William Kelly [Ajouts bibliquest entre crochets]
Bible Treasury, vol. N4, p. 325-326
1 - [Abandon de la rétorsion par Christ pour les fils de Son Père]
2 - [Les principes du royaume des cieux impossibles à l’homme naturel]
3 - [Des qualités qui caractérisent la nature divine que la grâce donne au croyant]
4 - [Suivre Christ et ce qu’Il a manifesté ici-bas comme envoyé du Père]
5 - [Il s’agit bien de directions à appliquer littéralement — Matt. 5:39]
6 - [Ce qui était à l’esprit dans les cas évoqués — Matt. 5:40]
6.1 - [Matt. 5:40 — La réalité du christianisme et non pas seulement les apparences]
6.2 - [Matt. 5:41 — La grâce dans la patience]
7 - [Conclusion : suivre Christ en se renonçant soi-même]
Ici, le Seigneur va au-delà de toute pensée juive, et même humaine, quand Il enjoint à Ses disciples de faire preuve de grâce patiente en face à toutes sortes de torts qui leur sont infligés. Résister est interdit. Il cite la loi et le principe du talion, comme on l’appelle, celui de la rétorsion, pour l’abandonner expressément. Ce principe était particulièrement susceptible de produire des abus ; mais même quand il était appliqué avec la plus stricte justice, et qu’il agissait comme un puissant frein sur la vindicte humaine, combien il était loin des pensées célestes que Christ manifestait sur la terre et établissait comme la seule conduite appropriée aux fils de Son Père ! Pouvons-nous concevoir un plus grand choc pour le sentiment juif ?
« Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis : ne résistez pas au mal ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre ; et à celui qui veut plaider contre toi et t’ôter ta tunique, laisse-lui aussi le manteau ; et si quelqu’un veux te contraindre à faire un mille, vas-en deux avec lui » [Matt. 5:38-41].
Il ne fait aucun doute que sur un tel terrain, le monde ne pouvait pas entrer. Pour l’homme naturel, la règle des cieux est impossible. Pourtant, c’est un thème de prédilection pour ceux qui ne croient ni en la divinité du Seigneur ni en Son œuvre expiatoire, mais qui se plaisent à discourir sur le Sermon sur la montagne comme l’idéal parfait de législation chrétienne. Ce n’est rien de plus qu’une récitation académique. Ils n’ont pas non plus la moindre idée d’y obéir, et ils ne s’attendent pas à ce que les autres fassent preuve de tels traits de caractère bizarres. Si on leur a fait du tort dans leur personne ou dans leurs biens, comme le Seigneur le décrit, ils s’opposent totalement à l’appliquer comme faisant autorité pour la vie. Même les hommes pieux contribuent à leur incrédulité en s’élevant contre une compréhension de Ses paroles telles qu’on les lit, mais ils plaident pour l’esprit contre la lettre.
Or, il est vrai qu’ici, comme partout, ce qui est simplement la lettre échoue. On pourrait imiter les actes extérieurs décrits sans pour autant atteindre ce que le Seigneur vise tout au long de Son discours. L’obéissance la plus rigide à Ses paroles dans le but de vivre et de recevoir l’amour du Père, se révélerait, dans un tel cas, être une loi plus brulante que celle du Sinaï. Car le Seigneur commence par des qualités spirituelles chez les Siens, qu’on chercherait en vain chez l’homme déchu, et qui caractérisent une nature divine que la grâce donne au croyant de partager. En effet, bénis sont ceux, comme Il le déclare plutôt plus que moins, qui sont persécutés à cause de leur justice [5:10] dans un monde d’iniquité ; s’ils sont injuriés et persécutés à cause de Christ [5:11], ils sont appelés à se réjouir et à tressaillir de joie, car leur récompense est grande dans les cieux [5:12]. Que peut-on faire pour blesser ceux qui sont d’autant plus heureux qu’ils sont maltraités ? Le secret, c’est qu’ils sont plus que vainqueurs par Celui qui les a aimés [Rom. 8:37], et qu’ils nient tout mérite qui leur soit propre. Mais ils ont une vie nouvelle (c’est la vie du Second homme, non du premier) dont les marques internes ont été déployées pratiquement selon ce que le Seigneur a décrit dans les premiers versets du Sermon [5:1-12] ; et leur position à part devant les hommes s’ensuit [5:13-16]. Dans tout ce qui nous est donné à partir de là, le Seigneur élargit la loi et les prophètes, au point de les dépasser immensément dans leur portée jusqu’à ce que, comme ici, nous ayons la grâce de souffrir du mal au lieu de le punir comme la loi le prévoyait.
C’est ce que Dieu avait envoyé Son Fils manifester ici-bas, et personne ne le suit pleinement. Mais souffrir pour Lui peut être notre part comme cela a souvent été le cas de nos frères. Être dans un état convenable pour la présence de Dieu dépend de Sa mort et de Sa résurrection, tout comme notre pardon dépend de Son sang ; et nous reconnaissons que nous sommes entièrement redevables à Sa grâce pour les deux. C’est notre devoir et notre joie de Le suivre et de L’imiter, car Il est notre vie ; et Il est la norme pour ne pas résister au mal.
Mais il y a des gens qui ergotent et veulent rogner et saper Ses paroles, et ils n’ont pas honte de soutenir qu’Il ne voulait pas leur donner le sens littéral, car lorsqu’Il fut frappé au visage pour avoir répondu au souverain sacrificateur, Il protesta calmement, tout en s’inclinant devant l’insulte [Jean 18:21-23]. Est-ce que cela revenait à rendre mal pour mal ? Au contraire ! Il était Celui « qui n’a pas commis de péché et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude, – qui, lorsqu’on L’outrageait, ne rendait pas l’outrage, quand Il souffrait, ne menaçait pas » [1 Pierre 2:22-23]. En fait, Il a fait bien plus que présenter l’autre joue, car ils Lui ont craché au visage et L’ont souffleté [giflé] et L’ont frappé de leurs mains avec le plus grand mépris [Marc 14:65]. Non ! le Seigneur a cédé devant les torts qu’on Lui faisait, au lieu de résister au mal ; voilà ce à quoi le chrétien est appelé en vérité.
Ici, nous pouvons, si on en sent le besoin, suivre le Seigneur en esprit et à la lettre.
Comme l’homme est tenace quant à ses petites affaires personnelles, le Seigneur présente le cas, non pas seulement d’une affaire de violence personnelle [comme en 5:39], mais une affaire où, par un procès légal, on prive l’homme de ce qu’il a sur lui [5:40]. Qu’est-ce que le Seigneur demande alors ? « À celui qui voudrait aller en justice avec toi (ou : qui veut plaider contre toi), et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau ». Combien il vaut mieux perdre ses vêtements que sa cohérence avec Christ !
L’esprit de l’injonction du Seigneur va plus loin que celle sur la joue ou le manteau. Ce que les hommes cherchent, c’est à échapper à toute souffrance, et à tenir à leurs droits humains au mépris de Ses paroles, perdant ainsi la réalité du christianisme et n’en conservant même pas l’apparence.
Il y avait un autre sujet de réclamation propre à cette époque où
les Juifs avaient tendance à se plaindre d’une épreuve estimée intolérable. Le
gouvernement impérial autorisait ses fonctionnaires, dans certaines affaires, à
exiger une présence personnelle, y compris avec leurs bêtes de somme. Combien les
hommes sont enclins à se vexer pour ce qui, après tout, n’est pas un grand
fardeau, et les plus enclins étaient bien ce peuple Juif sous leurs maitres !
Le Seigneur voulait élever Ses disciples au-dessus d’une pareille volonté personnelle.
« Si quelqu'un veut te contraindre à faire un kilomètre, va avec lui deux
kilomètres ! » Avec quelle simplicité et quelle force Il donne aux
Siens un esprit qui les élève à une douce dignité au-dessus des chamailleries
du monde ! Combien également indigne de Lui serait de suivre la lettre de
cette parole en refusant d’aller quatre ou cinq
kilomètres, si on y était
requis, sous prétexte que le Seigneur avait dit : « Va avec lui deux
kilomètres ! » La véritable pensée du Seigneur est qu’on devrait dépasser
volontiers ce qui est demandé. C’est la grâce dans la patience.
Quelque chose peut-il te convaincre, mon lecteur, que tu ne peux ni être ni faire ce qui est essentiel pour entrer dans le royaume des cieux ? Il n’y a qu’un seul chemin, c’est Christ ; et ce chemin, tu ne peux l’emprunter qu’en renonçant à toi-même. C’est ainsi que la foi et la repentance sont inséparables. Il sauve en donnant non seulement la rédemption, mais une nature nouvelle et divine qui déteste la propre volonté, et qui aime et fait la volonté de Dieu. Ainsi, vous obéissez selon la loi de la liberté, contrairement aux Juifs sous la loi de servitude.