L’ATTENTE ACTUELLE de l’ÉGLISE
et PROPHÉTIES qui ÉTABLISSENT la VÉRITÉ du
RETOUR PERSONNEL du SAUVEUR,
exposées en ONZE SOIRÉES à Genève (1840)

J. N. DARBY

Note générale de Bibliquest : le mot économie est fréquemment utilisé dans le sens de dispensation ; il dérive du mot grec oikonomia, traduit ailleurs par administration


TABLE DES MATIÈRES

1ère soirée : 2 Pierre 1 — Introduction

2ème soirée : Éphésiens 1 — L’Église et sa gloire

3ème soirée : Actes 1 — Seconde venue de Christ

4ème soirée : Luc 20:27-44 — Première résurrection ou Résurrection des justes

5ème soirée : Daniel 2 — Progrès du mal sur la terre

6ème soirée : Daniel 7:15-28 — Les deux caractères du mal : Apostasie ecclésiastique et apostasie civile

7ème soirée : Psaume 82 — Jugement des nations, qui deviennent l’héritage de Christ et de l’Église

8ème soirée : Romains 11:21 — Promesses absolues de bénédictions terrestres faites à Israël

9ème soirée : Ézéchiel 37 — Bénédictions terrestres faites à Israël (Suite)

10ème soirée : Ésaïe 1 — Bénédictions terrestres faites à Israël (Suite)

11ème soirée : Apocalypse 12 — Résumé et Conclusion


* * *


Septième Soirée : Psaume 82 — Jugement des nations qui deviennent l’héritage de Christ et de l’Église

Le dernier verset de ce Psaume renferme le sujet qui doit nous occuper ce soir : « Lève-toi, ô Dieu ! juge la terre ; car tu hériteras toutes les nations ». C’est Dieu qui doit juger la terre, et, à la suite de ce jugement, avoir en partage toutes les nations.

Nous avons parlé de Christ, héritier de toutes choses avec l’Église sa cohéritière, puis de l’avènement de Christ, ou du moment où il prend son héritage, et de la résurrection de l’Église, ou du moment où l’Église ressuscitée participe avec Lui à cet héritage. Les âmes des saints endormis, heureuses avec Lui, attendent elles-mêmes la résurrection de leurs corps, pour jouir de la plénitude de la bénédiction et de la gloire ; c’est pourquoi un chrétien peut désirer la mort, parce qu’il est par là délivré de toute affliction et de toute peine ; mais il attend la résurrection pour la consommation de sa gloire. Nous avons parlé du progrès du mal, et prouvé que, loin que le monde soit converti par la prédication de l’Évangile, l’ivraie doit croître et mûrir jusqu’à la moisson. Et, dans notre dernière soirée, nous avons vu le mal atteindre sa plus haute expression dans la Bête qui va à la destruction, dans l’apostasie de la puissance civile de la quatrième monarchie, et dans le faux prophète qui exerce sa puissance devant elle, et qui est détruit avec elle.

Nous avons vu qu’il y a deux Bêtes, et que la seconde se transforme dans le faux prophète (comp. Apoc. 13, avec la fin de 19).

Maintenant la scène s’étend un peu, et nous verrons non seulement la quatrième Bête détruite, mais toutes les nations jugées. Toutes les races d’hommes existant sur la terre, qui se sont formées à la suite de la division des enfants de Noé, se trouveront à la fin rassemblées et jugées de la part de Dieu ; tout ce qui est hautain, orgueilleux, sera abattu par sa puissance et sa gloire afin que Dieu, dans une pleine bénédiction, jouisse du royaume, et qu’il ait l’héritage de toutes les nations.

J’ai traité, dans notre dernière réunion, la partie la plus difficile, le point où les deux économies se rencontrent, et où le mal causé par l’apostasie de l’économie actuelle exige l’intervention de Dieu et, par conséquent, le jugement qui termine cette économie. J’ai parlé de cette apostasie de l’Antichrist spécialement, parce que c’est en effet la consommation même de l’apostasie. Mais, du moment que l’événement a lieu, il y a aussi le jugement de toutes les nations. Dieu ne juge pas seulement la révolte dernière de l’Antichrist ou de la Bête ; mais, ayant fait éclater sa puissance, le moment de sa colère étant venu, il juge toutes les nations.

C’est ce qu’on lit, en Apoc. 11:15-18 : « Et le septième ange sonna de la trompette : et il y eut dans le ciel de grandes voix, disant : Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles. Et les vingt-quatre anciens qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes, tombèrent sur leurs faces et rendirent hommage à Dieu, disant : Nous te rendons grâces, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui est et qui était, de ce que tu as pris ta grande puissance et de ce que tu es entré dans ton règne. Et les nations se sont irritées ; et ta colère est venue, et le temps des morts pour être jugés, et pour donner la récompense à tes esclaves les prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent ton nom, petits et grands, et pour détruire ceux qui corrompent la terre ».

Poursuivons les passages qui traitent du même sujet.

Nous avons vu que le Seigneur Jésus, le Messie, le vrai Roi de toute la terre, s’est présenté à la quatrième Bête et aux Juifs, c’est-à-dire à l’Empire Romain et aux Juifs ; aux gentils, dans la personne de Ponce Pilate, et aux Juifs, dans la personne du souverain sacrificateur. Il s’est présenté au monde et aux siens, et il a été rejeté. Mais nous verrons qu’il est un sens beaucoup plus étendu, dans lequel il est dit que les nations sont irritées, et que la colère de Dieu éclate contre elles par le jugement remis entre les mains de son Fils.

Dans le Psaume 2, nous voyons deux choses. Premièrement, que le Fils est sacré Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté, et qu’il a l’héritage des nations : Sion, voilà son trône ; mais son héritage, ce sont les nations. Secondement, sa manière de traiter ces nations, manière tout à fait opposée à l’Évangile : « Tu les briseras avec un sceptre de fer ». Le sceptre de Christ, si on veut l’employer comme figure dans le langage de l’Évangile, est un sceptre de bonté et d’amour ; c’est tout ce qu’il y a de plus doux, de plus puissant dans son amour ; ce n’est point un sceptre de fer. Mais il s’agit ici des rois de la terre. Maintenant donc, ô rois ! adorez le Fils. Le décret de Dieu est que son Fils soit oint ; c’est-à-dire que Dieu a voulu établir Jésus roi de toute la terre, et il invite les rois de la terre à se soumettre à Lui. Il leur dit : Je vais parler dans ma colère : je donne l’héritage des nations à Christ ; il vous brisera avec un sceptre de fer, il vous mettra en pièces ; maintenant donc, soumettez-vous à Lui, à mon Fils, Roi en Sion. Ces rois suivent leurs propres conseils ; leur parti est pris selon la sagesse de l’homme, et ce n’est pas à Christ, Roi en Sion, qu’ils pensent. Allez leur parler de Christ, Roi en Sion, vous passerez aussitôt pour être hors de sens. Cependant, Dieu l’a décrété sûrement, irrévocablement, et c’est ce qu’il fera, malgré les rois de la terre ; il établira Christ Roi en Sion, et lui donnera pour héritage les nations, et pour sa possession les bouts de la terre. « Maintenant », dit-il par la bouche de Michée, « il sera grand jusqu’aux bouts de la terre » (5:4).

À la naissance de Christ, nous voyons la haine éclater à la moindre apparence de sa royauté. Dès qu’on entend dire : Il y a un roi, on cherche à s’en défaire. Mais, à la fin, est-ce que les nations écouteront l’invitation qui leur est faite de se soumettre à Lui ? Nous trouvons la réponse dans le Psaume 82. Il faut que ces juges de la terre, ces Élohim rendent compte de leur conduite ; « ils ne connaissent ni ne comprennent ». « Moi j’ai dit : Vous êtes des dieux », parce que Dieu lui-même les avait placés comme ayant une autorité sur la terre, et parce que les autorités qui existent sont établies de Dieu ; mais Dieu peut les juger. Ce ne sont pas les chrétiens qui tiennent le langage ci-dessus, c’est Celui qui a le droit de juger ceux qu’il a nommés juges, de destituer ces puissances subalternes, afin de faire éclater sa grande puissance et d’agir en Roi.

Nous voyons encore (Ps. 9:1-7) que le lieu où ce jugement s’exercera est la terre d’Israël, et que le Seigneur se révélera par cet acte de sa puissance. Verset 5: « Tu as tancé les nations, tu as fait périr le méchant (l’Antichrist)… Tu as aussi rasé des villes, leur mémoire a péri avec elles ». La fin du Psaume 5:15-20, n’est pas le langage de l’Évangile, c’est la demande prophétique, la juste demande du jugement ; c’est là ce qui explique les Psaumes dans lesquels les chrétiens trouvent quelquefois de fort grandes difficultés, faute d’avoir compris la différence des économies. Convertir le méchant, lui faire grâce, voilà l’Évangile ; nous avons tout autre chose ici, parce que ce n’est pas l’Évangile. Une fois que l’Évangile a eu son cours, Christ réclame le jugement contre le monde. Ce n’est pas Christ à la droite du Père pour envoyer le Saint Esprit, et assembler ses cohéritiers ; mais c’est Christ demandant justice, la demandant généralement, par son Esprit, dans la bouche des humbles et des débonnaires de la nation juive, contre l’homme orgueilleux et violent. Si Dieu n’exécutait pas le jugement, le mal ne ferait qu’empirer, sans qu’il y ait aucun soulagement pour les fidèles. Dieu ne l’exécute que lorsque le mal est arrivé à son comble. L’Antichrist et les nations s’élèveront contre Dieu et contre son Christ, et il faudra que la terre soit débarrassée de ces ennemis, pour faire place au règne de Dieu lui-même. Ce n’est pas David qui demande à dominer sur ses ennemis, mais c’est Christ qui demande le jugement, parce que le moment est venu.

Dans le Psaume 10, vous verrez cette même vérité. L’Éternel est Roi, et les nations ont été exterminées (v. 15, 16).

J’ai voulu, chers amis, vous faire remarquer comme principe général, dans ces Psaumes, le jugement terrible de Dieu sur la méchanceté des nations, Dieu agissant en juge au milieu des juges.

Un passage, Ésaïe 2:12-22, nous présente encore le grand jour de Dieu sur la terre : « Il y a un jour de l’Éternel des armées contre tout ce qui s’exalte et s’élève… pour frapper d’épouvante la terre ». Ce n’est pas pour le jugement des morts, c’est pour le jugement de la terre.

Pour vous faire voir encore que ce jugement s’appliquera à toutes les nations, et que c’est par ce moyen que Dieu veut remplir la terre de la connaissance de son nom, je vous citerai Sophonie 3:8 : « C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère ; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie ». L’ordonnance de Dieu, c’est d’assembler les nations, afin de répandre sur elles son indignation. C’est là un jugement terrible. Quant à notre attente à nous, que la connaissance de l’Éternel remplisse la terre, nous la voyons au verset 9. La chose arrivera après qu’il aura exécuté le jugement, et chassé les méchants. Ce passage en est la révélation très explicite.

Pour le dire en passant, cette même vérité, que la connaissance de Dieu se répandra par l’effet de ses jugements, nous est présentée en Ésaïe 26:9-11 : « Est-il fait grâce ? l’homme n’apprend pas la justice, mais dans le pays de la droiture il fait le mal. Mais, lorsque les jugements de Dieu sont la terre, les habitants du monde apprennent la justice ».

Certainement, l’ordonnance de l’Éternel est d’assembler les royaumes, afin de répandre sur eux son indignation et toute l’ardeur de sa colère. Ce sera un jour terrible, et un jour auquel le monde doit s’attendre.

Un autre passage, à l’appui de la même vérité, se lit au Psaume 110 : « L’Éternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ». Jésus est assis à la droite du Père, jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour son marchepied. Jusque-là, il agit par son Esprit pour assembler les chrétiens, il envoie le Saint Esprit, le consolateur ici-bas, pour convaincre de péché, de justice et de jugement ; mais Dieu mettra un jour les ennemis de Christ pour marchepied de ses pieds ; et c’est pourquoi Jésus dit que « le Fils même ne connaît pas le jour où ces choses doivent arriver ». Il a été écrit qu’il doit hériter de toutes choses. Voilà ce qui a été prophétisé de moi ; l’Éternel m’a dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie réduit tes ennemis à être ton marchepied. Ce n’est pas telle année, ou tel jour ; mais je vais être assis à la droite de Dieu « jusqu’à ce que », c’est-à-dire jusqu’au moment où le Père accomplira ce conseil ; car le Seigneur Jésus, toujours Dieu éternellement béni, reçoit le royaume comme Homme-Médiateur. Or voici l’accomplissement du décret : « L’Éternel enverra de Sion la verge de ta force … ». Nous voyons le terme de cette économie très clairement marqué. Christ est assis à la droite de l’Éternel, jusqu’à ce que l’Éternel mette ses ennemis sous ses pieds. Après cela, il dit : « Domine au milieu de tes ennemis ! » Voilà ce que l’Éternel accomplira encore, lorsque le Seigneur, au moment où sa puissance devra s’exercer, « brisera les rois au jour de sa colère. Il jugera parmi les nations, il remplira tout de corps morts, il brisera le chef d’un grand pays ».

Jérémie 25:28. C’est au sujet continuellement présenté à nos âmes par la parole de Dieu, et c’est la fin de tout ce que nous voyons autour de nous. « Et il arrivera que, s’ils refusent de prendre la coupe de ta main pour boire, alors tu leur diras : Ainsi dit l’Éternel des armées : Certainement, vous en boirez ». Voyez encore le verset 31.

Il est encore deux points que je dois vous faire remarquer. Premièrement, c’est à Jérusalem surtout que tout ce désastre aura lieu ; secondement, Dieu a nommé toutes ces nations dans sa Parole, et nous verrons reparaître sur la scène, au moment du jugement de Dieu, tous les descendants de Noé, dont nous trouvons l’énumération dans la Genèse ch. 10. Nous les retrouverons à peu près toutes ou sous la Bête ou sous Gog.

Quant aux passages qui concernent Jérusalem, nous pouvons citer Joël 3:1 et 9-17 ; Mich. 4:11-13 ; Zach. 12:3-11 : « Et il arrivera, en ce jour-là, que je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples : tous ceux qui s’en chargeront s’y meurtriront certainement ; et toutes les nations de la terre seront rassemblées contre elle. En ce jour-là, dit l’Éternel, je frapperai de terreur tous les chevaux, et de délire ceux qui les montent, et j’ouvrirai mes yeux sur la maison de Juda, et je frapperai de cécité tous les chevaux des peuples. Et les chefs de Juda diront en leur coeur : Les habitants de Jérusalem seront ma force, par l’Éternel des armées, leur Dieu. En ce jour-là, je rendrai les chefs de Juda semblables à un foyer de feu au milieu du bois et à une torche de feu dans une gerbe, et ils dévoreront à droite et à gauche tous les peuples d’alentour, et Jérusalem demeurera encore à sa place, à Jérusalem. Et l’Éternel sauvera premièrement les tentes de Juda, afin que la gloire de la maison de David et la gloire des habitants de Jérusalem ne s’élèvent pas contre Juda. En ce jour-là, l’Éternel protégera les habitants de Jérusalem, et celui qui chancelle parmi eux sera en ce jour-là comme David, et la maison de David sera comme Dieu, comme l’Ange de l’Éternel devant eux. Et il arrivera, en ce jour-là, que je chercherai à détruire toutes les nations qui viennent contre Jérusalem. Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né. En ce jour-là, il y aura une grande lamentation à Jérusalem, comme la lamentation de Hadadrimmon dans la vallée de Meguiddon ». Zach. 14:3, 4 : « Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, vers l’orient ; et la montagne des Oliviers se fendra par le milieu, vers le levant, et vers l’occident — une fort grande vallée ; et la moitié de la montagne se retirera vers le nord, et la moitié vers le midi ».

Il est dit (Actes 1:11) que Jésus reviendra « de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel », et l’on voit ici que cela va jusqu’au point où ses pieds se tiennent sur la montagne des Oliviers (comp. Ézéch. 11:23). Dans ce jour-là, ses pieds se tiendront debout sur le mont des Oliviers, dit l’Esprit par Zacharie (14:4). « Ses pieds », les pieds de l’Éternel. Bien qu’il ait été homme de douleurs, Jésus est l’Éternel, comme il l’a été dès l’éternité.

Quant au second point, il est à remarquer que les nations, les descendants de Noé, se trouveront soit sous la Bête, soit sous Gog, les deux principales puissances. Si vous consultez le dixième chapitre de la Genèse, vous y verrez, verset 5, les îles des gentils divisées par leurs terres. Dans le dénombrement des enfants de Japhet, vous avez Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Méshec et Tiras. De ces peuples, vous trouvez Gomer, Magog, Tubal, Méshec sous les mêmes noms (Éz. 38) à la suite de Gog ; vous y trouverez aussi Pérès (ou les Perses), qui était uni à Madaï (les Mèdes), et des mains duquel celui-ci reçut la royauté, comme nous le voyons en Dan. 5, et ailleurs, de sorte que, de toutes ces nations, il ne reste en dehors que Javan et Tiras. L’énumération d’Ézéchiel renferme toutes les nations qui comprennent, la Russie, l’Asie Mineure, la Tartarie et la Perse, toutes les peuplades dont se compose la Russie, ou qui sont sous son influence, sous la domination de Gog, prince de Rosh (Russes), Méshec (Moscou), et Tubal (Tobolsk). (*)

(*) Rappelons que ceci a été écrit en 1840 (Éd.)

Les enfants de Cham nous sont indiqués, Gen. 10:6. De ceux-ci, il est vrai, Canaan a été détruit, et son pays est devenu celui d’Israël. Cush et Puth se trouvent sous Gog (Éz. 38:5) ; ceux de Cush, seulement en partie, et voici pourquoi : une partie de la famille de Cush s’établit sur l’Euphrate, une autre sur le Nil, c’est-à-dire au nord et au midi d’Israël ; ceux du nord sont donc, par leur position, en rapport direct avec les partisans de Gog. Mitsraïm ou l’Égypte (car Mitsraïm n’est que le nom hébreu qui désigne l’Égypte), le reste de Cush et de Puth, vous le retrouverez en Dan. 11:43.

Maintenant, parmi les enfants de Sem, Hélam est la même chose que le pays des Perses dont nous avons déjà parlé. Assur se trouve nommé dans le jugement qui aura lieu aux derniers temps (Mich. 5 ; És. 14:25 ; 30:30-33 ; dans la coalition du Ps. 83 ; et dans d’autres endroits aussi). Arpacsad est un des ancêtres des Israélites. La famille de Joktan manque ici ; c’est un peuple de l’Orient. Aram ou la Syrie a été déplacé par Assur, et se trouve indiqué sous le titre de roi du Nord. Il en est de même de Lud, semble-t-il. Javan se trouve dans le dernier combat (Zach. 9:13). De toutes ces nations, Tiras est la seule, outre Joktan, qui ne se trouve pas nommée pour ce dernier jugement. Je ne parle que de la parole de Dieu ; les auteurs profanes réunissent Tiras à Javan, mais je n’ai pas à m’en occuper.

Aujourd’hui, nous voyons la Russie étendre sa puissance précisément sur les nations qui se trouvent sous le sceptre de Gog (*).

(*) Le Gog d’Ézéchiel 38 est à distinguer de Gog et Magog d’Apocalypse 20:8 (Éd.)

Dans le 11° chapitre de Daniel, il y a deux autres puissances auxquelles il faut faire attention, le roi du Midi et le roi du Nord. Ce chapitre renferme d’abord une longue relation d’événements déjà accomplis ; viennent après cela les navires de Kittim (v. 30) ; puis il y a une interruption dans l’histoire des deux puissances. Ces rois ont été les successeurs du grand roi de Javan : l’un est celui qui possédait l’Assyrie ; l’autre l’Égypte. L’enjeu de leurs combats était la Syrie et la Terre-Sainte. Aux versets 31, 35, nous avons les Juifs, qui sont laissés de côté pendant longtemps ; il est dit : « D’entre les sages il en tombera (les Juifs) pour les éprouver ainsi, et pour les purifier… jusqu’au temps de la fin ; car ce sera encore pour le temps déterminé ». Et puis, verset 36 : « Le roi agira selon son bon plaisir ». C’est l’Antichrist. Au verset 40, nous le voyons dans le pays d’Israël, dans ce territoire, cause du différend qui existe entre le roi du Midi et le roi du Nord : « Et, au temps de la fin, le roi du Midi heurtera contre lui » de ses cornes : c’est-à-dire qu’après un long intervalle, voici de nouveau le roi du Midi sur la scène. Eh bien, ce n’est que depuis quelques années que cela a lieu, après un intervalle d’à peu près deux mille ans. La plupart des nations qui sont aux pieds de Gog, nous les voyons maintenant aux pieds de la Russie. Mais « le roi du Nord fondra sur lui comme une tempête ». L’Antichrist sera l’objet de l’attaque à la fois du roi du Midi ou d’Égypte, et du roi du Nord, possesseur de la Turquie asiatique ou Assyrie (*). Je ne dis pas quel sera le roi du Nord à la fin ; mais nous voyons que les circonstances et les personnages, décrits dans ces prophéties qui regardent ce temps déterminé, commencent à paraître. Il y a déjà deux mille ans que le roi du Midi a cessé d’exister ; et, depuis quelques années, il est de nouveau sur la terre (**). De même, nous voyons un peuple qui était presque ignoré il y a un siècle, et qui, aujourd’hui, domine exactement sur les mêmes pays que le Gog d’Ézéchiel. Je ne désire pas arrêter votre attention sur des événements qui arrivent de nos jours ; mais c’est après avoir expliqué la prophétie que nous mentionnons ces circonstances qui se passent sous nos yeux. Nous voyons également toutes ces nations commencer à s’occuper de Jérusalem (Zach. 12:3), et ne savoir que faire ; le roi d’Égypte demande tous ces pays pour lui, le roi du Nord ne veut pas les céder. C’est le Turc qui possède maintenant le Nord, ou le pays d’Assyrie (*). Nous avons actuellement le roi du Nord et le roi du Midi, combattant pour le même pays, qu’ils se sont disputé il y a deux mille ans passés. C’est précisément ce qui est dit ici devoir arriver « au temps déterminé ». Je ne dis pas que tout soit encore manifesté ; par exemple, les dix rois ne sont pas encore pleinement en évidence, l’Antichrist n’a pas encore paru ; mais les principes qui sont dans la parole de Dieu agissent visiblement au milieu des royaumes où les dix cornes doivent paraître ; c’est-à-dire que nous voyons toute l’Europe occidentale s’occuper de Jérusalem, se disposer pour ce combat ; et la Russie se préparer de son côté, exercer sa puissance sur les pays cités dans la Parole, et toutes les pensées des hommes politiques du monde se concentrer sur la scène où doit avoir lieu leur rencontre finale devant le jugement de Dieu, où l’Éternel les assemblera comme « la gerbe sur l’aire » (Mich. 4:12). C’est une coïncidence très remarquable. En retraçant ce qui se passe autour de nous, nous reconnaissons ce qui se trouve dans la prophétie ; du moins nous voyons que ceux qui doivent agir, ou sur lesquels Dieu doit agir, se montrent avec les mêmes caractères que signale la prophétie.

(*) Rappelons que ceci a été écrit en 1840 (Éd.)

(**) Allusion à Méhémet-Ali (Éd.)

Eh bien, chers amis, si vous prenez la peine de suivre ces chapitres que je viens de vous citer (il y en a d’autres que vous pourrez trouver sans doute), vous comprendrez le 25° chapitre de Matthieu, qui nous parle du Seigneur assis sur son trône, et assemblant toutes les nations (c’est la citation de Joël 3), les jugeant et les séparant comme on sépare les brebis d’avec des boucs.

Maintenant souvenons-nous d’une chose, nous chrétiens, c’est que nous sommes pleinement à couvert du jugement. Ce soir, je n’ai pas parlé de l’Église ; mais souvenons-nous de sa situation, c’est-à-dire que, pendant ces événements, même dès à présent, la place de l’Église est d’être avec Christ, de l’accompagner. L’Église a ce privilège, cette gloire, ce caractère spécial, d’être unie avec Jésus Christ, et, si l’on cherche l’Église dans l’Ancien Testament, c’est Jésus Christ que l’on trouve. Un exemple frappant de cette vérité, c’est que ce que Paul dit de l’Église (Rom. 8) se trouve dans le chapitre 50 d’Ésaïe [Rom. 8:33-34 ; És. 50:8] , où les paroles s’appliquent au Christ. Là le Christ dit : « Qui me condamnera ? » L’Église étant unie à Lui, l’apôtre s’en sert pour montrer la position de celle-ci.

L’union de l’Église en un seul corps, soit Juifs soit gentils, n’était pas révélée dans l’Ancien Testament ; si on l’y cherche, c’est Christ lui-même que l’on trouve. Quoiqu’il y ait bien des choses dans les relations de l’Éternel avec Sion, qui se retrouvent dans les relations de Dieu le Père avec l’Église, cependant ce n’est pas en Sion qu’on doit chercher l’Église ; dans l’Ancien Testament, les privilèges de l’Église sont en Christ lui-même ; c’est dans la personne de Christ, parce que l’Église a la même part que Christ ; c’est elle (voir Éph. 1:22, 23) qui est l’accomplissement de Celui qui accomplit tout en tous ; par conséquent, nous ne pouvons pas chercher l’Église dans ces prophéties, parce qu’elle est le corps de Christ lui-même.

Nous avons vu que Christ doit frapper, briser les nations ; eh bien, cela est dit aussi de l’Église. L’Église n’a rien à faire avec tout ce dont nous venons de parler, dans ce sens qu’elle y soit assujettie (Apoc. 2:26, 27). Sa place n’est pas d’être au milieu des nations qui seront brisées, mais d’être réunie à Christ, ayant les mêmes privilèges que Christ, et brisant les nations avec Christ. Il n’y a rien de vrai à l’égard de Christ, quant à la place qu’il a prise comme homme glorieux, qui ne le soit aussi de l’Église. Il est toujours précieux pour nous de comprendre notre place, celle de cohéritiers de Christ, et plus nous y penserons, plus nos forces seront multipliées, plus nous serons dans nos esprits comme des héritiers de Dieu, détachés de ce monde, de ce monde qui est jugé, comme l’Église est justifiée. L’Église est justifiée ; nous n’en voyons pas encore l’effet, parce que la gloire n’est pas encore venue. Le monde est jugé ; nous n’en voyons pas encore l’effet, parce que le jugement n’est pas encore venu. L’Église n’a les fruits de la justification que dans la gloire ; le monde n’a ses fruits que dans le jugement. Néanmoins, il est vrai que l’Église est unie à Christ. Le monde est jugé, parce qu’il a rejeté Christ : « Père juste, dit le Sauveur, et le monde ne t’a pas connu ». Et voilà ce que la grâce a fait pour nous. De même que l’incrédulité sépare, entièrement et pour l’éternité, de Christ, la grâce, par la foi, nous a unis, entièrement et pour toujours, à Lui, et nous devons en bénir Dieu.