voir, de nous comporter, sans parler de graves péchés, qui doivent être mises de côté par le jugement de nous-mêmes et de nos voies, afin que Dieu puisse nous bénir selon le désir de Son cœur. Les épreuves en elles-mêmes ne produiraient aucun résultat, si elles ne rendaient pas attentifs aux enseignements de la Parole. C’est parce que nous ne sommes pas sensibles à son action que Dieu nous fait passer par des circonstances pénibles, afin que nous y regardions de plus près et que la bénédiction qui découle de l’obéissance puisse nous parvenir. Le psalmiste dit : « Avant que je fusse affligé, j’errais ; mais maintenant je garde ta parole » (Ps. 119:67).
En apprenant que son père était malade, Joseph prit ses deux fils, Manassé et Éphraïm, et les conduisit auprès de lui. Israël rassembla ses forces et s’assit sur son lit. Il rappela à Joseph que le Dieu Tout-puissant lui était apparu à Luz et l’avait béni, et lui avait dit : « Voici, je te ferai fructifier et je te multiplierai, et je te ferai devenir une assemblée de peuples, et je donnerai ce pays à ta semence, après toi, en possession perpétuelle » (v. 4). On voit le prix qu’avait pour Jacob la bénédiction que Dieu avait prononcée lorsqu’il était à Luz, s’enfuyant de devant son frère, alors qu’il en avait fait si peu de cas, faisant un vœu que Dieu lui rappelle, au chapitre 31:13, quoique ce vœu révélait de l’incrédulité, en disant : « Si Dieu est avec moi, etc. ». Mais ce n’est pas la manière dont nous recevons les déclarations de Dieu qui leur donne de l’importance, mais le fait que c’est Dieu qui a parlé. Jacob appelle Dieu le Tout-puissant, Celui qui a le pouvoir d’accomplir ce qu’Il dit. Dieu lui rappelle encore cette apparition au chapitre 35, lorsqu’Il lui dit de rentrer en Canaan. Sûr de l’accomplissement des promesses du Tout-puissant, Jacob veut que les fils de Joseph qui lui naquirent en Égypte, pendant le temps où il était rejeté de ses frères, fussent comptés comme étant à lui et, par conséquent, héritiers comme ses autres fils. Il rappelle aussi que Rachel mourut, lorsqu’il revenait dans le pays de Canaan, et qu’elle fut enterrée à Éphrath, qui est Bethléem. Comme nous l’avons vu au chapitre 35, Rachel représentait Israël qui prenait fin, avant que commençât l’histoire de Joseph, pour commencer d’une manière toute nouvelle avec les bénédictions provenant du vrai Joseph.
Joseph fit approcher ses fils. Israël dit : « Qui sont ceux-ci ? Et Joseph dit à son père : Ce sont mes fils, que Dieu m’a donnés ici. Et il dit : Amène-les-moi, je te prie, et je les bénirai » (v. 8:9). Jacob les baisa et les embrassa, et il dit à Joseph : « Je n’avais pas pensé voir ton visage ; et voici, Dieu m’a fait voir aussi ta semence. Et Joseph les retira d’entre ses genoux, et se prosterna le visage contre terre » (v. 10-12). Puis il voulut les placer, Manassé, l’aîné, à la droite de son père, et Éphraïm à la gauche. Mais Israël croisa ses mains et plaça sa main droite sur Éphraïm, et la gauche sur Manassé. Et il bénit Joseph, disant : « Que le Dieu devant la face duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, le Dieu qui a été mon berger… jusqu’à ce jour, l’Ange qui m’a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes hommes ; et qu’ils soient appelés de mon nom et du nom de mes pères, Abraham et Isaac, et qu’ils croissent pour être une multitude au milieu du pays » (v. 15-16). Joseph, croyant que son père se trompait, voulut prendre la main qu’il posait sur Éphraïm pour la poser sur Manassé, en lui disant : « Pas ainsi, mon père ». Israël répondit : « Je le sais, mon fils, je le sais ». Car il était enseigné de Dieu pour agir ainsi. Mieux que Joseph qui savait interpréter les songes, il connaissait la pensée de Dieu, qui agit selon Ses conseils, qui ne sont pas toujours d’accord avec ce qui est naturel. Dieu est souverain, et Il agit selon Son bon plaisir et selon Sa grâce. Manassé deviendra un peuple ; il sera grand, dit-il. Mais son frère, le plus jeune, sera plus grand que lui ; sa semence sera une plénitude de nations. Puis il dit à Joseph : « Voici, je meurs ; et Dieu sera avec vous, et vous fera retourner dans le pays de vos pères. Et moi, je te donne, de plus qu’à tes frères, une portion que j’ai prise de la main de l’Amoréen avec mon épée et mon arc » (v. 21-22).
La possession de Canaan était toujours devant la foi de Jacob. Il est assuré que sa postérité l’obtiendra, un jour. Il en est de même pour nous chrétiens ; nous attendons notre introduction dans la gloire éternelle, mais avec cette différence que nous pouvons déjà jouir de nos bénédictions spirituelles par la foi, par l’action de l’Esprit et de la Parole. C’est cette jouissance qui, lorsqu’elle est réalisée, nous fait passer au travers de ce monde en étrangers et voyageurs, et dans l’attente constante du retour du Seigneur pour nous introduire dans notre patrie céleste, non plus par la foi seulement, comme nous savons que nous le sommes en Christ, mais dans la possession d’un corps glorieux qui nous rendra capables de jouir de tout ce que le Seigneur nous a acquis par Son œuvre à la croix.
Dans la mention de la part qu’Israël donne de plus à Joseph qu’à ses frères, prise de la main de l’Amoréen par son épée et son arc, il faut voir une allusion au fait que le Seigneur, dont Joseph était un type, prendrait possession du pays de la promesse par la victoire qu’Il remportera sur les ennemis qui occuperont alors le pays. On ne voit pas, dans l’histoire de Jacob, quand il se servit de l’épée et de l’arc pour acquérir une portion de territoire sur l’Amoréen.
(Note sur les versets 15 et 16). Jacob ne dit pas qu’il a marché devant l’Éternel comme ses pères. Dans la présence de Dieu, on ne parle pas de soi, mais de ce que Dieu a été pour soi. Il avait conscience de ce qu’il avait été ; mais cela faisait ressortir ce que Dieu avait été pour lui ; ce Dieu fidèle, « qui mène tout à bonne fin » (Ps. 57:2). Il voulait accomplir Ses promesses malgré tout ce qu’avait été Jacob. En vue de cela, Il l’avait suivi et protégé, conduit comme un berger, depuis sa naissance jusqu’à ce jour.
« Et Jacob appela ses fils, et dit : Assemblez-vous, et je vous ferai savoir ce qui vous arrivera à la fin des jours ». Jacob vivait assez près de Dieu pour qu’Il lui communique prophétiquement ce qui arriverait à ses fils à la fin des jours, c’est-à-dire ce qui arriverait au peuple d’Israël jusqu’à l’accomplissement des promesses faites aux pères, savoir les bénédictions millénaires.
Avant que Dieu ait communiqué Ses volontés à Son peuple racheté d’Égypte au moyen de la loi, personne ne pouvait connaître Sa pensée, comme ce fut le cas pour le peuple d’Israël et plus encore dans le christianisme, où nous possédons la pleine révélation de Dieu et de Ses pensées. Au temps des patriarches, c’était à eux, chefs de famille, dont l’autorité s’étendait à tous leurs descendants et à ceux qui constituaient leur maison, que Dieu s’adressait et déclarait Ses pensées à l’égard du présent et de l’avenir. Ces hommes avaient compris leur responsabilité à l’égard de leurs enfants, comme on le voit en Abraham, dont Dieu disait : « Je le connais, et je sais qu’il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham ce qu’il a dit à son égard » (chap. 18:19). Étant en relation avec Dieu, ces hommes comprenaient ce qui Lui est agréable, connaissance que nous avons par la lecture de la Parole, qui contient toute la pensée de Dieu.
Jacob, duquel sont issues les douze tribus d’Israël, reçut de Dieu comme un résumé prophétique de l’histoire de ce peuple jusqu’au plein accomplissement des bénédictions promises, accomplissement qui aurait lieu par Christ, préfiguré par Juda, Joseph et Benjamin. Les douze tribus sont divisées en quatre groupes de trois, dont trois représentent trois grandes phases de l’histoire de ce peuple, et l’autre groupe, formé de Juda, Joseph et Benjamin, dont chacun de ces hommes préfigure Christ dans l’accomplissement de tout ce qui est nécessaire pour que le peuple puisse être mis en possession des bénédictions promises, bénédictions qui s’étendront aussi aux nations.
Moïse aussi, avant de mourir, prononça une bénédiction sur les fils d’Israël. Mais elle va beaucoup moins loin que celle de Jacob. Il avait conduit le peuple jusqu’à la frontière de Canaan ; Josué allait le remplacer. C’est pourquoi il prononce une bénédiction, qui est aussi prophétique, mais en rapport avec l’introduction du peuple en Canaan.
Ruben, Siméon et Lévi, les aînés, représentent le peuple d’Israël sous la loi, responsable de marcher d’une manière digne de la position que Dieu lui avait faite et de la loi qu’Il lui avait donnée. Il a manqué à cette responsabilité en manifestant, comme ces trois hommes, la corruption en Ruben, et la violence en Siméon et Lévi, ce qui a toujours caractérisé l’homme naturel. La loi n’a jamais fait qu’exciter la nature de l’homme en Adam, qui a montré par sa désobéissance tout ce qui le caractérise. Aussi Dieu ne pouvait s’unir à leur assemblée ni entrer dans leur conseil.
Juda est la souche de la famille royale. Le sceptre, emblème de la royauté, ne se retirera point de cette tribu, jusqu’à ce que Shilo vienne, c’est-à-dire Christ. Depuis David, tous les rois qui ont régné sur le royaume de Juda étaient de cette tribu, descendants de David. Aujourd’hui, le peuple est dispersé ; il n’a plus de roi, parce qu’il a rejeté son Roi, le Messie qui, dans Son rejet, a accompli tout ce qui est préfiguré par Joseph ; et à Lui sera « l’obéissance des peuples ».
En conséquence du rejet de Christ, le peuple est actuellement dispersé parmi les nations. C’est cet état qui est représenté par Zabulon, Issacar et Dan. Les deux premiers surtout portent le caractère des Juifs dispersés parmi les nations. « Zabulon logera sur la côte des mers, et sera sur la côte des navires ; et son côté sera près de Sidon » (v. 13). Ce passage indique le caractère commerçant des descendants de Jacob, auquel ils se sont livrés entièrement, étant loin de leur pays. Les côtes des mers et les navires sont toujours un emblème du commerce. Sidon avait un commerce considérable. Nous reconnaissons bien là le caractère des Juifs actuellement. Issacar représente l’indifférence de ce peuple quant à sa situation. Au lieu d’être à la tête des nations, comme il l’était autrefois, il se trouve bien. Il incline son épaule pour porter ; il s’assujettit au tribut du serviteur ; il ne demande rien de plus. On voit, dans le chapitre 20 du livre d’Ézéchiel versets 32-33, que ceux des dix tribus ne se soucient pas même de rentrer dans leur pays, car ils disent : « Nous serons comme les nations, comme les familles des pays ». Mais Dieu les obligera à abandonner ces lieux pour rentrer dans leur pays. Dan représente l’état des fils d’Israël à la fin de l’état de dispersion représenté par Zabulon et Issacar. Rentré dans le pays, mais dans l’incrédulité, il jugera son peuple comme une autre tribu. C’est le temps de l’apostasie, le règne de l’Antichrist, « comme une vipère sur le sentier, qui mord les talons du cheval, et celui qui le monte tombe à la renverse ». Il tombera au lieu de régner. Au milieu de cet état de choses, il y a un résidu pieux, qui reste en dehors et qui attend le salut de l’Éternel. « J’ai attendu ton salut, ô Éternel ! » (v. 18), la venue de Shilo.
Gad, Aser et Nephthali représentent le peuple dans la bénédiction millénaire. Pour commencer, une troupe tombe sur Gad, mais lui leur tombera sur les talons. C’est ce qui arrivera au début du règne, jusqu’à ce que les ennemis soient détruits ou soumis. En Aser, nous avons une figure de ce qui fera les délices royales et des produits excellents dans ce temps d’abondance et de prospérité. En Nephthali, la biche lâchée représente la liberté pleine de grâce sous le règne de Christ et les belles paroles que l’on y entendra.
Joseph est une belle figure de Christ humilié, rejeté, mais source de bénédiction qui dépasse les limites d’Israël. C’est « une branche qui porte du fruit près d’une fontaine ; ses rameaux poussent par-dessus la muraille » ; ce qui signifie que de Lui découleront des bénédictions pour tous, en dehors des murailles élevées autour d’Israël. C’est ce qui eut lieu déjà en vertu de l’œuvre de la rédemption, pour l’Église, et qui se réalisera dans le millenium pour la terre. Il a été provoqué amèrement et haï par ses frères (v. 23) ; mais il a eu la victoire sur tous ses ennemis. Il est devenu le berger, le prince d’Israël, et il sera béni de toutes les bénédictions possibles, jusqu’au bout des collines éternelles. Il s’agit en tout cela du vrai Joseph, le Seigneur, élevé à la gloire après avoir souffert de la part des Siens ; et c’est de Lui que découleront les bénédictions millénaires et éternelles.
De Benjamin, figure de Christ exécutant les jugements, il est simplement dit qu’il est un loup qui déchire ; il dévore sa proie et le soir, il partage le butin. On a donc, en Juda, la royauté et la promesse de Shilo, auquel appartient l’obéissance des peuples ; en Joseph, Christ qui a souffert mais délivré de Ses ennemis, qui devient le moyen de répandre les bénédictions millénaires et éternelles ; et en Benjamin, le vainqueur de Ses ennemis.
Après avoir prononcé ces bénédictions, Jacob recommanda de nouveau qu’on l’enterre dans la caverne de Macpéla, où ses pères et Léa étaient enterrés. Il y avait droit, l’acquisition du champ ayant été faite par Abraham. Il ne perdait pas de vue la possession du pays de la promesse, dans lequel il voulait ressusciter avec les siens pour en jouir ; ce qui aura lieu, nous l’avons déjà dit, depuis le ciel. Jacob, avec tous les siens endormis en Christ, sera ressuscité à la première résurrection pour jouir avec Christ, bien mieux que sur la terre, de tout ce que sa foi avait saisi. Ayant « achevé de donner ses commandements à ses fils, il retira ses pieds dans le lit, et expira » (v. 33). Ainsi se termine la carrière de ce patriarche, objet de la grâce de Dieu, qui l’avait suivi, éduqué, et qui en avait fait, dans la dernière partie de sa vie, un heureux pèlerin qui est « mort dans la foi, n’ayant pas reçu les choses promises, mais les ayant vues de loin et saluées, ayant confessé qu’il était étranger et forain sur la terre » (Héb. 11:13).
Dieu est souvent appelé le Dieu de Jacob, ce qui rappelle Sa fidélité envers un élu qui s’était montré si peu digne de sa vocation dans la plus grande partie de sa vie, mais que Dieu, dans Sa patience, avait discipliné et formé pour l’amener à une fin si glorieuse. La grâce de Dieu envers Jacob est encourageante à considérer, car nous lui ressemblons à tant d’égards, et nous pouvons compter sur la même grâce.
Jacob fut enterré avec un honneur princier, selon les coutumes égyptiennes. Il fut embaumé avec soin, comme l’étaient alors les grands de ce monde. Après cela, son corps fut conduit en Canaan, accompagné de toute sa famille, ne laissant que leurs enfants en Égypte, et suivi de tout un camp. Les Cananéens, étonnés, dirent : « C’est ici un grand deuil pour les Égyptiens ».
La poussière des os de Jacob attend encore là de sortir en un corps glorifié, par la voix puissante du Fils de l’homme, pour jouir de ce que sa foi avait saisi et que son séjour en Égypte, où Joseph était en dignité, ne lui avait pas fait perdre de vue. Il aura, dans ce jour-là, comme nous tous, infiniment plus que ce que sa foi avait saisi. Car les choses que nous croyons, nous les voyons obscurément, comme au travers d’un verre demi-transparent ; alors nous verrons face à face. Mais ce sont les mêmes choses que nous verrons dans la pleine lumière, ce qui suffit pour remplir nos cœurs de paix et de joie en attendant ce grand jour.
De retour en Égypte, les frères de Joseph, méconnaissant la grâce et l’amour de leur frère, craignirent qu’il profitât de la mort de leur père pour user de représailles envers eux. Pour donner du poids à la requête de leur incrédulité, ils prétendirent que leur père leur avait dit de dire à Joseph : « Pardonne, je te prie, la transgression de tes frères, et leur péché ; car ils t’ont fait du mal » (v. 15-17). Paroles douloureuses au cœur de celui qui leur avait si pleinement pardonné, ayant compris que c’était Dieu qui l’avait envoyé au-devant d’eux pour leur conservation. Ce doute à l’égard de son plein pardon fut pénible à Joseph : « Il pleura quand ils lui parlèrent ». Alors ses frères tombèrent sur leur face devant lui et dirent : « Nous voici, nous sommes tes serviteurs ». Joseph leur répondit : « Suis-je à la place de Dieu ? Vous, vous aviez pensé du mal contre moi : Dieu l’a pensé en bien, pour faire comme il en est aujourd’hui, afin de conserver la vie à un grand peuple ». Joseph était animé des pensées de Dieu en grâce. Il ne pensait pas à lui-même, aux torts qui lui avaient été faits. Il voyait le but de Dieu en tout ce qui s’était passé. Il avait compris, comme le dit plus tard le psalmiste, que l’Éternel avait envoyé un homme devant eux (Ps. 105:17). Combien tout serait simple pour nous, dans nos circonstances pénibles, si nous considérions toujours le but de Dieu, l’accomplissement de Sa volonté, au lieu de les apprécier d’après l’amertume qu’elles peuvent avoir pour notre âme. Sans doute que Joseph avait souffert ; ce même psaume dit, verset 18 : « Son âme entra dans les fers ». Le Seigneur a souffert d’une manière incomparable. Le Psaume 22, qui décrit Ses souffrances expiatoires, décrit, lorsque le Seigneur fut délivré des cornes des buffles, toutes les bénédictions qui en découlent pour Israël et les nations, de même que pour l’Église. Il n’y a que grâce pour Ses ennemis ; pas un mot de reproche à l’adresse des coupables qui, par la foi, peuvent devenir Ses frères pour jouir de tous les résultats de Ses souffrances à la croix, où la haine des hommes s’était montrée à son point culminant.
Sans avoir connaissance de tout le déploiement de la grâce de Dieu comme nous l’avons, Joseph en manifestait fidèlement les caractères. Combien ne devrions-nous pas les reproduire, étant les objets de cette grâce révélée. Il voyait aussi l’accomplissement des conseils de Dieu à l’égard de Son peuple terrestre, en disant que Dieu, par l’acte de ses frères, avait « conservé la vie à un grand peuple », quoiqu’en nombre, la famille de Jacob se montait à soixante-dix personnes lorsqu’ils descendirent en Égypte. Sa foi voyait le grand peuple qui habiterait un jour en Canaan.
Joseph rassure ses frères en leur disant encore : « Et maintenant, ne craignez point ; moi je vous entretiendrai, vous et vos petits enfants. Et il les consola, et parla à leur cœur » (v. 21). Belle expression de l’amour parfait qui chasse la crainte (1 Jean 4:18) ; amour qui fait dire au Dieu que nous avons offensé : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités » (Héb. 10:17, citant Jér. 31:34).
Joseph vécut encore cinquante-trois ans, pendant lesquels il vit les fils de ses fils, jusqu’à la troisième génération. Avant de mourir, il dit à ses frères : « Je meurs, et Dieu vous visitera certainement, et vous fera monter de ce pays-ci dans le pays qu’il a promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob ». Il avait connaissance des promesses que l’Éternel avait faites à ses ancêtres : à Abraham au chapitre 12:1-3 ; 13:15-17 ; 15:13-16, où l’Éternel annonce l’asservissement du peuple dans un pays qui n’est pas le sien ; 17:1-8 ; 22:15-18, où le serment de l’Éternel est mentionné ; à Isaac, chapitre 26:3-5 ; à Jacob, 28:13-14 ; 35:11-12. Il savait que malgré la haute position qu’il occupait et la protection dont jouissait sa famille de la part du Pharaon, il n’en serait pas toujours ainsi. D’après ce que Dieu avait dit à Abraham au chapitre 15, il faudrait la visitation de Dieu pour les faire sortir du pays et les faire entrer en Canaan, après avoir passé par une grande tribulation. Comme son père, qu’il meure en Égypte ou en Canaan, il veut avoir part à la résurrection dans le pays de la promesse ; c’est pourquoi il dit à ses frères : « Vous ferez monter d’ici mes os ». Joseph mourut, âgé de cent dix ans ; il fut embaumé et mis dans un cercueil en Égypte, où son corps resta cent quarante cinq ans, jusqu’à la sortie du peuple (Exode 12:40-41). Au chapitre 13:19, il est dit : « Moïse prit les os de Joseph avec lui ».
Ainsi se termine cet intéressant livre de la Genèse, où nous voyons le commencement de l’histoire de l’homme et de tout ce que Dieu veut faire selon Ses conseils, pour la gloire de Son Fils et le bonheur de l’homme. Comme nous l’avons dit en commençant notre étude, ce livre contient en principes, types, figures, toute la révélation de Dieu, tout ce qui est développé dans le reste de la Bible.
Dieu veuille que, de cette étude bien imparfaite, il résulte une connaissance qui nous fasse désirer en connaître davantage, afin de pouvoir répondre plus fidèlement à la grâce de Dieu dont nous sommes les objets par une marche qui soit plus en rapport avec la pensée de Dieu et la haute position qu’Il nous a faite, en attendant le Seigneur avec une foi active, et non seulement avec une froide connaissance qui ne produit aucun effet dans nos cœurs et dans la marche.