W.W. Fereday [ajouts bibliquest entre crochets]
Jonction de deux articles du même auteur : 1) The Approaching Judgment of Christendom (Extrait de Truth for the Last Days, Vol. 2, 1901, p. 321) ; et 2) How to read the Revelation — Stem Publishing
Table des matières :
1 - [Faillite de l’église et conséquences pratiques]
1.1 - [Réaliser son appartenance à l’Église]
1.2 - [Comprendre la spécificité de l’Église en considérant son commencement]
1.4 - [Infiltration progressive du mal annoncée dans la plupart des épitres]
1.5 - [Menace d’un retranchement comme celui d’Israël]
1.7 - [Le jugement collectif n’implique pas la perte du salut de l’individu]
1.8 - [Ressentir l’état du peuple de Dieu et vivre la solidarité avec lui]
1.9 - [Conséquences multiples sur la marche pratique du croyant]
2 - [Caractère du temps actuel. Témoignage qui reste]
2.3 - [Mal entrant vu par Paul / Mal installé vu par Jean]
2.4 - [Le témoignage selon Dieu au temps de la maturité du mal]
Il est profondément solennel de se rendre compte que l’on appartient à un système qui porte la responsabilité, devant Dieu, de défaillances et infidélités durant des siècles, et sur lequel, en conséquence, le jugement de Dieu va bientôt s’abattre. Pourtant, les enfants de Dieu, en général, n’intègrent que faiblement cette pensée qui terrasse l’âme. Beaucoup sont tellement occupés par leur propre environnement immédiat que le fait d’appartenir à l’Église de Dieu — une corporation de plus de vingt siècles comme témoin pour Dieu — n’occupe guère, voire pas du tout, de place dans leur esprit. D’autres, hélas, bien que véritablement nés de Dieu, sont tellement infectés par l’esprit du temps qu’ils tiennent fréquemment des propos positifs exprimant une autosatisfaction laodicéenne.
Or, Dieu voudrait que les Siens soient spirituellement intelligents quant à la véritable position des affaires de l’heure actuelle. Nous ne vivons pas les premiers jours de l’Église de Dieu, mais les derniers, ce qui est un fait qui devrait automatiquement suggérer de très sérieuses considérations à l’esprit. Quel est le caractère de cette Église de Dieu, dont l’histoire terrestre touche à sa fin ? Quels étaient son témoignage et sa responsabilité quand Dieu les a établis au commencement ? On a souvent été souligné que l’Église a été introduite comme une parenthèse dans les voies de Dieu quant à la terre. La faillite profonde d’Israël en tant que témoin de Dieu responsable au milieu de l’idolâtrie et, surtout, leur rejet du Messie, ont nécessité la mise à l’écart complète de cette nation, pour le présent. Ce n’est que lorsque Christ apparaîtra en gloire qu’un vrai témoignage de Dieu sera de nouveau confié à Israël. Entre temps, tandis que Christ est assis à la droite de la Majesté en haut, le Saint Esprit est présent sur la terre, et s’occupe à former l’Église de Dieu. Le jour même de Sa descente du ciel (Actes 2) a vu l’inauguration du nouveau système, — un système spirituel en contraste avec le système national d’Israël. Les saints de la terre (qui n’étaient au départ qu’un Résidu provenant de Juifs) sont devenus d’un coup le corps de Christ et la maison de Dieu, bien que la doctrine relative à ces deux aspects n’ait été exposée que plusieurs années plus tard. Quelle fraîcheur et quelle puissance ont caractérisé le nouveau témoignage ! Quel amour divin parmi les saints, quel renoncement au monde, quel zèle dans la propagation de la vérité, même face à une persécution féroce !
L’Église avait la responsabilité de maintenir son témoignage intact jusqu’à la fin. C’est dans l’unité et l’amour manifestés, dans la séparation d’avec le monde et dans une confession hardie de toute la vérité qui lui avait été confiée, que l’Église aurait dû continuer. La foi aurait dû la porter triomphalement à travers toutes les vicissitudes du désert, malgré tous les obstacles dressés par l’ennemi. Il est vain de dire que tout ce que Dieu a confié à l’homme a toujours failli entre ses mains, et que chaque dispensation s’est terminée dans le jugement divin. Bien que cela soit vrai, cela n’atténue en rien la faillite de l’Église, car elle a eu plus de lumière de la part de Dieu et de plus grands privilèges que ce qui avait jamais été possédé auparavant, et cela lui donne une place de responsabilité spéciale, et elle doit être tenue responsable en conséquence. Sa position publique en tant que « colonne et soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15) implique nécessairement le jugement de Dieu si le témoignage n’est pas fidèlement maintenu.
La faillite n’a pas tardé à venir. Celui qui aimait l’Église d’une affection particulière (Paul) dut très tôt reprocher aux Corinthiens d’être riches et de régner avant le temps (1 Cor. 4:8) ; il dut déplorer la défection, par tiédeur et amour des aises charnelles, de toutes les assemblées d’Asie (2 Tim. 1:15) ; et il trouva aussi nécessaire d’instruire son enfant bien-aimé dans la foi sur la voie de la fidélité individuelle lorsque le mal se répandrait (2 Tim. 2). Jude parle d’hommes impies qui se sont infiltrés furtivement, transformant la grâce de Dieu en dissolution (laxisme) et reniant notre seul Maître et Seigneur Jésus Christ (Jude 4) ; Pierre met en garde contre les faux docteurs qui introduisent des sectes de perdition (2 Pierre 2:1-2), et Jean contre les antichrists qui avaient autrefois marchés avec les apôtres eux-mêmes, mais qui s’en étaient allé, manifestant leur vrai caractère (1 Jean 2:18-19). Un peu plus tard, nous trouvons le Seigneur Lui-même reprochant, dans Ses messages aux 7 assemblées, d’avoir abandonné leur premier amour (Apoc. 2:4), et de recevoir parmi eux des gens tenant les doctrines de Balaam et des Nicolaïtes (Apoc. 2:14-15), et d’autres maux encore plus graves.
Au vu de tout cela (et de bien d’autres choses encore !), combien solennelle est la parole de l’Esprit en Romains 11:22 : « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés ; bonté envers toi, si tu persévères dans Sa bonté ; sinon, toi aussi, tu seras retranché ». Dans ce chapitre, l’église professante est considérée comme ayant pris la place d’Israël sur terre, en tant que détentrice de privilèges de la part de Dieu. Si elle était fidèle, le résultat serait la bénédiction ; si elle est infidèle, le même retranchement qu’Israël devrait s’ensuivre. Qui prétendra que la chrétienté a persévéré dans la bonté de Dieu ? Le protestant montre du doigt avec désapprobation les erreurs flagrantes et les corruptions grossières de Rome ; et le romaniste, avec raison, dirige son mépris vers les divisions du protestantisme et son abandon de ce qu’il professait autrefois, la foi de la Bible. Qui a de quoi se vanter de quoi que ce soit ?
Quel va être l’aboutissement ? Ce que l’Esprit dit en Rom. 11 : « Toi aussi, tu seras retranché ». Ou, comme le Seigneur l’a exprimé en Apocalypse 3:16 : « Je vais te vomir de ma bouche ». Seule l’ignorance peut s’y opposer en invoquant la promesse du Seigneur de Matthieu 16:18 : « Les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle ». Là, le Seigneur garantissait simplement la pérennité de Son œuvre à Lui. Le jugement qu’Il porte sur la responsabilité humaine est une toute autre affaire, qui est traitée clairement dans d’autres passages de l’Écriture. L’Église professante a failli aussi profondément qu’Israël, et sera jugée pareillement. Il y a cependant cette différence entre le rejet d’Israël et le rejet de la chrétienté : pour Israël, il y aura restauration en grâce à la fin, tandis que pour la chrétienté, le jugement est final et irrévocable. Quelle pensée solennelle !
Cela met-il en péril le salut individuel ? Nullement. Le passage déjà cité de Matthieu 16 est suffisamment explicite à ce sujet. Le jugement de Dieu sur Israël n’a pas touché le salut des vrais enfants de la foi ; de même, le jugement prochain de la chrétienté n’affectera en rien la sécurité éternelle de tous ceux qui sont « en Christ ». Rien ne peut annuler, ni même affaiblir, la grâce infinie de Dieu à cet égard. Quel réconfort pour l’homme de Dieu lorsqu’il est douloureusement préoccupé par les maux qui l’environnent !
Quel devrait être le résultat pratique de ce que nous avons
considéré ? Premièrement, Dieu voudrait que Ses fidèles ressentent et
confessent les péchés de l’Église comme étant les leurs. Daniel nous fournit un
bel exemple de cet esprit. Bien qu’il fût personnellement un saint homme, il épancha
son cœur à Dieu dans une confession touchante concernant les péchés de son
peuple, justifiant Dieu dans toutes Ses actions gouvernementales avec eux. Il n’essaya
pas de s’individualiser, mais il gardait devant son âme le fait qu’il
appartenait au peuple de Dieu et qu’il faisait donc partie de ce corps qui
avait si gravement failli. De même, rappelons-nous que nous faisons partie
de l’Église de Dieu
, le témoin le plus privilégié que Dieu ait établi, et
en même temps le plus coupable. Une telle pensée garde l’âme humble et sans
prétention.
Deuxièmement, Dieu voudrait que chaque âme exercée marche entièrement, dans la fidélité individuelle, à part des maux publics qui vont faire bientôt tomber Son juste jugement. Soyons en garde contre tous les flots qui alimenteront bientôt la mare fétide de l’apostasie. Tout en cultivant la communion avec tous ceux qui cherchent consciencieusement la gloire du Christ, et tout en recherchant, dans la mesure du possible, la délivrance de tous les autres, puissions-nous être préservés de la corruption morale, doctrinale et ecclésiastique, afin de marcher dans la sainteté devant Dieu, avec des robes sans tache.
Il est très important, lorsqu’on lit la Parole de Dieu, de considérer à quelle dispensation particulière se réfère ce qu’on lit ; il faut aussi savoir à quelle période de la dispensation on se trouve, et quel est le caractère du temps où nous vivons et quelles sont les caractéristiques particulières de l’Écriture qui s’appliquent à nous aujourd’hui.
N’y avait-il pas une grande différence entre la situation d’Israël
sous David et celle aux jours de ruine quand Jérémie écrivait ses Lamentations ?
Et n’y a-t-il pas eu quelque chose de semblable dans l’histoire de l’Église ?
N’est-il donc pas nécessaire d’avoir une juste perception de toutes les ruines
et les faillites qui se sont produites, et d’avoir une juste estimation du
caractère de la condition pratique
actuelle de l’Église de Dieu ?
Toute la période de la dispensation actuelle est marquée dans l’Écriture par l’appellation « le mauvais jour », et il en est forcément ainsi du fait que le Seigneur Jésus a été retiré de la terre par un acte précis de Dieu en jugement, et que le Seigneur Jésus s’est assis sur le trône de Son Père, mais pas encore sur le Sien.
Aux premiers temps après la Pentecôte, l’Église présentait un beau tableau, mais celui-ci est passé depuis longtemps ! Lorsque Paul a commencé son ministère, il voyait l’unité des églises qu’il avait implantées parmi les Gentils (païens), et cette unité s’est présentée sous un beau jour favorable pendant quelque temps. Mais cela aussi a disparu ! Paul n’a jamais vu leur faillite effective, bien qu’il sût que la corruption allait s’installer. Jean, par contre, a survécu à tout, et a dû voir s’installer la marée d’iniquité qui devait marquer l’histoire de l’Église de manière croissante jusqu’au retour du Seigneur ; il a aussi entendu le témoignage à l’égard du mal qui rendrait nécessaire que le « jugement » tombe sur elles, alors que ces églises étaient encore reconnues en tant qu’églises quant à leur position.
Nous, au contraire, nous approchons de la maturité même de ce mal qui se manifestait alors. Nous sommes à la veille des derniers jours. La position de l’Église a été perdue depuis longtemps ; nous n’avons donc pas à témoigner contre le mal ENTRANT dans l’Église comme les apôtres l’ont fait, mais nous avons à témoigner de la ruine totale qui EST ARRIVÉE, tout en gardant fermement « jusqu’à ce qu’Il vienne » la vraie position d’où elle est déchue ; nous nous attendons à des tribulations, mais nous ne nous laissons pas abattre par les afflictions, sachant que c’est à cela que nous avons été appelés (1 Pierre 2:21).