Introduction à l’Étude de la Prophétie

Marc Tapernoux


Le plan a été complété par Bibliquest par des ajouts et modifications de sous-titres.


Table des matières résumée de l’ensemble du livre :

3 L’enlèvement des croyants

4 - Troisième partie : De l’ENLÈVEMENT de l’ÉGLISE JUSQU’À l’APPARITION du SEIGNEUR en gloire

4 Le règne millénaire

5 L’état éternel

6 Conclusion : effets de l’attente du Seigneur


Table des matières détaillée de ce document (troisième partie) :

4 - Troisième partie : De l’ENLÈVEMENT de l’ÉGLISE JUSQU’À l’APPARITION du SEIGNEUR en gloire

4.1 - Sommaire des événements à venir

4.2 - ISRAËL

4.2.1 - Chapitre 1 — Le retour d’Israël en Palestine

4.2.1.1 - Israël rentrant dans sa terre, mais passant le jugement

4.2.1.2 - 2 tribus et 10 tribus — Comment Dieu opérera le retour

4.2.1.3 - Qui possédera le pays ?

4.2.1.4 - Le pays retrouvant sa fertilité

4.2.2 - Chapitre 2 — La grande tribulation

4.2.2.1 - Le déroulement de la grande tribulation

4.2.2.2 - Détail des jugements atteignant le peuple

4.2.2.3 - Les deux témoins pendant la grande tribulation

4.2.2.4 - Les martyrs de la grande tribulation

4.2.3 - Chapitre 3 — L’Antichrist

4.2.3.1 - La deuxième bête d’Apocalypse 13

4.2.3.2 - Faux Messie

4.2.3.3 - Un surhomme

4.2.3.4 - La puissance de séduction — la marque et le nombre de la bête

4.2.3.5 - Autres passages décrivant l’Antichrist

4.2.3.6 - La fin de l’Antichrist

4.2.4 - Chapitre 4 — La délivrance du résidu

4.2.4.1 - La conversion

4.2.4.2 - La repentance

4.2.4.3 - Retour de coeur vers le Seigneur

4.2.4.4 - L’achèvement de la délivrance

4.2.4.5 - Christ reçu par Israël

4.2.4.6 - La nouvelle alliance

4.3 - LES NATIONS

4.3.1 - Chapitre 1 — Babylone la grande

4.3.1.1 - Caractère entièrement terrestre

4.3.1.2 - Dominant le monde

4.3.1.3 - Union avec le monde

4.3.1.4 - Mère des abominations

4.3.1.5 - Ivre du sang des témoins de Christ

4.3.1.6 - Apogée future

4.3.1.7 - Rome est son centre

4.3.1.8 - Le jugement de Babylone

4.3.1.9 - Effondrement civil

4.3.1.10 - Sortez du milieu d’elle

4.3.2 - Chapitre 2 — L’Empire romain

4.3.2.1 - Sa reconstitution

4.3.2.2 - Origine diabolique de l’empire romain

4.3.2.3 - Caractères de l’empire romain et de son chef

4.3.2.4 - Activité politique et religieuse

4.3.3 - Chapitre 3 — L’heure de l’épreuve et le temps de la colère

4.3.3.1 - L’heure de l’épreuve et le temps de la colère

4.3.3.2 - Ce qu’en dit l’Écriture

4.3.3.3 - Jugements exécutés par le Seigneur lui-même

4.3.3.4 - Effets des jugements sur les nations

4.3.3.5 - Les 7 coupes d’Apocalypse 16

4.3.3.6 - L’Évangile du royaume

4.3.4 - Chapitre 4 — Armagédon

4.3.4.1 - Ce dont il s’agit

4.3.4.2 - L’enjeu

4.3.4.3 - Ce qui s’y passera

4.3.4.4 - La victoire finale de Christ — Apoc. 19

4.3.5 - Chapitre 5 — L’Assyrien

4.3.5.1 - Le roi du nord selon Daniel

4.3.5.2 - Gog selon Ézéchiel

4.3.5.3 - Ce que dit Zacharie

4.3.5.4 - Ce que dit Ésaïe

4.4 - LA VENUE GLORIEUSE DE CHRIST

4.4.1 - Chapitre 1 — Quand et comment le Seigneur apparaîtra-t-il en gloire ?

4.4.1.1 - Apparition personnelle de Christ

4.4.1.2 - Une venue visible des hommes sur la terre

4.4.1.3 - Le cortège d’accompagnement de Christ

4.4.1.4 - Une apparition soudaine

4.4.1.5 - Retour sur la montagne des Oliviers

4.4.2 - Chapitre 2 — Le jugement des vivants

4.4.2.1 - Jugement selon Joël et Matthieu

4.4.2.2 - Autres passages


4 - Troisième partie : De l’ENLÈVEMENT de l’ÉGLISE JUSQU’À l’APPARITION du SEIGNEUR en gloire

4.1 - Sommaire des événements à venir

L’enlèvement des croyants marque la fin de l’ère de l’Église et ouvre de nouveau la période juive, c’est-à-dire celle durant laquelle Dieu reprend le cours de ses voies pour la bénédiction d’Israël et l’avènement de Christ comme Roi en Sion. Bien que cette période soit relativement brève, elle revêt une grande importance, ainsi qu’il ressort de très nombreuses prophéties. Ce sont ces prophéties que nous allons étudier dans cette troisième partie, en les subdivisant en trois groupes, savoir :


Certains événements rapportés par la Parole concernent parfois aussi bien Israël que les nations, de sorte qu’il n’est pas toujours possible d’établir une séparation absolue entre les objets de la prophétie. Il nous paraît donc d’autant plus indiqué de brosser, dans cette introduction, une esquisse des faits qui se dérouleront durant cette période, afin que le lecteur en saisisse l’ensemble.

Des soixante-dix semaines d’années (490 ans) mentionnées dans la vision de Daniel 9:20 à 27, 69 se sont déjà écoulées. À la fin de la soixante-neuvième semaine, le Messie a été rejeté et mis à mort (v. 26). Le temps actuel — durant lequel l’Église est formée — n’est pas compris dans ces soixante-dix semaines. La soixante-dixième semaine se situe donc dans l’intervalle entre l’enlèvement des croyants et l’apparition glorieuse du Seigneur, et elle commence lorsque le chef de l’Empire romain conclut une alliance avec la masse apostate du peuple juif (Dan. 9:27). On peut donc en conclure qu’il s’écoulera un certain temps avant que cette semaine commence et que, de ce fait, la période allant de l’enlèvement de l’Église à la venue en gloire du Seigneur dépassera sept années.


Tout d’abord, les Juifs (*) seront ramenés dans leur pays, mais sans qu’ils se soient repentis. Les apostats formant les deux tiers de la nation seront anéantis, tandis que le dernier tiers constituant le résidu pieux sera éprouvé « comme on éprouve l’or » par divers jugements (la grande tribulation), ayant pour but d’amener ceux qui le composeront à se repentir et à reconnaître, comme leur Messie, celui qu’ils ont crucifié, Jésus Christ.

(*) Les ressortissants des tribus de Juda et de Benjamin.


Quant aux nations elles seront livrées à l’erreur et rejetteront ouvertement le nom de Christ. L’Empire romain sera reconstitué sous l’autorité d’un chef tenant son pouvoir de Satan et rempli de haine contre Dieu et son peuple. Ce chef tentera, à la fin, de faire même la guerre à Dieu et à Christ, mais sera pris et jeté vivant dans l’étang de feu et de soufre.

Un autre personnage satanique retiendra notre attention : l’Antichrist qui sera plutôt un chef religieux, mais exercera néanmoins aussi un pouvoir politique sur les Juifs et aura son siège à Jérusalem. Il agira en étroite alliance avec le chef de l’Empire romain. Satan ayant été précipité du ciel sur la terre, en fera son représentant et lui conférera le pouvoir d’accomplir des miracles. C’est ainsi que l’Antichrist pourra faire descendre le feu du ciel et, après avoir fait une image de son allié, le chef de l’Empire romain, il lui donnera la respiration. Il placera cette image dans le temple, à Jérusalem, et mettra à mort tous ceux qui refuseront de se prosterner devant elle. Il s’assiéra lui-même dans le temple, se présentant comme étant Dieu, de sorte que les Juifs apostats l’acclameront comme leur Messie. Dieu permettra cette formidable manifestation du pouvoir satanique, comme un jugement sur les Juifs et les nations dites chrétiennes, parce que tous deux auront rejeté Christ et la vérité. Quand cet homme aura mis le comble à son iniquité, il sera anéanti par le Seigneur Jésus en personne lors de son apparition en gloire. Il partagera le sort de son allié de Rome : il sera jeté vivant dans « l’étang de feu embrasé par le soufre ».

Un troisième personnage important nous est présenté dans les prophéties se rapportant à la période qui nous occupe : l’Assyrien, appelé aussi le Roi du Nord ou Gog. Dieu se servira de lui comme d’une verge pour châtier les Juifs, jusqu’au jour où Christ apparaîtra et délivrera son peuple de cet ennemi. Doué d’une intelligence exceptionnelle, l’Assyrien étendra son pouvoir en recourant autant à la diplomatie qu’à la force des armes. Il ravagera la Palestine peu de temps avant l’apparition du Seigneur et entrera en guerre contre l’Antichrist et le chef de l’Empire romain.

Il assiégera Jérusalem, la prendra et emmènera la moitié de sa population en captivité. Un second siège ne parviendra pas à la réduire à merci, car le Seigneur interviendra lui-même dans la lutte et anéantira l’Assyrien et les armées qui investiront la ville. Il se tiendra sur la montagne des Oliviers, située au sud de Jérusalem, non loin de la ville. La montagne se divisera en deux, ce qui remplira d’effroi les habitants. Ces faits se produiront après la destruction de l’Antichrist et du chef de l’Empire romain.

Un autre événement marquant surviendra, savoir le retour des dix tribus d’Israël qui, nous l’avons vu, ont été emmenées en captivité en Assyrie par Shalmanéser, sous le roi Osée, en 721 av. J. C. (2 Rois 17:6). Ces tribus ne traverseront pas les jugements de la grande tribulation, mais seront ramenées en Palestine après la seconde demi-semaine de Daniel. Dieu entrera en jugement avec elles au milieu des peuples parmi lesquels elles se trouveront et pendant leur marche vers la Palestine. Il en fera périr les rebelles et en séparera un résidu qui seul rentrera dans le pays de la promesse, à la grande joie des réchappés des deux tribus. Ainsi les survivants des douze tribus seront prêts à recevoir le Messie.

Après avoir délivré son peuple, le Seigneur jugera les nations vivantes d’après la manière dont elles auront traité ses témoins pendant les persécutions et les tribulations précédentes. Ceux qui les auront accueillis et auront reçu l’Évangile du royaume seront introduits dans la bénédiction du règne millénaire, tandis que les autres seront précipités aussitôt en enfer, parce qu’en rejetant les serviteurs du Seigneur ils auront rejeté le Seigneur lui-même. Après ce jugement, Christ entrera dans son royaume. Satan sera lié et jeté dans l’abîme pour mille ans. Des messagers seront envoyés dans le monde entier pour enseigner la justice à tous les peuples. Les méchants devront se soumettre à la domination de Christ ou seront retranchés et toute la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel. Enfin sera exaucée la prière que les rachetés auront adressée bien souvent à Dieu durant ces terribles années : « Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite, comme dans le ciel, aussi sur la terre ».


4.2 - ISRAËL

4.2.1 - Chapitre 1 — Le retour d’Israël en Palestine


4.2.1.1 - Israël rentrant dans sa terre, mais passant le jugement

Nous avons vu, dans la première partie de ce travail, qu’Israël, ayant été infidèle et ayant rejeté et crucifié son Messie, a été chassé de son pays et dispersé parmi toutes les nations, après que Jérusalem et le temple eurent été complètement détruits. À cela s’est ajouté un « aveuglement » que Dieu lui a envoyé comme châtiment et qui l’empêche de reconnaître son péché et de se repentir. Mais cet état ne durera pas toujours et de nombreux passages de l’Écriture annoncent la restauration et la conversion d’Israël. « Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : « Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété. Et c’est là l’alliance de ma part pour eux, lorsque j’ôterai leurs péchés ». En ce qui concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:25-29). Toutefois, avant d’être restauré dans son ancienne relation avec Dieu, Israël devra rentrer dans son pays et rencontrer le jugement que méritent sa rébellion et son rejet du Messie.


4.2.1.2 - 2 tribus et 10 tribus — Comment Dieu opérera le retour

Il y a lieu, tout d’abord, de préciser que seuls rentreront, au début, les descendants des deux tribus de Juda et de Benjamin (appelées le plus souvent Juda), tandis que les ressortissants des dix autres tribus (appelées Israël) ne reviendront en Palestine qu’après la grande tribulation. On sait que les premières étaient remontées de la captivité de Babylone, en vertu de l’édit du roi Cyrus, et que c’est elles qui occupaient le pays lorsque le Seigneur était sur la terre. C’est donc ces deux tribus qui sont plus particulièrement responsables de la mort du Messie et c’est pourquoi elles seront ramenées en premier lieu dans leur pays pour y traverser la grande tribulation. En revanche, les dix tribus, emmenées en captivité par Shalmanéser, roi d’Assyrie, près de cent vingt ans avant la déportation de Juda, n’en sont jamais revenues et leurs traces ont complètement disparu. Dieu entrera en jugement avec elles dans les pays où elles se trouvent et exterminera les impies, ne permettant qu’à un résidu pieux de rentrer, à la fin, en Palestine, où il se joindra au résidu de Juda pour accueillir le Messie. Nous reviendrons plus loin sur les événements qui marqueront le retour des dix tribus et nous bornerons à étudier maintenant les passages relatifs au retour de Juda en Palestine.

Comment les Juifs seront-ils ramenés dans leur pays ? Dieu interviendra lui-même avec puissance. « Si alors leur coeur incirconcis s’humilie et qu’alors ils acceptent la punition de leur iniquité, je me souviendrai de mon alliance avec Jacob, et aussi de mon alliance avec Isaac, et je me souviendrai aussi de mon alliance avec Abraham, et je me souviendrai de la terre : la terre aura été abandonnée par eux, et elle aura joui de ses sabbats, dans sa désolation, eux n’y étant plus… Même alors, quand ils seront dans le pays de leurs ennemis… je me souviendrai en leur faveur de l’alliance faite avec leurs ancêtres… » (Lév. 26:41-45). « Et lorsque toutes ces choses que j’ai mises devant toi seront venues sur toi, la bénédiction et la malédiction, et lorsque tu les auras rappelées dans ton coeur, parmi toutes les nations où l’Éternel, ton Dieu, t’aura chassé, et que tu seras retourné à l’Éternel, ton Dieu, et que tu auras écouté sa voix… il arrivera que l’Éternel, ton Dieu, rétablira tes captifs, et aura pitié de toi ; et il te rassemblera de nouveau d’entre tous les peuples, où l’Éternel, ton Dieu, t’avait dispersé » (Deut. 30:1-3). « Car l’Éternel aura compassion de Jacob et choisira encore Israël, et les établira en repos sur leur terre » (És. 14:1). « Cherchez dans le livre de l’Éternel, et lisez. Pas un d’eux ne manquera ; l’un n’aura pas à chercher l’autre ; car ma bouche l’a commandé, et mon Esprit les a rassemblés » (És. 34:16). « Et je les ferai sortir d’entre les peuples, et je les rassemblerai des pays, et les amènerai dans leur terre ; et je les paîtrai sur les montagnes d’Israël, auprès des ruisseaux et dans toutes les habitations du pays » (Ézéch. 34:13). « Voici, je prendrai les fils d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre » (Ézéch. 37:21). « C’est pourquoi, voici, des jours viennent, dit l’Éternel, où on ne dira plus : L’Éternel est vivant, qui a fait monter les fils d’Israël du pays d’Égypte ; mais : L’Éternel est vivant, qui a fait monter les fils d’Israël du pays du nord, et de tous les pays où il les avait chassés. Et je les ramènerai dans leur terre, que j’ai donnée à leurs pères » (Jér. 16:14, 15) (*). « Et je les ramènerai, car j’userai de miséricorde envers eux ; et ils seront comme si je ne les avais pas rejetés… Je les sifflerai et je les rassemblerai, car je les ai rachetés… Et je les ramènerai du pays d’Égypte, et je les rassemblerai de l’Assyrie, et je les ferai venir au pays de Galaad et au Liban » (Zach. 10:6, 8-10).

(*) Un passage presque identique se trouve en Jér. 23:7, 8.


Dieu se servira aussi des nations pour ramener les fils d’Israël dans leur pays. « Et les peuples les prendront et les feront venir en leur lieu » (És. 14:2). « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je lèverai ma main devant les nations, et j’élèverai mon étendard devant les peuples ; et ils apporteront tes fils sur leurs bras, et tes filles seront portées sur leurs épaules » (És. 49:22). « Tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras… Et les navires de Tarsis viennent les premiers, pour apporter tes fils de loin » (És. 60:4, 9) (*). Certains passages laissent entendre que les nations useront de violence pour les contraindre à s’en aller. Tel a d’ailleurs déjà été le cas partiellement ces dernières années : Dieu s’est servi de la persécution pour arracher les Juifs de certains pays et les obliger à rentrer en Palestine. Mais ce n’est qu’un début et le retour massif des fils d’Israël ne se produira qu’après l’enlèvement des croyants auprès du Seigneur.

(*) Ces deux derniers passages concernent spécialement les dix tribus.


4.2.1.3 - Qui possédera le pays ?

Quels seront les Juifs qui rentreront ? Il faut, semble-t-il, que tous les ressortissants de Juda reviennent dans leur pays pour y traverser la grande tribulation et y subir les jugements que Dieu a prononcés contre eux. En revanche, comme nous l’avons dit, les dix tribus ne rentreront pas dans leur ensemble en Palestine, mais seulement un résidu, séparé de la masse apostate. Les Arabes, qui occupent actuellement le pays, devront l’évacuer, ce qui ne laissera sans doute pas de provoquer de graves conflits. Mais les promesses de Dieu sont formelles : « Et Lui a jeté le sort pour eux, et sa main leur a partagé le pays au cordeau : ils le posséderont pour toujours ; ils y habiteront de génération en génération » (És. 34:17). Après le retour de Babylone, les descendants de Juda ne restèrent que cinq siècles environ en Palestine et en furent de nouveau brutalement expulsés par les Romains. Or, lorsque Dieu les y ramènera, ce sera à titre définitif. « Ainsi je me souviendrai, en bien, des transportés de Juda… et je les ferai retourner dans ce pays ; et je les bâtirai et je ne les renverserai pas, et je les planterai, et je ne les arracherai pas » (Jér. 24:5, 6). « Et ils habiteront dans le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob, où vos pères ont habité ; et ils y habiteront, eux et leurs fils, et les fils de leurs fils, à toujours » (Ézéch. 37:25). « Mais Juda sera habité à toujours, et Jérusalem de génération en génération » (Joël 3:20). « Et je les planterai sur leur terre, et ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre que je leur ai donnée, dit l’Éternel, ton Dieu » (Amos 9:15).


4.2.1.4 - Le pays retrouvant sa fertilité

Le pays lui-même, jusqu’alors désertique, sera transformé. Il refleurira et se couvrira de champs et de vergers. « Les affligés et les nécessiteux chercheront de l’eau, et il n’y en a pas, leur langue est desséchée par la soif : moi, l’Éternel, je leur répondrai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. Je ferai couler des rivières sur les hauteurs, et des fontaines au milieu des vallées ; je changerai le désert en un étang d’eau, et la terre aride en des sources jaillissantes. Je ferai croître dans le désert le cèdre, l’acacia, et le myrte, et l’olivier ; je mettrai dans le lieu stérile le cyprès, le pin et le buis ensemble » (És. 41:17-19). Mais c’est seulement après leur conversion que les fils d’Israël jouiront, sous le règne de Christ, d’une bénédiction sans pareille. Quand ils rentreront dans leur pays, ils seront encore dans un état d’endurcissement complet, à part quelques âmes pieuses qui formeront le noyau du futur résidu.

« Car tu as oublié le Dieu de ton salut, et tu ne t’es pas souvenue du rocher de ton lieu fort ; c’est pourquoi tu planteras des plantations agréables, et tu les sèmeras de ceps étrangers ; le jour même où tu planteras, tu feras croître, et le matin tu feras pousser ta semence ; mais au jour de l’entrée en possession, la moisson sera un monceau, et la douleur, incurable » (És. 17:10, 11). Ces derniers mots se rapportent aux épreuves qui atteindront les Juifs durant la grande tribulation. Au chapitre 18 d’Ésaïe, ils sont représentés comme des raisins verts qui mûrissent, mais qui sont arrachés avant leur maturité : « Car avant la moisson, lorsque la floraison est finie et que la fleur devient un raisin vert qui mûrit, il coupera les pousses avec des serpes, et il ôtera et retranchera les sarments. Ils seront abandonnés ensemble aux oiseaux de proie des montagnes et aux bêtes de la terre ; et les oiseaux de proie passeront l’été sur eux, et toutes les bêtes de la terre passeront l’hiver sur eux » (v. 5, 6). Ces déclarations prophétiques font ressortir que l’état moral du peuple juif n’aura pas changé depuis le jour où Dieu se plaignait que sa vigne ne produisait que des grappes sauvages. Tous les efforts accomplis par ce peuple pour se délivrer lui-même, toutes les manifestations de sa volonté et de sa propre justice aboutiront à une ruine totale. L’impiété atteindra son comble lorsque les chefs du peuple feront alliance avec le chef des nations d’occident (Apoc. 13:2 et Daniel 9:27). Nous lisons, en effet, en Ésaïe 28:14 et 15 : « C’est pourquoi, écoutez la parole de l’Éternel, hommes moqueurs, qui gouvernez ce peuple qui est à Jérusalem. Car vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol : si le fléau qui inonde (*) passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous ; car nous avons fait du mensonge notre abri, et nous nous sommes cachés sous la fausseté ». Aussi les jugements de Dieu s’abattront-ils sur ce peuple apostat durant la grande tribulation.

(*) L’Assyrien dont nous nous entretiendrons dans un prochain chapitre.


4.2.2 - Chapitre 2 — La grande tribulation


4.2.2.1 - Le déroulement de la grande tribulation

La soixante-dixième semaine de Daniel ne commencera qu’au temps où le Dieu d’Abraham reprendra son plan concernant son peuple et que la grande parenthèse du « mystère caché dès les siècles en Dieu » (Éph. 3:9) sera fermée. Cette dernière semaine d’années marquera la fin du « présent siècle mauvais » (Gal. 1:4), et verra se dérouler ce qu’annonce Daniel au dernier verset de la prophétie : « Et il (le chef de l’Empire romain reconstitué) confirmera une alliance avec la multitude (= la nation juive rentrée en Palestine et demeurée apostate) pour une semaine (= sept ans) ; et au milieu de la semaine (c’est-à-dire trois ans et demi après la conclusion de l’alliance) il fera cesser le sacrifice et l’offrande ; et à cause de la protection des abominations (ou idoles) il y aura un désolateur, et jusqu’à ce que la consomption et ce qui est décrété soient versés sur la désolée » (Dan. 9:27).

Le « prince qui viendra », fera d’abord alliance avec les Juifs, puis se tournera contre le résidu au bout de trois ans et demi (*).

(*) Nous étudierons ultérieurement cette partie de la prophétie de Daniel, lorsque nous aborderons l’histoire future de l’Empire romain reconstitué (point 4.3.2).


Après avoir aidé les Juifs à reconstruire le temple, il persécutera l’« Israël de Dieu » (les Juifs pieux) et fera cesser le sacrifice et l’offrande dans le sanctuaire rétabli. En d’autres termes, il interdira la célébration du culte et profanera l’autel des holocaustes. Tels sont les événements qui marqueront le début de la grande tribulation. Celle-ci ne commencera donc qu’au milieu de la soixante-dixième semaine de Daniel et durera, de ce fait, trois ans et demi, durée qui correspondra à celle du règne de l’Antichrist. L’apparition de celui-ci coïncidera d’ailleurs avec le début de la grande tribulation. Cette durée de trois ans et demi est confirmée par huit passages sous des formes diverses, mais concordantes (« Un temps, et des temps et une moitié de temps », Dan. 7:25 ; 12:7 ; Apoc. 12:14. « La moitié de la semaine », Dan. 9:27. « Quarante-deux mois », Apoc. 11:2 ; 13:5. « Mille deux cent soixante jours » (*), Apoc. 11:3 ; 12:6).

(*) L’année juive comptant 360 jours, cela fait exactement trois ans et demi.


Pourquoi Dieu donne-t-il de telles précisions ? Sans doute parce qu’il veut montrer qu’il reste le maître absolu des événements qui se dérouleront alors et que, quelle que soit l’incroyable puissance dont disposeront la Bête romaine et l’Antichrist, ceux-ci ne pourront outrepasser, dans leur malfaisance, les limites que Dieu leur aura imposées. D’autre part, ce sera un précieux réconfort, pour les fidèles appelés à traverser cette redoutable époque, d’en connaître d’avance la durée et de posséder ainsi la certitude que les puissances du mal ne triompheront pas indéfiniment sur la terre. Enfin, nous pouvons bien voir, dans cette durée relativement brève, une manifestation de la bonté de Dieu : sa vengeance dure « un jour », sa faveur « une année » (És. 61:2). Le Seigneur lui-même déclare à ses disciples : « Et si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés » (Matt. 24:22). C’est donc une pure grâce de Dieu envers les élus de la grande tribulation, que la durée des jugements sera abrégée et ne dépassera pas trois ans et demi.


4.2.2.2 - Détail des jugements atteignant le peuple

Considérons maintenant les jugements qui atteindront les Juifs durant cette période. À ce propos, il convient de préciser que la Parole emploie deux termes distincts pour désigner ces jugements, suivant qu’ils concernent Israël ou les nations. Quand il s’agit des voies de Dieu envers son peuple, le terme employé est « tribulation » ou « affliction », tandis que pour les nations impies qui auront adoré la Bête et porté la marque de son nom, la Parole se sert d’un autre mot : la « colère ». Si donc les jugements de Dieu frappent tous les hommes, ils constituent pour Israël un temps de tribulation dont il sera délivré, tandis qu’ils seront le temps de la colère pour les nations soumises à l’Antichrist, période qui s’achèvera par l’anéantissement des ennemis du Seigneur. Pour l’instant, nous nous bornerons à étudier les passages relatifs à la « détresse de Jacob » (Jér. 30:7), réservant à notre prochaine section (4.3) le récit des jugements qui atteindront les nations.

Les Juifs, et principalement ceux qui seront rentrés en Palestine, traverseront un temps d’effroyable angoisse, mais Dieu les amènera ainsi à s’humilier et les préparera à recevoir leur Messie. Voici ce qu’annonce le prophète Jérémie à ce sujet, concernant Juda : « Nous entendons la voix de la frayeur ; il y a la peur, et point de paix. Demandez, je vous prie, et voyez si un mâle enfante. Pourquoi vois-je tout homme tenant ses mains sur ses reins comme une femme qui enfante, et pourquoi tous les visages sont-ils devenus pâles ? Hélas ! que cette journée est grande ! Il n’y en a point de semblable ; et c’est le temps de la détresse pour Jacob, mais il en sera sauvé » (30:5-7). Daniel s’exprime en des termes tout aussi clairs : « Et ce sera un temps de détresse tel, qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là… Et lorsqu’il aura achevé de briser la force du peuple saint, toutes ces choses seront achevées » (12:1 et 7). Cette prophétie annonce les paroles du Seigneur Jésus lui-même : « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation (= l’idole qui désole), dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne), … alors il y aura une grande tribulation, telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais » (Matt. 24:15 et suiv.).

Mais Dieu se servira de ce temps d’angoisse pour tirer de son peuple un « reste », appelé aussi « résidu », composé de fidèles qui formeront la nation nouvelle en vue du Royaume. C’est donc à la fois un temps d’humiliation et de purification, ainsi que l’annonce Zacharie : « Et il arrivera dans tout le pays, dit l’Éternel, que deux parties y seront retranchées et expireront ; mais un tiers y demeurera de reste. Et le tiers (= le résidu), je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple ; et lui, dira : L’Éternel est mon Dieu » (13:8, 9). Pour finir, toutes les nations d’alentour se rassembleront pour faire la guerre au résidu épargné : « Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat ; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité ; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville » (14:1, 2).


C’est en pensant à ces événements effroyables que le Seigneur Jésus invite son peuple à fuir dans les montagnes dès que l’Antichrist aura établi l’abomination de la désolation dans le lieu saint, c’est-à-dire l’image de la Bête romaine placée dans le temple de Jérusalem : « Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes ; que celui qui est sur le toit ne descende pas pour emporter ses effets hors de sa maison ; et que celui qui est aux champs ne retourne pas en arrière pour emporter son vêtement. Mais malheur à celles qui sont enceintes et à celles qui allaitent en ces jours-là ! Et priez que votre fuite n’ait pas lieu en hiver, ni un jour de sabbat » (*) (Matt. 24:16-20). Ces paroles montrent avec quelle effrayante soudaineté les jugements de la grande tribulation s’abattront sur Israël. La rage de l’Antichrist, quand il aura placé l’image de la Bête romaine dans le temple, sera telle que ceux qui seront sur les toits devront fuir dès qu’ils apprendront cette nouvelle, sans pouvoir même aller prendre leurs effets à l’intérieur de leur maison. Pareillement, ceux qui auront enlevé leur vêtement pour travailler aux champs n’auront pas le temps de courir le chercher. Il n’y aura pas une minute à perdre, tant le danger sera imminent. Une seule idée devra occuper l’esprit de ces pauvres gens : fuir, fuir pour sauver leur vie. Mais, grâce aux enseignements que le Seigneur leur a ainsi donnés dans sa Parole, plusieurs d’entre eux pourront s’échapper et se mettre à l’abri dans les montagnes, probablement hors du pays. Ceux qui ne seront pas parvenus à s’enfuir seront, pour la plupart, mis à mort parce qu’ils refuseront de rendre hommage à l’image de la bête (Apoc. 13:14). De plus, tous ceux qui n’admettront pas de recevoir la marque de la bête sur leur main droite (travailleurs manuels) ou sur leur front (travailleurs intellectuels) seront dans l’impossibilité absolue d’acheter ou de vendre (v. 16). Seuls auront le droit de subsister ceux qui accepteront de se prosterner devant l’image de la bête et de recevoir sa marque. Pour les fidèles qui seront pris dans ce filet satanique, la vie matérielle deviendra impossible.

(*) Car les Juifs pieux ne voudraient pas sortir de leurs demeures ce jour-là et trouveraient ainsi la mort. En effet, la loi prescrit : Que chacun reste chez lui, que personne ne sorte du lieu où il est, le septième jour, (Ex. 16:29). L’usage, non la loi, autorisait cependant un parcours de six stades environ, soit un peu plus d’un kilomètre.


Quant à ceux qui auront suivi les instructions de la parole de Dieu et auront fui dans les montagnes, ils seront mis à l’abri du danger et nourris par Dieu, comme jadis le peuple d’Israël reçut la manne durant la traversée du désert. Citons quelques passages se rapportant à cet événement : « C’est pourquoi, voici, moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur ; et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor pour une porte d’espérance ; et là elle chantera (ou répondra) comme dans les jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d’Égypte » (Osée 2:14, 15). Paroles d’espérance et promesses réconfortantes bien propres à affermir la foi du résidu au travers de son épreuve ! Écoutons encore la même voix s’adresser à lui par le prophète Ésaïe : « Viens, mon peuple, entre dans tes chambres et ferme tes portes sur toi ; cache-toi pour un petit moment, jusqu’à ce que l’indignation soit passée. Car voici, l’Éternel sort de son lieu pour visiter l’iniquité des habitants de la terre sur eux » (26:20, 21). Et encore le prophète Joël : « Et l’Éternel sera l’abri de son peuple et le refuge des fils d’Israël. Et vous saurez que moi, l’Éternel, je suis votre Dieu » (3:16, 17).

Enfin, nous trouvons la même prophétie et les mêmes promesses en Apoc. 12:13, 14 : « Et quand le dragon (= Satan) vit qu’il avait été précipité sur la terre (*), il persécuta la femme qui avait enfanté le fils mâle. Et les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât dans le désert, en son lieu, où elle est nourrie un temps, et des temps, et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent ». La femme est le type d’Israël et l’enfant mâle nous parle du Christ « qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer » et que le dragon n’était pas parvenu à dévorer, parce qu’il avait été « enlevé vers Dieu et vers son trône » (12:4, 5). « Et la femme s’enfuit dans le désert, où elle a un lieu préparé par Dieu, afin qu’on la nourrisse là mille deux cent soixante jours » (v. 6). On peut penser que ce lieu de refuge sera situé en Transjordanie et jusque dans le désert de Syrie, régions dont la configuration géographique offrira aux fuyards une protection naturelle, analogue à celle que les Camisards trouvèrent jadis dans les Cévennes.

(*) Au début de la dernière demi-semaine de Daniel, qui marque le commencement de la grande tribulation.


Combien les circonstances du résidu nous aident à comprendre le but et le sens de ce qu’on appelle l’oraison dominicale : la demande du pain quotidien sera celle d’un vrai miracle, mais Dieu l’accomplira (il est répété à deux reprises, en Apoc. 12, que Dieu nourrira les siens réfugiés au désert). D’ailleurs, cette prière sera aussi celle de leurs frères qui n’auront pu s’échapper lors de la manifestation de l’Antichrist. Ne pouvant ni acheter, ni vendre, parce qu’ils auront refusé d’adorer la bête, ils devront demander aussi chaque jour à Dieu le pain de leur subsistance et ils le recevront en secret de la main de leur Père. Ils le supplieront de les garder de l’heure de la tentation, la terrible tentation de céder aux sollicitations de l’ennemi, afin d’échapper à la mort (« Et ils n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort » [Apoc. 12:11]). Ils ne cesseront de crier vers Dieu pour que son règne vienne et qu’ainsi sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Enfin, voyant le mal triompher sur la terre, ils demanderont à Dieu de les en délivrer, délivrance qui leur sera accordée lorsque les deux instruments de Satan seront jetés vivants en enfer (Apoc. 19:20) et que le dragon sera lié durant mille ans dans l’abîme, pendant le règne de Christ (20:1-3). Ce qui précède montre à l’évidence que la prière que le Seigneur enseigna à ses disciples n’était pas destinée littéralement aux croyants de l’économie actuelle, mais particulièrement à ceux qui seront appelés à traverser la grande tribulation.

Les vainqueurs de cette terrible épreuve sont désignés en Apocalypse 7, par le nombre symbolique des cent quarante-quatre mille marqués sur le front du sceau des serviteurs de Dieu. « Et je vis un autre ange (= Christ lui-même) montant de l’orient, ayant le sceau du Dieu vivant ; et il cria à haute voix aux quatre anges, auxquels il avait été donné de nuire à la terre et à la mer, disant : Ne nuisez pas à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons scellé au front les esclaves de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient scellés : cent quarante-quatre mille scellés de toute tribu des fils d’Israël » (v. 2-4). Ces témoins sont préservés des fléaux qui sont décrits au chapitre 9 : « Et il leur fut dit (aux sauterelles) qu’elles ne nuisissent ni à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais aux hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts » (v. 4) (*). Il semble donc que Dieu veuille préserver un nombre déterminé de témoins de toutes les tribus d’Israël, pour les introduire dans le Royaume. Mais ce nombre est symbolique et il est bien certain que les rescapés de la grande tribulation seront plus de cent quarante-quatre mille, bien que les deux tiers des Juifs doivent être exterminés et que, d’autre part, le tiers (le résidu) aura de nombreux martyrs, victimes de la rage persécutrice de l’Antichrist. « Et le dragon fut irrité contre la femme, et s’en alla faire la guerre contre le résidu de la semence de la femme, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus » (Apoc. 12:17).

(*) Ce passage rappelle les voies de Dieu lors de la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar (cf. Ézéch. 9:4-6).


4.2.2.3 - Les deux témoins pendant la grande tribulation

Cela nous amène à aborder la prophétie relative aux deux témoins d’Apocalypse 11. « Et je donnerai puissance à mes deux témoins, et ils prophétiseront mille deux cent soixante jours, vêtus de sacs » (Apoc. 11:3). La durée de leur ministère correspond à celle de la grande tribulation elle-même. Par conséquent, il y aura à Jérusalem, pendant tout le règne de l’Antichrist, deux témoins de Dieu, revêtus d’une puissance divine extraordinaire et faisant échec au pouvoir satanique du faux prophète. « Ceux-ci sont les deux oliviers et les deux lampes qui se tiennent devant le Seigneur de la terre » (v. 4). Ainsi, durant cette période de persécution et d’apostasie défiant toute imagination, le Seigneur suscitera un témoignage complet et puissant, mais d’une durée limitée.

« Et si quelqu’un veut leur nuire, le feu sort de leur bouche et dévore leurs ennemis ; et si quelqu’un veut leur nuire, il faut qu’il soit ainsi mis à mort. Ceux-ci ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe point de pluie durant les jours de leur prophétie ; et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu’ils le voudront » (v. 5, 6). Le caractère du témoignage qui sera rendu alors sera entièrement différent de celui de l’évangile de la grâce. Cela s’explique par le fait que l’état de choses qui régnera alors sera tout autre que celui qui existe sur la terre tant que l’Église y demeurera. Le témoignage ainsi rendu rappelle celui de Moïse et d’Élie qui eurent aussi le pouvoir de transformer l’eau en sang, de faire apparaître diverses plaies (Moïse), et de fermer le ciel pendant trois ans et demi (Élie). Comme Dieu a sanctionné jadis le témoignage de Moise et d’Élie, il sanctionnera celui de ces fidèles qui revendiqueront ses droits face à la haine déchaînée de l’ennemi, représenté par le chef de l’Empire romain (la Bête) et l’Antichrist (le faux prophète). C’est à ces événements-là que fait sans doute aussi allusion le passage suivant du prophète Malachie : « Voici, je vous envoie Élie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel. Et il fera retourner le coeur des pères vers les fils, et le coeur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne et ne frappe le pays de malédiction » (4:5, 6). Cette prophétie a eu un premier accomplissement en Jean-Baptiste, au sujet duquel l’ange annonça, avant sa naissance : « Et il fera retourner plusieurs des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Et il ira devant lui dans l’esprit et la puissance d’Élie, pour faire retourner les coeurs des pères vers les enfants, et les désobéissants à la pensée des justes, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé » (Luc 1:16, 17). L’allusion du prophète Malachie au « grand et terrible jour de l’Éternel » annonce que le témoignage rendu à Jérusalem par les deux témoins aura un caractère et des effets identiques, qu’il sera de nouveau, comme celui d’Élie, accompagné de miracles et amènera de nombreux « pères » et « enfants » d’Israël à se repentir et à accueillir leur Messie à son avènement.

« Et, quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, et les vaincra, et les mettra à mort ; et leur corps mort sera étendu sur la place de la grande ville qui est appelée spirituellement Sodome et Égypte, où aussi leur Seigneur a été crucifié » (v. 7, 8). La puissance de Dieu les protège jusqu’au jour où, leur témoignage étant arrivé à son terme et leur mission remplie, ils sont mis à mort par le chef de l’Empire romain. Celui-ci ne peut accomplir ce crime qu’au moment où Dieu le permet. Il y a une analogie évidente entre le ministère terrestre du Seigneur et celui de ces témoins : son ministère eut la même durée et rencontra également l’opposition incessante et la haine des chefs du peuple, mais ne put être empêché tant que l’heure n’était pas venue ; puis le Seigneur fut mis à mort à Jérusalem, ressuscita le troisième jour, et monta au ciel.

« Et ceux des peuples et des tribus et des langues et des nations voient leur corps mort durant trois jours et demi, et ils ne permettent point que leurs corps morts soient mis dans un sépulcre. Et ceux qui habitent sur la terre se réjouissent à leur sujet et font des réjouissances, et ils s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes tourmentaient ceux qui habitent sur la terre » (v. 9, 10). On voit, par ces versets, que l’activité des témoins aura déployé ses effets au monde entier, quand bien même elle se sera exercée à Jérusalem. Leur mort réjouit les méchants dans tous les pays, c’est-à-dire les impies que leur témoignage invincible remplissait d’une haine diabolique. La joie des méchants éclate au moment où ils pensent avoir enfin triomphé de ceux qui les « tourmentaient », et ils contemplent leurs cadavres durant trois jours et demi (*).

(*) Ce passage, que l’incrédulité rejetait comme énonçant une impossibilité, n’a jamais présenté aucune difficulté pour la foi. Or aujourd’hui, même les incrédules doivent abandonner leurs objections et admettre qu’il sera parfaitement possible de montrer les corps des témoins au monde entier, durant les trois jours et demi qu’ils passeront sans sépulture à Jérusalem. — Complément de la note par Bibliquest : Une caméra est d’ores et déjà dirigée en permanence sur le mur des lamentations de Jérusalem et visible sur Internet à tout instant du jour.


Mais c’est Dieu qui aura le dernier mot : il manifeste sa puissance envers ses serviteurs comme envers leurs ennemis : « Et après les trois jours et demi, l’esprit de vie venant de Dieu entra en eux ; et ils se tinrent sur leurs pieds, et une grande crainte tomba sur ceux qui les contemplaient. Et j’ouïs une grande voix venant du ciel, leur disant : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans la nuée, et leurs ennemis les contemplèrent. Et à cette heure-là, il y eut un grand tremblement de terre ; et la dixième partie de la ville tomba, et sept mille noms d’hommes furent tués dans le tremblement de terre ; et les autres furent épouvantés et donnèrent gloire au Dieu du ciel » (v. 11-13). Ainsi, le diable et ses acolytes sont publiquement couverts de honte au moment où ils croyaient triompher, et la voix du Seigneur ne cessera de se faire entendre jusqu’à la fin, à salut envers ceux qui reconnaîtront sa seigneurie et refuseront de se soumettre à l’Antichrist, préférant faire le sacrifice de leur vie (Apoc. 13:15).


4.2.2.4 - Les martyrs de la grande tribulation

Nombreux, en effet, seront les martyrs parmi le résidu. Leur fidélité sera récompensée en ce qu’ils ressusciteront avant l’apparition glorieuse de Christ et seront associés à lui durant son règne. Plusieurs passages de la Parole expriment leurs souffrances, leur détresse, leur espérance. Nous en citerons quelques-uns : « Tu nous as livrés comme des brebis destinées à être mangées, et tu nous as dispersés parmi les nations… Tout cela nous est arrivé, et nous ne t’avons pas oublié, et nous n’avons pas été infidèles à ton alliance. Notre coeur ne s’est pas retiré en arrière, et nos pas n’ont point dévié de ton sentier ; quoique tu nous aies écrasés dans le lieu des chacals, et que tu nous aies couverts de l’ombre de la mort. Si nous avions oublié le nom de notre Dieu, et étendu nos mains vers un dieu étranger, Dieu ne s’en enquerrait-il pas ? car lui connaît les secrets du coeur. Mais, à cause de toi, nous sommes mis à mort tous les jours, nous sommes estimés comme des brebis de tuerie. Éveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi ; ne nous rejette pas pour toujours » (Ps. 44:11 et suiv.).

Parfois aussi, le résidu martyr, considérant ses péchés et ceux de la nation, accepte l’épreuve comme un juste châtiment : « Vos iniquités ont fait séparation entre vous et votre Dieu, et vos péchés ont fait qu’il a caché de vous sa face, pour ne pas vous écouter… C’est pourquoi le juste jugement est loin de nous, et la justice ne nous atteint pas ; nous attendons la lumière, et voici les ténèbres ! la clarté, et nous marchons dans l’obscurité… Au milieu de ceux qui se portent bien nous sommes comme des morts. Nous rugissons tous comme les ours, et nous ne cessons de gémir comme les colombes : nous attendons le juste jugement, et il n’y en a pas ; le salut, et il est loin de nous. Car nos transgressions se sont multipliées devant toi, et nos péchés témoignent contre nous » (És. 59:2-12).

Dans plusieurs passages, le résidu crie vengeance à Dieu contre ses ennemis : « Que la mort les saisisse ! qu’ils descendent vivants dans le shéol ! Car la malice est dans leur demeure, au milieu d’eux » (Ps. 55:15). « Ô Dieu ! dans leur bouche brise leurs dents ; Éternel ! arrache les grosses dents des jeunes lions. Qu’ils se fondent comme des eaux qui s’écoulent !… Qu’ils soient comme une limace qui va se fondant ! Comme l’avorton d’une femme, qu’ils ne voient pas le soleil ! Avant que vos chaudières aient senti les épines, vertes ou enflammées, le tourbillon les emportera. Le juste se réjouira quand il verra la vengeance ; il lavera ses pieds dans le sang du méchant » (Ps. 58:6 et suiv.).

Si nous avons quelque peine à comprendre de telles imprécations, il ne faut pas oublier que l’économie de la grâce sera passée et que, d’autre part, ces paroles s’adressent aux instruments de Satan déchaîné contre les saints du résidu. Ceux-ci seront en butte à une persécution dont nous ne pouvons imaginer l’intensité et qui atteindra une telle multitude que le sang des martyrs sera versé comme de l’eau, tout autour de Jérusalem. « Ô Dieu ! les nations sont entrées dans ton héritage ; elles ont profané ton saint temple ; elles ont mis Jérusalem en monceaux de pierres. Elles ont donné les cadavres de tes serviteurs en pâture aux oiseaux des cieux, la chair de tes saints aux bêtes de la terre ; elles ont versé leur sang comme de l’eau tout autour de Jérusalem, et il n’y a eu personne pour les enterrer » (Ps. 79:1-3).

Mais ils n’invoquent pas seulement la vengeance de Dieu pour le sang des martyrs : ils implorent aussi sa délivrance, du sein de leur profonde détresse, et goûtent par avance la joie qui sera leur part avec Christ. « Que le gémissement du prisonnier vienne devant toi ; selon la grandeur de ton bras garantis ceux qui sont voués à la mort ; et rends à nos voisins sept fois dans leur sein l’opprobre qu’ils ont jeté sur toi, Seigneur ! Mais nous, ton peuple et le troupeau de ta pâture, nous te célébrerons à toujours ; de génération en génération nous raconterons ta louange » (v. 11-13).

En Apocalypse 6, v. 9 à 11, nous trouvons une allusion à ces temps de persécution : « Et lorsqu’il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient rendu. Et elles criaient à haute voix, disant : Jusques à quand, ô Souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas et ne venges-tu pas notre sang sur ceux qui habitent sur la terre ? Et il leur fut donné à chacun une longue robe blanche ; et il leur fut dit qu’ils se reposassent encore un peu de temps, jusqu’à ce que, et leurs compagnons d’esclavage et leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux, fussent au complet ». Divers passages de l’Apocalypse annoncent en effet le martyre d’autres fidèles, victimes de la rage de la bête (12:11 ; 13:7 et 15 ; 15:2-4), vainqueurs de celle-ci, de son image et de son nombre. Tous sont associés à Christ, à l’Église et aux saints de l’Ancien Testament, ainsi qu’il ressort des versets suivants : « Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ; et les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu » (Apoc. 20:4). Tous étant alors au complet, ils entrent dans le règne avec Christ : « Et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans… Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (v. 4 et 6).


Ainsi, les martyrs du résidu d’Israël auront un avenir plus glorieux encore que leurs frères épargnés et qui entreront dans le royaume terrestre de Christ. Leur mort les fera passer dans la gloire céleste et, bien qu’elle les empêche de participer au repos et aux bénédictions terrestres du règne du Messie, ils seront d’autant plus intimement associés à lui dans ce règne comme tous ceux qui auront part à la première résurrection ou seront transmués à la venue du Seigneur.


4.2.3 - Chapitre 3 — L’Antichrist

Nous avons déjà fait allusion plusieurs fois à ce personnage qui jouera un rôle de premier plan après l’enlèvement de l’Église. C’est pourquoi il nous paraît indiqué de réserver un chapitre à ce sujet, dans lequel nous étudierons ce que la Parole nous déclare sur son origine, sa terrifiante puissance, ses caractères et sa fin dramatique.


4.2.3.1 - La deuxième bête d’Apocalypse 13

Dans le chapitre 13 de l’Apocalypse, l’apôtre Jean décrit la vision qu’il eut de deux bêtes qui montent successivement, la première de la mer, la seconde de la terre. La première bête, qui est le symbole du chef de l’Empire romain dans un état d’anarchie révolutionnaire figuré par la mer, ne retiendra pas notre attention pour le moment : nous y reviendrons dans notre prochaine section où nous décrirons les événements prophétiques concernant plus spécialement les nations. En revanche, la seconde bête est l’image de l’Antichrist, et nous allons considérer attentivement la description que la Parole nous en donne : « Et je vis une autre bête montant de la terre ; et elle avait deux cornes semblables à un agneau ; et elle parlait comme un dragon » (Apoc. 13:11). Tout d’abord, le symbole dont la Parole se sert — une bête — fait ressortir l’absence de relation avec Dieu qui caractérisera l’Antichrist. En effet, l’animal, à la différence de l’homme, n’a aucune conscience de l’existence de Dieu ; il est créé uniquement pour la terre et ne regarde qu’en bas. L’homme, au contraire, a été créé pour connaître Dieu ; même tombé dans le péché et l’ignorance, il sait qu’existe un Être supérieur invisible, envers lequel il se sent responsable de ses actes. L’Antichrist aura, moralement, ce caractère de la bête qui ignore entièrement Dieu, et tout le système religieux qu’il instituera visera à détrôner Dieu et à se substituer à lui comme objet d’adoration. D’autre part, on peut voir, dans ce symbole d’une bête, le caractère impérial, par analogie avec les empires représentés également par des bêtes dans les prophéties de Daniel : cela montre que l’Antichrist ne sera pas seulement un chef religieux, mais exercera aussi une autorité politique. De fait, il sera acclamé comme roi par les Juifs apostats.


4.2.3.2 - Faux Messie

Un second trait particulier de cette bête, c’est qu’elle avait deux cornes comme un agneau. Cela fait ressortir la prétention de l’Antichrist de ressembler au Messie, dont il s’efforce de prendre la place en accomplissant divers miracles à l’aide de la puissance que le diable lui conférera. En effet, la bête « parlait comme un dragon » : Satan parlera par la bouche de l’Antichrist. Aussi, les fidèles du résidu n’auront aucune peine à reconnaître son origine diabolique, malgré le travestissement par lequel il parviendra à se faire acclamer comme le Messie d’Israël par les Juifs incrédules.

Il monte « de la terre », image d’un régime politique organisé et stable, en contraste avec l’état d’instabilité et d’anarchie représenté par « la mer ». Cela prouve que l’Antichrist n’apparaîtra qu’après que l’Empire romain aura été rétabli et bien organisé. D’ailleurs, la seconde bête (donc l’Antichrist) « exerce tout le pouvoir de la première bête devant elle, et fait que la terre et ceux qui habitent sur elle rendent hommage à la première bête » (v. 12). Ce passage fait ressortir l’entente qui unira ces deux instruments de Satan, le premier en tant que détenteur du pouvoir politique et ayant son siège à Rome, le second en tant que détenteur du pouvoir religieux et siégeant à Jérusalem. Mais on voit aussi que l’Antichrist est, dans son activité satanique, plus énergique que la bête romaine qui ne fait pas de miracles. De tout temps, le diable s’est servi avant tout de ce qu’on appelle la religion pour accomplir ses desseins. À cet effet, il conférera une puissance extraordinaire à l’Antichrist. Aussi bien, il aura été chassé du ciel peu auparavant et précipité sur la terre, à la suite d’un combat contre l’archange Michel et ses anges ainsi que nous le lisons en Apocalypse 12:7-9. Et il est ajouté : « Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps » (v. 12). On peut se représenter combien terrifiantes seront les manifestations de cette fureur satanique qui inspirera tous les actes de l’Antichrist, agissant de concert avec le Chef de l’Empire romain. En vertu de la puissance que le diable lui donnera, il accomplira « de grands miracles », faisant même descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes (Apoc. 13), comme le prophète Élie. Par ces miracles, il parviendra à séduire un grand nombre d’hommes. L’apôtre Paul annonce les mêmes faits aux Thessaloniciens, appelant l’Antichrist l’homme de péché, le fils de perdition, l’inique, termes qui illustrent bien la ruse, la subtilité et la puissance diaboliques qui accompagneront sa manifestation. Et il ajoute : « Duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thess. 2). L’Antichrist se servira donc de sa puissance pour amener les hommes à l’adorer, prenant la place de Dieu et de Christ. Son habileté, jointe à « l’énergie d’erreur » envoyée par Dieu lui-même, égarera tous les hommes « qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (v. 12). Satan en fera la contrefaçon de Christ, de sorte que les habitants de la terre se laisseront enlacer rapidement dans ses mensonges et n’hésiteront pas à adorer à la fois l’Antichrist et la bête romaine. Nous lisons, en effet, en 2 Thess. 2:4, que le premier « s’assiéra au temple de Dieu (*), se présentant lui-même comme étant Dieu ». D’autre part, il dira « à ceux qui habitent sur la terre de faire une image à la bête qui a la plaie de l’épée et qui a repris vie (la bête romaine). Et il lui fut donné de donner la respiration (pas la vie !) à l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât même, et qu’elle fît que tous ceux qui ne rendraient pas hommage à l’image de la bête fussent mis à mort » (Apoc. 13:14, 15). Mais il est manifeste que l’Antichrist aura une plus grande emprise sur les foules. Il se servira de la puissante influence de l’Empire romain et exercera tout le pouvoir de la première bête. En outre, il sera en mesure d’accomplir des actions prodigieuses que l’empereur romain sera incapable de faire. La conséquence en sera qu’il séduira les habitants de la terre entière.

(*) Ce qui prouve bien qu’il siégera à Jérusalem.


4.2.3.3 - Un surhomme

L’Antichrist sera le « surhomme » que le monde attend, aujourd’hui déjà, et qu’il acclamera alors comme un sauveur. Ayant rejeté le vrai Sauveur et préféré les ténèbres à la lumière, les hommes se laisseront séduire sans peine par ce faux Christ, que l’apôtre Paul appelle « l’homme de péché », parce qu’il donnera toute la mesure du mal que peut atteindre l’homme et sera « le type le plus évolué du pécheur ». De plus, son nom (qui signifie « contrechrist ») le désigne comme devant être le plus grand adversaire du Seigneur qui ait jamais existé parmi les hommes. Il niera que Jésus est le Christ. Mais il niera aussi le Père et le Fils (1 Jean 2:22). Instrument du diable, il sera l’homme totalement perverti et adversaire de Jésus Christ, l’envoyé du Père, l’Homme parfait. Jésus, c’est Dieu qui s’est fait homme, pour sauver les pécheurs ; l’Antichrist, c’est le faux Messie, l’homme qui se fait Dieu et qui, à l’aide de la puissance reçue de Satan, s’efforcera d’entraîner les hommes à se révolter contre Dieu et à faire la guerre à Christ. Jésus est l’image du Dieu invisible (Col. 1:15), l’empreinte de sa substance (Héb. 1:3), de sorte qu’il pouvait dire lui-même : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14:9). L’Antichrist, bien que déguisé en agneau, porte les traits et les caractères de celui qui l’envoie : Satan. Jean le représente sous les traits d’une bête parlant comme un dragon, ce grand dragon roux qui est décrit en Apoc. 12 et qui n’est autre que le diable. Celui-ci s’efforce d’imiter Dieu en créant une trinité diabolique (Satan, la bête romaine et l’Antichrist), une fausse église, avec ses ministres de mensonge et ses miracles de séduction. L’Antichrist est appelé à jouer un rôle de premier plan dans cette organisation satanique, toujours dans le dessein de s’opposer à Christ et de se substituer à lui. Il monte de la terre et vient en son propre nom pour accomplir la volonté du diable (Apoc. 13:11 ; Jean 5:43), alors que le Seigneur Jésus est descendu du ciel, au nom du Père et pour accomplir sa volonté (Jean 6:38 ; 5:43). Il fut l’Agneau immolé, la brebis muette ; opprimé et affligé, il n’a pas ouvert sa bouche : tout cela nous parle de son anéantissement, de sa douceur, de son amour pour nous, pécheurs (És. 53 ; Phil. 2:5-8). L’Antichrist est une bête sauvage, un être cruel, arrogant, qui n’aura pas soin du troupeau, mais au contraire déchirera les brebis et les dévorera (Zach. 11:6, 16). Il recevra sa puissance directement du diable, son apparition sera « selon l’opération de Satan » (2 Thess. 2:9), tandis que le Seigneur Jésus a dit à ses disciples : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre », et encore : « Toutes choses m’ont été livrées par mon Père » (Matt. 28:18 ; 11:27).


4.2.3.4 - La puissance de séduction — la marque et le nombre de la bête

Cette comparaison montre combien l’Antichrist sera opposé à Christ, aussi bien dans ses caractères que dans son activité, bien que Satan s’efforce de faire de son faux Messie une horrible caricature de Christ. C’est pourtant ce faux Messie que les hommes recevront et adoreront, parce qu’ils n’auront pas voulu croire au Fils de Dieu. Et ce sera par l’effet d’une puissance inouïe de séduction qu’ils se prosterneront devant cet envoyé de Satan. L’énergie d’erreur que Dieu leur enverra pour croire au mensonge, jointe aux miracles et prodiges accomplis par l’Antichrist, fera que les Juifs apostats admettront que leur Messie si longtemps attendu sera enfin manifesté, tandis que les nations christianisées acclameront le « Christ revenu » ou le « surhomme » de la fin des temps. Le Seigneur lui-même a mis ses disciples en garde contre cette puissance de séduction qui s’exercera alors et gagnera de grandes foules (Matt. 24:4, 5). Cette « énergie d’erreur » constituera un terrible châtiment de la part de Dieu contre les hommes qui auront refusé de croire la vérité et pris plaisir à l’injustice. Aussi les élus de ces temps-là auront-ils besoin d’être gardés et éclairés par Dieu, afin de résister à la séduction de l’Antichrist. Ils pourront d’ailleurs reconnaître ses caractères grâce aux enseignements de la Parole et seront ainsi préservés de cette diabolique influence. « Voici, je vous l’ai dit à l’avance » (Matt. 24:25). « Si quelqu’un a des oreilles, qu’il écoute ! » (Apoc. 13:9).

Ceux qui refuseront de se soumettre à son pouvoir seront mis à mort. Tel sera également le sort des fidèles qui ne voudront pas se prosterner devant l’image de l’empereur romain installée dans le temple à Jérusalem, ou qui refuseront de recevoir sa marque, son nom ou son nombre sur leur front ou sur leur main. Il sera impossible d’acheter ou de vendre sans ce signe. Le nombre de la bête romaine est six cent soixante-six. Il ne nous appartient pas d’expliquer la signification de ce chiffre (*) : les « intelligents » qui seront sur la terre alors le comprendront et c’est pour eux seuls que cette connaissance aura une valeur littérale.

(*) On en a donné, parait-il, cent vingt interprétations différentes.


4.2.3.5 - Autres passages décrivant l’Antichrist

Considérons maintenant quelques autres passages relatifs à l’Antichrist.

Le prophète Daniel fournit plusieurs indications à son sujet. « Et le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu, et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux ; et il prospérera jusqu’à ce que l’indignation soit accomplie ; car ce qui est déterminé sera fait. Et il n’aura point égard au Dieu de ses pères, et il n’aura point égard à l’objet du désir des femmes (= le Christ), ni à aucun dieu ; car il s’agrandira au-dessus de tout ; et, à sa place, il honorera le dieu des forteresses avec de l’or, et avec de l’argent, et avec des pierres précieuses, et avec des choses désirables, il honorera un dieu que n’ont pas connu ses pères ; et il agira dans les lieux forts des forteresses, avec un dieu étranger : à qui le reconnaîtra il multipliera la gloire ; et il les fera dominer sur la multitude et leur partagera le pays en récompense » (11:36-39). Bien qu’écrite des siècles avant celle de l’apôtre Paul, cette prophétie décrit en termes presque identiques le caractère et l’activité diaboliques de l’Antichrist : même volonté acharnée d’imposer son pouvoir à tous les hommes, même opposition impie contre Dieu et contre Christ, même orgueil le poussant à se faire adorer. La prophétie de Daniel contient cependant des détails complémentaires fort intéressants. Tout d’abord, on peut en inférer que l’Antichrist sera un Juif puisqu’il est dit qu’il n’aura point égard au Dieu de ses pères, ce qui s’applique de toute évidence à Jéhovah, le vrai Dieu d’Israël. D’ailleurs, s’il n’était pas Juif, il ne pourrait guère s’imposer aux Juifs apostats comme le Messie promis. Le Seigneur lui-même fait allusion à ce fait en Jean 5 : « Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre (= l’Antichrist) vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez » (v. 43). Ayant rejeté et crucifié le vrai Messie venu au nom du Père, ils seront prêts à reconnaître le faux Messie, le faux prophète (Apoc. 19:20) qui viendra en son propre nom et se fera adorer dans le temple de Jérusalem. Cet homme qui s’élèvera contre tout ce qui pourrait rappeler Dieu ou le Seigneur Jésus (« contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération », 2 Thess. 2:4), honorera « le dieu des forteresses », ce que l’on appellerait, en langage moderne, « les forces armées ». En effet, à côté du pouvoir qu’il tiendra du diable, il s’appuiera principalement sur les armes pour accomplir ses desseins.

Il faut bien reconnaître que ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, notamment dans certains pays, nous donne une idée du régime que l’Antichrist instaurera : même culte de la force et du mensonge, même opposition à l’égard de Dieu et des siens, même esprit de violence et de matérialisme. D’ailleurs, la Parole affirme aussi que cet esprit de l’Antichrist est déjà dans le monde. « Tout esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair n’est pas de Dieu ; et ceci est l’esprit de l’Antichrist, duquel vous avez ouï dire qu’il vient, et déjà maintenant il est dans le monde » (1 Jean 4:3). « Car plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair : celui-là est le séducteur et l’Antichrist » (2 Jean 7). Cet esprit qui règne aujourd’hui déjà, atteindra son plein développement dans celui qui est appelé l’homme de péché, le fils de perdition, l’inique. Que Dieu veuille nous préserver de cet esprit du présent siècle mauvais !

Le prophète Ésaïe a, lui aussi, parlé de l’Antichrist, notamment au chapitre 57 : « Et tu t’es rendue auprès du roi avec de l’huile, et tu as multiplié tes parfums ; et tu as envoyé tes messagers au loin, et tu t’es dégradée jusque dans le shéol » (v. 9). Il ressort de ce passage que les Juifs apostats accueilleront l’Antichrist avec de grands honneurs. Mais Dieu n’y voit qu’une dégradation pour son peuple, et une dégradation qui le conduira jusqu’en enfer. Au chapitre 30, Ésaïe décrit la fin de l’Antichrist. Nous y reviendrons plus loin.

Enfin, Zacharie annonce également le règne éphémère de l’Antichrist. « Car voici, je suscite un berger dans le pays, qui ne visitera pas ce qui va périr, qui ne cherchera pas ce qui est dispersé, qui ne pansera pas ce qui est blessé, et qui ne nourrira pas ce qui est en bon état ; mais il mangera la chair de ce qui est gras, et rompra la corne de leurs pieds. Malheur au pasteur de néant qui abandonne le troupeau ! L’épée tombera sur son bras et sur son oeil droit. Son bras sera entièrement desséché, et son oeil droit sera entièrement obscurci » (Zach. 11:16, 17). Homme dur et cruel, l’Antichrist n’aura cure de ses sujets et ne se souciera que d’affermir son pouvoir pour la satisfaction de son incommensurable orgueil.


4.2.3.6 - La fin de l’Antichrist

Cependant le jugement de Dieu fondra sur lui et mettra un terme à ce bref, mais cruel règne. Lorsqu’il aura comblé la mesure de ses iniquités, son jugement surviendra, terrible, implacable, foudroyant. Plusieurs passages de la parole de Dieu révèlent qu il sera anéanti non par la puissance des armes ou des anges, mais par le Seigneur lui-même, à son apparition en gloire. C’est ce que le prophète Zacharie exprime symboliquement en ces termes : « Son bras sera entièrement desséché, et son oeil droit sera entièrement obscurci ». L’apôtre Paul précise que le Seigneur Jésus consumera l’inique par le souffle de sa bouche et l’anéantira par l’apparition de sa venue (2 Thess. 2:8). Ésaïe déclare, dans le passage auquel nous avons fait allusion tout à l’heure : « Car Topheth (*) est préparé depuis longtemps : pour le roi (= l’Antichrist) aussi il est préparé. Il l’a fait profond et large ; son bûcher est du feu et beaucoup de bois : le souffle de l’Éternel, comme un torrent de soufre, l’allume » (És. 30:33). Le châtiment réservé à l’Antichrist est clairement annoncé : il sera jeté vivant en enfer. Cela est confirmé par l’Apocalypse, qui précise qu’un sort identique attend le chef de l’Empire romain. Ainsi, ces deux instruments de Satan unis dans leur activité impie et malfaisante, subiront un même jugement. « Et la bête fut prise (l’empereur romain), et le faux prophète (l’Antichrist) qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles… Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre » (Apoc. 19:20). Ce jugement est si rapide et exécuté avec une telle puissance — le Seigneur Jésus descendra lui-même du ciel pour l’exercer — que les deux complices sataniques ne pourront esquisser la moindre résistance ni s’enfuir. Après avoir fait trembler l’humanité tout entière et mis à mort d’innombrables témoins de Christ, ils succomberont comme de misérables fantoches devant Celui auquel ils auront voulu faire la guerre, ainsi que nous le verrons lorsque nous étudierons l’histoire du chef de l’Empire romain reconstitué. Mais le Seigneur Jésus apparaîtra comme le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, à la tête des armées célestes et de tous ses saints glorifiés, et il lui suffira du « souffle de sa bouche » pour anéantir les deux agents de Satan et les précipiter, sans autre jugement, dans les flammes éternelles, où le diable sera jeté mille ans plus tard.

(*) Lieu situé à l’entrée de la vallée de Hinnom, près de Jérusalem, et où l’on offrait des sacrifices humains à Moloch (cf. 2 Rois 23:10 et Jér. 7:31 ; 32:35). Ce lieu, appelé aussi « Gué Hinnom », a donné naissance au mot grec géhenne, lieu de tourments sans fin.


4.2.4 - Chapitre 4 — La délivrance du résidu

Le plus grand nombre des Juifs qui rentreront les premiers en Palestine se laisseront prendre au piège du diable, acclameront l’Antichrist comme le Messie et feront alliance avec l’empereur romain. Mais il y en aura quelques-uns qui, sous l’action du Saint Esprit, reconnaîtront leurs péchés individuels et ceux de leur nation, s’humilieront devant Dieu et refuseront de se soumettre à l’Antichrist. Plusieurs d’entre eux scelleront leur témoignage de leur sang, tandis que d’autres seront préservés et délivrés par l’arrivée du Seigneur Jésus, accompagné de ses saints. Nous allons examiner divers passages relatant les événements qui se produiront alors.


4.2.4.1 - La conversion

Cette conversion sera l’oeuvre du Saint Esprit, ainsi que plusieurs prophètes l’annoncent. « Sur la terre de mon peuple croissent des épines et des ronces… jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu d’en haut sur nous, et que le désert devienne un champ fertile » (És. 32:13-15). « Car ma bouche l’a commandé, et mon Esprit les a rassemblés » (34:16). « Je verserai mon Esprit sur ta semence, et ma bénédiction sur ceux qui sortent de toi » (44:3). « Et, du couchant, ils craindront le nom de l’Éternel, et du lever du soleil, sa gloire… Et le rédempteur viendra à Sion et vers ceux qui, en Jacob, reviennent de leur rébellion, dit l’Éternel. Et quant à moi, c’est ici mon alliance avec eux, dit l’Éternel : Mon esprit qui est sur toi, et mes paroles que j’ai mises dans ta bouche, ne se retireront pas de ta bouche, ni de la bouche de ta semence… dès maintenant et à toujours » (59:19-21).

Le prophète Ézéchiel proclame la même vérité. « Et je vous amènerai sur votre terre ; et je répandrai sur vous des eaux pures… Et je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau… ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez » (Ézéch. 36:24-27). « Et je ne leur cacherai plus ma face, parce que j’aurai répandu mon Esprit sur la maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel » (39:29). Et, dans la vision des ossements desséchés, dont nous avons déjà parlé, Ézéchiel rapporte comment le Seigneur lui ordonne d’annoncer la venue de l’Esprit sur les os qui s’étaient rapprochés, image de la restauration et de la conversion d’Israël. « Et il me dit : Prophétise au souffle, prophétise, fils d’homme, et dis au souffle : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces tués, et qu’ils vivent. Et je prophétisai selon qu’il m’avait commandé ; et le souffle entra en eux, et ils vécurent, et se tinrent sur leurs pieds, — une immense armée » (37:9, 10).


4.2.4.2 - La repentance

Les prophètes Joël et Zacharie annoncent ce qui se passera lorsque le résidu d’Israël recevra cette effusion du Saint Esprit. « Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né » (Zach. 12:10). « Et il arrivera, après cela, que je répandrai mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront » (Joël 2:28).

À la fin de la grande tribulation, le résidu sera donc converti dans le pays, à travers un profond exercice de coeur et de conscience. Enseignés par l’Esprit, les fidèles comprendront enfin que Celui qu’Israël a rejeté et crucifié, était le Messie promis, l’oint de l’Éternel. Mesurant alors l’horreur de ce crime, ils se lamenteront et mèneront deuil. Écoutons en quels termes les prophètes annoncent cette repentance. « En ce jour-là, il y aura une grande lamentation à Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon dans la vallée de Meguiddon (*) ; et le pays se lamentera, chaque famille à part… » (Zach. 12:10-14). Ce ne sera pas seulement une humiliation collective, mais l’expression d’un exercice personnel, individuel, un sentiment profond de componction et de culpabilité de chaque membre des familles représentées parmi le résidu : les familles de la maison de David, de Nathan, de Lévi, de Shimhi… « toutes les familles qui seront de reste » (cf. également Amos 8:10).

(*) Allusion aux lamentations provoquées par la mort du roi Josias (2 Chron. 35:22-25).


Cette lamentation s’accompagnera de la confession des péchés commis, aussi bien ceux du peuple que les péchés individuels. « Et ils confesseront leur iniquité et l’iniquité de leurs pères, selon leurs infidélités par lesquelles ils ont été infidèles envers moi, et aussi comment ils ont marché en opposition avec moi, en sorte que moi aussi, j’ai marché en opposition avec eux, et que je les ai amenés dans le pays de leurs ennemis. Si alors leur coeur incirconcis s’humilie et qu’alors ils acceptent la punition de leur iniquité, je me souviendrai de mon alliance avec Jacob… » (Lév. 26:40-42). « Et tu te souviendras de tes voies ; et tu seras confuse… Et j’établirai mon alliance avec toi, et tu sauras que je suis l’Éternel ; afin que tu te souviennes, et que tu sois honteuse, et que tu n’ouvres plus la bouche, à cause de ta confusion, quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait, dit le Seigneur, l’Éternel » (Ézéch. 16:61-63). « Et là vous vous souviendrez de vos voies et de toutes vos actions par lesquelles vous vous êtes rendus impurs, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de toutes vos iniquités, que vous avez commises » (20:43). « Et vous vous souviendrez de vos mauvaises voies et de vos actions qui ne sont pas bonnes, et vous aurez horreur de vous-mêmes à cause de vos iniquités et à cause de vos abominations… Soyez honteux et soyez confus à cause de vos voies, maison d’Israël ! » (36:31, 32).


4.2.4.3 - Retour de coeur vers le Seigneur

L’humiliation, la repentance et la confession des péchés s’accompagneront d’un ardent désir, dans le coeur du résidu, de rechercher le Seigneur et de revenir à lui. « Et il arrivera dans tout le pays, dit l’Éternel, que deux parties y seront retranchées et expireront ; mais un tiers y demeurera de reste. Et le tiers, je l’amènerai dans le feu, et je les affinerai comme on affine l’argent, et je les éprouverai comme on éprouve l’or. Ils invoqueront mon nom, et moi, je leur répondrai ; je dirai : C’est ici mon peuple ; et lui, dira : L’Éternel est mon Dieu » (Zach. 13:8, 9). « En ces jours-là et en ce temps-là, dit l’Éternel, les fils d’Israël viendront, eux et les fils de Juda ensemble ; ils iront, marchant et pleurant, et ils chercheront l’Éternel leur Dieu. Ils s’enquerront de Sion ; vers elle leur face sera tournée : Venez, attachons-nous à l’Éternel par une alliance éternelle qui ne sera pas oubliée » (Jér. 50:4, 5). « Et vous m’invoquerez, et vous irez, et me supplierez, et je vous écouterai ; et vous me chercherez, et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre coeur, et je me ferai trouver à vous, dit l’Éternel » (29:12-14).

Alors s’opérera en eux une véritable régénération : Dieu leur donnera un coeur nouveau, pardonnera leurs péchés et les purifiera. « L’Éternel, ton Dieu, circoncira ton coeur et le coeur de ta semence, pour que tu aimes l’Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme… Et toi, tu reviendras, et tu écouteras la voix de l’Éternel, et tu pratiqueras tous ses commandements que je te commande aujourd’hui » (Deut. 30:6, 8). « Et je leur donnerai un seul coeur, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de leur chair le coeur de pierre, et je leur donnerai un coeur de chair, — afin qu’ils marchent dans mes statuts, et qu’ils gardent mes ordonnances et les pratiquent ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu » (Ézéch. 11:18-20). La même promesse est répétée au chapitre 36, v. 26-28, ce qui en souligne bien l’importance. De plus, elle est confirmée par le prophète Jérémie, contemporain d’Ézéchiel : « Et je leur donnerai un coeur pour me connaître, car moi je suis l’Éternel ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu ; car ils retourneront à moi de tout leur coeur » (Jér. 24:7). « Car c’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur coeur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ; et ils n’enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère, disant : Connaissez l’Éternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (31:33, 34). « Et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu ; et je leur donnerai un seul coeur, et une seule voie, pour me craindre tous les jours… et je mettrai ma crainte dans leur coeur, pour qu’ils ne se retirent pas de moi » (32:38-40).

Alors le désir du coeur de Dieu sera enfin satisfait : Israël sera vraiment devenu son peuple. « Ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu » : ces mots si souvent répétés montrent tout le prix que l’Éternel attache à cette alliance. Le « coeur de pierre » d’Israël sera ôté et changé en un « coeur de chair ». Bien entendu, cette purification n’aura point d’autre fondement que le sang de Christ, le seul qui purifie de tout péché. « Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7). « Et j’ôterai l’iniquité de ce pays en un seul jour » (Zach. 3:9). « En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté. Et il arrivera, en ce jour-là, dit l’Éternel des armées, que je retrancherai du pays les noms des idoles, et on ne s’en souviendra plus ; et j’ôterai aussi du pays les prophètes et l’esprit impur » (13:1, 2). Le pays lui-même subira donc une purification totale, après que le péché du peuple aura été pardonné. « Voici, je lui appliquerai un appareil de pansement, et des remèdes, et je les guérirai, et leur révélerai une abondance de paix et de vérité… et je les purifierai de toute leur iniquité par laquelle ils ont péché contre moi, et je pardonnerai toutes leurs iniquités… » (Jér. 33:6-8). « En ces jours-là et en ce temps-là, dit l’Éternel, on cherchera l’iniquité d’Israël, et il n’y en aura point, et les péchés de Juda, et ils ne seront pas trouvés ; car je pardonnerai à ceux que j’aurai fait demeurer de reste » (Jér. 50:20). « Et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs : je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles… Et je vous délivrerai de toutes vos impuretés » (Ézéch. 36:25-29). « Et ils ne se rendront plus impurs par leurs idoles… et je les délivrerai de toutes leurs habitations où ils ont péché, et je les purifierai ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu » (37:23).


4.2.4.4 - L’achèvement de la délivrance

Ce travail d’âme s’opérera par la grâce de Dieu au moyen des terribles épreuves qui atteindront le résidu, ce tiers que Dieu amènera « dans le feu » et affinera comme on affine l’argent (Zach. 13:9). Au moment où la tribulation atteindra son point culminant, le Seigneur lui-même apparaîtra avec les saints glorifiés et délivrera le résidu d’Israël qui criera vers Dieu du fond de l’abîme. Ses adversaires seront anéantis (*), puis le millénium sera instauré.

(*) Nous étudierons les prophéties s’y rapportant dans notre prochaine section.


Étant en captivité à l’époque où le Seigneur Jésus était sur la terre, les dix tribus n’auront pas, comme Juda et Benjamin, à expier le crime de la crucifixion du Messie. C’est pourquoi elles ne traverseront pas la grande tribulation en Palestine et ne seront pas jetées dans une fournaise aussi ardente que celle que connaîtra le résidu de Juda. Dieu entrera en jugement avec elles parmi les nations où elles se trouveront et sur le chemin de leur retour en Palestine (Ézéch. 20:33-38). Les méchants en seront retranchés et les réchappés, convertis eux aussi, rentreront dans leur pays peu après l’achèvement de l’oeuvre purificatrice accomplie par Dieu envers le résidu de Juda. Nous trouvons le récit de leur arrivée en Ésaïe 49 et de la joie que cet événement produira parmi le pauvre résidu, brisé par l’épreuve qu’il viendra de traverser. « Voici, ceux-ci viendront de loin ; et voici, ceux-là, du nord et de l’ouest, et ceux-ci, du pays de Sinim (*). Exultez, cieux, et égaye-toi, terre ! Montagnes, éclatez en chants de triomphe ! Car l’Éternel console son peuple et fera miséricorde à ses affligés » (v. 12, 13). S’adressant ensuite au résidu, Dieu lui dit : « Lève autour de toi tes yeux, et regarde : ils se rassemblent tous, ils viennent vers toi. Je suis vivant, dit l’Éternel, que tu te revêtiras d’eux tous comme d’un ornement, et que tu t’en ceindras comme une fiancée. Car dans tes lieux déserts et tes contrées désolées et ton pays détruit, tu seras maintenant à l’étroit à cause des habitants » (v. 18, 19). Au comble de l’étonnement et de la joie, Jérusalem s’écriera « Qui m’a enfanté ceux-ci ? Et moi, j’étais privée d’enfants et abandonnée, captive et chassée ; et ceux-ci, qui les a élevés ? Voici, moi j’étais laissée seule, — ceux-ci, où étaient-ils ? » (v. 21).

(*) Peut-être la Chine.


Des messagers seront alors envoyés vers toutes les nations pour raconter la gloire de Christ parmi elles (És. 66:19), mais aussi pour en ramener tous les Israélites qui pourraient s’y trouver encore (v. 20) : « Et ils amèneront tous vos frères, d’entre toutes les nations, en offrande à l’Éternel, sur des chevaux, et sur des chars, et dans des voitures couvertes, et sur des mulets, et sur des dromadaires, à ma montagne sainte, à Jérusalem, dit l’Éternel » (cf. également És. 49:22, 23 ; 52:10, 12 ; 60:4-9).


4.2.4.5 - Christ reçu par Israël

Ainsi délivrés, convertis, purifiés et régénérés, ces fidèles acclameront Jésus Christ comme leur Messie et leur Sauveur. « Et on lui dira : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il dira : Celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis. Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées ; frappe le berger, et le troupeau sera dispersé ; et je tournerai ma main sur les petits » (Zach. 13:6, 7). Ainsi, ils reconnaîtront non seulement qu’ils ont percé leur Messie, mais encore que celui-ci, le compagnon de l’Éternel, a été exposé aux coups de l’épée de la justice divine à cause des péchés de son peuple. En d’autres termes, le mystère de la rédemption leur sera pleinement révélé. Après être restés des siècles sans roi ni prince, sans sacrifice ni statue, et sans éphod ni théraphim, ils « retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi (= Christ), et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin des jours » (Osée 3:4, 5). L’apôtre Paul annonce, lui aussi, cette reconnaissance du Messie par Israël : « Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci… c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : « Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété… » (Rom. 11:25, 26). Ce libérateur sera accueilli et reconnu dans tous ses droits par le résidu des douze tribus, ainsi que le Seigneur l’a déclaré lui-même : « Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matt. 23:39).

« Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, et je susciterai à David un Germe juste ; et il régnera en roi… Dans ses jours Juda sera sauvé et Israël demeurera en sécurité ; et c’est ici le nom dont on l’appellera : L’Éternel notre justice » (Jér. 23:5, 6). Israël se soumettra avec joie au règne de Christ, le « Germe juste » de David et servira Dieu d’un seul coeur. « Car en ma montagne sainte, en la haute montagne d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel, là me servira la maison d’Israël tout entière, dans le pays » (Ézéch. 20:40).


4.2.4.6 - La nouvelle alliance

Dieu fera alors une nouvelle alliance avec son peuple. « Je ferai avec vous une alliance éternelle, les grâces assurées de David » (És. 55:3). « Pour un petit moment je t’ai abandonnée, mais avec de grandes compassions je te rassemblerai… J’ai juré que je ne serais plus courroucé contre toi… Car les montagnes se retireraient et les collines seraient ébranlées, que ma bonté ne se retirerait pas d’avec toi, et que mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, dit l’Éternel, qui a compassion de toi » (És. 54:7-10). « Et ils bâtiront ce qui était ruiné dès longtemps… et je leur donnerai leur récompense avec vérité, et je ferai avec eux une alliance éternelle » (61:4, 8). « Je les ferai retourner en ce lieu… et je ferai avec eux une alliance éternelle, que je ne me retirerai point d’auprès d’eux, pour leur faire du bien » (Jér. 32:37, 40). « Et je ferai avec eux une alliance de paix… et ils habiteront dans le désert en sécurité » (Éz. 34:25). « Et je ferai avec eux une alliance de paix, ce sera, avec eux, une alliance éternelle ; et je les établirai, et je les multiplierai, et je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours » (37:26).

Ainsi qu’on l’a écrit, cette alliance apportera à Israël la paix, après la persécution ; la sécurité, après le pillage ; l’établissement durable, après la dispersion ; la prospérité, après la misère ; la gloire, après la honte ; l’autorité parmi les nations, après l’oppression ; la joie, après les pleurs ; le bonheur ineffable de la présence et de l’amour du Seigneur, après les jugements que leur avait mérités sa réjection. « Exulte, fille de Sion ; pousse des cris, Israël ! Réjouis-toi et égaye-toi de tout ton coeur, fille de Jérusalem !… Le roi d’Israël, l’Éternel, est au milieu de toi… il sauvera ; il se réjouira avec joie à ton sujet : il se reposera dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe » (Soph. 3:14-17).

Nous reviendrons plus loin en détail sur ce tableau merveilleux des bénédictions du millénium. Considérant les voies de Dieu envers son peuple Israël, nous pouvons nous écrier avec l’apôtre Paul, en Romains 11:33-36 : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables !… Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! À lui soit la gloire éternellement ! Amen ».


4.3 - LES NATIONS

4.3.1 - Chapitre 1 — Babylone la grande

Lorsque le Seigneur reviendra, tous les rachetés seront enlevés à sa rencontre, à quelque système de la chrétienté qu’ils appartiennent. En revanche, un grand nombre de personnes, n’ayant que la profession du christianisme sans la vie divine, seront laissées sur la terre pour y être absorbées dans un système religieux, appelé dans l’Apocalypse Babylone la grande. En feront partie tous les professants non sauvés, protestants, catholiques, orthodoxes, ou de toute religion dite chrétienne.

« Et l’un des sept anges… vint et me parla, disant : Viens ici ; je te montrerai la sentence de la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux, avec laquelle les rois de la terre ont commis fornication… Et il m’emporta en esprit dans un désert : et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. Et la femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, et parée d’or et de pierres précieuses et de perles, ayant dans sa main une coupe d’or pleine d’abominations, et les impuretés de sa fornication ; et il y avait sur son front un nom écrit : Mystère, Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre » (Apoc. 17:1-5). L’Église de Dieu ayant été enlevée, la fausse église de Satan prend sa place sur la terre pour un certain temps. D’ailleurs, bien que ces événements soient encore futurs, les éléments constitutifs de ce système apostat existent déjà aujourd’hui, ainsi que nous le verrons en examinant les caractères de Babylone, la grande prostituée. Ces caractères essentiels sont les suivants :


4.3.1.1 - Caractère entièrement terrestre

La prostituée est entièrement terrestre. Elle est la mère des prostituées et des abominations de la terre, entretient des relations coupables avec les rois de la terre, elle prospérera sur la terre et régnera sur les rois de la terre, recherchant les honneurs, les jouissances, les richesses et la domination terrestres (v. 2 à 5, 15, 18). Ainsi ses origines, ses associations et ses caractères sont exclusivement terrestres.

Tout cela contraste avec l’Église véritable dont l’origine, les associations, les bénédictions et la destinée sont célestes. L’origine : « Et je vis la sainte cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu » (Apoc. 21:2). Les associations : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur » (Phil. 3:20). Les bénédictions : « Bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes » (Éph. 1:3). La destinée : « …Dieu… vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire » (1 Thess. 2:12). En résumé, la terre caractérise Babylone la grande, et le ciel, la véritable Église.


4.3.1.2 - Dominant le monde

Un deuxième trait de la prostituée est qu’elle parvient à établir sa suprématie sur le monde, tandis que l’Église est soumise à Christ, comme une femme l’est à son mari (1 Cor. 11:3 ; Éph. 5:23, 24). Babylone la grande est représentée sous les traits d’une femme « assise sur plusieurs eaux » qui, d’après le verset 15, « sont des peuples et des foules et des nations et des langues ». Cela fait ressortir l’universalité de sa domination. D’autre part, Jean la voit « assise sur une bête écarlate » (*) (v. 3), qu’elle dirige en tous ses mouvements ; cette bête est l’Empire romain reconstitué. Au moins au début de sa renaissance, il tolérera cette religion idolâtre. Enfin, nous lisons au verset 18 qu’elle a « la royauté sur les rois de la terre ».

(*) L’écarlate est la couleur impériale.


Bien que cette description soit prophétique, force nous est de reconnaître que ces traits correspondent étonnamment à ceux de l’église romaine qui a eu, au cours des siècles, une véritable suprématie sur plusieurs rois et nations.


4.3.1.3 - Union avec le monde

L’Église est appelée l’épouse de l’Agneau (Apoc. 21:9). En contraste avec ce caractère, la prostituée est la femme de la Bête (Apoc. 17:3) et les rois de la terre ont commis fornication avec elle (v. 2). C’est l’union avec le monde et avec la mondanité sous toutes ses formes : la prostituée se pare d’étoffes somptueuses, d’or, de pierres précieuses et de perles (v. 4), tandis que l’Église ne possède rien ici-bas : elle n’a ni argent ni or, et il n’y a parmi elle « pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles » (1 Cor. 1:26). C’est dans la gloire seulement qu’elle sera revêtue de fin lin, éclatant et pur, qui sont les justices (ou actes justes) des saints (Apoc. 19:8). Jésus se la présentera alors glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable (Éph. 5:27).


4.3.1.4 - Mère des abominations

La prostituée se distinguera, en outre, par son impudicité, ses abominations, ses impuretés et sa prostitution (v. 4, 5). Elle tient dans sa main une coupe d’or pleine d’abominations et est appelée la mère des prostituées et des abominations de la terre. Ces termes désignent principalement l’idolâtrie qui caractérisera ce système religieux, en liaison avec son immoralité foncière. L’église apostate substituera le culte des idoles au culte dû à Dieu et à Jésus Christ, s’unissant pour cela au monde conduit par Satan et ses suppôts (la Bête romaine et l’Antichrist). Ce sera l’union du faux christianisme avec l’antichristianisme. Cette union méritera bien le nom de prostitution, et celle qui l’aura contractée, le titre de « mère des prostituées et des abominations de la terre ».


4.3.1.5 - Ivre du sang des témoins de Christ

La prostituée est ivre du sang des saints, et du sang des témoins de Jésus (v. 6). L’intolérance et la persécution ont été, de tout temps, les caractéristiques de la fausse religion, alors que l’épouse de l’Agneau s’abstient de toute violence. « Mais moi, je vous dis : Ne résistez pas au mal ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre » (Matt. 5:39). « Que votre douceur soit connue de tous les hommes » (Phil. 4:5). Sur ce point encore, on ne peut s’empêcher de constater que l’église romaine a, dans les siècles passés, manifesté ces caractères d’intolérance et de persécution à l’égard des témoins de Jésus. Elle préfigure ainsi, plus que tout autre système religieux existant, Babylone la grande. Et l’on comprend l’étonnement de Jean (v. 6, 7), car s’il connaissait les persécutions de la part du paganisme romain d’alors, il avait quelque peine à s’imaginer qu’une église prétendument chrétienne puisse s’enivrer du sang des témoins de Jésus. « En elle a été trouvé le sang des prophètes, et des saints, et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre » (Apoc. 18:24). Or, même si la prostituée persécute et met à mort des rachetés après l’enlèvement de l’Église, il est évident que ceux dont il est question dans ce passage appartiennent principalement à l’économie de la grâce. Il suit de là que Babylone la grande existe déjà maintenant et sera appelée à jouer un rôle particulièrement en vue durant l’apostasie qui suivra le retour du Seigneur. Comme « mère des prostituées », elle est la source génératrice de tous les systèmes inventés par les hommes et de toutes les idolâtries produites par Satan pour détourner les âmes du Seigneur. Or, sans vouloir affirmer que l’église romaine soit Babylone la grande, on doit reconnaître que la première répond de manière frappante à la description que la Parole nous donne de la seconde. Mais Babylone n’atteindra son développement complet qu’après l’enlèvement de l’Église.


4.3.1.6 - Apogée future

Nous lisons au verset 5 de notre chapitre : « Il y avait sur son front un nom écrit : Mystère, Babylone la grande… » et au verset 7 l’ange dit à Jean : « Pourquoi es-tu étonné ? Je te dirai, moi, le mystère de la femme et de la bête qui la porte ». Dans la Parole, un mystère est un secret que Dieu révèle aux siens. Certes, le mystère d’iniquité opère déjà (2 Thess. 2:7), mais le mal atteindra son apogée seulement lorsque la véritable Église, le sel de la terre, ne sera plus là pour empêcher le plein développement de la corruption. C’est à ce moment que le mystère de la femme et de la bête sera révélé et que la fausse religion sera démasquée. Ce mystère est mis en contraste avec le grand mystère de la piété. « Là se trouvent joints le bien et le mal dans une union impie, pour accomplir ce qu’il y a de pire et non ce qui est bon. Cette alliance… cherche à unir Dieu et l’homme naturel, substitue les rites à la grâce et à la parole de Dieu, au sang de Christ et à la puissance du Saint Esprit, et se sert du nom du Seigneur pour couvrir les convoitises et l’ambition les plus grossières… » (W. Kelly, Étude sur l’Apocalypse, sur le ch. 17). Voilà en quoi consiste le mystère de Babylone la grande.


4.3.1.7 - Rome est son centre

Le siège de ce système religieux sera à Rome. Apocalypse 17:9 précise, en effet : « Les sept têtes sont sept montagnes où la femme est assise ». Or, on sait que Rome est bâtie sur sept collines. Voilà qui rend plus complète encore l’identité de Babylone la grande avec l’église romaine. De plus, le verset 18 ajoute : « Et la femme que tu as vue est la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre », ce qui était le cas de Rome du vivant de l’apôtre Jean. L’organisation ecclésiastique mondiale dont l’église de Rome dispose sera mise au service de l’église apostate qui subsistera quelque temps encore après le retour du Seigneur. Les rachetés ayant été enlevés, tous les faux chrétiens et leurs églises adhéreront à ce vaste système satanique et idolâtre, dont la tête se trouvera à Rome. Tous devront se courber devant cette puissance, dont on perçoit, à l’heure actuelle déjà, les premières manifestations, notamment dans les efforts du catholicisme pour étendre son emprise au monde entier. Cette unification ne sera totale que sous la grande prostituée, la femme impure qui, liguée avec le pouvoir séculier, instaurera, dans un luxe inouï, l’idolâtrie la plus scandaleuse et une immoralité effrénée, jointes à d’effroyables persécutions contre les témoins de Jésus. Mais un jugement sans merci s’abattra bientôt sur elle.


4.3.1.8 - Le jugement de Babylone

Voici comment la Parole le décrit : « Et les dix cornes que tu as vues et la bête, — celles-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu ; car Dieu a mis dans leurs coeurs d’exécuter sa pensée, et d’exécuter une seule et même pensée, et de donner leur royaume à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies » (Apoc. 17:16, 17).

Les sentiments du chef de l’Empire romain et de ses dix satellites à l’égard de la prostituée se transforment en une haine implacable qui les pousse à la dépouiller de ses immenses richesses et à la mettre à nu, c’est-à-dire à dévoiler publiquement ses intrigues, son hypocrisie, ses crimes. Puis ils mangent sa chair, ce qui laisse entendre qu’ils tortureront et massacreront les chefs et les suppôts de cette fausse église, qu’ils achèveront de détruire en la brûlant au feu. Cet anéantissement total et définitif, s’il n’est pas exécuté par Dieu lui-même, n’en est pas moins voulu de lui. C’est lui qui « a mis dans leurs coeurs d’exécuter sa pensée ».

Ainsi l’alliance entre Babylone la grande et les rois de la terre s’achève dans le feu et le sang, ce qui met bien en évidence le caractère satanique de ce système politico-religieux : une alliance des méchants ne saurait durer ; sa rupture provoquera la violence, la haine, la destruction. Les flatteries que les rois et la bête ont prodiguées à la fausse église, la soumission dont ils ont fait preuve à son égard semblent remplir leurs coeurs d’une rage d’autant plus ardente : ils se liguent et ourdissent une vaste conjuration visant à abattre définitivement la tyrannie de la prostituée, à s’emparer de ses richesses et à l’anéantir à tout jamais.


4.3.1.9 - Effondrement civil

Ce jugement entraînera d’ailleurs l’effondrement de ce qu’on appelle la civilisation, et provoquera la ruine matérielle de ceux qui vivaient du luxe de Babylone. Le monde social et économique tout entier est entraîné dans sa chute. C’est ce que décrit le chapitre 18, de l’Apocalypse. Les « rois de la terre » et les « marchands de la terre » se lamentent et mènent deuil, s’écriant : « Hélas ! hélas ! la grande ville, Babylone, la ville forte ! car en une seule heure son jugement est venu… En une seule heure (*), tant de richesses ont été changées en désolation ! » (v. 10 et 16).

(*) Il ne s’agit pas d’une heure, au sens littéral, mais cela signifie que le jugement, quoique exécuté en plusieurs étapes, sera rapide.


En revanche, le ciel se réjouit de ce châtiment. « Ô ciel, réjouis-toi sur elle, et vous les saints et les apôtres et les prophètes ! car Dieu a jugé votre cause en tirant vengeance d’elle » (v. 20). Et le ciel répond à cette invitation : « Après ces choses, j’ouïs comme une grande voix d’une foule nombreuse dans le ciel, disant : Alléluia ! Le salut et la gloire et la puissance de notre Dieu ! car ses jugements sont véritables et justes ; car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa fornication, et il a vengé le sang de ses esclaves, le réclamant de sa main. Et ils dirent une seconde fois : Alléluia ! Et sa fumée monte aux siècles des siècles » (Apoc. 19:1-3).

Mais la disparition de Babylone ne fera qu’aggraver les conséquences de l’apostasie. L’énergie d’erreur (2 Thess. 2) amènera l’idolâtrie. Alors que la fausse église se réclamait encore du nom de Dieu et de Christ, l’homme de péché, l’Antichrist, mettra entièrement de côté tout ce qui est un objet de vénération et se dressera contre l’autorité divine, en vue de se faire adorer lui-même comme étant Dieu. Ce sera donc pire que le mystère d’iniquité, ce sera la « séduction d’injustice » opérée par l’inique, à l’aide de miracles et prodiges de mensonge, pour égarer les hommes. Pour finir, les nations se dresseront, sous la conduite de l’Antichrist et du chef de l’Empire romain, pour faire la guerre à Christ.


4.3.1.10 - Sortez du milieu d’elle

Nous aimerions attirer l’attention du lecteur sur une exhortation solennelle adressée aux croyants en rapport avec Babylone : « Et j’ouïs une autre voix venant du ciel, disant : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies : car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités » (Apoc. 18:4, 5). Certes, cet avertissement prophétique s’adresse en premier lieu aux croyants qui se trouveront alors sur la terre, soit parmi Israël, soit parmi les nations. Ceux-ci pourraient être tentés, pour échapper aux persécutions, de chercher un refuge au sein de cette organisation, mais le Seigneur les mettra en garde contre ce danger, en les adjurant de « sortir du milieu d’elle » afin de ne point se souiller et, d’autre part, pour échapper au jugement qui atteindra Babylone.

Mais il y a là, incontestablement aussi, un avertissement pour le peuple de Dieu aujourd’hui encore sur la terre, puisque la corruption qui caractérisera Babylone existe déjà, tant en matière ecclésiastique que dans le monde en général. « Sortez du milieu d’elle, mon peuple ! » — voilà les paroles solennelles que le Seigneur adresse à tous les siens, où qu’ils se trouvent, les invitant à fuir le péché et la corruption du monde symbolisé par Babylone. Nous pouvons rapprocher de cette exhortation celle que l’apôtre Paul adressait aux Corinthiens : « Quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ?… C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai ; et je vous serai pour père, et vous, vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-puissant. Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Cor. 6:14-18 ; 7:1).

Sortir de Babylone, c’est se séparer de tous ceux qui marchent dans le péché, mais c’est surtout fuir le mal sous toutes ses formes, en nous et autour de nous. Veuille le Seigneur agir dans nos coeurs par le Saint Esprit, afin que nous réalisions toujours davantage cette séparation du mal, cette sanctification quotidienne, sans lesquelles notre témoignage est nul et notre vie spirituelle, stérile et sans force !


4.3.2 - Chapitre 2 — L’Empire romain


4.3.2.1 - Sa reconstitution

Quelque temps après l’enlèvement de l’Église (*), l’Empire romain sera reconstitué sous l’autorité d’un chef tenant son pouvoir de Satan. Nous allons étudier, surtout à la lumière des prophéties de Daniel et de l’Apocalypse, l’origine, les caractères et l’activité de cet homme et du système politique sur lequel il étendra sa domination.

(*) Aucun passage ne permet de préciser plus exactement.


Précisons, tout d’abord, autant que cela est possible, la chronologie des faits : Ceux-ci se passent durant la soixante-dixième semaine d’années dont il est parlé en Daniel 9:20 à 27. Cette dernière période commence au moment où le chef de l’Empire romain conclura une alliance avec la masse apostate du peuple juif (Dan. 9:27). La reconstitution de l’Empire devra donc être quelque peu antérieure. L’extension du pouvoir de son chef s’opérera par étapes, mais avec rapidité. Au début, il tolérera l’emprise religieuse de la fausse église, Babylone la grande, puis l’anéantira. Cet événement se situera déjà avant le milieu de la semaine (*), époque où le dictateur fera cesser les sacrifices juifs et se liguera avec l’Antichrist pour se faire adorer. Le milieu de cette semaine marque aussi le début de la grande tribulation, qui durera trois ans et demi. Pendant cette dernière demi-semaine apparaît un troisième personnage, l’Assyrien, dont nous nous occuperons dans un prochain chapitre. Vers la fin de cette période, le chef de l’Empire romain tentera de faire la guerre à Dieu et à Christ, mais sera pris et jeté vivant dans l’étang de feu et de soufre, en même temps que l’Antichrist. Ses armées seront détruites à Armagédon par le Seigneur lui-même. Ce dernier acte se situe à la fin de cette soixante-dixième semaine et sera suivi de l’établissement du règne millénaire.

(*) En Apoc. 17, on voit que dix rois s’associent au chef de l’Empire romain pour détruire Babylone. Cela doit avoir lieu au cours de la première demi-semaine, puisque par la suite le dictateur abat trois rois et affermit ainsi son pouvoir, qui atteint sa plénitude au début de la dernière demi-semaine.


4.3.2.2 - Origine diabolique de l’empire romain

L’origine de la bête romaine. Voici comment l’apôtre Jean décrit la vision qu’il eut, alors qu’il se tenait sur le rivage de la mer : « Je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème… ; et le dragon lui donna sa puissance et son trône, et un grand pouvoir… La bête que tu as vue était, et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la perdition » (Apoc. 13:1, 2 ; 17:8).

Ces passages font ressortir l’origine diabolique de ce futur empire et de son chef. Tout d’abord, les attributs de cette bête sont les mêmes que ceux du dragon roux (chap. 12) qui est Satan : « … un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes » (v. 3). Cette bête monte de l’abîme ; elle tient son pouvoir du dragon lui-même, qui lui donne « sa puissance et son trône » ; enfin, elle porte des noms de blasphème sur chacune de ses sept têtes, ce qui manifeste bien son origine satanique.

Aussi n’est-il pas surprenant que les caractères et l’activité de cette bête soient conformes à son origine, c’est-à-dire foncièrement opposés à Dieu.

La bête est vue aussi montant de la mer, symbole de l’état de confusion et d’anarchie qui régnera en Occident au moment où s’instaurera ce pouvoir impérial. Il est vraisemblable que les hommes seront d’autant plus disposés à se soumettre à l’autorité de la bête que celle-ci rétablira l’ordre social après une période de troubles et de bouleversements politiques qui se produiront au cours de la dernière demi-semaine d’années.

Aucun passage de la Parole ne précise exactement les pays qui feront partie de cet empire. Nous lisons seulement en Apocalypse 13, v. 7 et suivants : « Et il lui fut donné pouvoir sur toute tribu et peuple et langue et nation. Et tous ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n’a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau immolé, lui rendront hommage ». Puisqu’il s’agit de la restauration d’un empire existant autrefois, il faut admettre que la plupart des peuples ayant subi la domination romaine seront inclus dans ce vaste système politique de la fin des temps. Toutefois, ce ne sont pas seulement les peuples qui ont vécu à l’intérieur des frontières de l’ancien Empire romain qui constitueront le futur empire, mais certainement tous ceux aussi qui en sont issus et représentent la même civilisation, tels les peuples de langue anglaise et de langues néolatines du monde entier (Amérique du Nord et du Sud, Australie, etc.). De ce fait, on peut bien dire que le chef de ce futur empire exercera son pouvoir « sur toute tribu et peuple et langue et nation ». Mais cela n’exclut pas qu’un autre bloc politique, tout aussi redoutable, existera à côté de l’Empire romain et entrera en conflit avec lui, ainsi que nous le verrons dans le chapitre que nous consacrerons à ce personnage que la Parole appelle l’Assyrien. Il y aura, en fait, un bloc occidental englobant les pays méditerranéens et anglo-saxons et un bloc oriental groupant à peu près le monde communiste actuel, l’Asie, peut-être aussi l’Islam et l’Afrique. Nous assistons aujourd’hui déjà à la mise en place des « pions » sur ce vaste échiquier mondial et cela nous montre combien est proche le retour du Seigneur.

Le fait qu’il s’agit bien d’un empire existant jadis est confirmé par le verset 3 du passage que nous venons de citer, où la Parole signale que l’une des têtes de la bête (c’est-à-dire l’une des formes du pouvoir romain) avait été frappée à mort, puis la plaie mortelle avait été guérie. D’autre part, le chapitre 17 dit encore, en parlant de la même bête, que les habitants de la terre « s’étonneront, en voyant la bête, — qu’elle était, et qu’elle n’est pas, et qu’elle sera présente » (v. 8). Effectivement, l’Empire romain d’Occident s’est effondré, au 5° siècle (*), sous les coups des invasions barbares. La résurrection de cet empire frappera le monde d’étonnement. C’est compréhensible, car l’histoire n’offre aucun autre exemple d’un empire qui, après avoir disparu, réapparaît avec une puissance dépassant de beaucoup celle, pourtant déjà considérable, dont il disposait jadis. Il y aura là vraiment de quoi susciter l’admiration des hommes, d’autant plus que cette résurrection s’accompagnera de manifestations de la puissance de Satan. Tout cela contribuera à entraîner les hommes à se soumettre aveuglément à ce nouveau chef politique, tout comme ils se laisseront séduire par l’Antichrist sur le plan religieux.

(*) L’Empire romain d’Orient a subsisté jusqu’en 1453.


Que symbolisent les dix cornes de cette bête, surmontées chacune d’un diadème ? Le chapitre 17 en donne l’explication : « Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu de royaume, mais reçoivent pouvoir comme rois, une heure, avec la bête. Ceux-ci ont une seule et même pensée, et ils donnent leur puissance et leur pouvoir à la bête » (v. 12, 13). Ces dix rois qui n’ont pas encore reçu de royaume représentent, tout comme les orteils de la statue de Daniel, les États qui constitueront l’Empire romain. Jusqu’ici, ils n’ont pas existé en même temps que la bête, mais quand le moment fixé par Dieu sera venu, ils recevront « pouvoir comme rois, une heure, avec la bête », c’est-à-dire qu’ils régneront tous en même temps qu’elle, mais durant une brève période, la bête détenant le pouvoir impérial. On peut en inférer que les dix États en question seront fédérés sous l’égide de l’empereur qui possédera un pouvoir considérable, puisque les dix rois auront une seule et même pensée et donneront leur puissance et leur pouvoir à la bête. Ils renonceront, de fait, à leur souveraineté nationale en matière politique, économique et militaire.

Une autre caractéristique de la bête est qu’elle a sept têtes portant des noms de blasphème. Le chapitre 17 donne une explication de ce symbole : « Les sept têtes sont sept montagnes où la femme (= Babylone la grande) est assise ; ce sont aussi sept rois : cinq sont tombés ; l’un est ; l’autre n’est pas encore venu, et, quand il sera venu, il faut qu’il demeure un peu de temps. Et la bête qui était et qui n’est pas, est, elle aussi, un huitième, et elle est d’entre les sept, et elle s’en va à la perdition » (v. 9-11). Le symbole des sept têtes a donc une double signification, savoir :

(*) Nous ignorons s’il s’agit d’une forme de gouvernement passée de la Rome antique, ou encore à venir.


4.3.2.3 - Caractères de l’empire romain et de son chef

La Parole se sert de l’image d’une bête — et il s’agit d’une bête féroce — pour désigner un système politique ou un homme qui refuse de reconnaître Dieu. La bête n’a pas conscience de l’existence d’un être supérieur tout-puissant, quoique invisible. Tel sera le caractère fondamental de l’Empire romain et de son chef : il rejettera entièrement Dieu, ne reconnaîtra aucunement son autorité et finira même par lui faire la guerre.

Cette bête nous est décrite, en Apocalypse et en Daniel. « Et la bête que je vis était semblable à un léopard, et ses pieds comme ceux d’un ours, et sa bouche comme la bouche d’un lion » (Apoc. 13:2). « Après cela je vis dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer : elle dévorait et écrasait ; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds » (Dan. 7:7, 19). Fait surprenant, la bête monstrueuse vue par l’apôtre Jean est une combinaison des trois bêtes féroces décrites dans la vision de Daniel 7. Satan réunira, dans ce dernier produit de sa malfaisance, les caractères de ruse, de force, de férocité des trois premières bêtes. La vision de Daniel concerne l’Empire romain aussi bien dans le passé que dans l’avenir. Cependant, la cruauté et la férocité de la bête décrite par Daniel caractérisent surtout le futur Empire romain, car la puissance de Satan se manifestera alors dans toute sa furie. « Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps » (Apoc. 12:12).

Un autre caractère de la bête, en relation aussi avec son origine satanique, s’exprime par les blasphèmes qu’elle profère. « Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes… Et elle ouvrit sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son habitation, et ceux qui habitent dans le ciel » (Apoc. 13:5, 6). Daniel mentionne, lui aussi, les « grandes choses » (c’est-à-dire les blasphèmes) que proférait la « petite corne », image du chef de l’Empire romain (7:8, 20). Ces blasphèmes attireront d’ailleurs le châtiment de Dieu sur lui et sur ses peuples (v. 11). Ils seront proférés contre Dieu et contre les saints qui seront dans le ciel — expression de la haine et de la rage impuissante qui remplira le coeur de cet instrument de Satan. Rage impuissante à l’égard des saints célestes, car ceux-ci seront à l’abri de sa méchanceté. Mais, ainsi que nous le verrons, il n’en sera pas de même pour les saints qui seront encore sur la terre et contre lesquels la bête exercera de terribles persécutions.

Un autre trait de ce dictateur sera son intelligence et son habileté extraordinaires. Voici ce que Daniel rapporte : « Je considérais les cornes, et voici une autre corne, petite, monta au milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant elle. Et voici, il y avait à cette corne des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche proférant de grandes choses » (7:8). On peut en conclure que ce chef sera d’origine obscure, s’emparera du pouvoir par l’intrigue et abattra trois des dix États. Les « yeux d’homme » expriment l’idée d’une intelligence exceptionnelle qui lui permettra de discerner et d’analyser les événements avec une grande habileté (*) et d’accaparer peu à peu tout le pouvoir.

(*) Cependant cette intelligence humaine — « des yeux d’homme » — ne sera en rien comparable à la perfection qui caractérisera la vision de l’Agneau qui nous est présenté dans l’Apocalypse comme ayant sept yeux.


L’intelligence et l’habileté de cet homme et les paroles qu’il proférera seront telles qu’elles plongeront l’humanité incrédule dans une admiration qui dégénérera rapidement en un véritable culte. D’ailleurs, les hommes n’ignoreront point que la bête tiendra son pouvoir de Satan. « Et la terre tout entière était dans l’admiration de la bête. Et ils rendirent hommage au dragon, parce qu’il avait donné le pouvoir à la bête ; et ils rendirent hommage à la bête, disant : Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? Et il lui fut donné une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes… Et tous ceux qui habitent sur la terre, dont le nom n’a pas été écrit, dès la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau immolé, lui rendront hommage » (Apoc. 13:3 et suiv.).

À son orgueil blasphématoire et insensé, cet homme ajoutera la fourberie, la cruauté et le culte de la force brutale. Sa fourberie, il la manifestera notamment en violant, au bout de trois ans et demi, l’alliance qu’il aura conclue avec les Juifs et, d’autre part, en pillant et détruisant la fausse église après l’avoir flattée. Sa cruauté se déchaînera principalement contre les saints juifs et gentils qu’il persécutera et fera mourir par milliers. Son culte de la force et de la violence le poussera à briser tous ceux qui tenteront de faire obstacle à ses desseins. Il « dévorera toute la terre, et la foulera aux pieds et l’écrasera » (Dan. 7:23). Il abattra trois rois (trois États) et subjuguera les autres.

Tels sont les caractères dominants de ce personnage diabolique et du système politique qu’il instaurera.


4.3.2.4 - Activité politique et religieuse

Son activité se déploiera à la fois sur le plan politique et sur le plan religieux.

Il s’appliquera, comme nous l’avons déjà montré, à affermir et à étendre progressivement sa domination sur les États issus de l’ancien empire. C’est pourquoi Daniel le présente sous l’aspect d’une petite corne qui grandit et monte toujours plus, et l’emporte, pour finir, sur les autres cornes (7:20).

Un autre acte important dont la prophétie nous entretient est l’alliance qu’il conclura avec les Juifs pour sept ans, tout au début de son accession au pouvoir. « Et il confirmera une alliance avec la multitude pour une semaine » (Dan. 9:27). Sans doute se présentera-t-il à eux comme leur protecteur et les aidera-t-il à rentrer en Palestine. Mais Dieu condamne cette alliance en ces termes : « C’est pourquoi, écoutez la parole de l’Éternel, hommes moqueurs, qui gouvernez ce peuple qui est à Jérusalem. Car vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol : si le fléau qui inonde (= l’Assyrien) passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous ; car nous avons fait du mensonge notre abri, et nous nous sommes cachés sous la fausseté… Votre alliance avec la mort sera abolie, et votre pacte avec le shéol ne subsistera pas. Lorsque le fléau qui inonde passera, vous serez foulés par lui » (És. 28:14 et suiv.).

De fait, le chef de l’Empire romain rompra cette alliance au bout de trois ans et demi. « Et au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande » (Dan. 9:27). Les Juifs rentrés en Palestine auront reconstruit le temple, rétabli les sacrifices et les ordonnances judaïques, ce qui n’implique aucunement qu’ils se seront convertis. Tout au contraire, à part quelques âmes pieuses, ils seront dans un état d’apostasie et de révolte contre Dieu. Mais voici qu’au milieu de la semaine, le dictateur romain change brusquement d’attitude envers eux, suspend toutes les ordonnances du culte juif et fait cesser les sacrifices. Daniel ajoute : « Et il pensera changer les saisons (c’est-à-dire les jours fériés) et la loi (les commandements de la loi de Moïse), et elles seront livrées en sa main jusqu’à un temps et des temps et une moitié de temps (= trois ans et demi) » (7:25).

C’est à ce moment, dramatique entre tous, qu’apparaîtra l’Antichrist (*), l’homme de péché, qui se liguera avec la bête romaine pour persécuter et anéantir si possible les saints. C’est le début de la grande tribulation, de ces mille deux cent soixante jours d’épreuves sans nom qui s’abattront sur le peuple de Dieu. Durant cette période, le dictateur manifestera, dans toute leur plénitude, les caractères que nous avons décrits : orgueil, haine contre Christ et les siens, cruauté, blasphèmes. C’est pourquoi, aussi bien le prophète Daniel que l’Apocalypse mettent l’accent sur cette dernière demi-semaine. « Et le pouvoir d’agir (c’est-à-dire d’accomplir de grands exploits) quarante-deux mois lui fut donné » (Apoc. 13:5). On peut en conclure que l’essentiel de l’activité du dictateur se déroulera durant cette période de quarante-deux mois ou mille deux cent soixante jours (**). Ce sera d’ailleurs à ce moment-là que Satan sera chassé du ciel et précipité sur la terre avec ses anges, à la suite de la bataille qu’il livrera dans le ciel contre Michel et ses anges. Et la Parole ajoute : « Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous, étant en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps » (Apoc. 12:12). Ce « peu de temps » dont Satan disposera, ce sera cette période de mille deux cent soixante jours, durant laquelle l’abomination de la désolation (= l’idole qui désole, c’est-à-dire la statue de la bête romaine) sera placée dans le temple à Jérusalem. Ce sera aussi une période de persécutions effroyables. Mais ces persécutions atteindront également les rachetés des autres nations. « Je regardais ; et cette corne fit la guerre contre les saints, et prévalut contre eux… Et il consumera les saints des lieux très-hauts » (Dan. 7:21, 25). « Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre » (Apoc. 13:7). Dans cette rage persécutrice, le dictateur romain trouvera un auxiliaire tout aussi cruel que lui en la personne de l’Antichrist : celui-ci dressera dans le temple de Jérusalem une statue de l’empereur, à laquelle il donnera la respiration et la parole ; tous ceux qui refuseront de se prosterner devant elle seront mis à mort (v. 14 et suiv.). Il y aura donc une association étroite entre le dictateur politique et l’agent religieux de Satan, l’Antichrist. Celui-ci exercera tout le pouvoir du premier en sa présence et contraindra les hommes à rendre hommage à la bête romaine et à accepter sa marque sur leur main ou sur leur front. Cette collaboration dans le mal se poursuivra jusqu’au jugement final que le Seigneur exécutera lui-même au moment où les deux acolytes s’apprêteront à lui faire la guerre, à Armagédon. Ce jugement sera suivi peu après de l’établissement du règne millénaire et aura donc pour effet de transférer le pouvoir des mains de l’homme à celles de Christ. Cette vérité est confirmée par plusieurs passages du prophète Daniel et de l’Apocalypse. Nous en citerons les principaux.

(*) Certes, il exercera son pouvoir avant la dernière demi-semaine déjà, mais pas encore dans sa plénitude de méchanceté.

(*) En Daniel 12:11, cette durée est portée à 1290 jours, soit trente jours de plus, complément nécessaire à la purification qui devra suivre la fin de l’abomination (= l’idole) qui cause la désolation. La pleine paix ne sera rétablie qu’après 1335 jours. C’est pourquoi il est dit : « Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente-cinq jours ! » (12:12).


« Je vis jusqu’à ce que les trônes furent placés, et que l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure ; son trône était des flammes de feu ; les roues du trône, un feu brûlant. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement s’assit, et les livres furent ouverts. Je vis alors, à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait, — je vis jusqu’à ce que la bête fut tuée ; et son corps fut détruit et elle fut livrée pour être brûlée au feu… Et voici, quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (Dan. 7:9 et suiv.).

En Daniel 2, les mêmes événements solennels sont annoncés sous la forme de la pierre qui se détache sans mains, frappe la statue dans ses pieds, la détruit entièrement et devient une grande montagne qui remplit toute la terre. Voici l’interprétation de ce fait : « Et dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple ; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours » (2:44).

Enfin, l’Apocalypse contient aussi une description saisissante du jugement de la bête romaine. Le ciel est ouvert ; le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs en sort, monté sur un cheval blanc et suivi de ses armées. Il s’apprête à fouler « la cuve du vin de la fureur de la colère de Dieu le Tout-puissant ». Le chef de l’Empire romain est là, assisté des rois de la terre et de son complice, l’Antichrist, avec leurs armées innombrables, assemblées pour combattre contre Christ et ses saints. « Et la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles par lesquels il avait séduit ceux qui recevaient la marque de la bête, et ceux qui rendaient hommage à son image. Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre ; et le reste fut tué par l’épée de celui qui était assis sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche, et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair » (Apoc. 19:19 et suiv.).

Ainsi finissent le chef de l’Empire romain et son allié, l’Antichrist. Les versets suivants annoncent que le diable sera ensuite lié et enfermé dans l’abîme pendant mille ans, durant lesquels les bénédictions du millénium s’étendront à la terre entière, sous le sceptre de Christ, sujet dont nous nous entretiendrons dans la quatrième partie de ce travail. Mais nous examinerons auparavant plus en détail d’une part ce que la Parole révèle concernant ce rassemblement des nations en révolte contre Dieu et contre Christ et, d’autre part, les jugements dont elles seront frappées et qui amèneront la délivrance d’Israël et la fin du « temps des nations ».

Il n’est pas douteux que certains événements actuels annoncent les grands faits prophétiques dont nous venons de nous entretenir. Les nations occidentales s’efforcent de se fédérer, de sorte qu’elles n’auront pas de peine à se soumettre à l’autorité d’un chef unique, lorsque celui-ci se présentera et s’imposera à elles par sa supériorité diabolique dans tous les domaines. Sur le plan religieux, nous pouvons constater une évolution tout aussi évidente et qui aboutira à l’apostasie et à l’idolâtrie finales. Si Dieu nous en avertit, c’est afin que nous soyons vigilants et que nous évitions de nous associer à ce présent siècle. Qu’il veuille nous en préserver par sa grâce ! Nous avons donc le devoir de prêter attention à la parole prophétique et de retenir ce solennel avertissement : « Voici, je viens comme un voleur. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte » (Apoc. 16:15).


4.3.3 - Chapitre 3 — L’heure de l’épreuve et le temps de la colère

4.3.3.1 - L’heure de l’épreuve et le temps de la colère

La période qui suivra l’enlèvement de l’Église sera marquée, aussi bien pour Israël que pour les nations, par des jugements terribles. Il y a lieu, toutefois, de distinguer entre l’heure de l’épreuve qui commencera sitôt après la venue du Seigneur et le jour de la colère, qui débutera au moment où Satan sera précipité du ciel sur la terre et séduira la terre habitée tout entière (Apoc. 12:7-12). Les jugements de cette seconde période seront plus rigoureux et implacables que ceux qui frapperont les hommes durant la première. Cependant, même pendant l’heure de l’épreuve, leurs souffrances seront si épouvantables qu’ils s’imagineront que le jour de la colère de l’Agneau est arrivé (Apoc. 6:17).

L’heure de l’épreuve est décrite dans plusieurs passages, notamment en Matthieu 24 : « Et vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres… Nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume ; et il y aura des famines, et des pestes, et des tremblements de terre en divers lieux. Mais toutes ces choses sont un commencement de douleurs » (v. 6, 7). De faux christ s’élèveront et séduiront plusieurs ; les fidèles du résidu juif seront haïs des nations, persécutés et mis à mort. Il en sera d’ailleurs de même, comme nous le verrons plus loin, de ceux qui, d’entre les nations, auront reçu l’évangile du royaume qui sera alors prêché partout pour servir de « témoignage à toutes les nations » (v. 14).

Cette période, que le Seigneur appelle « un commencement de douleurs » comprend les jugements annoncés dans l’Apocalypse sous le symbole des sept sceaux et des six premières trompettes (chap. 6 à 9), que nous étudierons plus loin (point 4.3.3.4). Sa durée exacte n’est pas indiquée, alors que celle du temps de la colère est précisée par plusieurs passages (trois ans et demi, quarante-deux mois ou mille deux cent soixante jours).

La période qui suit l’heure de l’épreuve est, pour les nations, le temps de la colère de Dieu ; pour le résidu, elle est celle de la grande tribulation qui s’achèvera néanmoins par sa délivrance, lors de l’apparition du Seigneur en gloire. La colère de Dieu est déjà « révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes » (Rom. 1:18). Elle sera exécutée « dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu » (Rom. 2:5). Elle comprend les jugements décrits en Apocalypse 10 à 19 et commence au moment où Satan est précipité sur la terre (Apoc. 12:7-12). Sachant qu’il a peu de temps, et rempli de fureur parce qu’il vient d’être chassé du ciel, il s’efforcera de conserver son pouvoir dans ce monde en s’opposant à Dieu par l’anéantissement des saints. Il se servira, à cet effet, de trois instruments, savoir la bête romaine, l’Antichrist et Babylone la grande.


4.3.3.2 - Ce qu’en dit l’Écriture

Méditons maintenant les passages se rapportant à ces dramatiques événements.

Le prophète Ésaïe en fait mention à plusieurs reprises. « Car il y a un jour de l’Éternel des armées contre tout ce qui s’exalte et s’élève, et contre tout ce qui est haut, et ils seront abaissés… Et la hauteur de l’homme sera humiliée, et l’élévation des hommes sera abaissée, et l’Éternel seul sera haut élevé en ce jour-là ; et les idoles disparaîtront entièrement. Et on entrera dans les cavernes des rochers, et dans les trous de la terre, de devant la terreur de l’Éternel, et de devant la magnificence de sa majesté, quand il se lèvera pour frapper d’épouvante la terre » (2:12 et suiv.). « Hurlez, car le jour de l’Éternel est proche ! Il viendra comme une destruction du Tout-puissant. C’est pourquoi toutes les mains deviendront lâches, et tout coeur d’homme se fondra, et ils seront terrifiés ; les détresses et les douleurs s’empareront d’eux… Voici, le jour de l’Éternel vient, cruel, avec fureur et ardeur de colère, pour réduire la terre en désolation ; et il en exterminera les pécheurs … et je punirai le monde pour sa malice, et les méchants pour leur iniquité ; et je ferai cesser l’orgueil des arrogants… C’est pourquoi je ferai trembler les cieux, et la terre sera ébranlée de sa place, par la fureur de l’Éternel des armées et au jour de l’ardeur de sa colère » (13:6 et suiv.). « La frayeur, et la fosse, et le piège, sont sur toi, habitant du pays. Et il arrivera que celui qui s’enfuit de devant le cri de la frayeur tombera dans la fosse, et celui qui monte du milieu de la fosse sera pris dans le piège ; car les fenêtres d’en haut sont ouvertes, et les fondements de la terre sont ébranlés. La terre est entièrement brisée, la terre se dissout, la terre est violemment remuée ; la terre chancelle, elle chancelle comme un homme ivre ; elle est ébranlée deçà et delà comme une cabane pour la nuit ; sa transgression pèse sur elle : elle tombera et ne se relèvera pas. Et il arrivera, en ce jour-là, que l’Éternel visitera l’armée d’en haut, en haut, et les rois de la terre, sur la terre » (24:17-21). « Et les peuples seront comme la pierre à chaux dans l’ardeur de la fournaise ; comme des épines coupées, ils seront consumés dans le feu » (33:12). « L’Éternel sortira comme un homme vaillant, il éveillera la jalousie (ou il excitera son ardeur) comme un homme de guerre ; il criera, oui, il jettera des cris ; contre ses ennemis il se montrera vaillant. Dès longtemps je suis resté tranquille, je me suis tu, je me suis contenu. Je crierai comme une femme qui enfante, je soufflerai et je serai haletant à la fois. Je dévasterai les montagnes et les collines, et je dessécherai toute leur verdure » (42:13-15). « Je tirerai vengeance, et je ne rencontrerai personne qui m’arrête » (47:3). « L’Éternel… verse sa colère sur ses ennemis. Car voici, l’Éternel viendra en feu, et ses chars, comme un tourbillon, pour rendre sa colère avec fureur, et son tancement avec des flammes de feu. Car l’Éternel entrera en jugement avec toute chair, par le feu, et par son épée ; et les tués de l’Éternel seront en grand nombre » (66:14-16).

Il ne nous est pas possible de citer tous les passages des prophètes de l’Ancien Testament, relatifs à ce « jour de l’Éternel ». Nous nous bornerons à en reproduire encore quelques-uns parmi les plus expressifs. « Voici, une tempête de l’Éternel, la fureur, est sortie ; une tempête continue (ou qui balaie tout) fondra sur la tête des méchants. L’ardeur de la colère de l’Éternel ne retournera pas, jusqu’à ce qu’il ait exécuté et accompli les pensées de son coeur. À la fin des jours vous le comprendrez » (Jér. 30:23, 24). « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Hurlez : Ah ! quel jour ! Car le jour est proche ; oui, le jour de l’Éternel est proche, un jour de nuées : c’est le temps des nations » (Ézéchiel 30:2, 3). « Hélas, quel jour ! car le jour de l’Éternel est proche, et il viendra comme une destruction du Tout-puissant… Que tous les habitants du pays tremblent, car le jour de l’Éternel vient ; car il est proche… un jour de nuées et d’épaisses ténèbres… Devant lui un feu dévore, et une flamme brûle après lui… et rien ne lui échappe… Les peuples en sont angoissés, tous les visages pâlissent… Et l’Éternel fait entendre sa voix devant son armée, car son camp est très grand, car l’exécuteur de sa parole est puissant ; parce que le jour de l’Éternel est grand et fort terrible ; et qui peut le supporter ? » (Joël 1:15 ; 2:1 et suiv.). « Malheur à vous qui désirez le jour de l’Éternel ! À quoi vous servira le jour de l’Éternel ? Il sera ténèbres, et non lumière, comme si un homme s’enfuyait de devant un lion, et qu’un ours le rencontrât… Le jour de l’Éternel n’est-il pas ténèbres, et non lumière ? et profonde obscurité, et non splendeur ? » (Amos 5:18-20). « Le grand jour de l’Éternel est proche ; il est proche et se hâte beaucoup. La voix du jour de l’Éternel : l’homme vaillant poussera là des cris amers. Ce jour est un jour de fureur, un jour de détresse et d’angoisse, un jour de dévastation et de ruine, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres, un jour de trompette et de retentissement contre les villes fortifiées et contre les créneaux élevés. Et je ferai venir la détresse sur les hommes, et ils marcheront comme des aveugles ; car ils ont péché contre l’Éternel ; et leur sang sera répandu comme de la poussière, et leur chair comme de la fiente ; leur argent ni leur or ne pourra les délivrer au jour de la fureur de l’Éternel ; et par le feu de sa jalousie tout le pays sera dévoré, car il consumera, oui, il détruira subitement tous les habitants du pays » (Soph. 1:14-18). « Car voici, le jour vient, brûlant comme un four ; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine, ni branche » (Mal. 4:1).

Tous ces passages font ressortir avec une certitude absolue que le monde va au-devant de châtiments épouvantables. L’heure de la grâce sera définitivement passée, « l’année de la faveur de l’Éternel » que le Seigneur Jésus était venu proclamer fera place alors au « jour de la vengeance de notre Dieu » (És. 61:2 ; Luc 4:17-19). Lorsqu’il lut ce texte dans la synagogue de Nazareth, il s’arrêta au milieu de la phrase, parce qu’il venait en effet ouvrir « l’année » de la grâce, cette année qui dure depuis deux millénaires. Ceux qui auront rejeté la grâce, et seront encore sur la terre lors du retour du Seigneur, connaîtront le terrible jour de la vengeance divine.


4.3.3.3 - Jugements exécutés par le Seigneur lui-même

Or, ces jugements seront exécutés par le Seigneur Jésus lui-même. Dans l’Apocalypse, l’apôtre Jean décrit une scène solennelle où il voit un livre scellé de sept sceaux, que l’on doit rompre successivement et dont chacun représente un jugement ou un décret divin. « Et je vis dans la droite de celui qui était assis sur le trône (c’est-à-dire Dieu lui-même), un livre, écrit au-dedans et sur le revers (il s’agissait d’un rouleau de parchemin, écrit sur les deux faces), scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, proclamant à haute voix : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? Et personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder. Et moi, je pleurais fort, parce que nul n’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder » (5:1-4). Ouvrir le livre et en rompre les sceaux signifie : exécuter les jugements prononcés par Dieu contre la terre. Un seul est jugé digne : « Et l’un des anciens me dit : Ne pleure pas ; voici, le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. Et je vis au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre. Et il vint et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. Et lorsqu’il eut pris le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre anciens tombèrent sur leurs faces devant l’Agneau, ayant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantent un cantique nouveau, disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (v. 5-10).

Deux titres confèrent à Christ le droit d’exécuter ces jugements : Dieu et Fils de l’homme. Sa divinité est mise en évidence, dans ce passage, par le fait que l’Agneau se tient au milieu du trône (comme Dieu lui-même), qu’il a sept cornes (perfection de puissance) et sept yeux qui sont les sept Esprits de Dieu (omniscience par la plénitude de l’Esprit). Aussi, tous lui rendent hommage. D’autre part, il est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux parce qu’il a été immolé et a acheté pour Dieu par son sang des hommes de toute tribu : ayant donné sa vie pour les pécheurs, il a acquis le droit de juger ceux qui auront méprisé son amour et rejeté son sacrifice. « Car aussi le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père… » et « le Père… lui a donné autorité de juger aussi, parce qu’il est fils de l’homme » (Jean 5:22 et suiv.). Nous assistons, en Apocalypse 5, à une anticipation de la louange qui montera du coeur de tous les rachetés vers le Seigneur au moment où il se lèvera pour frapper ses ennemis.

Ainsi, de même que Dieu ne sauve les pécheurs que par le Fils, il ne les jugera aussi que par lui. « Et il nous a commandé de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui qui est établi de Dieu juge des vivants et des morts. Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés… Dieu… a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts » (Actes 10:42, 43 ; 17:31. Cf. également le passage déjà cité de Jean 5).

Avant d’aller plus avant, que le lecteur veuille bien s’arrêter un instant et se poser cette question solennelle : « Ai-je trouvé en Jésus mon Sauveur ou devrai-je le rencontrer un jour comme mon Juge ? » S’il ne peut répondre avec une entière certitude qu’il est un racheté du Seigneur, qu’il n’attende pas un instant de se jeter dans ses bras, tel qu’il est, pendant qu’il en est encore temps. « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs » (Héb. 3:7). Vous entendez sa voix, cher lecteur, en cet instant même par ces lignes que vous parcourez. Refuserez-vous d’écouter cet appel ? Endurcirez-vous votre coeur ? Irez-vous au-devant du Juge implacable, implacable alors parce que vous aurez méprisé le salut qu’il vous offre gratuitement ? Écoutez ce que dit la Parole : « Car si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement et l’ardeur d’un feu qui va dévorer les adversaires… Car nous connaissons celui qui a dit : « À moi la vengeance ; moi je rendrai, dit le Seigneur » ; et encore : « Le Seigneur jugera son peuple ». C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Héb. 10:26 et suiv.).


4.3.3.4 - Effets des jugements sur les nations

Considérons maintenant de plus près la nature et les effets des jugements que le Seigneur exercera contre les nations. Pour cela, nous étudierons les passages de l’Apocalypse relatifs aux sceaux, aux trompettes et aux coupes, chacun au nombre de sept. Il importe de bien saisir que ces divers jugements ne constituent pas des événements qui se substituent les uns aux autres. Les sceaux, les trompettes et les coupes annoncent des jugements nouveaux, mais qui n’annulent pas les conséquences des précédents. Ainsi, chaque nouvelle plaie entraîne une aggravation de la situation. C’est ce qui explique aussi que l’on retrouve, dans les châtiments annoncés par les trompettes et les coupes, des descriptions rappelant les jugements introduits par l’ouverture des sceaux.

Lorsque l’Agneau ouvre le premier sceau du livre, Jean voit apparaître « un cheval blanc, et celui qui était assis dessus ayant un arc ; et une couronne lui fut donnée, et il sortit en vainqueur et pour vaincre » (6:2). Il s’agit manifestement d’un puissant conquérant (*) qui subjuguera plusieurs nations, par une succession de victoires, apparemment faciles.

(*) Peut-être le chef de l’Empire romain.


Cependant, la paix est enlevée de la terre. « Et lorsqu’il ouvrit le second sceau… il sortit un autre cheval, roux ; et il fut donné à celui qui était assis dessus d’ôter la paix de la terre, et de faire qu’ils s’égorgeassent l’un l’autre ; et il lui fut donné une grande épée » (v. 3, 4). La couleur du cheval symbolise le sang, le carnage. Les hommes, livrés à Satan, s’entr’égorgent, ce qui laisse entendre qu’il y aura des guerres extrêmement meurtrières et aussi des guerres civiles.

Après la guerre, la famine : « Et lorsqu’il ouvrit le troisième sceau… voici un cheval noir ; et celui qui était assis dessus, ayant une balance dans sa main. Et j’ouïs comme une voix au milieu des quatre animaux, disant : Une mesure (*) de froment pour un denier, et trois mesures d’orge pour un denier (**) ; et ne nuis pas à l’huile ni au vin » (v. 5, 6). La couleur du cheval — le noir — est signe de deuil, et la balance parle de restrictions, de rationnement. Les derniers mots : « Ne nuis pas à l’huile ni au vin » montrent que les autres produits du sol ont été frappés et qu’il y a une pénurie générale des denrées alimentaires de première nécessité (blé et orge), ce qui entraîne une hausse des prix. « Et lorsqu’il ouvrit le quatrième sceau… voici un cheval livide ; et le nom de celui qui était assis dessus est la Mort ; et le hadès suivait avec lui ; et il lui fut donné pouvoir sur le quart de la terre, pour tuer avec l’épée, et par la famine, et par la mort (ou la mortalité), et par les bêtes sauvages de la terre » (v. 7, 8). Ces quatre plaies mortelles sont également citées en Ézéchiel 14:21 (l’épée, la famine, les bêtes mauvaises et la peste). La couleur du cheval est celle des cadavres. Cela indique les effroyables conséquences de ce quatrième jugement : il provoquera des hécatombes au sein de l’humanité, dont le quart sera anéanti.

(*) Un litre environ.

(**) Le denier correspond au salaire journalier d’un ouvrier.


« Et je vis, lorsqu’il ouvrit le sixième sceau (*) : et il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de poil, et la lune devint tout entière comme du sang ; et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme un figuier agité par un grand vent jette loin ses figues tardives. Et le ciel se retira comme un livre qui s’enroule, et toute montagne et toute île furent transportées de leur place » (v. 12-14). On trouve en Ésaïe 34:4 un passage annonçant un jugement semblable : « Et toute l’armée des cieux s’est fondue, et les cieux sont enroulés comme un livre, et toute leur armée est tombée comme une feuille tombe de la vigne, et comme ce qui tombe du figuier » (lire également Matthieu 24:29 et Luc 21:25, 26). Comme pour les jugements annoncés par les sceaux précédents, il s’agit ici aussi de symboles. Il n’y a donc pas lieu d’interpréter littéralement ces prédictions et d’y voir l’annonce de cataclysmes naturels. En fait, la Parole annonce ainsi un bouleversement total de l’ordre politique : les fondements du pouvoir et de l’autorité dans le monde seront renversés et il en résultera un chaos tel que les hommes penseront, à tort d’ailleurs, que le temps de la colère est arrivé. « Et les rois de la terre, et les grands, et les chiliarques, et les riches, et les forts, et tout esclave, et tout homme libre, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes ; et ils disent aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous et tenez-nous cachés de devant la face de celui qui est assis sur le trône et de devant la colère de l’Agneau ; car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? » (v. 15-17). En raison des persécutions exercées contre les saints, les chefs des nations seront châtiés par une révolution effroyable qui provoquera, comme nous l’avons dit, un renversement général de toutes les institutions politiques et plongera le monde dans une anarchie indescriptible.

(*) L’ouverture du cinquième sceau ne provoque l’apparition d’aucun jugement, mais seulement la reconnaissance des droits des âmes des martyrs mis à mort après l’enlèvement de l’Église.


Le septième sceau introduit les sept trompettes qui, elles, annoncent une nouvelle succession de jugements plus rigoureux que les précédents, quoiqu’ils appartiennent encore à la période de l’heure de l’épreuve. Le chapitre 8 de l’Apocalypse décrit ceux que proclament les quatre premières trompettes, lesquelles frappent toutes les parties de la création symbolique : les arbres, la verdure, la terre, la mer, les fontaines, les fleuves et les astres. Toutes ces indications doivent être comprises dans un sens symbolique et non point littéral. La terre est le lieu où l’homme naturel s’étend, se donne des institutions politiques et prospère, en contraste avec la mer qui est l’image des masses populaires en état plus ou moins anarchique. La verdure désigne la prospérité matérielle, et les arbres ceux qui sont devenus grands sur la terre (les riches) ; les fontaines symbolisent les sources de la pensée humaine (le monde intellectuel) et les fleuves, les canaux par lesquels cette pensée se propage et, par extension, les diverses classes de la société. Enfin, les astres ou luminaires désignent les autorités, dont la hiérarchie s’exprime par la différence existant entre les astres qui sont mentionnés (soleil = autorité souveraine ; lune = autorité dérivée ; étoile = autorité subordonnée).

« Et lorsqu’il ouvrit le septième sceau, il se fit un silence au ciel d’environ une demi-heure. Et je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu, et il leur fut donné sept trompettes… Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent pour sonner de la trompette. Et le premier sonna de la trompette : et il y eut de la grêle et du feu, mêlés de sang, et ils furent jetés sur la terre ; et le tiers de la terre fut brûlé ; et le tiers des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut brûlée » (v. 1-7). La grêle est un jugement violent, foudroyant ; le feu symbolise le jugement de Dieu contre le mal. La grêle et le feu sont mêlés de sang, ce qui signifie que ces jugements entraîneront la mort et la destruction. « L’effet extérieur du jugement, c’est la destruction des grands dans l’Occident, la destruction de tout ce qui est élevé en dignité, et la destruction universelle de la prospérité » (J.N.D.). C’est ce que symbolisent les « arbres » et « l’herbe verte » qui furent brûlés.

« Et le second ange sonna de la trompette : et comme une grande montagne toute en feu fut jetée dans la mer ; et le tiers de la mer devint du sang, et le tiers des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient vie mourut, et le tiers des navires fut détruit » (v. 8, 9). La grande montagne toute en feu qui est jetée dans la mer représente un grand pouvoir terrestre qui est imposé, comme un jugement divin (le feu), aux peuples en révolution (la mer) et agit pour leur destruction (la mer devint du sang et le tiers des créatures qui étaient dans la mer mourut). En même temps, un coup mortel est porté au commerce (le tiers des navires fut détruit).

« Et le troisième ange sonna de la trompette : et il tomba du ciel une grande étoile, brûlant comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les fontaines des eaux. Et le nom de l’étoile est Absinthe ; et le tiers des eaux devint absinthe, et beaucoup d’hommes moururent par les eaux, parce qu’elles avaient été rendues amères » (v. 10, 11). Cette grande étoile qui tombe du ciel désigne un personnage disposant d’une grande autorité quoique subordonnée (une étoile, pas le soleil) et dont la chute éclatante, sous l’effet du jugement, empoisonne les sources d’où procèdent les règles morales de l’humanité. Il en résulte la mort morale de celle-ci : les hommes sont tellement sous l’influence de ce personnage qu’ils en adoptent tous les caractères (les eaux deviennent absinthe comme l’étoile elle-même). Tout est bouleversé ; c’est le règne de la haine, de l’anarchie, de l’oppression.

« Et le quatrième ange sonna de la trompette : et le tiers du soleil fut frappé, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le tiers de ces astres fût obscurci, et que le jour ne parût pas pour le tiers de sa durée, et de même pour la nuit » (v. 12). L’autorité souveraine (le soleil) et les puissances subordonnées (lune et étoiles) sont atteintes par le jugement de Dieu, dans les limites de l’Empire romain. Il en résulte une grande confusion (le jour est obscurci, parce que la lumière du soleil est frappée). Il y a lieu de rapprocher de cette prophétie le passage d’Apocalypse 12:4, où l’on voit le dragon (Satan) entraîner le tiers des étoiles et les jeter sur la terre : ces autorités mettent fin publiquement à toute relation avec Dieu et sont emportées par le pouvoir de Satan. L’homme en perd la lumière qui le dirigeait et sombre dans une obscurité morale totale.

« Et je vis : et j’entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant à haute voix : Malheur, malheur, malheur, à ceux qui habitent sur la terre, à cause des autres voix de la trompette des trois anges qui vont sonner de la trompette ! » (v. 13). L’aigle symbolise la rapidité des jugements qui vont suivre. « Et le cinquième ange sonna de la trompette et je vis une étoile tombée du ciel sur la terre ; et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée, et elle ouvrit le puits de l’abîme, et une fumée monta du puits, comme la fumée d’une grande fournaise, et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. Et de la fumée il sortit des sauterelles sur la terre ; et il leur fut donné un pouvoir semblable au pouvoir qu’ont les scorpions de la terre. Et il leur fut dit qu’elles ne nuisissent ni à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais aux hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts. Et il leur fut donné de ne pas les tuer, mais qu’ils fussent tourmentés cinq mois ; et leur tourment est comme le tourment du scorpion, quand il frappe l’homme. Et en ces jours-là les hommes chercheront la mort et ils ne la trouveront point ; et ils désireront de mourir, et la mort s’enfuit d’eux. Et la ressemblance des sauterelles était semblable à des chevaux préparés pour le combat ; et sur leurs têtes il y avait comme des couronnes semblables à de l’or ; et leurs faces étaient comme des faces d’hommes ; et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femmes, et leurs dents étaient comme des dents de lions ; et elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme le bruit de chariots à plusieurs chevaux courant au combat ; et elles ont des queues semblables à des scorpions, et des aiguillons ; et leur pouvoir était dans leurs queues, pour nuire aux hommes cinq mois. Elles ont sur elles un roi, l’ange de l’abîme, dont le nom est en hébreu : Abaddon (abîme, destruction), et en grec il a nom : Apollyon (destructeur) » (9:1-11).

Cette longue description fait ressortir l’étendue et la gravité du jugement annoncé par la cinquième trompette. Ce chef qui a la clef du puits de l’abîme est manifestement un dangereux instrument de Satan. Il ouvre le puits de l’abîme et la fumée qui en sort est le symbole du déchaînement de la méchanceté satanique à laquelle le jugement de Dieu donne essor. L’activité destructrice du mal se généralise (les sauterelles se répandent sur la terre) et tourmente les hommes, sans nuire toutefois à la prospérité générale (l’herbe et la verdure) ni à la grandeur de ceux qui sont élevés dans le monde (les arbres), mais à ceux qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leurs fronts (la masse des Juifs incrédules et de la chrétienté apostate). Cependant, de même que la piqûre du scorpion est rarement mortelle, ce jugement n’entraîne pas la mort, mais il produit un tel tourment que les hommes cherchent à s’y soustraire par la mort. Il doit s’agir de ravages d’ordre moral (persécutions politiques ?), les aiguillons dans les queues des sauterelles étant plutôt des principes et des doctrines imposées de force aux hommes pour les tourmenter. C’est ce qui explique aussi pourquoi ce jugement n’atteint pas ceux qui sont scellés d’entre les douze tribus.

« Et le sixième ange sonna de la trompette : et j’ouïs une voix sortant des quatre cornes de l’autel d’or qui était devant Dieu, disant au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve Euphrate. Et les quatre anges qui étaient préparés pour l’heure et le jour et le mois et l’année, furent déliés, afin de tuer le tiers des hommes. Et le nombre des armées de la cavalerie était de deux myriades de myriades : j’en entendis le nombre. Et c’est ainsi que je vis les chevaux dans la vision, et ceux qui étaient assis dessus, ayant des cuirasses de feu, et d’hyacinthe, et de soufre ; et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lions ; et de leur bouche sortent du feu, et de la fumée, et du soufre. Par ces trois fléaux fut tué le tiers des hommes, par le feu et la fumée et le soufre qui sortent de leur bouche ; car le pouvoir des chevaux est dans leur bouche et dans leurs queues ; car leurs queues sont semblables à des serpents, ayant des têtes, et par elles ils nuisent » (v. 13-19).

La voix qui appelle ce second « malheur » sort de l’autel d’or, aux cornes duquel le sang des victimes était apporté au jour de l’expiation. Ce jugement est donc le résultat de l’intercession du Seigneur en faveur de ses saints ; il est destiné à les venger des persécutions dont ils ont été les victimes, quoiqu’il ne soit pas dit expressément, comme lors du « malheur » précédent, qu’il ne frappe pas les serviteurs de Dieu. Cette immense armée de deux cent millions de cavaliers vient de l’orient (*) (l’Euphrate marquait la limite orientale de l’Empire romain) et s’avance jusqu’au coeur de l’Empire d’occident (le tiers des hommes fut tué). Leur puissance et leurs moyens d’action sont diaboliques (le feu et le soufre de leurs cuirasses et qui sortent de la bouche des chevaux) et plus énergiques encore que le jugement précédent : ils tuent par ce qu’ils proclament, la puissance de Satan se manifeste sous toutes ses formes, les hommes ont une espèce d’avant-goût de l’enfer (ils sont brûlés par le feu et le soufre). Mais ils ne se repentent aucunement (v. 20, 21).

(*) Il s’agit vraisemblablement d’armées asiatiques.


La septième trompette (11:15-18) n’annonce pas un jugement particulier, mais le jugement final, l’établissement du règne de Christ, le jugement des morts, la récompense des justes.


4.3.3.5 - Les 7 coupes d’Apocalypse 16

Considérons maintenant les jugements décrits dans le chapitre 16 de l’Apocalypse sous le symbole des sept coupes contenant les sept dernières plaies qui seront répandues par sept anges sur la terre. « En elles le courroux de Dieu est consommé » (15:1). Nous entrons maintenant dans la période appelée « le temps de la colère ». Le contenu de ces coupes décrit en effet le développement final des jugements annoncés par les sceaux et les trompettes. Le courroux de Dieu atteint alors son paroxysme et inflige aux méchants la rétribution de leurs péchés ; ainsi prend fin le « mystère de Dieu », c’est-à-dire ce silence qu’il observe aujourd’hui à l’égard du mal et de la révolte de l’homme contre lui.

Cette série de jugements, bien que présentant des analogies avec ceux des trompettes — la terre, la mer, les rivières, les fontaines et le soleil sont frappés de nouveau — ont une étendue plus vaste : leurs effets ne sont plus limités au « tiers » du monde, c’est-à-dire à l’Empire romain d’Occident, mais atteignent la terre entière et avec une intensité accrue.

« Et j’ouïs une grande voix venant du temple, disant aux sept anges : Allez, et versez sur la terre les sept coupes du courroux de Dieu. Et le premier s’en alla et versa sa coupe sur la terre ; et un ulcère mauvais et malin vint sur les hommes qui avaient la marque de la bête et sur ceux qui rendaient hommage à son image » (16:1, 2). Il s’agit d’un jugement atteignant plus particulièrement les Juifs apostats et consistant en un état d’angoisse et de misère morale, conséquence de la souillure qui les caractérise et de leur éloignement de Dieu. Le mal fera ses ravages, les ténèbres auront été substituées à la lumière, le mensonge à la vérité ; les eaux boueuses du péché se seront répandues partout, ce qui provoquera une corruption générale, dont le châtiment sera « l’ulcère mauvais et malin ».

« Et le second versa sa coupe sur la mer ; et elle devint du sang, comme d’un corps mort ; et tout ce qui avait vie dans la mer mourut » (v. 3). Le jugement atteint l’ensemble des peuples dans un état de confusion (la mer) et provoque leur mort morale et l’abandon par eux de toute profession religieuse.

« Et le troisième versa sa coupe sur les fleuves, et sur les fontaines des eaux ; et ils devinrent du sang. Et j’entendis l’ange des eaux, disant : Tu es juste, toi qui es et qui étais, le Saint, parce que tu as ainsi jugé ; car ils ont versé le sang des saints et des prophètes, et tu leur as donné du sang à boire ; ils en sont dignes. Et j’entendis l’autel, disant : Oui, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, véritables et justes sont tes jugements » (v. 4-7). Tous les principes moraux qui sont à la source de la vie des peuples (fleuves et fontaines) sont corrompus et produisent leur mort morale (changés en sang) ; ce jugement est destiné aussi à châtier spécialement les persécuteurs des saints et des prophètes, et il est exercé en réponse à l’intercession des âmes des martyrs (l’autel proclame la justice de Dieu).

« Et le quatrième versa sa coupe sur le soleil ; et il lui fut donné de brûler les hommes par le feu : et les hommes furent brûlés par une grande chaleur ; et ils blasphémèrent le nom de Dieu qui a pouvoir sur ces plaies, et ils ne se repentirent pas pour lui donner gloire » (v. 8, 9). Le pouvoir suprême (soleil) brûle au lieu d’éclairer et devient l’instrument d’une oppression terrible. Celle-ci, loin d’amener les hommes à se repentir, aura pour effet de les faire blasphémer le nom de Dieu et de s’éloigner de lui davantage encore.

« Et le cinquième versa sa coupe sur le trône de la bête ; et son royaume devint ténébreux ; et de douleur, ils se mordaient la langue : et ils blasphémèrent le Dieu du ciel, à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères, et ne se repentirent pas de leurs oeuvres » (v. 10, 11). Le cinquième jugement atteint le siège même du gouvernement de l’Empire romain et a pour effet de plonger l’empire tout entier dans les ténèbres. Il en résulte de terribles souffrances morales (les hommes se mordent la langue de douleur) et une révolte toujours plus grande contre Dieu, prélude au rassemblement des forces pour la grande bataille finale.

« Et le sixième versa sa coupe sur le grand fleuve Euphrate ; et son eau tarit, afin que la voie des rois qui viennent de l’orient fût préparée » (v. 12). L’Euphrate constitue la frontière orientale de l’Empire romain et le sépare des hordes barbares de l’est. La disparition de cette barrière ouvre la voie à ces dernières pour l’invasion de la Palestine. « Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, comme des grenouilles ; car ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s’en vont vers les rois de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-puissant… Et ils les assemblèrent au lieu appels en hébreu : Armagédon » (v. 13-16). La trinité diabolique entre en action pour rassembler toutes les forces dont elle dispose pour le combat final entre le bien et le mal, entre le ciel et la terre. Le pouvoir blasphématoire de Satan (l’esprit immonde sortant de la bouche du dragon), celui de l’Empire romain ressuscité (la bête) et de l’Antichrist (le faux prophète) se coalisent afin d’inciter les nations à rassembler leurs armées pour faire la guerre à Dieu et à l’Agneau (cf. Ps. 2:2). Cette activité séductrice sera accompagnée de miracles grâce auxquels la trinité satanique parviendra à ses fins. Mais le Seigneur adresse aux siens un solennel avertissement, afin de les mettre en garde contre cette puissance de mensonge et de soutenir leur foi au milieu de l’épreuve : « Voici, je viens comme un voleur. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, afin qu’il ne marche pas nu et qu’on ne voie pas sa honte » (v. 15). C’est pour les impies qu’il va apparaître comme un voleur ; pour les siens, il sera le puissant Sauveur qui les délivrera et anéantira leurs ennemis.

« Et le septième ange versa sa coupe dans l’air ; et il sortit du temple du ciel une grande voix procédant du trône, disant : C’est fait ! Et il y eut des éclairs, et des voix, et des tonnerres ; et il y eut un grand tremblement de terre, un tremblement de terre tel, si grand, qu’il n’y en a jamais eu de semblable depuis que les hommes sont sur la terre. Et la grande ville fut divisée en trois parties ; et les villes des nations tombèrent ; et la grande Babylone vint en mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de la fureur de sa colère. Et toute île s’enfuit, et les montagnes ne furent pas trouvées ; et une grande grêle, du poids d’un talent, descend du ciel sur les hommes ; et les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle ; car la plaie en est fort grande » (v. 17-21). Ce dernier jugement marque le paroxysme de la colère de Dieu, ce que souligne cette grande voix sortant du temple et proclamant : C’est fait ! Cet épouvantable tremblement de terre, à nul autre pareil, symbolise la convulsion universelle qui se produit alors et entraîne l’effondrement de l’organisation politique de l’Empire romain (la grande ville divisée en trois) et des nations situées en dehors de celui-ci (les villes des nations). La civilisation occidentale est anéantie (la grande Babylone), l’activité économique est supprimée (les îles, images des côtes maritimes sous leur aspect commercial), les institutions politiques sont renversées et abolies (les montagnes). Cette dernière coupe rappelle le jugement annoncé par le prophète Aggée : « J’ébranlerai les cieux et la terre, je renverserai le trône des royaumes, et je détruirai la puissance des royaumes des nations » (2:21, 22). Ces fléaux ont le caractère d’un châtiment subit, dépassant tous les autres en violence, et atteignant tous les hommes (grande grêle du poids d’un talent, le poids monétaire le plus élevé) ; mais ils continuent à blasphémer, jusqu’au jour où l’Agneau apparaîtra en personne avec ses armées célestes et les anéantira.

Avant de nous occuper de ce tragique dénouement, nous voulons considérer les voies de Dieu en grâce envers ceux qui, parmi les nations, accepteront l’évangile du royaume et refuseront de se soumettre à Satan et à ses instruments.


4.3.3.6 - L’Évangile du royaume

Ainsi que nous l’avons vu lorsque nous avons examiné les voies futures de Dieu envers Israël au travers de la grande tribulation, un résidu sera converti et proclamera l’évangile du royaume parmi les nations. Cet évangile a été prêché dans le passé déjà par Jean le baptiseur (Matt. 3:1, 2), puis par le Seigneur Jésus jusqu’à ce qu’il fût rejeté (Matt. 4:23 ; 9:35 ; 11:5 ; 12:28 ; Marc 1:14 ; Luc 4:43 ; les paraboles du royaume des cieux en Matt. 13 ; 20:1 à 16 et 22:1 à 14) et par les disciples (Matt. 10:7). À l’avenir, il sera prêché durant la grande tribulation, avant l’apparition du Roi de gloire. Le Seigneur l’a annoncé en Matt. 24:14, disant : « Cet évangile du royaume sera prêché dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin ». Le message de cet évangile du royaume est résumé en Marc 1:15 : « Le temps est accompli, et le royaume de Dieu s’est approché : repentez-vous et croyez à l’évangile » (lire aussi Matt. 3:2). C’est la bonne nouvelle proclamant le dessein de Dieu d’établir sur la terre, selon ses promesses à David en 2 Sam. 7:16, un royaume universel sous le sceptre du vrai David et du vrai Salomon, Christ, le Roi de justice et de paix (Dan. 7:14 et 9:24).

Pour avoir part aux bénédictions promises par cet évangile du royaume, il fallait — du temps du Seigneur — et il faudra — lors de sa prédication à venir — se repentir et croire cette bonne nouvelle de la venue du Roi (*). Cet évangile qui diffère de l’actuel évangile de la grâce — lequel annonce la bonne nouvelle du pardon des péchés par la foi au Seigneur Jésus et à l’oeuvre expiatoire de la croix (**) — amènera un grand nombre d’hommes à reconnaître l’autorité de Dieu et à refuser de se soumettre à celle, toute-puissante alors, de Satan et de ses instruments.

(*) Après son apparition en gloire, le Seigneur enverra encore des messagers pour annoncer son avènement glorieux aux nations et à ceux d’Israël qui n’en auront pas été témoins (Ésaïe 66:18 à 21).

(**) Sans doute, l’évangile du royaume n’exclut pas la prédication de l’oeuvre de la croix. Mais il présentera Christ non plus seulement comme le Seigneur et le Sauveur rejeté par les siens, puis glorifié dans le ciel, mais comme le Roi qui a reçu le royaume en haut et va revenir, et auquel il faudra croire en se repentant pour être introduit dans le royaume qu’il établira alors en gloire.


Il en sera de même de l’évangile éternel (Apoc. 14:6, 7) qui sera prêché aux habitants de la terre à la fin de la grande tribulation et immédiatement avant le jugement des nations décrit en Matt. 25:31 à 46. Ce n’est ni l’évangile du royaume (*) ni celui de la grâce. Apoc. 14:7 en révèle le contenu : « Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et rendez hommage à celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les fontaines d’eaux ». Quoique ce message annonce le jugement, il n’en sera pas moins un « évangile », c’est-à-dire une bonne nouvelle pour ceux d’Israël et des nations qui le recevront. Ils feront partie de ces bien-aimés « qui ont le coeur timide » et à qui les prédicateurs de cet évangile diront : « Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu : la vengeance vient, la rétribution de Dieu ! Lui-même viendra, et vous sauvera » (Ésaïe 35:4 ; cf. aussi Ps. 96:11 à 13) (**).

(*) Bien qu’il en apporte comme un ultime écho, de même que le message d’Apoc. 22:12 et 17b sera le dernier accent de l’évangile de la grâce.

(**) L’évangile éternel annonce en fait la défaite finale de Satan et la fin de sa domination dans le monde. Alors Dieu pourra communiquer une plénitude de bénédiction à l’homme. C’est pourquoi ceux auxquels cet évangile sera annoncé sont invités à le craindre, à lui donner gloire et à lui rendre hommage en tant que Créateur de l’univers. Le Ps. 19:1 à 3 fait manifestement allusion à l’évangile éternel (cf. également Rom. 1:18 à 21 et Actes 17:24 à 31). Le message en est si simple que tout homme le perçoit, quand bien même tous ne le reçoivent pas.


Les fruits de cette prédication de l’évangile du royaume et de l’évangile éternel sont décrits en Apoc. 7 : « Après ces choses, je vis : et voici, une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues, se tenant devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de longues robes blanches et ayant des palmes dans leurs mains. Et ils crient à haute voix, disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau » (v. 9, 10). Et le prophète précise plus loin : « Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple ; et celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux. Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (v. 14-17).

Cette foule innombrable de païens, qui n’auront pas entendu précédemment l’évangile du salut, sera donc le fruit de la grâce divine s’exerçant encore au milieu de cette scène de jugements. Ils sont revêtus de robes blanches, ce qui signifie qu’ils sont proclamés justes : Ils ont souffert pour Christ et ont vaincu. Ils sont reconnus publiquement comme des rachetés, dont les péchés ont été lavés par le sang de l’Agneau. Désormais, le Seigneur dressera sa tente sur eux, c’est-à-dire les mettra à l’abri et les protégera, ne permettant plus qu’ils souffrent de la faim et de la soif. Il fera cesser les persécutions (le soleil qui frappe, la chaleur), les conduira aux fontaines des eaux de la vie et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. Tout cela se réalisera par leur introduction dans le règne millénaire qui succédera aux jugements. Dieu effacera alors toute trace des souffrances qu’ils auront endurées pour son Nom et leur conférera une place spéciale — ils se tiendront devant le trône de Dieu et le serviront nuit et jour dans son temple — privilège que n’auront pas les autres saints du règne millénaire. Les palmes qu’ils tiennent symbolisent la jouissance paisible du bonheur que le Seigneur apportera à ses rachetés lorsqu’il établira son règne sur la terre.


4.3.4 - Chapitre 4 — Armagédon

La domination de la Bête romaine et de l’Antichrist prendra fin à la grande bataille d’Armagédon. De nombreux passages contiennent des indications concernant cet événement terrifiant, qui marquera le point culminant de la période des jugements que nous venons d’étudier.


4.3.4.1 - Ce dont il s’agit

C’est en Apocalypse 16 que nous trouvons le nom de cette bataille : « Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes, comme des grenouilles ; car ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s’en vont vers les rois de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-puissant… Et ils les assemblèrent au lieu appelé en hébreu : Armagédon » (v. 13-16).

Ce nom désigne la région de Meguiddo, ville située en Israël, non loin du mont Carmel, sur le bord de la plaine de Jizréel. Cette plaine, entourée de montagnes, a trente-cinq kilomètres de longueur et vingt-cinq kilomètres de largeur. C’est là que se croisent les routes qui reliaient autrefois l’Égypte à Babylone et à Ninive, Jérusalem à Tibériade, à Damas et à Antioche, ce qui leur conférait une grande importance stratégique (*). Il n’est d’ailleurs pas exclu que les armées de la bête et du faux prophète et des rois qui se seront ligués avec eux n’occupent d’autres régions de la Palestine.

(*) C’est ce qui explique que cette plaine a servi de champ de bataille à de nombreuses armées au cours des âges, depuis le Pharaon Totmès I (plus de quinze siècles av. J.C). jusqu’à Bonaparte en 1799. Juifs, Égyptiens, Perses, Sarrasins, Croisés, Druses, Turcs s’y sont livrés de furieux combats. Au temps de Débora, les Israélites y remportèrent une victoire décisive sur les Cananéens (Juges 4:14-16 ; 5:19-22). C’est là que périt Josias, en voulant empêcher le Pharaon Néco d’envahir la Mésopotamie (2 Chron. 35:20-25).


4.3.4.2 - L’enjeu

Les nations seront remplies de haine contre les Juifs et formeront le dessein de les exterminer. Malgré son infidélité, Israël reste le peuple de Dieu et le sera encore en cette période. Le diable agira dans le coeur des chefs des nations par le moyen de ces esprits immondes dont il est parlé dans le passage d’Apocalypse cité ci-dessus, afin de les pousser à anéantir ce peuple, et avant tout le résidu pieux. « Ils trament avec astuce des complots contre ton peuple, et ils consultent contre tes fidèles cachés. Ils ont dit : Venez, et exterminons-les, de sorte qu’ils ne soient plus une nation et qu’on ne fasse plus mention du nom d’Israël » (Ps. 83:3, 4). « Et maintenant sont rassemblées contre toi beaucoup de nations qui disent : Qu’elle soit profanée, que notre oeil voie Sion ! Mais elles ne connaissent pas les pensées de l’Éternel et ne comprennent pas son conseil ; car il les a amassées comme la gerbe sur l’aire » (Michée 4:11, 12). « Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples : tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement ; et toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle » (Zach. 12:3).

Les puissances démoniaques que nous avons vues sortir symboliquement de la bouche de Satan et de ses deux acolytes s’empareront entièrement des rois de la terre et les pousseront à engager le combat contre le Seigneur. Satan saura que l’heure approche où Jésus Christ apparaîtra en Palestine avec l’armée de ses saints. Aussi s’efforcera-t-il de s’opposer à son triomphe en rassemblant autour de Jérusalem toutes ses armées terrestres et infernales. Lorsque l’homme s’est livré, comme ce sera le cas alors, aux puissances démoniaques, il est capable de tous les égarements. Mais « Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux, le Seigneur s’en moquera. Alors il leur parlera dans sa colère, et, dans sa fureur, il les épouvantera » (Ps. 2:4, 5). « En ce jour-là, dit l’Éternel, je frapperai de terreur tous les chevaux, et de délire ceux qui les montent » (Zach. 12:4). « Ceux-ci combattront contre l’Agneau ; et l’Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois » (Apoc. 17:14). C’est alors que s’accomplira la fin de la vision prophétique du roi Nebucadnetsar où la pierre frappa la statue dans ses pieds de fer et d’argile et les broya : « Alors furent broyés ensemble le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle de l’aire d’été ; et le vent les emporta, et il ne se trouva aucun lieu pour eux ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne qui remplit toute la terre… Et dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit » (Dan. 2:35, 44).

Ainsi, c’est en Palestine, là où il a été rejeté et mis à mort, que le Seigneur anéantira ses ennemis et exercera « la vengeance de l’Éternel » (Jér. 50:28).


4.3.4.3 - Ce qui s’y passera

L’Ancien Testament contient plusieurs passages relatifs à ce grand rassemblement d’Armagédon et au jugement fulgurant que Christ exécutera contre ces armées innombrables. Nous en citerons quelques-uns. « C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère ; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie » (Soph. 3:8). « Voici, le nom de l’Éternel vient de loin, brûlant de sa colère, un incendie véhément ; ses lèvres sont pleines d’indignation, et sa langue est comme un feu qui dévore, et son haleine comme un torrent qui déborde, qui atteint jusqu’au cou, pour cribler les nations au crible de la vanité et pour mettre aux mâchoires des peuples un frein qui fait errer » (És. 30:27, 28). « Approchez, nations, pour entendre ; et vous, peuples, soyez attentifs ! Que la terre écoute et tout ce qu’elle contient, le monde et tout ce qu’il produit ! Car la colère de l’Éternel est sur toutes les nations, et sa fureur sur toutes leurs armées. Il les a vouées à la destruction ; il les a livrées au carnage ; et leurs tués seront jetés loin, et la puanteur de leurs cadavres s’élèvera ; et les montagnes seront dissoutes par leur sang… L’épée de l’Éternel est pleine de sang… Et leur pays sera trempé de sang, et leur poussière sera engraissée de graisse. Car c’est le jour de la vengeance de l’Éternel, l’année des récompenses pour la cause de Sion » (És. 34:1 et suiv.). « Si j’aiguise l’éclair de mon épée et que ma main saisisse le jugement, je rendrai la vengeance à mes adversaires et je récompenserai ceux qui me haïssent. J’enivrerai mes flèches de sang, et mon épée dévorera de la chair ; je les enivrerai du sang des tués et des captifs, de la tête des chefs de l’ennemi » (Deut. 32:41, 42). « Venez, descendez, car le pressoir est plein, les cuves regorgent ; car leur iniquité est grande » (Joël 3:13). « Qui est celui-ci, qui vient d’Edom, de Botsra, avec des habits teints en rouge, celui-ci, qui est magnifique dans ses vêtements, qui marche dans la grandeur de sa force ?… Je les ai foulés dans ma colère, et je les ai écrasés dans ma fureur, et leur sang a rejailli sur mes habits, et j’ai souillé tous mes vêtements. Car le jour de la vengeance était dans mon coeur, et l’année de mes rachetés était venue… Et j’ai foulé les peuples dans ma colère, et je les ai enivrés dans ma fureur ; et j’ai fait couler leur sang à terre » (És. 63:1 et suiv.). « Et les tués de l’Éternel, en ce jour-là, seront depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre bout de la terre. On ne se lamentera pas sur eux, et ils ne seront pas recueillis, et ne seront pas enterrés ; ils seront du fumier sur la face du sol » (Jér. 25:33). Fait surprenant, le Seigneur frappera ses ennemis d’un tel égarement qu’ils s’extermineront mutuellement. « Et il arrivera, en ce jour-là, qu’il y aura, de par l’Éternel, un grand trouble parmi eux, et ils saisiront la main l’un de l’autre, et lèveront la main l’un contre l’autre » (Zach. 14:13). « Et je détruirai la puissance des royaumes des nations, et je renverserai les chars et ceux qui les montent ; et les chevaux seront abattus, et ceux qui les montent, chacun par l’épée de son frère » (Aggée 2:22).


4.3.4.4 - La victoire finale de Christ — Apoc. 19

Mais la victoire définitive sera remportée par Christ lui-même, descendant du ciel avec tous ses saints. « Et je vis le ciel ouvert : et voici un cheval blanc, et celui qui est assis dessus appelé fidèle et véritable ; et il juge et combat en justice … et il est vêtu d’un vêtement teint dans le sang (ou trempé de sang) ; … et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur ; et une épée aiguë à deux tranchants sort de sa bouche, afin qu’il en frappe les nations ; et lui les paîtra avec une verge de fer, et lui foule la cuve du vin de la fureur de la colère de Dieu le Tout-puissant ; et il a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs ». Et je vis un ange se tenant dans le soleil ; et il cria à haute voix, disant à tous les oiseaux qui volent par le milieu du ciel : Venez, assemblez-vous au grand souper de Dieu ; afin que vous mangiez la chair des rois, et la chair des chiliarques, et la chair des puissants, et la chair des chevaux et de ceux qui sont assis dessus, et la chair de tous, libres et esclaves, petits et grands. Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à celui qui était assis sur le cheval et à son armée. Et la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle… Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre ; et le reste fut tué par l’épée de celui qui était assis sur le cheval, laquelle sortait de sa bouche, et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair » (Apoc. 19:11 et suiv.).

Aucune donnée n’est fournie sur le nombre des hommes qui seront ainsi anéantis, mais on peut conclure de plusieurs passages que ce nombre sera très élevé. C’est ainsi qu’Ésaïe dit qu’après cette extermination les hommes seront plus rares que l’or fin et que l’or d’Ophir (13:9, 12). Le prophète Sophonie déclare : « J’ôterai, j’enlèverai tout de dessus la face de la terre, dit l’Éternel. Je détruirai les hommes et les bêtes » (1:2, 3). David a, lui aussi, prophétisé à ce sujet : « Le Seigneur, à ta droite, brisera les rois au jour de sa colère. Il jugera parmi les nations, il remplira tout de corps morts, il brisera le chef d’un grand pays » (Ps. 110:5, 6. Voir également les passages déjà cités d’Ésaïe 34:2, 3 et de Jérémie 25:33, qui parlent de la puanteur des cadavres qui seront comme du fumier sur la terre).

L’effroyable carnage d’Armagédon marquera la fin de la trinité diabolique : le chef de l’Empire romain et l’Antichrist sont pris vivants et jetés en enfer. Il marquera aussi l’effondrement de la confédération occidentale constituant l’Empire romain, effondrement qui sera suivi, peu après, de celui de la confédération du nord constituée sous l’autorité de l’Assyrien (ou Gog), dont nous nous occuperons dans notre prochain chapitre. Enfin, Armagédon mettra fin à la grande tribulation et ouvrira la voie à l’établissement du règne millénaire. Mais, auparavant, il faudra que le Seigneur anéantisse l’Assyrien et ses armées, précipite le diable dans l’abîme pour mille ans, et juge les nations vivantes. Ce n’est qu’après cela qu’il rétablira la paix et la justice sur la terre.


4.3.5 - Chapitre 5 — L’Assyrien

Ce terme désigne une puissance, ou plutôt une confédération d’États situés au nord de la Palestine. Daniel personnifie ce groupement sous le nom de roi du nord, tandis que le prophète Ézéchiel l’appelle Gog. Il s’agit des peuples qui seront alors placés sous le pouvoir de la Russie. Dans le passé, l’Assyrie était située au nord du pays d’Israël et englobait également l’Asie mineure. Dieu se servit d’elle comme d’une verge pour châtier son peuple infidèle. « Ha ! l’Assyrie, verge de ma colère ! Et le bâton qui est dans leur main, c’est mon indignation ! » (És. 10:5). Il en sera de même à l’avenir, quand Israël sera rentré en Palestine alors l’Assyrien dévastera le pays, s’emparera de Jérusalem et emmènera ses habitants en captivité, comme il fit jadis des dix tribus (2 Rois 17). L’Assyrien historique était donc le type de celui de la fin.


4.3.5.1 - Le roi du nord selon Daniel

Nous étudierons en premier lieu ce que le prophète Daniel déclare au sujet du roi du nord. Au chapitre 8, il décrit la vision qu’il eut d’un bouc venant de l’occident (la Grèce) et portant entre ses yeux une corne de grande apparence (Alexandre le Grand). Des fragments de l’empire fondé par celui-ci sort une petite corne qui grandit extrêmement (*). Cette petite corne est le roi du nord. Elle s’étendra vers le sud et vers l’orient et pénétrera aussi dans le pays de beauté, c’est-à-dire en Palestine. Daniel ajoute « Et elle grandit jusqu’à l’armée des cieux, et fit tomber à terre une partie de l’armée et des étoiles, et les foula aux pieds » (v. 10). Il s’agit là des chefs du peuple juif. « Et elle jeta la vérité par terre, et agit (c’est-à-dire fit de grandes choses), et prospéra » (v. 12). L’ange Gabriel communique au prophète des renseignements complémentaires au sujet de cette vision : « Et au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure, il s’élèvera un roi au visage audacieux, et entendant les énigmes ; et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance ; et il détruira merveilleusement, et il prospérera et agira (c’est-à-dire il fera de grandes choses) ; et il détruira les hommes forts et le peuple des saints ; et, par son intelligence, il fera prospérer la fraude dans sa main ; et il s’élèvera dans son coeur ; et, par la prospérité il corrompra beaucoup de gens ; et il se lèvera contre le prince des princes, mais il sera brisé sans main » (v. 23-25). Tout cela aura lieu « à la fin de l’indignation » (v. 19), c’est-à-dire à la fin de la période des jugements exercés contre Israël, lorsque les transgresseurs auront comblé la mesure de leurs iniquités, donc peu de temps avant la manifestation du Seigneur en gloire et l’établissement de son règne.

(*) Historiquement, cette prophétie s’est accomplie partiellement sous le règne d’Antiochus Épiphane, roi de Syrie et de Macédoine, de 174 à 164 av. J.C., homme cruel, qui tenta d’imposer aux Juifs le culte païen, les persécuta, saccagea Jérusalem et fit périr les sept Macchabées.


Le roi du nord sera un homme remarquablement intelligent et habile, qui prospérera autant par l’intrigue et la politique que par la force des armes, mais qui tiendra sa puissance d’une source extérieure. Néanmoins, il accomplira de grands exploits et ses entreprises, des plus audacieuses, seront couronnées de succès, aussi bien en direction du sud que de l’orient. Son action s’étendra notamment à la Palestine où il détruira « les hommes forts et le peuple des saints ». Il tirera parti de la situation économique extraordinairement favorable pour corrompre beaucoup de gens et faire aboutir ses desseins. Pour finir, il se dressera contre le Seigneur, mais sera « brisé sans main », c’est-à-dire par le Seigneur lui-même.

Mais considérons encore ce que Daniel déclare au sujet du roi du nord au chapitre 11 de son livre : « Et, au temps de la fin, le roi du midi (l’Égypte) heurtera contre lui (l’Antichrist), et le roi du nord fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans le pays et inondera et passera outre ; et il viendra dans le pays de beauté, et plusieurs pays tomberont ; mais ceux-ci échapperont de sa main : Edom, et Moab, et les principaux des fils d’Ammon. Et il étendra sa main sur les pays, et le pays d’Égypte n’échappera pas. Et il aura sous sa puissance les trésors d’or et d’argent, et toutes les choses désirables de l’Égypte ; et les Libyens et les Éthiopiens suivront ses pas. Mais des nouvelles de l’orient et du nord l’effrayeront, et il sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens. Et il plantera les tentes de son palais entre la mer et la montagne de sainte beauté ; et il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir » (v. 40-45).

Il ressort de ce passage que le roi d’Égypte tout d’abord, puis le roi du nord, bien qu’adversaires, envahiront la Palestine à la tête d’armées innombrables. Le roi du nord submergera le pays comme une inondation et le dévastera, ainsi que les pays environnants, excepté toutefois Edom, Moab et Ammon. Ces trois pays limitrophes de la Palestine, ennemis de toujours d’Israël, seront épargnés alors, afin que s’accomplisse la prophétie d’Ésaïe 11 : « Ils (Juda et Éphraïm) pilleront ensemble les fils de l’orient : Edom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils d’Ammon leur obéiront » (v. 14). Il appartiendra donc à Israël d’anéantir lui-même ses ennemis héréditaires (cf. aussi Ézéchiel 25:14 ; Michée 5:5, 6 ; Zacharie 12:6). Le roi du nord se dirigera ensuite vers l’Égypte et s’emparera de toutes les richesses qui y seront alors accumulées, mais des nouvelles inquiétantes lui parviendront de l’orient et du nord et le rempliront de fureur contre Israël. Il reviendra donc précipitamment en Palestine et prendra position entre la Méditerranée et Jérusalem, et s’apprêtera à saccager la ville une seconde fois. Mais il ne pourra mettre ce plan à exécution, car il sera anéanti par le Seigneur, comme « au jour de la bataille », c’est-à-dire comme au jour où le Seigneur détruisit l’Antichrist et la bête romaine.


4.3.5.2 - Gog selon Ézéchiel

Ézéchiel décrit, au chapitre 38 de son livre, l’invasion de la Palestine par l’Assyrien, qu’il désigne sous le nom de Gog (*). L’Éternel commande à son serviteur de prophétiser contre Gog et de lui dire : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Gog, prince de Rosh, de Méshec et de Tubal ! » (v. 1-3) (**). Il est à la tête de hordes innombrables, comprenant également les troupes fournies par ses alliés (qu’on appellerait aujourd’hui des « États satellites »). Israël aura réintégré son pays et sera reconnu de Dieu comme son peuple. Il habitera en sécurité sur sa terre (v. 8 et 14). Dieu annonce ce qui se produira alors, disant à Gog : « Et tu viendras de ton lieu, du fond du nord, toi et beaucoup de peuples avec toi, tous montés sur des chevaux, un grand rassemblement et une nombreuse armée ; et tu monteras contre mon peuple Israël comme une nuée, pour couvrir le pays. Ce sera à la fin des jours ; et je te ferai venir sur mon pays, afin que les nations me connaissent, quand je serai sanctifié en toi, ô Gog ! devant leurs yeux » (v. 15, 16). Il envahira la Palestine surtout dans le dessein de s’emparer des richesses qui y seront accumulées. « Et tu diras : Je monterai dans un pays de villes ouvertes… pour emporter un butin et faire un pillage, pour tourner ta main… sur un peuple rassemblé d’entre les nations, qui a acquis du bétail et des biens… ; pour enlever de l’argent et de l’or, pour prendre le bétail et les biens, pour emporter un grand butin » (v. 11 et suiv.).

(*) Le Gog d’Ézéchiel ne doit pas être confondu avec « Gog et Magog » d’Apocalypse 20, lequel désigne l’ennemi qui environnera le camp des saints après le millénium.

(**) Certains croient reconnaître dans ces trois noms la racine des mots « Russie », « Moscou » et « Tobolsk ».


Mais Ézéchiel annonce aussi le châtiment qui atteindra cet ennemi d’Israël (chap. 39). « Et j’abattrai ton arc de ta main gauche, et je ferai tomber tes flèches de ta main droite ; tu tomberas sur les montagnes d’Israël, toi et toutes tes bandes, et les peuples qui seront avec toi ; je te donnerai en pâture aux oiseaux de proie de toute aile, et aux bêtes des champs ; tu tomberas sur la face des champs ; car moi, j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel… Et les habitants des villes d’Israël sortiront et allumeront du feu, et brûleront les armes, et les écus, et les boucliers avec les arcs, et les flèches, et les épieux, et les piques ; et ils en feront du feu pendant sept ans (*)… Et la maison d’Israël les enterrera (les cadavres) pendant sept mois, pour purifier le pays ; et tout le peuple du pays les enterrera » (v. 3 et suiv.).

(*) Ce chiffre fait ressortir l’énormité des moyens de destruction dont disposera l’Assyrien.


Ce jugement contre Gog fera triompher la gloire de Christ parmi les nations et achèvera la délivrance d’Israël : « Et je mettrai ma gloire parmi les nations ; et toutes les nations verront mon jugement, que j’aurai exécuté… Et la maison d’Israël saura que je suis l’Éternel, leur Dieu, dès ce jour-là et dans la suite… Maintenant je rétablirai les captifs de Jacob et j’aurai compassion de toute la maison d’Israël… Et je ne leur cacherai plus ma face, parce que j’aurai répandu mon Esprit sur la maison d’Israël, dit le Seigneur, l’Éternel » (v. 21 et suiv.).


4.3.5.3 - Ce que dit Zacharie

Le prophète Zacharie annonce également certains événements relatifs à l’invasion de la Palestine par l’Assyrien. Il ressort clairement des chapitres 12 et 14 qu’après le jugement de l’Antichrist et de la bête romaine par le Seigneur, Jérusalem sera attaquée par une coalition de nations, dirigée par l’Assyrien. La ville sera prise et saccagée ; la moitié de ses habitants sera emmenée en captivité, mais le reste du peuple sera épargné, notamment le résidu qui se trouvera à Jérusalem (14:1, 2). Lorsque l’Assyrien reviendra d’Égypte, la rage au coeur, dans le dessein d’anéantir les rescapés du premier siège, le Seigneur « sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille » (v. 3). Ce dernier passage fait allusion à la destruction de l’Antichrist et du chef de l’Empire romain par le Seigneur lorsqu’il était sorti du ciel avec toutes ses armées (Apoc. 19). Mais, lors de cette seconde apparition de Christ, il se produira un événement remarquable, une convulsion géologique qui remplira de terreur les habitants du pays : « Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient (*) ; et la montagne des Oliviers se fendra par le milieu, vers le levant, et vers l’occident, — une fort grande vallée ; et la moitié de la montagne se retirera vers le nord, et la moitié vers le midi… Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi » (v. 4 et suiv.).

(*) Alors s’accomplira la parole des anges annoncée aux disciples, lors de l’ascension du Seigneur sur la montagne des Oliviers : « Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Actes 1:11).


4.3.5.4 - Ce que dit Ésaïe

Ésaïe prophétise aussi au sujet de l’Assyrien. Au chapitre 28, il parle de lui comme d’un instrument du Seigneur, « fort et puissant, comme un orage de grêle, un tourbillon de destruction : comme un orage de puissantes eaux qui débordent, il renversera par terre avec force. La couronne d’orgueil des ivrognes d’Éphraïm sera foulée aux pieds… » (v. 2, 3). Plus loin, Dieu s’adresse à l’Antichrist et à ses acolytes : « C’est pourquoi, écoutez la parole de l’Éternel, hommes moqueurs, qui gouvernez ce peuple qui est à Jérusalem. Car vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort (c’est-à-dire avec le chef de l’Empire romain), et nous avons fait un pacte avec le shéol : si le fléau qui inonde (l’Assyrien) passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous » (v. 14, 15). Les chefs du peuple juif apostat espèrent échapper, par ce moyen, au roi du nord. Mais cette alliance — que l’empereur romain rompra d’ailleurs au bout de trois ans et demi — ne les mettra aucunement à l’abri de l’envahisseur. « Lorsque le fléau qui inonde passera, vous serez foulés par lui ; dès qu’il passera, il vous prendra ; car matin après matin il passera, de jour et de nuit, et ce ne sera qu’effroi d’en entendre la rumeur » (v. 18, 19).

Au chapitre 29, Ésaïe décrit la désolation de Jérusalem (appelée Ariel), au moment où elle sera assiégée et saccagée par l’Assyrien. « Malheur à Ariel, à Ariel, la cité où David demeura !… Il y aura soupir et gémissement… Et je camperai comme un cercle contre toi ; et je t’assiégerai au moyen de postes armés, et j’élèverai contre toi des forts ; et, humiliée, tu parleras depuis la terre, et ta parole sortira sourdement de la poussière… » (v. 1-4). Mais le prophète annonce aussi sa délivrance miraculeuse : « Et la multitude de tes ennemis sera comme une fine poussière… et cela arrivera en un moment, subitement. Tu seras visitée de par l’Éternel des armées avec tonnerre et tremblement de terre et une grande voix, avec tourbillon et tempête, et une flamme de feu dévorant. Et la multitude de toutes les nations qui font la guerre à Ariel… seront comme un songe d’une vision de nuit » (v. 5-7). Le Seigneur sortira et anéantira ces nations, et délivrera définitivement son peuple et celui-ci sera converti : « Ils sanctifieront mon nom, et ils sanctifieront le Saint de Jacob, et ils craindront le Dieu d’Israël ; et ceux qui errent en esprit auront de l’intelligence, et les désobéissants apprendront la bonne doctrine » (v. 23, 24).

D’autres prophètes encore parlent de l’Assyrien, de ses actes et de son anéantissement par le Seigneur (Joël, Michée, Nahum [dont le seul sujet est l’Assyrien], les Psaumes, Jérémie), mais ce que nous en avons examiné jusqu’ici donne une image suffisamment complète de ce dernier et redoutable adversaire d’Israël.


4.4 - LA VENUE GLORIEUSE DE CHRIST

4.4.1 - Chapitre 1 — Quand et comment le Seigneur apparaîtra-t-il en gloire ?

L’apparition glorieuse du Seigneur mettra fin à la période des jugements. Cet événement se produira en trois phases : tout d’abord, le Seigneur sortira du ciel avec ses armées pour frapper les nations avec la Bête et le faux prophète ; puis il apparaîtra aux fidèles du résidu juif sur la montagne des Oliviers et les délivrera de l’Assyrien ; enfin, il viendra dans sa gloire avec tous les saints pour établir son règne. Alors, il s’assiéra sur son trône et jugera les nations assemblées devant lui. Il n’est pas possible de déterminer l’intervalle qui séparera chacune de ces phases.


4.4.1.1 - Apparition personnelle de Christ

Le Seigneur reviendra personnellement. « Dites à ceux qui ont le coeur timide : Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu… Lui-même viendra, et vous sauvera » (És. 35:4). « Voici, le Seigneur l’Éternel viendra avec puissance, et son bras dominera pour lui. Voici, son salaire est avec lui, et sa récompense devant lui. Comme un berger il paîtra son troupeau » (40:10, 11). « Et l’Éternel sortira… Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers » (Zach. 14:3, 4).

Le Seigneur apparaîtra comme fils de l’homme, c’est-à-dire celui qui a été rejeté par son peuple, et vient pour exercer le jugement (*). « Et voici, quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux… Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté » (Dan. 7:13, 14). « Et alors paraîtra le signe du fils de l’homme dans le ciel et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire » (Matt. 24:30). « Car comme l’éclair qui brille, luit de l’un des côtés de dessous le ciel jusqu’à l’autre côté de dessous le ciel, ainsi sera le fils de l’homme en son jour » (Luc 17:24).

(*) L’Église n’attend pas le Seigneur sous ce caractère, mais bien comme son Époux, son Chef glorieux.


4.4.1.2 - Une venue visible des hommes sur la terre

Il ressort déjà de quelques-uns des passages cités que la venue du Seigneur sera visible pour tous, car Dieu veut que tous les hommes reconnaissent et voient dans sa gloire le Fils de son amour. Les uns le recevront comme leur libérateur, les autres trembleront d’effroi à la vue de leur juge. « Voici, il vient avec les nuées, et tout oeil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » (Apoc. 1:7). « Toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le fils de l’homme venant sur les nuées du ciel » (Matt. 24:30). Il apparaîtra alors non plus comme « l’étoile du matin » que seuls distinguent ceux qui l’attendent avec vigilance, mais bien comme « le soleil de justice » qui apportera la pleine lumière du jour, le « matin sans nuages » dont parle David en 2 Samuel 23:4 : « Il sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages ». Il viendra accomplir une mission officielle, pour l’exécution de laquelle il revêtira sa gloire royale et portera les attributs du jugement, savoir l’épée à deux tranchants (Apoc. 19:15) et la verge de fer (Ps. 2:9). Il versera son courroux contre ses ennemis, les anéantira et purifiera la terre de tout le mal et de tous les méchants. On comprend qu’il ne puisse rester alors invisible aux hommes, comme ce sera le cas lors de l’enlèvement des rachetés, mais qu’au contraire son apparition soit une manifestation éclatante et publique de sa puissance et de sa gloire.


4.4.1.3 - Le cortège d’accompagnement de Christ

À la différence de sa première venue où il sera seul, Jésus sera, lors de son apparition en gloire, accompagné de ses anges et de ses bien-aimés rachetés. « Il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1:10). « Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges » (Matt. 16:27). « Le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui » (Matt. 25:31). Ceux-ci seront les exécuteurs de ses jugements sur toute la terre. C’est pourquoi ils sont appelés « les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Thess. 1:8). Le Seigneur lui-même le déclare à ses disciples dans la parabole de l’ivraie : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils cueilleront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matt. 13:41, 42). Nous nous souvenons des paroles que le Seigneur adressait à Pierre, lors de son arrestation au jardin de Gethsémané : « Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père, et il me fournira plus de douze légions d’anges ? » (Matt. 26:53). Alors, il ne les avait pas demandées, sinon les Écritures n’eussent pas été accomplies, « qui disent qu’il faut qu’il en arrive ainsi ».

Mais lorsqu’il reviendra dans sa gloire, alors il sera accompagné d’un cortège glorieux comptant infiniment plus que douze légions d’anges. Ce seront des myriades innombrables qui l’accompagneront dans son jugement triomphal.

Tous ses rachetés feront aussi partie de ce céleste cortège. L’Apocalypse nous les montre assis sur des chevaux blancs, symboles de victoire et de triomphe. L’Agneau aura célébré peu auparavant ses noces avec l’Église, et maintenant, revêtue de sa gloire, elle apparaît du ciel avec lui, pour participer à ses jugements et à son règne. « Et je vis le ciel ouvert : et voici un cheval blanc, et celui qui est assis dessus appelé fidèle et véritable ; et il juge et combat en justice… et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur » (Apoc. 19:11 et suiv.). Cet événement est d’ailleurs déjà annoncé par le prophète Zacharie : « Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi » (14:5). Quelle précieuse espérance pour les rachetés du Seigneur, exposés maintenant au mépris du monde ! « Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3:4). Le Seigneur associera ainsi son Épouse bien-aimée à son propre triomphe, après qu’elle lui aura été associée, durant des siècles, dans le mépris, la haine et les persécutions du monde. « Étant affligés maintenant pour un peu de temps… afin que l’épreuve de votre foi… soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pierre 1:6,7).


4.4.1.4 - Une apparition soudaine

L’apparition de Christ sera soudaine. « Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thess. 5:2, 3). Cette soudaineté et les diverses images dont la Parole se sert pour l’exprimer font ressortir l’effroi qui saisira les impies à l’apparition du Roi des rois, du juge implacable. Son arrivée soudaine, comme celle du voleur dans la nuit (cf. également 2 Pierre 3:10 ; Apoc. 3:3 et 16:15) plonge dans la terreur ceux qu’il arrache au sommeil. Le Seigneur compare aussi sa venue à un éclair qui jaillit de l’orient à l’occident (Matt. 24:27 et Luc 17:24), au déluge qui s’abattit subitement sur les hommes au temps de Noé et les emporta tous (Matt. 24:38, 39) et, enfin, à la pluie de feu et de soufre qui fit périr en un instant les habitants de Sodome (Luc 17:28-31). Malheur à ceux qui ne seront pas prêts à le recevoir !


4.4.1.5 - Retour sur la montagne des Oliviers

Le Seigneur posera ses pieds sur la montagne des Oliviers, ainsi que l’annonce le prophète Zacharie : « Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient ; et la montagne des Oliviers se fendra par le milieu, vers le levant, et vers l’occident, — une fort grande vallée ; et la moitié de la montagne se retirera vers le nord, et la moitié vers le midi » (14:3, 4). C’est là qu’autrefois, en Gethsémané, il a accepté la coupe de la main du Père (Matt. 26:30). C’est de là aussi qu’il a été élevé au ciel et que les disciples ont reçu cette promesse de la part des deux anges : « Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (Actes 1:11, 12). C’est non loin de là encore que se trouve Golgotha, le mont Calvaire où il fut crucifié. Enfin, c’est là que la gloire de l’Éternel, quittant le temple qui allait être détruit par Nebucadnetsar, était restée comme en suspens (Ézéch. 11:22, 23).

On comprend que le Seigneur redescende, dans tout l’éclat de sa gloire, précisément à l’endroit où il a souffert l’agonie de Gethsémané, et ramène la gloire de l’Éternel sur la terre là d’où elle s’en était allée. Par son apparition il anéantira l’homme de péché (2 Thess. 2:8), vaincra et subjuguera les nations révoltées contre Dieu (Apoc. 17:14) et délivrera le résidu juif. La bête et le faux prophète seront pris et jetés vifs dans l’étang de feu (Apoc. 19:20) et Satan sera lié pour mille ans (Apoc. 20:1-3). Alors le nom méprisé de Jésus sera reconnu et honoré par toutes les créatures (Phil. 2:9-11) ; le Fils de l’homme recevra le royaume qui ne passera pas (Dan. 7:13, 14) et lui qui, à la veille de son ministère terrestre, a refusé de se prosterner devant Satan en échange de la domination du monde, recevra les nations pour héritage, et, pour sa possession, les bouts de la terre (Ps. 2:8). Après avoir été « l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple » (Ps. 22:6), il sera haut élevé et « couronné de gloire et d’honneur » (Ps. 8:5).


4.4.2 - Chapitre 2 — Le jugement des vivants

Lorsque le Seigneur aura achevé le jugement guerrier d’Apocalypse 19 et qu’avec ses armées célestes il aura anéanti la « bête et les rois de la terre », il lui restera à juger les hommes qui auront survécu aux terribles châtiments de la grande tribulation. Plusieurs passages montrent qu’une partie importante de l’humanité aura été détruite et le Seigneur a déclaré lui-même à ses disciples que si ces jours n’étaient abrégés, personne n’en réchapperait. C’est dire l’étendue du carnage qui atteindra Juifs et nations et combien relativement peu nombreux seront les hommes vivants sur la terre au moment où le Seigneur s’assiéra sur son trône pour les juger.


4.4.2.1 - Jugement selon Joël et Matthieu

Parmi les passages de l’Écriture se rapportant à ce jugement des nations, nous citerons les suivants :

« Car voici, en ces jours-là et en ce temps-là où je rétablirai les captifs de Juda et de Jérusalem, je rassemblerai toutes les nations, et je les ferai descendre dans la vallée de Josaphat (*), et là j’entrerai en jugement avec elles au sujet de mon peuple et de mon héritage, Israël, qu’elles ont dispersé parmi les nations » (Joël 3:1, 2). « Que les nations se réveillent et montent à la vallée de Josaphat, car là je m’assiérai pour juger toutes les nations, de toute part » (v. 12).

(*) Nom qui signifie « l’Éternel juge ».


« Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire, et toutes les nations seront assemblées devant lui ; et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les chèvres ; et il mettra les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous est préparé dès la fondation du monde ; car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais infirme, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus auprès de moi. Alors les justes lui répondront, disant : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, et que nous t’avons nourri ; ou avoir soif, et que nous t’avons donné à boire ? Et quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons vêtu ? Et quand est-ce que nous t’avons vu infirme, ou en prison, et que nous sommes venus auprès de toi ? Et le roi, répondant, leur dira : En vérité, je vous dis : En tant que vous l’avez fait à l’un des plus petits de ceux-ci qui sont mes frères, vous me l’avez fait à moi. Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges… Et ceux-ci s’en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle » (Matt. 25:31 et suiv.).

L’état du coeur des hommes ainsi jugés sera mis en lumière d’après leurs oeuvres, c’est-à-dire d’après leur attitude envers ceux que le Seigneur appelle ses frères et qui sont les messagers de l’évangile du royaume. Ils appartiendront au résidu d’Israël et auront annoncé cet évangile au travers des persécutions et des épreuves sans nom de la grande tribulation. Plusieurs d’entre eux auront subi le martyre. Ceux qui refuseront de recevoir la marque de la bête — et ce sera le cas de ces évangélistes — ne pourront ni acheter ni travailler ; on peut ainsi mesurer quelque peu le prix que le Seigneur attachera aux témoignages d’amour qui seront prodigués par quelques-uns à ses fidèles témoins : un verre d’eau à celui qui sera assoiffé, de la nourriture à celui qui n’aura pu manger depuis plusieurs jours peut-être, un vêtement à celui dont les habits seront en loques, une visite de sympathie à ceux qui auront été jetés en prison et torturés. Ces gestes seront d’autant plus précieux au coeur du Seigneur que leurs auteurs y risqueront leur propre vie et que, d’autre part, en aidant ces serviteurs, ils contribueront à la diffusion de leur message. Du reste, ils sont devenus des brebis du Seigneur, parce qu’ils ont écouté et reçu les messagers que le roi leur a envoyés. C’est pourquoi grande est leur récompense : ils héritent du royaume, autrement dit ils sont associés à Christ dans son règne (*).

(*) Ils ne font toutefois pas partie de l’Église, qui participera au règne comme Épouse du Roi. Leurs privilèges sont donc moins élevés que ceux des rachetés d’aujourd’hui.


Tandis que les autres, « les chèvres », qui auront refusé leur aide à « l’un de ces plus petits qui sont les frères du Seigneur » et qui se seront faits ainsi les complices de leurs persécuteurs, ils seront jetés immédiatement dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges. Ils sont appelés des « maudits » et n’auront pas part au millénium, car ils sont indignes de devenir des sujets du Roi des rois. Ce sera le jour solennel où l’ivraie sera séparée du bon grain. « Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils cueilleront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise de feu : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matt. 13:41-43).


4.4.2.2 - Autres passages

Ce sera aussi l’accomplissement de la prophétie de Jean le baptiseur : « Il a son van dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire et assemblera le froment dans son grenier, mais il brûlera la balle au feu inextinguible » (Luc 3:17). Ce « nettoyage de l’aire » fait bien ressortir le but du jugement exécuté alors : le Seigneur veut ôter de la terre tous ceux qui n’ont aucun droit à jouir de son règne, parce qu’ils ont refusé le message qui leur en offrait l’entrée et que la Parole appelle, pour cette raison, l’évangile du royaume. Ce jugement ne doit donc pas être confondu avec le jugement dernier, qui s’exercera non envers des vivants, mais envers des morts, et aura lieu après le règne millénaire (le grand trône blanc d’Apoc. 20:11-15).

Fait remarquable, les rachetés célestes qui feront partie de l’Église ne seront pas seulement spectateurs de ce jugement des vivants, mais ils y participeront activement. « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » (1 Cor. 6:2). « Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné » (Apoc. 20:4). D’ailleurs, ils continueront à exercer cette fonction durant le règne millénaire tout entier, les douze apôtres étant assis sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël (Luc 22:30).

Les « brebis » ainsi mises à part lors de ce jugement entreront dans le royaume et seront les sujets bénis du Roi. Nous verrons, dans les prochains chapitres, quels seront leurs bénédictions et leurs privilèges durant le millénium.