Ministère de pasteur et Soins pastoraux

Les bergers (ou pasteurs) paissent ou nourrissent le troupeau, et en prennent soin (CdC. 1:7 ; Luc 2:8), qu’il s’agisse de brebis spirituelles ou naturelles. On dit parfois qu’un pasteur est à l’âme, ce que le médecin est au corps, en ce sens que le pasteur désire le mieux pour une bonne santé spirituelle continuelle, pour la croissance et le développement de l’âme.

1.1 - Nous devrions tous avoir un esprit pastoral…

« Si donc moi, votre Seigneur et Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres » (Jean 13:14)

« qu’il n’y ait pas de division dans le corps ; mais que les membres aient un égal soin les uns des autres » (1 Cor. 12:25)

« par amour, servez-vous l’un l’autre » (Gal. 5:13)

« portez les charges les uns des autres, et ainsi accomplissez la loi du Christ » (Gal. 6:2).

1.2 - … mais Dieu a donné à certains croyants la responsabilité spéciale de paître leurs frères, soit dans le monde entier soit localement

Les bergers sont des dons du Seigneur Jésus à l’église mondialement : « Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers (pasteurs) et docteurs, pour le perfectionnement des saints, en vue de l’œuvre du ministère (ou service), pour l’édification du corps du Christ » (Éph. 4:11-12). Les soins de berger (ou soins pastoraux) sont également exercés par les anciens (ou surveillants) dans le cadre local (*). Quand Paul s’adressait aux anciens de l’église à Éphèse, il disait : « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils » (Actes 20:28). Nous lisons dans 1 Pierre 5:1-2 : « J’exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ et participant à la gloire qui va être révélée : paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous, le surveillant non par contrainte, mais volontairement, non pour un gain honteux, mais de bon gré ».

(*) Dans l’Écriture, les pasteurs (ou bergers) sont des dons pour le corps de Christ tout entier, tandis que les anciens sont responsables d’exercer la surveillance localement.

Que nous pensions au don de berger (pasteur) pour l’ensemble de l’Église ou aux anciens qui paissent les croyants au niveau local, le contraste est grand avec l’idée qu’un pasteur est quelqu’un d’officiellement désigné pour diriger une église. C’est ce que montre la tableau suivant :

Bergers et anciens dans l’Écriture	Pasteurs nommés officiellement
Divinement donnés	On n’en trouve pas dans l’Écriture
Ils exercent leur don dans le monde entier ou sont des bergers (pasteurs) au niveau local	Cumule souvent deux fonctions locales : celle d’ancien et celle de diacre (1 Tim. 3:1-13)
Il en est toujours parlé au pluriel	Peut être le seul à occuper cette fonction
Dirigés par le Seigneur Jésus, Tête (ou chef) de l’Église dans le ciel	Peut facilement prendre la place de Christ
Nourrit (paît) et prend soin des brebis	Peut avoir beaucoup d’autres obligations
Aide les autres croyants à exercer leurs dons spirituels	Peut empêcher les autres d’exercer leurs dons

1.3 - Les bergers (pasteurs) utilisent l’Écriture pour fortifier les croyants

Paul écrivait ceci aux Éphésiens : « Enfin, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de Sa force » (6:10) et, dans sa deuxième lettre à Timothée : « Toi donc, mon fils, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2:1). Il a pu le faire parce qu’il était fortifié par Christ Lui-même. Et il écrivait encore à Timothée : « Je rends grâces au Christ Jésus notre Seigneur, qui m’a fortifié, de ce qu’Il m’a estimé fidèle en me confiant le ministère (service) » (1 Tim. 1:12), et aux Philippiens : « Je puis toutes choses par Christ qui me fortifie » (4:13).

1.3.1 - … pour les instruire

David avait été berger en gardant des brebis naturelles dans les champs, mais il écrivit plus tard en rapport avec l’instruction spirituelle (*) dont nous avons besoin en tant que brebis spirituelles : « Je t’instruirai et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher : Je te conseillerai, ayant mon œil sur toi » (Ps. 32:8), surtout lorsque nous nous égarons, comme David l’avait fait lui-même (le psaume s’intitule « psaume d’instruction »). Pour ce faire, les bergers (pasteurs) utilisent l’Écriture : « Toute écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 3:16-17) ; « tes oreilles entendront derrière toi une parole qui dira : C’est ici le chemin, marchez-y » (Ésaïe 30:21).

(*) Éphésiens 4:11 nous dit que les enseignants (ou docteurs) — comme les bergers (pasteurs) — sont des dons pour l'Église, et il les relie ensemble dans l’expression « les autres comme pasteurs et docteurs ». Il s’agit de dons complémentaires, mais normalement un berger est plutôt capable d'enseigner par un enseignement à tendance ou portée pratique. Cette distinction peut être observée dans les ministères de Barnabas et Saul à Antioche : Barnabas était plus exhortatif (Actes 11:23) tandis que Saul était doué pour enseigner les vérités objectives de la foi, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Barnabas l'avait fait venir (Actes 11:25-26). Mais il ne faut pas être trop rigide sur ce point, car les Actes et les lettres de Paul montrent qu'il exhortait ses auditeurs et ses lecteurs de manière très pratique.

1.3.2 - … pour les encourager et les exhorter

Paul écrivait aux Thessaloniciens : « Encouragez-vous (littéralement : exhortez-vous) et édifiez-vous l’un l’autre, comme aussi vous le faites » (1 Thess. 5:11). Certains ont un don spécial dans ce sens. Lisez Romains 12:8 en relation avec le v. 6 : « celui qui exhorte, qu’il s’applique à l’exhortation ». Nous pouvons nous attendre à ce que quelqu’un qui a la responsabilité d’être berger (pasteur) ait ce don. Paul parait certainement l’avoir eu. Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, il pouvait écrire à propos de sa visite à ces derniers : « Vous savez comment nous avons exhorté chacun de vous, comme un père le fait avec ses propres enfants » (2:11). Cela peut se faire dans différents contextes :

individuellement, comme Paul dans ses lettres pastorales à Timothée ;
à domicile, comme l’ont fait Aquilas et Priscilla lorsqu’ils ont pris Apollos auprès d’eux, et « lui ont expliqué plus exactement la voie de Dieu » (Actes 18:26) ; et
dans l’assemblée : « n’abandonnant pas le rassemblement de nous-mêmes, comme le font certains, mais nous exhortant l’un l’autre, et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher » (Héb. 10:25).

1.3.3 - … pour les corriger

Les brebis s’égarent parfois (Ésaïe 53:6). L’exhortation est un moyen de prévention, mais si on n’en tient pas compte, il y a besoin de « correction » (2 Tim. 3:16). Le mot signifie littéralement « redresser » et comporte deux aspects :

avertir les gens qu’ils font fausse route (« prêche la parole, en temps et hors de temps, convaincs, reprends » ; 2 Tim. 4:2), et
les aider à plutôt aller dans le bon sens (« Frères, si quelqu’un parmi vous s’égare de la vérité et que quelqu’un le ramène, qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de l’égarement sauvera une âme de la mort, et couvrira une multitude de péchés » ; Jacq. 5:19-20).

Si notre ministère de berger (pasteur) était plus efficace, il y aurait peut-être moins besoin de recourir à la discipline publique et aux maux de cœur qui l’accompagnent souvent. Mais les pasteurs et les anciens ont besoin d’être préservés eux-mêmes d’errer, et d’être pourvus de discernement spirituel, de force morale, de sagesse et de discrétion pour guider les autres. Paul insiste sur ces points auprès de Tite (2:7-8, 15, etc.). Si ces questions étaient urgentes en Crète au premier siècle parmi les croyants, combien plus le sont-elles aujourd’hui dans nos pays ! Prions-nous pour qu’il y ait des pasteurs et des anciens ? Sommes-nous prêts à nous soumettre nous-mêmes à leur correction (Ps. 32:9) ?

1.4 - Comment font-ils leur travail de berger (pasteur) ?

1.4.1 - En consolant le peuple du Seigneur

« Béni soit Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console à l’égard de toute notre, afin que nous soyons capables de consoler ceux qui sont dans quelque affliction que ce soit, par la consolation dont nous sommes nous-mêmes consolés de Dieu » (2 Cor. 1:3-4). Le mot grec traduit par « consoler », « consolation », dans ces versets est le même que le mot traduit par « encourager » ou « exhorter », que nous avons considéré plus haut. Ici, Paul parle de l’effet positif de l’encouragement et de l’exhortation, si nous y prêtons attention. Cela nous aide à avancer en paix et en confiance malgré les difficultés du chemin. Pensez aux paroles de David au sujet du grand Berger dans le Psaume 23 : « Même si je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton et ta houlette, ce sont eux qui me consolent » (v. 4). En 2 Corinthiens 7, Paul raconte comment lui et ses compagnons ont bénéficié de ce type de ministère de la part de Tite : « Lorsque nous fûmes arrivés en Macédoine, notre chair n’eut aucun repos, et nous étions affligés de toute part ; au dehors, il y avait des combats, au dedans, des craintes. Mais Dieu, qui console ceux qui sont abattus, nous a consolés par la venue de Tite ; et non seulement par sa venue, mais par la consolation dont il a été rempli à votre sujet, en nous racontant votre grand désir, vos larmes, votre affection ardente envers moi, de sorte que je me suis d’autant plus réjoui » (2 Cor. 7:5-7). Le ministère de berger (pasteur) peut donner du ressort dans la marche et apporter de la joie dans le cœur !

1.4.2 - … en veillant sur les âmes, et travaillant ou combattant pour elles

Au Psaume 23, David dit : « Tu es avec moi » (v. 4). Cela devrait nous interpeller. Sommes-nous prêts à passer du temps avec les croyants que nous connaissons pour les consoler ? La vie est trépidante et, bien que la technologie moderne nous aide à rester en contact les uns avec les autres, nous avons parfois besoin d’être avec les gens là où ils sont quand ils ont besoin de notre aide. Ce sont peut-être les sacrifices qu’implique le rôle de berger qui en font un tel défi. Mais le Seigneur Jésus, qui a tout sacrifié pour être notre berger (Jean 10:11), veut nous aider à faire preuve d’une vraie sympathie envers nos frères, afin qu’ils sachent qu’ils comptent pour nous et que nous les aimons. Plus important encore, nous pouvons prier pour eux : « Épaphras, qui est l’un de vous, esclave de Christ, vous salue, combattant (ou : travaillant avec ferveur) toujours pour vous par des prières, afin que vous demeuriez parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu » (Col. 4:12).

1.4.3 - … en leur appliquant correctement la vérité

Nous avons déjà fait référence aux paroles de Paul en 2 Timothée 3:16-17 sur l’importance de l’Écriture. Nous devons connaître la vérité, et laisser le Saint-Esprit nous l’appliquer, afin qu’Il puisse se servir de nous, s’Il le veut, pour l’appliquer à d’autres d’une manière spirituelle. Connaissons-nous bien la Bible ? Sommes-nous vraiment soumis à ce qu’elle dit ?

1.4.4 - … en prévenant les égarements et récupérant les égarés

Paul a dit aux anciens d’Éphèse : « Veillez, et souvenez-vous que pendant trois ans je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous avec larmes » (Actes 20:31). Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, il les exhortait à « avertir les déréglés, à consoler ceux qui sont découragés, à venir en aide aux faibles, à être patients envers tous » (1 Thes. 5:14). Un pasteur ou un ancien ne doit pas abandonner facilement les personnes qui s’égarent : « Frères, si un homme s’est laissé surprendre par une faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (Gal. 6:1). Le berger va « après ce qui est perdu, jusqu’à ce qu’il le trouve » (Luc 15:4), et lorsque le prodigue de retour était « encore loin, son père le vit, étant ému de compassion, courut et se jeta à son cou et l’embrassa » (Luc 15:20).

1.5 - Leçons tirées du passé

1.5.1 - Jacob

Dieu lui-même est le parfait exemple de Berger. Jacob put dire à Joseph à la fin de sa vie : « Le Dieu devant la face duquel ont marché mes pères Abraham et Isaac, le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu’à ce jour, l’Ange qui m’a délivré de tout mal, bénisse ces jeunes gens » (Gen. 48:15-16). Il savait qu’il avait été une brebis difficile pendant une grande partie de sa vie (Gen. 47:9), mais que Dieu avait fait preuve de patience et de fidélité, l’amenant à la pleine bénédiction à la fin de sa vie. Il voulait maintenant que ses jeunes petits-fils, Ephraïm et Manassé, fassent l’expérience de la même bénédiction.

1.5.2 - Moïse

C’est lorsque Moïse « faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père » « derrière le désert » que « l’Ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson » (Ex. 3:1, 2). Moïse fut attiré par le fait que le buisson brûlait avec du feu, mais n’était pas consumé (Ex. 3:2,3), une belle image d’un Dieu saint habitant parmi Son peuple, mais qui ne le consume pas malgré ses fautes. Il ne fait aucun doute que Moïse fut grandement marqué par ce spectacle alors qu’il conduisait Israël à travers le désert jusqu’aux frontières de la terre promise. Les Israélites murmurèrent souvent, mais il persévéra patiemment avec eux, plaidant même auprès de Dieu en leur faveur lorsqu’ils péchaient. Nous lisons qu’il était « très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre » (Nombres 12:3). Il fut un excellent exemple du renoncement à soi-même qui doit caractériser un berger (pasteur).

1.5.3 - David

Dieu « choisit David, son serviteur, et le tira des parcs des brebis ; Il le fit venir d’auprès des brebis qui allaitent, pour paître Jacob, Son peuple, et Israël, Son héritage. Il les fit paître selon l’intégrité de son cœur, et les conduisit par l’intelligence de ses mains » (Ps. 78:70-72).

1.5.4 - [Mauvais bergers]

Mais d’autres bergers ont été bien différents. Dieu dut dire : « Malheur aux bergers (pasteurs) d’Israël qui se repaissent eux-mêmes ! Les bergers (pasteurs) ne devraient-ils pas paître les troupeaux ? Vous mangez la graisse, vous vous habillez de la laine, vous égorgez ce qui est engraissé, mais vous ne paissez (nourrissez) pas le troupeau » (Ézéc. 34:2-3 ; voir aussi 34:4-6). C. H. Spurgeon, le célèbre prédicateur du 19e siècle, a dit un jour : « Un temps viendra où, au lieu de bergers qui nourrissent les brebis, l’Église aura des clowns qui divertissent les chèvres ». Malheureusement, c’est ce que nous constatons aujourd’hui.

1.6 - Le remède de Dieu

En Ézéchiel 34:11-16, Dieu dit ce qu’Il fera pour Ses brebis : « Comme un berger prend soin de Ses brebis au jour où il est au milieu de Ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin… » :

a. Je chercherai mes brebis, et Je les sauverai de tous les lieux… ».
b. Je les ferai sortir d’entre les peuples et les rassemblerai des pays étrangers, et les amènerai dans leur terre.
c. « Je les ferai paître dans un bon pâturage … ».
d. « Je paîtrai mes brebis et Je les ferai reposer ».
e. « la blessée Je la banderai, et la malade Je la fortifierai ».

Le Seigneur Jésus accomplira ces paroles pour Israël dans le futur, mais Matthieu nous donne un aperçu de Son cœur de berger lors de Sa première venue : « Voyant les foules, Il fut ému de compassion pour elles, parce qu’ils étaient las et dispersés, comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Matt. 9:36). Plus tard, Il chargea Pierre de paître les croyants chrétiens : « Pais mes agneaux » ; « Sois berger de mes brebis » ; « Pais mes brebis » (Jean 21:15, 16, 17).

1.7 - Exemples de manières de prodiguer des soins pastoraux

Instruire les nouveaux croyants	Développer l’amitié avec ceux qui sont seuls
Donner des conseils spirituels	Consoler ceux qui sont dans le deuil
Encourager à partir de l’Écriture	Apporter de l’aide pratique
Prier avec les personnes individuellement	Préparer les couples au mariage
Utiliser l’Écriture pour purifier et rafraîchir	Soutenir les parents
Rendre visite aux malades	Aller à la recherche des égarés et les ramener.

Demandons au Seigneur de nous accorder des bergers et des anciens, en priant pour ceux qu’Il a donnés et en les honorant comme il se doit. Puissions-nous également désirer ardemment avoir nous-mêmes un esprit de berger (pasteur) en priant et en prenant soin les uns des autres, jour après jour.

2 - CE QUE JEAN 10 SUGGÈRE quant aux SOINS PASTORAUX

Hardt Michael

En tant que Bon Berger, Christ est seul. Il est absolument unique. C’est ce qui ressort très rapidement de la lecture de Jean 10 (voir spécialement les v. 11 et 14). En même temps, ce passage contient beaucoup d’informations sur les brebis et leurs besoins. Il est donc possible d’en retirer bien des suggestions sur les soins à apporter par les bergers (pasteurs) en considérant le Bon Berger comme le parfait modèle.

Examinons ces aspects tour à tour : le Bon Berger, les brebis et les leçons que nous pouvons en tirer pour les soins pastoraux.

2.1 - Ce que Christ a fait pour les brebis

En Jean 10, trois images nous font comprendre ce que Christ a fait pour les brebis.

2.1.1 - [Christ venu comme le Bon Berger]

Tout d’abord, le Seigneur Jésus est venu en tant que berger. Il avait accepté la tâche de veiller sur le troupeau de Dieu (cf. Zach. 11:4, 7). Il a été reconnu comme berger parce qu’Il est entré « par la porte de la bergerie [juive] » (Jean 10:1-6) : humblement, en remplissant toutes les conditions stipulées dans la parole prophétique. Il a accompli toutes les prophéties relatives à Sa première venue (né au temps fixé, fils d’Abraham et fils de David, à Bethléem, etc.). Que s’est-il passé lors de la venue du Messie-Berger ? Ses brebis ont entendu Sa voix et Il les a conduites hors de la bergerie. L’homme né aveugle (Jean 9) en est un bon exemple. À première vue, il avait été chassé, et le Seigneur, qui était Lui-même comme un paria, l’avait trouvé. Mais l’appréciation divine sur ces événements est tout à fait différente : le Berger avait trouvé l’une de Ses brebis et l’avait mené en grâce hors de la bergerie.

2.1.2 - [Christ considéré comme la porte]

Les v. 7 à 9 contiennent la deuxième image. Ici, Christ n’entre pas par la porte (de la bergerie), mais Lui-même est la porte. D’une part, Il est la porte qui conduit les brebis hors de la bergerie juive — non pas vers une nouvelle bergerie, mais dans la liberté. D’autre part, Il conduit les brebis vers la bénédiction (v. 9).

2.1.3 - [Ce que fait le Bon Berger, Christ]

Troisièmement, à partir du verset 10, Christ est à nouveau le Berger. En fait, il est LE Bon Berger. En tant que tel :

(a) Il est en contraste avec le « voleur » (ou : larron) — un pseudo-pasteur qui cherche à s’enrichir aux dépens du troupeau (v. 10).

(b) Son caractère est marqué par l’amour et la générosité : Il donne Sa vie pour les brebis (v. 11, 15).

(c) En donnant sa vie (en grec : psyche), Il peut donner la vie éternelle (en grec : zoe), et même la vie en abondance (v. 11b). (*)

(*) Psyche est utilisé pour la vie humaine ou la vie de l’âme, mais quand on en vient à la vie éternelle, l’Écriture utilise un mot tout à fait différent (zoe).

(d) Une autre marque du Bon Berger est la connaissance mutuelle entre Lui et les brebis (v. 14). En fait, cette connaissance est comparée à la connaissance entre Lui et le Père ! De même que Christ s’est confié au Père et que le Père a trouvé Son plaisir en Lui, de même les brebis peuvent se confier dans le Berger, sachant qu’elles sont l’objet de Son cœur.

(e) Le don de la vie du Berger est si grand que la bénédiction ne peut se limiter aux quelques brebis conduites hors de la bergerie (juive). Il « doit », déclare-t-il, amener « d’autres brebis », des païens (ou Gentils = non Juifs) comme la plupart des chrétiens d’aujourd’hui (v. 16).

(f) Dans les v. 17-19, nous apprenons une partie encore plus élevée de la vérité : le don extraordinaire de Sa propre vie n’était pas seulement pour la bénédiction des brebis, mais aussi pour les délices du Père. Il a fourni au Père un nouveau motif de L’aimer en accomplissant l’acte le plus grand qui soit. Dans une scène où la mort était entrée, Il a apporté la vie. Il y est parvenu par un acte qui était à la fois un acte de dévouement volontaire (« je laisse ma vie ») et un acte d’obéissance parfaite (un « commandement de mon Père »).

(g) Ensuite, après les attaques de ceux qui (en L’attaquant) démontraient qu’ils n’étaient pas de Ses brebis, le Seigneur met en évidence l’assurance et la certitude bénies de ceux qui sont vraiment Ses brebis : posséder la vie éternelle, avoir une sécurité éternelle, ne jamais périr, être en sécurité dans les mains du Berger et en sécurité dans les mains du Père (v. 27-29).

(h) Enfin, nous apprenons au v. 30 que Celui qui est venu, humblement — par la porte — n’est autre que Dieu ! « Moi et le Père, nous sommes un ».

2.2 - Les brebis et leurs besoins

Bien que ce chapitre de Jean 10 soit focalisé sur le Bon Berger, nous pouvons nous inspirer de ce qui est dit au sujet des brebis pour mieux saisir les soins à effectuer par les bergers (pasteurs). Ses brebis se distinguent par les caractéristiques suivantes (entre autres) :

(i) Elles écoutent la voix du Berger (d’abord en recevant la vie, puis continuellement). Il s’agit en premier lieu d’une déclaration sur un fait. Néanmoins, cela parle à nos consciences (v. 3, 16, 27).

(ii) Elles reçoivent la vie (v. 10).

(iii) Elles suivent le Bon Berger (v. 4, 27).

(iv) Elles n’écoutent aucune autre voix (v. 5).

L’importance d’écouter la voix du Berger (et aucune autre) et de Le suivre devient évidente si l’on garde à l’esprit que les brebis sont notoirement enclines à s’égarer (Ésaïe 53:6).

En outre, les brebis

(a) fuient le danger, sachant leur faiblesse (v. 12) ;

(b) peuvent être dispersées par le loup, mais ne peuvent être arrachées de la main du Berger (v. 12, 28).

2.3 - Leçons pour les soins que les bergers (pasteurs) ont à fournir

Comme nous l’avons dit plus haut, Christ est seul : Lui seul est venu — en entrant « par la porte » — en tant que Messie-Berger de la bergerie ; Lui seul a donné Sa vie ; et Lui Seul peut donner la vie et a accompli l’œuvre de l’expiation, pour le plus grand plaisir du Père.

Néanmoins, nous pouvons apprendre de Lui. Ses actions ainsi que Son caractère de Berger sont une riche source d’inspiration pour tous ceux qui sont engagés dans les soins à fournir par les bergers (pasteurs — et tous ceux qui sont prêts à être exercés pour savoir si le Seigneur voudrait les utiliser dans ce domaine de service). Voici quelques points qui méritent d’être soulignés :

2.3.1 - L’humilité du Seigneur (v. 2, 3)

Il était prêt à entrer par la porte. Si nous suivons Son exemple, nous n’avons pas besoin de contourner les règles, de prendre des raccourcis ou de nous imposer. Les soins de berger demandent de l’humilité.

2.3.2 - Le berger (pasteur) conduit les brebis (v. 3, 4)

Les brebis ont tendance à s’égarer. Elles ont besoin d’une direction et d’un vrai conducteur. Un tel conducteur ne fera pas les choses par derrière ou en les suivant, mais le berger qui conduit marche devant les brebis. Les bergers (pasteurs) doivent donner l’exemple. Toute personne exerçant la fonction de berger (et, dans une certaine mesure, chacun d’entre nous) doit comprendre que les croyants imiteront ce qu’ils observent chez d’autres, et en particulier chez ceux qu’ils admirent (cf. Phil. 3:17 ; 1 Tim. 4:12 ; Tite 2:7 ; 1 Pierre 5:3). Paul pouvait dire : « Soyez mes imitateurs, comme moi je le suis de Christ » (1 Cor. 11:1).

2.3.3 - Il mène « dehors » (v. 3, 4)

Christ a conduit Ses brebis (juives) hors de la bergerie, les faisant passer du judaïsme au christianisme. Aujourd’hui encore, Il désire que Ses brebis soient conduites hors des systèmes religieux qui sont en désaccord avec Sa Parole. Les soins de berger impliquent parfois d’insister sur ce point : les croyants ne doivent pas être enfermés dans des « bergeries » (dénominations), mais doivent connaître la liberté, en se réunissant simplement au nom du Seigneur Jésus (Matt. 18:20).

2.3.4 - Il donne la liberté (v. 9)

Le Seigneur est la porte par laquelle les brebis peuvent « entrer et sortir », c’est-à-dire jouir de la liberté chrétienne. Les soins de berger (pasteur) consistent à instruire les croyants sur cette liberté : liberté par rapport à la loi, libération de la puissance du péché, simplement en suivant la voix du Bon Berger (voir Rom. 6:14 ; 8:2 ; Gal. 5:1, 2).

2.3.5 - Le berger (pasteur) veille à ce que ses brebis trouvent un bon pâturage (v. 9)

Présenter aux enfants de Dieu de verts pâturages offrant une nourriture spirituelle de haute valeur nutritive, voilà un élément vital des soins de berger. Ce travail peut impliquer la présentation de la Parole en public ou « dans les maisons » (Actes 5:42), ainsi que l’encouragement et l’orientation des brebis pour qu’elles trouvent leur chemin vers des pâturages sains — où Christ est présenté.

Il n’y a jamais eu autant de nourriture spirituelle disponible sous la forme de commentaires bibliques (imprimés et électroniques), de conférences, de messages vidéo et autres. En même temps, il n’y a jamais eu autant de contrefaçons, de mélanges avec l’erreur — des pâturages très dangereux. À l’ère des « fake news » (fausses informations), nous ne sommes jamais loin de ces « fake views », c’est-à-dire d’un enseignement défectueux ou même erroné : il n’est souvent qu’à un clic de souris.

Les soins de berger (pasteur) consistent à montrer la valeur des bons pâturages et, le cas échéant, à mettre en garde contre les pâturages dangereux.

2.3.6 - Le berger (pasteur) se soucie des brebis (v. 11-13)

Voici une caractéristique clé du berger, un trait distinctif qui le caractérise. Comment distinguer le berger (pasteur) d’avec le mercenaire (= celui qu’on paie pour) ? À première vue, ils se ressemblent beaucoup. Tous deux utilisent le même type d’instruments et semblent faire le même genre de choses. La différence réside dans la motivation. Le mercenaire n’est pas propriétaire des brebis, contrairement au berger. Le mercenaire ne se soucie pas vraiment des brebis, alors que le vrai berger s’en soucie.

C’est ici que se pose une question qui sonde notre cœur : nous soucions-nous vraiment des brebis et de leur bien-être ou d’autres motifs entrent-ils en jeu dans tout service que nous pouvons entreprendre, qu’il s’agisse d’objectifs pécuniers, du désir de se forger une réputation, ou d’être estimé par autrui ou d’être reconnu comme un berger (pasteur), ou autres choses du même genre ?

2.3.7 - Le berger (pasteur) protège les brebis (v. 11-13)

Lorsque le loup arrive, le bon berger se place entre le prédateur et les brebis. Il sait que fuir et éviter l’attaque du loup n’est pas une option pour celui qui prend soin des brebis. Au moment de la crise, la différence entre le berger et le mercenaire devient encore plus évidente : le mercenaire s’enfuit, tandis que le berger protège courageusement les brebis.

Le berger est aussi en contraste avec d’autres sur plusieurs points :

le voleur qui cherche à s’enrichir par ruse (v. 1, 10),
le voleur (larron) qui cherche à atteindre le même but en usant de violence (v. 1),
le mercenaire qui n’est pas malveillant, mais égoïste, et est finalement un danger pour les brebis parce qu’il cherche davantage à sauver sa peau qu’à assurer leur sécurité (v. 12-13),
le loup qui vient disperser les brebis, tandis que le berger rassemble (v. 12).

2.3.8 - Autres caractères

Un bon berger sait qu’il n’y a qu’un seul troupeau (non pas une seule bergerie) et un seul berger (v. 16) :

il sait que les brebis ne sont pas retenues par des clôtures (*), mais par l’attirance pour Christ, le vrai berger (Lui est le chef des bergers (pasteurs) ; nous sommes, au mieux, Ses « sous-bergers » ; cf. 1 Pierre 5:4),
il réalise également qu’il n’y a qu’un seul troupeau. Il évite de créer des « bergeries » d’appartenance confessionnelle (dénominations) ou des frontières nationales.

(*) Évidemment ceci n’annule pas les passages qui exhortent à être séparés du mal (2 Tim. 2:19–22; etc.). Ce n’est toutefois pas la pensée dans ce passage. Ici, l’insistance est sur le fait qu’il y a un seul troupeau, sans qu’il y ait de distinction entre les brebis qui avaient l’habitude d’être dans une bergerie (croyants d’origine juive) et les « autres brebis » (croyants d’origine non juive).

Un bon pasteur (berger) imitera le bon berger (cf. v. 17, 18) :

en agissant dans l’obéissance au Père, en conduisant le troupeau d’une manière qui Le réjouit Lui,

en servant en ayant Christ devant les yeux, car Christ a servi parfaitement, jusqu’à même donner volontairement Sa vie !

Enfin, le ministère du bon berger (pasteur) confirme les brebis quant à leur sécurité éternelle (v. 27-29), en soulignant que, malgré leur propre faiblesse, elles ont une vie qui est éternelle, qu’elles ne périront pas et qu’elles sont en sécurité dans la main du Bon Berger (le Seigneur Jésus) et en sécurité dans la main du Père. Pour pouvoir se nourrir de Christ, pour trouver leurs délices en Lui, pour bien grandir et se développer, les chrétiens doivent savoir que leur salut est assuré et ne peut être perdu. Ils sont un don fait par le Père au Fils, le Bon Berger. Il ne les laissera jamais s’en aller.

Que l’exemple du Bon Berger — aussi incomparable soit-il — puisse inspirer un véritable soin de berger pour Son troupeau !