Isaac

William Kelly

Edition T.Weston, 1901


1 - Introduction [Sommaire de l’histoire d’Isaac selon la Genèse]

2 - Événements antérieurs — Genèse 12 à 20

2.1 - [Genèse 12:1-8]

2.2 - [Genèse 12:9 à 13:18]

2.3 - [Genèse 14 et 15]

2.4 - [Genèse 16]

2.5 - [Genèse 17]

2.6 - [Genèse 18]

2.7 - [Genèse 20]

3 - La naissance du fils et héritier — Genèse 21:1-7

4 - Isaac demeure. Agar et Ismaël sont renvoyés — Genèse 21:8-21

5 - L’Éternel, le Dieu d’éternité — Genèse 21:22-34

6 - Isaac mort et ressuscité en figure — Genèse 22:1-14

7 - Isaac : la semence nombreuse et la semence unique — Genèse 22:15-24

8 - Sara morte et ensevelie — Genèse 23


1 - Introduction [Sommaire de l’histoire d’Isaac selon la Genèse]

Ayant déjà cherché à approfondir l’histoire d’Abraham, je désire considérer ce que l’Écriture nous donne d’apprendre par Isaac. Il est vrai qu’il est beaucoup moins parlé de lui que d’Abraham ou de Jacob, et moins encore que de Joseph parmi les nombreux fils de Jacob. Pourtant, dans le compte-rendu spirituel d’Isaac qui est intervenu entre les deux principaux patriarches, il y a beaucoup de choses qui le distinguent par sa façon d’être régulière, retirée et paisible, et qui indiquent de grands principes de la Parole de Dieu et de Ses voies, non seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau.

Isaac fut le modèle de l’état de fils, l’enfant de la promesse, tandis qu’Abraham en était le dépositaire, élu et appelé hors de son état précédent, béni, et destiné à devenir une bénédiction universelle pour la terre à la fin, même si, quant à lui-même, il regardait plus haut par la foi. La grâce souveraine opéra envers tous les deux, père et fils. « Car ce n’est pas par la loi que la promesse d’être héritier du monde a été faite à Abraham ou à sa semence, mais par la justice qui est de la foi » (Rom. 4:13). Car il ne pouvait pas en être autrement, et cela a été par grâce — afin que la promesse fût assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est de la loi, mais aussi à celle qui est de la foi d’Abraham, — lui qui est notre père à tous, devant Dieu qu’il a cru, lequel fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient (Rom. 4:17).

Or le caractère progressif de la révélation à cet égard est aussi intéressant qu’instructif. C’est lorsque le choix de Lot pour la plaine bien arrosée du Jourdain l’a séparé de celui à qui tout le pays était promis, que l’Éternel a renouvelé l’assurance que tout cela serait non seulement à Abraham, mais à sa postérité (Gen. 12:7 ; 13:15). Le patriarche devait encore attendre ; et quand, après avoir manifesté son désintéressement à l’occasion de sa victoire (Gen.14), il plaça devant l’Éternel le fait qu’il n’avait pas d’enfant, la parole vint que ce n’était pas Éliézer, son intendant, qui serait son héritier, mais celui qui sortirait de ses entrailles, une postérité nombreuse comme les étoiles (Gen. 15). Puis, après l’épisode d’Agar en Genèse 16, vient la révélation du Dieu tout-puissant, El-Shaddaï, en Genèse 17, et sous le rite extérieur de la circoncision, la mort de la chair imposée à lui et à sa descendance, — avec un nouveau nom pour sa femme comme pour lui-même ; car elle aussi a la promesse du fils dont le nom était donné. Ainsi, même s’Il donnerait grandeur et fécondité à Ismaël, Son alliance devait être établie en Isaac, dont le temps de naissance était déterminé.

Un témoignage encore plus frappant de l’intérêt exceptionnel porté par l’Éternel à la naissance d’Isaac, est rendu en Genèse 18. Là, sous l’apparence d’un homme, l’Éternel Lui-même apparaît à Abraham avec deux anges (Gen. 19:1) et daigne prendre part au repas préparé et mis devant eux sous l’arbre de Mamré. C’est ainsi et alors qu’Il précisa avec certitude le moment où Sara aurait un fils. Car la difficulté résidait, humainement parlant, plus dans la femme que dans le mari, et son incrédulité fut réprouvée. Mais Abraham, en tant qu’« ami » de Dieu, ne reçut pas seulement l’annonce de la naissance de son fils, mais aussi du jugement du monde, ce qui poussa son âme à intercéder pour son parent juste et sa maison dans la Sodome impie et débridée. Si son plaidoyer s’arrêta, « Dieu se souvint d’Abraham et tira Lot de la destruction ».

Après un nouveau manquement en Genèse 20 (plus coupable que le premier, en Genèse 12), l’Éternel visita Sara comme Il l’avait dit, et l’Éternel fit à Sara ce qu’Il avait dit. Car Sara conçut et enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé. Abraham donna le nom d’Isaac au fils qui lui était né et que Sara lui avait enfanté. Le huitième jour, Abraham le circoncit ; et le rire de Sara était maintenant celui d’une joie et d’une reconnaissance débordantes. Mais la grande fête du sevrage de l’enfant attira les moqueries d’Ismaël, et l’expulsion de la servante et de son fils sur les remontrances de Sara, allégorie dont Galates 4 nous donne la clé.

Genèse 21 : Le grand changement est alors mis en évidence. En effet, au lieu qu’Abimélec réprimande Abraham à juste titre, Abraham réprimande maintenant le roi Gentil, lequel, avec le chef de son armée, reconnaît que Dieu est avec lui dans tout ce qu’il fait. Cependant Abraham jure pour lui montrer sa bonté, et ils concluent une alliance. Et si le puits du serment a déjà une signification importante, le bosquet (ou tamarisc) qui y est planté en a aussi, ainsi que l’invocation du nom de l’Éternel, le Dieu d’éternité. Le jour était prévu où « dans le désert, les eaux jailliront » et « la gloire du Liban lui sera donnée ». On a là en type la bénédiction de l’ère à venir pour la terre.

Après ces choses, et de manière tout à fait distincte, Dieu éprouva Abraham (Gen. 22). Combien cela est riche dans sa portée pour Dieu comme pour l’homme ! C’est l’image (seule l’incrédulité aveugle ne le voit pas) du Fils unique donné, de l’Agneau que Dieu allait se pourvoir pour l’holocauste. Ici, Isaac s’est livré à la mort, tandis qu’Abraham était prêt, sur la parole de Dieu, à sacrifier son fils bien-aimé : le signe d’une chose bien meilleure que Dieu prévoyait.

Mais l’Éternel arrête sa main quand son cœur a été éprouvé, et confirme au fils, ressuscité des morts en figure, qu’en Christ, l’Antitype, toutes les nations de la terre seraient bénies, selon le raisonnement de l’apôtre en Galates 3.

Puis, après le décès de Sara (la mère selon l’alliance de l’enfant de la promesse — Genèse 23), nous avons (Genèse 24) l’appel de l’épouse pour l’époux et héritier de tout. Ensuite sont donnés certains détails de l’histoire d’Isaac, que nous examinerons ultérieurement. Cependant, nous pouvons remarquer ici la « modération » d’Isaac, donnée à connaître à tous les hommes, dans la question des puits que ses serviteurs ont trouvés (Gen. 26) ; et la crise de ses voies quand son pied a presque glissé dans l’affaire de ses deux fils (Gen. 27). La grâce l’emporte ici, et il est sauvé comme à travers le feu. Combien il est frappant qu’une telle scène soit présentée pour sa louange en Hébreux 11.20 ! « Par la foi qu’Isaac bénit Jacob et Ésaü au sujet des choses à venir ». Isaac vécut de nombreuses années après cela ; mais l’Écriture ne rapporte que sa mort et son ensevelissement.

Isaac a été un homme doux, aimable, occupé de sa maison, remarquable de prière et de méditation, exempt d’à coup d’émotion qu’on trouve trop souvent chez les grands de la terre, ce qui inflige douleurs et affliction aux autres, et encore plus à eux-mêmes. Il montre beaucoup plus que les autres patriarches une patience qui est rare même chez les saints de Dieu. Cela peut rendre méprisable parmi les hommes, mais c’est la première marque d’un grand serviteur de notre Seigneur Jésus.

Isaac est le seul des Pères à n’avoir jamais quitté le pays de Canaan, et ceci est très caractéristique et instructif du point de vue des types. Selon la figure de la mort et de la résurrection, il était celui qui ne quitte jamais le pays représentant les lieux célestes ; il ne devait aller ni en Mésopotamie, ni en Égypte ni ailleurs.


2 - Événements antérieurs — Genèse 12 à 20

Isaac fait nettement contraste avec Abraham, bien que Jacob et lui soient « cohéritiers de la même promesse » (Héb. 11:9). Mais Abraham se présente à nous comme l’objet inattendu de la grâce souveraine. Les récits, si nombreux chez les Juifs et les Musulmans, de ses capacités et ses accomplissements, surnaturels de sagesse et de bonté, antérieurs à son appel, ne sont que des fables et sont incompatibles avec l’Écriture. Abraham correspondait d’autant plus à l’élection divine. Aucune parole prophétique n’a salué sa naissance comme celle de Noé, dont le père a dit : « Il nous consolera à l’égard de notre ouvrage et du travail de nos mains, à cause du sol que l’Éternel a maudit » (5:29). Pourtant, il n’a été donné à aucun homme de tenir une place de « père de tous ceux qui croient », comme Abraham, une place en tête de caractère plus élevé que celle d’Adam. Mais Isaac a une particularité qui lui est propre, bien qu’il soit personnellement, et quant à sa position, éclipsé par son père si honoré, en ce qu’il a été introduit progressivement avant sa naissance, plus fréquemment et plus significativement que quiconque, — hormis Celui qui a été Fils d’Abraham et Fils de David et Fils de Dieu comme personne d’autre ne pouvait l’être, le grand Antitype d’Isaac.


2.1 - [Genèse 12:1-8]

Il peut être intéressant d’en donner les preuves. En Genèse 12:7 « L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta semence ; et Abraham bâtit là un autel à l’Éternel qui lui était apparu ». Longtemps auparavant, à Ur des Chaldéens, l’Éternel avait dit à Abraham : « Va-t’en de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ; et je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction ; et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et en toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gen. 12:1-3). Abram a manqué dans un premier stade en ne quittant pas son père, mais en le suivant jusqu’à Charan, d’où il ne sortit qu’à la mort de son père (Actes 7:4).

C’est alors, et pas avant, qu’« Abram prit Saraï, sa femme, et Lot, le fils de son frère, et tout leur bien qu’ils avaient amassé, et les âmes qu’ils avaient acquises à Charan, et ils sortirent pour aller au pays de Canaan, et ils arrivèrent au pays de Canaan » (12:5). L’obéissance avait maintenant son œuvre parfaite, et son résultat en conséquence. La nouvelle apparition de l’Éternel n’était pas seulement un appel à la séparation, mais à la marche de la foi, un appel fait à un pèlerin et un adorateur dans le pays qui n’était le sien qu’en espérance. « Par la foi il demeura dans la terre de la promesse, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes avec Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse ; car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur » (Héb. 11:9-10). Qu’était la possession d’un siège terrestre comparée au siège céleste qui était présent pour sa foi ? Il apprenait maintenant que l’Éternel voulait la donner à sa « semence (postérité) ». Il adora et fut content d’être un étranger ; et lorsqu’il déplaça sa tente ailleurs dans le pays, il construisit un autel à l’Éternel et invoqua Son nom (Gen. 12:8).


2.2 - [Genèse 12:9 à 13:18]

La « semence » était encore vague, comme l’explique Romains 9:7 et cela apparaît aussi en Jean 8:33-39. Mais le temps n’était pas encore venu. Abram manqua dans son nouvel emplacement, s’écartant de la révélation qui avait si heureusement opéré dans sa marche et son adoration. Il descend en Égypte pour demander de l’aide, alors que la famine sévit dans le pays ; là, il n’est question ni d’autel ni de tente. Il y renie sa femme, qui fut emmenée dans la maison d’un prince de ce monde, et il s’enrichit par cela à sa honte. L’Éternel ne fit pas défaut, et envoya des plaies au Pharaon et délivra Saraï. Ce n’était pas la réalisation de « toutes les familles de la terre seront bénies » en lui : comment pourrait-il arriver autre chose qu’une malédiction quand le dépositaire de la bénédiction quitte sa vraie place auprès de l’Éternel et compromet sa femme ? Délivré par la miséricorde qui l’emporte, il retourne dans le sud, ou Négueb, et de là jusqu’à Béthel, « au lieu où était sa tente au commencement, entre Béthel et Aï, au lieu où était l’autel qu’il y avait fait auparavant, et là Abram invoqua le nom de l’Éternel » (Gen. 13:3-4). L’humiliation précédente a été une bénédiction pour celui dont le premier faux pas a conduit au pire ; mais son cœur se tourna vers Celui qui les avait sauvés, et il retrouva son privilège sans qu’une nouvelle apparition lui soit faite.

Dans la querelle qui suivit entre leurs bergers respectifs, Abram montra un complet désintéressement tandis que son neveu trahissait sa sagesse mondaine (13:5-13). Et « l’Éternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : Lève tes yeux et regarde, du lieu où tu es, vers le nord et vers le sud, vers l’orient et vers l’occident ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta semence pour toujours. Et je ferai que ta semence soit comme la poussière de la terre », etc. (13:14-18). Lot n’avait aucun droit à faire valoir. Une vue complète du pays est donnée à celui qui regardait en haut : elle lui est assurée à lui et aux siens pour toujours. Abraham se déplace de nouveau et va à Hébron et y construit un autel à l’Éternel. Son adoration s’élève à nouveau.


2.3 - [Genèse 14 et 15]

Ensuite, après l’épisode merveilleux (Gen. 14) de la victoire d’Abram sur les puissants de la terre, qui avaient puni leurs rois vassaux et enlevé Lot, et après la scène encore plus merveilleuse du mystérieux Roi-sacrificateur du Dieu Très-Haut (Melchisédec), nous avons (Gen. 15 ; dans une nouvelle série de l’histoire d’Abram) la parole de l’Éternel venant dans une vision, pour lui assurer que ce n’est pas Éliézer, mais « celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier », et que, comme les étoiles innombrables, « ainsi sera ta semence ». Abram crut l’Éternel, qui le lui reconnut comme une justice, ce dont le Nouveau Testament fait un usage fécond. Il doit en être ainsi pour la semence terrestre comme pour la semence céleste : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu. C’est la semence terrestre qui est visée ici, puisque c’est ce que recherchait Abram, et que Dieu se lie par une alliance fondée sur la mort des victimes ; en outre il y a une prophétie et une définition des limites du pays selon les races païennes qui le possédait à ce moment-là.


2.4 - [Genèse 16]

Mais si le fils et l’héritier sont maintenant précisés comme issus d’Abram, il n’en va pas de même pour la mère. En effet, en Genèse 16, Sara manifeste une hâte qui n’est pas due à la foi, mais un artifice de la nature, pour obtenir la bénédiction à sa manière, au détriment de tous et surtout d’elle-même. L’apôtre applique cela allégoriquement à Israël sous la loi.


2.5 - [Genèse 17]

En Genèse 17, l’Éternel se révèle Lui-même, non pas seulement Ses dons, sous le nouveau nom d’El-Shaddai (Dieu tout-puissant) ; Il le fait non pas par Sa parole dans une vision, mais c’est Dieu qui parle avec celui qui a et Son alliance et la promesse élargie d’être père d’une multitude de nations et de rois qui sortiront de lui. La circoncision — la mort, non pas de victimes, mais de la chair — est imposée ; et de même que le nom d’Abram est maintenant élargi, de même celui de Saraï est élevé : Le fils d’Abram, Dieu le donnerait d’elle. « Tu appelleras son nom Isaac ; et j’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa semence après lui » (17:19). Dieu n’oublierait pas Ismaël, mais Son alliance serait avec Isaac, que Sara enfanterait à cette époque précise de l’année suivante. L’affaire est ainsi rendue de plus en plus complète et claire.


2.6 - [Genèse 18]

Ces notifications préparatoires sont couronnées en Genèse 18 où l’Éternel apparaît à Abraham près des térébinthes de Mamré, avec deux anges ; sous une apparence humaine Il daigne l’honorer comme ses invités. Il souligne ainsi l’importance à accorder à la naissance d’Isaac, dont Sara se moque déjà comme d’une chose trop merveilleuse. Mais le fils et l’héritier viendront certainement au moment prévu, et l’Éternel l’annonce personnellement pour la dernière fois avant son accomplissement. Et nous notons la preuve qu’Il donne d’avoir fait d’Abraham Son ami en lui annonçant, non seulement le détail de ce qui le concernait si intimement, lui et Sara, mais le jugement des villes coupables de la plaine, pour l’exécution duquel Il envoyait les anges. Cela amène Abraham, non pas à demander pour lui-même, mais à intercéder, et l’Éternel répond au-delà de sa foi.


2.7 - [Genèse 20]

Pourtant, Abraham commet une fois de plus une faute, malgré une faveur si éclatante. Combien souvent il en est ainsi ! La chair s’enfle, et n’est pas jugée : nous ne sommes plus sur nos gardes, au lieu de veiller pour prier. Aucune chair ne se glorifiera, mais, comme il est écrit, « que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ». L’incrédulité du croyant conduit à la tromperie ; et le péché d’Abraham maintenant avec Abimélec était pire que celui, longtemps auparavant, avec Pharaon. Il nie sa relation avec sa femme, après que l’Éternel lui eut fait connaître la naissance prochaine du fils promis par elle. Pourtant, bien qu’il soit inexcusable et réprimandé par le roi philistin, Dieu n’oublie pas la relation d’Abraham, mais Il la maintient, et oblige Abimélec à rechercher ses prières.

Combien il est précieux pour la foi, et aussi pour le cœur, qu’il y en a Un qui s’est tenu dépendant et sans faute là où tous les autres ont failli, qui a toujours été dans les pensées de Dieu et dans Ses promesses, et qui est maintenant venu nous donner une intelligence pour connaître Celui qui est le Véritable, notre vie et notre justice.


3 - La naissance du fils et héritier — Genèse 21:1-7

Le temps fixé était maintenant arrivé. L’enfant de la promesse était à portée de main. D’un côté les annonces préliminaires avaient été nombreuses et variées, d’un autre côté il n’avait pas manqué de freins et blocages ; mais finalement, malgré la faiblesse et les revers, malgré l’incrédulité, la grâce a surabondé, et la parole divine est démontrée, telle qu’elle est, infaillible et digne de toute confiance.

« Et l’Éternel visita Sara comme Il l’avait dit, et l’Éternel fit à Sara comme Il en avait parlé. Sara conçut et enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont Dieu lui avait parlé. Abraham appela le nom de son fils qui lui était né, que Sara lui avait enfanté, Isaac. Et Abraham circoncit son fils Isaac à l’âge de huit jours, comme Dieu le lui avait commandé. Abraham était âgé de cent ans lorsqu’Isaac lui naquit. Et Sara dit : Dieu m’a donné lieu de rire ; quiconque l’entendra rira avec moi. Et elle dit : Qui aurait dit à Abraham : Sara allaitera des fils ? car je lui ai enfanté un fils dans sa vieillesse » (21:1-7).


Ici, l’usage des désignations divines apparaît de manière remarquable. Imputer cette différence à des auteurs distincts est la ressource désespérée ou malveillante de l’ignorance incrédule. Tout d’abord, « l’Éternel » est répété avec insistance (21:1). La relation gouvernementale était en question ; et comme l’Éternel avait promis, ainsi Il s’est montré fidèle pour l’exécuter. Mais en second lieu, il n’était pas moins important d’indiquer que Celui qui parlait ainsi était Dieu dans la suprématie de Sa nature (21:2). C’est pourquoi le terme « Elohim » est employé, et cela tout au long du chapitre, jusqu’au v. 33 où les rapports relatifs exigent à juste titre le nom de « l’Éternel Dieu » ou « Yahweh Elohim », comme nous le montrerons en temps voulu.

Mais au-delà de toute controverse, il s’agissait de la naissance de celui qui est le type du Fils dont parle le Psaume 2:7, 12. Ceci explique pourquoi il y a eu tant d’annonces prophétiques pour préparer la voie à cette naissance. Cela explique les graves conséquences qui ont suivi pour ceux qui L’ont méprisé quand Il est venu. Ainsi, il a été donné au prophète de dire, plus de sept siècles avant l’événement (Ésaïe 9.6 et suiv.) : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; et le gouvernement sera sur son épaule. Et on appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père d’éternité, Prince de la paix ». La prédiction, aussi éclatante et glorieuse soit-elle, n’a rien à voir avec le fait qu’Il soit Premier-né d’entre les morts, Tête du corps, de l’Église, Le commencement. Ces titres appartiennent à Son autre qualité de tête/chef, en tant que né dans le monde, Premier-né de toute la création. Car en toutes choses, Il doit avoir la place suprême.

Nous voyons donc que Calvin ne fait qu’exprimer la confusion qui prévaut entre ces deux relations, lorsqu’il dit que, dans ce chapitre, Dieu nous a présenté une image vivante de Son Église.

Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas « le mystère » qui est ici préfiguré, mais la nouvelle alliance ; c’est la mère (*), et non l’épouse. Par conséquent, le chrétien a déjà la bénédiction de la nouvelle alliance dans la mort du Sauveur ; mais l’Écriture qui nous l’explique le plus complètement (2 Cor. 3) insiste pour dire que c’est en esprit plutôt que dans la lettre ; elle aura lieu formellement avec les deux maisons d’Israël dans le jour qui approche rapidement, et pour toujours. Mais Israël, si richement béni qu’ils soient en ce jour-là, n’aura pas l’union avec Christ comme Son corps, qui est la nôtre dès maintenant avec Celui qui est Chef/tête sur toutes choses. Ceci implique des différences extrêmement importantes, aussi éloignées que le ciel l’est de la terre, dont ce n’est pas le lieu de parler plus particulièrement. La distinction, cependant, ne peut être surestimée.


(*) On peut remarquer ici que l’erreur en question a donné lieu à la leçon sans fondement de πάντων à la fin de Galates 4:26, et à l’interprétation erronée non moins infondée de « Israël de Dieu » dans Galates 6:16, comme si l’expression signifiait tous les saints, bien que deux classes soient ici distinguées.


Au v. 3, Abraham appelle son fils nouveau-né Isaac. Il existait en réalité maintenant, quoi qu’il se soit passé avant, et quoi qu’il puisse se passer après. Tout rire de doute avait fait place à la joie de la grâce. Abraham attendait certainement avec joie des résultats vastes, profonds et durables ; il se réjouissait de voir le jour de Christ, et il le vit et se réjouit (Jean 8:56). Combien ce jour sera béni pour Israël, pour la terre, pour toutes les nations et pour toutes les créatures de Dieu ! Quelle différence avec le jour de Massa et de Meriba dans le désert, quand l’homme endurcit son cœur et que l’Éternel fut affligé durant de longues années par une génération qui errait dans son cœur et qui ne connaissait pas Ses voies ! En ce jour-là, le jour de Christ, que de chants à haute voix vers l’Éternel, que de cris de joie vers le Rocher du salut, et quelle venue devant Sa face avec des actions de grâces et des psaumes ! Les cieux se réjouiront et la terre sera dans l’allégresse, la mer mugira et tout ce qu’elle contient, les champs exulteront et tout ce qu’ils renferment. Alors tous les arbres de la forêt chanteront de joie devant l’Éternel, car Il vient, — car Il vient juger la terre ; Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon Sa fidélité (Ps. 96:11-13). Ésaïe rend le même témoignage à plusieurs reprises du premier chapitre jusqu’au dernier, notamment dans les ch. 11, 12, 24 à 27, 30, 32, 35, 40 à 45, 49 à 55, 60 à 62 et 65. Nous pouvons donc dire qu’en général tous les prophètes en ont parlé. Il est d’autant plus lamentable de voir l’incrédulité tout mêler aux bénédictions de l’Église, avec pour résultat direct de perdre sa place d’épouse céleste, tout finissant par être obscurci par cette confusion sans fondement.

Mais la joie d’Abraham n’a nullement affaibli son devoir de soumettre son fils au signe de la mort pour la chair. Il circoncit Isaac comme il le devait, à l’âge de huit jours, « comme Dieu le lui avait commandé » (21:4). Le huitième jour parle de la résurrection en contraste avec la nature. La circoncision fut instituée, non pas à la naissance d’Ismaël, mais en vue d’Isaac, comme sceau de l’alliance (Gen. 17). Le principe était la justice de Dieu. L’homme était jugé comme mauvais et la chair doit être mortifiée.

Il est noté au v. 5 qu’Abraham était âgé de cent ans quand Isaac naquit. La foi a dû effectivement attendre, mais n’a nullement été déçue : Dieu est fidèle. Sara dit : « Dieu m’a fait rire ; et quiconque l’entendra rira avec moi » (21:6). Elle avait ri d’abord quand l’Éternel lui avait annoncé le temps fixé pour être mère, et elle avait ajouté la honte de son mensonge quand l’Éternel lui en a fait le modeste reproche (Gen. 18:13-15). Mais tout est ici changé par la grâce. Dieu, reconnait-elle, l’a fait rire maintenant. Ce n’était plus un rire en elle-même (18:12), mais un rire venant de Lui ; et quiconque l’entendrait partagerait sa joie. Et elle dit : « Qui aurait dit à Abraham : Sara allaitera des fils ? Car je lui ai enfanté un fils dans sa vieillesse » (21:7). Sara, toute vieille qu’elle était, est devenue désormais un enfant de la sagesse ; et la sagesse est justifiée par tous ses enfants (Luc 7:35).

Il est bon d’observer l’usage des noms divins dans ces versets, comme ailleurs. « L’Éternel » visita Sara comme Il avait dit et l’Éternel fit à Sara comme Il en avait parlé » (21:1). Le but est d’attirer l’attention sur Sa fidélité dans la relation. D’un autre côté (21:2), Sara conçut et enfanta un fils à Abraham dans sa vieillesse au temps fixé dont « Dieu » lui avait parlé. Ici ce qui est en vue n’est pas le gouvernement moral, mais Dieu (Elohim) dans Sa nature, et simplement une vue historique. L’homme aurait été incapable tant de parler que d’agir dans ce cas. Ainsi également (au v.4), il nous est dit qu’Abraham a circoncis son fils Isaac âgé de huit jours comme Dieu le lui avait commandé. La chair est impure, et la nature de Dieu exige qu’elle soit ainsi jugée. À nouveau, ensuite, il est écrit que Sara dit que Dieu lui a donné lieu de rire. Ce n’est pas seulement dans une question de relation, mais il s’agit du Dieu suprême en contraste avec l’homme.

Le chrétien comprend que si, partout, il avait été utilisé le même mot, soit l’Éternel, soit Dieu, la vérité aurait subsisté quant au fond. Mais l’emploi de chacun a un but divin ; et la foi reçoit et apprend en conséquence. Le Saint Esprit fait ressortir un côté différent de ce qu’Il présente, à sa place et pour que nous pénétrions mieux la vérité. Il n’y a aucune preuve que des écrivains différents soient intervenus ; une pareille supposition constituerait un obstacle majeur à notre compréhension des pensées de Dieu.

Il n’y a pas que les rationalistes modernes qui inventent des hypothèses sans fondement pour expliquer ce qui, tel quel, est simple et instructif pour la foi. Les traducteurs aussi sont susceptibles d’errer s’ils ne s’en tiennent pas de manière inflexible au texte tel quel, dont ils s’occupent. Ainsi les Septante ont utilisé correctement le mot l’Éternel au v.1 , mais ont continué à tort à le faire aux v. 2, et 6. La Vulgate omet l’Éternel la seconde fois au v.1, mais suit le changement de façon correcte aux v. 2, 4, et 6. Luther, dans sa version, a fait pareil.

Le devoir du croyant est clairement d’accepter sans réserve la parole écrite, n’hésitant que lorsqu’il y a conflit dans les leçons, et regardant alors aux preuves externes ou internes pour décider. Les conjectures ne servent à rien. « Toute chair est de l’herbe, et toute sa beauté comme la fleur des champs. L’herbe est desséchée, la fleur est fanée ; car le souffle de l’Éternel a soufflé dessus. Certes, le peuple est de l’herbe. L’herbe est desséchée, la fleur est fanée, mais la parole de notre Dieu demeure à toujours » (Ésaïe 40:6-8).


4 - Isaac demeure. Agar et Ismaël sont renvoyés — Genèse 21:8-21

Dieu sait comment rectifier la fausse position qui découle de l’incrédulité. Nous pouvons donc nous tourner vers Lui et Sa Parole, et n’avons qu’à obéir. Mais si cela coûte toujours beaucoup à la chair, la bénédiction suit sûrement la soumission à Sa volonté qui se renonce soi-même.

« L’enfant grandit et fut sevré ; et Abraham fit un grand festin le jour où Isaac fut sevré. Et Sara vit que le fils d’Agar l’Égyptienne, qu’elle avait enfanté à Abraham, se moquait. Et elle dit à Abraham : Chasse cette servante et son fils ; car le fils de cette servante ne sera pas héritier avec mon fils, Isaac. Et la chose fut très mauvaise aux yeux d’Abraham, à cause de son fils. Et Dieu dit à Abraham : Que ce ne soit pas mauvais à tes yeux à cause de l’enfant et à cause de ta servante : Écoute la voix de Sara dans tout ce qu’elle t’a dit, car en Isaac te sera appelée une semence. Et je ferai aussi devenir une nation le fils de la servante, car il est ta semence. Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre d’eau et les donna à Agar, en les mettant sur son épaule, ainsi que l’enfant, et il la renvoya. Et elle s’en alla et erra dans le désert de Beër-Shéba. Et l’eau de l’outre étant épuisée, elle jeta l’enfant sous un des arbustes. Elle alla s’asseoir vis-à-vis, à une portée d’arc, car elle disait : Je ne veux pas voir mourir l’enfant. Elle s’assit vis-à-vis, et elle éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix de l’enfant ; et l’Ange de Dieu appela des cieux Agar, et lui dit : Qu’as-tu, Agar ? Ne crains pas, car Dieu a entendu la voix de l’enfant là où il est. Lève-toi, relève l’enfant, et prends-le de ta main, car je ferai de lui une grande nation. Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d’eau ; elle alla remplir d’eau l’outre, et donna à boire à l’enfant. Et Dieu fut avec l’enfant, et il grandit et habita dans le désert, et devint un tireur d’arc en grandissant. Il habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d’Égypte » (21:8-21).


Comme l’enfant né et le fils donné représentaient en type le Fils du Très-Haut, il était normal que l’occasion soit marquée par des conséquences des plus graves. Qu’est-ce qui peut caractériser l’inspiration plus que la leçon que l’apôtre, en Galates 4:22-26, tire de ce qui semble à première vue un simple événement domestique ? « Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. Or, celui de la servante naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit par la promesse. Ces choses ont un sens allégorique ; car ces femmes sont deux alliances : l’une du mont Sinaï, enfantant pour la servitude, et c’est Agar. Car Agar est le mont Sinaï en Arabie, et correspond à la Jérusalem de maintenant ; car elle est dans la servitude avec ses enfants ; mais la Jérusalem d’en haut est libre, et c’est notre mère ».

Tel était le dessein de Dieu, même si personne ne le comprend, sauf ceux qui ont les pensées de Christ. Les Juifs incrédules occupent donc la place, non pas d’Isaac, mais d’Ismaël. Ils sont aussi loin que possible de se douter qu’ils ne sont nés que selon la chair, et ils persécutent celui qui est né selon l’Esprit. Pourtant, ils ne peuvent nier que leur mère est l’alliance du Sinaï, et qu’ils ont été chassés par Dieu. Ils sont sous la malédiction de la loi en tant que transgresseurs ; ils n’ont pas un morceau de promesse pour couvrir leur nudité. Leurs propres prophètes (cf. Osée) déclarent qu’ils ne sont pas le peuple de Dieu, et s’ils n’ont pas de faux dieu, ils n’ont pas le Vrai, car ils n’ont manifestement ni terre ni prince ; et cela parce qu’ils ont rejeté, d’abord l’Éternel, ensuite Son Christ.

Mais l’apôtre va beaucoup plus loin ; et bien qu’il ne confonde pas les Gentils croyants avec Israël, comme les théologiens de la chrétienté, il montre que tous ceux qui s’appuient sur la loi tombent sous la malédiction (Gal. 3:10). Ainsi, le principe s’applique dans toute sa force, et même avec insistance, aux Gentils, qui n’ont pas l’excuse de préjugés juifs invétérés. C’est être déchu de la grâce, par laquelle seule les âmes peuvent être sauvées. La loi ne peut pas sauver, mais seulement condamner les pécheurs ; et si la grâce est mélangée à la loi, le mélange est inutile : c’est seulement la grâce qui peut sauver les coupables et les perdus. Les Galates avaient été ensorcelés pour ajouter la loi à la grâce ; ils sont avertis solennellement par l’apôtre de la ruine totale, et cela est si sûr, que tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de la loi sont sous la malédiction. Après avoir commencé dans l’Esprit, quel non-sens pour eux de chercher la perfection dans la chair ! La loi elle-même, avec l’histoire des deux fils d’Abraham, convainc de folie ceux qui abusent ainsi de la loi. Son application légitime (1 Tim. 1:9) ne s’adresse pas au juste, mais à l’inique et à l’insubordonné, à l’impie et au pécheur, au profane, en bref à tout ce qui s’oppose à la saine doctrine enseignée par Paul.

D’où le ton péremptoire de l’apôtre s’adressant aux Galates en danger. Il veut que ce « levain » soit extirpé, à tout prix. C’était un danger plus grave que le « levain » dont les Corinthiens avaient à se purifier selon les injonctions de l’apôtre. Aucun homme moral ne pouvait défendre l’incohérence flagrante, par rapport à Christ et son sacrifice, de la présence du méchant au milieu des Corinthiens. Mais le spectacle aimable de la chair établie dans les églises de Galatie était plus subtil, et constituait un déni de la grâce que l’évangile proclame, alors qu’il avait été prouvé que la loi était simplement un ministère de mort et de condamnation. Mais « que dit l’Écriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre ». Les Gentils judaïsants sont encore plus blâmables que les Juifs. Hélas ! le ritualisme actuel est incomparablement plus mauvais encore et de plus en plus apostat ; car non content des formes légales d’Israël, il incorpore aussi les idolâtries des païens, comme dans l’adoration des éléments des sacrements, etc.

Pourtant, il est touchant de voir la bonté de Dieu envers la semence d’Abraham selon la chair. Lorsque la mère céda au désespoir et déposa son fils pour qu’il meure loin d’elle, « Dieu entendit la voix de l’enfant », et son ange commanda à Agar de le prendre par la main. L’Éternel n’avait-Il pas appelé son nom Ismaël, parce qu’Il avait entendu son affliction (16:11) ? Et de même qu’elle se trouvait alors près du puits de Beër-Lakhaï-roï, le puits du vivant qui se révèle, d’après le nom de Celui qui lui avait parlé (16:13-14), de même Dieu lui ouvrit maintenant les yeux pour qu’elle voie un puits d’eau d’où elle donna à boire à l’enfant. Si elle avait oublié l’assurance divine qu’une multitude innombrable sortirait d’elle, et qu’Ismaël habiterait en présence de tous ses frères, Dieu se souvint de lui et déclara qu’Il ferait de lui une grande nation. Il en a été ainsi. Ils sont là, avec les mêmes caractéristiques, jusqu’à ce jour.


5 - L’Éternel, le Dieu d’éternité — Genèse 21:22-34

Bien que le nom d’Isaac n’apparaisse pas dans cette section, il ne s’agit nullement d’une digression, mais de la stricte poursuite des voies divines à l’occasion de sa naissance, du renvoi d’Agar et de son fils, et de la reconnaissance du fils de Sara comme unique héritier d’Abraham.

« En ce temps-là, Abimélec et Picol, chef de son armée, parlèrent à Abraham en disant : Dieu est avec toi dans tout ce que tu fais. Et maintenant, jure-moi ici par Dieu que tu n’agiras pas faussement avec moi, ni envers mes enfants, ni envers mes petits-enfants. Selon la bonté dont j’ai agi envers toi, tu agiras envers moi et envers le pays dans lequel tu as séjourné. Et Abraham dit : Je le jurerai. Et Abraham reprit Abimélec à cause d’un puits d’eau dont les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparé de force. Abimélec dit : Je ne sais pas qui a fait cette chose-là, et aussi tu ne m’en as pas averti, et je n’en ai entendu parler qu’aujourd’hui. Et Abraham prit du menu et du gros bétail, et les donna à Abimélec ; et tous deux firent alliance. Et Abraham mit à part sept jeunes brebis du troupeau. Abimélec dit à Abraham : Que signifient ces sept jeunes brebis que tu as mises à part ? Il répondit : Tu prendras de ma main ces sept jeunes brebis, pour me servir de témoignage que j’ai creusé ce puits. C’est pourquoi il appela ce lieu Beër-Shéba (puits du serment), parce qu’ils y jurèrent tous les deux. Et ils firent alliance à Beër-Shéba ; et Abimélec se leva, avec Picol, chef de son armée, et s’en retourna au pays des Philistins. Et Abraham planta un tamarisc (ou : bosquet) à Beër-Shéba et invoqua le nom de l’Éternel, le Dieu d’éternité. Et Abraham séjourna longtemps dans le pays des Philistins » (21:22-34).


Ce n’est pas seulement le maintien du bon ordre de la maison assuré par l’expulsion de l’Égyptienne et de son fils moqueur, afin que l’enfant de la promesse demeure sans rival ; mais un événement extérieur suit avec une signification telle que le Saint Esprit lui donne ici une place impérissable. La bénédiction marquée qui en résulte attire le cœur du Gentil ; le Philistin, avec la forme qui s’impose (car le commandant en chef l’accompagne), recherche une promesse d’amitié de la part d’Abraham. Il en sera de même dans les jours à venir, lorsque les promesses s’accompliront dans le Messie, dont Isaac est le type jusqu’ici. Il en fut tout autrement lorsque le Seigneur vint la première fois, et que même les Juifs Le rejetèrent dans une sombre incrédulité et dans une haine acharnée contre le fait de prêcher aux nations la grâce qu’ils refusaient. Malheureux et impies, ils ne plaisent pas à Dieu et sont opposés à tous les hommes ; et la colère est venue sur eux jusqu’à l’extrême (1 Thes. 2:15-16). Mais le jour approche où, se jugeant eux-mêmes, ils accueilleront par la foi Celui en qui les promesses sont Oui et Amen à la gloire de Dieu. Alors les rois Gentils seront les pères nourriciers de Sion, et les reines ses mères nourricières (Ésaïe 49:23) ; alors dix hommes, de toutes les langues des nations, saisiront la robe de celui qui est Juif, en disant : Nous irons avec toi, car nous avons appris que Dieu est avec toi (Zacharie 8).

Abraham ne repousse pas du tout les Gentils. La Semence de la promesse reçue et honorée conduit à un nouvel état de choses pour la terre. Abraham donne son accord au roi et conclut une alliance avec serment et autres solennités. C’est dans la Semence que les Gentils seront bénis. Malheur à ceux qui maudiront en ce jour-là ! La réprimande d’Abraham à l’égard d’Abimélec témoigne du changement qui doit s’opérer à grande échelle. Il ne parle que du mal commis par les serviteurs d’Abimélec qui s’étaient violemment emparés d’un puits creusé par Abraham. Et Abimélec s’incline docilement. En ce jour-là, la justice régnera, et les princes gouverneront avec droiture (És. 32:1) ; oui, la droiture habitera dans le désert, et la justice demeurera dans le champ fertile (És 32:16). Car alors l’Esprit sera répandu d’en haut sur Israël (És. 32:15), et c’est Lui qui maintiendra le sceptre inflexible sur toute la terre ; le Serviteur juste et Celui qui a souffert pour l’expiation sera exalté en ce jour-là, et élevé très haut (És. 52:13). La semence d’Israël sera connue parmi les nations, et ses descendants parmi les peuples ; tous ceux qui les verront reconnaîtront qu’ils sont la semence que l’Éternel a bénie (Ésaïe 61:9). Le boiteux ne sera pas repoussé, mais la domination première reviendra à la fille de Jérusalem (Mich. 4:6-8).

Le puits du serment est le nom qu’Abraham donne au signe permanent de l’alliance conclue là à ce moment-là. Il s’agit typiquement d’un changement total de la position d’étranger à celle de celui qui a de la possession, comme ce sera effectivement le cas aux jours du Royaume à venir. Nous n’entendons plus parler de tente maintenant, bien que l’invocation par Abraham du nom de l’Éternel implique un nouvel autel ici. Seulement, il ne s’agit pas maintenant de Celui qui lui est apparu dans un pays lointain, et qui l’a finalement conduit, séparé pour Lui, jusqu’en Canaan ; ce n’est pas non plus l’autel qu’il a construit à Béthel, pas plus qu’à Sichem, ni encore à Hébron. Ce n’est qu’ici que se trouve le changement frappant, dont seule l’inspiration peut rendre compte, en « Dieu d’éternité ». Car il en sera ainsi lorsque le Royaume visible viendra en puissance et en gloire. Les choses qui tombent et se fanent feront alors place à la permanence, à la paix et à la bénédiction. Car « Tu es le même, et tes années ne finiront pas. Les fils de tes serviteurs demeureront, et leur semence sera établie devant toi » (Ps. 102:27-28).

La plantation d’un bosquet (ou tamarisc) de la part d’Abraham va de pair avec tout cela. C’est ici seulement que nous lisons d’un tel acte, belle préfiguration de « ce jour-là » où la terre stérile fleurira abondamment (És. 35:2), et où tous les arbres de la forêt chanteront de joie (Ps. 96:12).


6 - Isaac mort et ressuscité en figure — Genèse 22:1-14

Ici commence une section du livre entièrement nouvelle, que nous pouvons considérer comme s’étendant au-delà de la mort d’Abraham en Genèse 25, bien que plus d’une fois des versets semblent ajoutés pour compléter l’histoire plutôt que des vues plus élevées. Il ne peut y avoir de principe plus profond que celui qui est introduit comme base dans notre chapitre ; car il s’agit de la mort et de la résurrection dans la personne d’un fils bien-aimé, d’un fils unique. On ne peut pas se tromper sur un tel type, sauf si l’on est aveugle. Les détails mêmes sont pleins de force vive : quel est donc l’antitype ? Tout est impressionnant, beau et instructif au plus haut degré. Comme la figure d’Abraham occupe une place prépondérante dans la scène, et comme nous avons déjà traité de lui il y a des années, il nous reste à parler d’Isaac.

« Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham et lui dit : Abraham ! et il dit : Me voici. Et Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, et là, offre le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. Et Abraham se leva de bon matin, sella son âne et prit avec lui deux de ses jeunes hommes, et Isaac son fils ; et il fendit du bois pour l’holocauste, et se leva et s’en alla au lieu que Dieu lui avait dit.

Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit le lieu de loin. Abraham dit à ses jeunes hommes : Restez ici, vous, avec l’âne ; et moi et l’enfant, nous irons et nous adorerons ; et nous reviendrons vers vous. Abraham prit le bois de l’holocauste, et le mit sur Isaac, son fils ; et il prit dans sa main le feu et le couteau ; et ils allaient les deux ensemble. Et Isaac parla à Abraham son père, et dit : Mon père ! Et il dit : Me voici, mon fils. Et il dit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? Et Abraham dit : Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste. Et ils allaient les deux ensemble. Et ils arrivèrent au lieu que Dieu lui avait dit. Et Abraham bâtit là l’autel, et arrangea le bois, et lia Isaac, son fils, et le mit sur l’autel, sur le bois. Et Abraham étendit sa main et prit le couteau pour égorger son fils. Mais l’Ange de l’Éternel lui cria des cieux, et dit : Abraham ! Abraham ! et il dit : Me voici. Et il dit : N’étends pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car maintenant je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. Et Abraham leva ses yeux, et vit, et voici il y avait derrière lui un bélier retenu à un buisson par les cornes. Et Abraham alla et prit le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. Et Abraham appela le nom de ce lieu-là : Jéhovah-Jiré (l’Éternel y pourvoira), comme on dit aujourd’hui : En la montagne de l’Éternel, il y sera pourvu » (22:1-14).


Il faut tenir compte du fait que « l’enfant » avait au moins atteint sa majorité, comme nous disons ; Josèphe (Antiquités I.13 §2) lui donne 25 ans. Son entière soumission à son père en effet, mais aussi à la volonté de Dieu, est tout à fait en harmonie avec sa piété. Si c’était beau dans le type, combien plus encore dans ce qu’il préfigure ! Car c’est l’amour infini et hors norme à la fois chez le Père et chez le Fils.

Ici, il ne s’agissait pas seulement d’un test de la plus forte demande jamais faite à un cœur d’homme, demande infiniment renforcée par le fait


Qu’est-ce qui a été souffert, pleinement et sans ménagement, non plus en test ?


Le père et le fils, mis en scène de façon si frappante, fournissaient l’occasion sans pareille de montrer, par une figure, selon le terme de Hébreux 11:19, la mort réelle et la résurrection réelle du Seigneur Jésus. L’interprétation donnée, comme l’ont cru tous les saints du temps du Nouveau Testament, ne repose pas sur une probabilité, si forte soit-elle, ni sur une tradition humaine, si ancienne soit-elle. Celui qui contesterait devra rendre compte de son incrédulité inexcusable au Seigneur Lui-même, lorsque nous serons manifestés devant Son tribunal. L’exactitude minutieuse de ce commentaire du Nouveau Testament (Héb. 11:17-19) est très belle : « Par la foi Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac ; et celui qui avait reçu les promesses, était en train d’offrir son fils unique, à l’égard duquel il avait été dit : En Isaac te sera appelée une semence, ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts, d’où aussi, en figure, il le reçut ».

Nous ne pouvons pas, dans notre langue, exprimer facilement le temps du verbe rendu par « a offert Isaac » en premier lieu ; mais la force du terme est évidente et indique que le résultat de cet acte subsiste. Moralement, c’était fait, et l’effet demeure. Le second emploi du mot offrir corrige tout abus possible de cette expression, car il indique que, littéralement, Abraham « était en train d’offrir » son fils unique lorsqu’il fut arrêté par l’Ange de l’Éternel, comme le rapporte la Genèse [ndT : Darby traduit simplement « offrit »]. L’épreuve spirituelle était terminée, même si l’acte n’était pas achevé. C’est ainsi que la sagesse divine en avait ordonné et a accompli.

Ce nouvel épisode, bien que seulement en figure, n’est pas non plus un fait ponctuel et passager, mais il est lié, dans les déclarations et les événements qui suivent, à des conséquences de la plus haute importance, comme on le verra. C’est là la preuve la plus puissante et la plus déterminante que l’Écriture est inspirée de Dieu, au sens le plus complet de l’expression. Ce n’est pas seulement qu’un sommet moral est atteint ici, comme jamais auparavant ; mais la mort et la résurrection de Christ qui y sont préfigurées, font rejaillir sur ce qui suit une lumière qui montre que ce qui est relaté est à la fois en parfaite harmonie avec cet événement infini, et à la fois est l’ombre de ce que nous trouvons dans le Nouveau Testament, en conformité avec les conseils de Dieu et le développement de Ses voies.

La réponse du père au fils (22:7, 8) est d’en haut et est d’une sagesse entièrement supérieure à celle de l’homme ; le fait que Dieu se soit pourvu de l’agneau pour l’holocauste est la base de la nouvelle justice, la seule justifiante, la justice de Dieu. Dans la réalité infinie, c’est le Fils devenu homme et en faveur des hommes, et pourtant à la gloire de Dieu ; après avoir démontré qu’Il était le Serviteur juste, Il a été fait péché pour nous, afin que, nous qui croyons, nous devenions justice de Dieu en Lui (2 Cor. 5:21). Ainsi ont été maintenus l’amour, aussi pleinement que la sainteté, ainsi que cette nouvelle justice, la justice de Dieu qui peut justifier absolument celui qui croit au Seigneur Jésus, au lieu de condamner le pécheur comme il le mérite. C’était la volonté du Père, l’œuvre du Fils et le témoignage du Saint-Esprit, comme nous le lisons en Hébreux 10.

D’un point de vue purement historique, quel admirable dévouement à l’autorité de Dieu en train de mettre le cœur à l’épreuve au maximum ! Quelle confiance inébranlable en Dieu et en Sa parole, que l’abandon de ce qu’on possède de plus cher et dont on espérait qu’il en résulterait un rétablissement total et sans pareil ! C’est ce résultat qui fut effectif à la fin, au-delà de toute attente de l’homme tel qu’il est. Encore une fois, du côté du fils, quelle soumission absolue au père !

Dans tout le reste de l’Ancien Testament, on ne peut pas trouver une préfiguration d’une telle grâce, en plein accord avec les conseils divins, comme ce qui est présenté ici en Abraham et Isaac. C’était nécessaire ici pour que le type reflète ce qui était au-delà de tout ce que l’homme pourrait anticiper, tandis que le dessein était de le présenter relativement en ordre, et exact autant qu’il était possible. Ce n’est qu’ici que le type fait tout paraître à la fois pleinement et de manière précise, dans la sagesse de Dieu. Lui fait ces choses connues de toute éternité.


7 - Isaac : la semence nombreuse et la semence unique — Genèse 22:15-24

À la suite du type merveilleux du sacrifice du Seigneur Jésus, lui-même encore bien plus merveilleux, nous avons l’ange de l’Éternel annonçant à Abraham Son serment solennel sur ce qui concerne profondément les Juifs et les Gentils, et, nous pouvons ajouter, ce qui touche Dieu Lui-même de tout près, ainsi que Son titre à bénir, non seulement en gouvernement juste, mais aussi en grâce souveraine selon Sa nature.

« L’ange de l’Éternel cria du haut des cieux une seconde fois à Abraham, et dit : J’ai juré par moi-même, dit l’Éternel : Parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton fils unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai abondamment ta semence comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est au bord de la mer ; et ta semence possédera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations de la terre seront bénies en ta semence, parce que tu as écouté ma voix.

Et Abraham retourna vers ses jeunes hommes ; et ils se levèrent et s’en allèrent ensemble à Beër-Sheba ; et Abraham habita à Beër-Sheba.

Et il arriva après ces choses, qu’on rapporta à Abraham : Voici, Milca, elle aussi, a enfanté des enfants à ton frère Nakhor : Uts, son premier-né, et Buz, son frère, et Kemuel, père d’Aram, et Késed, et Hazo, et Pildash, et Jidlaph, et Bethuel. Or Bethuel engendra Rebecca. Milca enfanta ces huit à Nakhor, frère d’Abraham. Et sa concubine, nommée Reüma, elle aussi enfanta Tebakh, Gakham, Thakhash, et Maaca » (22:15-24).


À cause de la valeur que l’Éternel attribua à ce que Abraham Lui abandonna sans réserve ce qui était le plus précieux pour son cœur, ce qui vient en premier est l’assurance d’une riche bénédiction et d’une grande multiplication de sa semence selon la chair. Elle devrait être une multitude comme les étoiles des cieux et comme le sable du bord de la mer. Et non seulement cela, mais il s’y joindrait la puissance sur leurs adversaires, comme il convient au peuple terrestre que Lui a choisi. Indiscutablement c’est Israël qui est ainsi en vue (22:17).

Mais voici qu’au v. 18, une promesse est intentionnellement distinguée et formulée de manière à désigner la Vraie Semence en laquelle toutes les nations de la terre seraient bénies. Et ici, il n’est fait aucune allusion à une postérité nombreuse, car le but évident était d’indiquer Celui seul dont dépendait la bénédiction d’un ordre bien supérieur, et cela pour « toutes les nations de la terre ». Ceci nous rappelle la promesse originelle faite au patriarche et rapportée dans la seconde moitié de Genèse 12:3 : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre ». Là, comme ici, cela suit la bénédiction nationale du peuple terrestre. C’est pourquoi elle était laissée ouverte et elle débouche sur une grâce illimitée comme dans l’évangile. Seul pouvait parler ainsi Celui qui connaissait la fin dès avant le commencement.

C’est ce dont se sert l’apôtre, dans la puissance du Saint Esprit, lorsqu’il écrit aux Galates (Gal. 3), qui étaient alors séduits par la judaïsation de la vérité céleste — ce qui a été et est encore le fléau de la chrétienté. Les œuvres de loi sont un principe ruineux pour l’homme pécheur ; la promesse est par la foi, et c’est par la foi seule que les croyants sont bénis avec le croyant Abraham. Car tous ceux qui sont sous le principe des œuvres de loi sont sous la malédiction (Gal. 3:10), non seulement ceux qui violent la loi, mais tous ceux qui se tiennent devant Dieu sur le terrain de la loi. Tant qu’ils le font, ils tombent sous la malédiction, étant pécheurs. C’est pourquoi Gal. 3:10 cite Deutéronome 27, où le Saint Esprit passe sous silence les bénédictions des six tribus sur le mont Garizim, et ne donne en détail que les malédictions des six autres sur le mont Ebal. Seules ces malédictions furent effectives. Il ne peut pas y avoir de bénédictions pour l’homme coupable sur ce terrain. C’est par la foi, dit le prophète, que le juste vivra ; et la rédemption de la malédiction est nécessaire pour ceux qui sont sous la loi, afin que la bénédiction d’Abraham parvienne aux nations dans le Christ Jésus (Gal. 3:14), comme le déclare l’évangile. Et ce n’est pas tout. Car la Semence est arrivée, et l’alliance a été confirmée, comme elle le fut en type en Isaac, mort et ressuscité en figure. C’est pourquoi l’apôtre poursuit : « Or c’est à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa semence » (Gal. 3:16a) — au père en Genèse 12 (« en toi seront bénies »), et à son fils en Genèse 22 (« seront bénies en ta semence »). « Il ne dit pas : « Et aux semences », comme parlant de plusieurs, mais comme parlant d’un seul ; — et à ta semence, qui est Christ » (Gal. 3:16b — l’allusion à la multiplication de la semence comme les étoiles et le sable, selon Gen. 22:17 est omise en Gal. 3:16).

Le raisonnement de l’apôtre, ici comme ailleurs, n’apparaît faible qu’aux hommes présomptueux, qui sont incrédules et ne peuvent donc pas comprendre les pensées de Dieu dans ce sujet. Quand les âmes acceptent l’autorité divine, non seulement de l’épître aux Galates, mais de la Genèse que l’épître présuppose, tout apparaît lumineux, profondément vrai, et d’un intérêt vivant. Il ne s’agit pas d’une simple question de grammaire, mais du contexte qui envisage différemment Israël et les Gentils : dans la promesse concernant Israël, il est fait grand cas du nombre, tandis que dans la promesse qui introduit les Gentils dans la bénédiction, il n’y a rien de la sorte, mais il n’est question que d’un seul, « ta semence ». C’était une alliance confirmée d’avance par Dieu ; et la loi, qui est venue quatre cent trente ans après, ne l’annule pas, ce qui rendrait la promesse sans effet. La loi n’est pas non plus en conflit avec la promesse : chacune a son objet propre ; l’une a un ministère de mort et de condamnation ; l’autre a un ministère de bénédiction par la foi. C’est le mélange des deux qui fait du mal ; et c’est exactement ce à quoi l’homme est enclin, et ce que l’Écriture écarte toujours explicitement.

À la lumière des faits du Nouveau Testament, combien les types de la Genèse ressortent ! La Semence de la femme est assurément un homme, mais plus qu’un homme, meurtri pour briser totalement et à toujours le serpent ancien, le diable, cet ange déchu. La Semence d’Abraham, préfigurée en Isaac mort et ressuscité, représente le Libérateur dans la condition entièrement nouvelle de l’homme au-delà de la mort, capable de bénir les Gentils en grâce souveraine non moins que les Juifs, et de les unir à Lui dans la gloire céleste. Or c’est précisément ce que l’Évangile révèle maintenant à la foi.

Les derniers versets du chapitre nous présentent une brève esquisse de la lignée de Nakhor, frère d’Abraham, dont le fils Bethuel était père de Rebecca par sa femme Milca, et non par sa concubine Reüma. Nous verrons en temps voulu combien cette lignée est étroitement liée à l’avenir d’Isaac, pour exécuter le dessein de Dieu.


8 - Sara morte et ensevelie — Genèse 23

Il est question ici de la mort de Sara et de son ensevelissement, auxquels le texte inspiré consacre une place considérable. N’y a-t-il aucune instruction au-delà de la morale touchante qui est sous les yeux de tous ? Où, dans tout l’Ancien Testament, peut-on trouver une telle image de la douleur d’un mari occupé à fournir un lieu de sépulture à sa femme défunte ? Où peut-on voir le soin et la foi d’un père dans la recherche d’une épouse pour son fils, comme dans le ch. 24 qui suit ? Nous avons examiné les profondes leçons typiques du ch. 22 qui précède, et nous espérons peser justement ce qui n’est pas à sous-évaluer dans le ch. 23 qui va maintenant nous occuper. Supposerait-on que notre chapitre est totalement dépourvu de vérités similaires sous la surface ? Cherchons au moins à apprendre de Dieu par Sa Parole.

« Et la vie de Sara fut de cent vingt-sept ans : ce sont là les années de la vie de Sara. Et Sara mourut à Kiriath-Arba, qui est Hébron, au pays de Canaan. Et Abraham vint pour mener deuil sur Sara, et pour la pleurer.

Et Abraham se leva de devant son mort ; et il parla aux fils de Heth, disant : Je suis étranger, habitant parmi vous ; donnez-moi la possession d’un sépulcre parmi vous, et j’enterrerai mon mort de devant moi. Et les fils de Heth répondirent à Abraham, lui disant : Écoute-nous, mon seigneur : tu es un prince de Dieu au milieu de nous ; enterre ton mort dans le meilleur de nos sépulcres ; aucun de nous ne te refusera son sépulcre pour enterrer ton mort. Et Abraham se leva et se prosterna devant les gens du pays, devant les fils de Heth, et il leur parla, disant : Si c’est votre volonté que j’enterre mon mort de devant moi, écoutez-moi, et intercédez pour moi auprès d’Éphron, fils de Tsokhar, afin qu’il me donne la caverne de Macpéla, qui est à lui, qui est au bout de son champ ; qu’il me la donne au milieu de vous, pour sa pleine valeur, comme possession d’un sépulcre. Or Éphron habitait parmi les fils de Heth. Et Éphron, le Héthien, répondit à Abraham aux oreilles des fils de Heth, devant tous ceux qui entraient par la porte de sa ville, en disant : Non, mon seigneur, écoute-moi. Je te donne le champ, et la caverne qui s’y trouve, je te la donne ; je te la donne sous les yeux des fils de mon peuple : enterre ton mort. Et Abraham se prosterna devant le peuple du pays, et il parla à Éphron aux oreilles du peuple du pays, disant : Si seulement tu voulais bien m’écouter. Je donne l’argent du champ ; prends-le de moi, et j’y enterrerai mon mort. Et Éphron répondit à Abraham et lui dit : Mon seigneur, écoute-moi : Une terre de quatre cents sicles d’argent, qu’est-ce que cela entre toi et moi ? Enterre donc ton mort. Et Abraham écouta Éphron, et Abraham pesa à Éphron l’argent dont il avait parlé aux oreilles des fils de Heth : quatre cents sicles d’argent au cours du marché.

Et le champ d’Éphron, qui était à Macpéla, devant Mamré, le champ et la caverne qui y était, et tous les arbres qui se trouvaient dans le champ, dans toutes ses limites tout à l’entour, furent assurés à Abraham en propriété sous les yeux des fils de Heth, devant tous ceux qui entraient par la porte de sa ville. Après cela, Abraham enterra Sara, sa femme, dans la caverne du champ, à Macpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan. Et le champ et la caverne qui s’y trouve furent assurés à Abraham par les fils de Heth comme possession d’un sépulcre » (23:1-20).


L’histoire est si simple et rendue si concrète que peu de mots sont nécessaires. La douleur d’Abraham est vivante devant nous, de même que, en pareilles circonstances, sa noble attitude avec les fils de Heth pour avoir une caverne pour enterrer son mort. C’était une affaire délicate. Car les Héthiens étaient émus, courtois et amicaux, tandis qu’Abraham était résolu à plaider pour l’affaire ; il n’était pas moins résolu qu’en Genèse 14:24 à ne rien s’approprier. Même en présence de la mort, il voulait préserver sa place de pèlerin et d’étranger au milieu d’eux. Il voulait payer le plein prix de la possession, — non pas d’un manoir ou d’un domaine, mais d’un sépulcre. Éphron, à la manière orientale, fixa son prix très haut pour l’époque ; et Abraham le pesa en présence de tous, selon le mode de transmission légal et certain de ce temps-là ; c’est aussi une anticipation curieuse des particularités modernes. Autrement, le patriarche n’avait pas d’héritage dans la terre promise, pas même de quoi y poser le pied, quels que soient les arguments contraires avancés par certains. Même pour une tombe, il ne voulait pas se mettre sous un joug inégal (mal assorti) avec les incroyants ; car quel participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? Abraham voulait rester séparé et ne rien toucher à ce qui est impur (2 Cor. 6:14-17). Était-ce du mépris ou de l’orgueil ? Non, mais de la soumission à Dieu, et le maintien de Son honneur par Ses enfants, même s’ils sont faibles et indignes, comme certains le sont.

D’un point de vue des types, Sara était la mère libre de l’enfant de la promesse, en contraste avec la servante et son fils, déjà chassés, selon la doctrine de Galates 4. Maintenant que le Fils est vu mort et ressuscité, cette alliance, que Sara représente, est aussi passée, afin d’introduire un dessein encore plus élevé du Père, lequel voulait appeler une épouse pour Son Fils dans les lieux célestes. Si Sara meurt, elle ressuscitera ; et alors seulement, cette alliance de promesse et de liberté sera valable pour Israël, lequel entre-temps est aveuglé par l’incrédulité et trouve son modèle dans Agar et son fils. C’est ainsi que les Juifs ont perdu leurs privilèges pour cette si longue période ; car ils sont les fils des prophètes et de l’alliance conclue par Dieu avec Abraham. Mais en rejetant la seule vraie Semence, leur propre Messie, par Qui seul tous et toutes pouvaient être bénis, ils ont imprimé sur eux, plus profondément que jamais, la marque Lo-Ammi. Oui, Sara est morte ; et, dans le prochain développement de nouveaux desseins, nous verrons Rebecca appelée d’un pays lointain et conduite à travers le désert pour devenir l’épouse d’Isaac en Canaan.